SMART TECH - L'interview : Léo Briand (Vittascience)

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Jeudi 27 avril 2023, SMART TECH reçoit Léo Briand (Cofondateur et président, Vittascience)

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Transcript
00:00 ...
00:05 -Un plateau un peu plus féminin que d'ordinaire.
00:08 Je suis ravie pour ce débrief de l'actu.
00:11 Nous avons Cécile Doutriot, avocate, fondatrice
00:14 du cabinet Jury Défense Avocat, Henri Dagrain, délégué général
00:17 du CIGREF, Anne Cousin, avocate associée.
00:20 Bonjour à tous les trois.
00:21 On va ensemble commenter cette actualité riche.
00:24 On a dû faire des choix, d'ailleurs,
00:27 autour de la tech et du numérique.
00:29 D'abord, je propose qu'on découvre cette initiative,
00:32 présentée par Léo Briand. Bonjour, Léo.
00:34 Vous avez réussi à travailler
00:37 avec le ministère de l'Education nationale
00:40 pour lancer une plateforme qui va permettre aux enseignants
00:43 et à leurs élèves de découvrir la machinerie
00:46 derrière les algorithmes, ce qui se passe derrière
00:49 les réponses fournies par ces intelligences artificielles.
00:53 C'est une plateforme inédite.
00:55 Vous voulez démystifier l'IA.
00:57 Est-ce que vous pensez, parce que vous êtes également
01:00 le vice-président de l'AFINEF,
01:02 l'association qui regroupe les acteurs
01:04 du numérique éducatif français,
01:06 est-ce qu'il vous semble qu'à l'Education nationale,
01:09 à l'école, du côté des enseignants,
01:11 on prend le sujet "Chat GPT",
01:13 "intelligence artificielle", par le bon bout ?
01:16 -C'est une bonne question.
01:18 Je trouve qu'on a deux types de réactions chez les enseignants
01:21 face à l'intelligence artificielle.
01:23 D'un côté, des peurs, il faut le dire,
01:26 il y a des gens qui se disent que les élèves vont pouvoir tricher,
01:29 qu'ils vont moins apprendre,
01:31 et que l'IA va se substituer éventuellement aux enseignants.
01:35 Ca suscite des craintes.
01:36 Et de l'autre côté, de l'espoir,
01:38 puisqu'avec l'adaptive learning,
01:40 la capacité d'adapter les exercices en fonction du niveau des élèves,
01:44 on peut mieux apprendre et optimiser le temps qu'on passe,
01:48 notamment en aidant les élèves fragilisés.
01:50 -On se pose les bonnes questions.
01:53 -C'est ça.
01:54 -On a une sorte de hype en ce moment.
01:56 Une sorte de...
01:57 Les enseignants parlent beaucoup de ça.
02:00 C'est un sujet qui fait beaucoup parler.
02:02 Je trouve que c'est une bonne chose,
02:04 même si on entend des choses un peu éloignées de la réalité.
02:08 On a des mythes qui refont surface.
02:10 -Avec VitaSciences, vous, l'objectif,
02:12 c'est de démystifier l'IA en fournissant une plateforme
02:15 qui va permettre de jouer avec ces algorithmes.
02:18 Expliquez-nous comment ça fonctionne
02:21 et à qui ça s'adresse.
02:22 Quand on parle de l'école, c'est assez vaste.
02:25 -VitaSciences existe depuis 5 ans.
02:27 On s'est donné pour mission de démystifier les sciences
02:30 et le numérique.
02:31 On a commencé avec la programmation informatique.
02:34 Depuis quelques années, c'est obligatoire
02:37 pour les élèves de collège et de lycée.
02:39 On apprend le code à l'école, au collège et au lycée.
02:42 -On l'apprend bien, le code, à l'école ?
02:44 -Je trouve que oui.
02:46 La France, dans ses programmes scolaires,
02:48 est un des pays au monde
02:50 où il y a le plus de code officiellement.
