Grand témoin : Isabelle Lasserre, rédactrice en chef adjointe au service international du Figaro et autrice de « Macron - Poutine : les liaisons dangereuses » (L'Observatoire)
GRAND DÉBAT / Logement : comment sortir de la crise ?
« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski
Insuffisance de l'offre de logements, explosion des prix de l'immobilier, accroissement du mal-logement... Ces maux soulignent le fait que la crise du logement en France ne date pas d'hier. Pourtant, elle s'aggrave. Le pouvoir d'achat des Français a chuté de 25 % en 2022. Afin de répondre à cette crise, quatre parlementaires ont lancé un appel transpartisan pour limiter l'impact des locations de meublés touristiques sur la disponibilité des logements dans ces zones bondées. Leur cible : les plateformes numériques telles que Airbnb, Abritel ou Booking. Une proposition de loi sur le même thème est en cours de finalisation. Mais s'attaquer à ces plateformes est-il suffisant pour endiguer la crise du logement ?
Invités :
- Xavier Demeuzoy, avocat spécialiste sur la question des AirBnB
- Julien Bayou, député EELV de Paris
- Inaki Echaniz, député PS des Pyrénées-Atlantiques
- Stéphane Imowicz, Président de Ikory
GRAND ENTRETIEN / Macron-Poutine : les limites du « en même temps »
Dans son dernier livre « Macron-Poutine : Les liaisons dangereuses » sorti aux éditions de l'Observatoire, Isabelle Lasserre décrypte la relation ambiguë qui lie ces deux chefs d'Etats. Cette relation, bouleversée par la guerre en Ukraine, fait l'objet de nombreuses critiques et d'incompréhensions. Alors que le président Emmanuel Macron semble à tout prix vouloir maintenir le dialogue avec la Russie, les alliés de la France - et notamment les pays de l'Est - expriment leur scepticisme face à cette méthode...
Grand témoin : Isabelle Lasserre, rédactrice en chef adjointe au service international du Figaro et autrice de « Macron - Poutine : les liaisons dangereuses » (L'Observatoire)
Les Affranchis
- Thomas Lestavel, journaliste économique
- Vincent Hugeux, journaliste indépendant et professeur à Sciences Po
« Bourbon express » : Stéphanie Dépierre, journaliste LCP
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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GRAND DÉBAT / Logement : comment sortir de la crise ?
« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski
Insuffisance de l'offre de logements, explosion des prix de l'immobilier, accroissement du mal-logement... Ces maux soulignent le fait que la crise du logement en France ne date pas d'hier. Pourtant, elle s'aggrave. Le pouvoir d'achat des Français a chuté de 25 % en 2022. Afin de répondre à cette crise, quatre parlementaires ont lancé un appel transpartisan pour limiter l'impact des locations de meublés touristiques sur la disponibilité des logements dans ces zones bondées. Leur cible : les plateformes numériques telles que Airbnb, Abritel ou Booking. Une proposition de loi sur le même thème est en cours de finalisation. Mais s'attaquer à ces plateformes est-il suffisant pour endiguer la crise du logement ?
Invités :
- Xavier Demeuzoy, avocat spécialiste sur la question des AirBnB
- Julien Bayou, député EELV de Paris
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- Stéphane Imowicz, Président de Ikory
GRAND ENTRETIEN / Macron-Poutine : les limites du « en même temps »
Dans son dernier livre « Macron-Poutine : Les liaisons dangereuses » sorti aux éditions de l'Observatoire, Isabelle Lasserre décrypte la relation ambiguë qui lie ces deux chefs d'Etats. Cette relation, bouleversée par la guerre en Ukraine, fait l'objet de nombreuses critiques et d'incompréhensions. Alors que le président Emmanuel Macron semble à tout prix vouloir maintenir le dialogue avec la Russie, les alliés de la France - et notamment les pays de l'Est - expriment leur scepticisme face à cette méthode...
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NewsTranscription
00:00:00 [Musique]
00:00:05 Bonsoir à tous, ça vous regarde en direct.
00:00:09 Soyez les bienvenus, notre grand témoin ce soir, vous la reconnaissez, c'est Isabelle Lasserre.
00:00:13 Bonsoir Isabelle.
00:00:14 Bonsoir Myriam.
00:00:15 Et merci infiniment d'être là dans le fauteuil du grand témoin.
00:00:18 Vous publiez "Macron-Poutine" aux éditions de l'Observatoire, "Les liaisons dangereuses",
00:00:24 on va revenir sur ce titre et sur le livre en longueur tout à l'heure.
00:00:28 Beaucoup d'actualités sur le front ukrainien, la contre-offensive de Kiev se prépare
00:00:32 et on est au lendemain d'une drôle d'annonce de Moscou, d'une attaque présumée de drone sur le Kremlin.
00:00:38 On va y revenir également.
00:00:40 Mais on commence ce soir par débattre de la crise du logement.
00:00:44 C'est un cri d'alarme que poussent tous les acteurs du secteur.
00:00:49 Le logement subit un choc très violent avec la hausse des taux d'intérêt
00:00:53 pour contrer l'inflation, effondrement de l'accès à la propriété,
00:00:56 marché locatif complètement bloqué.
00:00:59 Les députés s'emparent du sujet en s'attaquant notamment à Airbnb.
00:01:03 On en parle dans un instant sur ce plateau.
00:01:05 Avant de retrouver à 20h15 nos partis pris, nos affranchis et puis dans Bourbon Express ce soir,
00:01:11 la victoire des communistes sur les soignants non vaccinés.
00:01:15 C'était à l'Assemblée aujourd'hui.
00:01:17 Voilà pour le menu, vous me suivez chère Isabelle ?
00:01:19 Eh bien ça vous regarde, c'est parti !
00:01:21 *Générique*
00:01:32 C'est le premier poste de dépense des Français.
00:01:35 Alerte rouge sur le logement.
00:01:37 La crise ne date pas d'hier, mais la situation devient aujourd'hui catastrophique.
00:01:42 Les acteurs parlent même d'une bombe à retardement social
00:01:46 et accusent les politiques de déni.
00:01:49 Bonsoir Julien Bayou.
00:01:51 Merci beaucoup d'être là.
00:01:53 Vous êtes député Europe Écologie-Les Verts de Paris
00:01:55 et vous faites partie de ces parlementaires
00:01:57 qui ont lancé un appel transpartisan
00:01:59 pour encadrer les locations touristiques qui explosent,
00:02:03 notamment à Paris, mais pas seulement,
00:02:05 grâce aux plateformes comme Airbnb.
00:02:08 Bonsoir Imiaki Echamiz.
00:02:09 Bonsoir.
00:02:10 Merci. Vous aussi vous en êtes de cet appel.
00:02:12 Les locations Airbnb de courte durée foisonnent dans votre département,
00:02:16 le beau Pays Basque, puisque vous êtes député socialiste des Pyrénées-Atlantiques.
00:02:20 Je précise que Renaissance a été invité ce soir,
00:02:24 mais malheureusement, Anaïs Glemer a eu un empêchement.
00:02:28 Bonsoir Xavier Demesois.
00:02:30 Bonsoir.
00:02:31 Merci d'être là.
00:02:32 Maître Demesois, vous êtes avocat, entre autres, de la plateforme Airbnb.
00:02:35 Non, pas du tout.
00:02:36 Je suis avocat, expert en Airbnb, mais je ne suis pas l'avocat d'Airbnb.
00:02:40 Avocat au barreau de Paris, et on a compris, vous connaissez bien.
00:02:43 C'est contentieux parce qu'il y en a entre les propriétaires
00:02:49 et parfois les collectivités locales.
00:02:51 Bonsoir Stéphane Imovitz.
00:02:53 Et merci d'être avec nous.
00:02:55 Vous êtes le président d'Icoris,
00:02:57 une entreprise de conseil en immobilier pour les investisseurs institutionnels.
00:03:01 Évidemment, ce n'est pas votre sujet, Isabelle.
00:03:03 On connaît vos chroniques internationales dans cette émission,
00:03:06 mais c'est un sujet extrêmement concernant.
00:03:08 Donc, la citoyenne que vous êtes, n'hésitez pas à réagir.
00:03:10 On a des enfants et ils se galèrent tous à trouver un logement en location.
00:03:16 On va commencer par planter le décor.
00:03:18 Il a 200 secondes pour nous expliquer pourquoi la crise du logement s'aggrave.
00:03:22 C'est le chrono de Blaco, bien sûr, pour commencer.
00:03:24 Et je me retourne comme chaque soir pour vous accueillir, cher Stéphane Blacowski.
00:03:29 Bonsoir à vous.
00:03:30 Bonsoir à toutes et tous.
00:03:32 Alors, cette crise du logement.
00:03:33 Alors, pour commencer cette chronique, je voudrais vous montrer
00:03:38 le député Martin Nadeau.
00:03:40 Regardez, vous allez voir qu'il n'a pas été élu en 2022.
00:03:43 C'est un maçon qui a été élu vers 1850 à l'Assemblée.
00:03:46 Il venait avec son bleu de travail, donc ça a contribué à sa réputation à l'Assemblée.
00:03:50 Mais surtout, on lui doit ce fameux dicton.
00:03:52 "Quand le bâtiment va, tout va".
00:03:55 C'est un dicton que tout le monde connaît.
00:03:57 Pourtant, en ce moment, le bâtiment, ça ne va pas du tout.
00:04:00 Pas du tout, du tout, du tout.
00:04:01 Regardez les articles qui en parlent dans la presse.
00:04:03 La Fédération du bâtiment estime que 100 000 emplois sont menacés d'ici 2025.
00:04:07 Et puis, Véronique Bédard, qui est la patronne de Nexity,
00:04:10 le plus gros promoteur immobilier en France,
00:04:13 Emmanuel Macron lui avait même proposé à Matignon,
00:04:15 elle, elle parle d'un choc, d'une violence folle.
00:04:18 Donc, résultat, comme le bâtiment ne va pas du tout, on s'inquiète pour le reste.
00:04:21 On se dit, est-ce que tout ne va pas suivre la même pente ?
00:04:24 Alors, regardez, ça, c'est des pronostics.
00:04:26 Geoffroy Roux de Bézieux parle d'une catastrophe à propos de cette crise du logement à venir.
00:04:30 Même le ministre Olivier Klein s'inquiète à l'idée que le logement puisse devenir une bombe sociale.
00:04:36 Alors, on a 200 secondes, j'en ai déjà mangé 50, donc forcément, je vais devoir résumer.
00:04:41 On va donc dire que la crise du logement, elle était sous-jacente, mais on ne voyait pas trop l'urgence.
00:04:46 Et puis, avec la guerre en Ukraine, la crise, elle est devenue aiguë.
00:04:49 Et donc là, il y a deux images qui permettent de résumer ce qui est en train de se passer.
00:04:53 C'est-à-dire que les taux d'intérêt sont en train de grimper.
00:04:56 Donc, pour emprunter sur 20 ans en avril, c'est au-delà de 3 % en moyenne.
00:05:00 La conséquence, on la connaît.
00:05:02 Plein de ménages ne peuvent plus emprunter.
00:05:04 Et donc, le nombre de prêts accordés, lui, il suit la courbe inverse.
00:05:08 Il est un peu en chute libre.
00:05:10 Alors, que faire ?
00:05:12 Déjà, le gouvernement a commencé par changer de fusil d'épaule.
00:05:15 Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais le 1er janvier 2022, il avait durci les critères d'accès au crédit immobilier.
00:05:20 Mais ça, c'était avant la guerre en Ukraine.
00:05:22 Parce que maintenant, forcément, Bruno Le Maire se dit, peut-être qu'on pourrait faire l'inverse.
00:05:26 Au contraire, insouplir les conditions d'accès au crédit.
00:05:28 Ça permettrait sans doute de favoriser la demande.
00:05:31 On pourrait faire la réflexion inverse.
00:05:34 On pourrait aussi essayer de soutenir l'offre en allégeant, par exemple, certaines réglementations.
00:05:38 Dans ce domaine, je ne sais pas si vous vous souvenez, mais au janvier de cette année,
00:05:42 Édouard Philippe avait dit que c'était une folie ce qui était prévu dans la loi 2021,
00:05:48 c'est-à-dire interdiction dans les années à venir de louer les passeports thermiques.
00:05:52 Donc, il n'est pas le seul à le penser.
00:05:54 Véronique Bédag, dont je vous ai déjà parlé, est à peu près sur la même ligne. On l'écoute.
00:05:57 On s'est rendu compte qu'en Ile-de-France, 46% des logements qui sont aujourd'hui loués dans le secteur privé sont des passeports thermiques.
00:06:08 Donc, potentiellement, ces logements risquent de sortir du marché de l'allocation.
