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Musique
Transcription
00:00 -Oh, Zank ! -Wesh !
00:01 -Laisse-moi faire l'interview, sinon mon lude, il va pas venir.
00:03 -Voilà ! -Ouais.
00:05 -C'est bon, t'as géré. -T'inquiète.
00:06 -Fais le reste. Moi, je m'occupe de ça.
00:08 -Direct. -Allez, bisous.
00:10 -Comment ça va, Koba ? -Et toi, mon frère ?
00:22 -Écoute, je suis content de te voir. -Moi aussi, ça fait plaisir.
00:24 -T'as plein de raisons.
00:25 On a reçu un appel y a pas longtemps en disant que t'étais enceinte.
00:28 On a reçu un appel y a pas longtemps en disant "Koba est dehors et il veut parler à Clic".
00:32 Donc ça me fait plaisir de te recevoir.
00:34 T'es l'artiste qui a inauguré la chaîne quand on a lancé la chaîne de télévision.
00:38 Donc ça paraît naturel que tu sois là aujourd'hui, souriant, tout frais.
00:41 -Toujours, toujours.
00:43 Toujours.
00:44 -Qu'est-ce qui te provoque cette attitude-là, en fait ?
00:45 -Bah, je suis comme ça de nature, en vrai.
00:48 Moi, je suis un gars, j'aime pas me prendre la tête, je veux que rigoler.
00:52 C'est tout, frère. On vit la vie.
00:54 -T'as traversé une période dure récemment. T'étais incarcéré.
00:57 Je voulais juste savoir, déjà, qu'est-ce que ça t'a fait de sortir ?
01:00 C'est quoi le premier truc auquel t'as pensé ?
01:02 -Aller au studio. -Ouais, tout de suite ?
01:04 -Ouais, tout de suite.
01:05 En vrai, la prison, c'est...
01:09 Comme on dit, un mal pour un bien.
01:10 Là-bas, tu réfléchis énormément.
01:13 De toute façon, t'as que ça à faire, cogiter, cogiter, cogiter.
01:16 Tu revois tes priorités.
01:18 Quand tu sors, tu sais directement ce que tu dois faire.
01:21 -Donc ta priorité à toi, c'est le travail ?
01:22 -C'est le boulot, la famille, c'est tout.
01:24 Le boulot, la famille.
01:26 -Est-ce que tu penses à la musique, à ce moment-là ?
01:28 -Bah... La musique, c'est mon boulot.
01:31 T'as vu ou pas ?
01:32 Ça veut dire qu'automatiquement, tout se base dessus.
01:35 -Est-ce que t'écrivais ? -Non, j'écris jamais, moi.
01:37 -Dans ta tête ? -Ouais, toujours.
01:38 J'écris pas, moi.
01:39 Tu connais, t'enregistres des images, t'enregistres, t'enregistres...
01:42 C'est le quotidien, là-bas. C'est tous les jours la même chose.
01:44 Ça veut dire que quand tu sors, c'est tout droit.
01:47 En tout cas, au studio, c'est tout droit.
01:48 -Parce qu'avant cette incarcération, tu disais,
01:52 "Moi, je vais vous raconter des choses qu'aucun artiste n'a racontées
01:55 parce que je suis en train de vivre des choses
01:57 que peu de mecs de quartier vivent, et arrive la prison."
02:00 Est-ce que ça modifie ton contenu artistique ?
02:03 -Bah... Pas forcément.
02:05 Ça modifie pas, mais ça rajoute...
02:08 On va dire que ça rajoute des choses à dire.
02:10 J'avais une histoire, maintenant, avec ça,
02:12 j'ai encore une autre histoire à raconter, et ça se complète.
02:15 C'est un suivi, quoi.
02:17 -Qu'est-ce que tu faisais, là-bas ?
02:19 -Du sport. -Du sport ?
02:20 -J'ai fait deux prisons. J'ai fait la santé, ensuite, Badar-Sy.
02:23 La santé, ça va, c'était plus calme, Badar-Sy.
02:25 J'étais en mode seul en cellule, seul en promenade...
02:29 Donc j'étais que moi, tout seul, gros.
02:31 Que moi, tout seul. J'étais tout seul, et... Voilà.
02:35 -Comment se comportaient les autres détenus avec toi ?
02:37 -Non, normal. -Normal ?
02:39 -En prison, y a pas de star ou de je sais pas quoi,
02:41 tout le monde, il est pareil.
02:42 Y a pas de différence, y a pas de statut, y a pas de...
02:46 On est tous ensemble dans la même galère,
02:48 on se serre tous les coudes et vas-y, on avance.
02:51 -T'as passé les fêtes, là-bas ? -Ouais.
02:53 -Noël, jour de l'an. -Ouais.
02:54 -À quoi tu pensais, à ce moment-là ?
02:56 -À ma famille. Le premier Noël que je fais sans ma daronne.
02:59 Tous les Noëls, moi, je suis chez ma daronne, t'as vu.
03:02 Là, je l'ai senti, mais ça va, ça forge.
03:04 Ça forge.
03:05 C'est surtout...
03:07 C'est surtout pour elle que c'était vraiment dur, t'as vu.
03:09 Ça veut dire qu'aujourd'hui, je sais que j'ai plus intérêt à aller là-bas.
03:13 J'ai plus intérêt.
03:14 -Tu m'as touché, parce que la première fois que je t'ai rencontré,
03:16 tu m'as dit "je suis content",
03:18 parce que ma mère, je lui ai tellement fait la misère quand j'étais petit
03:20 que là, maintenant, elle a plus à penser aux galères.
03:23 Et là, tu l'as remis dans une galère.
03:26 -Financièrement, elle était pas en galère, tu vois.
03:28 C'est juste que le fait de pas voir son fils
03:30 et de savoir que son fils est en prison,
03:33 comme toutes les mères, ça fait mal au coeur.
03:35 Donc rien que pour elle, je me dois de rester concentré dehors.
03:39 -Est-ce que tu t'es senti victime d'injustice
03:42 ou c'était naturel que tu fasses ça ? C'était payé ?
03:44 Tu le méritais ?
03:45 -J'avoue, on a fait un bordel.
03:51 On a fait bordel, frère.
03:52 On méritait, on a mérité.
03:53 -Qu'est-ce qui s'est passé ? -On était en boîte.
03:56 Il y a deux, trois malins qui ont essayé d'un peu toucher ma montre,
04:00 et vas-y, c'est parti.
04:02 C'est parti, mais au lieu d'arrêter,
04:04 on s'est pas arrêtés, frère.
04:06 Et après, vas-y, c'était mort.
04:07 -Ça interroge sur une question,
04:09 c'est la liberté que t'as en tant qu'artiste, en fait.
04:12 Est-ce que t'es libre de tes mouvements quand t'es connu,
04:15 quand t'es exposé ?
04:16 -Moi, je suis le genre de gars qui est en mode...
04:19 Je suis un "mon footiste".
04:20 Moi, Koba, Koba, pas Koba, je suis le genre de gars,
04:23 tu peux me croiser partout.
04:24 Tu peux me croiser dans Paname, tu peux me croiser au resto,
04:27 tu peux me croiser à la chichette, tu peux me croiser en boîte...
04:29 Je voulais pas vraiment me dire que je suis une star
04:32 et je peux pas aller là-bas parce que je suis une star.
04:34 Moi, j'étais en mode "vas-y, nique sa mère",
04:36 mais avec ce qui s'est passé,
04:37 je me rends compte que je peux plus mêler aux gens comme ça,
04:42 traîner dans les boîtes,
04:43 traîner n'importe où comme je le faisais avant d'aller en prison.
04:46 Ça m'a permis de me refocaliser sur ce que je dois faire vraiment
04:50 et de rester concentré.
04:52 C'est le plus important.
04:53 Ça veut dire qu'au lieu de se retrouver dans des situations bêtes,
04:56 maintenant, je préfère éviter les endroits où il y a du monde,
05:00 et vas-y, tranquille.
05:01 Au moins, je sais qu'il y aura rien et je suis tranquille.
05:04 -Donc t'es pas libre que ça ?
05:05 -Comme tout artiste, comme footeux, comme ce que tu veux,
05:08 à partir du moment où t'as une autorité,
05:11 tu dois faire attention où tu traites, tu dois faire attention à ce que tu dis,
05:14 tu dois faire attention à ce que tu partages sur les réseaux,
05:16 tu dois faire attention à tout, parce que ça peut être mal interprété,
05:19 comme ça peut se propager à un niveau que même toi, tu savais même pas, t'as vu ?
05:25 Et quand c'est parti, c'est mort.
05:27 Quand t'es un artiste, quand c'est parti, c'est mort.
05:29 -Il t'a fallu longtemps, toi, à prendre conscience que t'étais un artiste ?
05:32 -Il a fallu ma peine de prison.
05:35 -Carrément ? -Ouais.
05:36 Je savais que j'étais un artiste.
05:38 Mais dans ma tête, j'étais en mode...
05:40 Comme je t'ai dit, j'étais en mode "Nique sa mère, gros !"
05:42 Là, j'y ai fait quatre mois, j'ai bien réfléchi,
05:45 et ça y est, j'ai compris.
05:47 Enfin, je pense avoir compris, en tout cas.
05:49 -Est-ce que tu t'es dit "En vrai, si tu es béton, c'est que t'es con" ?
05:51 -J'ai fait le con, je suis béton !
05:53 J'ai fait le con ! En plus, c'est vrai, on a fait les cons !
05:58 On aurait pu éviter.
05:59 On aurait pu éviter, reprendre nos voitures et se tailler,
06:01 mais tranquille, ça forge.
06:04 -T'écoutais de la musique, là-bas ? Tu regardais des films, tu lisais ?
06:07 -J'écoutais de la musique ? -Ouais.
06:09 -Ouais, bah ouais. À la mort.
06:10 À la mort, tu connais.
06:12 T'as ta chaîne E-fee, t'as tes CD, au calme, tranquille.
06:15 -C'est quoi qui te tenait comme musique ?
06:18 Qui te donnait de la force ?
06:19 -J'écoutais "Bolémal", j'écoutais ZKR, j'écoutais Jul.
06:23 Je crois que j'écoutais vraiment que ça.
06:25 Ouais.
06:26 -Jul, il est beaucoup, beaucoup écouté.
06:29 -Jul, c'est le meilleur.
06:31 C'est le meilleur, Jul. C'est le meilleur, y a rien à dire.
06:33 Artistiquement parlant, même dans son comportement,
06:36 y a rien à dire.
06:38 -Qu'est-ce qui te touche dans ses textes, toi ?
06:40 -C'est sa sincérité.
06:41 Il est comme moi, c'est spontané.
06:43 C'est pas le genre de mec qui va faire un son
06:44 et dans deux, trois jours, il va revenir sur le son pour modifier.
