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00:00 Le département des Alpes-Maritimes va ce soir mettre la question des harkis sur le devant de la scène.
00:04 La commission nationale indépendante de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les harkis sera présente.
00:10 Une réception qui sera suivie par la projection du film "Souvenir de Harkis" de Breil-sur-Roya.
00:15 On en parle avec ce matin monsieur le maire de Breil, Sébastien Hollarand, et membre aussi de cette commission.
00:20 Bonjour Sébastien Hollarand.
00:22 Bonjour.
00:22 Pourquoi on parle des harkis à Breil-sur-Roya ? Est-ce qu'il y a eu beaucoup de harkis dans votre commune ?
00:29 Oui, la commune de Breil-sur-Roya fait partie des cinq communes des Alpes-Maritimes
00:33 dans lesquelles ont été construits en 1963 un mot de forestage, c'est-à-dire un camp avec des débarraquements préfabriqués
00:40 dans lesquels ont été accueillis, dans des conditions de vie d'ailleurs assez indignes, une trentaine de familles de harkis dans le cas de Breil-sur-Roya.
00:48 On parle aussi de bidonvilles souvent dans le cas des harkis.
00:51 C'est des bidonvilles construits par les pouvoirs publics et par l'État.
00:55 Donc c'est en ça que l'État a une responsabilité et qu'aujourd'hui s'est engagé dans ce travail de réparation
01:01 pour indemniser un peu, dans la mesure du possible, ce préjudice.
01:05 On peut rappeler l'histoire rapidement des harkis ?
01:07 Ce sont des supplétifs de l'armée française qui ont combattu pendant la guerre d'Algérie du côté de la France
01:15 et qui pour cela, suite à l'indépendance, ont été persécutés et obligés de quitter leur pays.
01:20 Ils ont quitté leur pays, disons, de façon officieuse, pas du tout légale.
01:26 Il n'y a rien qui a été organisé véritablement pour qu'ils puissent être rapatriés.
01:29 Et arrivé en France, il n'y a pas eu véritablement non plus d'accueil bien organisé pour...
01:35 On parle même de ségrégation, on peut le dire.
01:37 Exactement. Les conditions de vie en France des harkis, c'était de la ségrégation spatiale,
01:41 de la ségrégation scolaire pour les enfants et puis des conditions de vie qui n'étaient pas du tout dignes.
01:46 Aujourd'hui, cette histoire des harkis à Bray, elle est encore présente dans la tête des habitants ?
01:51 Oui, bien sûr. Encore aujourd'hui, avec les enfants, les petits-enfants, les arrière-petits-enfants des harkis
01:56 qui sont arrivés en 1963, on a quasiment 150 personnes, c'est-à-dire quasiment 8% à peu près de la population de la commune.
02:04 Chacun aborde cette histoire familiale à sa manière.
02:07 Certains la revendiquent, d'autres préfèrent ne plus en parler.
02:11 C'est vraiment propre à chacun.
02:13 Mais évidemment, ça fait partie de l'histoire de notre commune et on doit la regarder en face.
02:17 On doit aussi apporter cette reconnaissance aux harkis qui ont combattu pour la France
02:22 et qui font aujourd'hui partie de notre commune et qui s'investissent dans la vie de notre commune.
02:26 Comment on fait d'ailleurs ? Comment on intègre les harkis à notre récit national ?
02:30 Alors, il y a beaucoup de travail à faire.
02:33 Je pense notamment aujourd'hui que l'urgence, c'est de recueillir les témoignages oraux des harkis qui sont encore vivants.
02:40 Il y en a qui nous quittent malheureusement tous les jours en France.
02:43 Et pour qu'on puisse faire ce travail...
02:46 D'où l'intérêt de ce film aussi à Breil.
02:48 Exactement. Pour faire ce travail d'histoire, ce travail de mémoire, il faut leur donner la parole tout simplement,
02:52 prendre leurs témoignages.
02:54 C'est ce qu'on essaie de mettre en place aujourd'hui avec l'Association des maires,
02:57 avec la Commission nationale et avec le Conseil départemental et l'Office national des anciens combattants.
03:02 Un protocole d'accord pour organiser le recueil des témoignages oraux dans les Alpes-Maritimes.
03:07 C'est un département pilote sur cet accueil de la parole ?
03:10 Exactement. C'est une initiative qu'on a souhaité lancer dans les Alpes-Maritimes de façon pilote,
03:14 en espérant qu'ils puissent être dupliqués à l'échelle nationale et dans d'autres départements français.
03:18 Et ce film qu'on a réalisé, "Souvenirs de Harkis de Breil-sur-Roya", avec Rémi Masséguia comme réalisateur,
03:23 est une première étape, puisque justement on a laissé la parole aux Harkis de Breil-sur-Roya
03:28 pour leur permettre de nous raconter leur histoire et de toucher un peu plus du doigt ce drame qu'ils ont vécu.
03:33 La reconnaissance, mais aussi les indemnisations. Parce qu'on a bien compris que c'est le plus important,
03:39 la reconnaissance, aujourd'hui. Mais apporter de l'argent aussi, tenter de réparer, ça compte pour les Harkis ?
03:46 Oui, bien sûr. Et en même temps, on sait qu'on ne pourra jamais vraiment réparer le préjudice qu'on leur a fait subir à cette époque.
03:53 Mais l'État a souhaité faire un geste et en février 2022, une loi a été votée pour permettre aux Harkis de recevoir une indemnisation.
04:01 Aux Harkis, aux enfants, aux épouses, aux veuves. Et c'est Jean-Marie Bockel qui préside la commission,
04:06 qui est chargée d'attribuer ces indemnisations.
04:08 Qui sera là aujourd'hui, d'ailleurs, dans les Alpes-Maritimes ?
04:10 Avec les membres de la commission, Jean-Marie Bockel sera en déplacement dans les Alpes-Maritimes,
04:13 visitera un certain nombre d'anciens hameaux de forestage et fera en sorte de signer ce protocole d'accord
04:20 pour aller plus loin dans le recueil des témoignages oraux.
04:23 Et c'est important de parler de cette histoire pour la mémoire des Harkis.
04:26 Merci beaucoup Sébastien Oularan d'avoir été notre invité ce matin sur France Le Azur.