• il y a 2 ans

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00:00 Mais pour l'instant, notre invité ce matin, c'est Claude Bordebaillac, co-gérant de l'entreprise Paul Baillac.
00:05 Il répond à vos questions. Mathias Kern.
00:07 Bonjour Claude Bordebaillac.
00:09 Oui, bonjour à tous.
00:10 Merci d'être avec nous ce matin sur France Bleu.
00:12 Béarn Bigor, vous êtes le maire de Noustim et c'est en tant que gérant, co-gérant de l'entreprise Paul Baillac
00:17 qu'on vous invite ce matin.
00:19 Il y a cette inscription qui nous a interpellés, qui a dû en intriguer plus d'un sur la route de Tarpe, sur votre boutique.
00:26 Cette inscription, "La grippe aviaire nous a tués".
00:29 C'est cash, c'est volontairement sous les yeux de tous.
00:32 Pourquoi avoir affiché ça sur la boutique ?
00:35 Oui, c'est un ressenti un petit peu fort effectivement de faire cette annonce
00:38 parce que depuis 7 ans, nous vivons une grippe aviaire conséquente.
00:43 Donc sur 7 années d'exploitation, nous avons subi 5 années de grippe aviaire.
00:48 Effectivement, nous avons résisté, mais je dirais que nous sommes morts malheureusement les armes à la main.
00:54 Notamment sur cette conserverie qui était un outil collectif
00:57 qui a été créé pour la transformation des produits locaux.
01:01 Il y avait une autre dimension également, c'était de favoriser la transformation de tous les produits locaux.
01:07 Donc plus que la grippe aviaire, c'est vraiment la succession de ces grippes aviaires qui vous a tués, comme vous dites.
01:13 Voilà, ça a été une succession et je dirais qu'au fil des ans,
01:17 on a eu plusieurs problématiques puisque nous avons eu effectivement
01:22 les problèmes sanitaires que nous avons connus avec le Covid.
01:25 Nous avons connu également cette grippe aviaire.
01:28 Nous avons connu également des difficultés économiques,
01:33 que ce soit pour les consommateurs, mais également pour la conserverie
01:37 puisque une conserverie est un outil qui consomme énormément d'énergie,
01:43 mais également des produits autres comme les bocaux,
01:46 comme pas mal de produits d'emballage.
01:50 Donc on a subi de plein fouet les augmentations successives de tous les produits aujourd'hui,
01:57 mais nous ne sommes pas non plus les seuls malheureusement dans cette situation-là.
02:01 C'est ce que j'allais vous dire, ça concerne quasiment toutes les entreprises,
02:04 au sein évidemment des factures d'énergie,
02:06 mais vous, qu'est-ce qui vous a mis dedans plus que les autres ?
02:09 Vous êtes un cas isolé ou pas dans la filière canard en tout cas ?
02:13 Dans la filière canard, non, puisque malheureusement depuis quelques années,
02:17 on voit bien cette difficulté aussi bien sur les petites entreprises
02:21 que sur les grosses entreprises et acteurs majeurs du Sud-Ouest,
02:25 que sont nos coopératives, donc on voit bien la difficulté de ce secteur d'activité.
02:29 Et ce que je soulignerais un petit peu, c'est l'inertie
02:33 et le manque de réactivité depuis 7 ans,
02:37 puisque ça fait 7 ans que cette crise dure,
02:39 et on voit bien que peu de choses ont été réalisées.
02:43 Ça veut dire que la filière n'a pas été suffisamment aidée, pour le dire comme ça ?
02:46 Oui, on peut le dire clairement, puisque nous à titre personnel,
02:49 nous avons eu des PEGE refusées.
02:52 Donc des prêts garantis par l'État, mais qu'il faut rembourser de toute façon, c'est un prêt.
02:56 Donc effectivement on ne les a pas eus,
02:58 c'était peut-être pas la solution non plus,
03:00 mais bon, ça nous aurait peut-être permis de durer un peu plus longtemps
03:04 dans cette branche-là.