00:06:13 Vous imaginez l'effet que ça peut avoir en Ile-de-France ?
00:06:15 Vous imaginez la crise qui s'annonce ?
00:06:18 Donc, juste avant de vous laisser débattre, et vous voyez que déjà, là, il y a matière à débattre,
00:06:21 je voudrais juste vous rappeler un chiffre, un classement.
00:06:23 C'est les postes de dépense des Français.
00:06:25 Donc, on parle souvent en ce moment de l'inflation sur l'alimentation,
00:06:28 mais c'est loin d'être le premier poste de dépense.
00:06:31 Le premier poste de dépense, et là, c'est une moyenne, c'est 30% du budget, c'est le logement pour les Français.
00:06:36 C'est beaucoup plus, c'est à dire presque 40% pour les bas revenus.
00:06:39 Donc, forcément, s'il y a une crise du logement, ça va créer une pression sur le truc qui peut mettre les Français en colère,
00:06:45 auquel ils sont très attachés, c'est le pouvoir d'achat.
00:06:48 Ça risque d'arriver comme ça.
00:06:50 Alors, est-ce que la crise du logement va être une bombe sociale ?
00:06:52 Moi, je ne sais pas, mais on a invité des experts, donc il y a débat.
00:06:55 - Julien Bayou, avant de parler d'Airbnb, j'aimerais qu'on essaye de dresser un peu un état des lieux.
00:07:01 La crise s'aggrave, on l'a compris, avec l'augmentation des taux d'intérêt.
00:07:05 Est-ce que ce n'est pas le moment, peut-être à l'Assemblée,
00:07:08 de trouver une forme de consensus national sur le sujet,
00:07:11 mis à part Airbnb, pour dire "on y va, on va faire un projet de loi,
00:07:15 on pousse le gouvernement à en faire sa priorité".
00:07:19 - C'est ce que nous proposons depuis Délustre.
00:07:21 Parce que là, on parle de la crise du logement comme si elle était soudaine,
00:07:24 comme si elle venait d'arriver, mais la Fédération française du bâtiment disait
00:07:28 "c'est pas faute d'avoir prévenu, c'est pas faute que tous les premiers février,
00:07:32 la Fondation Abbé Pierre sorte son rapport sur le mal-logement
00:07:34 et nous explique que malheureusement, la situation s'aggrave".
00:07:37 4 millions de mal-logés, c'est le chiffre qu'on doit retenir,
00:07:39 mais un doublement du nombre de sans-domicile fixe depuis 20 ans.
00:07:42 La crise s'aggrave, elle est là, elle s'installe.
00:07:45 Pour ma part, j'ai fait partie de collectifs,
00:07:47 nous avions même créé un ministère de la crise du logement,
00:07:50 en disant que, puisque la crise du logement était là,
00:07:52 il fallait en faire un ministère.
00:07:54 C'était pour plaisanter, mais on ne découvre pas le sujet.
00:07:57 Là, on a un gouvernement qui n'est pas en place depuis un an,
00:08:00 il est en place depuis six ans,
00:08:02 Emmanuel Macron a fait un deuxième quinquennat,
00:08:05 il ne s'est pas préoccupé de logement,
00:08:07 de construction de logements sociaux,
00:08:09 d'encadrement des loyers,
00:08:11 de rénovation thermique,
00:08:13 si bien qu'à la fin, vous avez tous les éléments qui s'additionnent
00:08:16 pour arriver à cette explosion du poids du logement
00:08:20 dans le panier des ménages,
00:08:22 mais c'est le chauffage, c'est l'allocation, c'est le crédit.
00:08:26 Je m'alarme quand on dit qu'on va faciliter le recours au crédit,
00:08:29 mais les gens sont déjà en difficulté, en surendettement.
00:08:32 L'enjeu, ce n'est pas de les aider à s'endetter dessus de manière supérieure,
00:08:35 c'est de pouvoir se loger dignement.
00:08:37 Pour ça, il faut construire, il faut encadrer les loyers,
00:08:40 il faut encadrer Airbnb,
00:08:42 et il faut développer massivement la rénovation thermique.
00:08:44 C'est un réservoir d'emploi phénoménal.
00:08:46 -Il y a un petit sujet de débat sur la rénovation thermique.
00:08:49 -Au projet de loi finance, on a voté un budget de 7 milliards d'euros,
00:08:52 un amendement de 7 milliards d'euros.
00:08:54 Le gouvernement a préféré l'esquiver à la faveur du 49-3.
00:08:57 Ils peuvent réécrire les textes.
00:08:59 7 milliards d'euros pour qu'on puisse se chauffer correctement,
00:09:02 être indépendant du gaz russe, créer des emplois,
00:09:04 améliorer la santé et le climat, ça a été refusé.
00:09:06 -Vous avez déjà bien planté le décor avec tous les sujets,
00:09:09 mais il y a un gros débat sur la question de la loi climat
00:09:12 et de l'espoir thermique, et que ça ne va pas trop vite de les interdire.
00:09:15 Stéphane Imovit, sur le panorama,
00:09:17 la nouvelle donne, c'est les taux d'intérêt,
00:09:20 qui, à 3 %, on comprend très bien, on ne peut plus acheter,
00:09:23 sachant qu'on ne construit pas assez vite
00:09:26 les fameux 500 000 logements par an nécessaires
00:09:29 pour qu'on essaie d'équilibrer le marché entre l'offre et la demande.
00:09:32 Ce n'est pas du tout le cas aujourd'hui.
00:09:34 Il y a une forme de déni des pouvoirs publics, vous le diriez.
00:09:37 Le mot "logement" n'est pas dans la bouche du président de la République.
00:09:41 -Je pense qu'en matière de logement, il y a deux choses.
00:09:44 Il y a l'accession, vous parliez du crédit.
00:09:46 La problématique du crédit, c'est essentiellement pour les gens
00:09:49 qui veulent accéder au logement,
00:09:51 mais il y a également le problème du locatif.
00:09:54 Le locatif, c'est un vrai sujet.
00:09:56 Comme vous disiez, c'est un sujet récurrent depuis toujours.
00:10:00 On manque de logements locatifs,
00:10:02 on manque de logements locatifs pour un certain nombre de raisons,
00:10:05 parce que les prix...
00:10:07 C'est difficile de trouver du logement, il n'y en a pas suffisamment,
00:10:10 et surtout à des niveaux de loyer intermédiaires.
00:10:13 -On en manque tellement que les étudiants, et c'est très nouveau,
00:10:17 ne lâchent pas leur studio à l'été,
00:10:20 parce qu'ils ont peur, ils préfèrent payer
00:10:23 leurs deux mois qu'il leur permet.
00:10:25 -S'ils ne sont pas mis dehors pour faire de l'éducation.
00:10:28 -C'est quand même un signal,
00:10:30 c'est presque un signal fort, pas faible,
00:10:32 de quelque chose qui ne va pas.
00:10:34 Qu'est-ce qu'on peut faire à très court terme sur les loyers ?
00:10:37 -Il y a un sujet du logement qui est multifactoriel.
00:10:40 Il y a des éléments différents et des mesures à prendre
00:10:43 de façon globale et parfois très forte.
00:10:45 Comme l'a dit Julien Bayou,
00:10:47 ça fait six ans qu'on ne parle pas de logement.
00:10:49 Aujourd'hui, nous sommes un tas de parlementaires
00:10:51 à être prêts à travailler sur cette question-là,
00:10:53 et on enjoint Olivier Klein à prendre la mesure des responsabilités
00:10:56 du ministre du Logement,
00:10:58 qui sont les siennes,
00:11:00 parce que c'est une bombe sociale à retardement.
00:11:02 C'est le premier poste de dépense des ménages français.
00:11:05 Il y a des actions qui sont mises en place.
00:11:07 On nous dit souvent que ce n'est pas ça
00:11:09 qui réglera tout le problème du logement.
00:11:11 Je suis d'accord, parce qu'il faudrait une PPL à 90 articles.
00:11:14 -Une proposition de loi. -Donc il faut bien commencer
00:11:16 par quelque chose. C'est ce que nous avons proposé
00:11:18 avec Julien, ce que nous continuons de travailler
00:11:20 avec Renaissance y compris,
00:11:22 parce que c'est un constat qui est quasiment unanime
00:11:24 chez les députés et qui mérite d'être actionné,
00:11:26 notamment sur la question des loyers,
00:11:28 sur la question de la spéculation immobilière,
00:11:30 sur la question de l'adaptation du logement
00:11:32 au vieillissement de la population,
00:11:34 sur la question de la rénovation énergétique des bâtiments.
00:11:36 C'est un enjeu d'avenir, c'est un enjeu de société.
00:11:38 Pour refaire société, il faut aussi que chacun
00:11:40 puisse avoir un toit sur la tête, parce que ces dernières années,
00:11:42 le droit de propriété a pris l'incendie
00:11:44 sur le droit au logement pour tous.
00:11:46 -Qu'est-ce qui vous semble le plus urgent,
00:11:48 maître Demeusois, sur la crise du logement
00:11:50 qu'on traverse et qui est aiguë
00:11:52 à cause des taux d'intérêt ?
00:11:54 -Alors moi, j'entends beaucoup parler des locataires,
00:11:56 de la crise du logement, de la difficulté
00:11:58 pour les étudiants notamment d'accéder à des logements,
00:12:00 mais j'entends très peu parler des propriétaires bailleurs.
00:12:02 Je considère aujourd'hui
00:12:04 qu'il faut partir de la moitié de la question.
00:12:06 Et les propriétaires bailleurs,
00:12:08 aujourd'hui, personne ne s'est posé la question
00:12:10 de savoir pourquoi ils ont été vers Airbnb.
00:12:12 Tout le monde dit que c'est par l'artrêt de l'argent,
00:12:14 c'est pas tout à fait vrai.
00:12:16 À mon cabinet, j'ai dû voir 700 ou 800 personnes en deux ans.
00:12:18 Et c'est pas du tout des multipropriétaires,
00:12:20 des investisseurs, tout ce qu'on veut entendre.
00:12:22 C'est monsieur et madame tout le monde,
00:12:24 c'est des cadres, c'est des étudiants, c'est des artistes
00:12:26 qui ont eu parfois des gros problèmes
00:12:28 avec leur locataire d'impayé, des gros problèmes
00:12:30 avec leur fonction de logement, une justice qui mettait
00:12:32 3-4 ans avant d'expulser ou avant d'obtenir des choses.
00:12:34 Il faut aussi écouter ces bailleurs
00:12:36 qui ont été vers eux.
00:12:38 - C'est un complément pour vous de pouvoir d'achat
00:12:40 dans une crise d'inflation.
00:12:42 - La loi Casbarian qui vient durcir ces conditions
00:12:44 et faciliter les expulsions.
00:12:46 Votre excuse ne va pas tenir.
00:12:48 - Moi qui suis avocat, je peux vous dire
00:12:50 que ça reste toujours deux ans de procédure pour expulser quelqu'un.
00:12:52 - Je suis très mal à l'aise parce que
00:12:54 vous gagnez de l'argent avec ces procédures.
00:12:56 Donc vous représentez un intérêt.
00:12:58 - Je défends les deux côtés.
00:13:00 - Imaginez, je vous le dis,
00:13:02 que vous opposez propriétaire et locataire.
00:13:04 C'est complètement idiot.
00:13:06 Moi, quand je parlais de cherté du chauffage,
00:13:08 je m'en fous, je vous le dis,
00:13:10 que la personne soit locataire ou propriétaire.
00:13:12 Je vous ai aussi bien parlé du problème
00:13:14 de l'endettement pour des accédants propriétaires
00:13:16 que de la cherté des loyers.
00:13:18 Vous avez tout de suite...
00:13:20 - C'est pour ça qu'on va parler d'Airbnb
00:13:22 précisément dans un instant.
00:13:24 - On ne part pas là-dessus.
00:13:26 C'est pas vrai.
00:13:28 Il n'y a pas 55 % de locataires gentils
00:13:30 et 45 % de propriétaires méchants.
00:13:32 D'ailleurs, la plupart des propriétaires
00:13:34 sont propriétaires occupants.
00:13:36 Donc, en fait, il y a une infime fraction
00:13:38 de personnes qui sont multipropriétaires
00:13:40 et qui sont propriétaires d'un gros paquet
00:13:42 de logements dans le pays.
00:13:44 Moi, je voudrais qu'on fasse
00:13:46 non pas leurs intérêts à eux,
00:13:48 mais l'intérêt des propriétaires occupants
00:13:50 et des locataires.
00:13:52 Ca veut dire construire, encadrer les loyers,
00:13:54 garantir le fait que,
00:13:56 quand il y a des impayés,
00:13:58 il y a une garantie des impayés de loyers
00:14:00 et non pas une expulsion à la fin.
