Nous n'avons pas tous et toutes la même perception du racisme selon nos origines, notre éducation, notre expérience...
3 binômes confrontent leur définition du racisme entre eux.elles, ainsi qu'à celle du dictionnaire.
3 binômes confrontent leur définition du racisme entre eux.elles, ainsi qu'à celle du dictionnaire.
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00:00 J'étais chez un ophtalmo, il me dit "pose tes affaires, enlève ton voile".
00:04 Aujourd'hui, on est là pour...
00:06 Confronter nos idées par rapport au racisme.
00:08 On n'a pas tous la même définition du racisme.
00:10 Ça, c'est clair.
00:11 C'est le fait de dénigrer une personne,
00:13 de se moquer d'elle du fait de sa couleur de peau ou bien même de sa culture.
00:16 Ne pas accepter l'autre tel qu'il est, que ce soit...
00:19 Par exemple, par rapport à son accent.
00:20 Pour moi, c'est de l'intolérance.
00:22 C'est le refus d'accepter qu'une personne est différente.
00:25 Les mettre de côté et se croire supérieure, sûrement.
00:28 Que tu sois noire, indienne, voilée ou pas,
00:32 il y a de la discrimination vraiment partout.
00:34 C'est aussi se rendre compte que ça fait du mal et le faire quand même.
00:39 Je te propose qu'on regarde dans le dictionnaire pour voir ce que ça veut dire.
00:42 Racisme, idéologie fondée.
00:45 Sur la croyance qu'il existe une hiérarchie entre les groupes humains,
00:48 les races, comportement inspiré par cette idéologie.
00:51 Ou alors, attitude d'hostilité systématique
00:54 à l'égard d'une catégorie déterminée de personnes.
00:57 Racisme envers les jeunes.
00:59 Ah oui, racisme envers les jeunes.
01:00 Je ne les aurais pas appelées des races.
01:02 Le mot, je le trouve violent.
01:04 Parce que pour moi, race, ça fait genre...
01:06 Il y a des races supérieures et des races inférieures.
01:09 Je trouve que cette définition est "ancienne".
01:12 L'islamophobie, le colorisme, il y a différents types de racis maintenant.
01:16 Par exemple, quand je dis que j'ai été victime d'islamophobie
01:19 et que pour moi, c'est du racisme, on me dit...
01:20 Mais en fait, l'islamophobie, ça n'existe pas.
01:22 En fait, si.
01:24 Pour montrer que ça existe toujours et que c'est hyper présent,
01:28 c'est que pas plus tard que la semaine dernière,
01:30 j'étais chez un ophtalmo.
01:32 Je rentre dans son cabinet, etc.
01:35 Et en fait, il me dit "Pose tes affaires, enlève ton voile".
01:38 Je lui dis vraiment que non et je ne comprends pas pourquoi je devrais l'enlever.
01:42 Parce que je dis "Je ne suis pas chez le coiffeur,
01:45 mes yeux ne sont pas bandés,
01:46 je ne comprends pas pourquoi je devrais enlever chez l'ophtalmo".
01:49 Il m'a dit "En gros, tu n'as pas à comprendre, c'est comme ça.
01:51 C'est l'ordre des médecins qui dit ça, c'est comme ça".
01:54 Genre, je n'avais pas à comprendre.
01:55 En fait, on subit le racisme et en plus, on devrait se taire.
01:57 Il y a une fois, on était dans la rue,
01:59 il y a une dame qui est arrivée en face de nous
02:01 et elle s'est décalée.
02:03 Dès qu'elle m'a vue, elle s'est décalée en mode elle a eu peur.
02:06 Je ne sais plus ce qu'elle a fait, je crois qu'elle a crié ou un truc comme ça.
02:08 Le racisme, c'est pour ça que je pense aussi qu'il est difficile à définir
02:11 parce qu'il y a tellement de différentes sortes de racisme.
02:13 Il y a très souvent débat sur racisme anti-blanc,
02:16 non, ça n'existe pas, oui, ça existe.
02:18 D'un côté, moi, j'ai l'impression que ça existe
02:20 parce que tu peux être quand même victime de discrimination, tout simplement.
02:25 Tu sais, il y a déjà des gens qui t'ont parlé de moi en disant "oui, t'as la salle blanche".
02:29 Après, c'est sûr que demain, si je cherche du boulot,
02:34 je ne vais pas avoir du mal à en trouver.
02:35 Si je cherche un appartement, je ne vais pas avoir du mal à en trouver.
02:37 Pour pas mal de mes rencontres avec des garçons,
02:40 il y avait ce truc de l'asiatique qui a la peau douce,
02:44 qui est juste un objet sexuel au final.
02:47 C'est arrivé beaucoup.
02:48 Moi, c'était aussi un rapport avec la star du porno, Katsuni.
02:52 On a beaucoup fait la remarque quand j'étais au lycée.
02:55 Et ça, mais qu'est-ce que tu peux y faire, en fait ?
02:58 Moi, ça m'est arrivé très, très souvent qu'on vienne vers moi
03:01 et qu'on me prenne l'accent chinois, japonais, tout ce que tu veux.
03:03 - D'ailleurs, tu l'as eu ? - Oui.
03:04 Je me sens humiliée parce que le ton qui est employé,
03:08 c'est jamais pour dire "oh, j'aime beaucoup ton pays"
03:11 et "j'aime beaucoup ce que tu dégages".
03:13 Non, ça fait vraiment "et le petit chien".
