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J-Horror et la révolution du cinéma d'horreur. Ring, audition, dark water
Transcription
00:00:00 Et bah voilà, on est en direct, c'est parti.
00:00:02 Bonsoir à tous, bonjour à tous.
00:00:04 Bienvenue dans cette vidéo consacrée donc à la J-Horror,
00:00:08 l'horreur japonaise.
00:00:09 Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?
00:00:10 Parce que le cinéma ressorte des désormais classiques,
00:00:13 à savoir un certain Ring, un certain Darkwater ou encore un certain Audition.
00:00:17 Et pour en parler, on a un invité d'honneur avec nous ici,
00:00:20 qui va tout nous expliquer dans les détails, qui va nous expliquer
00:00:23 qu'est ce que c'est, d'où ça vient, pourquoi c'est bien, etc.
00:00:25 etc.
00:00:26 Je le laisse se présenter comme ça.
00:00:27 Je ne dis pas de conneries.
00:00:28 Et puis surtout, je vais massacrer aussi des noms comme d'habitude.
00:00:31 Merci d'être avec nous.
00:00:33 Merci. Bonjour.
00:00:34 Alors, je me présente.
00:00:35 Je suis Stéphane Duminildo et j'ai écrit un livre qui s'appelle
00:00:39 Fantômes du cinéma japonais.
00:00:42 J'ai aussi été un des co-commissaires de l'exposition
00:00:45 Enfer et fantômes d'Asie au musée du Cabranly,
00:00:48 qui était consacré pour une part, mais quand même assez importante,
00:00:51 aussi aux fantômes japonais et à la J-Horror.
00:00:55 Et actuellement, je travaille pour Tempura,
00:00:59 le magazine sur les cultures du Japon.
00:01:01 Voilà.
00:01:02 Et oui, sans oublier aussi, évidemment, mon dernier livre,
00:01:06 qui est Cérémonie au cœur de l'Empire des Sens,
00:01:10 consacré donc au film d'Hoshima, qui est paru chez le lézard noir.
00:01:15 Et si vous voulez suivre un peu au quotidien
00:01:19 ce que je fais, vous pouvez aussi aller sur mon blog qui s'appelle
00:01:22 Jours étranges à Tokyo.
00:01:23 Je crois qu'on a fait un peu le tour de mes activités concernant le Japon.
00:01:28 Précisons que les liens sont dans le chat.
00:01:31 Je les ai mis et je les remettrai évidemment dans la description et tout ça.
00:01:33 Une fois le live terminé, mais que vous pouvez déjà aller
00:01:36 regarder le livre ainsi que le blog de notre invité.
00:01:39 Voilà.
00:01:39 Alors, donc, ressorti au cinéma de films qui sont devenus classiques,
00:01:42 entre Ring, qui a été un peu une espèce de Big Bang,
00:01:44 mais c'est pas tout à fait le début quand même.
00:01:46 Il y a des choses avant Ring.
00:01:48 D'où ça vient.
00:01:50 Oui, alors ce qui est intéressant,
00:01:52 il y a toute une partie qui est très classique, en fait,
00:01:55 puisque finalement, il y a de la géohorre,
00:01:57 en tout cas des films d'épouvante dès le début du cinéma,
00:02:00 puisqu'ils adaptent des pièces de Kabuki qui sont des pièces qui faisaient
00:02:05 intervenir des fantômes, des pièces d'épouvante, si on veut.
00:02:07 Donc, il y en a quasiment dès les années 1900.
00:02:10 Il y a des films dans les années 30,
00:02:13 il y a des films dans les années 40, 50 aussi,
00:02:16 qui sont aussi de très, très beaux films de fantômes en couleur,
00:02:19 qui sont un peu l'équivalent des films de la Hammer,
00:02:22 par exemple, de Terence Fisher ou des films de Mario Bava en Italie,
00:02:26 c'est à dire des films gothiques,
00:02:29 gothiques japonais, c'est à dire que ça se passe à l'ère Edo,
00:02:31 du côté des temples et des étangs, des marais avec des fantômes en kimono
00:02:36 et avec des visages défigurés, éclairés par des lumières vertes.
00:02:42 Voilà, on est vraiment dans la même esthétique que le cinéma gothique
00:02:46 américain avec Roger Corman ou européen avec Mario Bava ou Terence Fisher.
00:02:50 Donc, voilà une sorte de renaissance.
00:02:52 Mais si on parle vraiment de Dior,
00:02:55 il faut remonter jusqu'à la fin des années 80.
00:02:58 En fait,
00:03:00 alors ce qui est très intéressant dans le genre,
00:03:03 c'est que c'est un genre un peu lo-fi au début, c'est à dire que
00:03:08 ça naît à la télévision, ça naît dans les vidéo clubs
00:03:12 et ça se construit comme ça, avec des objets un peu impurs,
00:03:15 avec des... Alors, par exemple, le premier film
00:03:19 qu'on qualifie de film de Dior, c'est un film très, très obscur,
00:03:23 qui est un peu introuvable, qui s'appelle Le Diagon's Ray,
00:03:26 qui date de 1987 et qui veut dire quelque chose comme vision diabolique.
00:03:32 Et alors, on le qualifie de premier film de Dior parce que c'est
00:03:37 un film qui fait intervenir les fantômes dans un cadre à la fois médiatique,
00:03:41 mais aussi très, très moderne.
00:03:42 Alors, pour vous raconter en gros l'histoire,
00:03:44 c'est un film qui dure 50 minutes à peu près, tourné pour la télé.
00:03:48 C'est une compositrice de morceaux pop
00:03:52 qui a une liaison avec le producteur de Maison de disque et qui tombe enceinte.
00:03:57 Et donc, le producteur la rejette et elle se suicide.
00:04:00 Et une de ses chansons va être récupérée par le producteur pour une jeune idole.
00:04:07 Et pendant le tournage du vidéoclip,
00:04:10 le fantôme va revenir se venger et faire éclater les projecteurs,
00:04:16 posséder l'idole, etc.
00:04:17 Donc, c'est à la fois quelque chose qui est très classique dans son thème,
00:04:22 c'est à dire qu'on a un fantôme rejeté par son amoureux,
00:04:28 qui se suicide, une femme qui se suicide,
00:04:30 qui devient un fantôme et qui va venir se venger.
00:04:33 Donc, c'est un thème classique qu'on peut
00:04:35 retrouver dans les films des années 50 ou 40, par exemple.
00:04:38 Mais en même temps, ça le modernise complètement
00:04:41 en faisant apparaître les nouveaux médias, le vidéoclip, par exemple,
00:04:44 la télévision ou le monde des idoles de la chanson.
00:04:49 Donc, ça, on le qualifie de premier film de Géorges.
00:04:51 Alors, le scénariste est un peu le réalisateur,
00:04:54 parce que l'origine n'est pas très claire, mais le scénariste, il est un peu connu,
00:04:58 puisque c'est Chacky Konaka qu'on connaît surtout pour Serial Experiment Line,
00:05:04 la série d'animation, qui était aussi une façon de faire
00:05:07 intervenir le fantastique dans le monde d'Internet.
00:05:10 Donc, Internet était vraiment assez tout début.
00:05:13 Alors ça, voilà, on va dire que c'est le premier film de Géorges.
00:05:16 Et ensuite, il y a aussi une date qui est assez importante, très importante même,
00:05:21 qui est au début des années 90, ça s'appelle Scary True Stories,
00:05:26 donc Terrifiante Histoire Vraie, et c'est conçu par Chacky Konaka,
00:05:32 donc le même scénariste et un metteur en scène qui s'appelle Norio Tsureta.
00:05:36 Et ça va être des films à sketch
00:05:39 qui sont distribués dans le circuit des vidéo clubs.
00:05:42 Et ces films, en fait, sont destinés aux jeunes filles,
00:05:47 aux adolescentes qui sont les premières lectrices de mangas d'horreur,
00:05:50 par exemple, le livre de les mangas de Junji Ito, par exemple,
00:05:54 ou de Kazuo Umezu, qui nous paraissent terrifiants pour nous,
00:05:58 sont lus en fait par les adolescentes au Japon.
00:06:01 Et donc, ces films distribués dans le circuit de la vidéo
00:06:07 sont conçus comme des mangas.
00:06:08 Par exemple, il y a trois histoires qui, à chaque fois, font intervenir
00:06:11 des jeunes filles qui sont au collège ou au lycée.
00:06:14 Et c'est tourné en vidéo, donc c'est très, très cheap aussi.
00:06:16 C'est pour ça que je dis que c'est de l'esthétique lo-fi.
00:06:21 Et généralement, c'est une histoire.
00:06:23 Ce n'est même pas une histoire, en fait.
00:06:25 On suit le quotidien d'une de ces jeunes filles.
00:06:27 Et puis, elle va voir apparaître un fantôme.
00:06:29 Elle va avoir très peur.
00:06:30 En gros, c'est ça.
00:06:31 Il n'y a quasiment pas de narration.
00:06:32 Mais ce qui compte, c'est les ambiances et aussi les décors.
00:06:36 C'est à dire qu'on va filmer des salles de classe, des couloirs de collège,
00:06:41 des toilettes aussi, des escaliers, des petites chambres d'adolescentes aussi.
00:06:48 Donc, c'est à dire qu'on est dans un cadre très, très contemporain.
00:06:51 Et c'est ça, à mon avis, qui a permis
00:06:55 la création d'une vraie horreur moderne au Japon.
00:07:00 C'est à dire que l'horreur n'est plus dans les temples,
00:07:02 elle n'est plus dans les étangs, elle n'est plus surtout pendant la raideau.
00:07:05 Elle est pendant la période.
00:07:08 Elle est complètement contemporaine des spectateurs.
00:07:12 Alors, ça n'a l'air de rien, mais en fait,
00:07:13 c'est un gros travail et progressif de modernisation.
00:07:17 À la suite de ça, il y aura des films
00:07:20 pareils tournés pour la télévision, comme Gakko no Kaidan,
00:07:23 qui veut dire les histoires surnaturelles de l'école,
00:07:26 auxquelles participera Kiyoshi Kurosawa,
00:07:29 donc le réalisateur de Kairu et puis qu'on connaît très bien.
00:07:32 Mais aussi Takashi Shimizu, qui va dans ses films,
00:07:36 qui sont aussi des anthologies de court métrage.
00:07:38 Il va faire apparaître déjà les deux personnages de Joanne,
00:07:42 c'est à dire Kayako la mère et Toshio le petit garçon.
00:07:45 Donc, il y a quelque chose qui est en train de se créer.
00:07:47 Et puis, suite au succès de ces téléfilms et films tournés pour la vidéo,
00:07:53 c'est, je crois, Fuji télévision qui va décider de faire une série
00:07:58 de téléfilms consacré à un roman de Koji Suzuki
00:08:03 qui n'a pas eu énormément de succès quand même.
00:08:05 Donc, les droits ne devaient pas être très chers,
00:08:07 qui s'appelle Ring.
00:08:09 Voilà donc la première adaptation de Ring,
00:08:12 c'est dans les années 95, 97.
00:08:16 Et c'est d'abord pour la télévision.
00:08:18 Et puis ensuite, il y aura les films.
00:08:19 Donc, voilà comment se construit en fait,
00:08:22 la géohorreur contemporaine, pas tellement au cinéma.
00:08:25 Finalement, bien sûr, il y a des films d'horreur.
00:08:27 Il y a des choses comme ça, mais plutôt dans une sorte de...
00:08:30 plutôt, je dirais, dans les marges.
00:08:31 Avant d'arriver au cinéma, ça va passer par des objets
00:08:34 de consommation un peu singulier, un peu bizarre,
00:08:39 comme le V-cinéma ou alors des séries télévisées ou alors des choses comme ça.
00:08:44 Donc, voilà, là, c'est l'origine, si vous voulez.
