Depuis son premier grand rôle dans La crème de la crème (2012), elle ne nous a jamais déçu. Alice Isaaz est à l'affiche du Prix du passage, un thriller social très efficace de Thierry Binisti dans lequel l'actrice au visage d'ange incarne une jeune mère célibataire dans la galère qui, avec l'aide d'un réfugié irakien, met en place un trafic de passage en Angleterre pour les immigrés clandestins. Une héroïne complexe et forte, une de plus, dans une carrière déjà bien remplie. Alice Isaaz nous raconte ses six rôles les plus marquants.
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Court métrageTranscription
00:00 Ce que j'adore dans mon métier, c'est de pouvoir avoir accès à des personnages
00:03 qui sont vraiment loin de moi.
00:04 On a l'impression parfois d'être un peu sous hypnose
00:07 et on fait des choses qu'on ne penserait pas pouvoir faire.
00:10 Ah !
00:16 La crème de la crème.
00:17 J'y suis très attachée, un petit peu comme un doudou.
00:19 Ça a été mon premier premier rôle au cinéma.
00:22 C'est un film qui se passe au sein d'une école de commerce.
00:24 Des amis vont monter un réseau de prostitution au sein de l'école
00:29 pour faire du business, tout simplement.
00:31 Et donc j'interprète le personnage de Kelly,
00:33 qui dénote un petit peu parce qu'elle est issue d'un milieu plus précaire,
00:37 contrairement à ses camarades qui sont issus de milieux plus aisés.
00:41 Déjà dans le travail de préparation,
00:44 c'est assez excitant de se dire "Ok, je vais essayer de comprendre".
00:46 Donc on se découvre quelques facettes,
00:48 que je réserve au cinéma, pas dans ma vie privée, rassurez-vous.
00:53 Mais c'est vrai que oui, du coup, c'est pour ça que je fais ce métier.
00:56 C'est pour être surprise, pour moi-même me surprendre
00:59 et pour faire des choses différentes.
01:03 Alors "Elle", le film de Paul Verhoeven.
01:06 Je me souviens que Gregory Veil, mon agent, m'avait appelé en me disant
01:10 "Voilà, t'as un casting super important, c'est pour un film de Paul Verhoeven".
01:13 Et au début, j'ai même cru à un homonyme, j'avais du mal un petit peu à y croire.
01:17 Et donc j'ai passé le casting et après on m'a appelé en me disant
01:19 "Voilà, tu vas avoir un call back et tu vas rencontrer Paul Verhoeven".
01:22 Donc la deuxième fois, j'étais vraiment stressée.
01:25 Et quand je suis arrivée, il m'a serré dans ses bras, il m'a dit "Je suis trop content.
01:29 Tu vas aller là voir les personnes de la production,
01:31 ils vont te donner un plan de travail, etc."
01:33 Je me dis "Mais il me parle comme si j'avais le rôle
01:36 et comme si je faisais vraiment partie de l'équipe".
01:37 Sauf que moi, je m'attendais à venir passer un call back.
01:40 Donc je me souviens que je souriais évidemment comme ça,
01:43 j'étais toute crispée parce que j'étais pas sûre de bien comprendre.
01:47 Donc c'est marrant, il a dû se dire "Bon, c'est étonnant
01:49 parce que je me réjouissais pas trop".
01:50 Effectivement, en fait, il avait pris sa décision.
01:53 Allez.
01:54 "Mademoiselle de Jonquière", donc d'Emmanuel Mouret.
01:59 Vous vous souvenez de Madame de Jonquière ?
02:02 Ce n'est pas qu'elle ne soit belle comme un ange,
02:03 qu'elle n'ait de la finesse, de la grâce,
02:05 mais elle n'a aucun esprit de libertinage.
02:08 Par chance, je peux rencontrer comme tout acteur des difficultés sur un plateau,
02:14 mais pas celles de l'apprentissage du texte.
02:16 L'avantage aussi d'être passée par des cours de théâtre.
02:19 J'ai fait la classe libre,
02:20 où on a des quantités de textes à apprendre.
02:24 C'est n'y plus moins un muscle, en fait, la mémoire.
02:27 Donc je l'ai travaillé pendant plusieurs années.
02:30 Et je dirais que c'est finalement peut-être la partie dans laquelle je suis la plus à l'aise.
02:33 Allez.
02:34 Ah bah, "Couleur de l'incendie".
