Didier Cousiney, président du collectif Viti 33
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00:00 Il est 7h moins le carresse qu'on en saura davantage aujourd'hui sur le plan d'arrachage des vignes en Gironde.
00:05 Le CIVB, le conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux, fait son assemblée générale cet après-midi
00:10 alors que le 1er mars, l'État a annoncé un plan d'arrachage de 9500 hectares de vignes
00:15 dont le département soit 8% du total du vignoble avec des indemnités pour les viticulteurs
00:21 qui recevraient 6000 euros par hectare arraché.
00:23 Un plan jugé insuffisant par notre invité de ce matin, Thomas Cognac.
00:26 Bonjour Didier Cousinet.
00:27 Bonjour.
00:28 Vous êtes porte-parole du collectif Viti 33, celui-là même qui avait appelé les viticulteurs à manifester pour l'arrachage.
00:33 Le plan depuis a été annoncé, pourquoi vous n'êtes toujours pas satisfait ?
00:37 Depuis plus d'un an, on tire la sonnette d'alarme, on est à l'origine de cette demande d'arrachage.
00:43 On avait demandé un plan social d'un arrachage définitif de minimum 15 à 20 000 hectares
00:48 primés à 10 000 euros/hectare et notre filière, par la suite, a demandé un arrachage de seulement 10 000 hectares
00:58 ce que le ministre a proposé lors de la... le salon de l'agriculture à Paris, 10 000 euros primés à 6 000 euros.
01:07 C'est très très insuffisant par rapport à la crise qui touche la viticulture au Bordelais.
01:12 Mais je me rappelle quand vous étiez venu à ce micro pour la manifestation du 6 décembre,
01:15 vous répondez "il n'y a pas de solution pour arracher, c'est pas dans les textes européens".
01:19 Là, il y a quand même eu des belles avancées.
01:21 Alors, on ne crache pas sur la soupe et on prend ce qu'on nous donne, effectivement.
01:24 Le seul souci, c'est que c'est l'Europe qui dirige tout.
01:27 Comme je vous avais dit, le point, la virgule, est mal placé.
01:30 Il faut savoir que la viticulture bordelaise rapporte tous les ans, en moyenne, 400 millions d'euros de TVA à la France.
01:38 On demandait, nous, simplement 150 millions de rétributions pour pouvoir arracher ces 15 à 20 000 hectares.
01:45 Ce qui me paraissait logique par rapport à la crise qui traverse la viticulture.
01:51 - Et ça, à qui vous demandez de mettre plus d'argent ? C'est à l'Europe ? C'est à l'État ? C'est au CIVB ?
01:55 - Écoutez, moi je dis qu'on est en guerre.
01:57 On est en guerre. La viticulture bordelaise, comme française, puisqu'il n'y a rien de marché nulle part,
02:01 on demande à ce que tout le monde se mette autour de la table.
02:05 Il y a des gens intelligents dans ce pays, je pense.
02:07 Et on devrait, autant à Bordeaux que dans les Bouches-du-Rhône ou dans le Lagodore ou Sillon, sauver la viticulture.
02:14 Effectivement, il faut que tout le monde se mette autour de la table et que tout le monde mette la main à la poche,
02:18 autant l'État, l'Europe et la filière bordelaise.
02:20 - Donc c'est un arrachage et uniquement un arrachage ou ça va au-delà ?
02:22 - La seule solution pour réduire le potentiel de production et donc le vin qui est mis sur le marché, c'est d'arrachage.
02:29 Là, on nous propose 200 millions d'euros encore cette année pour distiller.
02:35 On a mis 240 millions d'euros sur la table en 2020.
02:38 C'est de l'argent public qui est mis sur la table pour rien.
02:41 Nous avons une expérience en 2020 où ça n'a pas marché.
02:45 On recommence cette année en 2023 où ça ne va pas marcher.
02:48 - C'était plus une demande des viticulteurs d'ailleurs en France, en Provence notamment ?
02:51 - C'est surtout l'Anglo-Groccian, la Provence qui demande la distillation.
02:54 Ils sont formatés pour ça. Ils produisent et ils distillent.
02:57 Nous à Bordeaux, on n'est pas formatés comme ça. On produit et on vend notre vin.
03:00 - L'arrachage sur France Bleu Gironde, on en parle avec notre invité en direct ce matin, Didier Cousinet, le porte-parole du collectif VT33.
03:06 - Est-ce que même à 6 000 euros l'hectare, alors que vous, vous vouliez 10 000, il y a des viticulteurs qui sont prêts à dire "oui, je vais arracher quand même" ?
03:12 - Alors il y a certains viticulteurs qui vont dire "oui".
