L'interview d'Enjoyphoenix // Marie Lopez dans #LeClicDAlix
Pour la première fois dans le Clic d'Alix j'ai souhaité faire cette vidéo en 2 partie car le tournage a duré plus de deux heures. Ne voulant pas faire de coupes dans le discours de Marie, j'ai préféré diviser la vidéo.
Dans cette première partie de vidéo Marie est revenue sur son enfance, ses difficultés d'enfant de parents divorcés et ses premiers pas sur internet. J'espère que la vidéo vous plaira, je compte sur votre bienveillance dans les commentaires.
POUR RETROUVER MARIE:
Sur Youtube, la chaine lifestyle: @EnjoyPhoenix
Sur Youtube, la chaine de vlog: @MarieLopezVlogs
Sur Tiktok: @enjoyphoenix
Sur instagram: https://www.instagram.com/enjoyphoenix/
Sur Twitch: https://www.twitch.tv/enjoyphoenix
Le Podcast, Toile, dispo sur toutes les plateformes d'écoute.
Leaves and clouds: https://leavesandclouds.fr
Honest mind: https://honestmind.fr
Julie: @lesconseilsdejulie (ex Julielovesmac07)
Chrystelle: @chrystellemakeup
Elsa: @elsamakeup
Sanaa: @Sananas
Léna: @LenaSituations
Maya: @Mayadorable
Marine: @MarineLB
Le reel de Sanaa, Maroua, Marie: https://www.instagram.com/reel/CoKi7Y...
J'ai hâte de savoir ce que vous en avez pensé dans les commentaires et surtout, dites moi qui sont les créateurs que vous aimeriez découvrir dans les prochains épisodes ❤️
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Cadrage / Montage et réalisation: Sarah Veysseyre & David Amouzegh
Coiffure: @virginie.hairstylist (insta)
Makeup: @cassandremakeup (insta)
Miniature: Alexandre apolda
Générique: Tom Chevé
Animation et écriture: Alix Grousset
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Dans cette première partie de vidéo Marie est revenue sur son enfance, ses difficultés d'enfant de parents divorcés et ses premiers pas sur internet. J'espère que la vidéo vous plaira, je compte sur votre bienveillance dans les commentaires.
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Style de vieTranscription
00:00 On se retrouve aujourd'hui dans un nouvel épisode du Clique d'Alix avec Madame Marie-Angel
00:17 Phénix. Salut ! Ça y est ? Je crois que c'est l'interview qu'on m'a la plus demandé de faire.
00:27 C'est vrai ? Depuis que tu t'es lancée, je crois. Ouais, parce qu'en fait avec le temps,
00:34 tu en as fait tellement d'épisodes et je pense que tu es arrivée suffisamment bien à creuser sur
00:37 des questions que les gens avaient envie de savoir, qu'ils se sont dit "ce serait cool si on voyait
00:41 Angel Phénix". Donc je recevais des messages tout le temps "quand est-ce que tu passes dans
00:44 le Clique d'Alix ? Il faudrait que je le fasse". Je pensais pas qu'on me le demandait. On me le
00:47 demandait aussi beaucoup et j'attendais d'en avoir fait plusieurs. Bon là j'en ai fait quand même
00:52 plus de 70, donc ça a été un gros de plusieurs. Elle a attendu 70 épisodes. Comme j'ai fait ton
00:58 podcast, d'ailleurs je mettrai le lien dans la barre d'infos, j'avais passé un trop bon moment,
01:01 c'était hyper cool. C'était super chouette. Et j'avais vraiment envie qu'on fasse un match retour
01:04 et je pense que toutes les deux, on est dans une période de nos vies où moi personnellement,
01:08 j'ai pris de la bouteille sur le Clique et je suis beaucoup plus en clean aussi, tu vois,
01:11 à aller sur des sujets sur lesquels j'aurais moins été il y a quelques années. Toi aussi,
01:16 même dans tes contenus, t'es beaucoup plus "toi-même" entre guillemets. Ça a bien changé.
01:21 Mais on s'était dit ça, on s'était dit il y a déjà un moment, parce que tu m'avais proposé le Clique
01:26 il y a deux ans. Ouais, c'était un peu au début. Et je t'avais dit non, je me souviens très bien.
01:31 Et je sais pourquoi je t'avais dit non. Je t'avais dit non parce que justement, j'avais l'impression...
01:35 Déjà, j'étais dans une période de ma vie où j'avais un peu l'impression que je me faisais un
01:39 peu attaquer sur le moindre contenu que je postais, et c'était une période où j'avais décidé d'arrêter
01:43 complètement même aussi les interviews presse, les apparitions télé, les trucs comme ça,
01:48 parce que je me sentais plus capable. Donc je m'étais dit "si ça doit se faire, ça se fera."
01:52 Et je suis là. Et ça se fait. Dans ton podcast, t'avais introduit ton podcast en disant "on va
01:59 aller creuser dans la partie deep de ce que les gens ne savent pas sous la toile". Donc je te pose
02:05 la question, est-ce qu'aujourd'hui t'es d'accord qu'on aille creuser un petit peu ? Est-ce que t'as
02:09 des tabous ? Je crois pas. Des trucs dont t'as pas envie de parler ? On peut tout dire ? Ouais.
02:15 Je crois, enfin je sais pas en fait jusqu'où tu vas aller, je connais pas ! Je sais pas jusqu'où
02:21 t'as décidé que t'allais aller dans ce... Tu as les six pages de questions ! Je vois pas les questions,
02:24 mais je me dis que dans cinq minutes, elle me demande... Non mais bref, je ne sais pas. Je
02:29 dirais que oui, globalement. Est-ce qu'aujourd'hui je suis face à Marie ou à EnjoyPhoenix ? Voilà,
02:34 c'est l'entrée de jeu. La meuf, elle me laisse même pas de réflexion ! Un peu des deux quand même,
02:41 parce que forcément, il n'y a rien à faire quand je suis ce que j'appelle en représentation.
02:46 Quand je suis sur la chaîne de quelqu'un d'autre, c'est toujours un peu difficile pour moi de laisser
02:50 tomber les masques à 100% parce que c'est ça. En 15 ans de YouTube... 15 ans, j'abuse, 11 ans,
02:57 tu fais quand même attention, parce que tu sais jamais si ça peut se retourner contre toi, comment
03:02 ça va être sorti de son contexte, etc. Donc je dirais quand même un petit peu des deux, un peu de
03:05 Marie, un peu d'EnjoyPhoenix. Mais on verra, ça se trouve, dans cinq minutes, il n'y a que Marie.
03:09 - Comment je vais le savoir ? - Tu le sauras. On dirait que j'ai deux facettes, c'est une catastrophe.
03:16 - Parce que même sur tes réseaux, maintenant, t'as changé sur pas mal de tes réseaux ton nom. Sur
03:21 ta chaîne YouTube, il y a EnjoyPhoenix Marie Lopez. Ta chaîne de vlog, c'est Marie. Sur Twitch,
03:27 t'es encore en EnjoyPhoenix. - Ouais, parce que c'est plus facile,
03:29 en fait, vu que c'est une nouvelle plateforme. Puis c'est plus une plateforme à pseudo.
03:34 - Oui, c'est vrai. - Donc je me suis dit que j'allais le garder.
03:36 - Et ton podcast d'ailleurs, il est signé EnjoyPhoenix. - Et mon podcast, il y a les deux.
03:41 - Est-ce que tu tends à aller vers du Marie Lopez, ou tu penses conserver ça ?
03:46 - En fait, c'est compliqué, parce qu'honnêtement, quand tu fais un pseudo au tout début de YouTube,
03:53 tu penses pas vraiment déjà que ça va continuer dans le temps. Tu te dis pas que c'est un pseudo
03:57 que tu vas garder toutes ces années, donc tu réfléchis à moitié quand tu le fais. Je le
04:02 regrette pas. Honnêtement, je suis contente de l'avoir fait, parce que j'ai toujours trouvé ça
04:05 sympa et tout. Maintenant, c'est vrai qu'en vieillissant, je suis passée au stade où je dis
04:09 "plus en grandissant" maintenant, je me dis que j'aurais peut-être dû assumer plus vite mon
04:14 prénom et mon nom de famille, mais à l'époque, c'était difficile, ne serait-ce qu'en termes
04:17 d'anonymat et de sécurité, de donner tes vraies informations sur les réseaux. Sur ma chaîne
04:23 principale, ça reste EnjoyPhoenix, parce que c'est comme ça qu'on me connaît, mais sur ma chaîne de
04:28 vlog, les gens savent que c'est plus du contenu personnel. Donc du coup, j'ai gardé Marie.
04:33 - C'est plus Marie. Tu sais qu'en préparant l'interview, je me suis quand même heurtée à
04:37 quelque chose qui est assez rare, c'est que je pense qu'au-delà d'influenceuse YouTubeuse qu'on
04:43 veut, t'es vraiment devenue "people". Ça a dépassé le stade de YouTube, parce que t'as fait
04:49 quand même beaucoup de télé, beaucoup de presse, en tant que participante, en tant qu'animatrice,
04:53 par exemple sur M6, quand t'avais fait sur Sixplay "Pour le meilleur pâtissier", "Danse avec les
04:56 soeurs", donc t'es vraiment connue au-delà de YouTube. Et donc, il y a eu énormément d'interviews,
05:01 énormément de vidéos, et c'est vrai que le seul moment finalement où on a assez peu d'infos sur
05:06 ta vie, c'est tout ce qui concerne la partie d'avant les réseaux, où sur ton enfance, on n'a pas trop
05:13 d'infos. Si ce n'est la fille qui m'a épilé les sourcils la semaine dernière, qui m'a dit que sa
05:19 cousine te connaissait de Corse, parce qu'elles avaient passé des vacances en Corse ensemble. Et
05:25 tu sais que quand elle m'a épilé les sourcils, je me suis dit "Mais alors, est-ce que ça, c'est
05:29 pas un merveilleux axe que les vacances en Corse ?" Parce que t'en as assez peu parlé. Je me souviens
05:34 que t'avais dit que ta grand-mère était corse, mais à part ça, pas trop d'infos sur ton enfance,
05:40 de tout ce qu'il y avait avant YouTube. -Ouais, j'avoue, j'en ai jamais trop parlé,
05:44 parce qu'en fait, je me suis jamais dit que déjà, d'une, c'était intéressant pour les gens. Après,
05:49 je me suis aussi protégée en me disant "Je crois que j'expose déjà tellement de ma vie,
05:52 est-ce que c'est nécessaire de parler de mon enfance, de parler de ma vie d'avant,
05:57 sachant que tu sais jamais ce que les gens peuvent en faire ?" Tu vois, aujourd'hui,
06:02 tu reprends dans la gueule que les informations que tu veux bien donner aux gens. Donc je pense
06:07 qu'il y a aussi ce truc où j'ai fait assez attention à ça. Tout simplement, je pensais
06:11 que c'était pas intéressant. -Mais moi, je pense que c'est en comprenant l'enfant,
06:14 ou en tout cas le début de l'ado, qu'on comprend l'adulte. Parce qu'il y a peut-être plein de
06:19 réactions que tu peux avoir aujourd'hui, ou plein de comportements qu'on ne va pas forcément
06:22 comprendre, parce qu'on n'a pas eu tout le back-up d'avant. -Écoute, j'ai eu une enfance,
06:28 on va dire, un peu spéciale, comme tous les enfants de famille recomposée. Mes parents ont
06:34 divorcé quand j'avais 5 ans. Ma petite sœur venait à peine de naître, elle devait avoir 2 ans,
06:39 2 ans et demi. Quand mes parents... On vivait en Corse, à ce moment-là, on vivait à Ajaccio.
