L'invité du jour - Samuel Benchetrit

  • l’année dernière
Chroniqueurs : Thomas Sotto et Maud Descamps 


Après une tournée triomphale, « Maman » la pièce de Samuel Benchetrit revient à Paris au théâtre Edouard VII. L’occasion de recevoir l’auteur et metteur en scène pour partager un café avec lui !

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Transcript
00:00 L'invité de Télématin aujourd'hui, c'est l'auteur et metteur en scène Samuel Benchetrit.
00:04 Bonjour.
00:05 Bonjour.
00:06 Bienvenue.
00:07 On est ravis de vous recevoir.
00:08 Alors on a plein de choses chouettes à voir avec vous.
00:09 Il y a d'abord la reprise de votre pièce au théâtre Edouard VII, la pièce Maman avec
00:14 Vanessa Paradis, dans laquelle vous jouez aussi.
00:16 Et puis il y a aussi la sortie de ça.
00:17 C'est le tome 4 des Chroniques de l'asphalte chez Grasset.
00:20 C'est absolument génial.
00:21 Alors on va commencer avec le théâtre, Samuel Benchetrit.
00:23 Est-ce que c'est plus facile ou plus compliqué de partager la scène avec celle qui est sa
00:28 femme dans la vraie vie ?
00:29 Ça dépend des couples, je pense.
00:31 Nous, c'est très facile.
00:33 C'est très agréable.
00:34 Ça fait peur au début.
00:36 Et puis tout de suite, on a vu qu'on s'amusait beaucoup.
00:39 Pourquoi ça fait peur au début ?
00:41 Parce que c'est quand même mélanger l'intimité, d'être beaucoup ensemble.
00:46 C'est comme si vous faisiez cette émission avec votre femme.
00:50 C'est un drôle de truc.
00:52 Mais au final, c'est tellement joyeux en même temps.
00:55 Puis c'est une pièce d'amour.
00:56 Ce n'est pas un couple qui se déchire sur scène.
00:58 Au contraire, c'est un couple qui s'aime.
00:59 Alors c'est plutôt agréable.
01:00 Au départ, c'est Eric Elmosnido qui jouait le rôle avant que la pièce soit reprise.
01:05 Qu'est-ce qui vous a donné envie de monter sur les planches pour cette pièce-là ?
01:09 Non, je n'ai pas eu envie du tout.
01:10 C'est qu'Eric n'a pas pu faire la tournée.
01:14 Je n'ai pas trouvé d'acteur pour le remplacer parce que ce n'était pas facile de trouver
01:17 un acteur qui rattrape un petit peu.
01:19 J'étais le candidat le plus possible puisque j'ai l'âge à peu près et qu'il fallait
01:25 y aller.
01:26 Vanessa Paradis, il a fallu la convaincre de monter sur les planches.
01:29 C'est la première fois pour elle.
01:30 Comment vous avez réussi à lui donner envie de vous suivre dans ce projet ?
01:33 J'avais fait du théâtre avant, beaucoup, et ça avait été merveilleux pour moi.
01:37 C'était un peu comme un voyage que j'aurais fait magnifique qu'elle n'aurait jamais
01:41 fait.
01:42 Donc, j'avais envie de l'emmener dans ce pays-là.
01:44 Et elle avait envie de faire du théâtre depuis longtemps.
01:46 C'est vraiment une femme de scène.
01:48 Elle est actrice, elle fait des concerts.
01:50 Et les deux ensemble, c'est sûr que ça allait lui aller comme un gant.
01:53 J'avais écrit il y a très longtemps un premier acte, le premier acte de cette pièce
01:57 qu'elle a lue et elle a aimé.
02:00 Donc, j'ai écrit le reste pour elle.
02:01 Ça a été écrit pour elle ? C'était elle dans le rôle dès le départ selon vous ?
02:04 Oui, oui, oui, vraiment.
02:05 Alors, cette pièce pose plusieurs problèmes.
02:08 Elle est géniale, elle est drôle, elle est touchante, elle est émouvante.
02:10 Mais comment on peut la raconter sans la spoiler ? Qu'est-ce qu'on peut en dire ? Elle
02:14 n'est pas facile à raconter.
02:15 C'est vrai.
