L'Oeil des pros - Christian Cevaer

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Transcript
00:00 Le mois d'avril est synonyme de Masters et donc de putting.
00:03 Alors on a fait venir un spécialiste en la matière.
00:05 Bonjour à tous, soyez les bienvenus dans l'œil des pros,
00:19 votre émission technique et pédagogique au service de votre golf.
00:23 Aujourd'hui, pour parler putting, pour parler optimisation de votre jeu,
00:28 on a choisi de faire venir Christian Sévère.
00:31 Salut Christian !
00:31 Salut Julien !
00:32 Alors avant toute chose, avant de parler de tes conseils,
00:35 les meilleurs conseils que tu vas nous donner généreusement,
00:38 je sais que tu as envie de nous donner tout ce que tu as appris pendant toutes ces années,
00:41 on va déjà faire un petit point sur ta carrière.
00:44 Une très belle carrière amateur, numéro 1 français,
00:46 de très bons résultats, notamment en fac américaine,
00:49 ce qui a peut-être aussi participé à cette formation,
00:53 à ce mental de champion que tu as eu pendant ta carrière,
00:55 et puis deux victoires sur le Tour européen, 427 tournois.
00:59 Aujourd'hui, c'est le Legends Tour depuis deux ans,
01:03 le Saint-Malo Golf Resort, également Saint-Cloud, tu enseilles.
01:07 Bref, tu ne perds pas ton temps, il y a beaucoup d'activités.
01:10 Oui, c'est la passion qui me guide Julien.
01:13 C'est vrai qu'à l'âge de 43 ans, quand j'ai décidé de raccrocher l'écran-pont du circuit européen,
01:19 j'ai eu envie de transmettre.
01:21 Et c'est vrai que là, du coup, j'ai le plaisir,
01:23 dans notre sport, on a la chance d'avoir des circuits seniors, 50 ans et au-delà.
01:28 Donc c'est un réel plaisir de retrouver la joie de la compétition et le challenge.
01:33 Mais ce n'est pas pour autant que j'abandonne ce que j'ai fait, construit depuis 12 ans,
01:38 à savoir transmettre, et effectivement, beaucoup de plaisir.
01:41 Alors justement, la transmission, ça va être extrêmement important dans cette émission.
01:44 Mais avant que tu nous donnes tous tes meilleurs conseils,
01:47 on va quand même replacer, qui est Christian Sévahère, putter en main.
01:51 Et on va regarder quelques chiffres qui sont très impressionnants,
01:53 puisque tu as été numéro 1 au putting sur le nombre de putts moyen en 2004 et en 2005.
02:00 Alors j'ai une première question, Christian, toute bête.
02:02 Est-ce que le putting a toujours été chez toi un point fort ?
02:06 Oui, Julien, c'est vrai que des gamins, effectivement.
02:09 Alors je pense que c'est dû, loin d'être dû qu'à la simple mécanique.
02:16 Je pense que dans l'ensemble...
02:17 Tu avais un petit talent.
02:19 Oui, et je pense que, j'y reviendrai tout à l'heure, et tu le sais bien,
02:21 mais j'ai toujours été, je pense, un bon lecteur des greens.
02:26 Donc j'appréhende bien les pentes, les vitesses.
02:29 Donc on m'a toujours complimenté sur ma bonne vitesse.
02:31 Donc c'est aussi une des raisons pour lesquelles j'ai bien putté.
02:35 Et depuis tout jeune, comment tu as réparti un peu ton entraînement ?
02:37 Je veux dire, combien de temps tu consacrais au putting par jour ?
02:42 Même quand tu étais adolescent ou amateur,
02:44 est-ce que c'était un secteur que tu travaillais beaucoup ?
02:46 Je pense que, naturellement, j'ai dû finalement obéir
02:50 à ce qui régit aujourd'hui le principe en pourcentage de coups
02:53 tapés durant un 18 trous,
02:55 et savoir que le putting, c'est quasi 40% de la carte de score.
03:00 Et oui, je pense que toute ma jeunesse, et d'ailleurs encore aujourd'hui,
03:04 si je suis en tournoi, je découvre des nouveaux greens.
03:07 Vraiment, au moins un tiers du temps sur le putting green, oui, à découvrir.
03:11 Alors, rapidement, on ne va pas y passer beaucoup de temps,
03:13 mais c'est très important dans la construction du champion
03:16 que tu as été et que tu es encore.
03:17 Tu es passé par les facs US avec un haut niveau d'exigence.
03:21 Est-ce que tu as trouvé des différences dans la mentalité
03:24 par rapport au putting aux États-Unis,
03:26 par rapport à ce qu'on peut trouver en France à l'époque ?
03:29 Rien en particulier sur le putting.
