Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau
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00:00 - Docteur Millot, bonjour Brigitte. - Bonjour.
00:02 - Vous nous parlez ce matin d'une pandémie silencieuse
00:04 qui pourrait être la plus grande cause de mortalité à l'horizon 2050,
00:07 l'antibio-résistance, et vous nous donnez quelques pistes intéressantes.
00:12 - Oui, quand vous parlez de grande pandémie,
00:15 l'Organisation des Nations Unies estime que ce sera la première cause de mortalité
00:19 avant les cancers, avant les maladies cardiovasculaires à l'horizon 2050,
00:23 avec une révision de mort chaque année.
00:25 - Notre résistance aux antibiotiques.
00:27 - Il faut rappeler quand même que les antibiotiques sont des médicaments merveilleux
00:30 qui ont sauvé des milliers de vies.
00:32 Avant, on mourait d'un panary, d'une infection dentaire, d'une infection pulmonaire,
00:36 de tuberculose. Ils ont vraiment sauvé des millions de vies.
00:40 Le problème, c'est le mésusage. Ce ne sont pas les antibiotiques qui sont remis en cause,
00:44 mais c'est le mésusage, le mauvais usage des antibiotiques.
00:47 Déjà, la surprescription, ils sont partout. On les prend pour un oui, pour un non.
00:52 Parfois, l'indication n'est pas la bonne.
00:55 Par exemple, pour une grippe, quand on sait que c'est viral,
00:58 il ne faut pas donner des antibiotiques.
01:00 - Il y a encore des médecins qui font ça.
01:02 - Oui, il y a encore des gens qui font ça, parce que parfois, ce n'est pas évident.
01:05 Même une angine, on ne sait pas si elle est bactérienne, si elle est virale.
01:07 Et puis, il y a aussi une demande des patients qui veulent des antibiotiques aussi, une pression.
01:11 Oui, mais il y a tout ça. Les antibiotiques sont partout,
01:14 dans l'élevage, l'agriculture, ils sont absolument partout.
01:17 Il faut respecter des règles strictes, on va y revenir.
01:22 Mais surtout, ce qu'il faut comprendre, c'est que les antibiotiques, ils sont efficaces sur quoi ?
01:27 Sur les bactéries. Et les bactéries, ce sont des êtres vivants.
01:31 Et les êtres vivants, quand on les attaque, qu'est-ce qu'ils font ? Ils résistent.
01:36 Et donc, les bactéries font comme tout le monde,
01:38 elles font de la résistance quand on les attaque, quand on essaye de les détruire.
01:42 Donc voilà, le problème, c'est que maintenant, on a vraiment du mal à soigner.
01:45 C'est un petit peu comme si on venait en arrière,
01:48 quand je vous disais avant, on mourait d'un panary, d'une infection dentaire.
01:51 Il faut vraiment qu'on arrête, qu'on prenne conscience de ce mésusage des antibiotiques.
01:58 Je vous le disais sur prescription, mauvaise indication.
02:01 Alors l'idéal, pour arriver à lutter, il y a plein de choses à faire.
02:05 Il y a évidemment la prévention, ce serait formidable.
02:08 C'est-à-dire de plus être malade, mais ça, ce n'est pas si facile que ça.
02:11 Mais on peut quand même respecter quelques règles d'hygiène,
02:14 la vaccination qui peut vous permettre d'éviter quand même certaines maladies.
02:18 Après, il y a des choses toutes simples.
02:21 On ne s'auto-médique pas.
02:23 Là, c'est parfois l'auto-médication, c'est l'auto-LOTO.
02:27 On fait un peu n'importe quoi.
02:30 On ne s'auto-médique pas. On attend le diagnostic du médecin.
02:33 Ce n'est pas parce qu'un médicament a marché sur mamie Michel
02:38 qu'il va marcher sur sa fille Brigitte.
02:40 Enfin, je veux dire, c'est Marie.
02:42 C'est... Voilà.
02:44 On arrête l'auto-médication.
02:46 Et on va chez le médecin et on attend...
02:48 Et surtout, on respecte les doses.
02:51 Quand il vous dit 2 comprimés matin, 2 comprimés soir,
02:54 on n'en prend pas qu'un en disant "ça suffira".
02:57 Non, on prend les deux le matin, les deux le soir.
02:59 S'il faut cette dose-là, c'est qu'il faut cette dose-là.
03:01 Quand on vous dit 8 jours ou quand on vous dit...