00:14:02 - Là, il y a déjà pas mal de pisses sur la table.
00:14:04 Ca veut dire peut-être aussi,
00:14:06 et je pose la question, Stéphanie Movitz,
00:14:08 ralentir aussi sur les obligations
00:14:10 de la loi Climat et Résilience.
00:14:12 Quand on interdit
00:14:14 les passoires thermiques,
00:14:16 forcément, ce que disait Véronique Bédac
00:14:18 de Next City,
00:14:20 46 % des logements passoires thermiques
00:14:22 en Ile-de-France, forcément,
00:14:24 ça renchérit la pénurie.
00:14:26 - Alors, effectivement,
00:14:28 je pense qu'on est à un moment historique
00:14:30 en matière de logement. Pourquoi ?
00:14:32 Parce qu'il y a la hausse des taux d'intérêt.
00:14:34 Mais la hausse des taux d'intérêt,
00:14:36 ça ne concerne pas non plus que les accédants,
00:14:38 ça concerne aussi beaucoup d'investisseurs,
00:14:40 notamment institutionnels,
00:14:42 ou des foncières ou autres,
00:14:44 qui doivent utiliser le crédit
00:14:46 pour réinvestir en matière de logement.
00:14:48 Donc, aujourd'hui,
00:14:50 la problématique, c'est que
00:14:52 le résidentiel a un rendement
00:14:54 extrêmement faible, il faut le savoir.
00:14:56 Pourquoi il y a eu tellement
00:14:58 de cessions en résidentiel
00:15:00 dans les années 80 ? Tout simplement
00:15:02 parce que le rendement était
00:15:04 insuffisant et les investisseurs
00:15:06 préféraient se réorienter vers du tertiaire
00:15:08 où il y avait des rendements plus importants.
00:15:10 Aujourd'hui, les taux d'intérêt ayant tellement augmenté,
00:15:12 ils se désintéressent un petit peu
00:15:14 naturellement, et ça, c'est le premier sujet.
00:15:16 - Et sur la question
00:15:18 du climat, sur la question
00:15:20 des passoires thermiques, il y a beaucoup d'acteurs
00:15:22 et aussi des acteurs du logement
00:15:24 social qui vous disent que ça va beaucoup trop vite,
00:15:26 le zéro artificialisation
00:15:28 net, également, qui fait qu'on a
00:15:30 encore plus de problèmes
00:15:32 pour construire, est-ce que
00:15:34 c'est pas allé trop vite et trop fort ?
00:15:36 Je vous pose la question, vous répondez.
00:15:38 Parce que c'est ce que disent tous les élus locaux.
00:15:40 - Je pense que la deuxième question
00:15:42 qui cristallise
00:15:44 cette crise
00:15:46 qu'on connaît aujourd'hui,
00:15:48 c'est effectivement cette problématique
00:15:50 des DPE
00:15:52 en matière de logement.
00:15:54 - Attendez... - Diagnostic de performance
00:15:56 énergétique en matière de logement.
00:15:58 Ca veut pas dire qu'il faut s'y désintéresser
00:16:00 de ce point-là, parce que c'est très important
00:16:02 qu'on puisse mettre en place
00:16:04 des logements vertueux,
00:16:06 etc. La seule chose,
00:16:08 c'est qu'effectivement, il y a un calendrier
00:16:10 qui a été arrêté, maintenant, ce calendrier,
00:16:12 il faut le respecter autant que possible.
00:16:14 - Vous demandez pas une forme
00:16:16 de ralentissement du calendrier ?
00:16:18 - Ca permettra aussi de réduire les charges
00:16:20 pour les locataires, et peut-être d'augmenter
00:16:22 le rendement pour les propriétaires.
00:16:24 Mais pour ça, il faut aussi
00:16:26 pouvoir bénéficier
00:16:28 de mesures qui vont permettre...
00:16:30 Je voudrais rappeler quand même une chose.
00:16:32 Le locatif est détenu en France
00:16:34 à 97 % par des particuliers.
00:16:36 Et ce sont pas forcément
00:16:38 des propriétaires
00:16:40 multi-appartements.
00:16:42 Ces propriétaires, c'est souvent
00:16:44 des compléments de retraite, il faut pouvoir
00:16:46 les accompagner et les aider pour faire
00:16:48 les travaux. - On termine sur la question
00:16:50 de la loi climat qui impose des obligations
00:16:52 peut-être trop drastiques.
00:16:54 - Non, pas trop drastiques, c'est juste qu'il manque
00:16:56 un morceau, et Julien l'a expliqué
00:16:58 tout à l'heure déjà, pour rebondir sur les premiers propos.
00:17:00 On parle de rendement
00:17:02 du logement, moi je considère que
00:17:04 le logement doit pas être un objet spéculatif
00:17:06 pour faire de l'argent. Et c'est là où il y a
00:17:08 ce débat-là, parce que je considère qu'on doit tous avoir
00:17:10 un peu de temps sur la tête avant de vouloir faire de l'argent.
00:17:12 - Justement, alors quand on interdit de louer une passoire thermique,
00:17:14 même si c'est pas bien, voilà, est-ce que c'est pas
00:17:16 une erreur de le faire trop vite ?
00:17:18 - La lutte contre les passoires thermiques, c'est un enjeu
00:17:20 écologique et c'est un enjeu de santé publique aussi.
00:17:22 Parce que les gens qui habitent dans des passoires thermiques,
00:17:24 c'est des gens qui sont confrontés à la moisissure,
00:17:26 qui sont confrontés à des maladies. Donc il est nécessaire
00:17:28 de lutter contre ces passoires-là, mais il est aussi nécessaire
00:17:30 que l'Etat engage un fonds
00:17:32 nécessaire... - C'est ma prime Renov.
00:17:34 - Ma prime Renov, c'est pas assez, c'est pas suffisant
00:17:36 et ça marche pas très bien. Et c'est comme sur le ZAN.
00:17:38 - Alors attention, le ZAN, il faut expliquer
00:17:40 ses techniques. - Zéro artificialisation net.
00:17:42 Moi je suis d'accord sur le fait
00:17:44 qu'il faut limiter... - Ça veut dire qu'on arrête de construire
00:17:46 dans les campagnes, c'est un peu ça le but.
00:17:48 - Je peux pour le coup avoir un petit sujet
00:17:50 où on n'est pas forcément d'accord à 100%
00:17:52 avec Julien, parce que je considère
00:17:54 qu'on peut pas appliquer la même chose dans les villes
00:17:56 que dans les campagnes, notamment dans les territoires ruraux,
00:17:58 mais ça c'est une question de décret, d'adaptation.
00:18:00 Moi je suis d'accord sur le fait qu'il faut limiter la construction,
00:18:02 c'est une très bonne chose, protéger les terres agricoles
00:18:04 notamment en milieu rural comme chez moi,
00:18:06 mais il manque un pied,
00:18:08 parce que pour qu'une loi marche, il faut que ça soit sur les deux pieds,
00:18:10 il manque le pied de l'accompagnement
00:18:12 de l'Etat, de la rénovation du bâti existant.
00:18:14 Parce que si on dit
00:18:16 on limite la construction, très bien, mais il faut rénover
00:18:18 l'habitat existant, pour les collectivités... - On monte en puissance sur la rénovation
00:18:20 thermique, ça coûte de l'argent, c'est l'Etat qui paye,
00:18:22 c'est donc le contribuable.
00:18:24 - C'est l'investissement sur l'investissement. - Et on garde
00:18:26 les normes environnementales. - Regardez comme il y a un an,
00:18:28 on était en panique, littéralement,
00:18:30 quand la Russie,
00:18:32 je parle sous votre contrôle,
00:18:34 a menacé de couper les livraisons de gaz.
00:18:36 Et là on s'est dit "Oh, on est hyper dépendants !"
00:18:38 Et nous disions "Bah oui, mais avec des énergies
00:18:40 renouvelables, on serait moins dépendants,
00:18:42 et si on n'avait pas des passoires,
00:18:44 en gros, quand on allume le
00:18:46 convecteur électrique, on se retrouve à chauffer les pigeons,
00:18:48 on serait moins dépendants, et puis par ailleurs,
00:18:50 c'est meilleur pour le porte-monnaie." Ça, l'Allemagne
00:18:52 l'a compris, ils étaient plus dépendants que nous du gaz.
00:18:54 Ils ont mis les bouchées doubles pour
00:18:56 être moins dépendants, et beaucoup,
00:18:58 beaucoup de rénovation. Nous appelons à la création
00:19:00 d'un service public de la rénovation thermique.
00:19:02 Qu'on fasse les travaux à votre place. La Fédération
00:19:04 française du bâtiment le demande, parce que c'est
00:19:06 un emploi, tous les dix logements rénovés.
00:19:08 Les maires le demandent, les habitants le demandent.
00:19:10 J'imagine que vous êtes
00:19:12 d'accord et que vous aviez parlé
00:19:14 d'un intérêt aussi, puisque ça fait
00:19:16 moins de charges, de chauffage,
00:19:18 et autres, pour tout le monde. Pourquoi ça tarde ?
00:19:20 Voilà. Nous avions arraché 7 milliards
00:19:22 - Allez, on va parler d'Airbnb. - Et le ministre du logement,
00:19:24 le ministre de l'économie, la première
00:19:26 ministre, a dit "non, non, vraiment, c'est pas la priorité".
00:19:28 Un service public s'est posé,
00:19:30 et on posera la question à la majorité,
00:19:32 ou au ministre du logement, qu'on a eu d'ailleurs en ligne
00:19:34 aujourd'hui, qui nous a promis de venir nous parler
00:19:36 de cette crise. Isabelle Lasserre, votre regard ?
00:19:38 Vous pensez que les Russes
00:19:40 avaient anticipé qu'ils allaient déstabiliser
00:19:42 à ce point nos
00:19:44 économies, le logement, c'est la première dépense,
00:19:46 et on est là avec des taux d'intérêt
00:19:48 à 3% on peut plus
00:19:50 acheter ? - Oui, parce que de toute façon
00:19:52 la politique de Vladimir Poutine
00:19:54 est d'utiliser les faiblesses
00:19:56 de nos sociétés, de nos
00:19:58 démocraties européennes pour
00:20:00 nous diviser et nous affaiblir.
00:20:02 Donc à chaque fois qu'il y a un truc qui fonctionne pas
00:20:04 et qu'il y a une faiblesse, ils rentrent dedans.
00:20:06 Donc oui, bien sûr. - Et tout ça,
00:20:08 c'est voulu et de longue date.
00:20:10 - C'est voulu, c'est ce qu'on
00:20:12 appelle la guerre hybride,
00:20:14 qui consiste à faire la guerre
00:20:16 à ses voisins d'abord, et ensuite
00:20:18 aux pays occidentaux, pas seulement par des moyens
00:20:20 militaires comme en Ukraine, mais aussi
00:20:22 en s'appuyant sur, en ayant des
00:20:24 cinquièmes colonnes politiques,
00:20:26 et en utilisant
00:20:28 les manques ou les
00:20:30 dépendances énergétiques
00:20:32 des pays européens,
00:20:34 en trafiquant,
00:20:36 enfin en essayant de manipuler
00:20:38 les élections, en
00:20:40 développant des moyens de propagande
00:20:42 comme ça l'était avec Rochette Houdet,
00:20:44 bien sûr. - On en reparlera tout à l'heure.
00:20:46 Alors justement, qu'est-ce qu'on peut faire ?
00:20:48 - Dans L'Immédiat, les députés, ils ont décidé
00:20:50 de s'attaquer à Airbnb,
00:20:52 libérer les logements à la location.
00:20:54 C'est un petit groupe
00:20:56 de parlementaires, je vous le disais,
00:20:58 de tous bords, avec une proposition de loi
00:21:00 qui sera déposée début juin. L'objectif,
00:21:02 c'est de supprimer la niche
00:21:04 fiscale en faveur de
00:21:06 l'allocation de meubles et tourisme, qui incitent
00:21:08 les propriétaires à louer pour des
00:21:10 périodes très courtes. Diane
00:21:12 Karcher-Mourg a pu suivre quelques-uns d'entre
00:21:14 vous, c'était dans le 9e à Paris,
00:21:16 où les appartements Airbnb
00:21:18 explosent. Reportage.
00:21:20 [Musique]
00:21:22 - Ce matin,
00:21:24 au cœur du quartier parisien du Sentier,
00:21:26 deux élus sur le terrain font un
00:21:28 constat devenu récurrent.
00:21:30 - On est sur un exemple typique de ce qu'aujourd'hui,
00:21:32 il nous manque, c'est 2500 m2 de bureaux
00:21:34 qui vont être transformés en meublés
00:21:36 touristiques.
