Ça vous regarde - Contestation : quelle stratégie pour les syndicats ?

  • l’année dernière
- Grand témoin : Anne-Sophie Jahn, journaliste au Point et autrice de « Désir noir » (Flammarion)

LE GRAND DÉBAT / Contestation : quelle stratégie pour les syndicats ?

« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski

Le jeudi 13 avril 2023 marque la douzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Les commentateurs politiques notent un essoufflement des mouvements dans les grandes villes. À Paris, 400.000 manifestants se sont réunis, selon la CGT. À la veille de la décision du Conseil constitutionnel concernant le texte de la réforme, la pression reste pourtant maximale, tant du côté du gouvernement que du côté des opposants du texte. Les mouvements, même s'ils sont de plus en plus faibles en intensité et en nombre, se poursuivront-ils tant que la réforme ne sera pas retirée ?

Invités :
- Erwan Balanant, député Modem du Finistère
- Hadrien Clouet, député LFI de Haute-Garonne
- Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT
- Jean-François Amadieu, sociologue spécialiste des mouvements sociaux

LE GRAND ENTRETIEN / Anne-Sophie Jahn : affaire Bertrand Cantat, comment en parler après #MeToo ?
Dans son livre « Désir Noir », Anne-Sophie Jahn enquête sur la mort de Marie Trintignant qui s'est révélée ne pas être un accident comme le prétendait Bertrand Cantat. Cette investigation questionne en creux la considération sociétale des violences faites aux femmes et des féminicides. L'autrice s'interroge : et si Marie Trintignant n'avait pas été la seule victime de Bertrand Cantat ?

- Grand témoin : Anne-Sophie Jahn, journaliste au Point et autrice de « Désir noir » (Flammarion)

BOURBON EXPRESS :
- Stéphanie Dépierre, journaliste LCP

LES AFFRANCHIS :
- Nicole Ferroni, humoriste
- Iannis Roder, professeur d'histoire-géographie en Seine-Saint-Denis

