BE SMART - L'interview de Kevin Soler (Virteem) par Aurélie Planeix

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Vendredi 5 mai 2023, BE SMART reçoit Kevin Soler (CEO, Virteem)
Transcript
00:00 Finalement, c'est une émission où on va parler beaucoup de rebonds et d'échecs.
00:08 On va commencer avec un ouvrage qui a été écrit par Kevin Solaire.
00:13 Bonjour Kevin.
00:14 Bonjour.
00:15 Alors, vous êtes six fois champion du monde de street workout.
00:17 Vous êtes le CEO de Virteam qui est une entreprise spécialisée dans le métavers.
00:21 Et vous êtes auteur de ce livre « Comment j'ai sauvé ma boîte », c'est aux éditions
00:25 de Bucks Supérieures.
00:26 C'est un ouvrage que j'ai lu, qui est bourré de conseils pour protéger son business.
00:32 D'ailleurs, le sous-titre du bouquin, c'est « Tous les conseils d'un entrepreneur pour
00:34 protéger son business ». Mais je trouve surtout que c'est une grande leçon sur l'état
00:39 d'esprit finalement qu'il faut avoir quand on est entrepreneur.
00:42 Ça va d'ailleurs assez loin.
00:44 Je me pose la question de savoir si en fait, tout à chacun, on peut vraiment appliquer
00:47 ses conseils ou s'il faut être un peu taillé sur votre modèle pour pouvoir les appliquer.
00:52 Mais on va y revenir.
00:53 D'abord, on va peut-être partir du point de départ de votre bouquin.
00:56 C'est 2012, la création de votre entreprise.
00:59 Et déjà, assez rapidement, un demi-échec et un pivot.
01:02 Est-ce que vous pouvez nous raconter ça déjà ?
01:04 C'est sûr.
01:05 C'est qu'initialement, une entreprise aujourd'hui qui est une entreprise de métavers, donc
01:08 dans les nouvelles technologies, on devait initialement monter une entreprise dans les
01:11 agences immobilières.
01:12 Rien à voir.
01:13 Rien à voir.
01:14 Et d'ailleurs, c'est drôle puisque l'entreprise porte toujours le nom technique de la première
01:21 prise, donc DGI, Domaine du Golfe Immobilier.
01:23 Pour la petite anecdote, c'est resté puisque ça fait partie de l'ADN de cette entreprise.
01:27 Et on a changé de région pour monter cette entreprise avec mon associé.
01:31 Et finalement, toutes les banques qui nous suivaient dans notre première région dans
01:33 laquelle on était connu, qui était la Franche-Comté, quand on démarre dans le sud, finalement
01:37 les banques passent régionales et nous disent en fait, on ne financera pas votre projet.
01:40 Alors que nous, on avait déjà avancé pas mal d'argent, on avait passé énormément
01:43 de temps.
01:44 J'avais quitté une carrière en Australie qui était quand même une carrière plutôt
01:47 intéressante dans les nouvelles technologies aussi.
01:48 Et premier pivot, comment finalement on finance une entreprise quand les banques ne vous
01:52 suivent pas ? Sachant qu'on ne voulait pas diluer notre capital et donc pas aller lever
01:57 de l'argent auprès d'investisseurs.
01:58 De toute façon, on n'avait pas d'historique et on ne savait pas lever de l'argent.
02:02 Donc premier pivot, comment on finance ça ? Et finalement, ce qui est assez drôle,
02:05 l'histoire fait bien les choses, puisqu'on va financer ça grâce à notre point différenciant
02:10 sur l'agence immobilière qui était de faire des visites virtuelles des biens.
02:13 Et on se dit, en fait, les visites virtuelles, ça peut se coupler à n'importe quel type
02:17 de business, notamment l'hôtellerie.
02:19 Et très rapidement, la première semaine, on vend une première visite virtuelle à
02:22 un hôtelier.
02:23 Et là, on se dit, OK, finalement, c'est peut-être ça l'entreprise qu'on doit monter,
02:27 une entreprise de visite virtuelle.
02:29 Donc on passe de l'immobilier très vite à l'agence de visite virtuelle, ce qui
02:33 nous permet de lancer l'entreprise.
02:34 Justement, votre entreprise, elle démarre assez vite et assez bien.
02:38 Et puis un jour, vous croisez votre comptable dans le couloir qui vous dit qu'en fait,
02:41 vous êtes au bord du dépôt de bilan.