02:16 C'est très difficile de raconter les choses de toute façon.
02:18 C'est vrai.
02:19 J'ai lu hier quelque chose qui m'a fasciné de Claude Sautet.
02:22 Claude Sautet, on lui disait « racontez-moi vos films ».
02:24 Il dit « les choses de la vie, c'est un mec qui a un accident de voiture ».
02:27 C'est ça.
02:28 Vingt-cinq ans sur trois, les autres, c'est des gars qui vont à la campagne.
02:30 Et c'est vrai que ce n'est pas facile.
02:31 Là, c'est l'histoire d'une femme qui ferme son magasin, elle vend des vêtements
02:34 pour femmes enceintes.
02:35 Elle attend un taxi la nuit, elle a un manteau de fourrure et il y a un jeune gars qui passe
02:38 et qui la prend pour une prostituée, ce qu'elle n'est pas.
02:40 Et elle, elle va le prendre pour autre chose en fait.
02:43 Et puis après, c'est le rapport du couple.
02:44 Et quand on a dit ça, on n'a rien dit tant qu'on n'a pas vu la pièce.
02:46 Ce n'est pas facile, c'est dommage parce qu'il y a un peu une sorte de surprise à
02:50 la fin.
02:51 C'est jusqu'au 20 mai.
02:52 Est-ce que la pièce va repartir en tournée derrière ?
02:54 Non, là c'est la fin.
02:55 C'est sûr ?
02:56 Oui, c'est sûr.
02:57 Parce qu'à un moment donné, le théâtre, ça se termine et c'est comme ça.
03:00 Vanessa, elle l'a joué beaucoup depuis longtemps et puis il faut que ça se ferme
03:04 à un moment.
03:05 Ça va arrêter.
03:06 Alors, il y a la pièce, mais il y a aussi vos géniales chroniques de l'asphalte.
03:09 Ce qui est très rassurant, c'est que c'est numéro 4 sur 5.
03:11 Donc, il y en aura un autre, c'est publié chez Grasset.
03:13 C'est le carnet intime de votre adolescence, ce bouquin.
03:16 Comment on fait pour écrire ces carnets d'enfance quand on a, pardon, pris 35 ou 40 ans de
03:21 plus ?
03:22 Je vais avoir 50 ans dans deux mois.
03:23 Ah, ben moi aussi, on peut faire une fête ensemble si vous voulez.
03:24 Vous êtes de juillet ?
03:25 Juin.
03:26 Vous êtes beaucoup plus vieux que moi.
03:27 Moi, je suis votre aîné.
03:28 Je vous dois le respect.
03:29 Non, sérieusement, vous aviez pris des notes à l'époque, c'est tout réécrit après,
03:34 c'est tout réinventé ?
03:35 C'est ça.
03:36 C'est une sorte de cabane mentale, une cabane d'enfance dans laquelle je vais parfois me
03:42 réfugier.
03:43 Ces chroniques sont un mélange de réalité, de fiction, de choses qui reviennent.
03:48 La plupart des histoires partent d'une réalité et puis elles sont ensuite romancées.
03:53 Mais ce n'est pas vos carnets intimes de quand vous aviez 15 ans ?
03:56 Un petit peu aussi.
03:57 Un petit peu quand même.
03:58 Il y a un mélange, par exemple, les personnages, le décor de cette cité HLM.
04:02 Et puis surtout, j'essaie de… c'est un regard tendre sur les banlieues.
04:07 Mon sujet, c'est vraiment la tendresse.
04:09 C'est un peu de raconter autre chose que ce qui se dit souvent de la violence des jeunes
04:15 en colère et tout ça.
04:16 Ce qui existe, bien sûr, mais de parler un peu d'autre chose.
04:19 Alors votre livre commence avec une histoire assez drôle, c'est celle d'Abdelkrim
04:23 Bouglawi qui devient un peu la star de la cour de récré puisqu'il est censé tourner
04:27 dans le clip de Daniel Balavoine, celui de la chanson "L'Aziza" qu'on adore.
04:31 Regardez, on a retrouvé une petite archive.
04:33 Alors, ça ne va pas se passer vraiment comme prévu pour Abdelkrim.
04:57 Pourquoi est-ce que vous avez commencé par cette histoire ?