03:31 Par contre, si je peux me permettre,
03:33 parler juste deux secondes, pas de putting,
03:35 le coach américain nous a dit, vous, quand vous êtes en équipe,
03:38 je vous veux taper des mises en jeu,
03:41 voire du wedging et du putting, petit jeu et wedging.
03:44 Si vous voulez travailler, taper des fairs 5 et travailler votre swing,
03:48 pas de problème, mais pas sur mon temps d'entraînement d'équipe.
03:51 Ça veut tout dire par rapport à la vie scoring.
03:53 Mise en jeu, petit jeu, putting.
03:56 Évidemment, quand on a la chance d'avoir Christian sur le plateau,
04:00 on a envie d'avoir ses meilleurs conseils.
04:02 Et on va commencer avec les bases,
04:04 les indispensables du putting de Christian Sauveur.
04:07 Je vais te demander de prendre ton putter tranquillement
04:10 et tu vas nous expliquer
04:12 quelles sont pour toi les quelques clés importantes.
04:15 Même si elles ne sont pas techniques,
04:16 elles sont peut-être avant même d'arriver sur le green
04:18 ou en train de faire ton putt.
04:20 Mais vas-y, c'est à toi.
04:22 Merci Julien de l'opportunité.
04:24 Oui, j'ai remarqué,
04:26 bien sûr, en observant aussi beaucoup
04:29 les amateurs et de tous les niveaux,
04:31 que beaucoup, si je peux me permettre de m'adresser à vous,
04:34 chers téléspectateurs, beaucoup d'entre vous
04:36 passez trop outre la lecture des greens.
04:40 Et je dis toujours, la performance du putting
04:43 commence avant même d'avoir gagné le green.
04:45 C'est-à-dire qu'à 30-40 mètres de celui-ci,
04:48 on peut commencer à percevoir...
04:51 En marchant ?
04:52 Voilà, en arrivant.
04:53 Et notamment derrière, même si on sait que par la suite,
04:56 parce qu'on est en partie amicale,
04:57 parce que ça joue vite et tout,
04:58 on ne va pas avoir le temps de regarder
05:00 sa pente des deux côtés.
05:02 Néanmoins, parfois,
05:03 le fait est que notre chemin avec son chariot
05:05 nous amène à être déjà de l'autre côté.
05:09 Donc, ne pas oublier, tout en discutant peut-être
05:11 avec ses amis, de jeter un petit coup d'œil
05:14 et ensuite arriver à la balle.
05:16 Pour moi, il y a quand même deux basiques.
05:18 Bien sûr, s'accroupir ou en tout cas se baisser
05:20 avec 2-3 mètres de retrait de la balle
05:23 pour essayer de jauger.
05:24 Et alors on me dit "Ah oui, mais des fois, je ne vois rien".
05:26 Oui, mais quoi qu'il en soit,
05:27 c'est en forgeant qu'on devient forgeron, n'est-ce pas ?
05:29 Donc, plus vous allez commencer à faire ces petits process,
05:33 non seulement sur le parcours en amicale
05:35 ou en compétition, évidemment,
05:37 mais à l'entraînement.
05:39 Donc, consacrer du temps sur le putting green,
05:41 non seulement à vous entraîner sur votre mécanique,
05:44 le ressenti, la vitesse,
05:45 mais en amont sur la lecture.
05:47 Donc, je disais,
05:50 primo, quand même, un minima,
05:52 un petit pas de recul pour regarder
05:54 et si possible, faire quelques pas de latéral
05:58 pour appréhender la pente
06:00 et surtout les dénivellations potentielles.
06:03 Parfait. Donc, ça c'est, on lit la pente,
06:05 on arrive sur la balle,
06:07 on prend le temps de savoir tout simplement
06:09 où on va jouer et avec quelle force on va jouer.
06:11 Maintenant, comment on fait pour faire partir la balle à peu près droit ?
06:15 Bien sûr. Alors, moi, tout simplement parce qu'on a tous,
06:19 quoi qu'il en soit, des clubs dans le sac.
06:22 Alors, pour beaucoup d'entre nous,
06:24 avons des baguettes d'alignement.
06:27 Un des exercices basiques que j'aime bien appliquer,
06:30 ce serait tout simplement de mettre deux baguettes parallèles,
06:33 je dirais à peu près à un mètre, un mètre et demi du trou.
06:37 La baguette droite alignée sur le bord droit,
06:39 celle de gauche en commençant avec un putt tout plein, évidemment.
06:44 Celle de gauche alignée sur le bord gauche.
06:47 En général, le trou pour beaucoup de ces instruments-là,
06:51 ces putters, c'est à peu près la taille d'une tête de putter.
06:55 Et donc, tout simplement, en tous les cas,
06:58 là, ça nous permet, ça nous donne un feedback visuel
07:01 pour nous aider à bien nous placer.