03:04 Ce n'est pas parce que ça va mieux au bout de 3 jours qu'on n'a plus de symptômes
03:07 qu'il faut les arrêter.
03:09 Si vous avez mis 8 jours, c'est parce qu'il faut 8 jours.
03:11 Si vous avez mis 3 semaines, c'est parce qu'il faut 3 semaines.
03:14 Vous voyez ? Et parfois, comme on va mieux, on se dit
03:17 "Oh bah super, là j'ai plus mal à la gorge, j'ai plus rien, tout va bien et tout."
03:20 Sauf que l'antibiotique a détruit les premières bactéries,
03:24 les plus fragiles, on va dire,
03:26 mais après il reste les autres, les plus résistantes.
03:28 Et au contraire, vous risquez une réinfection
03:30 avec des bactéries qui ne fonctionnent...
03:32 Des antibiotiques qui ne fonctionneront plus sur les bactéries qui restent.
03:35 Vous voyez ? Il y a... Vraiment, il faut respecter toutes ces règles.
03:40 Après, il y a des pistes à l'étude, sérieuses,
03:44 pour trouver justement...
03:46 Parce qu'en fait, ça fait des années qu'on n'a plus trouvé de nouveaux antibiotiques.
03:50 Mais là, il y a des pistes comme la transplantation fécale.
03:53 La transplantation fécale, c'est que...
03:55 Par exemple, ça existe déjà, on traite des gens comme ça.
03:58 Il y a une bactérie, Clostridium difficile,
04:00 on n'a plus aucun traitement pour arriver à la soigner.
04:03 Qu'est-ce qu'on fait ? On prend le microbiote d'un individu,
04:06 on va le transplanter à un autre individu,
04:09 et ça permet de traiter un microbiote sain.
04:13 On enlève le malade et on lui met l'autre microbiote sain,
04:17 et ça permet de traiter ces gens à 90%.
04:21 Donc voilà. Après, il y a ce qu'on appelle la phagothérapie.
04:24 Savez-vous ce que c'est qu'un phage ?
04:26 - Non, un phage, c'est manger. - Voilà, phage, c'est manger.
04:30 C'est un virus. Je vous présente un virus, un phage.
04:33 Il y en a des millions sur Terre.
04:36 Quand vous avalez la tasse, par exemple, je ne sais pas si ça vous arrive, Romain,
04:39 mais si vous avalez la tasse, vous avalez environ 50 millions de phages.
04:42 Ils sont partout, etc.
04:44 - Quand on boit la tasse dans l'eau de mer. - Oui, dans l'eau de mer,
04:47 ils sont absolument partout.
04:49 Et ces phages, ce sont des prédateurs naturels des bactéries.
04:53 C'est-à-dire qu'en fait, vous voyez là, regardez, ils attaquent une bactérie.
04:56 Hop, hop, hop, ils se mettent dessus et ils vont la détruire.
04:59 Donc la phagothérapie, ça existe.
05:01 - Un petit verre d'eau de mer. - Pardon ?
05:03 - Il faut prendre un petit verre d'eau de mer ? - Non, non.
05:06 Il faut trouver le bon phage adapté à la bonne bactérie et bien le purifier, évidemment.
05:11 C'est très utilisé en Europe de l'Est.
05:13 Là, l'Inserm travaille énormément sur cette piste.
05:16 Après, il y a encore deux autres pistes dont je voulais vous parler qui sont à l'essai.
05:21 Il y a l'éligobiotique, c'est-à-dire...
05:23 "Éligo", ça veut dire "choisir". Élire quelqu'un, c'est le choisir.
05:26 L'éligobiotique, c'est un antibiotique.
05:29 Les antibiotiques, c'est des armes de destruction massive.
05:34 Ça détruit un peu tout, même votre flore intestinale, etc.
05:37 Là, ce sont des snipers. Hop, hop, hop, ils vont arriver.
05:40 Ils vont cibler uniquement la bactérie en cause.
05:44 Ensuite, l'intelligence artificielle qui a permis de trouver notamment un médicament
05:49 qui était fait pour le diabète, et bien non, qui est un excellent antibiotique,
05:52 la lycidine, bref.
05:54 Donc il y a plein de pistes comme ça à l'essai pour lutter contre l'antibioresistance.
05:58 Mais en attendant, respectez bien les bonnes indications,
06:01 à la bonne dose, pendant la bonne durée.
06:03 Ça, on a bien compris le message. Merci, Dr.
06:05 Merci, à bientôt.
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