03:15 En tout cas, oui, il n'y a pas de recherche de discussion.
03:18 Et maintenant que ça fait des années que je subis ça au quotidien,
03:22 je sais que ça ne va rien apprendre à la personne.
03:24 Elle ne va pas rentrer en disant "vous savez quoi ? Je me suis trompée.
03:27 J'ai interpellé quelqu'un en prenant l'accent cantonais
03:30 et finalement, je me suis aperçue qu'elle était vietnamienne du sud".
03:33 J'ai subi le racisme du fait de ma couleur de peau
03:37 et aussi de mes origines.
03:39 Donc, j'avais le droit à des mots comme "pac-pac", "paki"
03:44 ou même, je ne vais pas dire le mot, mais je vais l'épeler,
03:47 "p-o-u-n-d-e".
03:48 Je ne sais pas si tu as déjà entendu ce mot,
03:52 mais c'est vrai que c'est carrément une insulte, ce mot,
03:54 et la plupart des personnes ne le savent même pas,
03:57 mais ça veut dire "vulve".
03:58 Donc, c'est un peu les parties génitales de nos mamans.
04:01 Donc, c'est un peu bizarre de se faire appeler par ce mot-là.
04:04 Et même derrière certains termes, il y a une histoire.
04:07 Il y a des histoires douloureuses, comme je te disais, "paki".
04:10 Dans les années 70-80,
04:12 il y avait un mouvement en Angleterre qui s'appelait le "paki-bashing".
04:15 Donc, c'était des gangs d'extrême droite
04:17 qui tabassaient des personnes sud-asiatiques
04:20 parce qu'elles étaient contre l'immigration.
04:21 Donc, on peut comprendre que là, quand on se fait appeler "paki",
04:25 c'est un peu blessant.
04:26 Ça fait remonter des souvenirs un peu douloureux pour certaines personnes.
04:30 Et c'est vrai que les personnes ne s'en rendent pas compte,
04:32 parce que pour eux, c'est des paroles, c'est juste des mots.
04:34 C'est l'exemple typique du racisme ordinaire.
04:37 C'est qu'en fait, ça ne dérange personne de faire des blagues
04:40 et de tirer ses yeux comme ça, de faire "Ah, je suis chinoise" ou je sais pas quoi.
04:43 Personnellement, moi, je suis vraiment face aux clichés, du coup,
04:47 par rapport aux voiles.
04:48 T'es forcée, en fait. On t'a forcée à faire ça.
04:49 Non, mais bon, c'est pas grave.
04:52 Je suis pas libre, en fait. Je crois que je suis libre,
04:53 mais en fait, je ne suis pas vraiment...
04:56 Je sais pas quoi, en fait. Des personnes qui n'ont rien à voir
04:58 avec la religion ou je ne sais pas quoi,
05:00 qui sont juste pas du tout concernées
05:02 et qui viennent me voir et qui pensent mieux savoir que moi.
05:04 Je sais pas si c'est une forme de racisme.
05:06 On a souvent fait des paris sur moi pour savoir de quelle origine j'étais.
05:09 Et quand je disais "colombienne", on me regardait et on me disait
05:11 "Toi, colombienne ?"
05:12 Quand on te dit que pour toi, une colombienne,
05:14 c'est juste une fille qui se prostitue.
05:15 Par exemple, à l'ISTI, on m'avait sorti ça.
05:17 On m'avait dit que j'allais aux toilettes pour sucer des gars.
05:20 Et la deuxième anecdote, j'étais en Chine avec ma classe.
05:24 On visitait un musée sur le coton.
05:28 On nous parlait de matière, en fait,
05:30 que les femmes mettaient sur leur visage pour être un peu plus blanche.
05:34 Et en fait, c'est ce que les femmes mettaient sur leur peau.
05:36 Donc, les femmes en Chine impériale.
05:41 Et ma prof de chimie m'avait regardée et elle m'avait dit
05:43 "Mais Youna, tu vois, c'est ça qu'elle faisait pour ne pas te ressembler."
05:47 En fait, j'ai rien osé dire.
05:48 Et pour moi, c'est tellement frustrant de ne rien avoir osé dire
05:51 que ça me reste encore au fond de la gorge.
05:54 C'est vrai qu'on met souvent en avant le fait que c'est l'inconnu,
05:57 les gens le connaissent pas.
05:59 Parce que souvent, on donne cette excuse-là aux gens.
06:00 Si cette personne sait, genre elle sait qu'elle fait du mal,
06:03 à partir d'un certain âge, je pense pas que ce soit inconscient.
06:06 Je pense que pour changer un peu ces mentalités-là, etc.,
06:10 je pense qu'il faut en parler.
06:11 C'est super important.
06:12 Éduquer notre entourage.
06:14 Quand tu vois qu'il y a un acte raciste, etc.,
06:18 il faut le dénoncer.
06:19 Plus on se tait et plus les choses vont s'aggraver
06:22 et au final, on aura plus du tout la main sur ça.
06:26 Il y a des personnes peut-être qui regardent cette vidéo
06:28 qui sont pas racisées, qui subissent pas de racisme,
06:30 mais c'est pas grave.
06:31 Profiter de cette force pour aider les autres qui en subissent.
06:35 Même ne serait-ce qu'une remarque dans la rue,
06:37 un commentaire raciste.
06:39 Ça peut se faire de plein de manières différentes,
06:42 mais c'est primordial pour moi de le faire quand même.
06:46 Sous-titrage ST' 501
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