07:04 À partir de là, je mets même, encore une fois,
07:06 une baguette ou un club perpendiculaire,
07:10 juste au niveau de ce qui sera le moment de la frappe,
07:13 n'est-ce pas, le point d'impact à la balle.
07:15 Comme ça, ça va aussi bien me situer, moi,
07:18 dans mon stance et dans le placement.
07:21 Alors, un des fondamentaux, je ne suis pas le seul à le dire,
07:25 bien sûr, qui est en tout cas encouragé,
07:28 c'est d'avoir les yeux au-dessus de la balle.
07:31 Vous pouvez être un petit peu en dedans.
07:34 Par contre, ce qui est à éviter,
07:35 c'est d'avoir les yeux trop au-delà de la balle.
07:39 Donc, pour en être sûr, on peut prendre une balle,
07:42 une seconde balle, prendre sa position,
07:44 la garder ici dans la poche.
07:46 Puis, dès qu'on est prêt, on peut la mettre, à mon sens d'ailleurs,
07:50 Julien, sous l'œil gauche, parce que je préconise
07:53 d'avoir une balle légèrement à gauche du centre.
07:57 Donc, comme ceci, on la laisse tomber.
07:59 Et bam, voilà, elle tape.
08:02 On voit la posture bien huilée
08:04 après de nombreuses années d'entraînement.
08:06 Magnifique.
08:06 Exactement.
08:07 Alors, la bonne nouvelle, c'est qu'il y a quand même
08:08 beaucoup de liberté dans le putting.
08:10 Donc, ne serait-ce que la prise, il y a plein de prises différentes.
08:15 Le plus important pour moi, c'est de sentir,
08:17 à l'intérieur des avant-bras et des pectoraux ici,
08:20 qu'on va poser les deux forces, bras droit, bras gauche,
08:23 l'une contre l'autre, de façon à faciliter,
08:26 quelle que soit la prise, à stabiliser le putter,
08:28 n'est-ce pas, dans sa prise des deux mains,
08:31 et en d'autres termes, les deux paumes font face l'une à l'autre.
08:35 Comme ceci, que ce soit main gauche en bas,
08:38 ou main droite en bas, ou grippe pince,
08:40 même en grippe pince, on doit sentir,
08:42 je sens cette petite légère tension,
08:45 sans que ce soit trop, bien sûr, sur le grippe,
08:48 mais histoire de sentir qu'on arrive à bien stabiliser le putter.
08:52 Le stance, il peut être aussi large que vous le souhaitez,
08:55 il peut aussi d'ailleurs être, en termes de direction,
08:59 comme vous le souhaitez.
09:01 Je dirais, voilà, le plus important,
09:03 j'ai déjà parlé de la position de la balle dans le stance,
09:05 les yeux au-dessus de la balle,
09:07 la façon dont on peut biomécaniquement et physiquement stabiliser le putter.
09:11 Ce qui me semble important ensuite, c'est de,
09:14 si quelqu'un vient poser un club sur vos avant-bras,
09:17 et donc, pareillement pour les épaules,
09:20 que celui-ci soit bel et bien, bien aligné vers la ligne de putt.
09:24 Donc avec tout ça, on est bien, on peut frapper de bons putts,
09:28 ou en tout cas bien putter.
09:29 Et justement, quand on a préparé l'émission,
09:32 Christian, tu m'as parlé d'un joueur que tu aimais voir putter,
09:35 sous pression notamment, c'est Yonram.
09:38 Alors, on va te demander juste de te décaler un tout petit peu,
09:40 on va regarder quelques images,
09:42 et explique-nous, Christian, pourquoi tu aimes le putting de Yonram.
09:46 Alors, je l'aime bien parce que c'est un stroke, d'abord concis.
09:50 Un mouvement, juste on explique, le stroke, c'est le mouvement.
09:53 C'est vrai qu'il y a beaucoup d'endrits.
09:55 Voilà, nos téléspectateurs ont des niveaux divers.
09:57 Et là, on peut voir, ça correspond, c'est vrai aussi à,
10:00 je dirais presque une modernisation du mouvement de putting
10:03 qu'on a vu de ces temps,
10:05 où finalement, la traversée est très concise.
10:09 D'accord, alors, est-ce que tu peux te remettre face à la caméra ?
10:12 Et faire voir si il y a une traversée concise.
10:14 Je vais un petit peu bouger ça de côté.
10:16 Et ce qu'on peut voir avec son putter,
10:18 c'est que le grip, et ce que j'aime bien,
10:20 c'est que le grip voyage tout autant que la tête de putter.
10:24 Donc, clairement, on n'est pas dans une motricité de par les poignets.
10:28 D'accord ?
10:29 Et il y a un tout petit peu de press forward.
10:31 Ça, en général, on l'a là ou on l'a là-bas.