06:47 Quand c'est posé, c'est posé, et basta. Il est comme moi.
06:50 Et ça, tu le sens direct. Tu le sens directement.
06:53 -Toi, tu tiens à garder ça, derrière le micro ?
06:55 -Ouais. De toute façon, comme je t'ai dit, moi, j'écris pas, moi.
06:58 Dès que j'ai un truc dans la tête, je le sors dans la cabine
07:01 et dès que c'est posé, c'est posé.
07:02 C'est fini, le son, je le touche plus.
07:05 Le micro, le mixage, après, ça change plus rien.
07:07 Dès que c'est pour moi, c'est bon, c'est bon, frère. T'as capté ?
07:10 C'est pas quelqu'un qui va venir me dire "Non, mais tu feras mieux."
07:13 Moi, j'ai dit "C'est bon, c'est bon, frère, c'est moi qui fais la musique."
07:16 Faut être sûr de soi.
07:17 -Un autre artiste qui a été important pour toi, c'est Chief Keef,
07:20 qui est toujours important pour toi, d'ailleurs.
07:22 Qu'est-ce qui te touche chez lui ?
07:23 C'est quoi les points communs que t'arrives à identifier ?
07:25 -Les points communs ?
07:26 On a percé au même âge.
07:29 Il avait 17 ans, lui, quand il est arrivé dans la musique.
07:31 Moi aussi, j'avais 17 ans.
07:32 C'est la folie, comme moi.
07:34 Même, je regardais son quotidien.
07:35 T'as capté ? Il fout la merde, comme moi.
07:37 Donc je me suis bien reconnu en lui, t'as vu ?
07:43 Même les locks, tout. Moi, j'ai commencé par rapport à lui, t'as vu ?
07:46 C'est un exemple, frère. Il sait très bien ce qu'il fait.
07:48 Il a plus besoin de rapper, tu vois ou pas ?
07:50 Et moi, je vais arriver à ce stade-là, moi.
07:53 Ne plus avoir besoin de rapper.
07:55 -Toi, tu veux être entrepreneur ?
07:58 -Moi, je veux être un boss. -Ouais.
07:59 -Eh ouais.
08:01 Je vais pas rapper toute ma vie. Je me vois pas à 35 ans,
08:03 40 ans, encore à studio, faire...
08:08 Faut passer à autre chose.
08:10 Maintenant, aujourd'hui, je suis dans la musique,
08:12 je me concentre un max,
08:13 et après, c'est Dieu qui décide.
08:16 -Il faut jamais dire "jamais" dans la vie.
08:18 -Ouais, faut jamais dire "jamais".
08:19 Moi, je dis pas "jamais", tu vois, mais on sait jamais, t'as capté ?
08:23 Voilà, c'est Dieu, en vrai.
08:28 Faut prier, c'est le plus important.
08:30 -T'as beaucoup prié en prison ? -Même avant la prison.
08:32 -Ouais ? -Ouais.
08:33 Et en prison, ça m'a permis
08:36 de plus me rapprocher de mon Dieu, t'as vu.
08:38 -De tenir ? -Ouais.
08:39 Vraiment, ça aide beaucoup.
08:40 -Qu'est-ce que tu demandes dans tes prières, toi ?
08:42 -La paix.
08:44 Protéger les gens que j'aime,
08:46 m'écarter des faux et de nous donner encore plus.
08:49 -Ta mère t'a donné beaucoup de conseils dans ta vie,
08:52 notamment de t'éloigner de certains potes.
08:53 -Ouais.
08:54 -J'ai cru comprendre que t'as totalement changé d'entourage.
08:59 -Non, j'ai pas changé d'entourage.
09:01 -Qu'est-ce qui s'est passé ?
09:02 -C'est les mêmes avec qui j'étais quand j'étais petit, t'as capté ?
09:06 Le manager d'aujourd'hui, c'est le zinc, t'as vu ou pas ?
09:10 Moi, quand je suis flugué et que je dormais chez Paou,
09:12 la plupart du temps, j'allais chez lui ou chez un autre zinc.
09:15 Après, dans la musique, j'avais une autre équipe,
09:18 c'était les mecs de ma cité,
09:19 des mecs que j'appréciais énormément.
09:21 C'est dur de savoir que c'est vraiment ce que les gens pensent dans leur cœur.
09:24 J'étais bercé dans des belles paroles, on va dire.
09:26 Je connais, j'étais le petit de la cité qui gérait les trucs au quartier.
09:30 J'ai commencé à rapper, ils étaient là avec moi,
09:32 t'as capté déjà au quartier,
09:33 ça veut dire que moi, automatiquement, je leur dis quoi ?
09:35 "Vous m'avez fait manger au quartier, vas-y, les gars,
09:37 moi, je vais dans la musique, on mange ensemble,
09:39 on est ensemble, quoi qu'il arrive."
09:40 Je pense que c'est à partir de là ma plus belle erreur, t'as vu ?
09:43 Trop faire confiance, trop faire confiance, trop faire confiance...
09:47 Tu te fais baiser, hein.
09:48 -T'as confondu amitié et business.
09:49 -J'ai tout mélangé.
09:50 -Ouais. Tu t'es rendu compte de quoi ?
09:52 Et comment ça s'est passé, surtout ?
09:54 -Une histoire tout bête.
09:55 Je voulais chercher un appart'.
09:58 Tu sais, quand tu cherches un appartement,
09:59 ils te demandent les fiches d'impôts, tout ça, nanana...
10:01 Et moi, quand j'ai commencé la musique avec les autres,
10:04 j'étais en mode quoi ?
10:05 Moi, je m'occupe du studio, et vous, vous gérez la paperasse.
10:09 Ça veut dire que ce qui est paperasse, c'est studio, c'est impôts,
10:12 c'est les touts, les banques, c'est les touts.
10:14 Et pour moi, je pensais qu'ils géraient, mais en fait, nada.
10:17 Quand j'ai commencé à vouloir récupérer un appart'
10:19 et que je leur ai demandé les fiches d'impôts...
10:23 Ils étaient bizarres, t'as vu ou pas ?
10:24 Ils me faisaient tourner en bourrique, en bourrique, en bourrique...
10:27 Un jour, j'ai craqué.
10:28 Je suis allé moi-même à la banque, j'ai récupéré les relevés,
10:31 j'ai fait mes démarches, j'ai vu un comptable,
10:33 j'ai vu un avocat, tatachitatata...
10:36 Je me suis rendu compte de plein de choses.
10:38 Et tu tombes d'eau.
10:40 Ça fait mal au cœur, gros.
10:42 Je te jure, je souhaite ça à personne.
10:44 -Parce qu'en fait, t'as pas été payé ?
10:45 -C'est même pas question de ne pas être payé.
10:46 J'ai reçu de l'argent, tu vois,
10:48 mais déjà, y a de l'argent qui a été détourné, énormément d'argent,
10:51 et y a rien qui a été fait, en fait.
10:54 C'est-à-dire les impôts, les trucs, les trucs...
10:56 Y a eu plein de bluffs, des faux contrats,
10:58 des contrats signés à ma place...
11:00 T'as capté ou pas ?
11:01 Des RIB qui sont pas les miens,
11:02 ça veut dire que des sous, ils venaient pas sur moi,
11:04 ils venaient là-bas...
11:05 Des trucs... Voilà, ça fait serrer, t'as vu ou pas ?
11:09 Ça veut dire que quand je regarde les contrats,
11:11 quand je regarde les fiches, quand je regarde ça,
11:13 je me dis que, en fait,
11:14 depuis le début, ils étaient en train de me baiser.
11:17 -Alors que toi, t'étais nia ?
11:18 -Moi, c'était méga, moi !
11:20 C'était méga de malade !
11:23 Tout le monde le sait, carrément !
11:25 Et je te le dis, mais tu le sais, toi aussi, que c'était méga, t'as vu ou pas ?
11:29 Je les mettais en avant partout !
11:30 Partout, partout, partout !
11:31 Tu pouvais pas parler mal d'un tel devant moi, tu vois ou pas ?
11:34 Mais c'était pas réciproque.
11:36 Et j'étais plus en mode...
11:38 "Vas-y, c'est le petit de la cité, on va manger sur lui,
11:41 et après, vas-y, fin !" Tu vois ou pas ?
11:42 Et ça, je le voyais pas, moi.
11:44 En plus, à cette époque... Tu vois, aujourd'hui, j'ai arrêté.
11:46 À cette époque, je fumais à la mort !
11:47 Ça veut dire que t'es là, je suis là, je fume,
11:50 moi, je suis en mode "Nique sa mère, t'as capté ?
11:52 Je vais au studio, je rave, je rentre, je vais au télo, nanana..."
11:55 Et vas-y, gros, ils en ont profité !
11:58 -C'est ce que j'allais te dire, c'est que...
12:00 Moi, je t'ai vu à plusieurs périodes différentes.
12:03 Je t'ai vu quand t'arrivais,
12:05 t'arrivais à des rendez-vous à 9h du matin, pile à l'heure, carré pro,
12:08 et je t'ai vu à une autre période
12:10 où l'heure, ça avait plus d'importance !
12:12 Ce que tu me dis, c'est intéressant,
12:14 c'est parce qu'il y a plein d'artistes qui sont jeunes
12:17 dont l'entourage entretient la défense.
12:19 Ça arrange beaucoup de monde d'avoir un artiste...
12:22 -Ouais, endormi. -Contrôlable.
12:24 -Endormi. Il t'endort !
12:26 Quand t'es jeune, tu vois pas le mal partout.
12:28 Tu vois pas.
12:30 Ça veut dire que quand ils me jettent un bout, un bout, un bout,
12:32 moi, je suis en mode "Ah ouais, c'est un bout, ils me jettent tout le temps de la con !"
12:34 Ça veut dire tout le temps, je fume,
12:36 ça veut dire tout le temps, j'étais pas à le bien !
12:37 Ça veut dire que même quand, des fois, on allait à des rendez-vous,
12:40 gros, j'écoutais même pas ce qu'ils se disaient !
12:42 Ça me disait "Tiens, signe ça, signez !"
12:44 J'étais en mode "Vas-y, c'est mes gars,
12:46 de toute façon, s'ils me disent de signer, c'est que c'est bon !"
12:49 Il y a plein de trucs qu'ils m'ont fait faire que...
12:51 Laisse tomber, en fait, c'était des barbes !
12:53 C'était des barbes, mais ça, c'est qu'après, tu t'en rends compte.
12:56 C'est quand tu t'en rends compte que tu te dis "Putain..."
12:59 -Tu t'en veux plus à eux ou à toi ?
13:00 -Je crois que je m'en veux un peu plus à moi, carrément.
13:04 Ma mère !
13:06 Tout le temps, elle me disait "Fais attention, fais attention,
13:09 fais attention, fais attention, fais attention..."