02:43 Quelle est votre réaction ? Parce que j'imagine que ça a dû être un état de choc si vous
02:47 pensez que votre entreprise va bien et que votre comptable vous dit en fait pas du tout.
02:52 En fait, il faut se mettre dans le contexte.
02:53 On vient de déménager nos locaux.
02:55 On passe sur un étage beaucoup plus gros, un plateau très grand, des locaux très modernes
02:59 à la Google, là où moi, j'ai fait une partie de ma carrière.
03:03 Et en fait, je ne comprends pas puisque le comptable me dit, écoutez, ça ne va pas
03:06 du tout, les comptes sont au rouge.
03:08 Et je leur dis, mais moi, le chiffre d'affaires, on n'a jamais fait autant.
03:11 On vient de déménager, on vient de recruter.
03:13 Comment c'est possible ? Vous voyez que mon associé, c'est lui qui gère cette partie-là.
03:16 C'est finalement l'administratif, le financier.
03:18 Et en fait, ils me disent, non, non, n'oubliez pas que vous êtes gérant de l'entreprise.
03:22 Donc, les comptes, c'est vous qui devez les valider.
03:24 Je dis, mais vous savez, moi, je n'y comprends rien.
03:26 Je fais confiance à mon associé, voyez-le.
03:28 Non, vous êtes gérant, vous n'avez pas compris.
03:30 Vraiment, là, il faut qu'on se parle.
03:31 Et finalement, effectivement, je découvre que les comptes sont au rouge.
03:34 La banque, on est le 26 du mois, je crois, à ce moment-là, me dit et m'appelle, me
03:39 dit voilà, bon, Kevin, vous êtes le gérant, effectivement, alors que je n'avais jamais
03:42 eu de contact finalement avant avec eux.
03:43 Tout mon associé qui gérait ça et qui me disent, on ne passera pas les salaires ce
03:46 mois-ci.
03:47 Et là, vous retrouvez le 26 du mois, vous ne pouvez pas passer vos salaires, vous êtes
03:50 bloqué, vous venez de déménager, vous avez dépensé pas mal d'argent, vous avez contracté
03:53 des crédits auprès de banques et de l'ABPI notamment pour pouvoir financer ce développement
03:58 et vous vous retrouvez complètement bloqué.
03:59 Donc là, effectivement, c'est la douche froide.
04:00 C'est souvent la question qu'on me pose, comment on réagit face à ça ? Honnêtement,
04:04 on n'a pas vraiment de réaction, on ne sait même pas comment faire.
04:06 On est démuni.
04:08 Et là, il y a deux cas de figure, c'est soit finalement, vous vous suicidez parce
04:12 que c'est trop compliqué, soit vous rebondissez et vous dites, c'est la vie, c'est comme
04:16 ça, il faut savoir rebondir.
04:17 Et qu'est-ce qui s'était passé ? C'est que votre associé vous avait trahi et avait
04:22 fait des choses qu'il ne fallait pas sur les comptes ?
04:23 En fait, je ne veux pas avoir de pensées négatives par rapport à ça, mais effectivement,
04:28 mon associé, je découvre qu'il a des soucis personnels, etc.
04:31 Et que pour assouvir ces soucis personnels, ou en tout cas combler le manque d'argent
04:36 qu'il avait dans sa vie personnelle, a récupéré de l'argent de l'entreprise pendant des
04:39 années sur des petits montants progressifs et puis ces petits montants qui ont grossi
04:42 finalement et qui ont alerté les comptables.
04:45 Qu'est-ce que vous faites à ce moment-là ? Vous vous dites, ok, il faut que je mette
04:50 en place un plan pour rebâtir et comment est-ce qu'on… parce qu'en fait, effectivement,
04:54 vous ne pouvez pas laisser pourrir la situation.
04:56 C'est impossible, de toute façon, on sait pertinemment que quelques jours après, les
05:01 banques viennent chercher les cautions, les cautions personnelles de la totalité des
05:04 crédits de l'entreprise.
05:05 C'est-à-dire que si l'entreprise tombe, c'est à moi, à titre personnel, de rembourser.
05:09 À ce moment-là, je n'ai pas l'argent pour rembourser en plus les cautions.
05:12 Et je suis caution solidaire, c'est-à-dire que je dois rembourser aussi ceux de mon associé.
05:16 Sachant que mon associé est insolvable à ce moment-là aussi, finalement, tout me retombe
05:21 dessus.
05:22 Moi, je n'ai pas d'option à ce moment-là que d'essayer de trouver une solution, donc
05:25 de mettre en place un plan finalement.