10:33 Moi, exactement.
10:35 C'est une façon de démarrer le mouvement.
10:37 Moi, je l'ai toujours eu, toute ma vie.
10:39 Parfois, j'essaie de limiter cela
10:41 parce que ça peut avoir des incidences néfastes parfois.
10:44 Mais en tout cas, ce que j'aime bien,
10:45 c'est que son putter reste bien en bas, concis, bien dans la ligne.
10:50 Et que ses mains voyagent très bien avec la tête du putter,
10:54 à contrario d'être trop…
10:56 Tu vois, le release trop dans les mains.
10:59 Alors, on a donc un mouvement qui est, comme tu le dis, concis.
11:02 On peut dire solide.
11:04 On n'a pas beaucoup d'action de main.
11:05 Mais à contrario…
11:06 Comme l'homme, comme l'homme.
11:07 Exactement, comme l'homme.
11:09 Mais à contrario, pareil, en préparant l'émission,
11:11 tu m'as dit « j'aimerais bien qu'on fasse voir à nos téléspectateurs
11:14 ce qu'est un mouvement particulier, comme celui de Zalatoris ».
11:18 Alors, explique-nous.
11:18 J'ai une question très simple, Christian.
11:20 On a vu que son putter allait dans tous les sens.
11:23 On sait qu'il y a aussi dans le swing des joueurs
11:25 qui paraissent avoir une technique particulière, Jim Furyk.
11:29 Là, on a beaucoup de mouvements dans la tête de putter.
11:32 Qu'est-ce qui, selon toi, fait qu'un homme comme ça,
11:34 même au Masters, va très bien putter,
11:37 va avoir d'excellents résultats,
11:38 puisqu'il a fait sixième et deuxième au Masters
11:41 sur les greens peut-être les plus compliqués du monde ?
11:43 Quel est le point qu'il va respecter ?
11:45 Le résultat de tout ce travail et de cette mise en œuvre pour lui,
11:49 c'est que malgré son jeune âge,
11:51 c'est un joueur de très haut niveau qui a été touché,
11:53 il faut le savoir, par les hips.
11:55 C'est-à-dire finalement, son système nerveux
11:59 se laisse dépasser par l'émotion
12:01 et peut avoir des mouvements incontrôlés.
12:04 Donc, le fait d'avoir le long putter,
12:06 le grip pin sur le long putter,
12:08 ce sont des techniques qu'il a adoptées
12:10 pour essayer de sentir au mieux lui, sous pression,
12:12 la stabilité de son putter.
12:14 On peut voir que c'est aussi encore plus concis que Yon-Ram.
12:18 Donc après, comme il est pro,
12:20 c'est le fait de la maîtrise du mouvement,
12:22 c'est grâce à des heures nombrables,
12:24 la répétition à répétition.
12:26 Je suis persuadé qu'il est évidemment très doué
12:29 dans l'appréhension de la vitesse,
12:31 de la perception, la lecture, on en a déjà discuté.
12:34 Donc en fait, on retombe sur les qualités dont tu parlais,
12:37 c'est-à-dire quelqu'un qui est capable de bien lire les putts,
12:39 qui malgré tout va s'entraîner beaucoup,
12:41 ça tu en as parlé.
12:43 Et puis, et là c'est très important
12:44 parce que ça va nous permettre d'enchaîner,
12:46 tu parlais de la vitesse, de cette sensation.
12:48 On sait qu'à haut niveau,
12:50 mais également pour vous, les amateurs,
12:53 d'avoir ce contrôle de la distance,
12:55 ce contrôle de la vitesse de balle
12:57 va améliorer votre qualité de dosage.
13:00 Le dosage, c'est un point très important
13:02 et on va regarder, Christian, quelques chiffres
13:04 avec un comparatif, puisqu'on parle du Masters,
13:07 puisqu'on est dans le mois du Masters,
13:09 entre le nombre moyen de 3 putts sur le Pidgey Tour,
13:13 entre 10 mètres et 12 mètres,
13:14 vous voyez, il est de 7%, 7,7,
13:16 il est de 9,8 à Augusta.
13:18 Et si vous comparez toutes les distances,
13:20 vous voyez qu'à chaque fois,
13:22 eh bien à Augusta, c'est beaucoup plus difficile.
13:25 Alors Christian, déjà, première question rapide,
13:28 réponse concise,
13:30 est-ce qu'il y a une différence d'entraînement
13:32 sur des greens qui sont très rapides comme au Masters
13:35 ou sur des greens qui sont plus classiques ?
13:38 Oui, de façon flagrante,
13:40 vous avez rarement l'opportunité de putter sur un billard,
13:44 qui plus est, à des pentes,
13:45 c'est le cas d'Augusta.