00:08:48 Et c'est intéressant tout ça, parce que justement,
00:08:51 on voit que Ring, une des choses qu'il a, entre guillemets,
00:08:54 apporté, en tout cas, une des caractéristiques de Ring,
00:08:57 c'est que c'est une horreur qui est liée à la technologie d'époque.
00:08:59 Maintenant, de nos jours, ça peut faire un peu rétro,
00:09:01 mais je veux dire la VHS, l'analyse des images.
00:09:04 J'ai eu la chance de lire le livre, le premier en tout cas.
00:09:07 Et il passe beaucoup de temps à analyser les images et tout.
00:09:10 Dans le film, c'est, mais c'est plus léger, c'est un film.
00:09:12 Et c'est une des caractéristiques qu'on retrouvera dans Cairo,
00:09:15 qu'on retrouvera dans d'autres, la mort en ligne de Mickey, par exemple.
00:09:19 Ce lien direct à la technologie.
00:09:21 Oui, et je pense qu'il y a vraiment un lien entre justement la télévision
00:09:26 et les VHS que louaient les adolescents et adolescentes
00:09:32 dans les années 90 pour regarder les Retro Stories
00:09:34 et le fait que dans Ring, ça soit également une VHS,
00:09:37 que ça soit un film bizarre, en effet, qu'il faut décrypter, décoder
00:09:42 et que ça soit en fait une sorte de magnétoscope.
00:09:45 En fait, un système audiovisuel, vu que depuis le puits,
00:09:49 elle va projeter sur une cassette vidéo les images bizarres,
00:09:54 c'est à dire l'image du puits, l'image des gens qui rampent,
00:09:59 les caractères d'imprimerie qui sont comme des verres
00:10:02 qui grouillent dans l'image, etc.
00:10:03 Elle va projeter ça sur une cassette vidéo
00:10:05 pour permettre la contamination dans notre monde.
00:10:07 Et après, elle sort d'une télé.
00:10:08 Donc, elle est un système audiovisuel, en fait.
00:10:13 - La sortie de la télévision, ça, c'est un truc qui n'est pas dans le roman.
00:10:17 Je tiens à préciser.
00:10:19 C'est vraiment une invention du film et c'est un point fort du film
00:10:22 puisque c'est un des éléments qui a marqué les gens.
00:10:25 C'est absent du roman.
00:10:26 D'ailleurs, quand j'ai lu cette scène, j'étais un petit peu déçu dans le roman.
00:10:29 - Oui, dans les téléfilm Ring, ça n'y est pas non plus forcément.
00:10:36 On voit Sadako qui apparaît avec des particules statiques
00:10:42 de télévision en moment.
00:10:43 C'est ça qui la forme.
00:10:45 C'est le lien qu'il y a.
00:10:47 Sinon, elle apparaît de façon assez classique dans les téléfilms.
00:10:49 Elle est nabée d'une sorte de lumière spectrale, en fait.
00:10:52 Et c'est une jeune fille assez jolie, en plus.
00:10:54 Donc, ça n'a vraiment rien à voir.
00:10:56 Et c'est vraiment Nakata et Roshitaka Achi, le scénariste,
00:11:01 qui ont vraiment tout transformé, réinterprété.
00:11:05 Alors, dans le roman, elle apparaît dans les reflets, par exemple.
00:11:08 Elle n'apparaît pas vraiment dans les télévisions.
00:11:11 Donc, oui, l'idée de la télévision, c'est une grande idée,
00:11:13 puisque tout le monde a une télévision chez soi.
00:11:14 Donc, potentiellement, on peut tous être victime de Sadako.
00:11:18 C'est vraiment une très bonne idée.
00:11:21 - Et puis, la petite peur de la VHS, qu'on ne sait plus ce qu'il y a dessus.
00:11:24 A l'époque, bon, maintenant, ce n'est plus le cas.
00:11:25 Mais je me souviens, on avait tous des VHS un peu enregistrés.
00:11:27 On fait, il y a quoi déjà là-dessus ?
00:11:28 Qu'on la met ?
00:11:29 Le film jouait beaucoup là-dessus.
00:11:32 Il y a un petit côté nostalgie,
00:11:33 quand ce qui me concerne, quand je repense un peu au film
00:11:36 et au rouage du film en lui-même.
00:11:38 - Oui, bien sûr.
00:11:39 Et oui, c'est ça.
00:11:42 La VHS était vraiment entre deux.
00:11:45 C'était encore le moyen, comment dire,
00:11:50 ce qui était le plus pratique et le plus commun pour enregistrer des films.
00:11:54 Mais on était vraiment à un an ou deux ans près à la lisière du DVD.
00:12:00 C'est ça qui est intéressant.
00:12:01 Je crois que lorsque Ring est sorti, en France, c'était en 2000,
00:12:05 les DVD commençaient à arriver.
00:12:07 Donc, c'était déjà un objet un peu gothique.
00:12:10 C'était un peu comme un échronomicon des Vildead, presque.
00:12:13 Voilà, le lieu grimoire des films de possession genre Evil Dead,
00:12:18 c'était venu la VHS dans Ring.
00:12:22 - Et vu que c'est adapté d'un roman, je ne sais pas ce qu'il en est.
00:12:26 Mais est-ce que vous savez s'il y a justement un courant littéraire aussi
00:12:29 qu'on pourrait qualifier de J-horror qui est à ce moment-là?
00:12:33 - Oui, il y en a d'ailleurs.
00:12:36 Je ne pourrais pas vous en citer beaucoup,
00:12:38 parce que moi, je me suis vraiment concentré sur Kojitsu Fubuki.
00:12:42 Mais il y a surtout une très grande littérature dessinée en manga.
00:12:45 C'est vraiment très important.
00:12:48 Je pense en même temps à comment c'est arrivé en France, en tout cas,
00:12:53 les premiers mangas.
00:12:54 Alors, je pense, par exemple, à La Dame de la Chambre Close,
00:12:57 qui était quelque chose d'absolument terrifiant,
00:12:59 qui faisait référence aux légendes urbaines,
00:13:02 sur une femme qui vous poursuit,
00:13:04 une femme avec un éperméable, avec des grands cheveux noirs.
00:13:07 Donc, on était vraiment très proche de films comme Ring ou Audition.
00:13:13 Donc oui, les mangas, c'est très fertile depuis au moins les années 60.
00:13:18 Et les mangas de Kazuo Umezo, les histoires de mères
00:13:23 qui sont sur un serpent pour dévorer leur fille,
00:13:25 ou alors de mères qui veulent
00:13:29 mettre leur cerveau dans le crâne de leur fille.
00:13:32 Donc, ça, c'est vraiment des romans pour adolescente.
00:13:34 C'est un rôle que nous, on lit Bouléville,
00:13:36 on lit des histoires de mères qui veulent manger la petite fille.
00:13:43 C'est ce qu'on appelle la culture.
00:13:44 Les gens ne savent pas la même culture sur certains points.
00:13:46 Et c'est ça qui est génial, parce qu'on a accès à des œuvres très différentes.
00:13:48 Justement,
00:13:50 le film Ring, il change aussi une donne par rapport aux livres.
00:13:54 C'est qu'il fait du personnage principal à un personnage féminin,
00:13:56 alors que dans le livre, c'est un personnage masculin.
00:13:59 Ils en font une femme.
00:14:01 Et je trouve que c'est intéressant, parce qu'en réalité,
00:14:06 si on prend ne serait-ce que les trois films qui ressortent au cinéma,
00:14:10 ce sont la menace et féminine aussi.
00:14:13 Oui, tout à fait.
00:14:15 Oui, tout à fait.
00:14:16 Le récit de Fantôme, à la base, est aussi très féminin.
00:14:21 C'est à dire que le fantôme est toujours une femme.
00:14:24 En général, il y a quelques cas où les fantômes sont des samouraïs, des guerriers.
00:14:28 Mais généralement, c'est un récit de justice féminine.
00:14:36 C'est à dire qu'on a toujours une femme qui a été violentée,
00:14:39 qui a été violée, qui a été tuée ou qui a été poussée au suicide par un homme.
00:14:44 Alors que ce soit un seigneur ou alors son mari, un samouraï.
00:14:47 Et comme on est dans une société qui est très machiste,
00:14:51 on dirait patriarcale aussi, c'est vraiment la société des samouraïs.
00:14:55 La femme n'a pour seul recours que de revenir d'entre les morts
00:15:00 sous l'aspect d'une femme terrifiante.
00:15:02 C'est quasiment le seul recours qu'elle a.
00:15:04 Et d'ailleurs, on remarquera que les fantômes japonais ne touchent pas.
00:15:09 Il n'y a pas de contact entre les fantômes et les vivants.
00:15:13 Ça reste des apparitions,
00:15:15 quasiment des illusions et ils terrifient par leur apparence,
00:15:20 par le simple fait d'apparaître déjà.
00:15:23 Et donc, les femmes n'ont que ce moyen, en fait, pour demander justice.
00:15:29 Donc, en fait, ce qui ne peut pas se passer dans la réalité se passe
00:15:34 dans les récits fantastiques et puis dans les arts.
00:15:37 Évidemment, on appellerait ça la catharsis aussi.
00:15:40 Et donc, c'est vrai que dans ces trois récits,
00:15:43 on a une femme qui va se battre d'abord pour retrouver le Sadako
00:15:52 pour éclairer ce mystère et puis pour sauver son fils,
00:15:54 qui a été contaminé aussi par la vidéo.
00:15:58 Le personnage du mari est très intéressant aussi.
00:16:00 On le connaît puisque c'est lui qui jouait dans Sam Koukai.
00:16:03 Donc, c'est un des deux héros.
00:16:05 C'est un personnage assez bizarre,
00:16:08 à la fois mathématicien et en même temps médium.
00:16:11 Donc, il est à la fois entre la rationalité et les mathématiques.
00:16:13 Et puis, entre l'irrationnel.
00:16:16 Donc là, on a vraiment le côté assez unique du récit de fantôme au Japon.
00:16:21 C'est à dire que si vous racontez au Japon que vous avez vu un fantôme,
00:16:26 je vais le dire autrement.
00:16:27 Si en France, on raconte qu'on a vu un fantôme,
00:16:29 généralement, tout le monde va s'ingénier à nous faire comprendre
00:16:33 que ce n'était pas vrai, qu'on a juste vu une illusion, etc.
00:16:38 Que par exemple, la femme en blanc qu'on aurait vu à côté du cimetière,
00:16:41 c'était juste une femme qui passait par là ou quelque chose comme ça.
00:16:44 Tandis qu'au Japon, ça serait extrêmement mal poli de faire ça.
00:16:47 En fait, on croit au fantôme.
00:16:49 Quand quelqu'un dit qu'il a vu un fantôme, on va le croire.
00:16:52 Donc voilà, on est toujours dans un monde qui est à la fois rationnel,
00:16:55 évidemment, comme le nôtre, mais qui laisse des échappées
00:16:58 à l'irrationnel, au surnaturel.
00:17:01 Donc, je ne vais pas faire trop d'igressions.
00:17:03 Oui, et dans Darkwater, évidemment,
00:17:08 c'est une mère aussi qui va se battre pour la garde de sa petite fille
00:17:12 dans une société aussi qui n'est pas faite pour les femmes.
00:17:15 On voit, elle a des problèmes pour quitter le travail à l'heure,
00:17:18 pour aller chercher sa fille, etc.
00:17:21 Donc, il y a aussi son mari qui fait une pression pendant le divorce.
00:17:24 Donc, tout est fait pour la faire se sentir nulle, finalement,
00:17:27 dans cette vie là, et elle va avoir d'autres solutions, elle aussi,
00:17:31 que de rejoindre le monde des fantômes et s'occuper d'une petite fille
00:17:35 qui est un fantôme.
