Le fabricant de jouets Mattel a présenté sa première Barbie à l’effigie d’une porteuse du syndrome de Down, ou trisomie 21, dans le but de rendre sa célèbre gamme de poupées plus inclusive. Éléonore Laloux, ambassadrice de la poupée Barbie trisomique, était l’invitée de BFMTV.
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00:00 Léonore Lalou et Emmanuel Lalou.
00:02 Léonore, vous êtes ambassadrice de cette poupée.
00:05 A quel point êtes-vous fière d'en être l'ambassadrice, de la représenter aujourd'hui ?
00:11 A quel point selon vous c'est important qu'elle existe aujourd'hui ?
00:14 Je trouve que cette Barbie qui est en 2021 pour moi,
00:23 elle a toute sa place parmi toutes les Barbies et en plus elle représente la Trisomie 21.
00:34 Je trouve que c'est hyper important.
00:36 Oui, on va la regarder grâce à Boris Karlamoff qui l'a en main,
00:39 qui va nous montrer justement à quel point elle est censée bien vous représenter.
00:45 Boris, montrez-nous.
00:46 Hop, la voici, cette nouvelle Barbie dite Trisomie.
00:50 Première vue Aurélie, difficile d'y voir une différence avec les anciens modèles.
00:54 Mais quand on y regarde d'un peu plus près, on note quelques disparités.
00:57 C'est en réalité une poupée Trisomie conçue en collaboration avec l'Organisation américaine du syndrome de Down.
01:03 C'est l'autre nom de la Trisomie 21.
01:05 Elle présente plusieurs traits physiques associés à la Trisomie 21.
01:09 Tout d'abord Aurélie, le visage est bien plus rond que la Barbie historique.
01:14 Les oreilles sont bien plus petites.
01:16 On va essayer de vous montrer ça à l'antenne.
01:19 Et puis surtout le nez, il est beaucoup plus aplati que sur les anciens modèles.
01:22 Et puis il y a les paumes de la main, puisqu'on remarque qu'il n'y a qu'une seule ligne horizontale à la différence des anciens modèles.
01:31 Et puis quant à la robe de cette poupée, elle est couverte de fleurs bleues et jaunes, aux couleurs de la Trisomie 21.
01:37 Idem pour le collier aux trois petits chevrons qui se situent ici, qui est un autre symbole de cette maladie.
01:43 Et regardez, elle porte même des attelles au tibia dont certains enfants trisomiques ont besoin pour soulager leur cheville.
01:50 Oui, il faut la montrer. Soulevez-la encore un peu plus haut pour qu'on la voit bien.
01:54 On voit ce qu'on appelle les orthèses ou des attelles qui aident à soutenir la cheville.
01:59 Mais vous n'en aviez pas eu besoin, il me semble, Eleonore Lalou.
02:02 Je vais poser une question à votre père qui est à côté de vous, Emmanuel Lalou.
02:05 J'ai vu dans une interview aux Parisiens, vous vous disiez "c'est bien que cette Barbie existe et il ne faut pas en faire un cliché".
02:11 Pourquoi dites-vous ça ?
02:13 Parce qu'en fait, je pense que l'objet, il est l'inclusion.
02:19 Et si on passe dans l'exagération, ça va être trop.
02:23 Et je pense qu'aujourd'hui, c'est assez subtil pour être accepté tout en marquant une différence.
02:29 Oui, l'idée c'est que ça puisse peut-être aider à changer les mentalités.
02:33 Et là, je vais m'adresser à vous, Eleonore. Est-ce que vous pouvez nous raconter votre histoire ?
02:38 Parce que vous, petite, vous avez été harcelée, c'est ça ?
02:42 Harcelée, je ne crois pas, non.
02:48 J'ai eu quelques moqueries et quelques maltraitances.
02:54 C'était quoi ?
02:57 À l'époque du collège.
03:06 À l'époque de l'université, j'avais fait une lettre de tentative de suicide.
03:16 C'est-à-dire que j'avais mal dans ma peau et que je vivais mal.
03:24 Ma lettre est de 2021 et là, maintenant, je le vis bien.
03:29 Et qu'est-ce qui fait justement que ça va mieux ?
03:32 Parce que mes regards, petit à petit, ils ont commencé à changer.
03:48 Parce que j'ai écrit un livre qui s'appelle "Trésor et alors", dont je suis autrice.
04:00 Après, il y avait aussi le collectif "Les Amis d'Eleonore".
04:11 Le collectif "Les Amis d'Eleonore" a changé encore plus.