13:47 Et donc, les joueurs sont obligés de,
13:50 je ne dirais pas forcément inventer des nouveaux exercices,
13:53 mais certainement s'appliquer les exercices
13:55 dont ils ont l'habitude de faire
13:56 pour donner l'opportunité à leur corps,
13:58 à leurs sensations, à leur biomécanique
14:00 de s'adapter à un nouveau dosage.
14:03 Et je sais que toi, tu avais une technique très précise
14:06 qui te permettait justement d'avoir
14:08 vraiment beaucoup de sensations,
14:09 finalement, c'est ça qui est intéressant,
14:10 c'est parce qu'on va partir de quelque chose
14:12 d'assez mécanique,
14:14 que Christian va nous expliquer,
14:15 où au final, on va développer de la sensation sous pression.
14:18 Christian, fais-nous voir un peu quel était cet exercice.
14:21 Oui, alors là, notamment, tu as mentionné,
14:23 tu sais, vite fait, puisque quand j'étais numéro 1,
14:26 il faut savoir que je suis sur le circuit européen,
14:28 parmi une certaine élite,
14:30 je n'ai pas l'impression de rentrer plus de potes que les autres.
14:32 Tu vois, c'est le top niveau.
14:34 Par contre, ce que j'ai compris dans les statistiques,
14:35 c'est que j'avais pu être numéro 1
14:37 parce que je prenais moins souvent 3 potes que les autres.
14:40 Donc, on est en plein dedans.
14:41 Et donc, on est en plein dedans.
14:42 Donc, j'ai toujours eu cette habileté de par la lecture,
14:45 ensuite le ressenti,
14:47 et donc, cette habileté à bien doser.
14:49 Alors, pour cela, pour le construire déjà,
14:51 j'ai un exercice phare que j'enseigne dans les académies,
14:55 que j'appelle le « stroke référence »,
14:56 où je place 3 balles à la suite,
14:58 disposées comme ceci.
15:00 Pourquoi ? Parce que je vais chercher un endroit du green,
15:03 plat,
15:05 sans viser de trou.
15:06 Voilà, je vais placer mes 3 balles.
15:08 Et ensuite,
15:10 je sais, je me fais confiance à mon corps
15:12 que vu le nombre de fois que je l'ai fait dans ma vie,
15:15 je prends toujours à peu près le même écartement de stance.
15:18 À partir de là,
15:20 je me dis, tiens, je vais avoir un « stroke référence »,
15:22 un mouvement, n'est-ce pas, petit,
15:24 référent, qui est…
15:26 J'amène l'amplitude de ma montée à peu près en face du pied droit.
15:30 Ça n'a pas besoin d'être de la science exacte,
15:32 juste environ par là, je le vois du coin de l'œil.
15:35 Au départ, je peux même suivre mon putter pour « checker ».
15:38 De là, je commence à répéter un tempo régulier,
15:42 tempo, qu'on veut dire rythme, n'est-ce pas ?
15:45 Moi, j'ai à peu près 50 à droite, 50 % de traversée,
15:49 voire peut-être même, à ma façon, à ma sauce,
15:52 à moi, un petit peu plus parfois, 40-60, mais qu'importe.
15:55 Donc voici mon tempo à moi, personnel.
15:58 Et mon toucher, je sais qu'il vient aussi du fait que,
16:01 sachez que moi, personnellement,
16:02 je n'ai pas de motricité du haut des épaules,
16:05 parce que je pourrais être comme ça,
16:06 vous voyez, très par les épaules.
16:08 Mais depuis, toujours, avec ce « press forward »,
16:09 je sais que j'ai un « stroke » très dans les avant-bras.
16:12 Bref.
16:13 Donc là, mon optique, ça va être un petit peu comme les chevaux de course,
16:16 là, on met des œillères.
16:18 Je ne vais pas regarder, je vais surtout me concentrer
16:21 à répéter le même « stroke » trois fois de suite,
16:24 avec la même amplitude, le même tempo,
16:26 et bien centré, pour le bon toucher, bien centré la balle dans le putter.
16:31 Je vais le faire, je vais constater quelle distance ça me donne,
16:35 je vais jauger.
16:36 Je fais simple, je jauge en mètres, à peu près.
16:38 Je sais qu'aujourd'hui, la plupart du temps,
16:42 green niveau professionnel, je dirais, ça me fait du 6 mètres.
16:47 Quand ça va au-delà 7 mètres, par exemple,
16:50 ou je détecte tout de suite que là, ici, à cet endroit-là,
16:53 c'est très rapide.
16:55 Inversement, en dessous 5 mètres, bon, ben voilà, c'est moins rapide
16:59 que la norme, je dirais, la norme qu'on a,
17:01 soit sur des très bons greens de club,
17:04 soit sur les circuits pro.