02:52 La vraie question, c'est l'accompagnement des enseignants.
02:55 Dans le programme, vous allez devoir apprendre Python.
02:58 Si les enseignants ne sont pas formés
03:01 pour qu'ils puissent l'apprendre, c'est moins probable.
03:04 Il y a des programmes de formation qui sont lancés depuis 5 ans
03:07 qui prennent du temps et ça marche plutôt bien.
03:10 L'ambition portée par le Conseil supérieur des programmes,
03:13 c'est que la France soit un des pays
03:15 qui ait le plus de code numérique dans les programmes scolaires.
03:19 -Vous formez au code, mais à la data science ?
03:22 -C'est ça. L'IA...
03:23 -C'est un peu ambitieux. -C'est pas au programme.
03:26 -Dès la primaire. -A part, pour l'instant,
03:28 on a une ligne sur l'IA dans l'enseignement scientifique
03:32 en terminale. On en parle un peu.
03:34 Il y a aussi des options,
03:35 sciences de l'ingénieur et numérique,
03:38 puis on prépare.
03:39 Aujourd'hui, l'IA reste cantonnée
03:41 à toute petite partie du programme.
03:43 Il y aura des réformes, notamment du collège,
03:46 qui arriveront bientôt, d'ici un an et demi.
03:49 Il y aura plus d'IA,
03:50 car c'est en train de bouleverser la société.
03:52 L'Education nationale va devoir se saisir du sujet
03:55 pour que les élèves sachent quoi faire avec,
03:58 quels sont les bénéfices de l'IA, mais aussi ses limites,
04:01 et qu'on soit capable de mieux l'appréhender.
04:04 C'est un sujet qui dépasse largement l'école.
04:07 C'est un sujet sociétal.
04:08 -Avec votre plateforme VitaSciences,
04:10 vous vous démarrez dès la primaire ?
04:13 -Oui. On a fait un outil très simple à utiliser,
04:15 qui peut s'utiliser dès la primaire.
04:18 Il faut savoir lire, c'est tout.
04:20 Dès le CP, potentiellement.
04:21 Il permet de comprendre les mécanismes derrière l'IA.
04:24 On remarque que l'IA, on va lui prêter des capacités
04:28 qu'elle n'a pas.
04:29 C'est très impressionnant quand on voit l'outil.
04:32 On peut se dire qu'il va remplacer tous les métiers du monde.
04:35 Toutefois, ce n'est pas le cas.
04:37 -Il y en a un qui a dit qu'il n'était pas impressionné.
04:40 Il s'appelle Yann Lequin, patron de l'IA.
04:43 On en parlera tout à l'heure.
04:44 -On essaie d'expliquer comment ça fonctionne
04:47 et de montrer que c'est des calculs mathématiques
04:50 complexes, mais compréhensibles, même par des élèves de primaire,
04:54 pour que les gens voient que c'est une succession de calculs
04:57 qui permettent d'opérer.
04:59 -Qu'est-ce que vous leur mettez entre les mains ?
05:02 -On a décidé de se concentrer pour l'instant
05:05 sur les images et les sons,
05:06 car on s'est dit que c'était le plus visuel et parlant.
05:10 Concrètement, l'outil permet d'entraîner.
05:12 On va faire deux catégories d'images.
05:15 On va donner des images avec ou sans masque.
05:17 On va entraîner l'IA pour qu'elle soit capable de dire
05:21 si la personne a un masque ou non.
05:23 C'est une IA très simple.
05:24 C'est quelque chose qui peut être fait dès le primaire.
05:28 Les élèves peuvent prendre des photos et tester l'outil.
05:31 Ils vont comprendre ce que l'IA permet de faire.
05:34 On fait pareil avec le son.
05:36 -C'est plus compliqué dans les modèles de langage ?
05:39 -Oui, mais finalement, chez AGPT,
05:41 si on réfléchit au sujet, comment ça fonctionne,
05:44 c'est qu'on a un outil qui prend le texte passé
05:47 et qui prédit le prochain mot.