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcript
00:00 [Musique]
00:06 Bonsoir et bienvenue à Savourgarde en direct.
00:08 Notre grand témoin ce soir est journaliste au point
00:11 et elle a décidé, 20 ans après la mort de Marie Trintignant,
00:14 de roufrir le dossier de l'affaire Quentin.
00:17 Bonsoir Anne-Sophie Yann.
00:18 Bonsoir.
00:19 Et merci d'être là.
00:20 Votre livre "Désirs noirs" chez Flammarion apporte de nouveaux éclairages
00:23 et ils sont terrifiants.
00:24 C'est l'histoire d'un clan qui va céder à la paranoïa
00:27 pour sauver son chef
00:28 et le regard, aujourd'hui, à l'heure du MeToo,
00:32 sur les faits, et bien, sont glaçants.
00:34 On va y revenir en longueur tout à l'heure.
00:37 Mais on commence avec notre grand débat,
00:39 12e journée d'action contre la réforme des retraites
00:42 et ça n'est pas la dernière, prévient déjà la CGT
00:46 quand la CFDT est un peu plus prudente ce soir.
00:48 Moins de grévistes, moins de monde dans les cortèges
00:51 mais la pression est toujours très forte.
00:53 À la veille d'une décision très très attendue
00:55 du Conseil constitutionnel demain soir,
00:58 l'unité syndicale va-t-elle tenir ?
01:00 Grand débat dans un instant avec nos invités sur ce plateau
01:03 avant de retrouver à 20h15 les parties prises de nos affranchis
01:06 et puis Bourbon Express, l'histoire du jour à l'Assemblée.
01:09 Voilà pour le menu ce soir, vous me suivez Anne-Sophie ?
01:11 Avec plaisir, ça vous regarde, c'est parti !
01:13 Serait-ce la dernière manifestation de Laurent Berger
01:27 contre la réforme des retraites ? Rien n'est moins sûr.
01:30 Alors où tout le monde retient son souffle
01:32 avant la décision du Conseil constitutionnel demain soir,
01:35 on va s'interroger sur l'avenir du mouvement social.
01:38 Il va certainement prendre de nouvelles formes.
01:40 1 million de personnes selon la CGT dans le pays,
01:43 380 000 selon la police
01:46 et des manifestants déterminés à s'organiser pour tenir.
01:50 Bonsoir Erwann Balanant.
01:52 Merci d'être là, vous êtes député modem du Finistère.
01:55 Vous débattez ce soir avec Adrien Clouet.
01:57 Bonsoir.
01:58 Député La France Insoumise de Haute-Garonne.
02:00 Vous avez battu le pavé, j'imagine, aujourd'hui ?
02:02 Tout le monde bat le pavé aujourd'hui, bien sûr.
02:04 En tout cas, Céline Verzeletti était dans les cortèges.
02:07 Bonsoir.
02:08 Vous êtes secrétaire confédérale de la CGT.
02:10 Enfin, bonsoir Jean-François Amadieu.
02:12 Vous êtes sociologue, spécialiste des mouvements sociaux.
02:15 Anne-Sophie Yann, journaliste, citoyenne.
02:17 Forcément, vous avez un petit avis sur ce mouvement social.
02:20 N'hésitez pas à intervenir quand vous le souhaitez.
02:23 On commence par planter le décor avec le billet de Stéphane Blakowski.
02:26 Les déclarations des syndicats, les chiffres et les images.
02:30 Tout ça en 200 secondes.
02:31 Rendez-vous compte, le chrono de Blakow.
02:33 C'est parti.
02:34 Et je me retourne, comme chaque soir, pour vous accueillir.
02:39 C'est Stéphane, bonsoir.
02:40 Bonsoir Myriam, bonsoir à toutes et tous.
02:43 Alors, cette journée.
02:44 Alors, vous me demandez de faire une chronique.
02:46 Vous savez que pour faire une chronique, l'idéal, c'est d'avoir une bonne accroche.
02:49 Une image qui capte l'attention de son public.
02:51 Alors, badaboom, voilà mon accroche.
02:53 Vous avez reconnu ou pas ?
02:55 Eh oui, c'est le naufrage du Titanic.
02:57 Ce matin, c'est Laurent Berger qui faisait remarquer ça.
03:00 Que demain, nous serons le 111ème anniversaire du naufrage du Titanic
03:05 qui a sombré le 14 avril 2012.
03:07 Donc la question, si on veut filer un peu l'image,
03:09 c'est, après la décision du Conseil constitutionnel,
03:12 qui va sombrer ?
03:13 Est-ce que c'est le gouvernement ou est-ce que c'est l'intersyndical ?
03:17 Donc évidemment, si le Conseil, le Conseil constit, comme on dit maintenant,
03:22 censure l'article sur le report de l'âge,
03:26 c'est le gouvernement qui coule.
03:28 C'est évidemment, peut-être que le président Macron sera sur une chaloupe.
03:31 Mais président de chaloupe ou président de paquebot,
03:33 c'est pas exactement la même chose.
03:35 En revanche, si le Conseil ne censure pas le report de l'âge de la retraite
03:40 et que le président promulgue,