17:05 Donc, tu vois, ça m'aide non seulement dans cet exercice,
17:08 il y a l'intégration de construire, d'être régulier dans son tempo,
17:13 toucher, amplitude,
17:15 et en même temps, ça donne une indication de la vitesse du green
17:19 où je me trouve, tel jour, tel endroit.
17:21 Donc Christian, si je résume, tu calibres finalement ton mouvement,
17:25 ça va te donner une distance et ça va te donner des indications
17:28 sur la vitesse du green pour le jour J.
17:30 Exact.
17:31 Christian, merci beaucoup, tu peux te reposer un petit peu,
17:34 c'était très riche, merci.
17:36 Évidemment, vous l'avez vu,
17:38 Christian a parlé d'un nombre très important d'exercices potentiels.
17:43 Sur le tour, il a parlé des joueurs professionnels,
17:45 on n'a pas un seul exercice, on n'a pas une seule méthode.
17:49 Comme dans tous les domaines, il faut aller créer de la sensation,
17:51 il faut être créatif dans son entraînement.
17:53 Et bien justement, Arnaud Werag va nous donner de nouveaux exercices
17:57 pour avoir encore un putting performant.
18:00 Salut les golfeurs, vous aussi vous voulez apprendre à faire rouler la balle correctement
18:13 sur un green ?
18:14 Venez, je vous montre.
18:15 Ce qui est très important au putting,
18:31 c'est de prendre la balle légèrement en remontant.
18:33 C'est pour ça que pour les droitiers, elle est placée au niveau du cœur.
18:36 Petit exercice pour s'entraîner à la prendre en remontant,
18:39 vous allez placer un tee, enfoncer dans le sol
18:42 et vous allez mettre votre balle juste devant celui-ci.
18:46 Vous allez venir placer votre putter sur le tee
18:51 et quand vous allez faire votre mouvement,
18:53 vous allez essayer de taper la balle sans prendre le tee.
18:54 Ce qui va permettre à cette balle, encore une fois,
18:58 d'être tapée parfaitement, c'est-à-dire légèrement en remontant,
19:02 puisqu'on n'oublie pas que ce putter a une inclinaison de 3 degrés
19:04 et il faut la prendre très légèrement en remontant.
19:06 Deuxième exercice, vous allez travailler avec une porte d'entrée.
19:11 Si vous n'en avez pas, aussi simple, vous prenez deux tees.
19:15 Vous allez venir placer cette porte d'entrée 50 cm devant la balle.
19:23 Évidemment, alignée sur la ligne que vous voulez.
19:27 L'objectif est de faire passer cette balle dans la porte d'entrée.
19:32 Ce qui vous permettra d'avoir un retour objectif
19:36 sur l'orientation de votre face de club
19:39 et le fait que votre balle roule correctement en ligne.
19:43 Troisième exercice, regardez ce que je viens de prendre, un sand wedge.
19:50 L'intérêt de prendre un sand wedge, c'est que vous allez vous rendre compte
19:52 tout de suite si vous prenez la balle correctement.
19:53 Si vous la prenez trop en descendant ou trop en remontant,
19:57 la balle va sauter.
19:58 Vous allez décoller légèrement la face de club du sol
20:02 pour essayer de taper avec la tranche du club sur l'équateur.
20:05 Si vous le faites bien, la balle doit rouler aussi bien
20:08 qu'avec votre putter.
20:09 A vous de jouer !
20:11 Merci beaucoup Arnaud.
20:16 Alors Christian, il y a un deuxième domaine dans lequel tu es un maître,
20:20 c'est l'optimisation de ton jeu.
20:22 On le rappelle, tu n'étais pas le joueur le plus puissant sur le circuit.
20:26 Autour de la 150ème place, tu étais 10 mètres en dessous de la moyenne,
20:30 tu étais parfois 35 mètres en dessous des plus longs.
20:32 Et pour autant, et c'est ça qui nous intéresse,
20:34 c'est que tu avais un haut niveau de performance.
20:37 Et d'ailleurs, ta dernière victoire en Angleterre
20:40 était sur un parcours monstrueux.
20:42 Alors j'ai une première question.
20:44 Comment tu organisais ton entraînement ?
20:46 On ne sait jamais s'il faut mettre le doigt sur ses points faibles
20:49 ou alors appuyer sur ses points forts.
20:51 Qu'est-ce que toi, tu as choisi de faire pour gérer ta carrière ?
20:55 Plusieurs choses.
20:56 D'ailleurs, c'est toujours la même chose sur le Legends Tour.
20:59 On retrouve tout pareil.
21:00 Les gars qui étaient longs, ils sont toujours longs.
21:03 Les gars qui sont courts, toujours courts.
21:04 Bon bref.
21:06 Oui, non, c'est important.
