ADEPTE Chaise roulante

Alors voilà, ça a débuté comme ça, qu’elle variante élégante que de se rencontrer entouré de malades, péteux fiévreux, malheureux qui fusillent sans fin ceux qui les entourent et qui ne cessent de cligner des yeux afin que leur infortune soit servie dans la gamelle de tous, leur accablement n’était donc pas si vain, eux qui en fin de compte espéraient respirer pour quelqu’un. Ta profonde laideur m’a surprise, moi qui coquette, me parfume souvent de sorbet pistache framboise, la nuit venue, partout, des aisselles à l’anus, ton cuir malmené, retroussé vulgairement jusqu’au dossier m’avait dégouté au point d’en rire, convulsion de souris que mes collègues prirent pour un manque de magnésium, l’angoisse dans une telle clinique ne les surprenait plus. M’attarder sur toi fut délicieux, tes roues chromées, tes freins à la gomme mâchouillée par un hémiplégique chauffard, ton siège déformé se bombait, heureux, sans savoir pourquoi, ce fut toi, Chaise Roulante qui m’apprit à aimer, et c’est là, là, dans le mutisme de nos existences, que les lumières sont entrées, c’est l’évènement de les rennes blancs.