00:17:36 Quant à Audition, là, c'est peut-être le film le plus,
00:17:40 je dirais, entre guillemets, féministe,
00:17:42 puisque on a un homme qui a beau ne pas être non plus
00:17:47 un monstre ni un pervers, etc.,
00:17:50 mais qui se sert des moyens qui sont mis à sa disposition,
00:17:53 c'est-à-dire faire un faux casting pour se trouver une épouse.
00:17:57 Ça rappelle un peu les procédés, par exemple, de Weinstein,
00:18:04 même s'il n'y a aucune comparaison, bien sûr,
00:18:06 entre le héros d'Audition, qui est quelqu'un de sympathique,
00:18:09 un veuf, un peu triste, mais finalement, dans le principe,
00:18:12 on se rend compte que les hommes ont des moyens
00:18:14 de pression et de domination sur les femmes.
00:18:18 Alors, ça vient, par exemple, du monde des médias.
00:18:21 Et en tout cas, Assamie dans Audition va renverser tout ça
00:18:29 et montrer peut-être qu'elle est folle,
00:18:31 mais aussi qu'elle n'admet pas ce genre de procédés.
00:18:35 - Alors, je profite, pardon, l'acteur dans Ring
00:18:39 qui a fait son coup de coeur, c'est Hiroyuki Sanada,
00:18:41 qui est un excellent acteur, qui a fait beaucoup de films d'action,
00:18:44 puisqu'il a été formé à l'IJAC, je profite, désolé,
00:18:47 par un certain Sonichiba qui nous a quittés
00:18:49 il n'y a pas si longtemps que ça,
00:18:51 mais qui, dans ce film, ne se bat pas du tout.
00:18:53 C'est un bon acteur capable de faire plein de choses.
00:18:55 Et puis, voilà.
00:18:56 Et je reviens là-dessus dans le livre, il précise,
00:18:58 bon, le livre, j'ai dû le lire en 2004,
00:19:00 c'est quand ça a daté,
00:19:00 mais il précise que le personnage va voir ce personnage
00:19:05 qui n'est pas son mari, dans le livre, évidemment,
00:19:07 puisque c'est un homme,
00:19:08 et il dit que c'est le seul gars qui est assez taré pour le croire
00:19:13 et vraiment le suivre un peu dans cette idée.
00:19:15 Donc, bien, on retrouve un peu ça,
00:19:18 c'est intéressant de comparer les deux.
00:19:19 Donc, c'est pour dire que je conseille le livre, au passage,
00:19:21 parce qu'il se lit très facilement.
00:19:22 C'est intéressant de voir ce qui est pris,
00:19:24 ce qui n'est pas pris et ce que ça amène.
00:19:26 Et c'est ça que je trouve intéressant aussi
00:19:27 dans le rapport avec le livre.
00:19:29 Le personnage qui aide Asakawa, qui donc est un homme,
00:19:34 c'est un personnage très trouble, très bizarre,
00:19:36 qui a plusieurs identités,
00:19:38 qui aurait dû aller une fille à l'université.
00:19:40 Donc, il y a tout un pan un peu malsain, bizarre,
00:19:46 qui est tout à fait évacué dans le film
00:19:49 pour se concentrer vraiment sur le thème principal,
00:19:53 sur la recherche de l'histoire de Sadako.
00:19:56 Et tant mieux parce que le film a ce côté implacable aussi.
00:19:59 Il n'y a pas une scène en trop.
00:20:01 Ça avance comme ça jusqu'au pendant le décompte des jours,
00:20:05 jusqu'au moment où ils vont aller identifier le puits,
00:20:08 donc sous le chalet.
00:20:10 Et puis, en plus, avec cette partie en plus là,
00:20:13 où évidemment, le professeur va voir Sadako.
00:20:18 Donc, il y a quelque chose qui ne s'est pas fait.
00:20:19 Ils n'ont pas réussi à enrayer la malédiction
00:20:21 telle qu'il l'aurait voulu.
00:20:23 Donc, ce côté implacable, évidemment,
00:20:25 procède du nez pur du livre de Suzuki.
00:20:28 Vu qu'on parle de rythme, c'est vrai que c'est intéressant
00:20:32 parce que c'est un film qui est japonais.
00:20:34 Et pour ceux qui ne savent pas grand je dis japonais,
00:20:36 pour moi, ça veut dire que c'est assez posé,
00:20:38 pour ne pas dire très posé même.
00:20:39 On n'a pas assez de sensations de précipitation.
00:20:43 Je veux dire, c'est un film qui a son rythme à lui
00:20:46 et il va avancer.
00:20:47 Et comme on l'a dit, il va avancer,
00:20:49 mais ce n'est pas un film où on sent une espèce de spéciale de nervosité.
00:20:53 Ça, c'est une caractéristique d'ailleurs.
00:20:55 Je trouve qu'Audition, qui est d'un autre réalisateur
00:20:57 que Darkwater, qui est de même réalisateur,
00:20:58 est aussi très posé.
00:20:59 Ce sont globalement...
00:21:02 Après, évidemment, il y a toujours des exceptions.
00:21:03 Mais globalement, c'est un cinéma que je trouve posé,
00:21:05 le cinéma japonais.
00:21:06 Oui et non, parce que quand on voit que c'est un film de miniké,
00:21:11 on ne peut pas vraiment dire que c'est très posé.
00:21:14 Mais en tout cas, le miniké d'Audition,
00:21:15 oui, en effet, voulait à tout prix faire un film
00:21:18 où pendant une heure, il ne se passe rien quasiment.
00:21:20 On a l'impression qu'on est dans une sorte de rom-com, en fait.
00:21:24 C'est à dire comment un homme va reprendre goût à la vie
00:21:28 parce qu'il rencontre au gré d'une audition,
00:21:31 dont un casting qui est un peu truqué,
00:21:33 mais une fille qui est très douce, très gentille
00:21:37 et un peu mystérieuse.
00:21:40 Donc vraiment un sujet de comédie romantique
00:21:43 pendant presque une heure.
00:21:44 Et puis, à partir d'une heure, le film se brise complètement.
00:21:49 Et là, on bascule dans l'horreur absolue.
00:21:52 Après, il y a quand même aussi au début des petits trucs,
00:21:54 le sac qui remue.
00:21:56 Mais c'est vrai qu'on avance de façon très calme, très posée.
00:22:00 Et c'est exactement pareil pour Darkwater aussi,
00:22:05 qui prend vraiment un temps très, très long
00:22:08 à montrer l'installation de la mère et la petite fille
00:22:12 à l'intérieur de l'immeuble.
00:22:14 Aussi, nous faire sentir cet immeuble
00:22:16 qui est complètement gorgé d'eau, l'humidité partout.
00:22:20 Les affiches avec disparition d'enfants
00:22:23 ou les visages des enfants sont effacés par la pluie,
00:22:26 comme les visages de Ring sur les photos étaient déformés.
00:22:30 Aussi, un jeu qui est un peu équivalent.
00:22:33 Mais voilà, on avance très, très, très lentement.
00:22:36 On est vraiment presque engourdi et pris
00:22:41 d'une façon intime dans ces histoires là.
00:22:44 En fait, je dis parfois,
00:22:46 et les films de Kiyoshi Kurosawa, c'est la même chose.
00:22:48 On est plus proche de Tarkovski par moment,
00:22:51 de rythme et d'une attation particulière accordée aux éléments.
00:22:56 Donc, évidemment, dans Darkwater, c'est la pluie.
00:23:00 C'est l'élément humide qui va se propager partout sur les murs.
00:23:04 Et avec cette scène qui est absolument
00:23:06 les plus belles scènes du cinéma d'horreur,
00:23:08 lorsque la mère, en pleine nuit,
00:23:10 va rechercher sa fille dans l'appartement du dessus
00:23:13 et trouve un appartement qui est complètement inondé dans le noir.
00:23:16 C'est un truc absolument terrifiant quand même.
00:23:21 Mais ce qui est intéressant, justement,
00:23:25 c'est que Darkwater étant du même réalisateur,
00:23:29 on peut imaginer que c'est une sorte de Ring 2.
00:23:31 Même si Ring 2 existe,
00:23:32 et il existe même deux fois,
00:23:33 on ne va pas rentrer là dedans tout de suite.
00:23:36 Justement, on ne sort pas.
00:23:38 C'est déjà compliqué.
00:23:40 Mais ce que je veux dire par là, c'est qu'étant le même réalisateur,
00:23:42 on peut voir qu'on va dire une espèce d'évolution de la formule.
00:23:45 Puisque encore une fois, d'ailleurs, adapté de Koji Suzuki.
00:23:47 Cette fois-ci, je crois que c'est d'une nouvelle de Koji Suzuki.
00:23:49 C'est une nouvelle art qui fait une cinquantaine de pages.
00:23:52 Et ce que je veux dire par là,
00:23:54 c'est que là où j'ai envie de dire que Ring,
00:23:56 finalement, c'est basiquement la formule,
00:23:59 et après, on va parler de la formule,
00:24:00 parce que c'est vraiment la formule de ce qui sera globalement repris avec Darkwater.
00:24:05 Je crois que c'est le réalisateur qui l'avait dit,
00:24:07 ou je ne sais plus où je l'avais lu,
00:24:08 mais il disait que c'était avant tout un drame,
00:24:11 et que l'horreur est finalement un complément à ce drame.
00:24:15 Oui, c'est ce qu'on appelle au Japon le "Haha Mono",
00:24:19 qui veut dire le film de maman, en fait.
00:24:21 Donc, on peut imaginer, c'est des films de mères très courageuses
00:24:25 qui se battent contre les éléments.
00:24:26 Donc, ça peut être pendant la guerre,
00:24:27 ça peut être pendant des catastrophes, des famines, etc.
00:24:30 Là, il se trouve que c'est contre un fantôme,
00:24:34 mais surtout contre une adversité qui dépasse le fantôme.
00:24:37 C'est la société, en fait, qui l'oppresse et la servit.
00:24:44 Et donc, oui, en effet, c'est un mélodrame.
00:24:47 C'est absolument déchirant.
00:24:48 Darkwater, à la fin, on a autant peur qu'on ne pleure.
00:24:53 Presque.
00:24:54 C'est une mère qui, alors j'hésite à spoiler,
00:25:00 mais en tout cas, oui, une mère qui va se battre jusqu'au bout pour sa petite fille.
00:25:05 Ça, c'est vrai.
00:25:06 Donc, c'est un grand mélodrame d'horreur.
00:25:09 On va éviter de trop spoiler, même si on a déjà parlé de d'autres trucs,
00:25:12 parce que les gens vont avoir l'occasion de découvrir ces films au cinéma.
00:25:15 Pour ceux qui n'ont pas vu un Ring qui date de 98, je rappelle.
00:25:19 Vous avez pu le voir il y a longtemps, mais ça tombe bien, c'est une occasion de plus.
00:25:24 Et revenons un peu sur les stéréotypes de Ring,
00:25:27 parce que Ring, c'est quand même abusé,
00:25:28 comme il a tellement fait bim dans la tête des gens,
00:25:31 et pas qu'au Japon, je veux dire, en Asie globalement.
00:25:34 Il y a eu un remake coréen, je crois, la même année,
00:25:38 qui réadaptait certaines scènes du bouquin qui n'étaient pas là,
00:25:41 mais qui, par exemple, faisait aussi du personnage principal d'une femme.
00:25:43 Donc, il y avait quand même une influence.
00:25:45 Les films japonais étaient interdits en Corée.
00:25:47 Donc, il fallait quand même qu'ils puissent avoir accès à ce phénomène.
00:25:55 Oui, en effet, disons que ce qui manquait à la Géorges,
00:26:03 en réalité, c'était une figure identifiable.
00:26:05 C'est à dire qu'il y avait plein de films avec des fantômes
00:26:09 qui avaient différentes apparences, etc.
00:26:11 Mais il manquait une figure, je dirais,
00:26:14 comme on peut identifier le slasher avec Jason, par exemple.
00:26:20 Quelque chose qui soit un peu unicode.