06:44 -T'as vécu en Corse ? -Ouais. Je suis née à Paris. Mes parents sont allés vivre en Corse,
06:49 à Ajaccio, parce que ma grand-mère vivait en Corse encore à l'époque. Pour me garder,
06:54 ma sœur et moi, c'était plus simple. Ma sœur est née à Ajaccio, et quand mes parents ont divorcé,
06:59 on a quitté Ajaccio. Mon père est parti vivre à Paris, et ma mère est partie vivre à Lyon.
07:05 -OK. -Et donc, moi, je suis partie vivre
07:07 avec ma mère à Lyon, parce que ses parents, à elle, étaient à Lyon, donc il fallait toujours
07:12 quelqu'un pour nous garder. Donc du coup, on est parties vivre à Lyon. Et donc, j'ai été trimbalée
07:17 entre trois foyers de mes cinq ans à mes 18 ans, jusqu'à ce que je parte. Je suis partie très tôt,
07:24 en fait. J'ai vite pris mon indépendance, parce que ça me convenait pas, en fait, cette vie dans
07:28 les valises, que j'ai toujours aujourd'hui. C'est très drôle, parce qu'en fait, aujourd'hui, tu me
07:31 vois, là, j'ai ma valise. Je l'ai toujours avec moi, c'est vraiment une extension de ma main,
07:35 mais ça, depuis que j'ai cinq ans, quoi. Donc je vivais entre chez mon père et ma belle-mère,
07:40 du coup, que mon père s'est remarié, ma mère et mes grands-parents maternels.
07:45 - Et c'était quoi, la répartition ? - Y avait pas vraiment de répartition,
07:49 en gros. On était censés faire ce qu'on appellerait aujourd'hui une garde partagée,
07:54 mais en fait, mes parents travaillaient chez Air France, travaillent toujours chez Air France,
07:57 et tu vois un petit peu l'emploi du temps d'un navigant, en fait, fait que t'as jamais des
08:03 horaires fixes. Des fois, mes parents partaient dix jours, ils étaient là deux jours pendant le
08:06 mois, et inversement. Donc en fait, il fallait gérer ça, monitorer ça entre les plannings de
08:10 mon père, de ma mère, et quand les deux n'étaient pas là, j'allais chez mes grands-parents. Donc
08:14 y avait pas vraiment 50 % chez mon père, 50 % chez ma mère. Des fois, ça m'arrivait de pas voir
08:19 mon père pendant deux mois, tu vois, ou inversement avec ma mère. Enfin, c'était comme ça. Donc,
08:23 qui dit trois foyers différents, dit aussi trois éducations différentes.
08:26 - Alors, c'était quoi, ces trois éducations différentes ? Par quoi elles étaient marquées ?
08:30 - Alors, ma mère, c'était compliqué. J'avoue que c'est un sujet que j'aborde pas,
08:35 mais je l'aborderai même pas là, parce que je crois que c'est trop privé, mais...
08:39 - T'en parles pas souvent, de ta mère ? - J'en parle jamais. J'ai eu une relation,
08:43 et aujourd'hui ça va mieux depuis que je suis tata, parce que ma petite soeur avait un bébé,
08:48 mais j'ai toujours eu une relation extrêmement conflictuelle avec ma mère, malheureusement.
08:54 Franchement, je souhaite ça à personne. Je trouve que les enfants qui ont des relations
08:56 conflictuelles avec leurs parents, c'est super dévastateur et ça se ressent par la suite,
09:00 mais j'ai vraiment eu des très très gros conflits avec ma mère que je comprenais pas, en fait.
09:05 Tu vois, tout simplement, on se comprenait pas, et donc en fait, elle savait qu'on avait des
09:11 relations conflictuelles, et donc elle faisait tout pour être ma copine. Y a rien de pire qu'une
09:16 mère qui veut faire ta copine, finalement. Parce que du coup, y a plus de limites dans
09:20 l'autorité, y a plus rien, et du coup, dès qu'elle essayait d'être autoritaire avec moi sur
09:25 deux-trois choses, moi, forcément, je l'envoyais chier, parce que j'étais là... "T'as voulu jouer,
09:29 maman ? Bah là, on va plus jouer du tout", parce que c'est trop flou, en fait, les barrières entre
09:34 copine, maman, c'était vraiment spécial. Mais je pense qu'il y a plein de gens qui ont eu ce genre
09:39 de relations avec leur mère, enfin, fille, mère. Chez mon père, c'était chill, mais fallait quand
09:44 même respecter certaines règles. Il était très à cheval sur les notes à l'école. J'avais vraiment
09:50 pas le choix que d'être bonne élève, ça, c'était une certitude. J'avais un peu la boule
09:55 au ventre quand je rentrais chez mon père avec des notes en dessous de 12, par exemple. C'était
10:00 jamais très fun. Mais bon, au-delà de ça, mon père, c'était vraiment au mérite. Si t'as des
10:05 bonnes notes, on te fout la paix, en gros. Et donc, ça m'a aussi forgé ce truc qui fait qu'aujourd'hui,
10:10 je pars du principe que chaque chose dans la vie se mérite, et donc je travaille pour avoir ce que
10:14 j'ai. Mais pour moi, c'est normal. Chez mes grands-parents, c'était... -C'est les grands-parents.
10:18 -La pied-mamie, franchement. Ils ont toujours été hyper bienveillants avec ma soeur et moi, ils ont
10:23 toujours essayé de nous éloigner un petit peu des conflits familiaux, parce que même si mes parents
10:27 étaient séparés, c'était compliqué. C'était toujours compliqué. -C'était pas une séparation
10:35 facile. -C'était pas une séparation facile, et on l'a vécu pendant très longtemps avec ma soeur.
10:39 Donc on était souvent le fameux "hibou", tu sais, l'enfant-hibou, que j'appelle ça, qui passait
10:46 les messages entre le père et la mère, tels que des trucs, des fois, où on n'était pas censé savoir
10:52 ce qui se passait. Des choses relatant aux finances, par exemple, ce genre de choses... J'avais
10:58 12 ans, quoi. 10 ans, 12 ans, je suis pas censée savoir ce genre de choses, ce genre de problématiques,
11:03 qui doit signer quoi, qui doit payer quoi... -Ça te met une charge mentale aussi, en tant qu'enfant,
11:09 de devoir bien passer le message, parce que si tu ne le passes pas, ça te retombe dessus. -Ouais,
11:13 et puis en plus, quand je passais le message, je m'en prenais plein la gueule à moi, comme si
11:17 j'étais l'interlocutrice. -T'en fait, t'étais le miroir. -J'étais le miroir, et j'étais là, mais en fait,
11:21 c'est compliqué. Donc c'était difficile. D'un autre côté, tu veux rendre service à tes parents,
11:27 donc tu le fais, mais bon, c'est vrai qu'il y a eu pas mal de discords, effectivement, dont j'ai
11:33 jamais parlé et dont je parlerai jamais. Il y a eu des conflits internes, il y a eu des drames familiaux,
11:37 il y a eu des situations qui m'ont forgée et qui ont forgé pas mal de choses chez moi, et des
11:43 aversions à certains trucs. J'ai eu une aversion, par exemple, au mensonge, qui est très très forte,
11:49 parce que malheureusement, on m'a beaucoup mentie quand j'étais petite. -Donc pas une enfance avec
11:54 beaucoup d'insouciance, finalement ? -Ah non, pas du tout. Et puis, très très tôt, j'ai voulu
12:00 aussi m'émanciper, parce que c'était dur pour moi d'être toujours sous la tutelle de quelqu'un,
12:04 quand à côté de ça, on me donnait beaucoup de responsabilités en tant qu'enfant. En fait,
12:08 on te donne la responsabilité d'être déjà adulte en te faisant passer des factures, des notes,
12:14 des trucs comme ça, mais à côté, on te laisse quand même dans le statut d'enfant et on te
12:18 permet pas de forcément prendre tes ailes, de t'envoler et de faire un petit peu ta vie. Donc
12:24 ouais, j'ai dû m'occuper de ma sœur très tôt, et j'ai pas été une deuxième mère, ça c'est pas
12:31 vrai du tout, mais par contre, j'ai dû lui expliquer certains trucs quand elle comprenait
12:36 pas. Et tu vois, on me disait toujours genre "le dis pas à ta sœur", "le dis pas à ta sœur",
12:39 tu vois. Alors moi, ça dérangeait personne que moi j'en prenne plein la gueule, par contre,
12:43 fallait protéger ma sœur, fallait pas lui dire, sans se soucier que moi, potentiellement, ça
12:47 pouvait me défoncer le cerveau. Parce que peut-être que t'avais déjà une figure de... Enfin,
12:53 que tu encaissais beaucoup et que de fait, tu le montrais pas que tu souffrais de cette
12:56 situation, finalement. Non. Il y a eu la naissance de tes deux frères aussi, qui sont tes demi-frères,
13:01 tous les deux. T'as un père en commun ? Ouais, on a mon père en commun. Est-ce que ça, tu as bien
13:05 vécu l'arrivée de ces deux enfants ? Parce que c'est pas forcément facile, dans une famille
13:08 recomposée, d'avoir deux nouveaux garçons qui arrivent. Non, j'étais très contente. Peut-être
13:13 un peu moins pour le deuxième, mais parce qu'il y avait une raison. En gros, donc mon père s'est
13:16 remarié... Il s'est pas remarié tout de suite, mais il s'est mis en couple juste après que lui
13:21 et ma mère aient divorcé. Et donc j'ai connu ma belle-mère à 5 ans. Et aujourd'hui, elle travaille
13:27 avec moi. Ça prouve aussi que moi, elle m'a éduquée, autant que ma mère, en fait. C'est
13:34 horrible, je sais ce que je vais dire. Il y a plein de gens qui disent "tu peux pas comparer l'amour
13:37 d'une mère, l'amour d'une belle-mère", mais en fait, moi, je le jauge pas comme ça. Le lien du
13:41 sang, il existe, mais il y a un autre lien qui est là. Moi, j'ai comme ce qu'il dirait la redevance
13:47 du ventre. Je sais pas si les gens connaissent vraiment cette expression, mais quand tu
13:51 vois que quelqu'un s'est occupé de moi, m'a éduqué, m'a nourri, m'a donné ce dont j'avais besoin
13:56 financièrement, affectivement parlant, émotionnellement parlant, mon amour, il est sincère,
14:02 il est le même. Il n'y a pas que le lien du sang. Je pense que je suis la preuve vivante que
14:06 tu peux, en fait, ne pas forcément super bien t'entendre avec les gens de ta famille, et tu
14:14 choisis pas la famille dans laquelle tu nais réellement. Alors attention, il y a plein de gens
14:18 avec qui je m'entends très bien dans ma famille. Aujourd'hui, ma mère, ça se passe très bien, mais
14:22 c'est juste que... Voilà. Donc ma belle-mère, non. Ça a pas été un choc quand elle est tombée
14:28 enceinte. J'étais très contente d'avoir un petit frère. Ma soeur et moi, on était très
14:32 contentes. Quand le deuxième allait arriver, avec ma soeur, on était un peu plus inquiète, parce qu'on avait
14:36 peur que ça soit une fille. -Ah, et une troisième fille, t'aurais moins aimé ? -Ouais. -Pourquoi ? -Parce que je pense
14:41 que quand t'es gamine, t'es un peu la fille... Moi, je suis une fille à papa. -La fille de ton père.
