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00:00 Erdogan notamment a promis qu'il respecterait le verdict des urnes et ce sera d'ailleurs ma toute première question
00:05 Bayram Balci puisque vous êtes avec nous pendant cette intervention
00:08 pas d'estimation avant en plusieurs heures
00:10 évidemment est-ce que ça risque d'être finalement une élection plus serrée qu'on ne l'a imaginé ces derniers temps dans les sondages
00:15 alors effectivement ça sera assez serré c'est prévu de s'annoncer par tous les tous les sondages toutes les enquêtes d'opinion
00:22 et c'est aussi assez représentatif d'une Turquie qui est assez
00:25 assez partagée en fait entre l'héritage de entre Erdogan et Kolozdaroğlu
00:30 et aussi c'est qu'en fait une bonne partie des questions sont des questions qui divisent et je pense que ça c'est difficile de voir mais
00:36 a priori ça sera quand même assez serré et m'aidera probablement
00:39 tous les sondages montrent qu'il y aura un changement de pouvoir ce soir. Alors 20 ans de pouvoir pour Erdogan et forcément un bilan comment
00:47 les turcs le jugent-ils
00:49 alors le bilan
00:51 sur 20 ans c'est difficile à définir en quelques quelques minutes je dirais que la première décennie de Erdogan est plutôt positive à tous
00:57 les niveaux au niveau économique au niveau politique étrangère mais au niveau de démocratisation il ne faut pas l'oublier
01:01 ça c'est la première décennie de son pouvoir la deuxième est beaucoup plus terne aussi bien au niveau économique que
01:06 droit de l'homme, liberté, politique étrangère et c'est probablement la deuxième décennie qui est en train de lasser la population turque qui est un peu
01:14 gênée, peinée par
01:16 la situation économique, la situation des droits de l'homme
01:18 l'image de la Turquie à l'étranger qui est un peu décriée, un peu une Turquie perçue un peu trop belliqueuse
01:24 et je pense que ce sont des choses qui vont jouer dans le choix des électeurs turcs ce soir.
01:29 Avec une inflation évidemment très importante également en Turquie ce qui pourrait également
01:34 faire la différence entre les turcs qui vivent en Turquie et la diaspora turque notamment en France qui avait voté à 63%
01:40 pour Erdogan il y a cinq ans, eux les suivront
01:44 continuellement, mais peut-être dans une moindre mesure.
01:46 C'est une tendance générale, souvent les turcs de l'étranger ils votent beaucoup plus conservateurs parce qu'à l'origine ils sont issus de l'anatomie profonde, de l'anatomie
01:53 traditionnelle donc ils ont aussi un regard un peu beaucoup plus romantique par rapport à la Turquie
01:59 ils ont le sentiment que c'est Erdogan qui incarne la vraie Turquie ce qui fait que
02:02 à 70% ou 60% ils votent plutôt pour Erdogan.
02:06 Alors Bahim Balchi parlons évidemment du candidat de l'opposition
02:09 Kemal Kulic Darolou alors son profil pour les auditeurs d'Europe 1 qu'ils ne connaissent pas forcément encore très
02:14 bien on dit laïc modéré ça veut dire quoi un Kemaliste c'est à ta turque 100 ans après ?
02:18 C'est beaucoup plus complexe que ça c'est à dire qu'à l'origine il appartient à une mouvance politique, à une famille politique qui est très
02:24 Kemaliste, séculière, occidentale mais aussi sur certaines questions de politique étrangère beaucoup plus souverainiste il faut pas l'oublier, il faut pas croire que
02:29 jour au lendemain tout dira très bien
02:31 et je dirais que quelque part ces dernières années à cause de la dérivatorité de Erdogan
02:36 je dirais que l'opposition pour pouvoir le battre est devenue beaucoup plus modérée, beaucoup plus libérale et c'est un peu là
02:41 le côté paradoxal des choses et je dirais que
02:44 effectivement mais Klosalo c'est aussi le chef d'une coalition, une coalition de six parties politiques qui est très hétérogène, hétéroclite
02:51 dans le sens où il y a des conservateurs, des
02:53 nationalistes et aussi des socio-démocrates comme lui et on verra un peu comme ça se passera après s'il arrive au pouvoir
02:58 ça sera la difficulté c'est à dire de gérer, de concilier les diverses tendances qui sont au sein de l'opposition
03:04 - Et ça aura également une influence et des conséquences également sur le monde entier, que pensez-vous Bayram Abalchi que
03:11 des dirigeants européens ils adoptent un silence très prudent
03:14 - Ce qui est très prudent et très sage et je dirais que c'est aussi la meilleure façon de délire les Turcs à choisir eux-mêmes et ne pas
03:20 intervenir parce que si ils avaient trop critiqué la politique d'Erdogan je pense que ça aurait
03:24 indirectement servi à Erdogan et de ce fait je pense qu'elle a été tout à fait assez responsable surtout que de ce fait
03:29 après les élections de toute façon ils seront gérés, ils seront amenés à gérer les mêmes questions, les mêmes difficultés
03:34 il vaut mieux ne pas prendre position pour qu'il y ait un respect du choix des Turcs
03:38 - En tout cas vous me disiez que la Turquie était un point de bascule quel que soit le résultat le pays changera de
03:44 physionomie même si Erdogan est de nouveau élu
03:46 - Alors là aussi oui et non c'est à dire que dans le ton, le style ça va changer
03:50 je pense que l'opposition va arriver au pouvoir avec un style beaucoup plus modéré ça c'est une certitude
03:56 mais sur certaines questions qui fâchent, qui divisent les Européens, les Occidentaux et la Turquie je pense qu'il y aura encore des difficultés
04:02 notamment sur
04:03 sur la question chypriote, sur
04:05 l'intervention de la Turquie en Libye, en Syrie, sur la question arménienne
04:10 sur beaucoup de choses, les choses vont encore demeurer donc il appartiendra aux deux parties
04:15 de faire des efforts pour les gérer ensemble
04:17 - Est-ce que vous diriez que la Turquie est un pays non pas divisé mais vraiment
04:20 coupé en deux en termes de population et d'opinion ?