00:26:22 Et c'est ce qu'ont fait Nakata et Takahashi.
00:26:27 Mais c'est presque, je dirais, par hasard,
00:26:29 parce qu'au départ, Ring n'était pas du tout destiné à devenir un grand succès.
00:26:33 C'était une série B.
00:26:35 C'était Kadokawa, l'éditeur à l'origine du roman de Suzuki,
00:26:42 qui était aussi producteur de cinéma depuis à peu près 75
00:26:45 et qui donc puisait dans ses best-sellers pour en tirer des films.
00:26:49 Voilà, en disant ça va être au moins un petit succès.
00:26:51 Et c'était le principe, c'est à dire d'aller réadapter au cinéma,
00:26:57 ce qui avait déjà eu beaucoup de succès à la télévision
00:27:01 et le sortir pendant les fêtes d'Aubon au mois d'août.
00:27:04 Aubon, c'est l'équivalent d'Halloween au Japon.
00:27:08 C'est à dire, c'est le moment où on va honorer les morts.
00:27:11 Et c'est le moment où sortent les mangas d'horreur,
00:27:14 où sortent des films d'horreur.
00:27:16 Donc, au moins pendant 15 jours, un mois,
00:27:20 il y avait vraiment l'occasion d'avoir un petit succès.
00:27:24 Et c'est pour ça que Ring, c'est une série B aussi.
00:27:26 On voit que c'est tourné avec pas beaucoup d'argent.
00:27:28 Donc, ils ont été les premiers surpris du phénomène Ring.
00:27:34 Que Sadako d'un coup, le pays est devenu amoureux de Sadako.
00:27:39 Les jeunes filles se mettaient les cheveux devant les visages.
00:27:41 Alors, elles allaient au Love Hotel avec leurs petits copains, par exemple.
00:27:44 Et puis, elles sortaient de la salle de bain
00:27:46 avec les cheveux sur le visage en faisant comme ça.
00:27:51 Voilà, donc c'était...
00:27:54 Il y avait les garçons qui étaient terrorisés, évidemment,
00:27:57 qui faisaient semblant pour leur faire plaisir.
00:27:59 Mais en tout cas, ça a été un succès surprise.
00:28:04 Et puis, ça a donc popularisé cette apparence
00:28:10 de la fille fantôme avec sa robe blanche,
00:28:14 avec les cheveux sur le visage, avec l'œil dilaté,
00:28:17 qui était une adaptation, en fait,
00:28:19 si on regarde des estampes du 19e, 18e siècle,
00:28:23 on va avoir des femmes avec des kimonos blancs,
00:28:27 donc couleur du deuil, qui ont les cheveux dépeignés aussi.
00:28:33 Donc, ce qui en fait des créatures malsaines ou bizarres,
00:28:38 parce qu'évidemment, le propre d'une japonaise,
00:28:40 c'est d'avoir un beau chignon, d'avoir les cheveux propres, etc.
00:28:43 Les cheveux sont dépeignés et tombent sur le visage.
00:28:45 Et comme souvent, elles ont été défigurées par leur mari.
00:28:50 Par exemple, Oyuwa, le fantôme le plus célèbre,
00:28:53 a aussi un œil exorbité.
00:28:54 Donc, ce qu'ont fait Suzuki et Takashi,
00:28:59 c'est de vraiment moderniser et purer une figure
00:29:02 qui était traditionnelle.
00:29:07 Mais en fait, tout, on ne le savait pas en France et en Occident.
00:29:10 Donc, on a vu apparaître une créature qu'on n'avait jamais vue,
00:29:13 en fait, tout simplement.
00:29:15 Et bon, ça s'est propagé en Asie.
00:29:17 On n'a eu que des Sonako, évidemment, en Corée,
00:29:20 en Thaïlande aussi, on en fait des centaines.
00:29:22 Jusqu'aux États-Unis, lorsqu'ils ont décidé de faire des remakes.
00:29:27 Là aussi, on a vu apparaître des Sadako.
00:29:29 Donc, c'était Samara dans le remake de Ring par Gorbaevinsky,
00:29:35 avec Naomi Watts.
00:29:36 Donc, ils l'ont transformé en petite fille,
00:29:38 parce qu'apparemment, pour les Américains,
00:29:41 une petite fille, je ne sais pas, ça marche mieux.
00:29:42 C'est comme des exercices ou des choses comme ça.
00:29:44 Alors que dans les films, c'est une jeune fille qui a une vingtaine d'années,
00:29:48 à peu près.
00:29:50 Donc, oui, en effet, Sadako est une hermaphrodite dans le livre.
00:29:53 De plus, oui, oui.
00:29:55 Donc, c'est une construction baroque, Sadako, en fait.
00:29:59 Donc, c'est à la fois...
00:30:02 On ne sait même pas qui est son père.
00:30:03 Ça serait une divinité de l'océan aussi.
00:30:05 Donc, il y a un côté un peu Lovecraft aussi.
00:30:09 Elle serait hermaphrodite.
00:30:11 Donc, voilà, il y a plein d'origines un peu assez complexes, en fait,
00:30:15 sur ce personnage.
00:30:16 C'est un peu plus simple quand même dans les films.
00:30:20 Donc, oui, en effet, ça a été quelque chose de nouveau, en fait.
00:30:28 Et honnêtement, ce qui s'est passé aussi, c'est que le cinéma d'horreur,
00:30:32 admettons, américain, le cinéma d'horreur italien n'existait plus.
00:30:36 Le cinéma d'horreur anglais non plus.
00:30:37 Le cinéma d'horreur américain,
00:30:39 les dernières choses un peu marquantes, ça avait été Scream.
00:30:43 Mais ça s'était transformé en comédie, en fait, ou en des films pour teenagers
00:30:48 qui ne faisaient quand même pas très peur.
00:30:49 Donc, il y avait une longue période où le cinéma d'horreur ne faisait plus peur.
00:30:52 Et puis là, on a vu apparaître un film extrêmement sérieux, très lent,
00:30:56 avec un monstre absolument terrifiant et complexe et bizarre.
00:31:00 Évidemment, c'était une sensation qu'on n'avait pas connue depuis très longtemps.
00:31:04 Et comme on l'a dit, un style différent,
00:31:07 une manière de faire différente qui a déferlé sur le monde.
00:31:10 Et Sadako est devenue une sorte de pop star.
00:31:12 C'est ça le truc.
00:31:13 Oui, voilà, c'est ça.
00:31:14 La J-horreur, finalement, est devenue comme la J-pop.
00:31:18 On a forgé le terme de la même façon.
00:31:21 Et Sadako, oui, c'est un peu la version,
00:31:24 le négatif ou la version dark des idoles de la pop japonaise.
00:31:30 Voilà, mais sauf que ce n'est pas une petite meuf kawaii, rose bonbon qui sautille.
00:31:36 Mais c'est une jeune fille effrayante
00:31:40 avec aussi ses signes à les cheveux sur le visage, etc.
00:31:43 Mais est ce que l'utilisation de tous ces codes qui ont été repris,
00:31:46 repris à l'époque sur les forums, on parlait de fantômes aux cheveux blancs,
00:31:49 aux cheveux blancs, n'importe quoi, aux cheveux longs devant le visage.
00:31:53 On disait ça.
00:31:54 Est ce qu'avec le temps, le fait d'avoir autant utilisé ces codes n'a pas
00:31:58 entaché finalement Ring pour quelqu'un qui le découvrait aujourd'hui?
00:32:01 Non, je pense pas.
00:32:03 D'ailleurs,
00:32:05 c'est pas le festival de Sadako Ring.
00:32:08 C'est qu'elle apparaît quand même très, très graduellement.
00:32:10 Elle apparaît véritablement à la fin.
00:32:13 C'est une avancée vers nous.
00:32:15 À chaque fois que quelqu'un revoit la cassette vidéo, elle est d'abord,
00:32:19 elle sort un tout petit peu depuis, puis elle est un peu plus proche, un peu plus
00:32:22 proche, donc il y a vraiment une économie, une économie d'apparition.
00:32:28 C'est pas.
00:32:29 C'est pas Freddy, par exemple, où à chaque cauchemar, il apparaît.
00:32:32 Donc là, c'est vraiment graduel.
00:32:34 Et le moment où elle apparaît.
00:32:36 Non, là, ça fait pas rire du tout.
00:32:38 C'est vraiment quelque chose qui est
00:32:42 glaçant. Enfin, moi, je l'ai vu, je sais combien de fois.
00:32:46 Et je suis toujours épaté par cette
00:32:50 oui, par ce sérieux et cette façon de
00:32:54 faire apparaître quelque chose qui devrait pas être là, en fait, qui est
00:32:59 impossible, cette créature qui sort d'une télévision, qui se dresse d'un coup.
00:33:06 Les plans rapprochés sur l'œil, c'est quelque chose qui marche encore très bien.
00:33:11 Malgré, oui, en effet, je crois qu'elle apparaît dans un Scary Movie aussi.
00:33:15 Et même les Japonais ont fait n'importe quoi.
00:33:16 Ils l'ont fait apparaître sur des matchs de baseball, par exemple.
00:33:25 Mais non, mais elle garde quand même son pouvoir de terreur.
00:33:30 Bon, je pense que les gens, je pense que là, on a fait un bon petit tour sur le
00:33:35 premier, sur Ring quand même. Alors, avant d'évoquer d'autres films,
00:33:39 comme on l'a dit, les deux deux de Ring, on va donc partir.
00:33:44 Bon, Darkwater, est ce qu'on a encore peut être des choses à dire?
00:33:46 Même si je pense que globalement, on est un peu dans le...
00:33:49 Comme j'ai dit, c'est un deux dans le sens où c'est une évolution du style Nakata.
00:33:54 Oui, oui. Puis vous allez retrouver plein d'éléments aussi.
00:34:00 Donc, l'élément aquatique, Sadako,
00:34:04 elle est quand même dans un puits aussi.
00:34:06 Elle est morte, pas noyée, mais en tout cas, on l'a précie dans un puits.
00:34:09 Elle est morte pendant une semaine.
00:34:13 Elle a gonisé pendant une semaine dans un univers rempli d'eau.
00:34:15 Donc, c'est aussi ce qui a défini.
00:34:17 Donc, on va retrouver l'élément aquatique.
00:34:19 On va retrouver aussi.
00:34:21 Là, c'est vraiment une enfant, mais on ne verra pas le visage.
00:34:24 Et puis, ce côté
00:34:26 très, très triste, parce qu'il ne faut pas oublier que Sadako est une martyre.
00:34:32 Elle a été violée.
00:34:33 Elle a été son agresseur.
00:34:35 Là, pour lui, en effet,
00:34:37 donc, précipiter dans un puits en recouvrant le puits.
00:34:40 Donc, c'est quelqu'un qui a vraiment énormément souffert.
00:34:42 Elle a vu sa mère se faire humilier par des journalistes, sa mère médium.
00:34:46 Voilà.
00:34:46 Et cet élément pathétique, on le retrouve aussi dans Darkwater
00:34:52 avec cette petite fille fantôme qui est abandonnée dans un immeuble.
00:34:58 Et ses parents ne sont pas là.
00:35:00 Donc, voilà, ce n'est pas un fantôme.
00:35:01 Le fantôme n'est pas méchant.
00:35:03 Elle est beaucoup moins méchante que Sadako.
00:35:05 Quand même, la petite Mitsuko, elle cherche.
00:35:11 Elle est juste seule.
00:35:13 Voilà, un enfant ne peut pas se retrouver seul pour l'éternité dans un immeuble.
00:35:19 Dans un immeuble.
00:35:19 Donc, voilà, c'est quelque chose qui aussi,
00:35:23 ce côté mélodramatique pathétique où il court entre Ring et Darkwater.
00:35:30 En fait, on peut dire que c'est des espèces de Revenge Movie sociaux,
00:35:33 mais de point de vue de l'autre personne et avec un côté fantastique.