14:45 -Moi, je suis vraiment la fille de mon père, même physiquement. -Tu ressembles à ton père ?
14:50 -Je ressemble aux deux, mais c'est vrai que physiquement, je ressemble à ma mère, mais dans l'allure,
14:54 dans la manière de me comporter, d'agir, avec mes mimiques et tout, c'est mon père.
14:58 Mais de toute façon, je suis la fille de mon père, dans les goûts musicaux, dans les goûts de
15:03 manière générale, dans la manière de voir la vie, je suis vraiment la fille de mon père, et donc
15:07 avec ma soeur, on était là... Pourvu que ça soit pas une fille ! -Bon, bah coup de chance ! -Ouais, on a eu pas mal de chance.
15:14 Ma belle-mère, je pense qu'elle aurait bien aimé avoir une fille, mais bon, elle en avait déjà deux.
15:17 Elle pouvait pas en avoir une troisième, tu vois. -Elle en a aussi de son côté ? -Non, non, c'est nous.
15:20 -Ah oui, d'accord. Elle avait déjà nous à s'occuper. -Sinon, ça fait quand même des
15:26 grosses réunions de famille. -Ouais, ouais, ouais, c'est clair. -Et donc, dans toute cette ambiance où
15:33 effectivement, ça se passe pas hyper bien à la maison, ça se passe pas hyper bien non plus à
15:36 l'école, ça, t'en as énormément parlé. Je l'ai pas inclus dans l'interview parce que t'en as fait
15:41 beaucoup. Pour ceux qui te connaissent pas ou qui connaissent pas cette partie de toi, je mettrai
15:44 dans la barre d'infos plein de références de vidéos qu'a fait Marie sur son harcèlement au collège,
15:47 parce que c'est au lycée. C'est aussi grâce à ça, on peut dire grâce, finalement, qu'on t'a connue,
15:53 parce que t'as été une des premières à prendre la parole sur le harcèlement sur YouTube à l'époque.
15:57 Quand tu te lances sur YouTube, quel est ton souhait premier ? -Je pense que mon souhait premier,
16:05 c'est de me faire des amis pour qui je suis. -Est-ce que ça a marché ? -Non. Ce qui m'a poussée
16:10 aussi à faire des vidéos, c'est qu'à l'école, j'étais victime de rumeurs avant tout. Et la rumeur,
16:15 c'est le début du harcèlement, c'est ce qui est le plus dévastateur chez quelqu'un. Parce qu'en fait,
16:20 ça crée comme une espèce de... C'est comme si tu te... Comment dire ? -T'essaies de convaincre ?
16:26 -Tu te dépersonnalises complètement à travers une rumeur. Donc les gens te perçoivent comme
16:32 quelqu'un que tu n'es pas vraiment, et ils détestent une personne que tu n'es pas. Et toi,
16:36 t'as juste envie que les gens te connaissent vraiment pour qui tu es, en fait. Et donc les gens me
16:41 détestaient et parlaient sur moi via les rumeurs qu'eux-mêmes s'étaient montées entre eux.
16:46 Ils parlaient en mal de moi sans vraiment savoir qui j'étais. Et donc, en arrivant sur YouTube,
16:52 je me suis dit que si je suis moi-même et que les gens n'ont jamais entendu les rumeurs qu'il
16:56 peut y avoir dans un lycée, alors ils vont m'aimer pour qui je suis. J'avais pas pris en compte le
17:01 fait que c'est pas parce que tu es qui tu es que tout le monde va forcément t'aimer, tu vois. Mais
17:05 c'était ça, mon désir principal. Est-ce que je me suis fait des amis comme ça, grâce à ça ? Non.
17:10 Aujourd'hui, j'ai des amis sincères, mais parce que c'est des amis que je me suis fait en dehors de
17:14 YouTube, pas des amis que je me suis fait grâce à YouTube. J'ai essayé, hein ! -Oui, bah y a eu !
17:19 -Y a eu ! -On est venus être entre nous, t'as exposé des amitiés, des gens que t'as mis en avant,
17:25 dans des voyages presse, et puis du jour au lendemain, on se voit plus. Y a tout ce truc
17:30 aussi quand t'es exposée. -Et ça, c'est terrible, tu vois. Et ça, je pense que je suis pas la seule
17:33 à l'avoir expérimenté, mais quand t'es connue sur YouTube ou sur les réseaux et que tu montres
17:38 quelqu'un dans tes vidéos, dans tes posts, etc., et que du jour au lendemain, on les voit plus,
17:42 les gens pensent que c'est de ta faute. Ils disent "Ouais, mais regarde, regarde, tous les gens autour
17:48 d'elle, ils partent les uns après les autres, c'est qu'elle doit être super toxique, je savais
17:53 que c'était une connasse, cette meuf..." Moi, c'est ça que j'ai lu sur moi. Alors que je protégeais
17:58 justement les gens en ne racontant pas ce qui s'était passé, parce que je me disais qu'un jour,
18:02 ça allait me retomber sur la gueule en termes de karma. Moi, si demain, je raconte réellement
18:06 ce que les gens m'ont fait, les gens que j'ai montré, que j'ai exposé, je pense que ces gens
18:13 n'ont plus de travail. -Mais pourquoi tu... Tu vois ce que je veux dire ? -D'accord, mais j'arrive
18:18 pas à comprendre pourquoi est-ce que t'as pas... Sans... S'il y a des trucs un peu confidentiels
18:22 et tout, ça, je comprends. Mais pourquoi est-ce qu'à certains moments, t'as pas plus aiguillé
18:26 pour expliquer que c'était pas toi qui étais fautive ? -Parce que les gens ne croient pas.
18:30 En fait, les gens ne croient pas. Je l'ai fait, de temps en temps, j'ai essayé d'aiguiller, mais le
18:34 problème, c'est qu'en fait, les gens ne croient que ce qu'ils ont envie de croire. Et donc, en fait,
18:37 c'était difficile même de faire des sous-entendus, parce qu'en fait, quand c'est dans une ligne
18:43 temporelle, si tu te sépares de quelqu'un pendant un temps et qu'un mois plus tard, t'en parles,
18:48 c'est encore trop frais dans l'esprit des gens, donc ils savent directement relier à qui c'était.
18:52 Donc tu peux même pas faire jouer l'anonymat. Tu vois ce que je veux dire ? Les gens savent
18:55 quand même, même si tu donnes pas de nom. Moi, j'en ai parlé certaines fois dans certaines de
18:59 mes vidéos, mais deux, trois ans plus tard, pour que ça sème un peu le doute. Mais tu peux pas,
19:04 les gens, ils savent. Franchement, les gens sur Internet, c'est des inspecteurs gadget,
19:07 quoi. Ils savent. Donc tu peux pas faire ça. Tu peux pas. -D'accord. -Mais j'aurais bien aimé,
19:13 franchement, parce que ça m'aurait évité des souffrances vraiment incommensurables à
19:18 certains moments de ma vie. Je vais te montrer une photo. -Oh non. La classique. -C'est quoi,
19:27 cette photo ? -Cette photo, c'est un screen, c'est la miniature de ma première vidéo postée sur ma
19:33 chaîne YouTube, qui s'appelle "Comment faire des boucles avec un lisseur ?". -Exactement. -Tuto 1,
19:38 je crois que c'était ça. -Ouais, c'est ça. -Tuto 1. -Tu savais qu'il allait y avoir une suite,
19:42 quand même ? T'as mis "tuto 1". -En fait, je m'étais dit "s'il y a une suite, il faut que ça soit rangé",
19:47 parce que tu le sais pas, mais moi je suis poisson à sandant vert, je suis un peu genre... Il faut que
19:52 ça soit rangé, tu vois ? -Tout soit ensuite cave ! -En fait, j'avais mis dans ma vidéo ce que je
19:55 retrouvais pas chez les autres. J'aimais bien que les playlists n'existaient pas encore à l'époque,
19:59 tu vois ? Donc je m'étais dit "en fait, je trouvais ça plus simple quand tu cherches un truc de savoir
20:04 le combien c'est et tout", tu vois ? Donc voilà, je m'étais dit "pourquoi pas ?" -Donc tu lances cette
20:08 vidéo-là. Tout à l'heure, tu me dis "quand j'arrive sur YouTube, je veux que les gens me connaissent
20:12 pour qui je suis". Est-ce que la Marie qui fait des tutos au fer à lisser, c'est toi ? -Un peu.
20:18 -Un peu, tu vois, parce que finalement, quand t'es ado... J'avais 15 ans quand j'ai filmé cette
20:25 vidéo. -2011, pour resituer. -16 quand je l'ai postée, parce qu'il a fallu deux semaines
20:32 avant que je me décide à la poster, puis avant que je comprenne comment fonctionnait un logiciel de
20:36 montage aussi. T'étais vraiment dans la fleur de l'adolescence, et tu commences en fait à te maquiller,
20:44 à prendre soin de toi, à vouloir plaire aux gens, tu vois ? Et donc oui, c'était un peu moi, parce qu'à
20:50 ce moment-là, c'était quand même quelque chose que j'appréciais, la découverte de moi,
20:54 de ma sexualité, de qui j'étais, comment je me percevais... Pour la première fois, je commençais
20:59 à me trouver jolie, alors que pendant des années, ça n'avait pas été le cas. Donc oui, c'était un
21:04 peu moi, mais c'est sûr qu'à l'époque, c'était difficile, quand t'étais une fille, de faire autre
21:10 chose que des tutos beauté. C'est horrible, aujourd'hui, avec le discours qu'on a aujourd'hui.
21:13 En 2023, c'est dur de se dire qu'à l'époque, il y a encore 11 ans, c'était le seul contenu qu'on
21:19 pouvait faire. Les deux contenus que les filles faisaient sur YouTube à ce moment-là, c'était
21:22 la beauté et l'humour. Et dans l'humour, il n'y avait pas beaucoup de monde. T'avais Natoo et
21:28 Andy. C'était les deux seuls. Donc le choix était... T'avais pas beaucoup de perspectives,
21:34 de carrière, en fait, sur YouTube. Parce que tu jouais déjà à WoW et aux jeux vidéo. Donc est-ce
21:38 que si aujourd'hui, par exemple, il y avait Twitch à l'époque où t'as commencé, est-ce que tu penses
21:42 que tu te serais plus lancée sur Twitch ou dans le jeu vidéo ? Ouais, direct. C'est sûr que j'aurais
21:47 directement commencé par ça, parce que c'est un truc... En fait, c'est ma passion première,
21:52 les jeux vidéo. Avant d'aimer l'abonner, j'ai commencé à jouer à WoW, j'avais 11 ans.