03:14 Mais ces 6 000 euros sont une annonce qui va décourager certains, puisque 6 000 euros c'est quand même de l'argent.
03:24 Mais il faut savoir qu'il faut 2 000 euros l'hectare pour arracher, de frais d'arrachage.
03:27 Il ne reste que 4 000 euros. Les dettes sont tellement importantes en sociale, fiscale, remboursement d'emprunts, fournisseurs.
03:36 Il ne va rien rester. Le peu d'argent qui restera ne bouchera pas les trous.
03:40 - On entendait ce matin un viticulteur qui veut se mettre à l'élevage, il dit "il faut l'argent pour acheter les bêtes" par exemple.
03:44 - Mais écoutez, alors, je vais m'excuser de vous dire, on est dirigé par des gens qui sont derrière un bureau, qui n'ont jamais vu une vache,
03:50 qui n'ont jamais vu un pied de vigne, qui sont confortablement assis dans des bureaux, et qui nous donnent des contraintes qui sont inacceptables.
03:57 Un viticulteur ne va pas se reconvertir dans l'olivier, dans la cacahuète, dans la noisette, dans le chambre.
04:04 - Vous y croyez pas du tout, à la reconversion ?
04:06 - Pas du tout, du tout. Un viticulteur sur deux à Bordeaux est proche de la retraite.
04:10 Est-ce que vous croyez qu'une personne censée va se lancer dans un défi humain et financier tel d'une reconversion, que ce soit dans l'élevage ou n'importe quoi ?
04:20 Il faut effectivement, comme vous venez de le dire, on est déjà au fond du sac.
04:23 Excusez-moi le terme, on est au fond du sac financièrement, moralement, physiquement.
04:28 On n'a pas envie de se relancer dans une autre structure qui ne marche pas.
04:32 Rien ne marche en France. Autant l'élevage que le maraîchage, rien ne marche.
04:36 On veut nous lancer dans des choses qui ne marchent pas.
04:39 - Qu'est-ce qu'il faut faire alors ?
04:40 - Je vous dis, la seule solution c'est un arrachage.
04:43 Il y a trop de vin. Pour qu'il y ait moins de vin, il faut moins de vides.
04:46 - Et est-ce qu'aujourd'hui, 17 avril, vous vous dites "l'arrachage ça se fera en Gironde"
04:51 ou est-ce que, vu là où on en est, vu les aides qui sont proposées, on ne va pas y arriver ?
04:56 - Je pense que ça se fera petit à petit.
04:58 Peut-être que cette annonce d'arrachage de 10 000 hectares à 6 000 euros, certains vont arracher.
05:04 L'année prochaine, il y aura sûrement encore un autre plan. Dans 3 ans, il y aura un autre plan.
05:08 Ceux qui pourront tenir pourront bénéficier de ces petites aides.
05:11 Mais je pense que le préfet Guyot voulait ne laisser personne au bord de la route,
05:16 mais je pense qu'il va rester pas mal de monde au bord de la route.
05:18 - Et il voulait commencer au mois d'octobre, là, ça vous paraît réaliste ?
05:20 - Du tout, du tout. J'ai des voisins, des amis qui n'ont plus de trésorerie
05:25 pour commencer les premiers traitements, pour désherber leur vigne.
05:28 Il y en a même qui se séparent de leurs ouvriers.
05:30 On n'a qu'à téléphoner au Crédit Agricole, à la MSA, vous verrez dans quelle situation est la viticulture.
05:37 - Dernière question, Didier Cousinet. On le disait tout à l'heure,
05:39 Assemblée Générale du CIVB, cet après-midi, qu'est-ce que vous en attendez ?
05:43 - Alors écoutez, l'Assemblée Générale, elle est pour valider les 19 millions d'euros
05:47 que la filière doit mettre sur la table, en complément des 37 millions d'euros que l'État nous octroie.
05:54 Je pense que ça va être voté. Ça serait quand même catastrophique que notre propre filière vote contre.
06:01 Je n'y vais pas, je ne fais confiance à personne.
06:04 Je voudrais simplement dire que le collectif des viticulteurs est à l'initiative de ce mouvement.
06:11 On a provoqué la manifestation du 6 décembre dernier, avec la cellule de crise que Mme Bouchiot a faite.
06:18 - L'ancienne préfète de la Gironde.
06:20 - Je trouve aujourd'hui négligeable que le collectif des viticulteurs ne soit pas représenté autour de la table
06:25 pour des discussions aussi importantes.
06:28 - Et on a entendu votre message, vous qui représentez ce collectif d'idées cousinées.
06:31 Merci d'être venu nous en parler.
06:33 - Merci à vous.