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À l'approche des Flammes, la première cérémonie dédiée au rap français et lors desquelles il est nommé dans quatre catégories, Dinos était l'invité du 7h50 de France Inter, jeudi 4 mai.

Retrouvez les entretiens de 7h50 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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Transcription
00:00 Bonjour Dinos !
00:01 Bonjour, ça va ?
00:02 Ça va et vous ?
00:03 Ça va, oui.
00:04 Tranquille.
00:05 Vous avez 29 ans, votre dernier disque, "Hiver à Paris" est disque d'or.
00:08 En mars, vos fans ont rempli l'accord à l'Aréna, ça fait 20 000 personnes.
00:12 Dans une semaine exactement, vous serez au théâtre du Châtelet à Paris pour la première
00:17 édition de ce qu'on pourrait appeler les Victoires du Rap.
00:20 Le vrai nom c'est "Les Flammes" et vous êtes nommé dans quatre catégories.
00:23 Vous êtes donc Dinos, désormais une figure majeure du rap français et pourtant votre
00:29 premier album il y a cinq ans qui s'appelait "Imani", ça veut dire "La Foi".
00:32 Il y avait encore beaucoup de gens qui vous disaient que ça n'allait pas marcher.
00:37 Cette reconnaissance, c'est votre détermination, c'est énormément de travail.
00:42 Ça bosse dur un rappeur, non ?
00:43 Très dur.
00:44 Vous savez tout sur moi.
00:46 J'ai peur que vous connaissiez mon numéro de sécu.
00:49 Mais je ne vais pas le donner, je connais vous, absolument.
00:53 Comment vous bossez ?
00:54 C'est vraiment des années de boulot pour arriver à une telle reconnaissance ?
00:57 C'est énormément de travail mais ce qui est bien c'est que je suis toujours aussi
01:01 passionné.
01:02 Après autant d'années, je rap depuis presque 15 ans.
01:05 Vous avez dit que j'ai 29 ans, j'ai commencé il y a très longtemps.
01:08 J'avais quoi, 14 ans, 13 ans ? Et je suis toujours aussi passionné.
01:12 Donc c'est beaucoup de travail mais quand on est passionné on ne se rend pas forcément
01:14 compte à quel point on travaille.
01:16 Mais par exemple pour la Cor Arena, ça nécessitait énormément de travail.
01:20 Vous prenez encore des cours de chant, de solfège, c'est ça ?
01:22 Comment vous savez tout ça ?
01:25 Dites-nous, racontez, parce que moi je le sais mais les auditeurs ne savent pas.
01:32 Je prends des cours de chant, des cours de solfège, des cours de MAO, musique assistée
01:39 par ordinateur, des cours de Pro Tools, d'ingénierie du son.
01:42 On n'est jamais arrivé je pense.
01:45 Et il y a toujours quelque chose à savoir, surtout dans la musique.
01:47 On n'est jamais arrivé et on peut toujours perfectionner son art.
01:51 Mais vous, vous partez d'où ?
01:53 J'ai aussi lu que vous aviez beaucoup écouté les vinyles de votre papa.
01:58 Oui, j'ai eu de la chance de grandir dans une maison où il y avait énormément de
02:01 vinyles et ça me permettait d'avoir une certaine longueur d'avance.
02:06 Admettons que lorsque j'écoutais une chanson, je connaissais déjà le sample.
02:10 Une chanson de rap ou peu importe, je connaissais le sample parce que c'est quelque chose que
02:13 j'avais écouté à la maison.
02:14 C'était plus facile pour comprendre comment le sample a été flippé, le BPM, le tempo,
02:20 la tonalité, etc.
02:21 Mais quoi par exemple comme musique ? Ça peut aller, c'est du jazz, c'est Georges
02:25 Moustaki ?
02:26 Franchement c'est tout, du Celia Cruz, du Curtis Mayfield, du Prince, Michael Jackson,
02:32 Shadé, Destiny Child, tout ce que vous voulez.
02:35 Alors un peu d'histoire, vous avez 6 ans quand vous arrivez du Cameroun, le petit Jules
02:39 Jambi.
02:40 Vous habitez à la cité des 4000 à la Courneuve.
02:42 Dans vos textes, on la trouve la cité, on trouve le 9-3, on trouve la banlieue.
02:46 Vous en parlez, mais avec vous, Dinos, on est loin du rap viril ou des halls d'immeubles.
02:52 Dinos, c'est ça.
02:53 Je suis peu influençable, je pense à mon Bercy pendant mon Zenith, je penserai à mon
02:58 divorce pendant mes fiançailles.