05:26 Et ça donne le parallèle avec justement l'histoire de ce livre sur ma carrière qui
05:31 était parallèle à cette carrière professionnelle de sportif de haut niveau.
05:35 On apprend finalement d'avoir une rigueur et de mettre en place un plan d'action sur
05:38 le long terme.
05:39 Il n'y a aucun moment où vous vous dites, de toute façon, le match est plié, on est
05:42 le 26 du mois, il n'y a plus rien à faire, autant mettre la clé sous la porte ?
05:45 Alors, dans la vérité, si.
05:47 On se le dit toutes les 10 minutes.
05:49 Et 10 minutes après, on se dit non, mais c'est impossible.
05:50 Je ne peux pas abandonner.
05:51 C'est mon bébé, j'y ai consacré plus de 10 ans, j'y ai mis mon énergie et ça
05:56 ne tombera pas.
05:57 Et ça ne tombera pas pour une autre raison, je ne peux pas me permettre que ça tombe.
06:00 Donc en fait, je pense que dans le fond, à partir du moment où on n'a pas le choix,
06:03 c'est là qu'on devient hyper pragmatique.
06:05 Non, mais on a toujours le choix.
06:07 Oui, c'est oui.
06:08 Facilement, j'aurais pu dire non, mais on laisse tomber, je me mets en faillite.
06:11 Mais je ne considère pas l'échec.
06:14 Ça n'aurait pas forcément été un échec si j'avais su rebondir derrière, mais je
06:19 ne voulais vraiment pas que ça tombe.
06:20 C'est mon bébé encore une fois et je ne pouvais pas laisser tomber ce bébé là.
06:23 Et on peut le faire sur un parallèle, sur une histoire personnelle qu'on pourrait
06:27 avoir dans un couple, etc.
06:28 À un moment, il faut arrêter de dire quand c'est cassé, on ne peut rien faire.
06:31 En fait, il faut essayer de rebâtir et se dire OK, prenons les fondamentaux finalement.
06:35 Qu'est-ce qui marche dans cette entreprise ? On a du chiffre d'affaires, on a des clients,
06:39 les salariés me suivent.
06:40 Donc on peut en faire quelque chose.
06:42 Maintenant, il faut couper toutes les dépenses superflues.
06:44 Il y a un certain nombre de mesures de gestion à mettre en place, mais l'échec, ce n'est
06:48 pas possible.
06:49 Puis je regardais l'équipe que j'avais autour de moi, le chemin parcouru, c'était
06:52 trop dommage.
06:53 Je ne pouvais pas me permettre de faire tomber cette entreprise.
06:55 Vous passez par un plan de sauvegarde à ce moment-là et vous en dites le plus grand
06:59 bien du plan de sauvegarde.
07:00 Carrément.
07:01 Et là, je suis un fervent fan du plan de sauvegarde.
07:03 Il faut savoir un chiffre, 0,1% des sociétés en plan de sauvegarde s'en sortent.
07:07 C'est un chiffre qui est minime pour plusieurs raisons.
07:10 La première, c'est que le plan de sauvegarde soit il est choisi par des entreprises pour
07:16 geler la dette et du coup diminuer le prix de l'entreprise et renégocier sa dette
07:21 derrière, beaucoup moins cher que le prix de la dette globale.
07:24 On a le droit de racheter un plan de sauvegarde en dessous, inférieur au prix de la dette.
07:28 Ou alors, ce sont des entreprises qui simplement sont perfusées le temps d'un plan de sauvegarde
07:32 pendant 6 mois, 8 mois, 1 an et qu'on sait techniquement qu'elles vont décliner derrière
07:36 et passer en liquidation.
07:37 Nous, on était un peu entre les deux.
07:39 C'est-à-dire qu'on s'est dit potentiellement pour racheter la dette plus tard puisque l'entreprise
07:43 génère du profit, mais en parallèle, on ne voulait pas tomber en liquidation.
07:48 Donc, c'était un bon entre deux que je ne connaissais pas du tout avant.
07:50 C'est pour ça que j'en parle dans le livre parce que c'est une procédure que très peu
07:53 de gens connaissent.
07:54 Combien de fois durant cette histoire, on m'a dit oui, vous étiez en liquidation, vous
07:57 étiez en redressement.
07:58 Non, plan de sauvegarde, ce n'est pas tout à fait pareil.
08:00 Il y a la conciliation, le plan de sauvegarde et après, on a redressement et liquidation.
08:04 Et c'est très intéressant puisqu'on peut renégocier ses dettes.