00:21:38 On l'apprend par bouche à oreille,
00:21:40 etc. On demande
00:21:42 simplement à pouvoir en être informés.
00:21:44 - Ici, comme dans de nombreux quartiers
00:21:46 du centre de Paris, les locations
00:21:48 Airbnb ont petit à petit grignoté
00:21:50 l'espace. Il y en aurait plus de
00:21:52 40 000 dans la capitale.
00:21:54 Résultat, les prix montent, les logements
00:21:56 disponibles diminuent et les Parisiens
00:21:58 ne trouvent plus à se loger.
00:22:00 La ville de Paris a décidé de réagir
00:22:02 en modifiant dès le mois de juin
00:22:04 le plan local d'urbanisme.
00:22:06 - Nous allons rendre public des secteurs entiers dans lesquels
00:22:08 nous considérons qu'il y a trop de meublés touristiques
00:22:10 et il sera interdit d'en créer en plus,
00:22:12 tout simplement.
00:22:14 - Stopper la multiplication des Airbnbs et assimiler,
00:22:16 c'est aussi l'objectif d'une proposition
00:22:18 de loi transpartisane.
00:22:20 Elle prévoit d'imposer les mêmes conditions
00:22:22 de performance énergétique aux meublés
00:22:24 touristiques colocation classique,
00:22:26 de renforcer les pouvoirs des communes
00:22:28 pour en contrôler l'implantation
00:22:30 et d'augmenter leur fiscalité.
00:22:32 Règlementer,
00:22:34 un impératif,
00:22:36 c'est la conviction du maire de Saint-Malo.
00:22:38 Dans sa commune, il impose des quotas
00:22:40 pour les propriétaires.
00:22:42 12% de logements en location courte durée
00:22:44 dans la vieille ville,
00:22:46 7,5% sur le littoral.
00:22:48 Seuls 1696 logements peuvent désormais
00:22:50 être inscrits sur la plateforme Airbnb
00:22:52 et les propriétaires doivent obtenir
00:22:54 l'autorisation de la mairie.
00:22:56 - Je pense que si nous ne l'avions pas fait,
00:22:58 aujourd'hui,
00:23:00 l'ensemble du quartier d'un tramural serait
00:23:02 de la location de courte durée.
00:23:04 Ça en prenait vraiment le chemin.
00:23:06 Dès qu'un logement était à vendre,
00:23:08 il était acquis par un investisseur
00:23:10 qui le louait en courte durée.
00:23:12 - La ville de Saint-Malo interdite également
00:23:14 aux multipropriétaires de louer
00:23:16 plus d'un appartement,
00:23:18 une manière de remettre des logements
00:23:20 sur le marché pour les Malouins.
00:23:22 - Ce qui frappe Ignaki et Chalice,
00:23:26 c'est que c'est un peu partout,
00:23:28 dans toutes les zones touristiques
00:23:30 et même au-delà, dans les périphéries.
00:23:32 Paris, vous avez fait un calcul,
00:23:34 Julien Bayou, j'ai lu le papier du Monde.
00:23:36 Le troisième arrondissement de Paris,
00:23:38 2600 offres Airbnb
00:23:40 et seulement 55 locations classiques.
00:23:42 - 30 à 40 000 habitants, vous vous rendez compte ?
00:23:46 - C'est sérieux ces chiffres ?
00:23:48 La disproportion est démente.
00:23:50 - Au Pays Basque, entre 2016 et 2020,
00:23:52 130 % d'augmentation
00:23:54 du nombre de meublés de tourisme.
00:23:56 On arrive aujourd'hui dans une situation
00:23:58 où les gens qui vivent
00:24:00 sur les territoires du 1er janvier
00:24:02 au 31 décembre ne trouvent plus de logement.
00:24:04 On a des soignants de l'hôpital de Bayonne
00:24:06 qui, l'été, dorment dans leur voiture.
00:24:08 On a des gens qui, au mois de juin,
00:24:10 sont mis dehors de leur appartement
00:24:12 par leur agence immobilière ou leur propriétaire
00:24:14 pour pouvoir faire du Airbnb.
00:24:16 Je ne suis pas anti-tourisme,
00:24:18 mais je ne suis pas anti-Airbnb.
00:24:20 Ça fait partie de l'économie de nos territoires.
00:24:22 Sauf qu'il faut arriver à une régulation,
00:24:24 à une remise à plat de la fiscalité
00:24:26 et à permettre aux gens qui font vivre
00:24:28 ces territoires à l'année de pouvoir se loger.
00:24:30 On arrive à un plafond de verre
00:24:32 où les patrons du secteur du tourisme
00:24:34 sont démunis parce qu'ils n'ont pas de manœuvre,
00:24:36 parce qu'ils n'ont pas de quoi aller loger.
00:24:38 On est arrivé sur un sur-tourisme.
00:24:40 Il faut réguler tout ça,
00:24:42 permettre à ceux qui veulent louer leur chambre,
00:24:44 leur appartement quand ils sont en vacances
00:24:46 de pouvoir le faire.
00:24:48 C'est le but initial de l'Airbnb.
00:24:50 C'était de pouvoir louer son propre logement
00:24:52 quand on n'y était pas,
00:24:54 ou sa chambre qui n'est pas occupée.
00:24:56 Aujourd'hui, on est arrivé sur,
00:24:58 ça a été dit dans le reportage à Paris,
00:25:00 sur 3, 4, 5 appartements
00:25:02 pour faire uniquement du Airbnb.
00:25:04 C'est ça que nous voulons dénoncer et faire changer.
00:25:06 - Maître de Meuseul, ça s'appelle quand même
00:25:08 une captation du marché locatif
00:25:10 de courte durée.
00:25:12 - Je parlais tout à l'heure de 2 800 logements.
00:25:14 C'est un chiffre qui parle tout le monde.
00:25:16 "On a capté des quartiers entiers."
00:25:18 Mais il y a une chose importante que personne ne dit.
00:25:20 On parle essentiellement, à 80-90 %,
00:25:22 des résidences principales.
00:25:24 Ca veut dire que ce sont des gens
00:25:26 qui louent leur résidence principale
00:25:28 à 120 jours par an.
00:25:30 C'est la loi, c'est applicable.
00:25:32 De toute façon, ces gens-là,
00:25:34 comme c'est leur résidence principale,
00:25:36 ils ne peuvent pas la louer à des étudiants.
00:25:38 - Qui est absent plus de 120 jours par an ?
00:25:40 - Si je peux juste terminer ma phrase.
00:25:42 - Allez-y.
00:25:44 - Quand vous êtes en résidence principale,
00:25:46 vous ne pouvez pas louer votre logement
00:25:48 à des étudiants ou à quiconque.
00:25:50 La ville de Paris a dit que c'est 120 jours.
00:25:52 Ca fait 3 800 euros par an
00:25:54 de complément de loyer pour des milliers de Français.
00:25:56 A l'heure où on parle du pouvoir d'achat.
00:25:58 C'est très vertueux.
00:26:00 - Juste une question. Ils sont où, les propriétaires ?
00:26:02 - Ils partent en week-end,
00:26:04 ils vont à Biarritz, ils vont se former.
00:26:06 - Ca fait quand même 120 jours par an ?
00:26:08 - 120 jours par an, ils ont le droit.
00:26:10 Quand on voit le reportage que vous avez mis tout à l'heure,
00:26:12 ce sont des bureaux, avec, je voyais,
00:26:14 M. Grégoire qui disait "on va tout arrêter".
00:26:16 Mais ce même M. Grégoire...
00:26:18 - L'adjoint au maire de Paris. - C'est des commerces aussi qui ferment.
00:26:20 - Oui, justement. Ce même M. Grégoire,
00:26:22 c'est le même aujourd'hui,
00:26:24 qui a autorisé des commerces et des bureaux
00:26:26 à bénéficier du meublé touristique.
00:26:28 C'est aujourd'hui un dispositif légal,
00:26:30 qu'il va changer, mais qui est aujourd'hui légal.
00:26:32 On n'est pas dans le hors-la-loi,
00:26:34 on peut la changer, mais aujourd'hui c'est légal.
00:26:36 120 jours, c'est légal. Les commerces en transformation,
00:26:38 c'est légal.
00:26:40 - Il y a un cadre légal, mais qu'est-ce que vous répondez
00:26:42 à ces situations ? Parce que vous avez des gens
00:26:44 qui sont les habitants d'une région, d'une ville,
00:26:46 qui sont obligés... - On ne peut pas demander à des gens
00:26:48 de quitter leur domicile, quand même.
00:26:50 - Ils sont incontestables,
00:26:52 c'est ceux d'Airbnb. Sur le troisième arrondissement,
00:26:54 47 % des logements
00:26:56 mis en disposition,
00:26:58 le sont mis par des personnes qui mettent plusieurs logements.
00:27:00 - Ils sont poursuivis par la ville, dans ces cas-là.
00:27:02 - Vous les défendez ?
00:27:04 - Oui, c'est pour ça que je suis bien...
00:27:06 - Là, il ne s'agit pas de leur résidence principale,
00:27:08 c'est du secondaire. - Vous avez tout compris.
00:27:10 La plupart de ces logements ne sont pas
00:27:12 des résidences principales. - Je peux vous garantir
00:27:14 que ça s'est calmé. - Mais je ne vous crois pas
00:27:16 du tout sur parole. - Ils sont beaucoup moins sur les procédures.
00:27:18 - Vous n'avez pas en face de vous
00:27:20 un député écologiste et un député socialiste.
00:27:22 Je pense qu'il faut vraiment entendre,
00:27:24 parce que dans cette coalition... - Il y a des députés
00:27:26 Horizons, des députés Renaissance,
00:27:28 qui vont défendre... - Il y a des députés Horizons,
00:27:30 Christophe Plassart, qui est de la majorité.
00:27:32 On se combat sur à peu près tout,
00:27:34 sauf là-dessus, parce qu'il est député
00:27:36 de Charente-Maritime et autour
00:27:38 de l'île de Léon, et c'est une catastrophe.
00:27:40 Vous avez le sénateur Max Brisson
00:27:42 du Pays basque. Je pense que
00:27:44 Iñaki Echaniz et Max Brisson,
00:27:46 qui sont sénateurs et députés du même endroit,
00:27:48 les Républicains, ne sont d'accord
00:27:50 sur rien, mais là-dessus, nous avons pu
00:27:52 avancer à quatre, parce que les maires
00:27:54 nous le réclament. Ils nous disent que c'est
00:27:56 un tsunami silencieux de disparition
00:27:58 ou plutôt de fuite
00:28:00 du logement pérenne vers des meubles touristiques
00:28:02 parce que c'est plus lucratif et pas assez encadré.
00:28:04 Nous proposons d'encadrer. Je comprends
00:28:06 que ça va vous faire... - Expliquez-nous ce que vous proposez.
00:28:08 Il y a une niche fiscale, c'est ça qui surprend.
00:28:10 C'est quoi, la niche fiscale ? On ne paye pas
00:28:12 d'impôts quand on fait du Airbnb ?
00:28:14 Pardonnez-moi. Il faut qu'on comprenne.
00:28:16 On ne paye pas d'impôts sur les revenus locatifs
00:28:18 aujourd'hui en Airbnb ? - Très simplement,
00:28:20 le même appartement... - Vous proposez
00:28:22 "normal", la taxation est normale. - Essayons de comprendre,
00:28:24 parce que nos téléspectateurs ne suivent pas forcément.
00:28:26 - Tant pris. Mais selon le même appartement
00:28:28 qui produit des revenus fonciers au long terme,
00:28:30 vous êtes imposés sur les revenus fonciers.
00:28:32 Si vous le mettez en meublé touristique,
00:28:34 vous êtes moins imposés. - Donc,
00:28:36 imposés quand même, mais il y a un abattement. Combien ?
00:28:38 - Il y a 71 % d'abattements sur les meublés
00:28:40 classés et uniquement 30 %
00:28:42 pour le logement permanent.
00:28:44 C'est ça, c'est ce déséquilibre-là.
00:28:46 - Une sorte d'incitation à faire
00:28:48 des meublés de courte durée. - Vous gagnez
00:28:50 jusqu'à 172 000 euros par votre meublé
00:28:52 et vous avez 71 % d'abattements.
00:28:54 C'est irréel. - La courte durée,
00:28:56 c'est jusqu'à combien de temps ? Un an ?
00:28:58 - C'est du meublé de tourisme. - On peut faire une semaine,
00:29:00 cinq jours ? - En dessous de 30 jours,
00:29:02 c'est de la courte durée. - Vous pouvez le faire
00:29:04 à l'année, évidemment. - Vous pouvez
00:29:06 renouveler en deux ans. - Vous bénéficiez de l'abattement
00:29:08 fiscal jusqu'à un an ? - Non, tout le temps.