00:35:38 Oui, il y a ça.
00:35:39 Il y a un effet, pour reprendre le titre d'un film de Kiyoshiro Sawa,
00:35:44 de rétribution quand même.
00:35:45 Le fantôme ne revient pas pour rien quand même.
00:35:48 Il revient pour réclamer la justice.
00:35:52 Et puis, le film est conçu aussi,
00:35:55 alors surtout Darkwater, pour nous montrer,
00:35:59 pour faire un constat social quand même,
00:36:01 que c'est pour ça que Darkwater est un film féministe,
00:36:08 sur la condition féminine, en tout cas au Japon.
00:36:11 Mais non, ça, c'est faux.
00:36:12 Il n'y a pas eu de film féministe avant 2010 aux Etats-Unis.
00:36:15 Il faut suivre un peu ce qui se dit.
00:36:16 Arrêtez, s'il vous plaît, d'inventer des choses, s'il vous plaît.
00:36:18 Il n'y a pas eu de femmes d'action avant Captain Marvel.
00:36:21 Et surtout pas au Japon.
00:36:23 Non, surtout pas.
00:36:24 Il faut arrêter un peu.
00:36:25 Ils nous le disent, les Américains.
00:36:27 On va les écouter.
00:36:27 Merde.
00:36:28 Pardon, désolé.
00:36:29 Il n'y a pas eu de film de Kung Fu avant Sankichi.
00:36:34 Ça n'existe pas.
00:36:35 De Kung quoi ?
00:36:36 Osky ? C'est qui ça ?
00:36:39 Bref, pardon, désolé.
00:36:42 Du coup, je pense que pour Darkwater,
00:36:45 on a fait un peu le tour et on va donc revenir sur Audition.
00:36:47 Audition, on a dit au début qu'il y avait un côté comédie romantique.
00:36:50 Mais ce que je trouve très intéressant,
00:36:51 c'est que d'entrée de jeu,
00:36:52 il met vraiment des aspects dérangeants.
00:36:55 Par exemple, rien que l'audition en elle-même,
00:36:57 elle est un peu drôle, mais en même temps,
00:36:59 elle est assez malsaine.
00:37:01 Et l'intention du personnel,
00:37:03 le jeu principal, qui n'est pas montré comme méchant,
00:37:05 mais c'est quand même chelou, son idée.
00:37:08 C'est une idée complètement folle.
00:37:10 Faire plutôt que de passer par une agence matrimoniale.
00:37:13 C'est un peu la même chose aussi,
00:37:14 les dates Tinder, finalement,
00:37:17 c'est pas loin de ce principe de casting.
00:37:20 Sauf que les dates Tinder sont partagées
00:37:22 par les hommes et les femmes.
00:37:23 Mais là, on a vraiment deux hommes
00:37:24 qui voient défiler des filles et qui les jugent,
00:37:27 parfois qui se marrent ou qui se moquent d'elles.
00:37:30 Des filles qui font un peu n'importe quoi
00:37:32 pour retenir un rôle,
00:37:33 jusqu'à ce qu'arrive cette femme très réservée,
00:37:37 très timide, assez angélique,
00:37:40 qui va remporter cette audition,
00:37:44 en quelque sorte, qui va être choisie.
00:37:46 Mais comme il n'a voulu voir en elle qu'une image,
00:37:50 il ne voit pas ce qui se cache derrière.
00:37:53 Ce qui est intéressant,
00:37:54 c'est que Audition n'est pas un film de fantômes.
00:37:57 Donc, ça se rattacherait plutôt
00:38:01 au film de serial killer ou de terreur psychologique.
00:38:06 Mais il va représenter quand même
00:38:10 à Samy comme un fantôme.
00:38:11 À certains moments, on va la voir recrullée sur elle-même,
00:38:15 les cheveux qui tombent sur le visage.
00:38:17 Donc, il y a un lien entre cette idée
00:38:19 de la revanche du fantôme, revanche sociale,
00:38:23 et la revanche d'Asami
00:38:25 par rapport aussi à la condition féminine.
00:38:28 L'idée de la rom-com, c'est intéressant
00:38:33 parce que dans les années 90,
00:38:35 le Japon, c'est la crise économique.
00:38:38 On pourra en parler aussi de différentes choses
00:38:40 qui ont influé aussi sur la Giora,
00:38:43 qui sont des choses sociales.
00:38:45 Mais il y a eu beaucoup de communes romantiques
00:38:49 pendant ce qu'on appelait la bulle économique,
00:38:51 au moment de prospérité, de spéculation,
00:38:53 la bulle spéculative des années 80.
00:38:56 C'était vraiment le cinéma japonais.
00:38:59 Ils produisaient beaucoup de comédies
00:39:04 avec des jeunes hommes d'affaires.
00:39:07 C'était une façon aussi de faire jouer
00:39:09 des vedettes de la télévision ou de la chanson.
00:39:11 Et toujours avec cette espèce d'image
00:39:13 un peu télé, un peu bleutée,
00:39:18 un peu irisée qu'il y a au début d'audition.
00:39:22 Il reprend ces codes-là,
00:39:27 il les parodie pour montrer l'envers
00:39:30 de ce monde capitaliste,
00:39:34 superficiel, spéculatif,
00:39:37 où tout est basé sur la réussite sociale,
00:39:40 sur le paraître.
00:39:42 Et c'est là que le film,
00:39:44 qui est globalement, on ne va pas se mentir,
00:39:46 très simple,
00:39:48 il a quand même ses petits trucs,
00:39:52 ses petites idées à gauche, à droite,
00:39:54 qui en font un film plus intéressant
00:39:56 qu'il ne pourrait paraître.
00:39:58 C'est surtout à la moitié du film,
00:40:00 lorsque le film se fracture,
00:40:03 d'un coup, le personnage va partir
00:40:06 dans une sorte de délire,
00:40:09 où il va voir plusieurs visages
00:40:13 d'Assamie qui va passer de la jeune fille douce
00:40:17 d'un coup au monstre.
00:40:19 Il va voir des choses qui viennent de son enfance,
00:40:23 puisque c'est aussi une enfant qui a été abusée,
00:40:27 sexuellement, par un personnage
00:40:30 qui est son beau-père,
00:40:32 et qui l'oblige à danser,
00:40:35 une sorte d'instructeur de danse.
00:40:37 Donc, il y a une idée aussi du formatage
00:40:39 de la femme japonaise depuis l'enfance,
00:40:41 pour le plaisir des hommes,
00:40:43 en priorité.
00:40:45 Et donc, on est pris
00:40:47 d'une sorte de maelstrom d'image,
00:40:49 où parfois il est présent
00:40:51 à l'intérieur des souvenirs d'Assamie,
00:40:53 en spectateur,
00:40:55 jusqu'au moment où Assamie
00:40:59 va faire des petits billes.
00:41:03 (rires)
00:41:05 Avec ses petites épingles.
00:41:07 Et ça, j'ai fait une interview
00:41:11 de Takeshi Miike pour Mad Movies,
00:41:15 et je lui ai posé la question,
00:41:17 c'est que malgré tout,
00:41:19 outre le fait qu'elle soit très très belle,
00:41:21 Ishina, elle est très très jolie,
00:41:23 il y a quelque chose, en fait,
00:41:25 même si elle est...
00:41:28 terrifiante,
00:41:30 même si elle est violente,
00:41:32 même si elle est sadique,
00:41:34 on ne peut pas s'empêcher de bien l'aimer quand même.
00:41:36 C'est un truc un peu magique dans ce film.
00:41:38 On la comprend,
00:41:40 il y a une part de nous qui la comprenons,
00:41:42 il y a une part de nous qui avons
00:41:44 vraiment de la commisération pour elle,
00:41:46 et ça, jusqu'à la fin, en fait.
00:41:48 Évidemment, on est terrorisés,
00:41:50 en plus, Miike me disait,
00:41:52 c'est un film qu'on voit différemment
00:41:54 selon qu'on est un homme ou une femme.
00:41:56 C'est vrai qu'il y a des choses
00:41:58 qui, en tant qu'homme aussi,
00:42:00 peuvent être plus dures à regarder,
00:42:02 tandis qu'une femme va peut-être penser
00:42:04 que malgré tout, il a peut-être un peu mérité.
00:42:06 On est dans le domaine de l'imaginaire,
00:42:08 ce n'est pas non plus un film réaliste.
00:42:10 On peut voir quelqu'un faire des choses horribles
00:42:12 et dire qu'il l'a mérité,
00:42:14 parce qu'on est dans l'allégorie quand même.
00:42:16 Et pour les hommes, il y a aussi
00:42:19 quelque chose où on se laisse prendre au piège
00:42:21 de la beauté d'Assamis,
00:42:23 son côté un peu
00:42:25 petite chose douce et naïve
00:42:27 qu'on a envie de protéger,
00:42:29 donc le côté un peu
00:42:31 gentiment machiste ou patriarcal,
00:42:33 chevalier servant,
00:42:35 peu joué, et puis à la fois on nous dit
00:42:37 que ce n'est pas comme ça qu'il faut se conduire
00:42:39 avec les filles, et voilà
00:42:41 ce qui peut arriver, en tout cas,
00:42:43 même si on est vraiment dans un domaine symbolique.
00:42:45 Et de cette façon-là,
00:42:47 en effet, Assamis, c'est une figure
00:42:49 qui est, je trouve,
00:42:51 pas du côté un peu
00:42:53 très mélodramatique
00:42:55 qu'il y a dans Dark Water,
00:42:57 mais c'est une figure qui est très attachante aussi,
00:42:59 qui est très amusante quand elle fait
00:43:01 "kili kili kili", c'est quand même très drôle.
00:43:03 Donc évidemment, il faut avoir le cœur
00:43:05 un peu accroché, mais
00:43:07 malgré tout, c'est un film auquel on prend beaucoup de plaisir.
00:43:10 - Ouais,
00:43:12 et je reprends le côté revenge movie,
00:43:14 quand on regarde un revenge movie, on est du côté de la personne qui se venge
00:43:16 et le film, il joue sur les deux,
00:43:18 c'est-à-dire on nous présente ce personnage comme étant un gars normal,
00:43:20 mais tu dis, il y a des trucs qui ne collent pas,
00:43:22 et en même temps, oui, on se dit que, ben oui,
00:43:24 elle a raison d'une certaine manière
00:43:26 de ce qu'on tente, et comme ça, c'est ça qui est intéressant, je trouve, dans le film.
00:43:28 - Oui, c'est le côté un peu
00:43:30 la domination systémique,
00:43:32 en fait,
00:43:34 c'est parce que, en effet,
00:43:36 il n'est pas méchant, cet homme,
00:43:38 mais il se sert de certains moyens
00:43:40 qui sont mis à sa disposition, en fait,
00:43:42 les moyens qui sont mis à la disposition
00:43:44 des hommes dans cette société.
00:43:46 Et je trouve que
00:43:48 Mickey, quand même, il fait ça
00:43:50 en 99,
00:43:52 alors c'est d'après un roman de Murakami Ryu,
00:43:54 quand même, qui est assez proche,
00:43:56 mais il fait ça en 99,
00:43:59 mais il fait ça en 99,
00:44:01 il a
00:44:03 20 ans d'avance,
00:44:05 à peu près,
00:44:07 plus de 20 ans d'avance sur ce qui va se passer
00:44:09 avec l'affaire Weinstein, avec le féminisme,
00:44:11 avec les mouvements #MeToo,
00:44:13 c'est complètement, c'est voiesment sidérant,
00:44:15 quand même,
00:44:17 comme l'aspect,
00:44:19 en effet, très
00:44:21 incisif, très visionnaire,
00:44:23 et très conscient,
00:44:25 aussi, de la
00:44:27 réalité de la société japonaise.