13:11 Mes amis les plus proches, mes amis qui sont là,
13:13 ils étaient en mode "Fais attention, fais attention..."
13:15 Et moi, j'étais en mode...
13:16 Quand tu me parlais d'eux, j'étais en mode "Vas-y, qu'est-ce que tu me racontes ?"
13:18 De toute façon, personne savait comment j'étais avec eux,
13:22 et j'étais en mode "Tu connais rien, qu'est-ce que tu connais ?"
13:24 Et quand tu te rends compte qu'en fait, c'est eux qui avaient raison et pas toi,
13:28 j'étais en mode "Ah ouais, en fait, j'ai fait le trou du cul, gros !"
13:32 Et ouais...
13:33 J'essaye de passer à autre chose, je passe à autre chose, carrément, t'as vu ?
13:37 Mais ça reste toujours dans un petit coin de ma tête, je vais pas te mentir.
13:40 -Comment t'as réglé ça ?
13:41 -Avec mes avocats.
13:43 Avocat, comptable, tout ça...
13:45 Et puis ça y est, j'ai réglé ça en vite fait.
13:47 Y a eu des plaintes, tout ça, lui, il a porté plainte contre moi,
13:50 pour je sais pas quoi, nanani...
13:51 Ça veut dire que même quand les keufs m'ont auditionné
13:55 parce qu'ils avaient porté plainte contre moi
13:57 et je leur ai raconté l'histoire,
13:59 en fait, même eux l'ont vu comme un fou, t'as vu ?
14:02 Mais moi, j'étais toujours dans l'objectif de...
14:04 "Putain, j'ai fait le con, t'as vu ? J'ai fait le con, j'aurais pu éviter ça 100 fois."
14:08 Même 100 fois, j'aurais pu l'éviter.
14:10 Mais j'avais les yeux fermés.
14:12 J'avais les yeux fermés.
14:13 Aujourd'hui, crois-moi, ils sont bien grand ouverts, là.
14:15 Ouais, ouais...
14:16 -Est-ce que la personne dont tu parles, c'est De Spie ?
14:19 -Ouais. -Et y a un texte
14:21 où tu lui disais déjà tôt,
14:23 tu lui avais demandé de t'avancer de la cons pour revendre.
14:26 -Ouais. -Dans un de tes premiers textes.
14:29 Tu parlais de ce rapport-là, déjà. -Ouais.
14:31 Après, ça, tu connais, comme je t'ai dit, on faisait le cartoon ensemble, t'as vu ou pas.
14:36 Gros, ce mec-là, il me connaît...
14:38 J'étais comme ça, t'as vu ou pas ?
14:40 Il était à l'école avec mon grand frère.
14:41 C'était la famille pour moi, t'as vu ou pas ?
14:44 Ça veut dire que quand j'ai vu que je grandissais un peu
14:48 et que je voulais des téléphones et tout, t'as vu ou pas,
14:51 un jour, je suis allé le voir, je lui ai dit "Vas-y,
14:53 on fait un truc, t'as vu ?"
14:54 C'est-à-dire on a commencé à bosser ensemble.
14:56 On a bossé ensemble du collège jusqu'à mes 17 ans.
15:02 Et lui, carrément, c'est pour te dire, lui, de même,
15:05 je voulais pas que je sois dans la musique, de base.
15:06 Ça veut dire que même quand j'allais au studio,
15:08 j'allais au studio en cachette, en cachette, en cachette,
15:10 jusqu'à que Ténébreux 1, il pète.
15:12 Et après, je suis allé les voir, je leur ai dit "Bon, vas-y, les gars,
15:14 on a mangé dans le quartier, vous m'avez fait manger,
15:15 vas-y, moi, je vous fais manger dans la musique."
15:18 Mais en fait, je crois que c'est quand je lui ai dit ça qu'il s'est dit
15:20 "Vas-y, ça y est, lui, il est mort, lui."
15:22 Parce que les trucs bizarres, ils me l'ont fait dès le début.
15:25 C'est pas genre "On a fait un peu de musique, ils se sont perdus dans le truc..."
15:29 C'est pas ce que tu vois, j'aurais pu comprendre qu'ils ont mal géré
15:31 les bails de manager ou...
15:34 Genre tu perds un peu là, tu essaies de reboucher là,
15:36 après, t'as un trou là et t'as capté.
15:38 Non, c'est dès le début...
15:40 Dès le début des barbes.
15:42 Dès le début, dès le début, dès le début.
15:44 Premier contrat, déjà, je crois même que c'était une barbe.
15:46 T'as capté, il me fait signer des trucs de ouf.
15:48 Après, Dieu merci, je m'en sors trop bien, carrément.
15:51 Je m'en sors trop bien, aujourd'hui, je suis...
15:53 Ça va, tout va bien.
15:55 Mais il y a une période où j'ai galéré.
15:58 -Ce qui est dingue, c'est que t'es un des seuls artistes...
16:00 Moi, je pense que t'es le plus jeune artiste en France
16:03 à avoir autant de certifications à ton âge.
16:06 Trois platines à 23 ans.
16:08 -Quatre. -Quatre.
16:09 À 23 ans, c'est un record.
16:11 Donc, sur ces quatre platines, t'as pas profité de quoi ? De la moitié ?
16:15 -Ouais, on va dire ça.
16:17 Ouais, de la moitié.
16:19 Même...
16:21 Il y a pas que ça.
16:22 Tu vois, il y a de l'argent des streams, même l'argent des shows.
16:25 Tu vois, ils me faisaient des coups sur les shows.
16:28 Ils me faisaient des coups sur plein de trucs, tu vois.
16:30 Ça veut dire, au final, gros...
16:32 Je recevais, mais je recevais pas ce que je devais recevoir.
16:35 C'est pas normal, quand même.
16:36 Moi, je suis tous les soirs au studio, c'est moi, je rappe,
16:38 c'est moi, je monte sur scène, c'est moi, je fais les trucs.
16:40 Au moins, donnez-moi mon jus.
16:42 Moi, je demande rien de plus, je veux mon jus, tu vois,
16:44 parce que c'est normal.
16:45 J'étais pas un bâtard, t'avoues ou pas ?
16:47 J'étais en mode...
16:48 "Les gars, on est ensemble, vas-y, t'inquiète pas.
16:51 Si je mange, vous allez tous manger."
16:53 Mais ils étaient trop gourmands.
16:56 -Ça me rappelle une phrase de Doc Gynéco qui disait
16:57 "Je suis foncedé, mais pas teubé".
16:59 Toi, tu m'avais dit un truc qui m'avait marqué quand t'étais plus jeune.
17:02 Je lui ai dit "Mais pourquoi t'es foncedé ?"
17:05 Et tu m'as dit "Mais...
17:08 Pour supporter ce que je vis, c'est le minimum."
17:12 Tu m'avais dit un truc comme ça.
17:13 Tu m'as dit "C'est trop ce qu'on se prend dans la tête.
17:15 Ça va trop vite."
17:17 -Ouais, sûrement.
17:19 Après, je me rappelle plus de t'avoir dit ça.
17:20 -Bah t'étais foncedé !
17:21 ...
17:25 -C'est des couilles, ça ! C'est une excuse !
17:27 Je te jure !
17:28 Là, on te défonce, ça rapporte rien de bon.
17:31 La vérité, gros.
17:33 Ça rapporte rien de bon.
17:34 Aujourd'hui, je suis complètement âgé
17:36 et je vis ma vie largement mieux qu'avant.
17:38 Je comprends les choses largement mieux qu'avant.
17:41 Quand t'es foncedé, en fait, tu veux éviter tout ça,
17:44 tu veux éviter de comprendre les choses,
17:46 ça s'appelle, on va dire, "fuir la réalité".
17:48 -Le déni ! -T'as capté ?
17:50 T'es en mode "Vas-y, je veux rien savoir, nique sa mère",
17:52 mais c'est pas la meilleure des solutions.
17:55 -C'est important, ce que tu dis, par rapport à la foncedé,
17:59 parce que t'as une audience très jeune,
18:00 il y en a beaucoup qui te prennent pour un modèle,
18:02 et le fait que tu dises "En fait, ça n'apporte rien",
18:05 ça casse le mythe de l'artiste sex, drogue and rock'n'roll
18:08 qui a besoin d'être foncedé pour être créé,
18:10 qui a des coups de génie quand il est foncedé.
18:12 -Fumer tout le temps, en fait, fumer, c'est pas bon.
18:15 La vérité, fumer, la drogue, c'est pas bon, gros.
18:18 La drogue, c'est pas bon.
18:19 C'est vraiment, vraiment pas bon.
18:21 Et ceux qui disent que "Ça m'aide à ça, ça m'aide à ci,
18:24 ça m'aide pour ça, ça m'aide pour ça",
18:26 moi, qui ai fumé, je sais que c'est faux.
18:28 Je sais que c'est faux, ça t'aide pas, ça t'enfonce.
18:31 Le lendemain matin, quand tu te réveilles à jeun,
18:33 tes problèmes, ils sont encore là, gros.
18:35 Ça aide pas, la fumée. Ça aide pas du tout.
18:37 -Et puis ça rend parano.
18:38 -Soit ça rend parano, soit ça rend bête.
18:40 Si ta vie, elle est triste et tu fumes, là, tu deviens parano, tu vois pas.
18:43 Si t'as de la notoriété, tu fumes, tu peux devenir parano, aussi.
18:47 Ou si t'es en mode "Comme moi, tu fumes",
18:50 tu penses à rien.
18:52 Tu penses à rien.
18:53 T'es en mode "Donnez-moi mon jeun, ma clope, ma feuille",
18:55 tu roules ton Bédo et tu regardes les gens et t'écoutes les gens parler.
18:59 Et c'est pas la meilleure des solutions, comme je t'ai dit.
19:01 Non, non, non, non.
19:02 -Donc là, il y aura plus de traces de ça dans tes textes ?
19:05 -Le Bédo ? Non.
19:06 Après, je peux parler de Bédo, j'ai des potes qui fument, tout ça,
19:09 on a un nid, tu vois ou pas.
19:10 Mais moi, personnellement, j'ai plus rien à savoir.
19:13 -Comment t'as arrêté ? Comment t'as fait ?
19:15 -D'un coup, moi, Dieu merci, je suis pas...
19:18 Quand je fume pas, j'ai pas les veines qui grattent comme ça, t'as vu ou pas ?
19:21 Ça veut dire que je me rappelle, un jour, il me restait un bloc,
19:23 j'ai dit "Vas-y, je finis de fumer ce bloc et je fume plus."
19:25 Je l'ai fini de fumer et depuis, je fume plus.
19:28 -T'as jamais la tentation ? -Non.
19:30 Mes potes, ils fument devant moi, mes uns, ils fument devant moi...
19:34 Des fois, je fume tous carrément, tellement ils fument de la frappe !