02:59 La peine, ça s'érite, un peu de sincérité, je vous déteste pas parce que même la haine,
03:04 ça se mérite.
03:05 Je suis près de Saint-Trope, mes amis du lycée me demandent ce que je deviens, je leur
03:08 réponds que je suis devenu misanthrope.
03:09 Même les psychologues ont des psychologues, peur de demander conseil à quelqu'un qui
03:13 demande conseil à un autre.
03:15 J'ai dit à ma mère qu'en six mois, j'ai pris 300.
03:17 1000 euros, elle m'a dit qu'en six mois, j'ai pris trois ans.
03:20 Ainsi est l'orage.
03:21 Ainsi est l'orage.
03:22 Vous vous référez dans vos textes à Baudelaire, à Victor Hugo, à Charles Aznavour.
03:26 Ce qui vous inspire, vous, c'est l'intime, l'introspection et dans le dernier album
03:31 en particulier, votre situation de transfuge de classe.
03:34 Parce que maintenant, vous êtes un bobo.
03:35 Un parisien.
03:36 Non, disons pas que je suis un bobo, c'est quand même un grand mot.
03:42 Les Nike, la Rolex, c'est pas si facile apparemment quand même.
03:46 Non, je pense qu'à un moment donné, le succès, on se rend pas forcément compte
03:51 qu'on a du succès.
03:52 C'est les gens autour de nous qui se rendent compte avant nous qu'on a du succès.
03:55 Et une fois qu'on se rend compte que ça fonctionne pour nous, on se dit "ah, en fait
03:58 ma vie elle a changé".
03:59 Mais j'étais tellement dans le feu de l'action que je me suis pas rendu compte à quel point
04:02 ma vie changeait.
04:03 J'étais tellement en train de travailler que je ne me rendais pas compte.
04:05 Et c'est les gens autour de toi qui réalisent avant toi que t'as du succès et que ta
04:09 vie change.
04:10 Et ça c'est dur, le regard des autres.
04:12 - Ça vous angoisse un peu ? Il y a de la mélancolie, il y a de l'angoisse dans vos
04:15 textes ?
04:16 - Il y a de la mélancolie depuis le début de ma carrière.
04:18 Et je sais pas si je peux parler d'angoisse, je peux parler de mélancolie et peut-être
04:25 de préoccupation, de questionnement.
04:28 Je me pose plein de questions, je me suis toujours posé énormément de questions.
04:31 Ouais, c'est des questionnements sur la vie, sur la société dans laquelle on vit, sur
04:34 plein de choses.
04:35 - Plein de choses dont les femmes, vous en parlez des femmes.
04:38 Et d'ailleurs, votre mémé, elle est sur trois albums des petits messages de votre
04:41 mémé.
04:42 Vous écrivez sur la pression qu'elles encaissent les femmes au sujet de leur image, de leur
04:45 corps, le rap macho qui parle mal des filles, qui compte peu de rappeuses encore.
04:50 Pour vous aujourd'hui, est-ce que ce sont des clichés sur ce genre musical ?
04:53 - Il y a énormément de clichés sur le rap.
04:56 Mais on va les casser.
04:57 - Et les femmes, c'est pas un problème ?
05:01 - Dans quel sens ?
05:03 - Dans les paroles, dans le fait qu'il y a encore peu de rappeuses, est-ce que le rap
05:07 fait une place aux femmes ?
05:08 - Je ne suis pas persuadé que le rap et les femmes soient un problème.
05:11 Je suis persuadé que les femmes et la société, c'est peut-être un problème.
05:15 Et il y a beaucoup de rappeuses, finalement.
05:18 Il y en a beaucoup.
05:19 C'est juste que peut-être qu'on ne se rend pas compte.
05:23 Il y a énormément de rappeuses, énormément de rappeuses talentueuses, même des rappeuses
05:27 par exemple nominées aux Flammes.
05:28 Il y a une rappeuse qui s'appelle Lala Hayes qui est très forte.
05:30 Je ne sais pas, je peux vous dire des noms que vous ne connaîtrez pas.
05:33 - Vous pourriez essayer.
05:36 - Alors, vous avez quand même dans les thèmes que vous traitez, il y en a un qui n'est
05:41 pas très commun.
05:42 Vous avez traité le thème de l'homophobie.
05:43 La chanson s'appelle ADN.
05:44 Pourquoi c'était important pour vous de traiter ce thème ?
05:48 - Moi je parle de choses qui me… comment dirais-je ? Je parle de choses de la vie,
05:57 plein de choses sur lesquelles je me pose des questions.
05:58 Et à un moment donné, je me suis dit qu'aucun rappeur n'avait parlé de ça et que c'était
06:02 peut-être important de le faire.