21:57 Mais comment tu découvres ça ? Parce que tu vois, on est de la même époque,
22:01 et moi j'ai pas l'impression... J'avais des copains dans ma classe qui jouaient.
22:03 C'est les garçons alors qui t'ont éduquée un peu aux jeux vidéo ? J'avais pas de copines à l'école,
22:07 j'avais que des copains. J'étais pas une fille qui avait spécialement beaucoup d'attrait avec
22:12 les autres filles. Je m'amusais pas, en fait. J'aimais pas trop les chipiques, tu vois. J'aimais
22:18 pas les cancans, j'aimais pas ça. On écoutait jamais le même style de musique. Je me sentais
22:24 pas à l'aise. Alors qu'avec les garçons, je trouvais que c'était plus facile, parce que...
22:26 D'ailleurs, c'est toujours le cas aujourd'hui. J'ai toujours trouvé qu'avec un gars, c'était plus
22:29 simple. Quand t'as un problème, t'en parles et c'est réglé. Et y a pas d'amertume, d'animosité
22:34 comme il peut y avoir chez les filles. Et moi, ça, j'aimais. La simplicité des choses. Tu vois,
22:37 genre tu m'aimes pas, j'ai fait un truc qui t'a déplu, on se le dit. Limite, on se bastonne un
22:42 peu, après c'est fini, tu vois. Donc j'ai toujours été pote plus avec les garçons qu'avec les filles.
22:46 Et donc dans ma classe, j'avais deux copains garçons, et les deux jouaient à World of Warcraft.
22:51 Et un mercredi après-midi, je suis allée chez l'un des deux, et il m'a montré ce jeu et j'ai fait
22:54 "Incroyable, je veux jouer à ça !" Je suis rentrée chez moi, j'ai téléchargé le jeu et j'ai commencé
23:00 à jouer. -Ah c'est fou, je savais pas qu'il y avait eu cette petite histoire là, comme ça. Oui,
23:04 parce qu'effectivement, de ce que tu dis, et je me souviens des premières vidéos dans ta chambre
23:08 où il y avait le drapeau... -Américain ! -Je vais le dire, aujourd'hui, j'étais particulièrement
23:13 jalouse. J'avais pas le droit d'afficher des drapeaux chez moi, toi t'avais le drapeau ! Un peu
23:17 la chambre que Valérie D'Amido aurait fait finalement si tu lui avais dit "Je veux une
23:20 chambre US", quoi. -Pour tout te dire, j'ai pas laissé le choix à ma mère, tu vois. J'avais des
23:24 posters, j'ai dit "D'accord, je les ai tous accrochés dans ma chambre." Elle a rien pu dire.
23:27 Je lui ai un peu forcé la main, j'avoue. -Mais finalement, tu passes quand même ces contenus
23:33 beauté qui fonctionnent hyper bien, aussi parce que t'arrives à un moment où il n'y a pas tant
23:37 de monde que ça sur la plateforme. Donc c'est vrai que dès que tu postes un contenu, en fait,
23:41 on retombait vite sur les mêmes youtubeuses. -Ouais, je pourrais même te les citer. À l'époque,
23:45 il y avait JulieLoveMac07 qui a commencé à faire ça en France, il y avait ChristelleMakeup,
23:50 il y avait ElsaMakeup qui s'est lancée quasiment en même temps. On était très peu. Après,
23:56 les années qui ont suivi, il y a eu Sana qui s'est lancée. Après, il y a eu toute l'éra des
24:03 youtubeuses beauté qu'on connaît, et il y en a beaucoup qui ont lâché entre-temps. Il y a eu
24:06 une époque aussi des chaînes collaboratives, ça se faisait beaucoup. Il y a eu plein de...
24:10 Ce que j'appellerais "d'éras" sur YouTube. Il y en a eu plein. -On va en parler. -Il y en a eu plein,
24:15 donc voilà, j'ai fait partie de la première vague, on va dire. -Mais très tôt, t'as dû te structurer
24:20 aussi, parce que ça a fonctionné quand même assez vite. -Se structurer dans quel sens ? -Dans le
24:26 sens de "ta belle-mère a rapidement..." -Pas tant que ça, hein. Tu sais, ça a tendu... Alors attends.
24:31 J'ai commencé en 2011, j'avais 16 ans, je suis allée jusqu'au bac, c'était le prérequis de mes
24:37 parents. Je pouvais continuer à faire des vidéos une fois par semaine, mais je devais quand même être
24:40 bonne dans mes études. J'ai eu mon bac avec mon Sion, tout s'est bien passé. 18 ans, j'ai vécu seule.
24:45 Je suis partie de chez moi, et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à me structurer, à 18 ans.
24:49 Pourquoi ? Parce que j'ai commencé à gagner de l'argent avec YouTube, c'est ce qui me permettait
24:55 de payer mon loyer. Honnêtement, mes parents m'ont pas payé mon loyer. C'est moi qui ai payé mon
25:00 loyer, et je suis partie aussi parce que j'avais les fonds financiers pour le faire, grâce à YouTube.
25:03 Donc c'est à partir de ce moment-là que j'ai commencé à me structurer. Je l'ai fait avec l'aide
25:08 de ma belle-mère, de mon père et d'un avocat, à l'époque, qui m'avait aidée à mettre ma société en
25:12 place. -Mais attends, mais on est à une époque où ça, ça n'existe... Enfin, il y a très peu de YouTubers
25:17 déjà qui y vivent. -Moi, j'ai eu beaucoup de chance. -Quand ? -Attends, tu me dis de la chance, mais comment ça se fait ?
25:20 -Parce que mes parents sont super smarts. J'ai eu beaucoup de chance parce qu'en fait, mes parents,
25:25 ils ont vite vu que de toute façon, moi, j'étais pas... Alors, il faut savoir un truc, c'est que je suis
25:31 phobique. C'est horrible à dire. Je suis phobique de l'argent. C'est vraiment une phobie. -Attends,
25:36 "phobique de l'argent", c'est-à-dire ? -De l'argent. Je ne veux pas savoir combien j'ai sur mon compte en banque.
25:40 -Tu aimes quand même... Enfin, t'apprécies quand même gagner de l'argent. -Oui, mais je ne veux pas
25:45 les gérer. Ça m'effraie. C'est un truc... Comme je te disais quand j'étais gamine, ça n'a pas
25:50 toujours été simple à ce niveau-là. Moi, c'est un truc où je... -Tu penses que ça a un lien avec le
25:55 fait que... -Parce qu'il y a des choses que je dis pas, mais il y a des trucs où l'argent, c'est très
25:58 très compliqué. -D'accord. -Ouais, c'est vraiment très très dur. Et donc, mes parents, ils ont vite vu
26:02 que j'allais être submergée par cette vague que je me prenais, alors qu'en plus de ça,
26:07 moi, j'avais même pas du tout fait des études là-dedans. Je savais pas gérer un budget, je savais pas
26:11 faire de la gestion, je savais pas payer des impôts, je savais pas faire ça. Et donc, du jour au lendemain,
26:15 il fallait que je fasse ça. Mes parents, ils ont dit "Non, on va pas la laisser dans la merde." Donc, ils m'ont aidée
26:19 à structurer directement une entreprise, ce que très peu de YouTubers ont fait à l'époque. En fait, moi,
26:23 j'ai eu beaucoup de chance. J'ai très vite été, on va dire, dans les clous, tu vois, tandis
26:28 qu'il y en a plein qui recevaient directement l'argent sur leur compte en banque.
26:33 -Mais personnellement, perso, ouais. -Perso, ouais. Mais that's it. Donc bon, heureusement, j'ai eu beaucoup de chance. J'ai été très vite
26:43 structurée, mais ouais, c'est grâce à mes parents, qui, eux, se sont dit "Il faut faire les choses bien."
26:47 -Mais tu vois, c'est assez paradoxal, parce que tu me disais tout à l'heure que ton père était très
26:51 à cheval sur la réussite scolaire, qui va peut-être de pair aussi avec une réussite sociale. Tu vois,
26:56 quand tu réussis bien tes études, peut-être que t'accèdes aussi à un statut dans la société, que tu n'as
27:01 pas forcément, tu vois, il y a tout ça. Et pourtant, il a accepté alors le fait que tu sois
27:07 YouTubeuse, alors que c'était vraiment pas dans les mœurs comme aujourd'hui. -Donc, j'ai fait trois semaines de
27:12 fac en sortant de mes études, de mon bac. -T'as essayé, hein ! -J'ai essayé. Je me suis inscrite en double licence,
27:20 LEA anglais et lettres appliquées. Mon but à terme, c'était de m'ouvrir des voies vers soit la
27:27 traduction, je trouvais ça très cool, traduction en anglais, ça m'aurait plu, soit vers prof en
27:33 amphi, de lettres, mais soit de lettres, soit partir en Angleterre aux Etats-Unis pour
27:39 être prof de français. Ça, ça pouvait me plaire. Et c'était un peu les trucs que je m'étais dit que je
27:43 ferais, tu vois. Et donc, c'est pour ça que je me suis inscrite dans cette double licence qui
27:47 aura duré trois semaines, parce qu'en fait, je me faisais reconnaître à la fac. J'ai très vite compris
27:53 que ça n'allait pas le faire, en fait. J'étais en amphi et je voyais les gens sur leurs ordinateurs
27:58 mettre mes vidéos YouTube. -Qu'est-ce que c'est gênant ! -C'était très gênant. C'était très gênant, donc du coup,
28:03 comme je faisais un petit peu encore de l'anxiété sociale, même si j'avais changé de lycée, c'était
28:07 pas encore... C'était pas quelque chose avec lequel j'étais très à l'aise. Je me suis dit
28:12 "En fait, je vais jamais réussir à faire mes études. J'y arriverai pas, parce que ça me stresse
28:15 énormément." Donc j'ai demandé à mes parents, je leur ai dit "Est-ce que vous êtes d'accord qu'on fait un deal ?"
28:22 On a fait un deal. Ils m'ont dit "Écoute, on te laisse un an. Si au bout de un an,
28:28 t'as pas réussi à gagner ta vie correctement, mettre de l'argent de côté et faire
28:34 en sorte que YouTube soit un revenu stable, tu reprends tes études. Si ça marche, on voit."
28:42 -Un peu comme on pourrait dire "presque une année de séduit". -Un peu comme une année de séduit. C'est ça. C'est un peu ça.