19:36 -Et les autres, drogue ?
19:40 -Non, je touche pas.
19:41 Moi, je fume que de la beue et du shit, c'est tout.
19:44 L'autre, c'est interdit, t'as pas le droit.
19:46 Sinon, tu te fais couper la tête.
19:47 -C'est important de les avoir.
19:49 -Tu te fais couper la tête, là, c'est interdit.
19:51 L'autre, c'est interdit, il voit rien.
19:53 -Sinon, tu deviens un schlag ?
19:54 -Même ça, fumer du shit et de la bue, tu deviens un schlag, gros.
19:57 C'est de la drogue, ça reste de la drogue.
20:00 Tu deviens un schlag, aussi.
20:02 Au début, tranquille, mais à la longue, tu vas voir que tu vas schlagguer toi-même.
20:06 Tu vas plus te coiffer, tu vas mal t'habiller, tu vas puer...
20:10 C'est chiant, puer le shit toute la journée, gros !
20:13 C'est chiant, gros !
20:14 Tu passes dans un endroit, les gens, ils sont en mode...
20:16 Non, non, non !
20:17 A partir d'un moment, t'as une image à tenir, gros !
20:20 Ouais, gros, c'est pas carré, sinon !
20:21 -Il est bien, ce verbe "schlagguer".
20:23 -Non, c'est chime !
20:28 Même, gros, je rentre chez moi, ma daronne, elle me voit,
20:31 les yeux plissés, en mode...
20:33 Ça fait pas propre !
20:35 Ça fait pas propre !
20:37 -En plus, t'avais une hygiène de sportif, avant ? T'étais un footballeur ?
20:39 -Ouais, bon, après, j'étais jeune, quand je faisais du foot !
20:42 J'ai arrêté jeune, le foot, moi ! J'ai arrêté jeune !
20:45 Enfin, ils m'ont arrêté, j'étais suspendu !
20:47 Après, ouais, j'ai tout arrêté, quand je suis tombé dans le B2,
20:50 j'ai tout arrêté.
20:51 Ouais, j'ai tout arrêté.
20:52 Ça, c'est... Ça schlagguie !
20:53 T'as la flemme, tu te réveilles...
20:56 Tu sais que tu dois faire un truc, mais dès que t'as fumé, t'es en mode...
21:00 "Vas-y, nique sa mère, je vais le faire après, après, après, demain..."
21:04 Finalement, tu fais rien de ta vie, gros !
21:06 T'es là, t'es au quartier, tu fumes.
21:08 -Moi, ce qui m'intéresse d'évoquer avec toi,
21:11 c'est que je trouve que l'aventure humaine, elle est quand même magnifique.
21:15 Vous êtes dix frères et sœurs.
21:16 Toi, je t'ai toujours vu avec des gens de ta famille.
21:21 Je voulais comprendre ce que ça a changé dans la structure familiale,
21:25 ta réussite,
21:27 et c'est quoi ta place à toi dans la famille, maintenant.
21:30 -Je suis le boss !
21:32 Sans faire le mec.
21:35 Après, tu connais, je le dis en rigolant, parce que...
21:37 Voilà.
21:38 Mais je sais qu'aujourd'hui, toute ma famille compte sur moi.
21:42 Que ce soit ma mère, que ce soit mes petits frères,
21:44 que ce soit mes grands frères, que ce soit ma sœur,
21:47 tout le monde compte sur moi, donc je me dois d'assurer.
21:51 Je me dois de les assumer et je me dois d'assurer.
21:53 Si je coule, c'est tout le monde derrière qui coule.
21:55 Et quand j'étais en prison, j'avais peur de ça,
21:59 surtout en mode "putain de merde".
22:01 Là, si je prends une peine de fou, là, ou je sais pas quoi,
22:04 il m'arrive un truc de fou ici, ou je sais pas quoi,
22:07 dehors, ils allaient faire comment sans moi ?
22:10 Et c'est ça qui donne la niaque, en vrai.
22:12 Quand t'es en mode "Dès que je sors, je baisse tout,
22:14 et vas-y, c'est carré, c'est tout droit, gros".
22:17 -Ils font quoi, eux ?
22:18 -Il y en a, ils taffent un peu.
22:21 J'ai un petit frère, il fait des prods.
22:23 J'ai un autre petit frère, il chante un peu.
22:25 Après, ma daronne, elle fait rien, elle est à la maison.
22:28 Voilà, ils font tous un petit peu leur truc, tu vois.
22:31 Et je les aide comme je peux les aider.
22:36 Et je sais que ça leur fait du bien, et ça me fait du bien de les aider.
22:38 Donc, tant mieux.
22:39 Tant que je peux contribuer à ça, au moins, d'une manière ou d'une autre,
22:43 je le ferai jusqu'à la fin.
22:45 -Parce qu'ils t'ont aidé aussi, avant ? -Ouais.
22:47 Ouais, beaucoup. Bah, après, moi...
22:49 -On est rien sans sa famille. -Ouais, c'est vrai.
22:51 C'est vrai, mais surtout...
22:53 Moi, mon problème, c'est que j'étais pas trop souvent chez moi,
22:56 quand j'étais petit.
22:57 Avant la musique, j'étais dehors, moi, je dormais dehors,
23:00 et j'étais dehors, gros.
23:01 Ouais, c'est depuis que j'ai commencé la musique
23:04 que vraiment, genre, je suis vraiment chez moi,
23:07 je suis avec tous mes frères et sœurs,
23:09 et je suis là pour eux comme ils sont là pour moi aujourd'hui.
23:12 Parce qu'ils croient pas, dans la musique, c'est pas tout beau, tout rose.
23:15 Y a des fois où t'as envie de te confier,
23:17 mais tu peux pas te confier aux gens de dehors.
23:19 Ça veut dire que des fois, j'appelle mon frère, j'appelle ma sœur,
23:21 "Y a ça, y a ci, y a ça", et ça fait du bien.
23:25 Ça fait toujours du bien.
23:26 -Toi, ton père a quitté le foyer très tôt.
23:28 Est-ce que vous avez renoué contact ou pas du tout ?
23:30 -Non. -Non ?
23:32 -Non. Que ma mère, c'est tout, ça s'arrête là.
23:35 Ma mère, j'aime mes tantes, j'aime mes clés ronds, tout ça,
23:37 mais chez moi, c'est ma mère.
23:39 -C'est quoi la dernière conversation que t'as eue avec elle ?
23:41 -Là, tu connais, moi, mon anniversaire,
23:43 je suis né le même jour que ma mère.
23:45 Hier, je parlais avec elle,
23:47 elle veut faire une fête la semaine prochaine.
23:50 Ça veut dire qu'il faut que je lui prépare ça.
23:52 Ouais, c'est ça.
23:53 -Alors qu'est-ce qu'on va lui préparer ?
23:54 -Je sais pas encore.
23:56 Mais bon, ma mère, elle est pas trop dans les grands trucs.
23:58 Elle aime bien...
24:00 Je connais, elle va aller dans une association,
24:01 elle va inviter son association, mes tantes, tout ça...
24:04 Juste faire v'là les courses à ma mère,
24:06 qu'on me doit manger, ça va bien se passer après.
24:09 -Et que tu sois avec elle, en fait ? -Bah ouais, toujours.
24:11 J'habite pas chez elle, mais j'y veux le voir le plus possible.
24:14 -Tu communiquais avec elle pendant ton incarcération ?
24:16 -Ouais.
24:17 -Elle est venue te voir ?
24:19 -Non, j'avais pas de parloir.
24:20 Je connais, je t'appelle à la cabine.
24:21 -Tu voulais pas de parloir ?
24:24 -Non, ils me les ont enlevés.
24:26 Ils les avaient au début, mais après, ils me les ont enlevés, les parloirs.
24:29 Ils m'ont fait du sale, moi, là-bas !
24:31 Je te dis que quand ils m'ont transféré, ils m'ont mis à l'étage des fous...
24:34 Ils me font un truc de ouf ! -Comment ça ?
24:36 -Genre, tu connais, il y a plusieurs bâtiments, il y a plusieurs étages.
24:40 Et là où j'étais, à Bois d'Arcy, c'était l'étage des fous,
24:43 les mecs qui tapent tout le temps à la porte,
24:45 qui les laissent tomber, gros !
24:47 Ils m'ont fait un boulot de ouf !
24:48 -Est-ce que t'as regardé l'affaire Pierre Palmade quand t'étais en prison ?
24:52 -J'ai suivi un peu, oui.
24:53 -Qu'est-ce que ça t'a évoqué ?
24:55 -C'est la France, gros ! Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
24:58 C'est la France, c'est comme ça.
25:00 Quand t'as la peau un peu plus foncée, c'est un peu plus dur,
25:04 c'est un peu plus sévère, c'est un peu plus strict.
25:06 Moi, je suis sur une bagarre d'une boîte de nuit, j'ai pris quatre mois.
25:10 Il a tué un enfant, il était sous je sais pas quoi,
25:12 sous je sais pas quoi, sous je sais pas quoi, il est dehors, tu as vu ?
25:15 C'est la France.
25:17 -Il y a plein de gens dans le hip-hop qui ont dit
25:19 "Mais regardez ce qui se passe avec Kobalada,
25:21 il est dans un bâtiment, il est dans un bâtiment,
25:23 regardez ce qui se passe avec Kobalada".
25:25 T'es beaucoup plus populaire que lui aujourd'hui, en réalité.
25:28 La preuve, ce qui t'est arrivé,
25:29 c'est parce que toi, tu ne peux pas marcher dans la rue
25:31 et t'as bénéficié d'aucun traitement de faveur lié à ta popularité.
25:34 -Aucun. Aucun.
25:36 C'est comme ça.
25:39 Tu sais, je savais à quoi m'attendre, moi.
25:42 Je savais que dès que les keufs, ils sont venus me chercher,
25:45 je savais que j'allais aller aux stars, je savais quoi qu'il arrive.
25:48 Comme je t'ai dit, j'avoue, nous aussi, on n'est pas tout blanc dans cette histoire.
25:52 Ça joue, quoi.
25:53 Il y a pas mal de dégâts dans cette histoire,
25:55 ça veut dire que moi, je les prends bien.
25:58 Mais si j'essaye pas de me comparer à lui, ça va que me monter les nerfs, tu vois.
26:03 Moi, c'est moi, lui, c'est lui.
26:04 Si lui, il est pas en prison, tant mieux pour lui, qu'est-ce que je te dise.
26:07 Si Dieu veut, la justice fera son travail correctement.
26:10 Comme je te dis, c'est la France.
26:12 -Donc t'as même pas eu de cellules VIP, de...
26:16 -Non. -Rien ?
26:17 -Oh, je t'arre ma gueule !
26:18 À Baudarcy, y avait pas de plaque, pas de frigo, rien.
26:22 Je tournais à la chauffe.