00:44:29 - Après,
00:44:31 je ne connais pas Mickey, donc je ne lui lance
00:44:33 pas la pierre, mais après, on peut se demander
00:44:35 comment les actrices ont aussi, des fois, des rôles
00:44:37 dans ce genre de film qu'ils critiquent, mais ça, c'est globalement,
00:44:39 je ne dis pas sur ce film-là,
00:44:41 on critique un système en l'étant dedans,
00:44:43 - Mickey, peut-être pas,
00:44:45 mais on a vu ce qui se passe avec Son Ocean,
00:44:47 ce qui se passe avec Son Ocean,
00:44:49 qui n'est pas joli-joli,
00:44:52 mais Mickey, c'est pas...
00:44:54 je n'en sais rien, je ne connais pas ça.
00:44:56 Comme je l'ai dit, le but, ce n'est pas de taper sur Mickey,
00:44:58 c'est juste globalement, toujours intéressant,
00:45:00 cet aspect-là.
00:45:02 - Oui, oui, tout est possible,
00:45:04 de toute façon, en effet, l'inégalité,
00:45:06 enfin, voilà, donc,
00:45:08 ça doit être,
00:45:10 quand on saura comment se passe
00:45:12 le monde des idoles, qui doit être encore pire,
00:45:14 à mon avis, enfin, bon, bref.
00:45:16 - On ne se pas imaginer, mais ça tombe bien, parce qu'on est dans
00:45:18 le domaine de l'imagination, c'est pour ça que je vais là-dessus.
00:45:20 Alors, là, on a donc parlé
00:45:22 des trois films qui ressortent au cinéma,
00:45:24 du coup, peut-être profiter pour parler d'autres films,
00:45:27 certains plus ou moins connus, qui valent la peine d'être vus,
00:45:29 parce qu'il y a des conseils,
00:45:31 enfin, un "Johan" de Shimizu, je pense que tout le monde l'a vu,
00:45:33 - Voilà, "Johan"...
00:45:35 - Le 3, le 4, les téléfilms d'origine...
00:45:37 - Tout s'est voir, "Les Photocères",
00:45:39 moi, je suis un très, très fan
00:45:41 de cette série, parce qu'elle est très différente.
00:45:44 Aussi, on parlait des rythmes lents, etc.,
00:45:46 là, ça n'a rien à voir.
00:45:48 "Johan", c'est vraiment
00:45:50 le diable qui sort de sa boîte,
00:45:52 c'est comment faire un film
00:45:54 et comment faire apparaître les fantômes
00:45:56 de toutes les façons possibles
00:45:58 et dans tous les endroits possibles.
00:46:00 Même aux endroits où ils ne pourraient pas apparaître,
00:46:02 c'est-à-dire, par exemple, dans une voiture,
00:46:04 derrière le volant, quand quelqu'un conduit,
00:46:06 c'est vraiment dingue, ou alors sous une table de restaurant,
00:46:08 il y a le petit garçon bleu, Toshio,
00:46:10 qui est là, en train de se gratter les genoux,
00:46:12 accroupi, donc il y a une sorte
00:46:14 d'anthologie des apparitions,
00:46:16 toutes les apparitions possibles,
00:46:18 et il y a aussi une façon
00:46:20 très spéciale
00:46:22 de monter le film,
00:46:24 de raconter, en mettant...
00:46:26 Lui, il a avoué
00:46:28 qu'il avait été très marqué
00:46:30 par "Pulp Fiction",
00:46:32 comment faire apparaître un contre-champ
00:46:35 à la fin du film, par exemple,
00:46:37 donc il fait ça tout le temps,
00:46:39 il déboîte le récit, le réagence de façon différente.
00:46:41 Par exemple, on peut entendre
00:46:46 un couple est terrorisé
00:46:48 parce qu'il entend des coups frappés contre le mur.
00:46:50 Et on se rend compte,
00:46:52 dans leur petit appartement,
00:46:54 on se rend compte à la fin du film,
00:46:56 ou plus tard, que c'était le mari
00:46:58 qui s'était pendu, dont les pieds
00:47:00 cognaient contre le mur.
00:47:02 Alors ça, c'est absolument
00:47:04 terrifiant comme idée. Ils entendaient déjà
00:47:06 le bruit du pendu, lui-même,
00:47:08 pendu, en train de taper contre le mur.
00:47:10 Donc ça, c'est vraiment
00:47:12 les choses qu'arrive à faire Shimizu,
00:47:14 il est très très doué,
00:47:16 et ce qui est...
00:47:18 Et puis en plus, il a assez bien réussi
00:47:20 avec le film américain "Juno et Juan the Grudge".
00:47:22 Et puis le 2
00:47:24 n'est pas si mal, même si c'est vraiment
00:47:26 pour le 2, vraiment un remake
00:47:29 de scène qu'il a fait au Japon.
00:47:31 Et c'est quelqu'un qui continue
00:47:33 à faire des films
00:47:35 d'horreur. Là, il a fait...
00:47:37 Il a entamé
00:47:39 une autre trilogie sur les villages hantés.
00:47:41 Donc, il a fait
00:47:43 "Inokami".
00:47:45 Et puis là,
00:47:47 il vient de sortir
00:47:49 des Blu-ray, un film
00:47:51 qui s'appelle "La forêt de..."
00:47:53 Le titre m'échappe complètement, mais en tout cas,
00:47:55 c'est sur la forêt aux suicidés au Japon.
00:47:57 Donc c'est quelqu'un
00:47:59 qui continue avec beaucoup de talent,
00:48:01 je trouve, encore d'oeuvrer dans le genre
00:48:03 de la "Geo-Rore".
00:48:05 Qui est un genre qui s'est terminé
00:48:07 aux alentours de 2005, à peu près.
00:48:09 Donc ça a duré...
00:48:11 La grande vague a duré à peu près 5 ans.
00:48:13 Et puis dans le registre
00:48:17 des auteurs,
00:48:19 évidemment de très grands auteurs, il y a Kyoshi Kurosawa,
00:48:22 bien sûr, qui lui aussi continue
00:48:24 à faire, en tout cas, des thrillers.
00:48:26 Si ce n'est pas tout à fait des films
00:48:28 de fantômes, il reprend quand même les codes
00:48:30 de la "Geo-Rore". Je pense à "Shokuzai",
00:48:32 sa série qui était
00:48:34 aussi une série de rétribution féminine,
00:48:36 avec cette mère qui cherchait
00:48:38 le meurtrier de sa petite-fille
00:48:40 et qui
00:48:42 allait aussi
00:48:44 dévoiler des systèmes d'aliénation
00:48:46 féminin. Donc on y revient.
00:48:48 C'est vraiment un thème
00:48:50 majeur. Ou alors avec
00:48:52 un film que je trouve absolument génial
00:48:54 qui est "Creepy".
00:48:56 Avec
00:48:58 un voisin
00:49:00 qui n'est pas vraiment un serial killer,
00:49:02 mais qui s'approprie des familles.
00:49:04 Il s'installe à côté de chez vous
00:49:06 et puis il vous attire chez lui,
00:49:08 il vous drogue et il reconstitue
00:49:10 une sorte de famille de zombies
00:49:13 autour de lui, qui était un film
00:49:15 qui faisait extrêmement peur.
00:49:17 Et puis ça lui arrive aussi de refaire
00:49:19 des films de fantômes,
00:49:21 même si on n'a pas fait depuis longtemps.
00:49:23 Je pense à
00:49:25 "Rétribution" par exemple, qui est un très très
00:49:27 grand film aussi.
00:49:29 - Alors le film de Shiyumizu
00:49:31 c'était "Juken".
00:49:33 - Voilà. - Si je ne me trompe pas.
00:49:35 - Oui, c'est ça.
00:49:37 - Il y avait eu un moment
00:49:39 où ils avaient fait un peu, l'idée c'était de faire un peu
00:49:41 comme les maîtres de l'horreur aux Etats-Unis, sauf que
00:49:43 ils avaient fait des films au cinéma.
00:49:45 Comment ils appelaient ça ? Le "Geor Theater" je crois.
00:49:47 - Oui, oui. - Qui était sorti
00:49:49 chez HK Vidéo à l'époque, où il y avait
00:49:51 justement "Rétribution",
00:49:53 je ne me rappelle plus des titres.
00:49:55 Il y avait "Solution des journaux",
00:49:57 je ne sais plus les titres, "Infection".
00:49:59 - Il y avait "Rétribution", il y avait "Prémonition".
00:50:01 - Voilà. "Infection".
00:50:04 - "Infection",
00:50:06 c'est un film de Masaki Okai aussi,
00:50:08 qui est un cinéaste qui n'est pas très connu,
00:50:10 mais qui est bien.
00:50:12 "Infection", qui était un "akata"
00:50:14 très traditionnel, très classique.
00:50:16 Qu'est-ce qu'il y avait d'autre ?
00:50:18 C'était très bien d'ailleurs.
00:50:20 C'était un peu vraiment
00:50:22 le "Chant du cygne" à ce moment-là.
00:50:24 C'était du genre,
00:50:26 il l'a fait entre 2005 et 2007,
00:50:28 à peu près.
00:50:30 C'était le producteur historique
00:50:32 dont le nom est tellement compliqué
00:50:34 que je n'arrive jamais à le prononcer.
00:50:36 Takashi Ishakébe, je crois, quelque chose comme ça.
00:50:38 Producteur historique de la "Geor"
00:50:40 qui a quasiment tout produit.
00:50:42 C'était un peu vraiment
00:50:44 le "Chant du cygne" du genre.
00:50:46 C'était le moment où le genre
00:50:48 avait déjà migré aux Etats-Unis
00:50:50 et il y avait les séries américaines
00:50:52 qui commençaient.
00:50:55 À laquelle participaient les cinéastes.
00:50:57 Comme je l'avais dit, Shimizu est allé tourner
00:50:59 les "Joan" américains,
00:51:01 "The Grudge",
00:51:03 Nakata a fait aussi "The Ring 2",
00:51:05 qui est un film que j'aime bien d'ailleurs.
00:51:07 Et puis,
00:51:09 il y avait eu aussi "The Dark Water" américain
00:51:11 qui est très intéressant,
00:51:13 de Walter Salles aussi.
00:51:15 Il est très intéressant parce que
00:51:17 ce n'est pas vraiment une histoire de fantôme.
00:51:19 Là, c'est vraiment un film de terreur psychologique.
00:51:21 Ça se rapproche plus
00:51:23 de Polanski par exemple,
00:51:25 de la trilogie des appartements de Polanski.
00:51:27 C'est-à-dire "Répulsion",
00:51:29 "Le locataire"
00:51:31 et le troisième, c'est lequel ?
00:51:33 "Erosion" de Rose Belli.
00:51:35 C'est vraiment un film où on n'est jamais sûr
00:51:37 que son naturel existe.
00:51:39 On est plutôt dans une éverose
00:51:41 de la mer en fait,
00:51:43 qui s'imagine être une mauvaise mer
00:51:46 et qui part dans ses fantasmes.
00:51:48 En plus, il y a une très bonne actrice,
00:51:50 Jennifer Colmy.
00:51:52 Il y a aussi une ambiance très particulière
00:51:54 avec un immeuble à Chicago
00:51:56 d'esthétiques brutalistes,
00:51:58 donc très béton,
00:52:00 assez grand, oppressant.
00:52:02 Il y a eu finalement,
00:52:04 dans cette vague américaine de "Dior Horse",
00:52:06 il y a eu des films
00:52:08 assez réussis.
00:52:10 J'ai l'impression
00:52:12 qu'on redynamisait aussi
00:52:14 le film d'horreur américain
00:52:16 et je trouve que
00:52:18 les films de James Wan, par exemple,
00:52:20 ils doivent quelque chose
00:52:22 à la fois à la Dior Horse japonaise
00:52:24 mais aussi à la
00:52:26 Dior Horse américaine.
00:52:28 - On compte parler
00:52:30 de Kyoshiko Ozawa, il me semble
00:52:32 qu'on n'a pas cité son "Kairo".