28:47 C'est un peu le deal qu'on s'est fait. Et comme à l'époque, de toute façon, même en commençant
28:51 mes études, je savais pas exactement ce que je voulais faire, mes parents
28:56 ont vu aussi une porte de sortie, parce qu'ils se sont dit "Attends, elle est passionnée dans ce
28:59 qu'elle fait." Parce que vraiment, c'était un truc... Je mangeais YouTube, je dormais YouTube, je vivais
29:04 YouTube. C'était vraiment... Je faisais à l'époque... Je filmais trois vidéos par jour, faut savoir ça. Je me
29:09 montais dans la foulée, ma vie tournait autour de ça. J'étais passionnée, passionnée. Donc ils se
29:15 sont dit "La gamine, elle kiffe, elle gagne un peu avec ça, elle peut se payer son appart et tout.
29:21 Viens, on la laisse faire." J'ai eu beaucoup de chance que mes parents me disent
29:24 oui, parce qu'honnêtement, pour le même prix, mes parents me disaient "Non, non, ma cocotte, toi, tu retournes
29:27 faire tes études et puis ciao, tu vois, ciao, bonsoir, c'est fini." Grâce à ça, ils ont permis à ma vie
29:33 d'être ce qu'elle est aujourd'hui. Ils m'ont permis surtout de m'épanouir dans ce que je faisais, et ils
29:36 m'ont pas en fait enfermée, comme on peut le voir aussi aujourd'hui, dans des études. Et en fait, à la
29:41 fin de mes études, me dire "En fait, j'aime pas ce que je fais." Et là, tu te retrouves après avoir fait un
29:45 master en mode "Bon bah finalement, je vais changer de voie." Non. Je pense que mes parents, sur le coup,
29:49 ils ont été assez smart en disant "On la laisse et on voit." - Et donc ta belle-mère a pris ce rôle de...
29:53 Alors qu'est-ce qu'elle est ? Est-ce qu'elle est agent ? Parce que t'es aussi dans une agence,
29:57 chez Point d'Orgue, avec Karine, que tu montres très souvent. Ça fait longtemps que t'es chez Karine.
30:01 Donc Karine a ce rôle d'agent. Et ta belle-mère, comment ça se passe là-dedans ?
30:05 - Alors du coup, ça fait tellement longtemps qu'on travaille ensemble qu'elle a eu plusieurs rôles. Au début,
30:08 elle continuait à travailler. Elle avait son CDI classique, tu vois. Elle travaillait encore chez Air France.
30:12 Donc elle m'aidait un petit peu, en plus de son boulot. Ensuite, ça a commencé à prendre de l'ampleur,
30:16 donc elle s'est mise à mi-temps. - A mi-temps pour ta société ? - Pour sa société, déjà. Elle a pris un mi-temps.
30:20 Donc elle travaillait à mi-temps pour moi. Donc là, elle a commencé à gérer les mails, les contrats, les avocats,
30:26 mon emploi du temps. Elle m'aidait beaucoup, elle m'accompagnait. J'étais jeune, à l'époque.
30:29 Faut quand même imaginer que j'avais 18 ans. C'était un truc qui était pas très connu. Le premier tournage
30:33 que j'ai fait, c'était chez Eau Féminin, à l'époque. C'était rémunéré, donc il fallait qu'il y ait quelqu'un avec moi.
30:38 Enfin, je me rappelle que mes parents étaient inquiets, quand même, tu vois, de se dire "Attends, on va pas la laisser
30:41 monter à Paris toute seule". Aujourd'hui, les influenceurs de 18 ans, ils partent aux États-Unis tout seuls,
30:48 mais mes parents m'auraient jamais laissé faire ça. Ils me laissaient déjà pas monter à Paris toute seule.
30:51 Ils m'accompagnaient. Ils avaient peur pour moi. C'était tellement nouveau. C'était tellement nouveau.
30:56 Pour le même prix, je me faisais embrigader dans un truc, tu sais pas ce que c'était. Donc elle a fait ça.
31:01 Et puis au bout d'un moment, ça prenait tellement de place, tellement d'ampleur, qu'elle a pris une année
31:06 sabbatique dans son boulot, et ensuite, elle a démissionné et elle bosse avec moi plein temps.
31:11 Donc ça a évolué de, on va dire, assistante, manager, agent, donc elle gérait vraiment tous mes mails,
31:18 tout ça, machin, machin. Les contrats, être sûre que tout était bien fait, les factures et tout.
31:21 Elle a tout géré dès le départ. Et puis ensuite, on a été dans un network. J'étais chez M6,
31:25 puis ensuite, les MCN, à l'époque. M6, ils avaient un rôle d'agent aussi, donc elle, ça la déchargeait,
31:31 mais elle gérait toujours, quand bien même. -Elle faisait l'intermédiaire entre toi et M6 ?
31:35 -Exactement, elle faisait l'intermédiaire. Ensuite, j'ai été chez Disney. Il y a eu une période où Disney était un network,
31:40 j'étais chez eux. Je suis retournée chez M6, j'ai quitté M6 et je suis rentrée en agence, donc chez Point d'Orgue.
31:45 Et chez Point d'Orgue, ça fait 5 ans, je crois que j'y suis. 5 ans sur les 11 ans, on va dire.
31:52 Et aujourd'hui, qu'est-ce qu'elle fait ? Elle gère toujours ça, elle fait toujours l'intermédiaire.
31:57 Elle, elle a pas ce rôle de prospection, si tu veux. Elle a vraiment le rôle de gestion, de toujours les factures et tout,
32:03 et surtout, elle gère aussi mes deux autres sociétés. -Eh oui, ça, on va en parler tout à l'heure.
32:07 -Parce que j'ai trois sociétés, et donc, bien sûr, elle gère... J'ai 10 salariés. -Oui. Donc elle fait un peu de RH, alors ?
32:15 -Elle fait de la RH, elle fait les salaires, elle fait tout. Elle gère le bureau... -Tous les trucs qui, toi...
32:20 -Qui sont phobiques chez moi. Parce qu'en fait, c'est même pas de l'ordre de la flemme. Faut vraiment capter que chez moi,
32:25 c'est un truc où... D'ailleurs, c'est très drôle, elle choisit, elle, les moments où elle me parle de ça.
32:30 -Parce qu'elle te connaît par cœur ? -Parce qu'elle sait qu'il y a des moments où, si elle m'en parle,
32:33 je vais faire une crise d'angoisse. Je peux pas gérer ça. -Tu vois ce que je te disais au début de l'interview ?
32:38 -Pourquoi c'est intéressant qu'on revienne aussi sur... -Tu es ma psy, Alix ! Je vais appeler ma psy, je vais dire
32:44 "Tu dois regarder cette vidéo avec Alix, parce que tu verras, on parle de la même chose !" Elle va être
32:48 mort de rire, ma psy ! Elle va me dire "Mais putain, t'as plus besoin de moi, c'est bon. Appelons Alix Grousset !"
32:52 -N'hésitez pas, je prends les consultations, allez-y dans les commentaires. -Non mais tu vois ce que je te disais au début,
32:57 c'est important, parce que si tu es arrivé à l'interview en me disant "Je suis phobique administrative, j'ai peur de
33:02 rajouter tout", mais qu'on n'a pas tout le back-up, pourquoi est-ce que ça te procure ça ? Les gens, peut-être,
33:07 qui vont regarder vont se dire "Est-ce qu'elle en rajoute pas un peu des caisses ?" Alors que quand on
33:10 comprend que, enfin, ça a été un traumatisme et que vraiment, c'est pas une parole en l'air, mais que ça a été
33:15 vraiment très profond pour toi et que c'est une faille que, certainement, tu bosses avec ta psy, là, on comprend
33:19 pourquoi il y a ça. Et tu vois, je trouve que c'est là, pour le coup, vraiment intéressant que tu sois aussi
33:22 open d'en parler, parce que ça permet vraiment de faire un fil rouge et de capter ça. -En fait, à la fois, c'est hyper intéressant,
33:27 et à la fois, je pense que ça intéresse que deux catégories de personnes. Les gens qui sont mal intentionnés
33:36 et qui ont envie de savoir des choses de mon enfance que je partage très peu, et des gens qui sont, on va dire,
33:41 qui me soutiennent énormément et qui ont envie d'en savoir plus pour comprendre, d'un côté bienveillant,
33:45 comme on est en train de le faire actuellement. C'est aussi pour ça que je me dis toujours qu'il faut faire attention
33:49 à ce que tu dis, mais bon, là, en attendant, j'ai rien dit de... -Oui, mais après, tu contrôles aussi ce que tu dis,
33:53 et de toute façon, tu sais très bien, ici, il y aura pas un titre avec écrit... -"La phobie de l'argent d'être efféminée".
33:58 -Voilà ! On va pas faire ça, quoi ! -Ah bah ouais ! Je suis déçue ! Non mais voilà, et donc du coup, c'est vrai qu'elle gère...
34:03 Ma belle-mère gère tout l'administratif de ma boîte, de mes trois boîtes, et en fait, on a fait ce choix toutes les deux,
34:11 parce qu'elle, c'est un truc... Alors, je dirais pas qu'elle apprécie faire, mais elle est très méthodique et elle est vraiment top
34:16 dans ce qu'elle fait, donc moi, je lui fais une confiance aveugle là-dessus. J'ai vu des gens, un jour, dire sur Twitter
34:22 que, si ça se trouve, mes parents me prenaient de l'argent, sans que je le sache, parce qu'ils savaient que ma belle-mère
34:28 travaillait avec moi, et j'ai trouvé que c'était très... C'est très dur, en fait, de dire un truc comme ça,
34:33 parce que ça renvoie à une peur déjà profonde chez certaines personnes, où tu te dis... Oui, peut-être qu'ils le font,
34:40 et puis d'un autre côté, ça casse aussi la confiance. Alors, heureusement, moi, ça n'a rien ébranlé, mais je trouvais que c'était dur,
34:45 en fait, le jugement que les gens peuvent avoir sur une famille entière. Et je pense pas que je fais partie de ces gens...
34:52 Enfin, je suis pas sûre... Je pense pas que je fais partie de ces enfants que les parents ont exploités, tu vois,
34:56 comme on peut le voir sur de nombreuses chaînes YouTube actuellement. Donc je trouvais que c'était un petit peu dur,
35:00 et je pense que les gens, des fois, ils doivent vraiment faire attention à ce qu'ils disent, parce que sans elles,
35:04 je serais pas non plus là où j'en suis. -Et puis elle t'a aussi beaucoup accompagnée physiquement,
35:08 et psychologiquement ? -Ouais. Je me souviens quand elle est beaucoup aux États-Unis, quand c'était les conventions et tout,
35:15 où elle venait aussi tout le temps avec toi... -Quand je faisais mes signatures de livre avec 5 000 personnes à la défense,
35:19 elle était là, hein. Elle était à côté. Tu regardes les vidéos, elle était à côté de moi. Parce que sinon...
35:25 En fait, il faut s'imaginer que, à ce moment-là, j'ai pas beaucoup d'amis dans la vie, ça a rien changé, je suis à fond dans mon travail,
35:32 mes amis ont un petit peu de jalousie, me comprennent pas forcément, ont un problème avec l'argent que je gagne,
35:38 parce qu'ils gagnent pas le même argent, ça crée des conflits, mine de rien. -Là, t'as tes amis qui sont un peu dans ce milieu-là
35:43 ou tes amis hors milieu ? -Hors milieu ou même qui sont un peu dans le milieu, parce qu'il y avait rien à faire.