02:38 C'est adapté d'un roman de Pierre Lemaitre,
02:41 la suite de "Au revoir là-haut".
02:43 Et là, encore une fois, c'est vrai que c'est un personnage à double facette.
02:49 C'est vraiment le bien puis le mal, en fait.
02:51 Mais, puis à nouveau le bien.
02:53 Léonce, c'est un personnage qui me touche.
02:55 J'ai vraiment eu l'impression d'avoir fait l'avocate de Léonce dans ce film.
02:58 Je vois les avocats parfois, moi la première, on se dit
03:01 "Mais comment tu peux défendre un tel ou un tel ?"
03:04 En fait, il y a un peu ça quand on est acteur et qu'on se met à interpréter des personnages
03:06 qui, à un moment donné, prennent le mauvais chemin.
03:09 C'est aussi d'essayer de les défendre,
03:12 d'essayer d'expliquer pourquoi ils en sont amenés à faire ça.
03:15 Et que même si parfois il y a des choses qui sont impardonnables,
03:17 il y a toujours une explication, finalement.
03:19 Donc c'est ça qui m'a intéressée dans ce personnage.
03:22 Allez, Apache.
03:25 Je vais devenir une Apache.
03:26 Les Apaches pour régner la terreur !
03:29 Vous connaissez le sort des avocats.
03:32 C'est un film audacieux, c'est un film de genre,
03:35 c'est un film qui vient casser un petit peu les codes du cinéma français,
03:40 de manière plus générale, mais d'époque également,
03:43 parce qu'il y a beaucoup d'anachronisme.
03:44 C'était la première fois que j'avais accès à un personnage
03:47 avec autant de violence.
03:49 Donc je l'ai pas mal appréhendé.
03:51 Parce que je me suis dit au final, je ne sais pas du tout
03:54 ce que je vais donner dans ce registre.
03:55 Je ne sais pas si j'en suis même capable.
03:57 Ça me faisait un peu peur, puis je me suis prise au jeu.
04:00 Et c'est très amusant à faire.
04:02 C'est beaucoup de répétitions aussi, de cascades.
04:05 C'est le rôle d'une femme forte, libre.
04:09 C'est une femme qui tient tête aux hommes qui l'entourent.
04:12 Alors qu'en plus de ça, ce sont quand même ces hommes-là,
04:15 en l'occurrence, qui sont censés régner,
04:19 semer la terreur dans le Paris.
04:21 Et elle arrive à leur tenir tête.
04:22 Donc c'est vrai que c'était un très beau rôle féminin.
04:25 Eh ben, le prix du passage.
04:28 Oui, vichy noir, mais
04:33 Sembra talmente viviente, profondo et...
04:38 Mais ça va pas ? T'es malade ou quoi ?
04:41 Je me suis dit que c'est vraiment un film nécessaire.
04:45 Parce que c'est vrai que les migrants, on en a tous entendu parler.
04:48 Le cinéma, je le dis souvent,
04:50 c'est ce qui ressort souvent, c'est une fenêtre sur le monde.
04:52 Et c'est vrai que les films, comme le prix du passage,
04:54 ça a permis quand même d'avoir accès à des univers qui,
04:58 finalement, même si on en entend comme ça parler,
05:01 là, on rentre dans l'intimité de ces gens-là.
05:03 Et je pense que ça permet de nous toucher davantage
05:06 que finalement l'une des journaux qui en parle.
05:09 Et ce qui m'a plu aussi dans ce film,
05:11 c'est la manière dont le personnage de Natasha a été traité.
05:16 Parce qu'il y a une vraie belle évolution,
05:18 il y a une vraie belle trajectoire.
05:19 Au contact de ces migrants,
05:20 il va se rendre compte de ce qu'ils vivent, de ce qu'ils traversent.
05:23 Et il va mesurer finalement la gravité
05:29 et l'urgence surtout de ce qu'ils sont en train de vivre.
05:32 Du coup, je me dis, si seulement les spectateurs,
05:35 pour ceux qui arriveraient dans leur fauteuil
05:37 en étant au départ un petit peu insensibles,
05:40 si seulement par le prisme de Natasha pouvaient aussi évoluer,
05:44 ce serait chouette, vraiment.
05:46 - Qu'est-ce qu'on fait alors ?
05:47 C'est fini, c'est bon, on arrête ?
05:50 - Il n'a pas dit ça, non.
05:51 Sous-titrage ST' 501
05:54 [Générique de fin]