Bon moment
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00:14 Jean-Claude Mette-feu sur NiceAzureTV, très très bon moment de partage.
00:20 Bonjour à tous, bienvenue sur le plateau d'Azure Sport, votre rendez-vous sportif de la chaîne NiceAzureTV bien sûr.
00:30 Aujourd'hui nous allons partir à l'aventure au travers des Alpes avec un aventurier assez particulier.
00:36 On va le découvrir, il s'appelle Jean-Claude Mette-feu. Bonjour Jean-Claude.
00:38 Bonjour et merci de m'avoir invité.
00:41 Je vous en prie, parce que la hauteur de l'exploit que vous allez réaliser est quand même importante puisque vous avez déjà votre actif l'escalade si on peut dire du Mont Blanc.
00:52 Vous avez traversé également les Alpes pendant l'été et vous remettez ça dans une semaine.
00:57 Vous allez partir d'Autriche pour arriver à Nice fin avril.
01:01 Donc plusieurs mois de périple dans les Alpes en passant par les plus hauts sommets, par les glaciers.
01:06 Donc une aventure qui promet d'être très très riche.
01:10 Vous êtes venu avec un film qui retrace d'ailleurs votre périple jusqu'au sommet du Mont Blanc 2009.
01:16 On va commencer par l'actualité, cette aventure qui va démarrer en Autriche pour vous mener à Nice dans bien 4 mois.
01:25 Alors ça vient d'où et quelle est l'originalité du projet ?
01:29 L'originalité est vraiment enfantine.
01:33 Parce que quand on est passionné on se laisse bercer par le flot des émotions qu'on accumule humblement au début.
01:40 Puisque je suis comme tout le monde, personne ne m'a payé pour ni faire de la montagne ni vivre ma passion.
01:45 Et avec la chance de lire Roger Frisson-Roche, premier de cordière, âge de 13 ans au lycée climatique de Brianson.
01:50 Il n'y en avait que deux en France, j'ai eu la chance d'être affecté à celui de Brianson pour des raisons de santé.
01:55 J'ai appris à faire du ski comme tout le monde sur les pistes.
01:58 Et en grandissant je me suis mis à pratiquer d'abord l'escalade aux alentours de mes 18 ans.
02:03 Presque tout de suite en solitaire d'ailleurs.
02:06 Des voies normales, faciles, que beaucoup d'alpinistes connaissent bien sûr.
02:11 D'abord un peu dans les Pyrénées puis très rapidement dans les Alpes.
02:14 Pour ensuite me pratiquer le ski de randonnée qui a été un point fort.
02:19 Puisque là j'ai arrêté complètement d'être perchman chaque hiver pour apprendre à mieux faire du ski par moi même.
02:25 Et en plus j'ai voulu continuer la peau de phoque, le ski de randonnée tous les hivers.
02:30 Alors tout ça fait que maintenant je suis autonome, je me débrouille suffisamment bien en ski ou en escalade solitaire pour me donner à des projets ma foi intéressants.
02:42 Alors le Mont Blanc c'était en 2009, c'est ça, sacrée aventure.
02:46 Quand même là aussi, c'est pas donné à tout le monde, on voit dans le film, on regardera quelques extraits tout à l'heure.
02:52 On voit que certains renoncent aussi en cours de route, vous vous êtes allé au bout.
02:56 C'est à dire que le Mont Blanc c'est toute une histoire parce que j'ai déjà vécu deux séjours de longue durée sur cette cime la plus haute d'Europe.
03:02 A savoir deux en été, deux séjours de 27 jours, un peu relaté par des confrères à vous bien sûr, de la télévision aussi bien en Suisse qu'en France.
03:10 Et là c'est vrai que j'ai pu découvrir un peu mes limites.
03:12 C'est à dire vivre en altitude de 27 jours la première fois c'était en 93, avec tout ce qu'il faut pour manger, boire, être autonome et dormir.
03:21 Et aller au sommet quand il faisait beau de mon camp de base installé sous le soleil.
03:25 J'ai renouvelé ça quelques années plus tard en été aussi, encore 27 jours aussi.