35:48 En 2014, j'étais à mon prime, tu vois. Donc c'était un peu délicat pour certaines personnes. Il y avait des gens qui m'aimaient bien,
35:54 mais qui m'aimaient bien qu'en façade. Donc c'était pas une période psychologiquement hyper évidente pour moi,
35:59 et donc la seule en qui j'avais une confiance aveugle sans jamais réfléchir, savoir si elle avait une ambiguïté derrière la tête,
36:05 c'était ma belle-mère, tu vois. Donc elle était toujours là, physiquement, moralement, quand ça n'allait pas.
36:12 Elle m'a accompagnée sur "Danse avec les stars", elle était là pour mes signatures de livres, elle était là pour tous mes tournages,
36:17 pour tous mes voyages presse. Puis faut s'imaginer, c'est pas facile pour elle de laisser ses deux enfants en bas âge à la maison
36:24 pour m'accompagner, moi, et pas ma sœur. Enfin, tu vois, c'est une psychologie de famille qui est bouleversée pour le travail de quelqu'un.
36:31 Donc de voir ça, les gens dirent des trucs pareils, j'étais là "mais vous savez pas, vous ne connaissez pas ce que ça implique
36:38 comme sacrifice familial". - Bah toute la famille, de toute façon, je pense, quand il y a un membre de la famille qui est un peu exposé médiatiquement,
36:48 toute la famille trinque. - Ah oui, bien sûr. - Parce que, mine de rien, ta sœur devient, malgré elle, la sœur d'EnjoyPhoenix.
36:56 - Ah oui. - Est-ce que ça, elle en a souffert, par exemple ? - Oui, elle en a souffert. - Parce que tu la montres beaucoup moins aujourd'hui.
37:00 - Alors, je la montre moins parce qu'on n'habite pas dans le même pays, maintenant, et puis elle est maman, et je crois que ça, ça a aussi beaucoup changé.
37:10 Donc oui, je la montre moins, mais quand elle était... Ma sœur et moi, je crois que je l'ai jamais dit, mais il y a eu un moment où on ne s'est pas parlé pendant un an.
37:18 - À cause de ça ? - Un an, c'est loin, quand t'es sœur. C'est très très loin. - Donc les réseaux sociaux, à un moment donné, la fame YouTube,
37:27 ça a impacté ta relation avec ta sœur ? - Les copines de ma sœur étaient copines avec elle parce que c'était la sœur d'EnjoyPhoenix.
37:34 - Ouais, c'est... - Quand elle l'a su, quand elle s'en est rendue compte, au lieu d'en vouloir à ses copines, elle m'en a voulu à moi.
37:41 Mais je lui en ai jamais voulu pour ça. Jamais. J'ai jamais eu d'animosité. J'étais très triste quand on se parlait plus avec ma sœur.
37:47 Mais c'était son choix. Elle faisait sa crise d'ado, et je pense que pour elle, identitairement parlant, c'était très compliqué.
37:51 Déjà, c'est compliqué identitairement parlant, la crise d'ado, donc si en plus t'es dans l'ombre de ta sœur, c'est encore plus dur.
37:56 Donc j'en ai pas voulu. Mais on s'est pas parlé pendant un an. - C'est dur, et puis c'est au moment où effectivement,
38:01 toi, t'as besoin aussi peut-être de ta famille, du soutien, quand c'est la période où c'était au moment de "Danse avec les stars"...
38:07 - Ouais, c'était un peu avant "Danse avec les stars", quand même. Mais tu vois, je trouve que la relation qu'on a aujourd'hui avec ma sœur,
38:13 elle a jamais été comme ça. Elle a jamais été aussi saine, et on a jamais été aussi proches que ces deux dernières années,
38:22 deux, trois dernières années. - Et c'est peut-être aussi le fait que t'es plus à la pression d'être la numéro un,
38:28 parce que tu l'as dit tout à l'heure... - Alors en fait, c'est bâtard, parce que dans les chiffres, c'est toujours moi !
38:33 - En termes de quoi ? - D'abonnés. - Ah ouais ? Alors du coup, dans quelle classification ? Parce que là, t'as quoi ?
38:40 - Sur Insta, j'ai 6 millions. Sur ma chaîne principale, j'ai 3,5 millions. Donc en fait, en termes de filles, je suis pas la première sur YouTube,
38:50 mais je suis dans les premières, je crois qu'il y en a toutes. Mais donc aujourd'hui, c'est plus du tout...
38:57 Ça n'a plus rien à voir, aujourd'hui. Les chiffres des abonnés ne veulent plus rien dire. Aujourd'hui, ce qu'on regarde, c'est les vues.
39:02 Donc c'est pour ça que c'est très difficile, parce que t'es là... Ça m'est déjà arrivé d'avoir des gens, ça, c'est vraiment le pire truc.
39:09 Ça digresse un peu sur ce qu'on disait, mais... Qui vont dire sur les réseaux "Putain, la honte, franchement, elle a tant d'abonnés, t'as vu combien elle fait de vues ?"
39:18 En fait, les gens, ils sont dans mes stats, apparemment. Ils ont de la peine pour moi sur les stats. Mais en vrai, de vrai, c'est vrai que c'est un peu incompréhensible.
39:24 Et c'est très dur, en fait, de réfléchir comme ça, parce que toi, tu te remets en question, tu te dis "Putain, en fait, oui, c'est vrai..."
39:30 - Mais parce qu'il y a des... - Bon, il y a des facteurs, il y a plein de raisons, tu vois. - Il y a ça, mais il y a aussi ce que tu disais tout à l'heure, il y a des erres, en fait.
39:37 Donc effectivement, à un moment donné, en 2014, c'était ton prime, mais de toute façon, le prime, je pense, ne peut pas durer 5 ans.
39:45 - Ah non, ça ne dure pas, mais ça ne dure jamais. - Et là, aujourd'hui, celles qui sont à leur max, dans 10 ans, ce ne sera plus les mêmes, dans 5 ans, ce ne sera plus les mêmes.
39:50 - Ah non, bien sûr. - Comment tu vis, toi, justement, toute cette arrivée de nouvelles vagues ? J'en ai reçu beaucoup ici, que ce soit Lena, Maya, Marine, tu vois, il y a beaucoup de gens qui sont arrivés entre-temps.
39:58 Comment est-ce que toi, tu le vis quand, justement, on te compare à elle ? Est-ce que t'as eu le seum ?
40:05 Je crois que je l'aurais mieux vécu si on me l'avait pas mis dans la gueule. En fait, c'est très difficile, parce que moi, j'ai toujours accepté le fait qu'il y ait des nouvelles personnes qui arrivent sur la plateforme,
40:18 parce que déjà, c'est sympa comme contenu à regarder. Quand t'as des gens qui bousculent un petit peu ce que tu fais, tu trouves ça chouette, parce que ça te challenge, toi aussi, déjà à regarder, c'est fun,
40:27 ça te challenge à t'aligner, à faire mieux. Moi, je suis quand même quelqu'un qui suis très dans la performance dans tout ce que je fais. Ça fait aussi partie de mon éducation, comme je te disais avec mon père.
40:38 J'ai toujours été élevée à... - Faut être la première, aussi. - C'est ça qu'on attend, Marie, c'est pas moi. Mais c'est bien, ça m'a forgée. J'aime bien, tu vois, c'est pas quelque chose pour moi qui est un fardeau.
40:53 Mais donc, j'ai toujours trouvé ça normal, sympa, des fois un petit peu ennuyant, parce que tu comprends pas au début. T'es un peu là genre "C'est qui, elle ? Comment ça se fait qu'elle fasse autant de vues ? Pourquoi est-ce qu'elle attire autant ?
41:04 Qu'est-ce qui est différent ? Pourquoi ?" Tu te poses forcément plein de questions, mais je l'ai toujours vue comme un booster pour me remettre en question et pour essayer de produire du contenu différent.
41:14 Jusqu'à ce qu'on vienne me le mettre dans la gueule. On vienne me dire dans les commentaires "Ah putain, t'es tellement has-been maintenant, regarde, compare à telle, telle, telle youtubeuse, franchement, tu dates."
41:27 - Tu l'as eue avec qui, toi ? - Je l'ai eue avec tout le monde. Je l'ai eue avec Léna, je l'ai eue avec Marine. En gros, on me comparait toujours avec des filles plus jeunes que moi, qui étaient la nouvelle vague d'influenceuses.
41:39 Et donc, à un moment, c'est difficile, parce que tu commences... En fait, c'est les gens qui créent la compétition à ta place. Toi, tu la crées pas forcément, parce que c'est le cycle de la vie, tu vois, on va tous mourir et il y a des gens qui vont toujours commencer à naître.
41:50 C'est pareil sur tous les réseaux, dans tous les milieux. Quand t'es dans une boîte, t'as toujours envie d'upgrader et prendre la place de celui qui est au-dessus de toi. C'est pareil, tu vois.
41:59 Et en plus, elles, je pense qu'elles étaient là pour challenger ça aussi. Toi, tu vois pas la compétition, mais c'est les gens qui la créent à ta place. Donc là, ça commence à te foutre le seum,
42:07 parce que du coup, tu te dis "Non mais attends, là, les gars, je suis en train de passer pour une merde", alors que pas du tout, parce qu'on a tous notre audience, en fait. Il y a de la place pour tout le monde.
42:16 Alors aujourd'hui, il y a plus beaucoup de place, on va pas se mentir. -Oui, il y a du monde, quand même. -Aujourd'hui, il y a quand même du monde, mais à l'époque, il y a encore 3 ans, il y avait encore de la place pour tout le monde.
42:25 Donc pour moi, je voyais pas où était le problème de ça. Et puis en fait, c'est vraiment les gens, je dirais, qui sont très mesquins. Et c'est eux, en fait, qui vont créer de la compétition. Pourquoi ? Parce qu'ils aiment les dramas.
42:36 Ils ont envie de créer de l'animosité. C'est les gens qui vont regarder, qui follow, qui unfollow... C'est très dur, tu vois. Toi, tu peux juste faire ta vie, mais pourtant, non, il y a encore des gens qui vont fouiner.
42:47 -Ce truc-là, je l'ai vu, parce que là, t'as fait un voyage presse GHD, il y avait Sana et Marwa. Et vous avez posté un reel... Enfin, c'est Sana, je crois, qui a posté un reel. -Ouais, Sana a posté un reel, ouais.
42:58 -Vous êtes toutes les trois, vous arrivez, et dans les commentaires, il n'y a que des gens qui disent "Quoi ? Mais Sana et Marie en même temps ?" ou "Marwa et Sana en même temps ?" Parce que forcément, à un moment donné, quand vous étiez un peu toutes à votre prime de YouTube beauté, vous n'étiez pas forcément copines.
43:11 -Alors avec Sana, on a eu une histoire compliquée dans le sens où on a été copines, puis on n'a plus été copines, et puis on a re-été copines, puis après, ça a été ambigu. Puis après, on n'a plus du tout été copines.