00:29:10 - 71 % d'abattements.
00:29:12 Sur les loyers que vous percevez,
00:29:14 qui ne sont pas des loyers car c'est du meublé touristique,
00:29:16 mais par rapport à des loyers en bail
00:29:18 3, 6, 9 classiques, vous avez un abattement
00:29:20 qui peut aller jusqu'à 71 %.
00:29:22 - Sur l'ensemble des loyers revenus.
00:29:24 - Des recettes. - C'est que 30 %
00:29:26 sur le permanent. C'est ce déséquilibre-là
00:29:28 qu'il faut remettre à niveau. - C'est une niche fiscale.
00:29:30 - Parce que ça incite, en effet, les gens
00:29:32 à faire du meublé de tourisme,
00:29:34 parce qu'en trois mois, ils gagnent déjà plus qu'en 12,
00:29:36 et en plus, ils sont défiscalisés à 71 %.
00:29:38 - Il y a des gens qui font vraiment
00:29:40 3, 4, 5 locations
00:29:42 Airbnb en permanence, en secondaire,
00:29:44 comme ça, pour au fond,
00:29:46 presque une activité de rentier.
00:29:48 - Là où c'est autorité, par exemple.
00:29:50 - Ils en mettent des avocats, des influences.
00:29:52 - Vous êtes favorable à la mesure.
00:29:54 - C'est parfaitement vrai ce que vous dites. Sur la fiscalité, je vous rejoins à 100 %.
00:29:56 C'est pas normal qu'on n'ait pas la même fiscalité.
00:29:58 Je suis d'accord avec vous. Il y a des villes,
00:30:00 effectivement, où on peut faire ce qu'on veut, on peut en louer
00:30:02 même 15 ou 20, mais moi, j'ai dit
00:30:04 une chose qui est très simple. J'ai vu votre projet de loi.
00:30:06 J'étais surpris de l'article 2. Qu'est-ce qu'il nous dit, l'article 2 ?
00:30:08 Il dit, désormais, il y a des communes
00:30:10 qui pourront restreindre un petit peu la réglementation,
00:30:12 un petit peu comme à Paris. C'est exactement ce qu'a fait
00:30:14 Saint-Malo en 2018. Il y a déjà un texte qui existe,
00:30:16 c'est l'article 131-9 du Code de la construction.
00:30:18 Je vois pas ce que votre nouvel article vient ajouter.
00:30:20 Il existe déjà depuis quelques années.
00:30:22 - Il vient les sécuriser, parce que
00:30:24 ces villes qui sont très seules,
00:30:26 qui se battent pour le logement
00:30:28 des personnes qui habitent sur leur territoire,
00:30:30 elles sont attaquées. Elles sont attaquées par...
00:30:32 - Ils ont déjà un outil pour réglementer ces villes.
00:30:34 - Ils ont déjà un outil pour réglementer.
00:30:36 - Saint-Malo et Oléron peuvent être attaquées demain par Airbnb.
00:30:38 Biarritz risque de l'être prochainement.
00:30:40 Et nous, l'enjeu pour nous parlementaires,
00:30:42 c'est de sécuriser la situation de ces mairies.
00:30:44 - Stéphane Lémovitz, votre regard...
00:30:46 - Pour une communauté qui agit seule, d'avoir ce cadre collectif.
00:30:48 - Au fond, pour libérer tous ces appartements,
00:30:50 ces studios, ces deux pièces dans les grandes villes,
00:30:52 mais pas seulement, est-ce que c'est une bonne idée ?
00:30:54 - Alors, notre regard, c'est qu'il faut
00:30:56 effectivement une régulation. Il n'est pas
00:30:58 normal qu'il y ait
00:31:00 une emprise de cette manière
00:31:02 à travers Airbnb.
00:31:04 D'abord parce que ça fait de la concurrence aussi aux hôtels,
00:31:06 ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose.
00:31:08 Mais la problématique,
00:31:10 quand même, c'est de se dire...
00:31:12 - C'est moins cher en général d'aller en Airbnb qu'à l'hôtel.
00:31:14 - C'est pour ça que c'est une concurrence déloyale.
00:31:16 - Pardonnez-moi.
00:31:18 - Les hôteliers payent des impôts, embauchent des personnes,
00:31:20 respectent des réglementations de sécurité...
00:31:22 - Vive les territoires.
00:31:24 - C'est une des concurrences déloyales.
00:31:26 - Vive les hôtels à Airbnb !
00:31:28 - Je résume à l'autre.
00:31:30 Ce que l'on propose, c'est notamment des immeubles
00:31:32 de bureaux qui sont obsolètes.
00:31:34 Je dis bien des immeubles de bureaux obsolètes.
00:31:36 Et là, effectivement, que ce soit ce type
00:31:38 de biens qui puissent être transformés
00:31:40 en meublées touristiques, c'est une chose,
00:31:42 et ça ne retire pas
00:31:44 d'offres complémentaires au niveau logement.
00:31:46 Donc ça, il peut y avoir des réflexions
00:31:48 qui peuvent se porter sur l'immobilier
00:31:50 de bureaux qui est obsolète
00:31:52 et qui aujourd'hui, sur lequel
00:31:54 il n'y a plus de marché, tout simplement.
00:31:56 - On va s'arrêter là.
00:31:58 On va suivre, évidemment, cette proposition de loi.
00:32:00 Il y a une date, 9 juin.
00:32:02 On n'a pas compris, il y a une ou deux propositions de loi ?
00:32:04 - Il y a un appel commun
00:32:06 avec différents parlementaires
00:32:08 qui ont été cités par Julien Bayou,
00:32:10 avec Max Brisson et Christophe Plassart
00:32:12 et moi-même. Et puis, on a
00:32:14 aussi convaincu à force les uns et les autres
00:32:16 de monter au créneau
00:32:18 la majorité et le groupe Renaissance
00:32:20 de travailler sur ce sujet-là. Et donc, c'est pour ça
00:32:22 qu'on a travaillé sur un premier texte
00:32:24 plus court avec Anaïs Glemer
00:32:26 qui sera comporté de façon transpartisane
00:32:28 sur le modèle de la porte Vogeta.
00:32:30 - Donc, vous avez toutes les chances que ce texte aboutisse
00:32:32 et trouve une majorité. - Une première partie du texte,
00:32:34 c'est ce qu'on appelle, c'est que ça continue, qu'on parle
00:32:36 du logement pendant les prochains mois, pendant les prochaines années
00:32:38 pour régler ce problème-là. - Pour que le gouvernement
00:32:40 s'en soie à la spéculation. - Eh bien, justement, on en a déjà parlé ce soir
00:32:42 au Conseil national de la rénovation
00:32:44 sur le logement, mardi, et quelque chose
00:32:46 me dit que, voilà, ça va monter en puissance.
00:32:48 Merci, messieurs. - Merci à vous. - Merci d'être venus
00:32:50 débattre sur LCP. Vous restez évidemment
00:32:52 avec moi, Isabelle Lasserre. Dans une dizaine de minutes,
00:32:54 les partis pris de nos affranchis,
00:32:56 vous les voyez, ils sont fin prêts ce soir.
00:32:58 L'économie avec Thomas Lestavelle
00:33:00 quand le Green Deal européen
00:33:02 profite aux Chinois.
00:33:04 L'international avec Vincent Huges sur le
00:33:06 carnage au Soudan, au bord de la
00:33:08 guerre totale. Et puis, Stéphanie Despierre
00:33:10 dans Bourbon Express nous raconte comment
00:33:12 les communistes ont remporté une bataille
00:33:14 dans l'hémicycle aujourd'hui. Mais d'abord, on va plonger
00:33:16 dans votre livre, Isabelle Lasserre,
00:33:18 Macron-Poutine, les liaisons dangereuses.
00:33:20 Vous les analysez avec finesse,
00:33:22 mais vous les analysez aussi sans
00:33:24 concession depuis le début de la guerre en Ukraine.
00:33:26 Pourquoi la France est toujours heurtée
00:33:28 aux murs rouges du Kremlin ?
00:33:30 Regardez, c'est dans l'invitation
00:33:32 de Marco Pommier, puis on en parle ensemble
00:33:34 juste après.
00:33:36 Si on vous invite,
00:33:38 Isabelle Lasserre, c'est pour parler
00:33:40 d'une relation tumultueuse,
00:33:42 ambiguë, celle d'Emmanuel
00:33:44 Macron et de Vladimir Poutine.
00:33:46 L'histoire d'une partie d'échec
00:33:48 perdu d'avance.
00:33:50 Emmanuel Macron a surestimé
00:33:52 l'influence qu'il peut avoir sur un
00:33:54 ancien agent du KGB.
00:33:56 Qui mieux que vous, Isabelle Lasserre, pour nous raconter
00:33:58 cette liaison diplomatique ?
00:34:00 Vous, l'ancienne correspondante
00:34:02 à Moscou pour le Figaro,
00:34:04 spécialiste des questions internationales.
00:34:06 Dans votre dernier livre,
00:34:08 vous dressez un terrible réquisitoire
00:34:10 contre la politique russe
00:34:12 d'Emmanuel Macron, un bilan
00:34:14 aux allures de coquilles vides.
00:34:16 Et pourtant, en 2017,
00:34:18 le président français avait fait
00:34:20 forte impression après son élection.
00:34:22 Sous les ors de Versailles,
00:34:24 il recevait en grande pompe
00:34:26 le maître du Kremlin.
00:34:28 Évidemment, je suis impressionnée par Versailles
00:34:30 parce que cela reflète
00:34:32 la grandiosité de la France et de son histoire.
00:34:34 Deux ans plus tard,
00:34:36 sous le soleil de Brégançon,
00:34:38 les deux dirigeants apparaissent proches,
00:34:40 malgré leur divergence sur la Syrie
00:34:42 ou encore l'Ukraine.
00:34:44 La France est européenne,
00:34:46 très profondément.
00:34:48 Et nous croyons dans cette Europe
00:34:50 qui va de Lisbonne à Vladivostok.
00:34:52 Face à la guerre,
00:34:54 Emmanuel Macron tente la diplomatie
00:34:56 du coup de fil.
00:34:58 21 conversations pour amener
00:35:00 Vladimir Poutine à la raison.
00:35:02 Jusqu'au bout, le président français
00:35:04 a cru pouvoir influencer le maître du Kremlin.
00:35:06 À l'image de cette rencontre,
00:35:08 à bonne distance,
00:35:10 quelques jours seulement
00:35:12 sous les bombes.
00:35:14 Tu as pris une décision historique
00:35:16 qui va nous séparer pendant longtemps.
00:35:18 Je n'aurai aucune faiblesse.
00:35:20 Je sais que Zelensky est terré
00:35:22 dans son bunker comme Hitler.
00:35:24 Soit je rase l'Ukraine,
00:35:26 soit je coupe sa tête politique.
00:35:28 Le président français qui se veut
00:35:30 médiateur dans le conflit ukrainien,
00:35:32 une posture critiquée par nos alliés
00:35:34 de l'Europe de l'Est,
00:35:36 sans oublier ces expressions
00:35:38 qui ont fait bondir Volodymyr Zelensky.
00:35:40 Il ne faut pas humilier la Russie.
00:35:42 Alors, Isabelle Lasserre,
00:35:44 vous dénoncez le en même temps
00:35:46 diplomatique d'Emmanuel Macron.
00:35:48 Soutenir l'Ukraine tout en ménageant
00:35:50 Vladimir Poutine.
00:35:52 Mais cette troisième voie n'est-elle pas
00:35:54 celle de la paix ?
00:35:56 Réponse Isabelle Lasserre.
00:35:58 Cette troisième voie à laquelle tient tant
00:36:00 le président français.
00:36:02 En théorie, l'idée d'une troisième voie,
00:36:04 comme ce qu'essaye de faire la France
00:36:06 entre la Chine et les Etats-Unis,
00:36:08 pourquoi pas ?
00:36:10 Le problème, c'est que le concept
00:36:12 de troisième voie et donc de en même temps
00:36:14 fonctionne assez mal
00:36:16 en politique internationale
00:36:18 quand on est au milieu d'une grosse crise
00:36:20 ou d'une guerre comme aujourd'hui.
00:36:22 Car finalement, comment
00:36:24 en fait, continuer à parler...
00:36:26 Bon, il ne parle plus
00:36:28 d'Emmanuel Macron pour l'instant, Vladimir Poutine.
00:36:30 Il l'a fait pendant longtemps.
00:36:32 Comment continuer à parler avec Vladimir Poutine ?