03:29 Et l'été dernier, l'originalité c'est qu'au lieu de faire ça, j'ai voulu atteindre en 45 jours de haute montagne, l'été dernier, j'ai réussi à être présent 20 fois sur la cime du Mont Blanc.
03:38 Voilà, donc effectivement les 20 Monts Blancs c'est assez impressionnant.
03:42 Alors on va regarder un extrait du film que vous avez réalisé à l'aide d'images, évidemment que vous avez capturé vous même.
03:49 Et puis on se retrouve dans quelques minutes, regardez, les images sont superbes et ça en dit assez long sur l'exploit réalisé par mon invité du jour.
03:57 La puissance de la beauté de la nature est sublime parce que après une chute de neige, regardez à quoi ça ressemble.
04:02 La rivière sommet du Mont Blanc, ces paysages fantasmagoriques, absolument hallucinants de beauté.
04:11 Regardez-moi ça, on va faire merveille de la nature dans tous leurs éclats, dominant cette mer de nuages avec Pierre Pizzetta, c'est le nom, d'origine italienne.
04:28 Après un bon repos salutaire, un bon sommeil d'à peu près une paire d'heures au bivouac-vélo, on est en train de tenter le Mont Blanc.
04:36 Toujours ce jeudi 27 août, le deuxième pour moi, puisque tout à l'heure de Valo j'ai déjà été au sommet, donc le 13ème dans la journée, le 13ème de Montchalin-Vin-Mont-Blanc.
04:51 Magnifique mer de nuages, grandiose, absolument très jolie.
04:55 19h30, sommet d'étoile de l'Europe du Mont Blanc pour Pierre, et à nouveau pour Jean-Claude, deuxième fois aujourd'hui de Valo pour moi, mon 13ème de Montchalin-Vin-Mont-Blanc, magnifique.
05:09 Il a été patient, persévérant, il s'est reposé, il s'est bien alimenté, il s'est bien hydraté, et la récompense est au bout de toutes ces choses-là.
05:17 Évidemment le 5 septembre 2009 présente la particularité de la présence de la neige.
05:41 Ces abîmes vertigineux me rapprochent de mon 14ème sommet du Mont Blanc, et c'est une joie immense.
05:53 On voit déjà le Mont Blanc de Courmayeur là-bas, je suis plus très loin, encore à peu près peut-être, allez, un minute pour savourer une 14ème fois ma présence.
06:08 Si tout va bien, le Mont Blanc et le 16ème aussi, j'en ferai deux demain, 17ème après demain matin si possible pour redescendre la vallée, il n'en restera plus que trois, ça va pas mal.
06:21 Et oui, lundi 7 septembre, je suis froid, -10°C aussi, 16ème Mont Blanc.
06:35 J'ai réussi à nouveau le Mont Blanc, mon 16ème Mont Blanc de ce challenge, je vais Mont Blanc, très très très content et fier parce que pas un froid au pied, en pleine forme, j'ai été doucement,
06:45 à mon rythme tranquille, sans forcer, j'y suis arrivé tout seul, il fait bon, il fait pas froid pour une fois, il n'y a personne au sommet, je suis tout seul, on aperçoit des vues fantastiques,
06:54 admirez ce paysage grandiose.
07:07 8 septembre 2009, 17ème Mont Blanc pour Jean-Claude.
07:18 Mont Blanc est derrière moi, je suis au sommet du Dôme du Gouter, c'est mon 34ème sommet de plus de 4000 mètres de cet été 2009,
07:32 et voilà, je me rapproche de l'aiguille du Gouter, toujours cette merveilleuse et fantastique face nord-ouest de Bionassé, plus de 4000 mètres, ce glacier en bas de Bionassé,
07:45 voilà ce qui m'attend, le Dôme du Gouter en solitaire, et mon 18ème Mont Blanc tout à l'heure dans l'après-midi, tard certainement, tard certainement.
07:53 J'arrive à la première bosse, voilà, je vais faire la deuxième, comme voi, devant moi, juste devant moi, et continuer à l'arrêt jusqu'au sommet du toit du continent.