21:07 Alors, pour répondre, le plus important,
21:10 c'est d'appuyer et de cultiver ses points forts,
21:14 quoi qu'il en soit.
21:15 Bien évidemment, surtout quand on est joueur pro,
21:17 on a le temps de s'occuper aussi des points faibles.
21:20 Mais en fait, sans jamais oublier de renforcer,
21:24 de cultiver toujours ses points forts,
21:26 ce que j'ai toujours fait de par le petit jeu,
21:28 le putting et le wedging.
21:30 Que ça, c'est wedging, c'est tout ce qui est 100 mètres et moins,
21:33 c'est 60 % de la carte de score.
21:35 N'oubliez pas, 60 %.
21:37 Et quand tu passais une journée à l'entraînement
21:41 sur un parcours de reconnaissance,
21:42 donc là, on se resitue, tu es sur le circuit,
21:45 tu es en train de faire tes parcours de reconnaissance.
21:47 Étant donné du fait que tu es un petit peu plus court que la moyenne,
21:50 est-ce que tu vas changer la manière dont tu vas reconnaître le parcours ?
21:53 C'est-à-dire passer plus de temps sur les greens,
21:55 peut-être taper plus de clubs hybrides, plus de longs fers.
21:58 Comment tu organises tes parcours de reconnaissance ?
22:00 Les clubs hybrides, d'ailleurs, j'y étais carrément obligé.
22:03 Ils m'ont sauvé l'affaire, les clubs hybrides.
22:06 J'ai l'habitude de dire, avant les parties,
22:08 j'allais dans le locker room pour chauffer au sèche-cheveux mes hybrides
22:11 pour qu'ils soient bien chauds.
22:14 Non, mais clairement, beaucoup de reconnaissance,
22:18 surtout le plus important,
22:20 j'ai peur de me répéter, mais c'est de reconnaître effectivement le rough,
22:24 le rough autour, le sable dans les bunkers, la fermeté des greens,
22:28 les fairways aussi, il faut voir s'ils roulent.
22:31 Mais le plus important, c'est quand même tout ce qui est autour des greens.
22:34 J'ai une particularité, alors peut-être c'était inconsciemment
22:38 pour justement ne pas me mettre la pression plus sur le fait que j'étais parmi les plus courts.
22:43 J'ai observé ça et je n'ai jamais fait attention à la longueur totale d'un parcours,
22:49 jamais, toute ma vie.
22:50 Et tu sais, on a des yardage books très précis.
22:54 Quand le caddie ou moi-même, on ouvrait le yardage book,
22:56 je ne regardais jamais de réflexe.
22:59 La distance totale du trou, c'est-à-dire que directement, je regardais.
23:03 Alors il faut placer où la balle là, le bunker, elle est comme ça.
23:06 Le dogleg, ça tourne à partir de combien de mètres?
23:08 Alors du coup, c'est bois trois ou c'est driver en fade ou ceci et cela.
23:12 Et voilà, j'ai géré comme ça.
23:13 Et dans ton entraînement au quotidien, beaucoup plus...
23:17 Christian, corne de brume, n'aie pas peur.
23:20 L'émission ne se termine pas.
23:22 On est bien, tout va bien se passer.
23:24 Mais par contre, on va accueillir pour une nouvelle rubrique, celle des règles.
23:28 On va accueillir Adrien Toubiana.
23:30 Salut Adrien.
23:31 Salut Julien, salut Christian.
23:33 Le plaisir.
23:33 Merci beaucoup d'être avec nous.
23:35 Nouvelle rubrique, on va parler des règles, mais surtout,
23:38 je vais vous lancer un petit défi, Adrien.
23:40 Vous savez que quand on cherche sa balle, on n'a que trois minutes.
23:43 Trois minutes, Julien.
23:43 OK, donc c'est ce que je vais vous demander.
23:46 On va essayer de tenir ce timing, pas une seconde de plus,
23:49 pour nous expliquer une règle importante.
23:52 On va voir deux points aujourd'hui, une évolution et également une règle classique.
23:57 Vous êtes prêt ?
23:58 Je suis prêt.
23:58 C'est à vous.
23:59 Allez, je lance.
24:00 Moi aussi, j'ai mon chrono.
24:01 Trois minutes, il est calé.
24:03 C'est une règle que l'on retrouve plutôt très souvent,
24:05 notamment dans les périodes pluvieuses.
24:06 C'est la règle de la balle qui est plugée dans le rough ou sur un fairway.
24:11 Et c'est quelque chose qui est arrivé il y a peu de temps à Maxoma sur le PGA Tour.
24:15 On est sur un par 5.
24:16 Il attaque ce par 5 en 2.
24:17 Il est très bien placé après son drive.
24:19 Et sa balle va prendre la direction du rough.
24:22 Une balle qui va finalement se plugger.
24:25 Il va arriver à sa balle.
