Les politiques sont-ils vulgaires ? La chronique politique de Nathalie Schuck
Est-il nécessaire d'être vulgaire et grossier pour faire de la politique ? On se rappelle du vocabulaire très fleuri de Nicolas Sarkozy et de son célèbre «Casse toi alors pauvre con» de Nicolas Sarkozy. Plus récemment, durant la crise Covid, Emmanuel Macron a eu «très envie d'emmerder les non-vaccinés». Parler popu est une vieille ficelle de communication pour les politiques. On vous explique pourquoi !
#politique #emmanuelmacron #ericzemmour #ericdupontmoretti
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NewsTranscript
00:00 Est-il nécessaire d'être vulgaire et grossier pour faire de la politique ?
00:03 Alors si on en croit la dérive à laquelle on assiste depuis Nicolas Sarkozy
00:07 au niveau du vocabulaire et du comportement de certains de nos élus,
00:10 il semblerait hélas que oui.
00:12 On se souvient des sorties particulièrement pimentées de l'ancien président sur la racaille
00:17 et surtout de son fameux "casse-toi alors pauvre con".
00:19 Eh bien Emmanuel Macron, son jeune successeur, n'est pas du tout en reste.
00:23 Lui qui critiquait ceux qui foutent le bordel,
00:25 qui s'agacent des prestations sociales qui coûtent un pognon de dingue.
00:29 Je fais un constat qui est direct pour tout système social.
00:32 On met trop de pognon, on déresponsabilise et on est dans le curatif.
00:36 Ou encore pendant la crise du Covid, qui avait très envie d'emmerder les non-vaccinés.
00:41 Parler un langage fleuri, parler popu, c'est une vieille ficelle de communication.
00:45 C'est une façon de se montrer proche des gens.
00:47 Une façon aussi de se distinguer dans la masse des élus qui pratiquent la langue de bois,
00:51 le langage technocratique.
00:52 Une manière de montrer qu'on n'est pas déconnecté du pays
00:55 au moment où beaucoup de Français ont l'impression que la langue politique
00:57 est devenue une langue morte.
00:59 Au sein du gouvernement, le champion toute catégorie, c'est Gérald Darmanin.
01:03 Qui n'hésite pas dans ses interviews à dire qu'il ne légalisera jamais la drogue
01:06 parce que, je cite, "c'est de la merde".
01:08 Le ministre de l'Intérieur se targue en privé d'être d'origine populaire,
01:11 sous-entendu pas comme ses autres petits camarades macronistes
01:15 qui feraient mieux, selon lui, de passer plus de temps au bistrot.
01:18 La dernière campagne présidentielle a été un festival en termes de langage familier
01:22 entre Valérie Pécresse qui disait de Marine Le Pen qu'elle allait "en bouffer"
01:26 ou de la même Marine Le Pen qui parlait de "serrer le kiki"
01:29 sans même évoquer le superbe doigt d'honneur de l'ami Éric Zemmour.
01:33 Pendant longtemps pourtant, les politiques étaient vus comme des érudits
01:37 qui utilisaient un vocabulaire riche et pointu.
01:39 Ils ne s'autorisaient à mal parler qu'en privé,
01:41 comme Georges Pompidou qui avait accusé Jacques Chirac d'emmerder les Français.
01:45 Élisabeth Borne appartient à cette vieille école.
01:47 Elle n'utilise son jouron préféré, connard, que dans un tout petit comité.
01:50 Le danger, c'est qu'en repoussant tout le temps les limites du grossier,
01:53 du familier, du vulgaire,
01:54 on risque de tomber dans l'outrance à la Donald Trump.
01:57 La députée insoumise Danielle Obono l'a expérimentée
02:10 en suggérant à ses adversaires dans un tweet
02:12 d'aller "manger leur mort", une insulte de lard gogitant.
02:15 Et le ministre de la Justice lui-même, Éric Dupond-Moretti,
02:18 s'est laissé aller en pleine séance à l'Assemblée à plusieurs bras d'honneur.
02:22 Bien s'exprimer, bien se comporter,
02:24 sans tomber dans le populisme corporel et langagier,
02:27 c'est aussi une façon de respecter ses électeurs.
02:29 [Musique]