08:07 Ça nous permet d'être protégé par le tribunal de commerce.
08:09 Il faut le savoir, le tribunal de commerce vous protège à ce moment-là, fait que vous
08:12 n'avez pas à payer vos dettes antérieures et va vous permettre de renégocier ça sur
08:16 étalonnés, sur échelonnés, sur 10 ans globalement.
08:19 Donc, ça nous a vraiment permis d'avoir une bouffée d'air frais et c'est ce qui a permis
08:23 qu'on puisse payer les salaires puisque pendant les 6 premiers mois, vous êtes en période
08:26 d'observation.
08:27 Et là, du coup, vous ne payez plus ce qui est antérieur à la date à laquelle vous
08:31 passez en plan de sauvegarde.
08:32 Donc, vous ne payez que ce qui vient demain en fait.
08:35 Et ça nous a permis d'avoir ce vent d'air frais, de pouvoir payer les salaires et de
08:38 relancer finalement un peu la machine.
08:40 Vous parlez aussi dans le livre de l'impact sur le regard extérieur, c'est-à-dire quand
08:44 vous allez voir vos clients, vos prospects et que vous êtes en plan de sauvegarde.
08:48 Comment est-ce que les gens réagissent à ce moment-là et comment vous arrivez à les
08:51 convaincre que c'est juste une phase finalement ?
08:53 Alors très honnêtement, c'était vraiment la plus grosse hantise qu'on a eue avec l'équipe.
08:58 Globalement, c'est comment on gagne un appel d'offre alors qu'on est en plan de sauvegarde.
09:00 Nous, on ne travaille qu'avec des grands groupes.
09:02 Comment les grands groupes vont nous faire confiance alors qu'ils vont voir, attention,
09:05 en rouge, plan de sauvegarde, société pas sécure.
09:08 Finalement, on a joué à la transparence et je pense que j'en parle beaucoup dans le
09:11 livre.
09:12 La transparence, c'est une notion qui est clé.
09:13 C'est mieux dire les choses pour désamorcer la bombe qui arrivera de toute façon d'une
09:16 manière ou d'une autre plus tard.
09:17 Donc, on a été très clair.
09:18 Certains clients, notamment dans le médical, qui nous ont dit « Bon, ben nous, le plan
09:21 de sauvegarde nous pose un problème.
09:23 » Je leur ai dit « Écoutez, je suis prêt à faire un plan de pilotage avec vous.
09:26 Tous les six mois, vous avez accès à nos comptes et vous voyez qu'on a de la trésorerie
09:29 et que de toute façon, vous ne payez que quand on a terminé les prestations.
09:32 » Ce qui fait que quoi qu'il arrive, on ne pourra pas vous mettre en défaut.
09:35 Et ça a bien marché puisque finalement, ils nous ont fait confiance.
09:38 Ils n'ont jamais regardé les comptes dans les faits, mais je pense qu'ils ont vu que
09:42 vu qu'on était transparent, c'est qu'on savait là où on allait.
09:44 Et je pense aussi que cette capacité à convaincre parce qu'on était sûr qu'on allait y arriver,
09:48 c'est vraiment un point qui était hyper important pour eux.
09:51 Aujourd'hui, votre entreprise va bien.
09:53 Elle est en plus passée encore à un troisième pivot sur le métavers.
09:58 Qu'est-ce qui a été le plus difficile pour vous ? Parce que quand on lit le bouquin,
10:01 on se dit « Ok, le mec, il surfe sur les difficultés, tout va bien.
10:04 » J'ai l'impression que c'est un peu l'histoire
10:06 de ma vie.
10:07 On m'a toujours dit que j'ai eu plein de difficultés dans ma vie, mais j'ai toujours
10:09 réussi à rebondir.
10:10 Donc, je n'ai jamais eu l'explosion exceptionnelle.
10:13 On n'en est pas là.
10:14 Je pense que ça arrivera peut-être prochainement, on l'espère.
10:16 Mais surfer sur les difficultés, je pense que c'est aussi ce qui fait qu'on apprécie
10:20 les moments où c'est légèrement plus calme.
10:21 Et c'est ce qu'on dit toujours, quand on est malade, on apprécie le moment où on
10:24 ne l'est plus.
10:25 Et là, c'est le côté challenger.
10:27 C'est vrai que j'ai toujours été un challenger.
10:28 Et je n'ai pas signé une carrière d'entrepreneur depuis que j'ai 18 ans pour finalement avoir
10:33 un long fleuve tranquille, tout simple, sinon je serais salarié et j'aurais choisi une
10:36 autre carrière.