08:05 Je monte vers mon 19ème Mont Blanc de cet été 2009, très heureux, toujours en solitaire, après une nuit au bivouac Valo, bien sûr, j'ai passé les deux bosses, il fait beau, la vie est belle, allez, je poursuis vers le sommet.
08:25 Alors, 13h30, c'est le 24 septembre, et c'est le 20ème Mont Blanc de cet été, c'est une joie intense de saisir cette ambiance,
08:52 cette atmosphère spécifique, remarquable, fabuleuse, enthousiasmante, la nature parle d'elle-même dans cette symphonie lumineuse qui reflète mon bonheur, ma passion, ma joie de vivre quand je capte ces choses.
09:17 Voilà, les images parlent d'elles-mêmes, on voit évidemment toute la difficulté dans cette aventure-là, alors, bon, là c'est des images qui commencent à dater, c'est déjà des images divers, quel est le plus dur dans ces cas-là, c'est le moral ou le physique ?
09:33 Moi, personnellement, je pense que tout est lié, donc, effectivement, il y a une histoire de moral liée en même temps à une histoire de physique, on ne peut pas détacher les deux, il n'y a pas de mur entre les deux choses d'ailleurs, entre les deux côtés, et ça reste une démarche personnelle, je pense que l'essentiel c'est de sentir en soi, au fond de soi, une motivation qui fait qu'on a envie de se dépasser, on a envie de se mesurer à la nature qui, elle, évidemment, j'allais dire, si on veut rester humble et modeste, est immensément plus forte que nous,
09:58 et c'est un peu comme Homer, un navigateur, quand il part tout seul, il se dit "j'espère que j'irai le plus loin possible en montagne", je pense que c'est tout à fait pareil, au lieu d'atteindre l'autre rivage, disons que nous, on essaye d'atteindre le sommet et de revenir en bas.
10:10 Alors, cet été, l'aventure était un peu différente, parce que vous avez effectué un voyage, appelons ça un voyage, parce que 73 jours, c'est plus qu'un voyage, en fait, donc de 1200 km à pied, entre Nice et l'Adriatique, c'est ça ?
10:26 Exactement, oui, je suis parti début juin, confiant dans mes possibilités de m'affronter encore une fois à la nature, avec tous ses avantages et toutes ses joies qu'elle procure, en me disant qu'à chaque fois, je m'enrichissais de ses beautés, etc., en faisant des images et des photos, et mon vœu, c'était pas forcément un itinéraire tout à fait précis au départ, je laissais vagabonder, sauf les trois premières semaines, je savais à peu près exactement où j'allais,
10:51 mais je savais pas ensuite quel chemin je prendrais, l'essentiel, c'était toujours de prendre, entre Nice et l'Adriatique, un chemin nouveau, que je n'avais pas encore emprunté par le passé, parce que je fais de la montagne depuis longtemps, et c'est ce qui a été, à chaque fois, ce qui est revenu, comme leitmotiv, et qui fait que je suis arrivé à l'Adriatique, après les Dolomites de Belluno, et j'avais prévu d'arriver un peu plus à l'est, à l'Adriatique, à Trieste,
11:15 et à cause de l'enneigement, déjà en Slovénie, du triglav, fin septembre, début octobre, j'ai chanté des Dolomites de Belluno, à Venise.
11:22 - Voilà, donc comment aussi modifier un itinéraire, voilà, sur le tard, ça se fait, évidemment. - Exactement, exactement.
11:28 - Alors moi, j'ai une question, quand même, qui me travaille, parce que, évidemment, en tout bon sédentaire que je suis, comment vous avez fait pour manger, vous avez classé de provision, parce que, là, pour partir, ce sont 13 jours, on imagine, même si on apporte de la nourriture lyophilisée, que le sac est très lourd, alors ça se passe comment, vous faites des ravitaillements ?
11:42 - Presque pas de lyophilisée, sinon des potages que tout le monde connaît. Je me ravitaillais tous les 3-4 jours dans les villages, que je pouvais rentrer et que je travaillais.
11:49 - Ah voilà, d'accord, parce que, quand même, je me demandais... - J'avais simplement au départ une tente et un sac trop lourd, parce qu'il est vrai qu'arrivé à Josier, l'ostéopathe m'a annoncé que j'avais très mal au cou depuis 2-3 jours, quand je suis arrivé à Josier.