04:23 J'ai eu beaucoup de regards positifs.
04:26 Je suis tellement contente.
04:32 Et après, petit à petit, il y a l'association "Down Up"
04:43 qui s'est créée il y a 37 ans.
04:55 Mes regards ont encore changé. Encore et encore.
05:01 Oui, les regards ont changé. C'est le but de cette Barbie.
05:04 Parce qu'il ne faut pas le voir comme un gadget.
05:07 Emmanuel Lalou, quand votre fille nous raconte qu'elle subissait des moqueries,
05:13 je crois qu'on lui mettait des chewing-gums dans les cheveux,
05:16 même elle avait dû se couper les cheveux à cause de ce qu'Eleonore subissait,
05:21 elle vient nous dire qu'elle est terrible, cette lettre de suicide qu'elle avait écrite.
05:25 On se dit qu'avec cette poupée qui sera dans la main des petites filles ou des petits garçons,
05:30 le regard va changer. C'est ça l'espoir ?
05:33 C'est ça l'espoir, effectivement, c'est de changer le regard.
05:37 Maintenant, il faudrait que les enfants voient et perçoivent toutes ces différences
05:43 pour qu'ils puissent les accepter.
05:45 Je pense que c'est important qu'on leur montre la différence quand ils sont très jeunes
05:48 pour qu'ils soient aussi des adultes avec un regard beaucoup plus ouvert à la différence.
05:54 Parce que votre vie à tous les deux, c'est un combat permanent ?
05:57 Ça l'a été en tout cas ?
06:01 Ça l'a été, ça l'est encore, c'est pas qu'à nous deux.
06:05 Je pense qu'on est une famille qui est dans ce combat, une famille complète.
06:09 Parce que je pense que l'acceptation pour nous d'Eleonore,
06:13 pour la faire accepter dans le milieu ordinaire et pour que ce milieu ordinaire soit bienveillant
06:19 et créer un accompagnement de qualité pour qu'Eleonore puisse vivre une autonomie de vie,
06:26 c'est important et qu'aujourd'hui, toutes les choses sont à construire hors de l'institution.
06:31 Et votre histoire, Eleonore, elle est incroyable.
06:34 Il y a le livre dont vous parliez et puis il y a le fait que maintenant, vous êtes conseillère municipale.
06:38 Vous ne ratez aucun conseil municipal.
06:41 C'est ça.
06:43 En fait, le secours municipal délégué à la transition inclusive et au bonheur.
06:51 Et pour la transition inclusive, je me bats pour que les personnes qui sont en situation de handicap
07:01 soient incluses de la société et qu'elles puissent être scolarisées, vivre et travailler dans le milieu ordinaire.
07:16 Je trouve que c'est important qu'il y ait des personnes qui soient formées en entreprise
07:21 pour mieux accompagner les personnes qui sont en situation de handicap.
07:26 Oui, vous vous battez pour eux et vous êtes une femme heureuse aujourd'hui.
07:30 Oui. En ce moment, je suis heureuse parce que j'ai tout l'amour de mes parents et aussi toute ma famille.
07:43 Et c'est grâce à eux que je leur dois.
07:50 Merci beaucoup à tous les deux d'avoir accepté cette interview avec nous.
07:54 Je remercie aussi Pauline Delevoye.
07:57 On voit donc cette Barbie qui sera disponible à partir de cet été.
08:00 Je crois qu'on peut déjà la commander en ligne.
08:03 C'est aussi une belle opération pour Mattel.
08:05 Oui, effectivement.
08:06 La question est tout à fait légitime sur l'argument en marketing de cette poupée
08:10 face au nombre très important de modèles créés par le fabricant.
08:13 Mais le fabricant de cette poupée a initié depuis bien longtemps cette politique d'inclusion.
08:18 On a déjà vu les modèles de poupées noires ou encore des modèles de Barbie handicapées
08:23 en passant même par la Barbie qui fait tous les métiers,
08:27 à commencer par le métier de pompier, encore journaliste ou encore même astronaute.
08:33 Et aujourd'hui, le modèle Barbie trisomique, objectif que les enfants se sentent mieux,
08:38 qu'ils aient plus de facilité à accepter leur différence,
08:41 reconnaître la différence de chacun dans la représentation de la société.
08:45 C'est aujourd'hui un enjeu crucial que certaines marques commencent enfin à assimiler.
08:49 Et c'est loin d'être juste un argument de vente Aurélie.
08:52 Merci beaucoup.