00:36:34 - Après Boucha,
00:36:36 après les crimes de guerre.
00:36:38 - Après tous les crimes de guerre qui ont été commis,
00:36:40 après sa radicalisation, après ses mensonges
00:36:42 et après son refus absolu
00:36:44 de faire le moindre compromis.
00:36:46 Et surtout, comment ne pas choisir
00:36:48 entre un pouvoir
00:36:50 qui devient totalitaire,
00:36:52 dirigé par
00:36:54 un criminel de guerre
00:36:56 à la tête d'un clan
00:36:58 mafieux et
00:37:00 une jeune démocratie,
00:37:02 l'Ukraine, avec un président démocrate
00:37:04 qui défend,
00:37:06 beaucoup plus fort et plus haut
00:37:08 que la plupart des pays de l'Union européenne,
00:37:10 les valeurs de la démocratie et de l'Europe.
00:37:12 Comment ne pas choisir entre les deux ?
00:37:14 - Justement, on va revenir sur ça en même temps.
00:37:16 Au total, il y a eu 21
00:37:18 conversations téléphoniques
00:37:20 entre le président français et Vladimir Poutine.
00:37:22 Toutes n'ont servi à rien.
00:37:24 Il y en a eu trop. Trop de conversations.
00:37:26 Ça nuit à la réputation
00:37:28 et à l'image de la France.
00:37:30 - Au début, Emmanuel Macron a eu raison
00:37:32 de téléphoner à Vladimir Poutine.
00:37:34 Volodymyr Zelensky lui-même
00:37:36 le lui demandait. Il n'était pas sûr
00:37:38 à l'époque que son pays, son armée tiennent,
00:37:40 que la société soit aussi
00:37:42 résiliente que ça.
00:37:44 Il pensait qu'il était possible
00:37:46 que la guerre dure assez peu de temps
00:37:48 et qu'elle se termine par des négociations.
00:37:50 Ensuite, au fur et à mesure
00:37:52 qu'ont été commis les crimes de guerre,
00:37:54 c'est là que c'est devenu très compliqué.
00:37:56 C'est-à-dire à la fois la radicalisation de Vladimir Poutine
00:37:58 et la constatation
00:38:00 qu'aucune des conversations
00:38:02 avec Vladimir Poutine ne débouche
00:38:04 sur quoi que ce soit.
00:38:06 A la limite, c'est pas très grave.
00:38:08 On peut parler à Vladimir Poutine.
00:38:10 Les pays de l'Est disent que ça légitime
00:38:12 un dictateur.
00:38:14 Mais on peut continuer à parler,
00:38:16 comme lorsque Emmanuel Macron avait, par exemple,
00:38:18 essayé de réunir
00:38:20 les dirigeants américains
00:38:22 et iraniens pour essayer de faire
00:38:24 renaître l'accord sur le nucléaire iranien.
00:38:26 Ça n'a pas marché. Il n'y a pas eu de dégâts collatéraux.
00:38:28 Le problème avec cette crise,
00:38:30 avec ce dossier, c'est qu'au bout de plusieurs mois,
00:38:32 ça a provoqué une incompréhension
00:38:34 chez nos partenaires d'Europe orientale,
00:38:36 qui, eux, sont à la frontière
00:38:38 de la Russie, ont tous ou presque tous
00:38:40 été envahis par l'armée rouge.
00:38:42 - Ils ont été couvés par l'armée rouge.
00:38:44 - Et donc, se sentent directement
00:38:46 menacés par la Russie.
00:38:48 - Pourquoi il n'a pas compris ça,
00:38:50 le président français, qu'il fallait cesser
00:38:52 cet attaque infructueuse ?
00:38:54 Comment vous l'expliquez ?
00:38:56 - Je pense que, jusqu'au bout, le président français
00:38:58 a cru, d'une part, il croit
00:39:00 beaucoup dans les relations interpersonnelles.
00:39:02 Il avait eu la même méthode
00:39:04 avec Donald Trump,
00:39:06 et il est possible qu'il ait
00:39:08 en partie la même méthode avec le président
00:39:10 chinois, Xi Jinping.
00:39:12 Il a cru qu'à force
00:39:14 de convictions,
00:39:16 de travail, d'efforts,
00:39:18 il pourrait influencer
00:39:20 au moins à la marge Vladimir Poutine,
00:39:22 et surtout, il a cru, ça c'est un petit peu
00:39:24 un travers français. Vous savez, la France est un pays
00:39:26 qui voyage
00:39:28 en première classe avec un billet
00:39:30 de deuxième classe.
00:39:32 - La France se surestime.
00:39:34 - La France se surestime. En même temps,
00:39:36 elle a parfois raison de le faire, parce qu'elle sait
00:39:38 faire des choses que les autres ne savent pas faire.
00:39:40 Mais en l'occurrence,
00:39:42 aujourd'hui, avec tous les rapports
00:39:44 de force qui
00:39:46 changent dans le monde depuis plusieurs années
00:39:48 et qui changent de plus en plus vite, avec
00:39:50 l'affaiblissement économique de la France,
00:39:52 avec ses problèmes sociaux, avec plein de choses,
00:39:54 c'est vrai que la France n'a pas
00:39:56 l'influence seule
00:39:58 pour influencer Vladimir Poutine,
00:40:00 qui, encore une fois, n'est pas
00:40:02 Vladimir Poutine, plus un
00:40:04 allié, quand même, qui est l'Iran,
00:40:06 plus quand même toute une partie du monde,
00:40:08 d'ailleurs, une majorité du parti du monde,
00:40:10 qui, soit le soutient,
00:40:12 soit, au minimum,
00:40:14 veut rester neutre.
00:40:16 - Vous racontez bien toute cette
00:40:18 diplomatie française du "en même temps".
00:40:20 Il y a les mots qui ont blessé Zelensky,
00:40:22 quand Macron a dit "ne pas humilier
00:40:24 la Russie", parler de garantie de sécurité
00:40:26 pour la Russie, puis il y a les mots
00:40:28 qu'il n'a pas dit et qu'il a finalement
00:40:30 dit, c'est-à-dire "il faut que
00:40:32 l'Ukraine gagne, il faut que
00:40:34 la Russie perde, je souhaite la défaite
00:40:36 de Vladimir Poutine". Il a fini par lâcher ça.
00:40:38 - Il a fini par le dire en février
00:40:40 2023, c'est-à-dire
00:40:42 un an après le début de la guerre,
00:40:44 et tout le monde attendait qu'il le dise avant.
00:40:46 - Sous la pression ? - Ces mots-là,
00:40:48 "l'Ukraine doit gagner", ça implique
00:40:50 que la Russie doit
00:40:52 perdre, parce qu'il a eu
00:40:54 plusieurs évolutions pendant la guerre
00:40:56 Emmanuel Macron, et là, jusqu'à fin décembre,
00:40:58 il disait "l'Ukraine doit gagner",
00:41:00 mais il n'arrivait pas à dire
00:41:02 "la Russie doit perdre".
00:41:04 Donc il a mis effectivement
00:41:06 très très longtemps, et c'est
00:41:08 en fait cette absence
00:41:10 de politique claire
00:41:12 dès le début qui ont
00:41:14 en fait jeté un espèce de doute
00:41:16 chez nos partenaires. - C'est ça qui crée
00:41:18 les dangers dans la relation, au sein même
00:41:20 de l'Europe, on l'a vu. - Oui, parce que sur le fond,
00:41:22 les critiques que je formule
00:41:24 à l'encontre d'Emmanuel Macron
00:41:26 sont en partie injustes,
00:41:28 parce que sur le fond,
00:41:30 la politique de la France est claire
00:41:32 vis-à-vis de l'Ukraine. La France est de l'Ukraine
00:41:34 à la fois militairement, politiquement,
00:41:36 économiquement... - Elle accueille des réfugiés.
00:41:38 - Elle accueille merveilleusement bien
00:41:40 des réfugiés, elle fournit des armes
00:41:42 qui font la différence sur le terrain,
00:41:44 en livrant les chars légers
00:41:46 AMX, Emmanuel Macron a ouvert
00:41:48 la porte à d'autres livraisons
00:41:50 de chars plus lourds, donc c'est vrai
00:41:52 que la France n'a pas d'ambiguïté dans son
00:41:54 soutien à l'Ukraine. Ce sont
00:41:56 des petites phrases d'Emmanuel Macron
00:41:58 jetées, surtout
00:42:00 prononcées, en fait, à des
00:42:02 moments... Enfin, beaucoup trop tôt,
00:42:04 c'est-à-dire qu'Emmanuel Macron souvent se projette
00:42:06 dans l'après-guerre. Alors, on en
00:42:08 parlera peut-être après, de ce qu'il considère
00:42:10 comme la paix, mais
00:42:12 le fait de se projeter dans l'après-guerre. Quand il dit, par exemple,
00:42:14 "Il faut des garanties de sécurité pour la Russie",
00:42:16 c'est pas aujourd'hui.
00:42:18 Il parle de sécurité... - A l'avenir.
00:42:20 - A l'avenir, évidemment.
00:42:22 Quand on construira la paix, il s'agit pas
00:42:24 d'appuyer sur la tête des
00:42:26 Russes, de dire que la Russie
00:42:28 doit disparaître de la surface
00:42:30 de la Terre. Mais au moment où il les prénonce,
00:42:32 ça passe mal, parce qu'on attendrait
00:42:34 de lui qu'il dise "Il faut
00:42:36 des garanties de sécurité pour l'Ukraine",
00:42:38 le pays qui est attaqué et envahi
00:42:40 par la Russie.
00:42:42 - Alors, c'est un livre sur la relation
00:42:44 que vous chroniquez, que vous observez
00:42:46 au jour le jour, et donc c'est un livre
00:42:48 sur le regard que chacun
00:42:50 porte sur l'autre. Et alors, le regard
00:42:52 de Poutine sur
00:42:54 Macron, c'est compliqué.
00:42:56 Macron-chic, le petit
00:42:58 Macron. Il y a du mépris.
00:43:00 Il y a une forme aussi d'humiliation
00:43:02 de Poutine. Vous dites "Ca n'est pas
00:43:04 du tout sa tasse de vodka".
00:43:06 C'est le maillon faible de l'Europe,
00:43:08 Macron pour Poutine.
00:43:10 - Alors, le maillon faible...
00:43:12 - À un moment donné, à partir de Brégançon.
00:43:14 - Oui, parce qu'en fait, Vladimir Poutine
00:43:16 avait plutôt misé sur François Fillon
00:43:18 ou Marine Le Pen,
00:43:20 deux candidats qui partageaient davantage,
00:43:22 qui avaient beaucoup plus de proximité
00:43:24 vis-à-vis du Kremlin
00:43:26 qu'Emmanuel Macron. Donc effectivement,
00:43:28 c'était pas sa tasse de vodka.
00:43:30 Il humilie,
00:43:32 il a humilié encore bien plus fort
00:43:34 Angela Merkel, vous vous souvenez.
00:43:36 Elle a une phobie des chiens,
00:43:38 Angela Merkel. Il l'a reçue une fois
00:43:40 avec son labrador pour
00:43:42 l'instabiliser, en fait.
00:43:44 Ce mot n'existe pas en français, mais vous comprenez
00:43:46 ce que je veux dire. Donc en fait, il méprise
00:43:48 absolument tous les leaders européens. D'ailleurs,
00:43:50 il méprise l'Europe en général.
00:43:52 - Quand Macron lui propose un rapprochement
00:43:54 d'une certaine façon, quand il parle
00:43:56 d'architecture de sécurité et
00:43:58 de ramener, d'une certaine façon,
00:44:00 la Russie vers l'Europe,
00:44:02 là, c'est une forme
00:44:04 à la fois d'incompréhension avec
00:44:06 les pays de l'Est, évidemment, mais aussi
00:44:08 avec la Russie qui est l'Europe,
00:44:10 non ? - La Russie,
00:44:12 Vladimir Poutine, sa politique,
00:44:14 c'est de diviser
00:44:16 complètement l'Europe et de l'affaiblir.
00:44:18 Il ne croit pas en l'Europe.
00:44:20 Il pense qu'elle va s'effondrer, à la fois pour des
00:44:22 raisons économiques et surtout pour des raisons
00:44:24 en fait de société.
00:44:26 Il considère que
00:44:28 les pays européens, et d'ailleurs particulièrement
00:44:30 la France, sont peuplés
00:44:32 de transsexuels, qu'il n'y a plus
00:44:34 que des homosexuels,
00:44:36 une immigration absolument incontrôlée.