26:23 "Tu sais quoi, la chauffe, mon pote ?"
26:25 Je tombais, gros, de technique de ouf pour faire à manger.
26:29 "Ouais, gros, t'es obligé, c'est la débrouille."
26:32 J'ai pas pleuré sur mon sort.
26:33 J'aurais pu craquer 100 fois, gros.
26:35 J'avais toutes les raisons de craquer, si tu veux, même.
26:37 Mais non, on est là, gros.
26:40 T'inquiète, je vais sortir encore plus fort.
26:42 -J'arrive toujours pas à comprendre, en fait,
26:45 que l'artiste qui a battu les records de vente,
26:48 quatre platines, 23 ans, se retrouve incarcéré
26:51 et bénéficie d'aucun traitement, même de protection,
26:53 pour ta protection, pour ta sécurité.
26:55 -C'est eux, hein !
26:57 Là, c'est eux qu'il faut voir.
26:59 Mais après, j'étais pas tout seul, tu vois.
27:03 Quand je suis arrivé à La Santé, le quart de la promenade,
27:06 c'était des mecs avec qui j'étais au collège, au lycée,
27:08 des mecs de ma zone, tout ça.
27:09 Ça veut dire que...
27:11 C'était peinard.
27:12 Non, c'était peinard. Tranquille.
27:14 Après, quand j'arrivais à Baudarcy, c'est dans le 7-8,
27:16 là-bas, moi, dans le 7-8, y a tous mes oncles, là-bas, t'as vu ?
27:20 Ça veut dire que même quand je suis arrivé là-bas,
27:21 les gens, ils étaient en mode "peace" avec moi,
27:23 parce qu'ils connaissent mes oncles, ils connaissent un tel,
27:25 ils connaissent un tel, et ça veut dire que...
27:27 "Allez, je fais ma sécurité tout seul, t'inquiète !"
27:29 -Mais l'État, ça devrait te protéger, en fait.
27:32 -Faut leur demander à eux, ça.
27:34 Je t'ai dit, ils ont essayé de me faire un boulot,
27:36 mais ça a pas marché.
27:37 On est fort.
27:39 -Ils ont voulu servir toi comme un exemple, tu crois ?
27:41 -Ouais, clairement.
27:42 En mode "Regardez, vous croyez que quand vous êtes des artistes,
27:45 vous pouvez faire ce que vous voulez ? Ben non, go balader, tiens."
27:48 J'espère que je le souhaite à personne, à la prison.
27:51 Ça sert à rien d'y aller, c'est une perte de temps, plus qu'autre chose.
27:54 -Donc, toi, le message que t'as perçu, c'est "star ou pas star, tu restes un noir".
27:57 -C'est réel, en tout cas.
28:01 Je le dis pas, c'est eux qui le montrent.
28:04 Moi, j'ai rien à dire, c'est eux qui le montrent.
28:06 La différence, c'est que je suis allé là, et à lui, à moi...
28:08 Tu regardes ce qu'il a fait et ce que j'ai fait...
28:12 Et tu te fais un jugement tout seul.
28:16 -Comment ils te l'ont montré, à toi ?
28:18 À quel moment tu l'as le plus senti ?
28:19 -Je crois qu'il a fait quelques jours à l'hôpital de Fred, à la prison de Fred.
28:22 Il avait fait quelques jours là-bas, et il est ressorti direct.
28:26 C'est là où j'ai vu que "ah ouais, dinguerie".
28:28 Moi, j'étais là-bas comme...
28:30 Je me suis remoulé, je regardais la télé, je me disais "putain, chapeau, voilà".
28:35 Après, il a ses raisons, tu vois.
28:37 Tranquille, ils ont leurs raisons, peut-être, mais je juge personne.
28:40 Mais il est bien, en tout cas, il a de la chance !
28:45 Si les gens, maintenant, peuvent être sous coke, sous alcool,
28:48 et tuer des bébés et ne pas aller en prison, tant mieux pour eux, gros !
28:52 -Il y a des gens qui te soutenaient quand t'étais en prison ?
28:54 T'as reçu du soutien ? -Ma famille, que ma famille.
28:57 Après, si, non.
28:58 Je vais pas te mentir, il y a eu des bons gars qui étaient vraiment là pour moi.
29:02 Comme par exemple des mecs comme SDM,
29:05 vaillants de ouf,
29:06 comme Fringlish, vaillants de ouf,
29:08 des mecs comme Gazo, vaillants de ouf,
29:10 des mecs comme Ibra54, vaillants de ouf...
29:13 Je demandais rien, ils m'envoyaient.
29:15 C'est ça, les vrais gens.
29:17 C'est pas les gens qui...
29:19 qui te disent "Si t'as besoin, tu me dis."
29:22 C'est faux, ça.
29:23 Parce que quand tu vas dire "J'ai besoin", il va mettre du temps à répondre.
29:26 Les vrais gens, c'est ceux qui disent "Tiens, t'es là-bas, tiens."
29:30 "T'es là-bas, tiens."
29:31 Genre SDM, frère, parce que toutes les semaines, il m'envoyait des PCS, gros.
29:35 Il appelait mon zinc, "Tiens, tiens."
29:37 On voit, tac, tac, Ibra, pareil, tac, tac...
29:41 Des gens vraiment, des vaillants, gros, des vaillants de ouf.
29:44 De toute façon, tu le sens, tu vois.
29:45 C'est des gens avec qui, avant d'aller en prison, j'étais en bon terme.
29:48 Quand il y a eu ça et qu'ils ont fait ça pour moi,
29:50 ça peut que resserrer les liens encore plus fort, tu vois.
29:53 Et Dieu merci qu'il reste encore des bons vaillants comme ça.
29:56 Gradur aussi, vaillants de ouf, Gradur.
29:58 Il y a des gens droits encore dans la vie, c'est important.
30:01 Faut le dire.
30:01 Parce qu'on parle que des mauvais gens, mais il faut le dire,
30:04 il y a des vrais vaillants dans ce monde.
30:06 Au moins, tu te sens pas tout seul.
30:08 Ça fait toujours du bien.
30:09 Après, sinon, c'était mes inks.
30:11 -Ça t'a touché ?
30:12 -Un petit peu.
30:13 Je m'y attendais pas.
30:15 Quand tac, mon zinc, il m'envoie un message,
30:16 je me dis "Tiens, lui, t'as envoyé ça, t'as changé."
30:18 "Ouais, dingue, c'est un bon de ouf !"
30:20 "C'est un bon de ouf !"
30:22 La tête d'homme !
30:23 -J'imagine que t'as gambergé dans tous les sens.
30:27 Je sais que t'as jamais été un ouf, en vrai.
30:30 -Moi, je suis une crème, moi !
30:31 -Mais je sais ! -Je suis une crème de ouf !
30:33 -Même, t'avais un plan,
30:34 que t'es quelqu'un qui a toujours pensé à la suite,
30:37 en disant ce que tu voulais faire plus tard,
30:38 que la musique, pour toi, c'est un moyen de toucher des gens
30:41 et de rencontrer un milieu qui est pas spécialement tien
30:43 et d'aller faire autre chose...
30:45 Est-ce qu'en prison, t'as encore plus gambergé à ton plan à la suite ?
30:48 -Ouais. Avant, j'étais pas concentré, si tu préfères.
30:52 Ça veut dire que...
30:54 Quand t'es là-bas, t'es en mode "Eh gros, t'as que ça à faire, gros !"
30:58 Ça veut dire que t'es 24 sur 24 dans ta cellule,
31:00 tu veux faire quoi ?
31:01 À part cogiter, tu peux rien faire.
31:03 Tu cogites, tu pries, tu pries, tu cogites...
31:05 Et au fil du temps, y a plein d'idées qui viennent.
31:08 Y a plein d'idées.
31:09 "Bon, dehors, faut que je fasse ça comme ça, comme ci, comme ça..."
31:12 Et grâce à Dieu, ça va bien se passer.
31:14 Ça veut dire que...
31:15 Là, je suis sorti, là, mais c'est tout droit.
31:18 Tout droit, tout droit, tout droit.
31:20 -Donc c'est quoi, le plan ?
31:21 -Je peux pas te dire.
31:22 -Donc ça veut dire que c'est un vrai plan ?
31:24 -Je peux pas te dire.
31:25 Je peux pas te dire, mais...
31:28 T'en fais pas, mon frère. C'est tout droit.
31:30 C'est tout droit. Et là, je sais que...
31:32 Je suis entouré de mes inqs.
31:35 Et je me suis jamais senti aussi bien que maintenant, gros.
31:38 -Y a "BMF" autour de ton cou ?
31:40 -Ouais.
31:41 Ouais.
31:43 -Explique-moi.
31:44 -"Black Mondjak Family".
31:47 -Donc c'est pas le même "M".
31:49 -Non.
31:50 "Black Mondjak Family". Pas "Mafia", "Mondjak".
31:54 Je fais que des Mondjaks, mon gars.
31:56 Mais ouais.
31:59 Et qu'ils soient ici ou de l'autre côté du péage ou...
32:05 C'est que les inqs, on est tous ensemble.
32:06 C'est une big family, t'as vu ?
32:08 Ça veut dire que même quand je suis arrivé à la santé,
32:10 t'as... Y avait déjà un gars de la "BMF" là-bas, t'as vu ou pas ?
32:15 Ça veut dire que je suis tranquille, voilà.
32:17 On est partout, nous. Partout.
32:18 Partout. C'est carré, c'est dark.
32:20 -Première image que t'as montrée sur les réseaux en sortant,
32:22 c'est toi en train de t'acheter ce bijou.
32:24 -Ouais, les bagues. -Les bagues.
32:26 -Ouais.
32:27 -Quel message tu voulais envoyer ?
32:28 -On est pas morts.
32:29 Tu vois pas ? On est pas morts, ma gueule.
32:32 On est là, gros.
32:33 Parce qu'il y a eu l'histoire de Despi, ce gros bâtard,
32:37 où j'ai fait un peu de prison, que le gars, il est KO.
32:41 C'est faux, ça. On est là.
32:42 On est là, on est là et on sera toujours là quand il arrive.
32:45 Dieu, il te met des épreuves dans la vie,
32:47 il te met pas n'importe quelle épreuve.
32:49 Toutes les épreuves qu'il va te mettre, il sait que tu peux les surmonter.
32:53 Il faut juste que tu trouves le moyen de le faire.
32:55 Et après, c'est bon, gros.
32:57 Il m'a éprouvé, j'ai donné,
32:59 Dieu merci, je suis encore là, ça veut dire que c'est bon.
33:03 -Tu penses qu'il y a des gens qui se sont réjouis de ce qui t'est arrivé ?
33:05 -C'est sûr, ça.
33:06 Tu crois que Despi, il était pas content de savoir que je t'ai touché ?