10:37 Je n'ai pas de problème avec ça, mais c'est un choix.
10:39 Et je pense que j'aime finalement cette adversité, cette difficulté.
10:42 Et si demain, ça devient trop simple, je pense que ça va vite m'ennuyer.
10:45 Vous parlez quand même des risques de burn-out, du stress, de la gestion du stress, aussi
10:54 la solitude de l'entrepreneur.
10:55 Comment est-ce qu'on peut gérer tout ça ? Parce qu'effectivement, tous les chefs d'entreprise
11:00 qui nous écoutent sont forcément confrontés à un moment ou un autre à ces sujets-là.
11:03 Alors, c'est des sujets qui sont clairement trop peu traités, je pense, parce qu'on parle
11:07 beaucoup sur le côté salariat.
11:09 On n'en parle pas assez sur les entrepreneurs parce qu'on est aussi, nous, extrêmement
11:12 susceptibles, et notamment à la solitude et à l'isolement, il faut le savoir.
11:15 Moi, ça a été une période très compliquée psychologiquement.
11:18 J'ai eu la chance, je pense, grâce au sport, de me dire, je mets des œillères, c'est
11:22 un des chapitres, je mets des œillères et je regarde que devant moi.
11:25 Et ce qui se passe à côté, ce n'est pas grave.
11:27 L'image qu'on peut avoir de moi, de l'entreprise, des choix que j'ai dû faire parfois, qui
11:31 ne sont pas des choix simples, quand on doit se séparer de personne parce qu'on ne peut
11:34 pas les payer, quand on doit planter des fournisseurs parce qu'ils font partie du plan de sauvegarde.
11:38 Je n'avais jamais eu de dette de ma vie avant.
11:40 Donc, je me suis retrouvé dans une situation où j'ai dû gérer ça et je me suis retrouvé
11:43 très seul.
11:44 Et finalement, vous vous rendez compte que les conseillers ne sont pas les payeurs.
11:47 Donc, les gens autour de vous disent, non, mais il faut arrêter, tu n'as pas eu de chance,
11:51 donc laisse tomber.
11:52 D'autres qui vous disent, non, mais fais ça.
11:53 Et en fait, je pense que dans ce cas-là, certes, c'est bien d'avoir un avis extérieur,
11:57 mais il faut savoir une chose, ça reste vous qui êtes maître à bord et c'est vous qui
12:00 allez assumer les conséquences et les responsabilités de ce qui va se passer.
12:03 Donc, il faut trouver son exutoire.
12:05 Moi, j'en ai deux.
12:06 Personnellement, c'est le sport et la musique.
12:08 Et je pense que de garder cet équilibre, de garder une routine, ça fait qu'on arrive
12:12 à avoir cette capacité à ne pas se sentir seul.
12:14 Et on parle de cette routine le matin, de se lever, faire son lit, etc.
12:18 Ce n'est pas… Enfin, c'est réel.
12:19 Je veux dire, c'est hyper important de garder cette routine pour bien s'habiller, etc.
12:23 et de dire, OK, ce n'est pas grave, je repars au combat.
12:25 Et je suis marqué par ça, certes, mais je retourne au combat.
12:28 Et le dernier point, c'est d'essayer de trouver des bons conseils.
12:31 J'en parle aussi beaucoup dans le livre.
12:33 Je pense que les conseils, à ce moment-là, sont clés vraiment dans les décisions qu'on
12:36 va prendre parce qu'eux ont des notions techniques que l'on n'a pas.
12:39 Donc, c'est de pouvoir envisager toutes les possibilités et surtout de pouvoir en parler
12:42 avec des gens qui connaissent réellement les engagements et les difficultés possibles
12:46 que ça peut emmener en fonction des décisions qu'on va prendre.
12:49 Et l'idéal absolu, c'est d'être dans des cercles où il y a d'autres chefs d'entreprise
12:52 puisque, je peux rassurer les entrepreneurs qui nous écoutent, ça nous arrive à tous.
12:56 Il n'y a pas de carrière d'entrepreneur qui n'a eu que des success stories.
13:00 Ça n'existe pas.
13:01 Et on ne peut pas avoir de success story sans s'être planté avant puisqu'on apprend
13:04 tellement.
13:05 Et je le dis d'ailleurs, je referai cette aventure avec plaisir.
13:08 Avec plaisir, c'est un terme un peu complexe, mais en tout cas, je le referai exactement
13:13 pareil puisque j'ai appris beaucoup de choses.