00:44:38 Cet Occident,
00:44:40 cette vision d'un Occident
00:44:42 complètement décadent,
00:44:44 qui selon lui va finir par
00:44:46 manger les sociétés démocratiques de l'intérieur
00:44:48 et alors il ne respecte absolument pas
00:44:50 la démocratie. Il a le plus grand mépris.
00:44:52 C'est facile de mépriser les dirigeants européens
00:44:54 pour Vladimir Poutine. Lui, il reste au pouvoir.
00:44:56 Ça fait 20 ans qu'il est au pouvoir
00:44:58 et il a affaire avec des dirigeants
00:45:00 qui, au mieux,
00:45:02 ont deux mandats, comme Emmanuel Macron,
00:45:04 mais en général, partent au bout
00:45:06 de cinq ans ou six ans
00:45:08 dans d'autres pays.
00:45:10 Donc en fait, lui reste et les dirigeants
00:45:12 européens passent.
00:45:14 - Ce qui est passionnant aussi dans le livre, c'est que vous ne vous arrêtez pas
00:45:16 du tout à Emmanuel Macron,
00:45:18 mais vous revenez à tous les présidents
00:45:20 français depuis le général
00:45:22 de Gaulle et au fond, à vous, on se dit
00:45:24 d'autres présidents
00:45:26 aujourd'hui
00:45:28 qui ont eu exactement la même diplomatie
00:45:30 qu'Emmanuel Macron parce qu'au fond,
00:45:32 cette relation franco-russe,
00:45:34 cette amitié ancienne aux racines profondes
00:45:36 explique tout.
00:45:38 - Oui. Alors, c'est l'amitié
00:45:40 et c'est aussi le positionnement
00:45:42 géostratégique de la France.
00:45:44 Alors l'amitié, c'est effectivement... Il y a une relation
00:45:46 un peu romantique entre la France
00:45:48 et la Russie. - Une russophilie.
00:45:50 - Une russophilie, à la fois parmi les élites
00:45:52 et parmi
00:45:54 certains militaires.
00:45:56 Il y a une relation qui date
00:45:58 depuis très longtemps,
00:46:00 cette relation romantique.
00:46:02 Et il y a une conviction
00:46:04 chez les Français que ces deux anciens
00:46:06 empires partagent
00:46:08 le même amour pour les lettres,
00:46:10 la culture, une espèce de culture
00:46:12 supérieure, sans doute
00:46:14 le pensent-ils.
00:46:16 Et il y a aussi, après,
00:46:18 d'autres raisons qui tiennent plus particulièrement
00:46:20 à la position de la France,
00:46:22 donc pays qui possèdent la bombe nucléaire,
00:46:24 donc qui a une position très particulière
00:46:26 en Europe et un siège au Conseil de sécurité de l'ONU,
00:46:28 et qui, depuis 1966,
00:46:30 au moment où De Gaulle a quitté le commandement intégré
00:46:32 de l'OTAN,
00:46:34 les élites essayent de maintenir
00:46:36 cette position particulière
00:46:38 de la France.
00:46:40 Emmanuel Macron veut
00:46:42 l'appliquer aussi à l'Europe
00:46:44 et qui implique
00:46:46 une prise de distance,
00:46:48 en tout cas une distance vis-à-vis des Etats-Unis.
00:46:50 Dans certains partis politiques, c'est carrément
00:46:52 un anti-américanisme.
00:46:54 -C'est un mot.
00:46:56 -Ce n'est pas le cas d'Emmanuel Macron,
00:46:58 qui n'est pas anti-américain,
00:47:00 mais il veut que l'Europe existe de manière stratégique
00:47:02 et toute sa politique étrangère
00:47:04 est organisée autour de ça.
00:47:06 -Isabelle, d'un tout petit mot,
00:47:08 hier, vous étiez chroniqueuse sur ce qui s'est passé
00:47:10 avec cette annonce, cette drôle d'annonce,
00:47:12 même un peu épisode mystérieux,
00:47:14 dit Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères
00:47:16 française,
00:47:18 avec cette attaque présumée
00:47:20 de drones sur le Kremlin.
00:47:22 On a vu les images sur les télévisions russes,
00:47:24 sur les chaînes russes relayées sur Instagram.
00:47:26 Impossible que ce soit
00:47:28 les Ukrainiens, comme le prétendent
00:47:30 les Russes ? -Ecoutez,
00:47:32 je pense qu'il y a plusieurs scénarios.
00:47:34 En général, quand les Ukrainiens
00:47:36 attaquent sur le sol russe, soit ils le revendiquent,
00:47:38 soit ils laissent entendre
00:47:40 que ça pourrait être eux.
00:47:42 Là, le déni
00:47:44 est vraiment...
00:47:46 Le non est absolument clair
00:47:48 de la part de Volodymyr Zelensky.
00:47:50 -On l'a entendu. -Ça peut être
00:47:52 l'opposition russe, et ça peut être...
00:47:54 -Une mise en scène. -Aussi une mise en scène
00:47:56 de Vladimir Poutine, qui est quand même
00:47:58 le grand maître dans l'art d'effectuer
00:48:00 ce type de mise en scène, pour
00:48:02 fomenter un attentat.
00:48:04 Alors là, l'attentat, personne n'y croit.
00:48:06 C'est pas deux petits drones qui vont
00:48:08 percer, qui vont réussir
00:48:10 à assassiner Vladimir Poutine, alors qu'il est sans doute
00:48:12 dans son bunker, caché
00:48:14 ailleurs, mais pas forcément... -En tout cas, pas au Kremlin.
00:48:16 -Pas forcément au Kremlin, mais si d'aventure
00:48:18 les propos de l'ancien président Dmitry
00:48:20 de Medvedev ont été assez durs, en disant
00:48:22 qu'il voulait l'élimination physique
00:48:24 de Volodymyr Zelensky, c'est ce qu'ils avaient prévu
00:48:26 au début de la guerre, alors est-ce que ça...
00:48:28 C'est les prémices
00:48:30 d'une opération russe ? -En tout cas,
00:48:32 Moscou parle de représailles.
00:48:34 On peut craindre le pire pour les Ukrainiens.
00:48:36 On va suivre ça grâce à vous,
00:48:38 dans sa Vogue Art, sur LCP.
00:48:40 Mais il faut lire Macron-Poutine.
00:48:42 Les liaisons dangereuses aux éditions
00:48:44 de l'Observatoire, ça commence
00:48:46 par un texte passionnant, 1937,
00:48:48 de l'historien Emmanuel Berle,
00:48:50 et tout était déjà dit.
00:48:52 Je renvoie nos lecteurs à cette
00:48:54 inquipite, comme on dit. Allez,
00:48:56 c'est l'heure d'accueillir nos affranchis pour leur parti pris.
00:48:58 Ils vont vous faire réagir. Bienvenue
00:49:00 à vous, les amis.
00:49:02 Thomas Lestavelle pour l'économie,
00:49:04 Vincent Huges pour l'international.
00:49:06 C'est à vous dans quelques instants. Bonsoir
00:49:08 à tous les deux, mais on commence comme chaque soir
00:49:10 par Bourbon Express. L'histoire du jour
00:49:12 à l'Assemblée nous est racontée ce soir par Stéphanie Despierres.
00:49:14 Bonsoir Stéphanie.
00:49:16 Journée difficile pour le gouvernement.
00:49:18 Oui Myriam, car l'opposition,
00:49:20 les communistes spécifiquement, ont
00:49:22 réussi à faire adopter une de leurs propositions
00:49:24 de loi. Il s'agit de la
00:49:26 réintégration des soignants non vaccinés.
00:49:28 C'est un combat de la gauche depuis
00:49:30 plusieurs mois qui a abouti ce matin.
00:49:32 Le gouvernement était clairement
00:49:34 contre, car le texte abroge
00:49:36 complètement l'obligation vaccinale
00:49:38 contre le Covid pour le personnel médical.
00:49:40 Le texte a été adopté
00:49:42 à 157 voix pour,
00:49:44 137 contre.
00:49:46 Toute l'opposition, les Républicains,
00:49:48 le Rassemblement national compris, a soutenu
00:49:50 les communistes face à des députés
00:49:52 de la majorité présidentielle qui n'étaient pas
00:49:54 assez nombreux dans l'hémicycle.
00:49:56 C'est une victoire pour les élus d'Outre-mer en pointe
00:49:58 contre cette vaccination obligatoire
00:50:00 pour les soignants.
00:50:02 Nous avons l'avis de l'HAS
00:50:04 qui considère que
00:50:06 l'obligation vaccinale n'a plus lieu d'être
00:50:08 appliquée. Du coup,
00:50:10 on fait un peu le bilan de cette période-là
00:50:12 et on corrige.
00:50:14 Et puis, on abroge la loi parce que
00:50:16 la loi n'a plus de justification.
00:50:18 L'argument évoqué par le gouvernement,
00:50:20 c'est de dire "si jamais il y a
00:50:22 un nouveau virus, etc." Mais on revient
00:50:24 devant le Parlement.
00:50:26 Le gouvernement a déjà décidé
00:50:28 de réintégrer les soignants, ce sera effectif
00:50:30 le 15 mai, mais l'exécutif voulait
00:50:32 se garder la possibilité de réactiver
00:50:34 cette obligation vaccinale en cas
00:50:36 de nouvelle épidémie. Alors, après le vote
00:50:38 à l'Assemblée et sur Twitter,
00:50:40 le ministre de la Santé a déploré
00:50:42 un mauvais signal. Il écrit "le complotisme
00:50:44 l'a emporté sur la science
00:50:46 lors des débats à l'Assemblée. La vaccination
00:50:48 est une arme de protection massive
00:50:50 mais les oppositions ont décidé d'envoyer un message
00:50:52 regrettable aux soignants."
00:50:54 Alors attention Myriam, cette proposition de loi n'est pas
00:50:56 définitivement adoptée, elle n'en est
00:50:58 qu'à la première étape de son parcours
00:51:00 législatif. - Donc, dans une liste parlementaire,
00:51:02 il y a plein de propositions de loi. Il y avait une autre bataille
00:51:04 qui a été appliquée pour le gouvernement, c'était EDF.
00:51:06 - Oui, et là, le débat était sur le point de se terminer
00:51:08 il y a quelques minutes, mais il s'est interrompu
00:51:10 pour la pause dîner
00:51:12 et là encore, le gouvernement
00:51:14 risque d'être mis en échec.
00:51:16 Cette proposition de loi s'oppose au
00:51:18 démantèlement d'EDF. Alors, le gouvernement
00:51:20 conteste tout projet de démantèlement,
00:51:22 il a abandonné Hercule, un projet
00:51:24 très controversé, mais les communistes
00:51:26 ont aussi intégré un deuxième volet
00:51:28 à cette proposition de loi, pas
00:51:30 exactement liée au statut d'EDF, mais au prix
00:51:32 de l'électricité. Ils veulent élargir le fameux
00:51:34 bouclier tarifaire aux petites entreprises,
00:51:36 aux artisans, aux commerçants,
00:51:38 notamment les boulangers, et c'est ça qui a donné
00:51:40 lieu aux débats les plus intenses cet après-midi.
00:51:42 - Ce n'est pas
00:51:44 vrai. Votre bouclier énergétique,
00:51:46 c'est un bouclier en carton, c'est
00:51:48 une passoire, et c'est même
00:51:50 et c'est même
00:51:52 et c'est même en plus un mille-feuille
00:51:54 bureaucratique
00:51:56 qui fait que nos artisans, nos
00:51:58 commerçants passent des heures et des heures à
00:52:00 remplir des papiers pour pouvoir
00:52:02 peut-être avoir droit à
00:52:04 quelques centaines d'euros d'aide.
00:52:06 - Les boulangers, nous les avons
00:52:08 accompagnés, comme les TPE,
00:52:10 comme les PME, et nous continuerons à le faire.
00:52:12 Mais attention à des dispositifs dont
00:52:14 je le répète, anti-constitutionnels,
00:52:16 insécures juridiquement, qui
00:52:18 mettront des mois à être négociés,
00:52:20 et qui coûteront à l'État une fortune.
00:52:22 - Une fortune,
00:52:24 selon le gouvernement, cela coûterait 11 milliards
00:52:26 d'euros. Qui va payer ? EDF
00:52:28 ou l'État ? C'est la question que le
00:52:30 camp présidentiel a posée toute l'après-midi
00:52:32 à l'opposition de gauche.
00:52:34 Ils estiment que ce texte
00:52:36 va affaiblir EDF et non pas le
00:52:38 protéger, comme le veulent les communistes.
