• il y a 2 ans
Après une commémoration du 8 Mai 1945 sur des Champs-Elysées quasiment vides, Emmanuel Macron s'est rendu à Lyon pour rendre hommage à Jean Moulin et à la Résistance. Claude Bloch, rescapé d'Auschwitz et de la prison de Montluc se dit "satisfait" de l'hommage d'Emmanuel Macron.

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Transcription
00:00 Je suis satisfait, bien sûr. Je suis fier qu'il m'ait nommé.
00:04 - Qu'est-ce que vous retenez des conditions de détention qui étaient celles des gens qui passaient ici à Montluc ?
00:11 Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire ?
00:12 - J'estime que dès dans la baraque aux Juifs, comme c'était le cas seulement pour les hommes, les femmes restaient toutes en cellule.
00:19 On était avantagé parce que la cellule était relativement grande. On pouvait bouger et aller et venir.
00:26 On était dans des cellules à 7 ou 8. Je me demande encore aujourd'hui comment ils pouvaient tenir 24 heures sur 24.
00:33 - Et vous, combien vous étiez ?
00:35 - Je ne sais pas, mais elle était grande. J'avais entendu dire qu'elle pouvait contenir 200 personnes.
00:40 Je n'ai jamais eu le sentiment qu'on était 200. On pouvait aller et venir à l'intérieur.
00:45 Qu'est-ce qu'on se racontait ? Alors là, tous les jours, j'en sais rien.
00:49 Comme je dis, le soir, on se couchait par terre, les trois quarts. On se battait contre les punaises, comme toute la prison.
00:56 La prison était infestée de punaises. Voilà, on passait nos journées comme ça.
01:02 Alors le plus terrible, c'est quand le matin, quand il y avait ces appels de déportés, enfin de prisonniers,
01:10 qui étaient dans la baraque et dans les cellules, qui étaient appelés, et que l'appel se terminait par la formule
01:17 "avec bagage ou sans bagage". Quand c'était sans bagage, j'ai entendu trois fois ça.
01:23 Quand c'était sans bagage, j'ai eu trois appels. Les deux premiers, ça a été "sans bagage".
01:29 J'étais pour de mémoire. On savait, et ceux qui avaient été appelés le savaient évidemment aussi,
01:34 que "sans bagage", ça voulait dire qu'ils allaient quitter la prison et fusiller dans la journée.
01:39 Vous avez beaucoup de communes aux environs de Lyon qui ont des plaques ou des monuments commémoratifs.
01:45 Et le 20 juillet, le 44, le troisième appel. Là, je suis appelé dans les premiers.
01:51 Ils m'avaient rendu mon vrai nom parce qu'en réalité, quand ils m'ont arrêté, j'avais une carte d'identité
01:57 au nom de Blachet, parce que mon grand-père l'avait maquillée. Bon, quand j'ai été appelé dans les premiers,
02:05 j'ai dû attendre la fin de la liste. Finalement, ça s'est terminé avec bagage.
02:09 C'était une formule, parce qu'il y a longtemps qu'on n'avait plus de bagage.
02:13 Mais on savait que ça voulait dire qu'on allait quitter la prison, non pas pour être fusillé,
02:17 mais pour être rassuré ailleurs.
02:19 - Vous êtes resté combien de temps ? - J'ai passé 3 semaines ici.
02:23 - A quel âge ? - J'avais 15 ans et 8 mois quand j'ai été arrêté.
02:27 Donc du 29 juin jusqu'au 20 juillet, 44.

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