33:08 C'était sûr, il était content. C'est sûr.
33:10 Mais il doit être très énervé quand il m'a vu dehors et acheter mes bijoux,
33:14 par exemple.
33:15 Parce qu'il a...
33:16 Comme lui, comme plein d'autres personnes.
33:18 C'est pas tout le monde qui m'aime, je le sais, gros, c'est faux.
33:21 C'est pas tout le monde qui m'aime, c'est pas tout le monde qui veut mon bien,
33:23 pour que ce soit pour moi ou même pour toi.
33:25 C'est pas tout le monde qui t'aime, c'est pas tout le monde qui veut ton bien.
33:27 Et à ces gens-là, sans leur parler, sans leur dire quoi que ce soit,
33:30 juste avec ta réussite,
33:32 eh ben ils prennent encore plus le seum, tu vois.
33:34 Et c'est ça que j'aime bien.
33:36 -Tu te nourris de seum. -Ouais.
33:38 Ouais, je me dois de réussir.
33:40 Pour moi, pour ma famille et pour les haineux aussi.
33:42 Sinon, c'est pas marrant.
33:44 -Toi, t'es pas un haineux.
33:45 -Non, moi, je suis pas un haineux.
33:47 Moi, je fais pas de phase aux gens.
33:49 Quand t'es avec moi, t'es avec moi, t'es avec moi, t'es avec ma vie.
33:52 Moi, je veux pas te faire de phase.
33:53 Donc ça veut dire que quand les gens, ils me font des phases,
33:56 je suis trop young, gros.
33:57 Je suis en mode "Ouais, pourquoi il m'a fait ça, gros ?
33:59 Moi, j'ai tout fait pour lui, pourquoi il me fait ça ?"
34:02 Je vais peut-être te pardonner,
34:04 mais je sais que je vais plus jamais te parler de ma vie.
34:06 Moi, je laisse pas de seconde chance.
34:09 Dès que tu fais un truc, tu sais que tu l'as fait,
34:10 t'es pas malade, t'es pas fou, tu sais ce que tu fais.
34:15 Ça veut dire que quand je me fais du mal, c'est volontaire.
34:17 Tu vas pas me dire "T'as pas fait exprès", c'est faux, je suis pas con.
34:20 Tranquille, je te pardonne, mais fin.
34:22 Fin.
34:23 -Il y a un mot qui t'énervait dans le précédent album,
34:26 c'est le mot "ingrat".
34:27 Tu disais "Il y a que deux personnes dans ma vie, comprimez pas tant,
34:31 donc me parle pas d'ingrat".
34:32 C'est quoi, l'ingratitude ?
34:35 Qui t'a le plus fait mal, toi ?
34:37 -Moi, j'ai presque tout fait pour mon quartier.
34:40 Tu vois le bâtiment 7 ?
34:41 J'ai tout fait pour le bâtiment 7.
34:43 Le bâtiment 7, je l'ai inscrit sur Oise, même.
34:45 T'as capté ou pas ? Y a "bâtiment 7 de Kobalade", sur Oise,
34:48 pour te dire que vraiment, le bâtiment 7,
34:50 j'essaie de le mettre en avant le plus possible.
34:52 Que ce soit le bâtiment 7, que ce soit moi
34:54 ou même les autres rappeurs du bâtiment 7.
34:56 Et quand il m'est arrivé ce qui m'est arrivé,
35:00 et que j'ai vu que les gens à qui j'ai donné de la force de malade
35:03 me tournaient le dos,
35:04 c'est ça que j'appelle de l'ingratitude.
35:07 Le fou, la plupart des gens, ils l'aiment pas dans le quartier,
35:10 tu vois ou pas ?
35:11 Y avait deux spies et d'op', tu vois ou pas ?
35:13 Les gens, ils parlaient pas avec deux spies parce qu'il y avait d'op'.
35:16 Quand lui m'a fait ça,
35:17 et que moi, je me suis pris la tête avec lui, tout ça,
35:20 je me suis un peu chiffonné avec lui, tout ça,
35:23 et que les gens, ils ont pris ses patins,
35:25 j'étais en mode "Mais wesh, bande de bâtards,
35:27 wesh, vous êtes sérieux, là ?"
35:28 En mode "Wesh, vous êtes sérieux, là ?"
35:30 La plupart des gens qui ont pris ses patins,
35:32 quand moi, je me sombrais avec lui,
35:33 c'était les gens qui me parlaient sur lui quand j'étais avec lui.
35:36 En mode "Lui, il est chelou, nanana".
35:38 Ça veut dire que maintenant que j'ouvre les yeux et que j'ai mes problèmes,
35:40 genre "Moi, maintenant, c'est moi, le fou."
35:42 Wesh, les gars !
35:43 C'est plus que de l'ingratitude, je comprends pas, je sais même pas c'est quoi !
35:47 -"La main qui donne est plus dangereuse que celle qui nourrit."
35:49 -C'est une dinguerie, gros ! C'est une dinguerie, gros !
35:52 Et quand j'ai vu que les mecs avec qui j'ai grandi,
35:54 les mecs avec qui j'ai rappé quand j'étais petit,
35:57 les mecs avec qui c'était mes frères, tu vois pas ?
35:59 Je dormais chez eux, ils dormaient chez ma mère,
36:02 aujourd'hui, ils me tournent le dos comme ça !
36:04 -Ce qui fait mal, c'est d'ouvrir les yeux et de te dire
36:07 "Les gens que j'ai aimés ou que j'ai aidés, en fait, ils m'aimaient pas."
36:09 -C'est des gros bâtards.
36:10 C'est des gros bâtards.
36:11 -Je connais ce sentiment. -C'est des gros bâtards.
36:13 Pourtant, même là, aujourd'hui, je te jure, gros,
36:15 je te montre mes ajouts de Snap, ils essayent de m'ajouter tout ça,
36:17 mais je suis en mode "Mais qu'est-ce qu'il me raconte, lui ?"
36:19 "Va te faire enculer, frère ! Qu'est-ce que tu veux, gros ?"
36:21 Là, c'est mort !
36:22 Quand j'avais besoin de soutien, il y avait personne à part ma famille.
36:25 C'est pas aujourd'hui, là, que tu vas me dire qu'au bas, excuse-moi.
36:28 Mais va te faire enculer, je vais pas te faire des excuses, moi !
36:31 On se parle pas, tu me parles pas, je te parle pas, tranquille,
36:33 chacun sa route.
36:34 Mais allez, arrête ta comédie.
36:37 -Puis il y en a qui pensent que ta réussite, c'est la raison de leur échec.
36:41 -Eux, c'est des fous, eux.
36:42 Parce que moi...
36:44 Gros, je suis dans des projets...
36:47 Le projet 7 Banks, par exemple, ce projet, moi,
36:50 qu'est-ce que je m'en bats les couilles de ce projet, en soi ?
36:52 Sincèrement, qu'est-ce que je m'en bats les couilles ?
36:54 J'ai pas besoin de ce projet.
36:55 Moi, j'ai pas besoin d'être dans une compil de je sais pas quoi,
36:58 de je sais pas quoi, je l'ai fait pourquoi ?
36:59 Parce que c'est le quartier, et parce que c'est méga.
37:02 Enfin, c'était méga.
37:03 Ça veut dire que pour moi, c'était normal que je mette ma voix dedans.
37:06 Mais en soi, j'étais pas obligé de le faire.
37:09 Et quand tu vois qu'on m'est remercié après...
37:11 Y a que du dégoût, frère.
37:14 Voilà.
37:15 Dégoûté.
37:16 T'es fou, là.
37:17 Y a Zine qui s'énerve, là.
37:19 -Tu penses que t'arriveras à te faire des nouveaux amis dans le temps
37:22 où t'as bloqué la porte ?
37:23 -Moi, je fais pas de nouveaux amis.
37:25 Non.
37:26 Ça, c'est du business, on est là, on bosse ensemble,
37:28 on peut bien s'entendre et bosser ensemble, c'est une chose.
37:31 Mais non, j'ai pas de nouveaux amis, je veux pas m'en faire.
37:35 Je préfère rester avec mes zincs,
37:37 et je sais qu'avec eux, je fais tout, dans tous les cas.
37:39 On bosse ensemble, on rigole ensemble, on vit ensemble, on dort ensemble,
37:43 on est toute l'année ensemble, tu vois.
37:44 Que de me faire des potes dehors...
37:47 Et qu'après, ces mêmes gens avec qui t'as,
37:50 qui me font des trucs chelous...
37:51 Ça sert à rien.
37:53 -Le quartier, t'y retournes, des fois ?
37:54 -Non, pas moi.
37:56 Mon petit frère, ouais, pas moi.
37:58 J'ai rien à faire, là-bas.
37:59 Je peux passer dans la ville,
38:01 je vais voir Bolé, mais sinon, non...
38:03 Je vais pas, voilà.
38:06 -Donc t'as quitté le quartier ? -Ouais.
38:08 J'ai quitté, clair.
38:09 J'ai fait bordel avant de quitter, j'ai taillé !
38:12 J'ai fait bordel après, j'ai taillé.
38:15 Ouais...
38:17 -Tu vis où, maintenant ?
38:19 C'est quoi, ta nouvelle vie ? T'es loin de tout ça ?
38:21 -Ouais, je suis loin. -Toi, t'en demandes pas l'adresse ?
38:24 -Je suis loin, je suis...
38:25 Ouais...
38:26 Ouais, c'est...
38:28 C'est pas pareil.
38:29 Moi, j'étais habitué à...
38:31 Après, je suis toujours dans le quartier, tu vois.
38:33 Enfin, le quartier d'un monzin, que t'as vu.
38:35 C'est toujours... C'est pareil. T'as capté, mais...
38:38 C'est pas le fait de traîner ou pas au quartier.
38:41 C'est le fait de...
38:43 Je savais pas qu'avec les mecs avec qui j'ai grandi,
38:46 genre, ça allait se terminer comme ça.
38:47 Je pensais pas que la musique,
38:49 ça allait faire autant de dégâts, frère.
38:51 C'est une dinguerie, gros, la musique.
38:52 Je dis que la musique, c'est une dinguerie,
38:53 comment ça monte dans la tête des gens.
38:55 Et avant, c'était pas comme ça.
38:57 Ça a pris une ampleur de fou, gros.
38:58 Tout le monde veut percer, tout le monde veut manager,
39:01 tout le monde veut produire,
39:04 tout le monde veut tout.
39:05 Tu te poses à l'écart et tu les regardes comme ça,
39:07 tu te dis "Mais wesh !"
39:09 "Mais wesh !"
39:10 -C'est incroyable. -"Wesh, dinguerie, wesh !"
39:12 "Dinguerie, wesh !"
39:13 T'es avec lui, il va parler sur toi, sur lui...
39:17 En fait, c'est des trucs de petits cons.