24:26 Il va constater que cette balle est pluggée.
24:29 Alors, il y a un arbitre toujours très proche sur le PGA Tour.
24:32 Il va donc faire appel à un arbitre.
24:33 On le sait, les joueurs ne veulent pas faire d'erreur à ce moment-là.
24:38 Il va faire valider par l'arbitre que cette balle est bien pluggée.
24:40 Il va la marquer avec un « ti ».
24:42 L'arbitre va arriver assez vite.
24:44 Vous pouvez aussi, vous, dans vos parties amicales ou en compétition,
24:48 faire appel à votre marqueur pour qu'il constate que cette balle est pluggée.
24:51 Il va la retirer.
24:52 Et avec le doigt, l'arbitre va constater que cette balle est en dessous du niveau de ce rough.
25:00 Alors, comme pour toutes les procédures de drop, à hauteur de genou,
25:04 il va avoir droit à un drop gratuit.
25:06 Mais cette balle va retomber dans le bunker.
25:08 Il n'est plus dans la zone générale dans laquelle était cette balle au départ.
25:12 Il va faire une deuxième procédure de drop.
25:14 Et là, il va pouvoir la placer et s'assurer que cette balle ne bouge plus.
25:20 C'est très important.
25:21 Une fois qu'on s'en est assuré avec Maxoma et l'arbitre,
25:25 la balle est en jeu.
25:27 C'est un point de règle qui, finalement, est assez simple,
25:30 que l'on connaît.
25:32 Pas de problème, on place la balle à une longueur de club
25:34 sans prendre de pénalité.
25:38 C'est tout simplement la règle 16.3.
25:40 La balle était bien dans son propre impact, sous le niveau du sol.
25:43 Drop gratuit dans la zone générale à une longueur de club.
25:46 Donc là, on est, Adrien, sur une procédure dite « classique ».
25:49 On avait l'habitude de cette procédure.
25:51 Simplement, Maxoma va vouloir s'assurer d'une évolution qui arrive en 2023.
25:56 Oui, parce qu'on l'a vu, sa balle, en la droppant, allait retomber dans le bunker.
25:59 Mais il y a quelques années, Ricky Foller avait droppé sa balle dans une montée.
26:03 Sa balle était en jeu, elle ne bougeait plus.
26:05 Sauf que le temps qu'il aille reconnaître le green,
26:07 sa balle était retombée dans l'obstacle, la zone à pénalité.
26:10 Et là, il avait dû se redropper avec pénalité, ce qui était très injuste.
26:13 Cette règle a évolué et Maxoma a voulu s'en assurer auprès de l'arbitre.
26:18 Juste pour que je comprenne, la nouvelle règle dit que si la balle est là,
26:22 tu vas la remplacer.
26:23 Remplacer la balle, oui.
26:25 Une exception a été ajoutée à la règle 9.3,
26:30 c'est-à-dire quand une balle a été déplacée par des forces naturelles,
26:33 elle doit être replacée, notamment si elle se déplace vers une autre zone du parcours
26:38 après avoir été droppée, placée ou replacée.
26:41 Voilà pour ce petit point règle.
26:43 Un grand merci, Adrien.
26:44 Tout est désormais très clair.
26:46 En plus, je crois que vous avez bien respecté le timing.
26:47 Donc on est satisfait.
26:49 Et puis si vous dépassez un peu, ce n'est pas grave.
26:51 Pour une première, on va lui laisser s'adapter à ce nouveau défi.
26:55 Merci Christian.
26:55 Christian, évidemment qu'il faut avoir des bases techniques propres
27:00 avec un entraînement cadré.
27:03 Mais ensuite, on va développer la finesse, le dosage pour être de plus en plus précis.
27:09 Et pour une performance au putting, j'ai envie de dire complète,
27:14 c'est-à-dire être capable de faire partir la balle en direction,
27:17 mais avec la bonne vitesse.
27:18 Et deuxième point très important, et vraiment sur ça, c'est extrêmement important,
27:23 tu as venu parce qu'on sent le vécu et on sent vraiment l'expérience et suivi de résultats.
27:29 Donc c'est ce qu'on aime dans l'œil des pros, c'est cette optimisation du jeu.
27:33 On reste focalisé sur son jeu, on reste focalisé sur ses forces
27:38 et on a de bons résultats comme Christian Sévert.
27:40 Oui, ben voilà, tu as tout bien résumé.
27:42 N'oubliez pas la perception des greens.
27:44 Un grand merci, Christian.
27:46 Merci.
27:46 Merci aux équipes techniques de Canal+.
27:48 Merci à vous de nous suivre fidèlement chaque numéro.
27:52 Et puis à très bientôt dans l'œil des pros.
27:54 [Musique]
27:57 Merci à tous !
27:59 [SILENCE]