04:24 - Oui mais ce n'est pas sur la ligne de faille à changer autrefois c'était une Turquie, on avait un clivage entre la Turquie laïque
04:32 moderniste et une Turquie beaucoup plus conservatrice
04:34 cette fois-ci non, c'est vraiment ce qui fait la différence c'est la personnalité de Erdogan qui divise et de ce fait il y a les
04:40 pro-Erdogan et anti-Erdogan, il y a l'intérêt de chacun, vous avez aussi bien des conservateurs que des
04:44 progressistes donc ça aussi c'est la grande tendance, la grande nouveauté en Turquie
04:48 - Et on entendait dans le reportage de Caroline Baudry qui est envoyée spéciale d'Europe 1
04:52 sur place que la jeunesse également s'était emparée de ce vote, une jeunesse qui n'a connu pour les primo votants Erdogan
04:59 c'est un des facteurs et c'est ce qui va probablement jouer aussi et je pense qu'en matière de jeunesse
05:04 malheureusement il n'y a pas beaucoup de requêtes sociologiques très précises pour savoir comment ils vont se comporter
05:08 mais j'ai tendance à croire qu'ils auront tendance à voter beaucoup plus pour Klojdaro Lutu
05:12 puisqu'il incarne l'opposition parce que ça fait 20 ans qu'ils subissent Erdogan, ils ont envie de changer
05:18 et c'est aussi une classe qui a été beaucoup plus je dirais pensée
05:24 séduite, draguée par Klojdaro Lutu que par Erdogan. - Dans les grandes villes oui compris dans les plus petites...
05:29 - Justement c'est à dire que là aussi c'est que je pense qu'on dit qu'il y a 5 à 6 millions de nouveaux votants
05:34 mais la plupart ils sont dans les provinces de l'Est parce que dans les provinces de l'Est en Turquie
05:37 il y a une poussée démographique qui est beaucoup plus forte, hors de ces provinces là c'est plutôt la partie pro-kurdes
05:42 et on sait que le mouvement national pro-kurdes a davantage
05:45 fait campagne pour Klojdaro Lutu que pour Erdogan donc de ce fait il y a de fortes chances que ça profite à Klojdaro Lutu.
05:52 - Et nous allons scruter ce scrutin avec beaucoup d'intérêt.
05:55 Merci Bayan Balchi d'être intervenu sur Europe 1 ce midi. Vous êtes politologue, chercheur au centre de recherche internationale
06:02 de Sciences Po. Merci infiniment à vous. Alors évidemment cette question de l'élection turque des élections puisqu'on vote également pour les législatives
06:09 elle est importante pour l'Europe. On sait que le président Erdogan soutient son homologue russe Vladimir Poutine malgré l'adhésion
06:17 de la Turquie à l'OTAN. On va voir également si un changement de président aurait des conséquences
06:22 j'ai posé la question ce matin à Didier Billion,
06:24 directeur adjoint de l'IRIS et lui aussi spécialiste de la Turquie. On l'écoute.
06:28 - Sur les fondamentaux de la politique extérieure de la Turquie je ne crois pas qu'il y ait de
06:32 modification totale et radicale. Monsieur Klojdaro défendrait les intérêts nationaux de la Turquie s'il est élu
06:40 et nous le savons les intérêts nationaux de notre pays que ce soit en Turquie ou dans tout autre pays ne dépendent pas
06:47 mécaniquement de la nature du gouvernement et ainsi par exemple la participation à l'OTAN serait maintenue
06:52 mais je ne crois pas qu'il y ait une rupture si Klojdaro est élu avec la Russie par exemple.
06:58 Et Klojdaro l'a d'ailleurs expliqué, il veut maintenir de bonnes relations avec la Russie
07:04 parce que nous savons que c'est vital pour la Turquie notamment pour des raisons liées à la livraison des hydrocarbures.
07:09 Didier Billion, directeur adjoint de l'IRIS spécialiste de la Turquie.