39:18 J'ai plus le temps pour ça, moi. J'ai pas le temps, non.
39:22 J'ai pas le temps, moi. Faut que j'aille au studio,
39:24 faut que j'aille voir ma mère, faut que...
39:26 J'ai pas le temps. Regarde, là, je suis avec toi.
39:28 Même si je voudrais aller au quartier,
39:30 j'ai pas le temps, frère.
39:32 J'ai pas le temps, frère. Voilà.
39:34 -Mais c'est important de le dire.
39:35 C'est ce que disait Sosomanes, il l'avait dit chez nous.
39:38 Il disait "Tous les artistes, quittez le quartier, y a rien de bien."
39:41 -Et c'est mieux !
39:42 Regarde-moi, avant, quand j'étais dans le quartier,
39:45 j'ai vu Niska quitter le quartier.
39:46 On est dans la même ville, Niska.
39:48 Le quartier d'à côté, t'as capté ?
39:50 Il a percé largement avant moi.
39:52 Et lui, il a quitté la ville bien vite, t'as capté ?
39:56 Et moi, j'étais en mode "Pourquoi il a quitté la ville ?"
39:58 Tout ça, non, non, non.
40:00 Et quand t'es dedans, tu te dis "Mais en fait, je suis un ouf,
40:02 j'aurais dû quitter comme lui avant,
40:04 il y a une date que je quitte la vie de ma mère."
40:07 Mais moi, je suis le genre de mec...
40:08 qu'on va me dire que ça brûle.
40:12 Je veux pas écouter.
40:13 Faut que je me fasse brûler d'abord, et après, c'est là que je comprends.
40:16 Moi, je suis comme ça, en fait.
40:17 C'est un problème.
40:19 -Parce que t'étais hanté avec les gens, en fait.
40:20 -Ouais, gros, moi, y a pas de filtre.
40:22 Quand je t'aime, je t'aime à la mort.
40:24 À la mort, gros, je te donne tout.
40:26 Si je peux tout te donner, je te donne tout, gros.
40:29 Si je peux mourir pour toi, normal.
40:30 Normal.
40:32 Et quand je t'aime pas, tu le sais que je t'aime pas, t'as vu ?
40:35 Mais moi, j'ai mis tout mon quartier, gros.
40:37 J'ai fit avec tous les mecs de mon quartier,
40:40 j'ai tout fait pour le quartier, t'as vu ou pas ?
40:42 Le seul, vraiment, parce que c'est mon zinc aussi, ça compte pas.
40:45 C'est Bollywood, mais c'est normal.
40:47 Moi, le reste, faut même pas me parler.
40:49 On va rien avec moi.
40:50 Voilà. Claire.
40:52 -Tu parles des feats.
40:53 T'es un des rappeurs français qui a fait le plus de feats de ta génération.
40:57 Qui est-ce qui te manque ?
40:58 Qui est-ce que t'aimerais bien bosser et qui t'a pas travaillé ?
41:01 -Faut quitter la frontière, là.
41:03 Ouais. Faut quitter la frontière.
41:05 -Tu kiffes ?
41:06 -Il y en a plein, y a pas que lui.
41:09 Y a des Lil Baby, y a...
41:11 Y a des Lil Durk, y a les Anglais aussi, en ce moment,
41:15 ils sont en train de tout raser.
41:17 Y a plein de trucs à faire.
41:18 -Tu prenais une direction très, très musicale ?
41:22 Tu disais "Le rap, ça me va de temps en temps, mais en vrai,
41:26 je kiffe faire d'autres genres de musique, je kiffe chanter..."
41:28 -Pour moi, je me vois pas comme un rappeur.
41:30 -T'as dit tout de suite "Moi, je suis un artiste".
41:32 -Voilà. Je suis pas un rappeur.
41:33 Je suis pas un rappeur.
41:35 J'essaie de toucher un peu à tout.
41:37 Comme là, je suis sur un projet où il y aura zéro feed,
41:42 comme mon premier album, d'ailleurs.
41:44 Zéro feed.
41:45 Et...
41:46 T'inquiète, j'espère que...
41:49 Je sais qu'il va bien passer, cet album.
41:51 Il va bien passer.
41:53 -Tu penses aussi à t'exporter ?
41:56 Faire des choses à l'international ? Voyager ?
41:59 -Si tu veux.
42:00 J'aimerais bien, oui. Si tu veux. Avec plaisir.
42:04 -Il y a le Congo, qui est aussi très important pour toi.
42:05 -Ouais.
42:07 -C'est quand la dernière fois que tu y as mis les pieds ?
42:09 -Je te dis la vérité, j'ai jamais mis les pieds là-bas.
42:11 -Jamais ? -Non.
42:12 -Ça t'intéresse ? -Ouais, de ouf.
42:13 J'y vais pas tarder.
42:15 Mais j'ai pas encore mis les pieds là-bas.
42:17 -Qu'est-ce que t'aimerais faire là-bas ?
42:19 -Je veux faire un...
42:20 Un concert d'aller ouf !
42:23 Un truc de ouf !
42:24 Je veux retourner le bled.
42:25 Pour ma première venue au bled, je vais faire bordel.
42:29 Je vais faire bordel.
42:30 Là, si tu veux, ça va...
42:33 Ouais, ça devrait se faire, surtout.
42:35 -T'emmènes ta mère avec toi ?
42:36 -Elle serait déjà là-bas.
42:37 Ma mère, tranquille, elle est déjà là-bas, au calme.
42:39 -Donc c'est quoi, la suite, pour toi ?
42:40 Est-ce que t'allais en studio direct, enregistré ?
42:43 Qu'est-ce qui va sortir ? Qu'est-ce que tu prépares ?
42:45 -La ténébreussis, là, qui arrive.
42:47 -Ouais.
42:48 -La ténébreussis, il arrive.
42:50 On va encore...
42:52 Ouais, y a...
42:53 Après, ténébreussis, on va encore...
42:55 Y a peut-être deux, trois clips.
42:57 Si Dieu veut, l'album, il sort en septembre.
43:00 Et après, on enchaîne.
43:02 On enchaîne.
43:03 -Les festivals ?
43:04 -Bah, tu connais.
43:06 Quand les programmations, ils ont commencé, j'étais pas là, encore.
43:11 Là, je suis dehors, ça veut dire qu'on est en train de gérer tout ça.
43:15 Petit à petit, on se refait.
43:16 -Je trouve qu'il y a un rendez-vous manqué entre la scène et toi.
43:19 -Comment ça ?
43:21 -On veut te voir dans des grandes salles,
43:23 on veut te voir retourner les festivals, on veut...
43:26 -Bah...
43:27 -Où c'est pas ton truc.
43:28 -Si, je kiffe.
43:29 Moi, je kiffe la scène.
43:30 Mais...
43:33 Faut travailler avec les bonnes personnes.
43:35 Moi, j'ai été beaucoup négligé.
43:38 Après, j'ai été négligé parce que pourquoi ?
43:40 J'étais avec des morts noyées, mon pote.
43:43 J'étais avec deux spys, frère, top, et ils savaient rien faire.
43:46 Ça veut dire que les gens, quand ils parlaient avec eux,
43:48 ils parlaient avec deux Mongols, gros.
43:51 Donc...
43:52 Ils me prenaient, moi aussi, pour un Mongol.
43:54 Donc ils me faisaient faire des trucs de Mongols.
43:56 Tu vois pas ce que je veux te dire ?
43:57 Jusqu'à un jour, ils m'ont proposé de faire sept cigales.
43:59 J'ai dit... "Qu'est-ce que tu me parles de sept cigales, gros ?
44:02 Tu crois que j'ai qu'elle, là ? Je vais faire sept cigales ?
44:03 Ils vont te faire un zenith archi-complet, là ?
44:06 Tu veux que je fasse une cigale, là ?"
44:07 Mais toi, pas.
44:08 Y avait plein de trucs qui... Ça allait pas.
44:10 Mais ça allait pas. Pourquoi ?
44:11 Parce que j'étais avec des morts noyées qui pensaient qu'il y a leur poche.
44:14 Ça veut dire que, eux, tu leur proposais un billet,
44:17 ils allaient le prendre direct. N'importe quoi, direct, ils allaient le prendre.
44:20 Mais c'est pas eux qui s'est impacté, c'est moi et c'est ma carrière.
44:22 Parce que c'est moi qui fais le truc.
44:25 J'étais baisé un peu quelque part, tu vois pas ?
44:27 Ça veut dire que j'avais plein de mots à dire, vu que c'était eux qui géraient.
44:31 Et vas-y, frère. Là, c'était pété, ça me lève.
44:34 -C'est quoi le conseil que tu donnerais à un jeune qui, comme toi,
44:38 15-16 ans, qui est au quartier, qui commence à faire de la musique,
44:41 aller en studio ?
44:42 -Tuto au studio.
44:44 Tuto au studio, ça vient pas du jour au lendemain.
44:47 Moi, j'ai eu de la chance, ça a pris vite, tu vois.
44:49 Mais il y en a plein où ça a mis du temps de fou,
44:52 ils ont 5 ans, 10 ans de rap, et ça a toujours pas pris, tu vois.
44:56 Le truc, c'est...
44:57 Prie ton bon Dieu,
44:59 concentre-toi et entoure-toi des bonnes personnes.
45:02 Tu sais, moi, quand on me disait ça,
45:03 "l'entourage, l'entourage, l'entourage, c'est le plus important",
45:06 j'étais en mode...
45:07 "Vas-y, frère, tu vois pas qu'est-ce que tu me racontes ?
45:09 Moi, j'ai une méga..."
45:10 Ou même quand j'entendais des histoires d'un artiste,
45:14 c'était parabén comme ça,
45:15 moi, j'étais en mode quoi ?
45:17 J'étais le premier à dire "Moi, ça m'est jamais arrivé !
45:19 Moi, j'ai des gars de ouf !"
45:21 Nananinana, nananinana, mais...
45:23 C'est pas vrai, tout ça.
45:26 En vrai, de vrai, tu sais pas.
45:28 Surtout quand t'es un petit jeune, tu connais rien, gros.
45:30 Moi, j'ai connu les impôts, j'avais 20 ans, mon pote.
45:33 T'as vu ou pas ?
45:34 Je rap depuis que j'ai 17 ans, ça veut dire que...
45:36 Pendant 3 piges, là, normal, là...
45:39 -À l'arriéré, il a dû être... -Mec !
45:41 5 ! Après, Dieu merci aujourd'hui, tu vois.
45:44 Même eux, ils le savent, tu vois.
45:45 C'est pas moi, tu vois ou pas ? Moi, j'ai été géré.
45:48 C'est pas moi, tu vois ou pas ?
45:49 Mais c'est...
45:51 C'est mieux d'éviter, gros.
45:55 Et le seul moyen d'éviter, c'est de tout regarder,
45:58 de rester concentré, de poser les questions à chaque fois.