13:15 Et en général, l'aventure entrepreneuriale, on ne cherche pas l'argent, on cherche l'apprentissage,
13:19 on cherche la courbe, l'évolution de l'homme en tant que tel avec un grand H bien entendu.
13:24 Et cet apprentissage, pour moi, il était primordial.
13:27 J'ai appris beaucoup de choses que je ne connaissais pas.
13:28 Et aujourd'hui, je suis très content.
13:30 Et d'ailleurs, dans mes futures boîtes, je sais que ça me servira énormément.
13:32 Il y a beaucoup de conseils très pratiques à la fois sur les méthodes de vente ou de
13:39 la communication, mais vous avez aussi une grosse partie qui est liée à ce qu'on appelle
13:42 le mindset.
13:43 Et vous dites des choses genre, chaque difficulté est une opportunité de se challenger.
13:47 Il faut se faire confiance, soyez agile, adaptez-vous.
13:50 Mais est-ce que ces préconisations, où là effectivement on reconnaît le sportif de
13:54 haut niveau, tout un chacun peut les accaparer ? Parce que quand même, ça nécessite une
14:01 grosse grosse discipline et une grande grande force mentale, je pense.
14:05 En fait, j'ai compris une chose aussi pendant cette épreuve.
14:08 Et c'est drôle parce que j'ai une amie qui vit exactement la même épreuve que ça en
14:12 ce moment, qui passe en plan de sauvegarde, etc.
14:14 C'est que oui, ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir cette capacité de mettre
14:19 de côté le côté humain finalement, puisque c'est ce qu'on doit faire.
14:21 On doit s'enlever ses sentiments et se dire, je réagis de manière très pragmatique et
14:24 mathématique.
14:25 C'est d'ailleurs comme ça que je me définis maintenant, pragmatique et mathématique.
14:28 Donc oui, ça peut s'adapter à tout le monde.
14:30 Non, ce n'est pas facile.
14:31 Oui, ça nécessite des sacrifices et des fois d'aller un peu à l'encontre de ces
14:34 valeurs sur certains points.
14:35 Maintenant, il faut rester intègre, il faut rester transparent.
14:37 Il faut se dire qu'on le fait dans le bien global parce qu'à la fin, ça a sauvé
14:41 des emplois, ça a sauvé des solutions qu'on a déployées pour des clients, ça a sauvé
14:45 des prospects avec lesquels on travaille ou des partenaires, etc.
14:48 Donc oui, c'est adaptable pour tous.
14:51 Et encore une fois, je pense sincèrement que tout ce qui est dit là, sauf les conseils
14:54 ultra techniques, comptables, etc., ça peut s'adapter à un couple, ça peut s'adapter
14:58 à une relation amicale, etc.
14:59 C'est savoir pivoter dans des difficultés, dans des moments qui sont plus complexes.
15:02 C'est avoir cette capacité de dire, ok, ça ne marche pas, ce n'est pas grave, posons
15:05 le stylo, on regarde, mais on regarde vite et on agit.
15:08 L'exécution, elle est clé en fait.
15:10 Je pense là-dedans.
15:11 Trois jours de décalage, on n'avait peut-être pas la trésor pour payer les salaires qu'on
15:14 a pu payer finalement.
15:15 Donc l'exécution, c'est la clé.
15:17 C'est avoir la possibilité de faire.
15:18 Vous faites, vous trompez, on adapte, on change, on évolue, on refait.
15:22 C'est ça qui est important.
15:23 Et ça, c'est donné à tout le monde.
15:25 Après, il faut se faire un peu violence, certes, et je n'ai pas toujours fait les
15:28 choses en étant content de les faire, soyons honnêtes.
15:30 Ce que je dis, j'étais en burn-out, je pense, je ne me le suis pas avoué, mais j'étais
15:34 en burn-out parce que j'étais très fatigué, on est hyper irritable, on se sent super seul,
15:39 on a l'impression que tout le monde veut vous trahir.
15:40 Et c'est humain, c'est normal.
15:42 Après, il faut prendre du recul dessus et il faut savoir pourquoi on le fait.
15:45 Tant qu'on garde l'objectif en ligne de mire, je pense que c'est là qu'on peut y arriver
15:49 sans trop de difficultés.
15:50 Merci beaucoup Kevin Soler.
15:53 Je rappelle votre livre "Comment j'ai sauvé ma boîte", c'est aux éditions de Bac Supérieur.

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