12:00 Il m'a dit... Alors, je crois qu'il était très gentil, puisqu'il n'a pas voulu même m'accepter un sou de moi. Il m'a dit "T'as une vertèbre déplacée, un sac de 17-18 kg", et je sentais depuis 4-5 jours que j'avais très mal au cou.
12:13 Et je pensais pas avoir une vertèbre déplacée. Il m'a remis la vertèbre. Je l'ai sentie passer quand il l'a remis, parce qu'il a tapé un joint. Et il m'a dit "Allez, tu peux repartir et continuer ton aventure".
12:22 Je suis resté calme à Josier 2-3 jours, et je suis reparti. J'ai encore un peu des séquelles du coup, mais c'est vrai qu'à part ça, il y a une spéciale pour moi.
12:30 - Alors, ce qui nous rapproche bien entendu du jour J, c'est cette semaine que vous avez passée. Bon, vous m'avez dit que vous comptiez partir en fonction des conditions climatiques.
12:42 Donc c'est à peu près une semaine. Vous allez partir d'Autriche, d'un sommet dont vous allez me dire le nom tout à l'heure, parce que j'arrive pas à le retenir.
12:48 - Roslopner. - Voilà, le Roslopner. - 3 800 m. - 3 800 m. Est-ce que votre préparation est terminée ? Qu'est-ce que vous allez faire pendant votre semaine ? Bien vous reposer ?
12:57 - Ma préparation, elle est franchement, depuis 20 ans que je travaille plus comme tout le monde et que je m'adonne aux joies de la montagne. - Elle est permanente.
13:04 - Oui, je pense que ce n'est pas un souci ni dans ma tête ni dans mes jambes. Donc c'est simplement me dire que je finis de préparer mon sac à dos correctement, ma petite caméra, mon appareil photo, des détails comme ça, et me rendre sur place, évidemment.
13:16 - Donc vous êtes un fou de montagne, ça on l'a bien compris. Mais 4 mois comme ça, en plein hiver, est-ce qu'à un moment, vous ne pensez pas à rejoindre la maison ? Ça va pas vous manquer un peu ?
13:29 - Si, mais c'est prévu que je la rejoigne au moins 3 fois. Déjà pour Noël et le 1er de l'an, déjà un petit peu pour Mardi Gras et je pense qu'à Pâques je ne serai pas loin d'être arrivé.
13:39 - Et tout ça, je pense que c'est logique puisque j'aurai sûrement besoin d'un peu de kiné, d'un peu de contact avec, comme tout le monde le sait, plus ou moins internet ou des médias, et donc récupérer mes esprits sous forme de quelques jours comme ça.
13:51 - De repos quand même. - De 3 fois. Obligatoire presque, aussi bien psychiquement que physiquement, pour me dire que je suis un être humain, je ne suis pas un robot.
13:59 - Oui, ça c'est évident. - L'avantage peut-être, c'est vrai que pour moi, en montagne, c'est plus facile qu'en mer, parce qu'une fois que vous êtes parti, ça, ça se vit, mais une fois qu'on est vraiment arrivé, bon, la montagne ne m'interdit pas de prendre le bus et le train, au pire le stop, pour rentrer chez moi 3-4 jours et repartir d'où je me suis arrêté.
14:17 - Voilà. - Je pense que c'est ce qui va se passer cet hiver. - Bon, de toute façon, on va suivre ça, évidemment, avec beaucoup d'intérêt, mais bon, ce qu'il faut que vous nous expliquiez aussi, c'est votre itinéraire, parce que vous partez donc d'Autriche, et alors, je crois qu'en plus, vous ne prenez pas les chemins les plus faciles.
14:29 - Non, tout à fait, parce que je pense que non seulement je serai peut-être la première personne qui aura accompli qu'au surcoup de traverser des Alpes, notamment en solitaire, surtout 2 saisons consécutives d'à peu près 1000 km chacune.
14:41 - Bonjour tout le monde, on a Alexandra Henri-Encaude qui est avec nous ce matin pour nous, pour elle, c'est l'après-midi.