00:52:40 Le ministre a clairement dit "ne votez
00:52:42 pas cette loi", et on a assisté
00:52:44 à partir de 19h à une course
00:52:46 contre la montre. Les députés de la majorité
00:52:48 tentaient de ralentir clairement
00:52:50 le débat pour éviter que le vote se
00:52:52 passe avant la pause dîner. Ils ont fait des
00:52:54 rappels au règlement, ils ont même tenté de
00:52:56 changer le titre de cette loi
00:52:58 et ils sont parvenus en tout cas à
00:53:00 retarder le verdict puisque le vote
00:53:02 n'aura lieu que dans la soirée.
00:53:04 - Merci beaucoup Stéphanie, c'était très
00:53:06 clair. Thomas Lestavelle,
00:53:08 on enchaîne avec vous. Bonsoir à vous.
00:53:10 Vous nous dites que la transition écologique
00:53:12 de l'Europe, le fameux Green Deal
00:53:14 européen, va tourner aux casse-têtes,
00:53:16 tourne déjà aux casse-têtes,
00:53:18 à cause des Chinois.
00:53:20 - Oui, encore eux, les Chinois.
00:53:22 On vient de se tenir à Copenhague, au Danemark,
00:53:24 le salon Wind Europe,
00:53:26 qui rassemble un peu tout le gratin de la filière
00:53:28 éolienne avec des boîtes comme EDF,
00:53:30 ENGIE ou Vattenfall. Et l'heure
00:53:32 n'était effectivement pas à la fête, avec l'inflation
00:53:34 des matières premières déjà, mais surtout
00:53:36 cette concurrence chinoise qui commence à miner
00:53:38 le secteur. Alors le leader historique des
00:53:40 éoliennes, c'est un Danois, Vestas,
00:53:42 il est en train de se faire rattraper à grands pas par
00:53:44 un Chinois qu'on connaît peu en Europe,
00:53:46 qui s'appelle Gold Wind, et qui risque de le dépasser
00:53:48 dès cette année. Il faut dire que Pékin
00:53:50 met le paquet sur l'éolien.
00:53:52 La prise de commande en bondit de 70%
00:53:54 en Chine l'an dernier, et en Europe, on est loin
00:53:56 de ces chiffres, évidemment. - Quand même, nous,
00:53:58 on est dans la course, ou pas, l'Union européenne ?
00:54:00 - L'Union européenne se veut volontariste,
00:54:02 effectivement, puisqu'on sait que le Green Deal
00:54:04 dont vous avez parlé est volontariste. Donc la commission
00:54:06 vise 42% d'énergie renouvelable
00:54:08 dans le mix énergétique d'ici à 2030,
00:54:10 et ça équivaut à peu près
00:54:12 à doubler la cadence d'installation des éoliennes
00:54:14 sur le vieux continent dans les années qui viennent.
00:54:16 Donc, a priori, bonne nouvelle. Mais le hic,
00:54:18 c'est que les équipementiers européens ne suivent
00:54:20 pas, notamment au niveau logistique, et que finalement
00:54:22 ces commandes risquent de bénéficier à leurs concurrents,
00:54:24 et notamment aux Chinois.
00:54:26 Les commissaires européens, c'est un peu l'ironie,
00:54:28 ils le reconnaissent eux-mêmes, puisque le projet
00:54:30 de décarbonation stipule qu'au moins 40%
00:54:32 de la demande de l'Union européenne
00:54:34 en technologies propres, dont les éoliennes,
00:54:36 doit être satisfaite par des entreprises européennes.
00:54:38 Mais ce que ça veut dire en creux, c'est que quand même
00:54:40 les 60 autres pourcents vont bénéficier
00:54:42 à des entreprises étrangères. - Alors, qu'est-ce qu'on peut faire ?
00:54:44 - Alors, déjà,
00:54:46 on l'a souvent dit, mais l'Europe a toujours été
00:54:48 trop naïve et il faut qu'elle cesse de l'être.
00:54:50 Elle accorde des subventions, alors si on prend
00:54:52 l'exemple des véhicules électriques, elle accorde des subventions
00:54:54 quelle que soit l'origine des véhicules,
00:54:56 quel que soit le lieu où ils ont été fabriqués.
00:54:58 Alors qu'en Chine, mais aussi aux Etats-Unis,
00:55:00 il faut que ce soit fabriqué sur le sol, effectivement.
00:55:02 Alors, on peut déjà se calquer sur ce type
00:55:04 de politique en fonction de la réciprocité,
00:55:06 et nous serons moins les dindons
00:55:08 de la farce. Après, il y a une question
00:55:10 aussi de réalisme logistique, il faut revoir
00:55:12 le calendrier de la décarbonation
00:55:14 pour s'assurer que les industriels européens
00:55:16 peuvent suivre le rythme, et là, c'est à la fois
00:55:18 dans les éoliennes, mais aussi l'automobile,
00:55:20 le bâtiment, etc. Et puis, enfin,
00:55:22 nous devons mettre un peu de protectionnisme dans les appels
00:55:24 d'offres sur les marchés publics, donc le Green Deal,
00:55:26 c'est bon pour la planète, mais il faut aussi protéger
00:55:28 les entreprises et les employeurs.
00:55:30 - Sortir de la naïveté une bonne fois pour toutes.
00:55:32 Merci beaucoup, Thomas, on enchaîne avec vous,
00:55:34 Vincent. Vous vouliez revenir
00:55:36 sur cette forme de guerre, presque
00:55:38 le mot n'est pas de trop, au Soudan.
00:55:40 - Eh oui, c'est l'histoire désespérément banale
00:55:42 d'un pays plongé dans le chaos par la
00:55:44 voracité de deux Soudars galonnés
00:55:46 par l'insatiable appétit de pouvoir
00:55:48 d'un duo de tyrannos en treillis,
00:55:50 hier alliés, désormais ennemis.
00:55:52 C'est aussi celle, guerre plus originale,
00:55:54 d'une dystopie de notre temps, en clair,
00:55:56 d'une utopie qui vire allègre. Au
00:55:58 printemps 2019, le Soudan parvient
00:56:00 à secouer le jour du despotisme,
00:56:02 sur fond d'insurrections citoyennes,
00:56:04 les caïds de l'armée,
00:56:06 et vincent alors Omar el-Bechir, qui,
00:56:08 en trois décennies, aura relégué
00:56:10 l'ancien condominium anglo-égyptien
00:56:12 au rang de dictatures militaro-islamistes.
00:56:14 Trente mois plus tard, le tandem,
00:56:16 que dis-je, l'association de malfaiteurs
00:56:18 que forment Abdel Fattah al-Bourhan
00:56:20 et Mohamed Hamdan Daghlow
00:56:22 s'abordent au prix d'un putsch, l'élan démocratique
00:56:24 insufflé par une société civile
00:56:26 d'une admirable pugnacité.
00:56:28 Le premier, al-Bourhan, prend les
00:56:30 rênes d'un conseil de souveraineté.
00:56:32 Le second, mieux connu sous le surnom de
00:56:34 Héméti, régente à ses côtés une
00:56:36 puissante milice, la force de soutien rapide,
00:56:38 dont les cadres ont orchestré jadis
00:56:40 l'implacable répression
00:56:42 de la région rebelle du Darfour.
00:56:44 - Alors, qu'est-ce qui a fracturé ce tandem ?
00:56:46 - On va passer sur le prétexte
00:56:48 invoqué, les modalités d'intégration
00:56:50 de la soldatesque Héméti
00:56:52 au sein des forces armées. Le vrai motif,
00:56:54 le voici, la volonté d'accéder
00:56:56 au statut de seul maître à bord
00:56:58 du rafio soudanais, quitte à précipiter
00:57:00 celui-ci sur les récifs de la
00:57:02 guerre totale, à coups de raids aériens
00:57:04 et de combats de rue à l'arme lourde,
00:57:06 deux caïmans dans le même marigot,
00:57:08 on connaît la rengaine. - Qu'est-ce qu'on peut faire ?
00:57:10 Comment rayer tout ça ?
00:57:12 - D'abord, il faut savoir que ce sont les
00:57:14 civils qui payent la note et qu'elle
00:57:16 est salée. Des morts par centaines,
00:57:18 des blessés par milliers, et des centaines
00:57:20 de milliers d'hommes, de femmes, d'enfants, condamnés à l'exode,
00:57:22 à l'exil, à une fuite éperdue vers l'Egypte,
00:57:24 le Tchad, l'Ethiopie, la République centrafricaine
00:57:26 ou le Soudan du Sud.
00:57:28 Et puis, en dépit de trêves aussi trompeuses
00:57:30 qu'éphémères, la loi des armes
00:57:32 entrave l'acheminement des vivres
00:57:34 et du matériel médical. Songez que moins de 20%
00:57:36 des hôpitaux ou dispensaires de carton
00:57:38 fonctionnent encore cas à cas.
00:57:40 Et qu'avant même cette éruption de violence,
00:57:42 la survie d'un tiers des 46 millions de Soudanais
00:57:44 dépendait de l'aide humanitaire internationale.
00:57:46 - On peut ou pas éviter ce carnage ?
00:57:48 - Bon, l'ONU s'y emploie,
00:57:50 vainement, tout comme avec plus ou moins
00:57:52 d'ardeur l'Union africaine, la Ligue arabe,
00:57:54 l'IGAD, une institution régionale,
00:57:56 l'Europe, les Etats-Unis, l'Arabie saoudite,
00:57:58 l'Egypte, mais voilà, trop de médiateurs
00:58:00 tuent toute médiation. D'autant que
00:58:02 certains de ces acteurs masquent
00:58:04 mal leurs calculs. Le Kher et son
00:58:06 maréchal président, al-Sissi, soutiennent
00:58:08 Al-Bourhan. Les Émirats penchent
00:58:10 pour Héméti. Les Saoudiens, princes
00:58:12 de l'équivoque, maintiennent deux
00:58:14 fers au feu, tout comme la Russie de Poutine,
00:58:16 qui est guidée depuis des lustres par une obsession,
00:58:18 installée dans le coin de Port-Soudan,
00:58:20 une base navale, précieux balcon
00:58:22 sur la mer Rouge. Le Kremlin
00:58:24 ménage Al-Bourhan, tandis que les mercenaires de la maison
00:58:26 Wagner, laquelle a investi dès
00:58:28 2017 dans les mines d'or locales,
00:58:30 livrent à Héméti Kalachnikov
00:58:32 et missiles solaires portables.
00:58:34 Il y a une certitude, pour terminer,
00:58:36 l'embrasement, s'il perdure, ne saurait être
00:58:38 circonscrit au seul territoire soudanais,
00:58:40 car il menace un voisinage instable,
00:58:42 allusion à l'afflux de migrants
00:58:44 vers des Etats fragiles, mais aussi au risque
00:58:46 d'attiser les braises de rébellions armées
00:58:48 enclines aux confins du Tchad et de la
00:58:50 Centrafrique à jouer à saut
00:58:52 de frontière. Les histoires de Pouche
00:58:54 finissent mal, mon général.
00:58:56 - Merci. Bon,
00:58:58 une réaction rapidement. Isabelle,
00:59:00 même le Soudan, ce petit pays-là,
00:59:02 n'échappe pas aux ambitions de la Russie ?
00:59:04 - Oui, mais alors je pense qu'on peut saluer
00:59:06 l'opération d'évacuation menée
00:59:08 par les forces armées françaises,
00:59:10 notamment les forces spéciales, qui ont
00:59:12 sorti de l'enfer mille personnes
00:59:14 et qui ont, en fait,
00:59:16 évacué de manière absolument magnifique
00:59:18 les expatriés, y compris
00:59:20 non-français, qui avaient
00:59:22 été, en fait,
00:59:24 laissés par leur gouvernement. Même les Etats-Unis
00:59:26 et même le Royaume-Uni avaient
00:59:28 évacué leurs diplomates, mais pas les profs,
00:59:30 par exemple. Et c'était une opération
00:59:32 très difficile à mener,
00:59:34 très dangereuse, quand même,
00:59:36 et c'est un savoir-faire, en fait...
00:59:38 Ça s'est très bien passé, et c'est un savoir-faire
00:59:40 qu'assez peu de pays... - Merci de nous le dire.
00:59:42 - ...procèdent, en fait. - Ça fait du bien,
00:59:44 quand il y a un truc pour l'art. - Alors, d'ailleurs,
00:59:46 voilà, la loi de programmation militaire arrive
00:59:48 à l'Assemblée la semaine prochaine, et on en reparlera.
00:59:50 Merci à tous.
00:59:52 Merci, messieurs. Merci, Stéphanie.
00:59:54 Et merci, Isabelle,
00:59:56 Macron-Poutine, les liaisons dangereuses,
00:59:58 c'est à lire aux éditions
01:00:00 de l'Observatoire. Très belle soirée
01:00:02 documentaire qui commence avec Jean-Pierre
01:00:04 Gracien, bien sûr. À demain.
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