Et si, plutôt que de démolir un bâtiment et de tout jeter, on recyclait les matériaux pour en construire de nouveaux ?
Décarboner le secteur du BTP, c'est l'objectif de Noé et de son entreprise Mobius. On l'a suivi dans son usine de reconditionnement.
Décarboner le secteur du BTP, c'est l'objectif de Noé et de son entreprise Mobius. On l'a suivi dans son usine de reconditionnement.
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00:00 on arrive sur la chaîne de reconditionnement.
00:02 L'idée c'est d'enlever les traces de colle,
00:04 les traces de moquettes,
00:05 pour qu'on ait un rendu
00:07 qui soit justement ce qu'on demande à un produit neuf.
00:09 L'idée c'est au même titre qu'on puisse acheter
00:11 un iPhone reconditionné, un iMac reconditionné.
00:14 On se retrouve avec un produit qui est recalibré,
00:16 qui est renormalisé, qui est réassuré.
00:18 Le réemploi de matériaux de construction
00:22 c'est un vrai enjeu dans le bâtiment.
00:24 Le bâtiment, les travaux publics,
00:26 c'est 40% des déchets généraux en France.
00:28 D'autre part, les matériaux sur une construction neuve,
00:31 en gros c'est 50% du poids de carbone
00:33 à terme de la construction.
00:35 Donc pour diminuer cet impôt de carbone là,
00:37 on n'a pas 36 solutions, soit on construit tout en bois,
00:39 soit on construit tout en pierre.
00:40 Ou alors on se rend compte qu'on jette des matériaux
00:42 qui ont encore une valeur d'usage, une valeur technique,
00:44 ça vaut encore un peu d'argent.
00:46 Aujourd'hui on travaille quasi exclusivement sur un produit,
00:50 donc il faut plancher technique.
00:51 C'est extrêmement carboné comme matériau,
00:54 ça se dépose facilement,
00:56 c'est fait pour être posé, déposé.
00:58 Et enfin ça coûte relativement cher.
01:00 Ça coûte cher et donc ça permet d'avoir justement
01:02 un modèle économique dans son reconditionnement.
01:05 Là ce qu'on voit c'est de la matière qui arrive en trente,
01:09 qui va être reconditionnée, recalibrée, remise au nord.
01:12 Donc ce matériau là, le faux plancher,
01:15 ça représente à peu près 5% du poids carbone
01:17 d'une construction neuve.
01:19 5% ça paraît rien, mais en gros l'État français
01:22 avec la réglementation environnementale
01:24 qui est une des plus contraignantes,
01:26 une des plus fortes du monde,
01:28 demande à ce que chaque construction soit sous un certain seuil.
01:30 Et ce seuil là il est important, pourquoi ?
01:33 Parce que la construction c'est à peu près
01:35 un tiers des émissions de carbone de la France.
01:37 Donc en gros, petit à petit, matériau par matériau,
01:40 en faisant du réemploi,
01:42 on limite justement ces émissions carbone là,
01:44 on respecte la réglementation.
01:46 En Europe on n'a pas beaucoup d'énergie,
01:51 pas beaucoup de matière dans notre sous-sol.
01:53 Il y a peut-être une petite logique d'autonomie à réfléchir.
01:55 Donc plutôt que de voir les matériaux comme des déchets,
01:58 en fait un bâtiment c'est une banque de ressources de matériaux.
02:01 Et pour aujourd'hui arriver à convaincre
02:05 que ce soit architectes, ingénieurs,
02:07 donneurs d'ordres, clients, maîtrises d'ouvrages,
02:09 il faut justement qu'on arrive au même niveau de qualité
02:12 qu'un produit neuf justement sur le marché.
02:15 Si un bâtiment n'était fait que de matériaux reconditionnés,
02:20 globalement, sur la partie matériaux,
02:22 on pourrait diminuer, je pense, d'environ 70%
02:25 le bilan carbone de la construction.
02:27 Monsieur Afghanoush.
02:34 Donc là ce qu'on a vu c'est l'industrie,
02:36 mais on est également présent et on a démarré par le conseil.
02:38 En gros on est présent à la fois en déconstruction et en construction.
02:42 La déconstruction c'est très simple en fait,
02:44 plutôt que de démolir, déconstruire.
02:46 On a démarré par un diagnostic ressources,
02:48 donc faire ce grand catalogue de tout ce dont notre client est propriétaire.
02:51 C'est le propriétaire de tant de briques,
02:53 de tant de menuiseries extérieures,
02:54 de tant de mètres carrés de moquettes,
02:55 de tant de cloisons, de tant de luminaires,
02:57 de tant de lavabos, je ne sais quoi.
02:58 Donc soit les laisser en place, soit les déconstruire
03:00 pour les stocker et pour les reconditionner et les remettre en œuvre.
03:03 Deuxième possibilité, c'est la donation.
03:06 Il y a plein de matériaux qui n'intéressent plus nos clients,
03:08 mais qui peuvent intéresser artisans ou associations.
03:10 Donc le diagnostic, on va justement le diffuser
03:13 et ces artisans, ces associations vont venir en fait déposer eux-mêmes
03:16 et en échange de leur temps, ils vont repartir avec la matière.
03:19 Ce qui fait que pour notre client, il est content
03:22 puisque finalement, il a mieux valorisé ses déchets qui n'en sont plus,
03:25 il a limité son impact carbone, il a eu limité ses coûts justement de valorisation.
03:30 Et d'autre part, on a des gens qui ont pu justement bénéficier de matériaux à bas coût.
03:36 Et enfin, quand vous savez que ça peut être Emmaüs ou le Samu Social qui récupèrent,
03:42 il y a quand même une dimension sociale, en fait sociétale à tout ça.
03:45 [Bruit de pas]
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