00:52:35 - Bien sûr, lui qui est tourné en 2000,
00:52:37 donc c'est tout à fait dans la vague
00:52:39 de Dior Horse.
00:52:41 Lui aussi, ça va être l'Internet.
00:52:43 L'Internet en 2000, c'est quasiment
00:52:45 rien. C'est vraiment l'époque
00:52:47 où les webcams,
00:52:49 ce n'est pas comme maintenant.
00:52:51 Quand on regardait un site avec une webcam,
00:52:53 c'était un rafraîchissement toutes les minutes.
00:52:55 Parfois, on voyait l'image qui changeait.
00:52:57 Ça avait l'air génial parce qu'on voyait
00:52:59 une image qui était aux Etats-Unis ou au Japon,
00:53:01 mais c'était vraiment ça. Une fois tous les 30 secondes,
00:53:03 il y avait quelque chose d'autre.
00:53:05 Et donc, il va
00:53:07 s'intéresser à un site Internet
00:53:09 où les gens regardent
00:53:11 et les gens se suicident en direct.
00:53:13 Mais en fait, ça va être les fantômes
00:53:15 qui vont envahir notre monde
00:53:17 et faire disparaître,
00:53:19 gommer en fait,
00:53:21 la race humaine.
00:53:23 C'est un film qui est très complexe
00:53:25 parce que ça parle
00:53:28 par exemple du phénomène
00:53:30 des otakus. Qu'est-ce qui se passerait
00:53:32 si tout le monde restait chez soi
00:53:34 pour ne plus en sortir
00:53:36 et ne communiquer plus qu'avec
00:53:38 l'Internet et des systèmes
00:53:40 Internet.
00:53:42 Ce qui est
00:53:44 curieux à savoir, c'est vraiment un visionnaire.
00:53:46 On voit vraiment ce que ça a pu donner
00:53:48 pendant le confinement, par exemple.
00:53:50 On est vraiment devenus des fantômes, en quelque sorte.
00:53:52 On était vraiment dans le monde de Cairo.
00:53:54 Communiquant par Zoom.
00:53:56 Donc là, évidemment,
00:53:58 on s'est perfectionné
00:54:00 avec des nouveaux
00:54:02 médias. Par exemple, ce qu'on est
00:54:04 en train de faire maintenant, c'est vraiment
00:54:06 la période de confinement qui nous a appris
00:54:08 à nous en servir. Ça nous a
00:54:10 permis aussi de faire d'autres choses.
00:54:12 Mais en effet, il y avait un effet un peu d'humanité
00:54:14 fantomatique. On n'avait pas le droit de sortir
00:54:16 de chez elle, qui
00:54:19 fait des apéros Zoom.
00:54:21 C'est complètement dingue. On a vraiment fait ça.
00:54:23 On a vraiment fait des apéros Zoom.
00:54:25 Tellement la solitude était importante.
00:54:27 Le besoin de se voir entre amis.
00:54:29 Mais ça, c'est quelque chose
00:54:31 que j'aimerais bien aborder aussi.
00:54:33 C'est le côté
00:54:35 de la Diorore
00:54:37 comme le miroir du social au Japon.
00:54:39 Alors, on a parlé
00:54:41 de la condition féminine, mais il n'y a pas que ça.
00:54:43 Par exemple, il y a la situation
00:54:45 de la Diorore qui apparaît à la fin
00:54:47 des années 90
00:54:49 et où il y a eu
00:54:51 beaucoup de catastrophes au Japon.
00:54:53 Il y a eu, par exemple,
00:54:55 au début des années 90, il y a eu la secte
00:54:57 Homme avec
00:54:59 Shoko Asakawa,
00:55:01 le leader
00:55:03 de la secte Homme, qui était
00:55:05 un gourou aveugle.
00:55:07 Et c'est
00:55:10 lui qui a déclenché la vague d'attentats
00:55:12 au gas sarin au Japon.
00:55:14 Vous voyez,
00:55:16 les membres de la secte
00:55:18 qui ouvraient
00:55:20 des récipients dans le métro.
00:55:22 Il y avait du gaz qui s'échappait
00:55:24 et ça a tué des gens. Il y a des gens
00:55:26 qui...
00:55:28 Donc, voilà, c'était une série d'attentats
00:55:30 sectaires.
00:55:32 Et un des premiers
00:55:34 effets
00:55:36 de ce gaz, c'est d'obscurcir
00:55:38 la vision, par exemple.
00:55:40 On remarquera que les films comme
00:55:42 Kyo ou Kairo ont une image très sombre.
00:55:44 À mon avis, il y a quelque chose qui vient de là.
00:55:46 Et aussi l'idée
00:55:48 que le mal, ou en tout cas la mort,
00:55:50 peut venir du quotidien.
00:55:52 Donc, ce n'est pas Godzilla qui va piétiner
00:55:54 une ville. Non, c'est le
00:55:56 c'est le
00:55:58 Sailor Himan à côté de nous
00:56:01 dans le métro, ou la mémère avec son caba
00:56:03 ou un adolescent
00:56:05 ou à peu près n'importe qui
00:56:07 qui va d'un coup
00:56:09 ouvrir son flacon
00:56:11 et propager la mort.
00:56:13 Et donc, il y a quelque chose comme ça dans ces fantômes
00:56:15 qui sont très
00:56:17 quotidiens, qui n'ont pas de qualité particulière,
00:56:19 qui sont assez banales, qui vont hanter
00:56:21 aussi les lieux du quotidien japonais,
00:56:23 qui sont des décors
00:56:25 c'est même pas les décors de Tokyo
00:56:27 comme Shibuya ou Shinjuku avec les néons.
00:56:29 C'est des lieux un peu
00:56:31 indistincts que des banlieues,
00:56:33 des barres
00:56:35 d'immeubles bétonnés,
00:56:37 des voies exprès,
00:56:39 des choses comme ça.
00:56:41 Il y a eu aussi le
00:56:43 le tremblement de terre de Kobe
00:56:45 aussi.
00:56:47 Il y a eu l'éclatement de la bulle économique
00:56:49 qui a
00:56:52 précipité le Japon
00:56:54 quand même dans une sorte de crise.
00:56:56 Il a perdu son rang
00:56:58 de puissance économique et lui il y a eu du chômage,
00:57:00 choses comme ça. Donc, il y a eu toute une série
00:57:02 de choses qui ont fait vraiment croire
00:57:04 aux Japonais que
00:57:06 qu'est-ce qui pouvait leur arriver ensuite ?
00:57:08 Un tremblement de terre, par exemple,
00:57:10 qui aurait rayé le Japon de la surface
00:57:12 du globe. Donc voilà, plus on se rapprochait
00:57:14 des années 80,
00:57:16 des années 2000,
00:57:18 plus les Japonais avaient l'impression
00:57:20 qu'ils se rapprochaient d'une échéance
00:57:22 qui allait les faire disparaître.
00:57:24 Et dans ces cas-là, il y a toujours des recours
00:57:26 au surnaturel, il y a toujours
00:57:28 une pensée irrationnelle qui va prendre le dessus.
00:57:30 Il y a toujours
00:57:32 une passion pour l'occultisme,
00:57:34 par exemple.
00:57:36 Et je pense que
00:57:38 une des raisons de la
00:57:40 popularité de la Dior,
00:57:43 elle vient aussi de cette décennie
00:57:45 qu'on a appelée la décennie
00:57:47 perdue
00:57:49 et la décennie vide.
00:57:51 Voilà,
00:57:53 je pense qu'il y a une partie de la Dior
00:57:55 qui vient de cet état d'esprit.
00:57:57 ...
00:57:59 Oui ?
00:58:01 - Oui, non, je vais juste
00:58:03 rebrancher mon micro, ça aide pas.
00:58:05 Je coupe pour éviter de gêner, des fois.
00:58:07 - Ça aide pas. - Ouais, tout à fait.
00:58:09 Du coup, est-ce que vous avez d'autres films
00:58:11 à recommander ? On va peut-être déjà juste évoquer,
00:58:13 parce qu'on l'a dit dans la vidéo, les deux
00:58:15 Rimes 2, qui sont intéressants. Alors,
00:58:17 dites-moi si je me plante. Donc, celui qui s'appelle
00:58:19 Spiral, il est sorti,
00:58:21 je crois, la même année
00:58:23 que Rimes, et le but, c'était vraiment de sortir
00:58:25 les deux coups sur coup, en fait.
00:58:27 - Oui, en même temps. - Voilà.
00:58:29 C'était de faire le un et le deux, et bam bam !
00:58:31 Et en fait, il y en a un qui a cartonné, et l'autre
00:58:34 qui est un peu passé aux oubliettes. Il est sorti chez nous
00:58:36 en DVD, chez Asian Stars, à l'époque.
00:58:38 - Oui, oui, tout à fait. Alors, c'est...
00:58:40 Voilà, bon, c'est beaucoup moins bien,
00:58:42 mais il y a quand même des choses intéressantes,
00:58:44 parce que ça suit un petit peu
00:58:46 le roman de Suzuki, Rimes 2, aussi,
00:58:48 un tout petit peu. On va retrouver les mêmes
00:58:50 personnages, on va avoir
00:58:52 une...
00:58:54 une Sadako, aussi, qui apparaît
00:58:56 un peu plus dans notre monde.
00:58:58 Donc, c'est un film portuosité
00:59:00 qui est assez honorable, en effet, oui.
00:59:02 Mais donc, oui, il n'a pas du tout marché,
00:59:04 parce qu'il est très différent en ambiance,
00:59:06 et donc, ils l'ont mis un peu sous le tapis,
00:59:08 comme ça n'a jamais existé.
00:59:10 Et évidemment, ils ont tourné
00:59:12 un Rimes 2
00:59:14 officiel, qui reprend, là où se termine,
00:59:16 le film Nakata,
00:59:18 qui est révisé par Nakata, et aussi
00:59:20 scénarisé par Hiroshi Takahashi.
00:59:22 Et d'ailleurs, pour moi,
00:59:25 c'est bien davantage un film
00:59:27 d'Hiroshi Takahashi, qui est
00:59:29 quelqu'un de...
00:59:31 qui est un vrai théoricien de la J-horror, en fait.
00:59:33 Et c'est quelqu'un qui aime des choses,
00:59:35 par exemple, qui...
00:59:37 Si on s'intéresse à ces films,
00:59:39 à ces scénarios,
00:59:41 on voit toute une partie de la J-horror
00:59:43 seulement concentrée
00:59:45 sur le passage de Sadako. En fait, la J-horror
00:59:47 a aussi tout un
00:59:49 pan qui va mélanger
00:59:51 à la fois l'occultisme, le surnaturel
00:59:53 avec le scientifique.
00:59:55 C'est-à-dire que dans Rimes 2,
00:59:59 on va voir...
01:00:01 on va essayer, par des appareils
01:00:03 scientifiques ou pseudo-scientifiques,
01:00:05 de faire venir le fantôme
01:00:07 de Sadako dans notre monde
01:00:09 pour le capturer à l'intérieur.
01:00:11 D'une piscine
01:00:13 avec des électrodes,
01:00:15 ou électrocuter, tout un tas de trucs
01:00:18 assez complexes, mais qui mélangent
01:00:20 à la fois surnaturel et scientifique.
01:00:22 Alors, moi je dirais qu'on pourrait rapprocher
01:00:24 Rimes 2 de deux films.
01:00:26 C'est "L'hérétique"
01:00:28 d'une jeune bourgmane. Moi, je dis souvent
01:00:30 que c'est à
01:00:32 Rimes 1, ce que l'hérétique
01:00:34 elle exorciste.
01:00:36 C'est-à-dire un film
01:00:38 qui est beaucoup moins coincé dans la croyance,
01:00:40 qui est plus
01:00:42 farfelu, qui est plus bizarre.