05:49 Il répète l'opération pour le prédire à chaque fois.
05:52 Quand on réfléchit à ça, on se dit qu'il n'a pas de conscience.
05:56 Il est juste capable d'optimiser le prochain mot
05:59 et de le prédire au mieux.
06:00 -Il faut bien le rappeler.
06:02 -C'est intéressant. Une fois qu'on a compris ça,
06:05 ça peut créer des déclics où on se dit
06:08 que l'on n'a pas de conscience,
06:10 qu'on n'a pas envie de dominer le monde
06:13 et qu'on ne peut pas faire de choses.
06:15 C'est un outil qui est capable de prédire le prochain mot.
06:18 -Comment on peut le démontrer ?
06:20 -C'est l'objet de notre expertise.
06:23 On ouvre la boîte noire pour montrer le réseau de neurones.
06:27 -Comment vous le montrez ?
06:28 -On montre quand on...
06:30 Je vous invite à aller sur l'outil.
06:33 Sur le site vitascience.com,
06:35 il y a un onglet "Intelligence artificielle".
06:38 On va entraîner le modèle pour l'optimiser.
06:41 On va voir les neurones et les liens entre eux.
06:43 -C'est une sorte de mapping...
06:46 De mapping, pardon,
06:47 qui se déroule sous nos yeux.
06:49 -C'est exactement ça.
06:51 -Et ça ne demande pas du tout de...
06:53 Vous avez dit qu'il faut savoir lire.
06:56 Ca ne demande pas de compétences mathématiques ?
06:59 -Pour comprendre les grandes lignes, non.
07:02 Pour rentrer dans le détail, un peu.
07:04 C'est des opérations simples, des additions et des multiplications.
07:09 Mais ça n'a pas sa capacité à faire des calculs très complexes.
07:12 C'est la quantité.
07:14 Des milliards de calculs sont faits pour chaque prédiction.
07:18 Si on commence un mot sur "chat GPT",
07:20 "je m'appelle" et "qui veut compléter",
07:23 le calcul pour dire le prochain mot est très complexe.
07:26 Ca soulève des enjeux énergétiques.
07:29 L'IA est consommatrice d'énergie très fort.
07:31 "Chat GPT", ça coûte des centaines de millions d'euros de serveurs.
07:36 Mais c'est à des coûts énormes qui accélèrent les réchauffements.
07:40 -Ca soulève aussi des enjeux de protection des données personnelles.
07:44 Vous adressez la question du nom de la personne.
07:48 Vous vous adressez aussi cette question ?
07:50 -Oui. -À travers VitaSciences ?
07:52 -On a fait le choix que l'IA tourne dans le navigateur.
07:55 Aucune donnée n'est transmise sur un serveur.
07:58 On essaie de sensibiliser les élèves à ça.
08:01 C'est aussi pour ça que le ministère de l'Education
08:04 a créé le dispositif "EduUp".
08:06 C'est un dispositif du ministère de l'Education nationale
08:10 pour soutenir les initiatives innovantes
08:12 dans le numérique.
08:14 Entre 10 et 20 sociétés sont lauréates chaque année.
08:17 Si vous lancez une startup...
08:19 -C'est ouvert à tous.
08:20 Les startups peuvent venir travailler avec l'Education.
08:24 C'est très compliqué.
08:25 -Cette subvention, "EduUp", c'est la plus "ouverte".
08:29 Si vous avez une idée et que vous lancez une startup,
08:32 on vous invite à le faire.
08:34 Il faut vraiment aller sur "EduUp".
08:36 C'est le premier guichet de financement du ministère.
08:40 C'est l'équivalent de la bourse French Tech dans la BPI.
08:43 C'est ce qu'on conseille souvent d'aller regarder
08:46 en tant que startup.
08:48 Cette question des données personnelles,
08:50 on l'a traitée relativement bien
08:52 car on est sur un usage local.