06:03 Et j'ai fait une sorte de storytelling dans lequel je me mettais dans la peau d'un personnage,
06:08 etc.
06:09 - C'est une chanson d'excuses.
06:10 - D'excuses, oui.
06:11 En tout cas, une sorte de storytelling.
06:13 Et je me disais que c'était peut-être important de faire ça.
06:16 Et je pense que la musique sert avant tout, l'art sert avant tout à passer des messages.
06:21 Et passer ce message-là, c'était beau pour moi.
06:24 Et c'était important.
06:25 Donc je l'ai fait.
06:26 Tout simple que ça.
06:27 Je ne me suis pas posé énormément de questions.
06:29 Je fais juste ce qui me passe par la tête et je l'ai juste fait.
06:32 - La France, c'est le deuxième marché pour le rap après les Etats-Unis.
06:35 On ne le sait pas toujours ça.
06:36 On y croise des quinquagénaires comme Aké Natho que vous avez invité sur votre album.
06:41 Aussi bien que des tout jeunes, Fave, je crois qu'il a 18 ans.
06:44 Le directeur du Printemps de Bonge dit que le rap, la scène française est frénétique.
06:48 Est-ce que c'est la nouvelle variété française, le rap ?
06:52 - Bonne question.
06:54 Je pense que c'est la nouvelle musique du peuple.
06:57 En tout cas, c'est la musique la plus écoutée.
06:59 - Du peuple, c'est-à-dire populaire.
07:01 - C'est la musique populaire.
07:03 Après, c'est la musique la plus écoutée au monde finalement.
07:06 Et je pense que cette musique a encore de très longs jours devant elle parce que c'est
07:12 une musique hybride qui s'inspire d'autres styles musicaux.
07:14 C'est-à-dire que je ne sais pas, il y a une époque où il y a eu du rap électro, du
07:19 rap dubstep, il y a du rap avec des samples, il y a de la trap, il y a de la jersey, il
07:22 y a de la drill.
07:23 - Et on est fort nous les Français ?
07:24 - On est super fort.
07:26 On est super fort.
07:28 Aujourd'hui, un artiste comme Jul a inspiré une grande partie de l'Europe, l'Espagne,
07:33 les Pays-Bas.
07:34 Une chanteuse comme Ayana Kamoura a été numéro 1 aux Pays-Bas pendant des mois.
07:39 On est super doués.
07:42 - Et est-ce que le rap français a la place qu'il mérite ? Au printemps de Bourges,
07:45 vous avez poussé un petit coup de gueule pour passer d'une scène un peu excentrée
07:48 à la scène principale, le W.
07:50 Quand vous avez chanté au César avec Charlotte Gainsbourg, vous avez remercié l'Académie
07:54 des Césars et vous avez dit "il était grand temps d'ouvrir la porte au rap".
07:57 Vous voulez dire quoi ?
07:58 - Que je sois le premier rappeur à performer au César, c'est un très grand honneur.
08:05 Et je voulais que d'autres rappeurs passent après moi.
08:11 Et c'était important pour moi juste d'ouvrir la porte et d'être le premier à faire quelque
08:15 chose et que les autres suivent.
08:17 J'aimerais bien, moi vous me parliez de Favé, moi j'aimerais bien avoir Favé ou je sais
08:20 pas, Aya ou peu importe, ou un autre rappeur, ou Ninho au César et être dans mon salon
08:27 regarder les Césars et je sais pas, entre Catherine Deneuve et Tahar Rahim, voir un
08:32 rappeur débarquer.
08:33 - Vous trouvez que pour l'instant il est trop surprésenté ? Dans une semaine il y
08:36 aura les Flammes, cette cérémonie dédiée au rap dans toutes ses nuances.
08:40 C'est quand même une alternative aux victoires de la musique.
08:43 - Alternative ? Je dirais pas ça.
08:44 Je dirais, je sais pas, un complément ? Complément c'est le bon terme.
08:48 Alternative je pense pas parce que les Flammes c'est quand même une cérémonie qui récompense
08:52 cette culture populaire, la musique populaire, le rap.
08:57 Et les victoires, ça concerne pas uniquement le rap, il y a de la variété, il y a de
09:03 la pop, il y a plein de choses.
09:04 Les Flammes c'est ce truc de, c'est comme les BET Awards on va dire aux Etats-Unis par
09:09 exemple.
09:10 - Dino, donc les Flammes, ça sera dans une semaine, le 11 mai.
09:15 Merci d'avoir accepté notre invitation, on vous entendra avec une performance et ça
09:19 sera diffusé sur les réseaux sociaux.
09:22 - Exactement.

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