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00:00 et un moment où votre fille Isabelle a été emmenée de force aux États-Unis.
00:04 – Oui, son père l'a enlevée pour m'embêter,
00:07 parce que c'est moi qui avais décidé de divorcer,
00:12 il ne l'a pas supportée, le macho, le machin,
00:16 mais moi, quand je suis passée devant le juge avec lui,
00:20 le juge m'a dit "mais compte tenu de..."
00:23 enfin, je ne vais pas rentrer dans les détails,
00:26 "est-ce que vous acceptez que votre fille voie son père ?"
00:28 J'ai dit "mais je ne vais jamais empêcher ma fille de voir son père,
00:31 ça sera un week-end sur deux comme d'habitude".
00:34 Voilà, et c'est là qu'il a profité d'un week-end où il l'avait, que hop !
00:38 – Mais c'est un kidnapping, c'est pareil.
00:40 – C'est un kidnapping, j'ai prévenu tout de suite Interpol,
00:43 il a été arrêté aux États-Unis.
00:45 – Incroyable !
00:47 – Parce que moi j'étais sûre qu'il était parti là-bas,
00:48 parce qu'il m'avait envoyé quelqu'un pour, je ne sais plus quoi,
00:53 pour me rassurer, soi-disant, tu parles,
00:56 et moi j'étais très inquiète parce que...
00:59 – Il était parti avec votre fille ?
01:00 – Il était parti avec ma fille et je ne savais pas quand je la reverrai.
01:03 Donc Interpol a fonctionné très très bien,
01:05 parce qu'elle est partie un mois, un mois et demi,
01:08 et ils me l'ont ramenée directe à la maison avec deux assistantes.
01:12 – Mais c'est traumatisant, non ?
01:13 – Pour moi ça a été terrible,
01:15 ça a été l'une des épreuves les plus terribles de ma vie.
01:17 – Ah ouais, à ce point-là ? – Ah ben oui !
01:18 – Comme si on voulait voler votre fille ?
01:19 – Vous savez, ma fille, c'est ma fille,
01:21 j'ai eu tellement de mal à l'avoir,
01:23 puisque je ne pouvais pas avoir d'enfant, à cause de la guerre.
01:26 – Ah oui, d'accord.
01:27 – Parce que la guerre, ça fait des traumatismes énormes,
01:31 mentalement mais physiquement.
01:32 – D'accord, ok, ah ça grave, c'est grave.
01:34 – Oui, parce que j'ai gardé un utérus d'une petite fille de 5 ans.
01:39 – Ah bon, d'accord.
01:40 – Mon utérus ne s'est jamais développé,
01:42 et chaque fois que j'attendais un bébé, au bout de deux mois,
01:45 paf, je faisais un avortement spontané.
01:47 – D'accord, ok.
01:47 – Parce que je ne pouvais pas le garder, mon corps n'était pas fait.
01:50 – Il rejetait. – Il rejetait, donc.
01:53 Un jour, j'ai eu du pot de tomber sur un très très bon gynécologue,
01:58 qui m'a dit "mais Pierrette, on va faire tous les examens possibles,
02:00 vous voulez avoir d'enfant".
02:01 Je dis "ben oui, je ne demande que ça".
02:03 Alors il m'a fait faire des examens, tout, et il a compris,
02:07 il a vu que mon utérus n'était pas du tout développé.
02:10 – D'accord.
02:11 – Alors il m'a questionné, et je lui ai raconté l'histoire de la guerre,
02:13 où j'avais été traumatisée par les sirènes.
02:16 – D'accord, le corps en fait…
02:17 – Ah ben le corps s'est bloqué.
02:20 Donc il m'a dit "j'ai une solution, je peux vous opérer, mais je garantis rien".
02:25 – D'accord.
02:25 – "Après, il faudra rester un an sans aucun rapport,
02:28 le temps que tout se cicatrise exactement, et tout, et tout".
02:33 Donc, moi j'ai sauté sur l'occasion, je lui ai dit "oui, oui, oui, il faut m'opérer,
02:37 je veux absolument avoir un enfant, je veux avoir un enfant".
02:40 Alors j'avais même acheté un très beau portrait de Renoir,
02:45 une… comment dire… une réplique, une reproduction,
02:48 où on voyait la petite fille brune avec des longs cheveux,
02:50 qui coiffait la petite fille blonde avec des longs cheveux.
02:53 – C'est moi la mère et c'est…
02:55 – Et j'ai dit "non, je veux cette petite fille blonde,
02:58 c'est elle que je…", je l'avais mise au-dessus de mon lit, puis je priais.