43:22 Parce que tu vois, c'est très destructeur, aussi, ce milieu-là. Il y a plein de gens qui parlent, des gens qui vont mentir, des gens qui vont dire des choses, des gens qui cherchent à te monter les uns avec les autres...
43:31 Et puis, il y a aussi un paramètre, sans langue de bois, à un moment donné, quand on est séparés, on est genre un top 5, et ce qui nous sépare, c'est 5 000 abonnés... Mais c'est la bagarre !
43:41 -T'as vraiment fait la bagarre ? -Mais c'est la bagarre !
43:44 Mais si tu veux... Franchement, faut arrêter de mentir. Moi, j'en ai marre des gens qui sont là "Ah non, moi, je cherche pas la fame..." -On est tous pas au prix !
43:50 -Allez, ça y est, stop. Faut arrêter de mentir. C'était la bagarre, à un certain moment donné. C'était la bagarre.
43:57 -Et ça se matérialisait par quoi ? -Des vidéos qui étaient copiées, de très grosses inspirations, des miniatures qui étaient sensiblement les mêmes, des voyages presse où l'une et l'autre allaient parce que l'autre était là à sa place.
44:08 "Pourquoi est-ce qu'elle, elle, est là ? Et pourquoi moi, je suis pas là ? Pourquoi elle est invitée à un tel event ? Si elle, elle vient, moi, je viens pas..."
44:14 Attends, c'était la guerre, à ce moment-là ! C'était la bagarre, et ça, les gens, ils veulent pas le dire, mais c'est la vérité.
44:20 Ça a duré un an, je pense. Vraiment, c'était comme ça. Après, l'écart s'est creusé, chacun a trouvé son audience, et ça s'est beaucoup calmé avec le temps.
44:29 Et puis je pense qu'on a grandi. Moi, aujourd'hui, Sana, c'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup, et on a eu des conversations avec Sana qui, en fait,
44:36 se sont avérées être hyper... Comment dire ? Touchantes, dans le sens où je pense qu'on s'est retrouvées dans le sens où on a chacun fait notre petite popote chacune de notre côté,
44:49 et quand on s'est revues, on s'est rendues compte qu'on partageait exactement les mêmes valeurs. Et donc, finalement, ça matche.
44:55 Puis je suis plus du tout dans cette... Allez, je suis plus dans ce truc, c'est fatigant, c'est épuisant. J'ai plus envie.
45:02 Et donc, pour moi, il n'y a pas... Je comprends les gens, mais parce que les gens restent bloqués sur des événements du passé, et même si toi, t'essayes d'aller de l'avant,
45:12 c'est eux qui te... Tu sais, c'est comme un espèce de boulet, tu vois. Ils viennent et hop là, ils te rattrapent. "Eh, eh, n'oublie jamais !"
45:19 Alors que toi, t'es passée à autre chose. Mais comme il y a des traces sur Internet ou comme il y a des machins, et que eux, c'est un petit peu leur amour, gloire et beauté, ils adorent faire ça.
45:26 - Oui, parce qu'à ce moment-là, en plus, t'étais vraiment encore... T'as période où t'étais très YouTube beauté, jusqu'à une vidéo qui m'a marquée, qui est la vidéo "Pardon, je vous ai menti"
45:38 ou un titre comme ça. Attends, je vais les noter. "Je suis désolée de vous avoir menti". - Ah oui, je pensais pas que t'allais parler de cette vidéo.
45:44 Je pensais que t'allais parler de la vidéo où je voulais plus recevoir de photos. - Elle arrive juste après, madame. Enfin, on fait de façon chronologique.
45:49 - Tu as raison. - Dans cette vidéo, t'es encore blonde. Pour moi, c'est important de le dire, parce que la vidéo où t'arrêtes de recevoir des produits, t'es passée châtain.
45:58 Donc c'est tout bête, mais pour moi, tes cheveux, c'est une gradation de... - Ah, mes cheveux, c'est symptomatique de ma personnalité.
46:04 - C'est une gradation de ta personne. - Là, je suis à mon prime, là.
46:07 - Mais ça démontre bien. T'es passée de blonde platine à aujourd'hui, des cheveux noirs. T'as même fait une petite face de bleu. - J'ai tout eu.
46:17 - Allez, tu sais en préciser. - J'ai pas fait de rose, encore.
46:20 - Quand tu passes cette vidéo, je suis désolée de vous avoir mentie. Le terme "mentie", c'est fort. - C'est fort.
46:25 - Archi fort, surtout sur les réseaux où, très souvent, les influenceurs sont axés d'être des menteurs. Pour certains, c'est vrai. Pour d'autres, un peu moins.
46:32 - Tu es mauvaise, Alex. - Une balle perdue.
46:35 - Il apprendra celui qui veut.
46:38 - Le terme "mentie" est très fort. Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ? Et je vais te poser la question de façon très cash.
46:44 Est-ce qu'Enjoy Phoenix était un personnage fictif, quand tu fais cette vidéo ?
46:47 - Je dirais pas qu'Enjoy Phoenix était un personnage fictif. En revanche, quand il y a eu toute cette période, justement, un petit peu la bagarre, être toujours au top, faire le plus de partenariats et tout,
46:59 il y a eu un moment où je me suis totalement perdue. Je me suis laissée aller vraiment dans les nimbes de ce boulot-là, qui m'a happée dans tous les sens du terme.
47:08 Et à ce moment-là, mon simple but, c'était de réussir. J'avais même plus le côté passion, et c'était en ça que la vidéo, pour moi, était importante.
47:18 En gros, le problème, à ce moment-là, c'était que je ne faisais les choses que pour être au top. Et je faisais plus vraiment les choses parce que je les aimais profondément.
47:26 Alors que je continuais à dire que YouTube, c'était ma passion, que j'adorais mon métier, que j'étais hyper reconnaissante de ce que je faisais.
47:31 Je disais ça, et de l'autre côté, je pleurais parce que mes stats n'étaient pas assez bonnes, je faisais des vidéos en fonction des tendances...
47:37 - Le slime. - Voilà, le slime. Regarde-moi, s'il te plaît.
47:42 Et en fait, c'est en ça... Ça a duré quand même un sacré moment. Mon but, c'était de faire des vidéos qui marchaient, pas des vidéos que je kiffais.
47:49 Et c'est en ça que j'avais l'impression de mentir à ma communauté, parce qu'autant c'était difficile d'un côté, parce qu'il n'y a rien à faire, ces vidéos-là...
47:57 Mais quand je te dis "elles pétaient les charts", c'était incroyable. Les stats étaient malades par rapport aux vidéos.
48:03 - C'est du million. - C'est du million de vues pour chaque vidéo, il faut quand même le savoir.
48:06 Donc d'un côté, t'as ces vidéos qui tapent les hauts des stats et tu te dis "putain, je dois continuer".
48:13 D'un autre côté, tu te lèves le matin et t'es là "je vais encore devoir faire la gamine en vidéo, top, génial, trop bien".
48:21 Donc j'étais en dissonance totale avec qui j'étais et le contenu que je produisais.
48:28 Et à un moment, je me suis dit "non mais là, tu vas devoir choisir, Marie, parce qu'il y a un moment, ça va se ressentir".
48:34 Et d'ailleurs, il y a des gens qui l'avaient vu parce que ça se voyait sur certaines de mes vidéos.
48:38 Il n'y avait plus aucun vrai sourire, il n'y avait rien. Tu sentais que c'était pas moi.
48:44 Et j'en avais longuement parlé avec mes parents à ce moment-là, ils m'avaient dit "écoute, là, ça se voit que tu kiffes pas ce que tu fais".
48:50 À côté de ça, j'adorais faire des vlogs, mais sur ma chaîne principale, j'étais perdue.
48:54 Donc c'est pour ça que j'ai fait cette vidéo, parce qu'il fallait que je rétablisse un peu la vérité.
48:59 - Tu sais quoi, ça m'a fait penser à Anna Montana. Mae Sarris. Non, je t'explique pourquoi.
49:04 Mae Sarris, quand elle jouait dans Anna Montana, elle était la petite... la coqueluche, on va dire.
49:11 - Oh, c'est... c'est vraiment... - Mal à ma France de dire coqueluche, mais bon.
49:15 La coqueluche des US, Mae Sarris, c'était l'adorée des ados et des parents. Elle était référence aussi pour les parents en tant qu'ado parfaite.
49:22 D'un seul coup, Mae Sarris... alors ça la faisait bien rigoler de jouer dans Anna Montana, mais elle avait quand même envie d'être femme,
49:28 d'être plus à l'aise avec ce qu'elle était, sa sensualité, peut-être sa sexualité.
49:32 Et hop, elle a twisté, et après, elle a commencé à faire Wrecking Ball, se couper des cheveux, etc.
49:37 Pour moi, t'as eu le même truc. - Pour moi, la vidéo, c'était Wrecking Ball.
49:42 - C'était un peu moins extra, mais... - C'était le rasage de crâne de Britney Spears.
49:45 - Mais en vrai, c'est ça. C'est un peu le syndrome des enfants Disney que t'as vécu.
49:48 C'est que toi, tu t'es construit en tant qu'ado de référence pour les enfants, pour les parents.
49:52 Je prends notamment en exemple le fait que t'aies mis beaucoup de temps à dire que tu fumais.
49:56 C'est anecdotique, mais c'est la réalité. - Oh, mon dieu, ça, c'était terrible.
49:59 - Parce que, quand... je me souviens très bien, quand t'as fait la vidéo pour dire que tu fumais,
50:02 où t'avais répondu dans une FAQ un truc, t'avais expliqué que c'était parce que tu ne voulais surtout pas influencer.
50:07 Je m'en suis rendue compte, avec le temps, que c'était le cas.
50:10 J'aurais pu être gourou d'une secte, à ce moment-là, Alix.
50:13 C'était une période, regarde, le masque à la cannelle.
50:16 Non mais attends, tu vois le délire. - Ça, ça avait fait...
50:20 - Tout ça parce que les gens qui, potentiellement, auraient fait des allergies, je tiens à préciser,
50:24 à n'importe quel produit vendu dans la grande surface à côté de chez toi,
50:29 ont fait une allergie à ce masque-là parce qu'ils n'ont pas fait de test,
50:32 comme ils auraient dû le faire pour n'importe quel produit, qu'ils allaient s'appliquer dans tous les cas.
50:36 - Oui, après, peut-être que ta faute aurait été de le dire en vidéo.
50:39 - J'aurais dû, tu vois. Mais sur le coup, même moi, je n'y ai pas pensé,
50:41 parce que ça tombait un petit peu sous le sens, et encore une fois, je remets pas le truc en question.
50:46 C'est juste que ça prouve bien qu'à ce moment-là, on remettait jamais en question
50:50 ce que je disais et ce que je faisais.
50:52 Donc oui, si moi, je disais que je fumais des clopes, j'avais vraiment clairement pas envie
50:56 que t'aies des gamines qui assassent à acheter leur premier paquet, tu vois.