03:07 Est-ce que vous dites aussi au fond que le vide sanitaire,
03:11 c'est une mesure trop radicale, et que vous, en tant que conserverie,
03:15 mais vous êtes aussi éleveur, vous avez aussi de la production,
03:20 est-ce que c'est trop radical de couper comme ça,
03:22 et de fermer le robinet, et surtout quand ça revient tous les ans ?
03:27 Alors effectivement c'est une situation et un contexte radical.
03:31 Cela dit, il faut prendre des mesures,
03:33 donc il fallait prendre des mesures sanitaires, on n'avait pas le choix.
03:36 La seule chose qu'on pourrait regretter,
03:39 c'est que tous les produits, ou les bêtes abattues,
03:43 auraient pu être consommées, pour partie.
03:48 Donc on a eu vraiment, je pense qu'on a les problèmes de riches,
03:51 je pense aujourd'hui en France, sur des situations,
03:55 sur des décisions drastiques de ce type-là.
03:57 Et c'est peut-être ce qui vous fait aussi le plus mal au cœur,
04:00 quand vous voyez toutes ces bêtes qui ne seront pas consommées finalement.
04:05 Oui, c'est vraiment du gâchis.
04:06 Comment ils font justement les autres pour s'en sortir ?
04:08 Est-ce que d'autres vont suivre ?
04:10 Est-ce que d'autres conserveries, comme vous,
04:11 pourraient fermer ces prochains temps ?
04:13 Oui, je discute pas mal avec des collègues.
04:15 Effectivement, nos conserveries locales sont en difficulté économique,
04:20 donc je ne sais pas vers quel système on va aller.
04:22 Est-ce qu'il faut aller, on voit bien qu'on va vers la mondialisation également.
04:26 Donc effectivement, il faut avoir des gros outils pour vivre.
04:31 Après, on voit bien qu'on a des systèmes un petit peu,
04:34 je dirais, qui sont pipés, parce qu'on fait beaucoup d'aide,
04:38 mais ce sont des systèmes de production, des systèmes de commercialisation
04:42 qui ne sont pas viables vu aujourd'hui la mondialisation
04:46 et la difficulté des tarifs que l'on rencontre.
04:49 On se percute avec des importations très importantes,
04:52 et c'est à mon sens le sujet majeur,
04:55 puisqu'aujourd'hui on parle beaucoup également de produits locaux,
04:59 mais il faut savoir que, comme le bio d'ailleurs,
05:02 c'est un peu la poudre aux yeux, je dirais, à un moment donné,
05:04 la réalité du marché, c'est 5 à 7% du marché aujourd'hui de ces produits-là.
05:09 Alors c'est louable, mais ce n'est que ce pourcentage-là de consommation aujourd'hui,
05:15 alors que nous en parlons tous les jours.
05:17 Donc on a un problème, je pense, aujourd'hui,
05:19 quand vous voyez la filière volaille notamment, sur le poulet,
05:24 on mange aujourd'hui plus de la moitié des poulets sont importés aujourd'hui en France,
05:28 que nous consommons. C'est un exemple.
05:30 - Et ça, ça pose évidemment question.
05:31 Dernière question, très rapidement, l'entreprise est à vendre aujourd'hui,
05:34 ça en est où ? Est-ce que vous avez espoir que la marque,
05:37 que votre marque Paul Beilak puisse perdurer dans le temps ?
05:41 - Voilà, on est un petit peu béarnés, chez nous,
05:43 donc c'est cap et toute, et donc on n'a pas l'intention de mourir comme ça.
05:46 Donc malheureusement, la conserverie va être transmise à un repreneur,
05:50 donc actuellement, je pense que d'ici un mois,
05:52 nous aurons donc la décision du repreneur,
05:54 qui quand même, je pense, nous permettra de continuer à transformer
05:57 notre production de canard quand nous en aurons.

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