08:54 On n'envoie pas de données dans le cloud,
08:57 contrairement à des outils.
08:59 C'est pour ça qu'il y a plus au ministère
09:02 cette notion de sensibiliser les élèves
09:04 à la protection des données.
09:06 -C'est une plateforme qui s'adresse
09:08 aux élèves de la primaire
09:10 jusqu'aux élèves du lycée, jusqu'à la terminale.
09:13 Il y a un mode de complexité qui évolue avec l'élève.
09:17 -C'est ça. Exactement.
09:18 -Et avec l'enseignant.
09:20 L'enseignant apprend en même temps que l'élève ?
09:23 -Les deux.
09:24 On fait souvent des webinaires, des vidéos,
09:27 des ressources d'accompagnement pédagogique
09:30 pour aider les enseignants qui découvrent le sujet.
09:33 Comme tout le monde.
09:34 -Une question ?
09:35 -Ca m'intéresse beaucoup.
09:37 En parallèle, mon activité d'avocate, j'enseigne.
09:40 La question de chat GPT et de l'intelligence artificielle
09:44 se pose constamment.
09:46 Avec mes étudiants, plutôt au niveau Master 2,
09:49 on travaille sur des sujets
09:50 qu'ils traitent à la fois,
09:52 ils demandent à chat GPT de traiter
09:55 et qu'ils font en parallèle.
09:57 C'est très intéressant de voir...
09:59 Ca leur permet de développer un esprit critique
10:02 et de dépasser ce que chat GPT peut leur proposer.
10:05 Mais ça a des effets, un peu,
10:07 le côté sombre et lumineux de la force,
10:09 où certains étudiants peuvent être tentés de l'utiliser
10:13 pour ne plus effectuer un effort ou un travail.
10:16 On ne va pas se le cacher.
10:17 Il y a une université à Strasbourg
10:19 qui a dû annuler des examens
10:21 parce que les élèves avaient utilisé chat GPT.
10:24 Mais d'un autre côté,
10:26 c'est un excellent moyen, ce que vous développez,
10:29 dans la mesure où de comprendre le système,
10:32 le fonctionnement au niveau technique,
10:34 leur permet d'aiguiser plus leur esprit critique.
10:37 Ils sont demandeurs.
10:39 -Et les enseignants aussi.
10:40 -Bien sûr. -On en a énormément besoin.
10:43 Un mot, Henri ?
10:44 -Je vous trouve un peu sévère
10:46 avec le ministère de l'Education nationale.
10:49 Je trouve que la direction du numérique pour l'éducation,
10:52 qui est dirigée par Audrain Le Baron,
10:55 fait énormément d'efforts...
10:57 -Qui est bienvenue sur ce plateau.
10:59 -Pour accompagner les EdTech.
11:01 Et il y a un salon comme Educatech, Educatis...
11:04 -Le plus grand rendez-vous annuel.
11:07 -Vous pouvez écouter aussi Henri Educapital
11:10 et Marie-Christine Levesque,
11:12 qui expliquent la difficulté pour passer à l'échelle.
11:15 -Oui, c'est vrai.
11:16 L'éducation nationale est une machine très compliquée en France.
11:21 On peut pas être simplifié de ce point de vue-là.
11:23 -Il y a des initiatives.
11:25 Évitation, c'en est la preuve.
11:27 -Et puis la FINEF, je suis vice-président
11:30 de cette association qui regroupe une centaine d'acteurs
11:33 du numérique éducatif.
11:35 Il y a eu une forte augmentation du nombre de structures
11:39 qui se lancent dans le milieu.
11:41 Il y a des échecs, mais comme dans tout secteur,
11:44 il y a eu une large augmentation du nombre de structures
11:48 et la DNE, Direction du numérique éducatif,
11:50 vient soutenir une partie.
11:52 -On est dans un mouvement très positif,
11:55 je sens, pour attaquer le débrief de l'actu.

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