Category
📺
TVTranscription
00:00 Comment ça s'est passé, tout ce début et cet engouement ?
00:03 J'avais l'impression de ne pas être dans la réalité.
00:09 C'était une espèce de rêve éveillé.
00:12 À un moment donné, j'aurais peut-être eu tendance à m'envoler,
00:19 mais heureusement, à cette époque-là, il y avait mon père
00:22 pour mettre sa main sur mon épaule.
00:24 D'Elvator, on garde les pieds sur terre.
00:27 Mais il y avait en même temps la conscience
00:32 que ça pouvait s'arrêter du jour au lendemain.
00:34 Est-ce que cette conscience est liée au fait que ça ne décolle pas tout de suite ?
00:38 Ce titre, "Il marche fort, il devient numéro un",
00:40 mais c'est déjà le sixième.
00:42 Et puis, il y a des radios, des télés qui sont un peu frileuses
00:46 à l'idée d'entendre votre voix.
00:48 Elle est qualifiée parfois de désagréable, même, je crois.
00:51 C'est violent pour un jeune homme.
00:53 Oui, c'est vrai que...
00:56 Pour passer sur les ondes de la Radio-Nationale, à l'époque,
01:00 il fallait passer devant un jury.
01:02 Et j'y suis passé, et on m'a refusé.
01:06 Plus tard, j'ai appris que Annie Cordy et Jacques Brel
01:11 avaient aussi été refusés.
01:13 -Ça rassure. -Ça rassure, bien sûr.
01:16 Et puis, bon, il a bien fallu qu'il me passe
01:20 parce que les gens écrivaient aux radios pour qu'on passe.
01:24 Et la première fois que j'étais reçu pour une interview
01:29 sur la RTB, à l'époque,
01:31 la première chose que m'avait dite la présentatrice,
01:35 c'est "Nous, on vous reçoit parce qu'on est forcés,
01:40 "mais on aime pas ce que vous faites."
01:42 Alors...
01:43 Et ma timide...
01:47 Ma timide audace et inconscience
01:50 m'a fait répondre "Moi non plus."
01:53 Et c'est...
01:54 Alors, je les ai sidérés.
01:56 Je me dis "Mais comment vous pouvez dire ça ?"
01:59 "Parce que j'ai d'autres chansons."
02:01 "Ah bon ? Quel genre ?"
02:03 J'ai dit "Écoutez, si vous avez 5 minutes,
02:06 "j'ai ma guitare dans ma voiture."
02:08 Je suis allé la chercher, et je leur ai chanté "Ma tête",
02:12 "J'ai raté le coche", "Le barbus en bas",
02:15 qui, en toute proportion gardée,
02:18 faisait sentir la filiation que j'avais malgré tout
02:22 avec Brassens, qui reste mon maître, avec Jacques Brel.
02:25 Ils étaient tellement étonnés qu'ils m'en ont fait enregistrer 12,
02:30 qui sont passées deux par jour pendant toute la semaine,
02:33 à tel point qu'on a fait un album
02:36 qui s'était intitulé "Chansons non commerciales".
02:39 -Bien joué, effectivement.
02:41 Vous avez votre papa, effectivement,
02:45 qui vous a accompagnés,
02:46 qui vous a...
02:48 En fait, qui croyait presque plus que vous ?
02:51 -À un moment donné, c'était le cas,
02:53 parce que c'est vrai que quand je me suis présenté
02:57 pour le crochet radiophonique, je l'ai fait à son insu,
03:00 parce que lui, tout ce qu'il voulait,
03:05 c'est que j'ai une promotion sociale
03:07 par rapport à son statut à lui,
03:11 et donc, avec la voix que j'avais,
03:14 et lui étant amateur d'opéra,
03:16 et m'étant fait maître à la porte de la chorale
03:20 de la paroisse Saint-Martin-Jeu-Map,
03:22 il ne comprenait pas comment j'osais chanter.
03:25 Donc, j'ai participé au crochet...
03:28 Mon savon d'op,
03:29 et c'est passé à l'antenne 15 jours après,
03:33 et là, je lui ai fait la surprise.
03:35 Et bien sûr, ses yeux ont brillé,
03:38 et même plus que brillé.
03:40 Et en effet, j'ai enregistré un disque,
03:42 deux disques, trois disques, cinq disques,
03:45 sans aucun succès.
03:47 Et là, j'étais convaincu que ma chance était passée,
03:51 et j'ai annoncé à mon père
03:53 que j'allais reprendre les études sérieusement.
03:56 Et c'est là qu'il m'a sidéré, il m'a dit "Non, non, non.
04:01 "Je sais ce que tu dois faire."
04:03 Et c'est lui qui est allé frapper à la bonne porte,
04:06 avec le disquaire de Jeu-Map, M. Donfus,
04:09 qui, pour les cinq disques sortis,
04:12 avait garanti une vente minimum de 500 disques.
04:15 Donc...
04:17 -Le jeu d'histoire de ces deux-là. -Aux membres de la famille.
04:20 -Merci.
04:21 Merci à tous !
04:23 [SILENCE]