50:59 - Justement, t'avais cette audience encore de très jeunes.
51:01 Et est-ce que c'est pour ça que t'as voulu, à un moment donné, changer et t'affirmer un peu plus,
51:07 en tant que peut-être un peu moins lisse ? Enfin, en tout cas, montrer ce que t'étais vraiment.
51:11 Parce que finalement, là, ce qui ressort, c'est que la Marie qui fait du slime,
51:14 c'est pas la vraie Marie. Quand t'éteins ta caméra, tu fais pas du slime pour te détendre.
51:17 - Non, pas du tout. Non, je faisais du contenu pour l'âge de ma communauté,
51:20 mais c'était pas représentatif de qui j'étais. Et en fait, à un moment donné,
51:24 j'avais aussi cette envie de conversationner avec des gens qui avaient mon âge
51:28 et qui avaient, entre guillemets, les mêmes hobbies que moi.
51:31 J'avais plus envie d'être la copine plutôt que la grande sœur.
51:33 Ce statut que j'avais eu pendant des années, donc...
51:35 - C'est vrai, parce que même dans les médias, c'est ce qu'on te disait de toi.
51:37 - Oui, toujours. - T'étais la grande sœur des ados.
51:39 - Ah oui, mais j'étais pas la copine. À un moment, c'est sympa 5 minutes,
51:42 mais je peux pas être ça toute ma vie, tu vois. C'est...
51:45 - Est-ce que ça t'a créé des problèmes d'identité ?
51:47 Tu vois, de plus savoir où est-ce que t'es, est-ce que là t'es Marie, est-ce que t'es EnjoyPhoenix ?
51:52 - Ouais. - Et ça se manifestait par quoi, ça ?
51:55 - Dans des conversations avec des potes, où en fait, des fois,
51:59 j'utilisais des trucs sur certaines intonations, ou j'avais des expressions,
52:03 ou alors genre j'allais... Je sais pas, par exemple...
52:06 J'aurais même plus d'exemples à te donner, mais mes potes allaient dire
52:09 "arrête de faire t'as EnjoyPhoenix".
52:11 C'était violent, tu vois, quand on me le jetait à la gueule,
52:13 parce que j'étais vraiment là genre... - C'était un peu la honte, en fait.
52:16 - Mais en fait, c'était difficile, parce que...
52:18 Tu vois, encore une fois, il y a cette dissonance entre les gens qui disent ça,
52:22 mais d'un autre côté, quand il s'agissait, deux heures plus tard, de rentrer en boîte de nuit,
52:25 et qu'on se faisait refoul, c'était trop chouette de dire que leurs potes étaient EnjoyPhoenix.
52:29 C'était eux qui prenaient leur téléphone, qui mettaient mon Insta,
52:32 et qui les montraient au videur. Moi, j'étais derrière, j'étais super gênée.
52:35 - Et tu l'as jamais dit ? - Non.
52:37 - Pourquoi tu le disais pas ? T'avais peur de... - C'est la honte.
52:40 C'est la honte de traîner avec des gens comme ça.
52:42 C'est la honte d'avoir des potes que tu penses être tes potes,
52:44 mais au final, tu sais qu'ils ont une partie d'eux où ils servent un peu de toi.
52:48 C'est pas glorieux, tu vois.
52:50 - Oui, mais justement, si toi, t'as ce recul-là, c'est la honte.
52:52 Pourquoi est-ce que tu continuais à rester avec eux ?
52:54 - Parce que sinon, t'étais toute seule. - Ah, j'avais pas d'autres potes.
52:56 - Donc tu préférais te dire "Fine, j'accepte". - Ouais.
53:00 J'essayais de prendre que le meilleur de la relation, tu vois.
53:02 J'essayais de me dire que je prenais que le meilleur de ce qu'ils pouvaient m'apporter,
53:06 et que je savais qu'ils avaient des défauts, et en fait...
53:09 Je le voyais pas forcément comme ils restaient avec moi parce que j'étais Angel et Phoenix,
53:13 mais plus comme...
53:15 Ils prennent des avantages là où ils en trouvent, comme on prendrait dans n'importe quelle amitié.
53:20 Enfin, tu sais, c'est la base de la psychologie.
53:22 T'es amie avec quelqu'un ou t'es en couple avec quelqu'un
53:24 parce qu'ils t'apportent quelque chose qui te complète.
53:26 C'est pas négatif de voir les choses...
53:28 Enfin, c'est pas négatif, c'est pas péjoratif, c'est juste la vérité, en fait.
53:31 Tu trouves en ton père, p-r-p-a-r-e, la chose qui te manque à toi.
53:36 C'est ça qui est la base d'une relation, tu vois.
53:38 Ton cerveau, il est fait comme ça pour combler ses besoins.
53:41 Donc en fait, je le voyais pas du tout de manière négative.
53:45 Je lui disais, ben...
53:46 Voilà, quoi.
53:48 -Ouais, mais en fait, le problème, je pense, c'est que ça crée des relations faussées
53:51 dans le sens où tu peux vraiment pas être toi-même avec ces gens-là,
53:54 de peur que ça soit répété...
53:57 -Ça m'allait à ce moment-là.
53:59 J'étais bien comme ça.
54:01 -Et t'étais suivie psychologiquement à ce moment-là ? -Non.
54:03 Ça fait 4 ans que je vois une fille.
54:05 Mais avant, non.
54:06 Avant, je faisais partie de ces gens qui disaient qu'ils avaient pas besoin de voir une fille,
54:09 jusqu'à ce que je vois une fille pour la première fois.
54:11 -Et alors, pourquoi t'as changé, maintenant ?
54:13 -Parce que...
54:16 -Qu'est-ce qui a fait que tu t'es dit "why not", en fait ?
54:22 -Plein de choses.
54:26 J'ai été victime de crises d'angoisse très récurrentes,
54:30 et des vraies crises d'angoisse,
54:31 parce qu'aujourd'hui, on attribue la crise d'angoisse...
54:35 On dit "Ah, j'ai fait une crise d'angoisse !"
54:37 Non, une vraie crise d'angoisse, j'en faisais une tous les deux jours,
54:40 très violente.
54:41 Et à ce moment-là, je me rappelle, c'était Jelly qui venait me lécher le visage
54:46 jusqu'à ce que j'arrête de faire ma crise d'angoisse,
54:48 j'en souviendrai toute ma vie.
54:50 Je pouvais plus me regarder dans un miroir,
54:52 j'étais en état dépressif, comme on pourrait dire.
54:55 Pas en dépression, mais en état dépressif.
54:57 Et j'avais énormément d'acné à ce moment-là.
54:59 Et une des causes que je voulais...
55:01 Enfin, une des pistes que je voulais explorer par rapport à l'acné,
55:04 c'était l'aspect psychologique.
55:06 Après avoir essayé, en gros, tous les traitements qui existaient,
55:10 la naturopathie, l'alimentation, les médicaments,
55:13 je voulais pas faire Wakutan tant que j'avais pas tout essayé.
55:16 Et je m'étais beaucoup renseignée sur l'aspect...
55:18 Qu'est-ce que la psychologie peut avoir comme impact sur ta santé ?
55:22 Et donc, je m'étais dit...
55:24 "Vas-y, foutu pour foutu, je vais voir une psy."
55:27 Et en fait, c'est pas grâce à la psy que j'ai soigné mon acné,
55:30 c'est grâce à Wakutan, finalement, je l'ai quand même fait.
55:32 Mais ça a été un énorme soutien émotionnel,
55:34 et ça m'a fait creuser dans plein de choses.
55:36 C'est grâce à ma psy qu'aujourd'hui, j'ai une relation correcte avec ma mère.
55:39 Sinon, moi, je lui parlais plus.
55:41 Et je pense que je l'aurais pas reparlé de ma vie.
55:44 Donc non, c'est vraiment la meilleure chose qui me soit arrivée, de voir une psy.
55:49 Je le recommande, 10 sur 10.
55:51 -Mais de toute façon, c'est ce qu'on dit toujours, dans le clic.
55:54 C'est quelque chose sur lequel on incite à chaque fois.
55:56 Et de toute façon, tous les créateurs que je reçois,
55:59 je pense que c'est très important, dans beaucoup de métiers,
56:03 mais je pense encore plus dans des métiers d'image,
56:06 d'avoir justement ce soutien psychologique derrière...
56:09 -C'est obligatoire.
56:10 -Quand t'es exposée, et surtout exposée à ton niveau.
56:13 -Après, moi, avec ma psy, on parle pas forcément de mon travail.
56:16 On en parle un petit peu sur, en gros, on va dire...
56:19 En fait, ce qui est rigolo, c'est qu'à chaque fois
56:21 que je vais lui parler d'une émotion que je ressens dans mon boulot,
56:25 elle va prendre cette émotion et elle va la ramener à ma vie,
56:29 à qui je suis. -À ta vie perso ?
56:31 -Ouais. -OK.
56:32 -Et tu te rends compte qu'il y a des leviers d'action,
56:36 où tu te dis "ça, c'est ça, ça, c'est ça, ça, c'est ça..."
56:41 Au lieu de régler un truc dans le travail,
56:43 tu règles d'abord un truc dans ta vie perso,
56:45 et tu te rends compte qu'ensuite, ça débloque ce souci que t'as dans ton boulot.
56:48 Mais ça passe toujours par toi.
56:50 Et avec ma psy, on parle plus de moi,
56:54 et de ma famille, que de mon travail.
56:57 -De toute façon, beaucoup de traumas qu'on répercute,
57:00 que ce soit sur notre corps, sur notre vie professionnelle,
57:03 ça vient aussi des valises qu'on se traîne.
57:06 Et très souvent, le travail psychologique passe aussi beaucoup par la famille.
57:10 -C'est Marie et Alix du futur.
57:12 Là, vous êtes en train de regarder l'épisode 1,
57:14 et on se rend compte qu'on a déjà beaucoup filmé.
57:16 Et on a encore énormément de choses à se dire.
57:18 Et comme j'ai pas envie de faire du montage, de couper,
57:21 parce que je trouve que tout ce dont t'as parlé, Marie, est très intéressant,
57:24 et j'ai vraiment envie de laisser ça tel quel,
57:26 ce qu'on va faire, c'est qu'on va se retrouver la semaine prochaine,
57:28 dans l'épisode 2.
57:30 Je suis désolée, je sens que là, derrière votre écran...
57:32 -Quelle suspect !
57:33 -Vous faites "Oh non !"
57:34 C'est la première fois que je le fais dans le clic,
57:36 mais là, vraiment, j'ai envie que cette interview dure.
57:38 J'ai encore plein de trucs à aborder.
57:40 Donc on se retrouve très vite dans un nouvel épisode.
57:42 En attendant, dites-nous ce que vous en avez pensé dans les commentaires.
57:44 Et puis mettez la petite cloche, tiens, puisque vous ne le faites pas.
57:47 Mettez la petite cloche.
57:48 Et on se retrouve la semaine prochaine avec Marie.
57:51 À bientôt. Ciao !
57:52 -Ciao !
57:54 Sous-titrage ST' 501
57:56 ...