46:00 T'as un truc en tête, tu poses la question, gros.
46:03 "Ça, c'est quoi ? Pourquoi ? Truc, c'est quoi ?"
46:05 T'es en mode, tu gardes tout pour toi, tu te dis bon...
46:08 "Vas-y, tranquille, gère."
46:09 Non, c'est pas bon, c'est pas vrai.
46:11 C'est pas vrai.
46:12 -Ca a été quoi, le plus gros piège dans lequel t'es tombé ?
46:16 -En général, ouais, c'est le dispute, gros.
46:19 C'est le plus gros piège.
46:21 C'est un trou.
46:23 C'est pas un gros piège, c'est un trou.
46:25 Un trou sans...
46:27 Enfin, aujourd'hui, Dieu merci, c'est bon.
46:29 Mais...
46:31 Par exemple, si j'aurais pas voulu acheter un appart,
46:34 peut-être qu'aujourd'hui, j'aurais toujours pas su ça,
46:36 parce que je vais te dire...
46:38 C'est Dieu qui m'a dit "Vas là-bas, va demander ça,
46:41 ils vont te dire ça et toi, après, tu verras."
46:43 Moi, je le prends comme ça.
46:44 C'est grâce à Dieu.
46:46 -Est-ce que les choses peuvent s'apaiser avec eux ?
46:49 -En somme, moi, tranquille, aujourd'hui.
46:53 Tranquille, c'est réglé.
46:55 Y a rien.
46:56 Mais je sais que je vais jamais reparler avec eux.
46:58 Je suis rentre-ligné un peu, mais j'ai pas de haine.
47:00 Je leur souhaite pas de mal, je leur veux pas de mal.
47:05 Tu vois ou pas ?
47:06 -C'est important de le dire,
47:07 parce qu'ils sont pas là pour se défendre.
47:08 -Ouais, tranquille.
47:10 Après, je m'en bats les couilles qu'ils soient là ou pas.
47:11 Quand ils faisaient mes trucs, moi, j'étais pas là, moi aussi.
47:14 Ils l'ont bien fait pendant plusieurs années.
47:16 Mais c'est la vie, c'est comme ça.
47:18 C'est des humains, frère.
47:20 Ils sont mauvais, ils sont mauvais.
47:21 C'est Dieu qui va s'en charger, c'est pas moi.
47:24 -Est-ce que t'as eu peur de te dire "Je vais jamais réussir à me refaire"
47:28 quand ça t'est tombé dessus ?
47:31 -Non. J'étais pas par terre non plus.
47:33 Tu vois, j'étais pas par terre.
47:35 Mais j'étais en mode "Putain, quand même, tout ça,
47:38 ils m'ont mordu tout ça sous mon nez, gros !"
47:40 Tout ça sous mon nez, gros !
47:42 C'est plus qu'une vie !
47:43 Tu vois, y a des gens, pendant même cinq générations,
47:46 ils ont pas fait tout ça, tu vois ou pas ?
47:48 Ça veut dire que je me dis "Wesh, dinguerie !
47:50 Dinguerie, quand même !"
47:51 -Ça représente combien, à peu près ?
47:53 -C'est une belle somme.
47:54 Une très belle somme.
47:55 Une très belle somme, gros.
47:57 Tu te dis "Putain de merde !
47:59 Ah, les bâtards, là, ils ont été bons !"
48:01 "Ah, les bâtards, ils ont été bons !"
48:03 -J'avoue, ils ont été bons !
48:05 -"Ah, ils m'ont fait un boulot de ouf !"
48:07 Mais c'est des trous du cul, gros !
48:08 En plus, c'est des trous du cul,
48:10 parce que c'est pas comme si c'était de l'argent qui...
48:12 C'était des gens...
48:14 Ils claquaient, en fait !
48:15 Que du "ma tu vu", tu vois pas ?
48:16 Que pour frimer, que pour dire "J'ai de l'argent", gros,
48:18 jusqu'à...
48:19 Ce gros bouffon, il payait des cossons à des meufs au ch'tard et tout, gros !
48:23 La tête de ma mère, gros !
48:24 La tête de ma mère, gros ! Des trucs de ouf !
48:26 Des trucs de malade, gros !
48:29 Ils se servaient de moi, normal !
48:31 Ils se servaient de moi.
48:32 De ouf !
48:33 -Et les meufs ?
48:34 -De quoi, les meufs ?
48:36 -Bah toi, les meufs !
48:37 -Tu vois quoi, les meufs ?
48:40 -Bah je sais pas, les meufs !
48:41 -Tranquille, tranquille !
48:45 -Tranquille, les meufs !
48:46 -Tranquille, les meufs !
48:48 -Tranquille, les meufs !
48:49 -Moi, je fréquente pas de meufs au ch'tard, en tout cas !
48:51 -Tranquille !
48:56 -Tranquille, tranquille !
48:57 Tranquille !
48:58 Un jour...
49:04 Un jour, je trouverai...
49:06 Celle qui saura me comprendre,
49:09 celle qui saura me supporter,
49:11 celle qui m'aimera à ma juste valeur, si tu veux.
49:14 Pour l'instant, on est là.
49:15 Pour l'instant, on est là, au calme, tranquille.
49:18 -Ça t'intéresserait, de faire du cinéma ?
49:21 -Ouais, à mort !
49:22 À mort !
49:24 J'ai essayé un peu avec "Hors-Nord".
49:26 Et ouais, j'aimerais bien, ouais.
49:29 C'est cool.
49:30 -Parce que t'as vu, c'est un film, aussi.
49:31 -Ouais, laisse tomber.
49:34 Ouais, laisse tomber.
49:35 Ouais, laisse tomber.
49:36 T'inquiète, on va écrire dessus, là.
49:38 -C'est prévu ?
49:40 -Je sais pas. Pas pour l'instant.
49:42 -En vrai, tu peux déjà.
49:43 Tu te dis "à 23 ans, t'as déjà vécu tout ça".
49:45 -Pour l'instant, je suis dans la musique.
49:47 Focus dedans.
49:48 Je pense pas trop à "Tactique", non.
49:51 Là, je fais ce que j'ai à faire dans la musique.
49:53 Et si Dieu veut, après, on verra.
49:55 -On a parlé des choses les plus dures.
49:57 C'est quoi le meilleur moment que la musique t'a offert ?
50:00 Ton souvenir, à chaque fois que t'y penses,
50:02 tu te dis "mais qu'est-ce que j'ai kiffé, à ce moment-là ?"
50:04 -Mon premier Zénith, ouais.
50:06 Lourd de ouf.
50:07 En plus, tu connais, il y avait ma taronne, tout,
50:09 dans le public.
50:10 On avait fait une mise en scène,
50:12 genre moi, je me fais péter par les condés.
50:14 C'était d'art, c'était d'art.
50:17 -Belle mise en scène, hein !
50:19 -En tout cas, c'est passé crème de ouf.
50:24 Les gens étaient à fond dans le de ouf.
50:26 Là, c'était cool.
50:28 Ouais, c'était cool.
50:29 -C'est quoi le rapport que t'as avec ton public, toi ?
50:32 -Mon public, il est fou comme moi.
50:34 J'ai un public de fou.
50:36 J'ai une fanbase de fou malade, genre depuis...
50:39 Depuis que j'ai 15 ans, gros.
50:41 Tu vois, moi, avant "Ténébreux 1", je faisais des freestyles.
50:44 J'avais déjà fait une série de freestyles.
50:46 Et c'est le même jusqu'à aujourd'hui, tu vois, mon public.
50:49 C'est juste qu'il s'est élargi.
50:50 Il m'aimait à la mort, je les aime à la mort.
50:52 Et même quand je voyais la force qu'il me donnait sur les réseaux et tout,
50:56 ça fait kiffer de ouf.
50:58 Ça fait kiffer de ouf.
51:00 Ça fait kiffer de ouf.
51:02 -Il t'ont soutenu récemment ? -Ouais.
51:03 -Dans tes galères ? -Ouais.
51:05 Ouais.
51:06 Après, je vais pas te mentir, je me base pas sur ce que...
51:09 Mais quand t'es sur Twitter et tu vois ce qu'il dit sur toi
51:12 et que tu vois du positif, ça fait toujours du bien, tu vois.
51:14 Parce qu'il y en a sur Twitter, ils se font descendre tous les jours.
51:17 Et ouais, non.
51:18 Mon public, moi, il est pas rien de ouf.
51:21 -Pas rien de ouf.
51:22 -Pas rien de ouf. La Team Cob, c'est pas rien de ouf.
51:24 -Donc maintenant, ta vie, c'est quoi ? C'est jour et nuit, studio ?
51:27 -Non, faut pas abuser.
51:30 Studio, j'y vais peut-être deux, trois fois dans la semaine.
51:32 Sinon, c'est chez moi ou chez ma mère.
51:34 Ma mère sort plus, je vais plus en boîte, les trucs...
51:37 Chez moi, chez ma mère, c'est tout.
51:40 -Donc les années qui viennent du cobalader tout le temps.
51:43 -Cobalader tout le temps.
51:44 Cobalader tout le temps.
51:46 Là, pour l'instant, je peux pas encore quitter la France,
51:48 mais dès que mon contrat judiciaire est fini,
51:50 là, ça va être voyage et vas-y.
51:52 Tu vois pas ?
51:53 On va essayer de découvrir un peu plus de choses.
51:57 Les trucs que j'aurais dû faire avant, mais...
51:59 Tu connais, j'étais bloqué au quartier, je fumais du shit, gros !
52:01 Pour moi, ça me suffisait ! Tu crois, pour moi, ça me suffisait, ça !
52:05 Je sortais un gros fer, j'allais à la cité,
52:07 je me posais dans le parking, je fumais toute la journée, gros !
52:10 C'était ça, ma vie, frère ! -C'était nul !
52:12 -C'était clatter, ça, merde !
52:14 C'était clatter, ça, merde ! Mais tu vois, pour moi, c'était trop dingue !
52:17 C'est de la merde, frère !
52:20 Non, faut bouger, faut voyager ! -T'as envie d'aller où ?
52:22 -Je sais pas...
52:23 Je vais faire comme je voyais dans un film avant,
52:25 je vais prendre un globe, je vais le tourner comme ça...
52:28 Ça, je vais faire.
52:32 Et on ira, c'est tout.
52:33 -Qu'est-ce que je peux te souhaiter, Koba, pour la suite ?
52:36 -La santé.
52:39 Le reste tranquille, on s'en charge.
52:41 -Je te souhaite la santé, mon pote. -Merci, mon frère.
52:43 -Merci beaucoup.
52:44 Merci.
52:45 -Merci, mon pote.
52:46 -Merci.
52:48 (Toujours le bruit d'un coup de klaxon)
52:50 *Bruit de bouche*

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