01:00:44 Et on pourrait le rapprocher
01:00:46 aussi d'un film qui s'appelle "L'emprise"
01:00:48 de Sydney Jiffury
01:00:50
01:00:52 un fantôme
01:00:54 agresse une femme dans un appartement,
01:00:56 l'agresse sexuellement, ce qui est très dérangeant.
01:00:58 C'est un film des années 80.
01:01:00 Et des scientifiques vont essayer de capturer
01:01:02 l'entité pour
01:01:04 l'emprisonner à l'intérieur d'un
01:01:06 bloc de glace pour le geler.
01:01:09 On a le même
01:01:11 principe d'aller, par des moyens
01:01:13 scientifiques, ausculter
01:01:15 le monde des morts et le
01:01:17 naturel. Et c'est un film un peu dingue
01:01:19 pour ça. On va passer dans le
01:01:21 monde des morts qui est en noir et blanc, avec
01:01:23 des personnages, des âmes
01:01:25 damnées, des âmes en peine
01:01:27 qui sont immobiles. Donc, c'est beaucoup
01:01:29 moins classique
01:01:31 et mesuré que
01:01:33 "Le premier ring". C'est un film qui possède
01:01:35 sa propre
01:01:37 folie. Il faut le voir comme ça. Il ne faut pas
01:01:39 s'attendre vraiment à une suite
01:01:41 classique.
01:01:43 C'est une suite un peu particulière
01:01:45 qui peut surprendre,
01:01:47 et qui a surpris à l'époque.
01:01:49 Du coup,
01:01:51 est-ce que vous avez
01:01:53 des films peut-être moins connus ? On a cité quand même
01:01:55 des maîtres étalons que tout le monde connaît.
01:01:57 Est-ce que vous avez d'autres films ?
01:02:00 Après, il faut aller
01:02:04 plonger
01:02:06 dans les
01:02:08 méandres
01:02:10 des
01:02:12 DVD qui ne sont peut-être même pas éditées
01:02:14 en France, ou alors des
01:02:16 films de téléchargement.
01:02:18 Il y a un film qui s'appelle "Ghost Train"
01:02:20 par exemple, qui est sur
01:02:22 un train fantôme.
01:02:24 Le train fantôme mène à des cavités
01:02:26 où il y a des monstres Lovecraftiens.
01:02:28 Ça, c'est vraiment très bien.
01:02:30 Il y a un film qui s'appelle
01:02:32 "Sho Chiku"
01:02:34 qui est sur une île
01:02:36 avec une série de temples.
01:02:38 Et il y a
01:02:40 traditionnellement, on fait
01:02:42 le tour des temples dans un sens,
01:02:44 mais si on le fait dans l'autre sens,
01:02:46 on peut réveiller des fantômes.
01:02:48 Qu'est-ce qu'il y a d'autre ?
01:02:50 Mais bon,
01:02:53 ça, c'est vraiment des films
01:02:55 un peu obscurs en fait.
01:02:57 Mais parmi les choses
01:02:59 intéressantes qu'il y a eu ces derniers
01:03:01 années de temps, il y a eu
01:03:03 une série de "Johan"
01:03:05 réalisée
01:03:07 par Shômi Yake, qui est plutôt
01:03:09 un cinéaste d'auteur en fait, pour Netflix.
01:03:11 Et
01:03:13 c'était très intéressant parce que
01:03:15 justement, ça raconte
01:03:17 toute l'histoire de la famille
01:03:19 de la maison en fait,
01:03:21 de la maison de banlieue hantée.
01:03:23 Et ça fait commencer à peu près
01:03:25 cette histoire-là
01:03:27 avec
01:03:29 les premiers films tournés
01:03:31 pour la vidéo.
01:03:33 C'est une série qui a un petit côté vintage
01:03:35 aussi, puisque c'est une série qui se passe
01:03:37 dans les années 90.
01:03:39 Et on va voir
01:03:41 aussi l'histoire du Japon,
01:03:44 justement, des attentats,
01:03:46 du tremblement de terre, mais aussi de faits divers,
01:03:48 très glauques,
01:03:50 de petites filles enlevées à la salle de l'école
01:03:52 par des otakus tarés, etc.
01:03:54 Et tout ça va rythmer
01:03:56 en fait
01:03:58 la série,
01:04:00 et on arrive à peu près au début de la J-horror.
01:04:02 Ça couvre 10 ans à peu près.
01:04:04 Et donc c'est très intéressant
01:04:06 puisqu'il y a aussi une façon de faire apparaître
01:04:08 les fantômes un peu différentes
01:04:10 puisqu'on est...
01:04:12 C'est vraiment pas un cinéaste J-horror,
01:04:14 c'est plutôt un cinéaste auteur.
01:04:16 Donc ça, c'est quelque chose que je recommande.
01:04:18 Et sinon,
01:04:20 si on veut
01:04:22 aborder aussi
01:04:24 un autre pan de l'horreur asiatique,
01:04:26 il y a la K-horror, donc l'équivalent japonais,
01:04:28 en Corée, donc la K-horror.
01:04:30 Et là, on va avoir énormément de films
01:04:32 qui sont
01:04:35 souvent assez différents
01:04:37 de la version asiatique
01:04:39 puisque c'est beaucoup plus violent en fait.
01:04:41 C'est un peu la différence entre le sushi
01:04:43 et la cuisine coréenne qui est plus épicée.
01:04:45 Là, on va avoir des fantômes
01:04:47 qui n'hésitent pas à en venir aux mains,
01:04:49 à tuer avec des armes blanches, etc.
01:04:51 Et que ça se passe
01:04:53 dans la Corée,
01:04:55 dans Séoul, en plein essor économique
01:04:57 des années 2000.
01:04:59 Donc avec des personnages qui s'enrichissent,
01:05:01 des hommes d'affaires, aussi des jeunes youppies.
01:05:03 Et les fantômes qui sont là aussi
01:05:05 un peu comme
01:05:07 quelque chose qui n'arrive pas à mourir
01:05:09 des années sombres de la Corée,
01:05:11 en particulier la dictature, par exemple.
01:05:13 On a souvent des jeunes youppies qui ont assassiné
01:05:15 une de leurs caméras d'université
01:05:17 et cette jeune fille va revenir anéantée.
01:05:19 Voilà.
01:05:21 Donc ça, c'est tout un champ
01:05:23 où il y a à peu près une centaine
01:05:26 de films, je dirais.
01:05:28 Et il y en a beaucoup
01:05:30 qui sont très très intéressants.
01:05:32 Et en plus, avec le style coréen,
01:05:34 c'est-à-dire avec
01:05:36 une qualité technique,
01:05:38 une qualité visuelle
01:05:40 qui parfois surpasse les japonais.
01:05:42 Donc on a des nuits d'orage
01:05:44 absolument délirantes,
01:05:46 des couleurs assez flamboyantes.
01:05:48 Parfois, on est très très proche
01:05:50 de Dario Argento et des cellos.
01:05:52 Donc voilà,
01:05:54 ça c'est tout un pan.
01:05:56 Il y a quelques films qui sont édités en France.
01:05:58 On peut trouver les dictions coréennes
01:06:00 qui sont souvent sous titre anglais,
01:06:02 d'ailleurs, assez facilement, j'imagine.
01:06:04 - Alors,
01:06:06 puisqu'on arrive un peu dans la phase finale,
01:06:08 je vais remettre les liens dans le chat
01:06:10 en ce qui concerne
01:06:12 le blog
01:06:14 et le livre de notre invité.
01:06:17 Je profite aussi pour dire que le temps
01:06:19 que je fasse ça, vous pouvez commencer déjà
01:06:21 à poser des questions si vous en avez.
01:06:23 On va continuer encore un tout petit peu
01:06:25 à explorer le cinéma d'influence
01:06:27 du horror, si on peut, à travers
01:06:29 cette vague-là, juste histoire
01:06:31 de laisser un petit peu de temps.
01:06:33 Et ensuite, on va voir pour les questions.
01:06:35 Alors, je profite déjà parce qu'on a
01:06:37 quelqu'un qui pose une question.
01:06:39 La série télé qu'on a citée tout à l'heure,
01:06:41 elle s'appelle comment, celle qui est sur Netflix ?
01:06:43 - "Ju-on".
01:06:45 "Origin", peut-être.
01:06:47 - Ça me dit quelque chose.
01:06:49 - Oui, oui, il y a "Ju-on".
01:06:51 Alors, je vais remettre les liens.
01:06:53 On était encore...
01:06:55 Je n'arrive pas à le mettre depuis là.
01:06:57 - Oui, mais si on en parle,
01:06:59 je ne le mettrai pas en date.
01:07:01 Les "retro stories", on peut les voir sur YouTube.
01:07:03 Ça, c'est quelque chose d'assez facile
01:07:05 et sous-titré en général.
01:07:08 - Parfait.
01:07:10 Alors, est-ce qu'il y a d'autres
01:07:12 films d'horreur
01:07:14 asiatiques ? Moi, je pense à un
01:07:16 qui a plutôt bien marché, qui a aussi eu droit
01:07:18 à son remake américain. Et on voit, par exemple,
01:07:20 le côté japonais, je pense à "Di-Ai",
01:07:22 le film thaïlandais à moitié hongkongais.
01:07:24 Hongkongais, thaïlandais, au thaïlando-hongkongais,
01:07:26 on ne sait plus trop.
01:07:28 "Les frères Pang".
01:07:30 - Je m'en souviens, je l'avais vu à Cannes,
01:07:32 au marché du film.
01:07:34 Et franchement, les apparitions
01:07:36 de fantômes, j'étais collé contre mon fauteuil.
01:07:38 J'étais parfois au bord de la récardiac,
01:07:40 je pense parce qu'ils avaient mis le son à fond
01:07:42 dans la salle, mais c'était
01:07:44 absolument délirant.
01:07:46 Oui, oui, alors ça,
01:07:48 c'est un film intéressant.
01:07:50 Après, je me suis rendu compte qu'il était
01:07:52 quand même un peu pompé sur un film qui s'appelle
01:07:54 "The Mothman Theorist",
01:07:56 je crois, qui était un film américain,
01:07:59 si je ne me trompe pas avec Richard Gere,
01:08:01 qui étudiait l'histoire
01:08:03 de l'homme, une légende urbaine,
01:08:05 l'homme mythe,
01:08:07 "The Mothman", comme ça.
01:08:09 Et donc, on retrouve vraiment beaucoup d'éléments,
01:08:11 dont les prédictions, les machins. Mais bon, c'est pas très grave,
01:08:13 en tout cas. Il y avait quand même
01:08:15 une certaine maestria
01:08:17 dans "The Eye".
01:08:19 Et ça me fait penser aussi
01:08:21 à un film thaïlandais aussi, qui était
01:08:23 très bien, qui s'appelle "Shutter",
01:08:25 sur un photographe,
01:08:27 un photographe
01:08:29 hanté par un fantôme,
01:08:31 fantôme
01:08:33 d'une ancienne petite amie,
01:08:35 et dont la résolution
01:08:37 est absolument glaçante.
01:08:39 Et si vous avez
01:08:41 un peu mal au dos ou un peu mal à la nuque,
01:08:43 il faut se méfier qu'on n'a pas un fantôme
01:08:45 sur les épaules.
01:08:47 C'était vraiment terrifiant.
01:08:50 Il y a eu un remake américain
01:08:52 qui était pas mal aussi,
01:08:54 qui s'appelait "Spirit", je crois.
01:08:56 Qui avait un petit côté
01:08:58 "Madame Butterfly",
01:09:00 "The Horror", puisque c'était
01:09:02 un Américain qui avait
01:09:04 séduit une jeune fille qu'il avait abandonnée,
01:09:06 qu'il était retourné aux Etats-Unis.
01:09:08 Et puis, quand il revient au Japon,
01:09:10 le fantôme l'attend, qui est ferme
01:09:12 pour lui apprendre
01:09:14 les bonnes manières.
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