05:00 C'est parce que Balavoine, c'est un peu le marqueur de votre époque ?
05:02 Oui, il y avait cette première histoire.
05:04 Je ne les écris pas dans cet ordre, mais on a choisi de la mettre en premier puisque
05:09 cette histoire, elle résumait un peu tout ce qu'était le livre.
05:11 C'est-à-dire, il y a la bande.
05:13 C'est vraiment Balavoine qui est vraiment une figure des années 80 incroyable.
05:16 Et puis, cette histoire d'un môme qui est choisi pour jouer dans un des milliers
05:21 d'enfants dans le clip de Balavoine au Maroc et qui devient une star en une heure.
05:24 Elle est vraie, cette histoire ?
05:25 Elle est vraie.
05:26 Oui, elle est vraie.
05:27 Vous avez changé les noms en revanche ?
05:28 Oui.
05:29 Je ne me rappelle pas des noms à ce point-là des garçons.
05:33 Alors, des marqueurs de cette génération comme Balavoine, il y en a plein dans le bouquin
05:37 "L'agence touriste" qu'on va écouter.
05:38 Le générique de "L'agence touriste", je crois qu'on l'a ressorti.
05:40 Bono, le groupe du tout, la série K2000 avec la voiture et ses phares à l'avant.
05:44 Vous connaissez le parole ou pas ?
05:48 Je connais le début.
05:54 C'est ça.
05:55 L'agence touriste, c'est vraiment… Et puis après, on se demande ce qu'il se passe.
05:57 Et puis, il y a aussi un chapitre sur l'humoriste Smaïn et je crois que ça l'a touché, Smaïn.
06:02 Regardez.
06:03 Bonjour mon cher Samuel.
06:05 J'ai appris que vous aviez porté votre plume d'auteur dans votre livre et que vous avez
06:12 fait une petite éloge du sketch que j'ai écrit il y a bien longtemps de ça.
06:19 Le fameux "T'en veux".
06:21 Je suis très heureux d'avoir fait rire toute une génération et puis surtout très heureux
06:25 d'avoir fait éclater de rire le grand auteur que vous êtes.
06:28 Alors ça, ça me touche vraiment beaucoup, beaucoup.
06:32 Ça me touche beaucoup.
06:33 C'est incroyable d'écrire sur un personnage qui vous renvoie un mot.
06:36 C'est magnifique.
06:37 Smaïn, c'était une légende pour nous.
06:39 On l'adorait.
06:40 C'était vraiment l'idole parce qu'il avait quelque chose.
06:42 C'était le premier.
06:43 Et puis, surtout, c'était irrésistiblement drôle.
06:47 Et puis surtout, ça raconte quelque chose aussi.
06:49 C'est qu'à cette époque, il y avait beaucoup plus de culture dans les quartiers, dans les
06:53 cités HLM.
06:54 Là, je viens de faire une tournée avec ma pièce de théâtre.
06:56 Je ne suis pas allé jouer une seule fois dans une…
06:58 Dans des banlieues.
06:59 D'autres dans des banlieues un peu plus riches peut-être, mais pas des quartiers comme ça.
07:03 Et puis je crois que Smaïn, il a donné naissance à tellement de…
07:07 C'est quelqu'un d'important.
07:09 On en parle vraiment mal des banlieues, nous, les journalistes, dans les infos, tout ça, sincèrement.
07:12 Je pense qu'on en parle d'une façon sensationnelle.
07:15 Toujours.
07:16 Souvent.
07:17 Je ne veux pas dire toujours parce qu'il y a aussi des journalistes qui en parlent très
07:20 bien, mais c'est vrai que ce qui peut inquiéter les gens, les faire peur, les mettre dans
07:25 une insécurité, c'est facile de montrer ça, de détourner, mais il y a d'autres
07:28 gens qui y vivent.
07:29 Et je trouve que…
07:31 J'imagine les gens en banlieue qui se voient à travers les médias, ça doit être assez
07:36 violent, quand même.
07:37 C'est l'impression que j'ai, comme ça.
07:39 Samuel Benchetrit, vous restez avec nous ?
07:40 Oui.
07:41 On va marquer une courte pause et on se retrouve juste après.
07:42 Oui.
07:43 *musique*

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