03:42 là, il pourrait y avoir une voie d'eau dans le bateau de l'intersyndical.
03:44 Est-ce qu'ils vont rester unis ?
03:45 D'un côté, la CGT, ce matin, c'est Sophie Binet,
03:47 maintenant elle est la nouvelle secrétaire générale.
03:49 Elle était à Ivry pour soutenir les éboueurs qui veulent transformer Paris en décharge
03:53 si on ne retire pas le projet de loi de réforme.
03:55 Vous allez voir qu'il n'y a pas besoin d'avoir une moustache pour croire dans le rapport de force.
03:59 On l'écoute.
04:00 Non, c'est pas le dernier jour.
04:02 Ça, je vous le confirme, on va se revoir encore beaucoup
04:05 et vous allez venir encore beaucoup sur des journées de mobilisation.
04:08 Donc c'est certainement pas le dernier jour puisque,
04:10 sauf si Emmanuel Macron, ce soir, retire la réforme des retraites.
04:13 Dans quel cas, ça sera le dernier jour et demain, on vous invitera pour une grande fête.
04:17 Alors évidemment, comme cette semaine, sur LCI, on a entendu Laurent Berger qui disait
04:21 "on ne va pas manifester pendant six mois si la loi est promulguée".
04:24 On pourrait penser qu'ils ne sont pas sur la même longueur de monde, mais ce n'est pas si évident.
04:27 Qu'est-ce qu'elle dit la CGT ? Elle dit "retraite de la réforme".
04:30 Qu'est-ce qu'elle dit la CFDT ? "Non-promulgation de la réforme".
04:33 Vous pouvez m'expliquer la différence ?
04:35 C'est pas si évident, d'autant que Laurent Berger a l'air très motivé pour manifester le 1er.
04:40 Un autre point, malgré tout, qui pourrait faire un trou dans la coque, c'est toujours pareil, de l'intersyndical,
04:45 c'est l'attitude qu'a adoptée face à l'invitation du président de la République
04:49 qui voudrait tourner la page des retraites et parler d'autres choses.
04:52 Donc, côté CGT, voici la réaction. Je vous la montre parce qu'on a un grand écran, donc on peut en mettre une image.
04:56 C'est vraiment ce qu'elle a dit ce matin. Sophie Bignol l'a dit.
04:58 Alors là, cette invitation, j'ai envie de dire "lol", donc mort de rire.
05:01 Donc, on sait bien que, côté CFDT, on ne laisse pas la chaise vide, on est toujours prêt à négocier.
05:06 Bon, ça c'est Laurent Berger, mais il n'est quand même pas pressé de négocier Laurent Berger.
05:10 C'est-à-dire que si le président pense tourner la page, eh ben, ce n'est pas la vie de Laurent Berger, on écoute.
05:15 On ne va pas passer à autre chose. Il ne faut pas croire que les gens, les travailleurs et travailleuses qui se mobilisent
05:20 et qui sont contre cette réforme depuis des mois vont passer comme ça à autre chose.
05:23 Ça ne marche pas. Ce n'est pas comme ça que se traitent les citoyens et les citoyennes, et notamment le monde du travail.
05:29 Donc, quand, il y aura un délai de décence, je le dis très clairement.
05:32 Alors, attention Myriam, le Conseil Constit ne prend pas une décision de main, il en prend deux.
05:38 Oui, parce qu'il pourrait autoriser le référendum d'initiative partagée sur cette question de réforme.
05:45 Mais alors, du coup, ça changerait la forme de la mobilisation, forcément, puisque ça ne serait plus la rue contre le Parlement,
05:49 puisqu'on repasserait par les urnes. Donc là, dès qu'on passe par les urnes, il faut regarder les sondages,
05:53 regarder depuis trois mois de mobilisation, qu'est-ce qui s'est passé.
05:57 Laurent Berger a gagné 20 points de popularité, je vous laisse regarder les intermédiaires,
06:02 et en bas, le président Macron, je me baisse, a perdu 10 points de personnalité.
06:05 Donc, si ça se finit au référendum, cette histoire de réforme des retraites, moi, quand je regarde les sondages,
06:10 je dirais que Laurent Berger part favori. Mais après, il y a des débats.
06:13 Alors, il y a beaucoup d'étapes avant d'arriver à un éventuel référendum.
06:18 On va en parler avant de vous demander ce que vous ferez, si le Conseil valide partiellement, globalement.
06:23 Revenons sur cette journée, Céline Verzeletti. Il y a moins de monde, ça, c'est un fait.
06:27 Il y a moins de monde dans les cortèges, il y a moins de grévistes, dans les transports, dans l'éducation nationale.
06:32 C'est encore un critère pour vous ? Vous voyez un essoufflement, ça y est, on entre dans autre chose,
06:38 et ça fait déjà 12 fois, 12 manifestations, c'est déjà un record.
06:42 Oui, déjà, c'est un record, en effet, vous le dites, et vous avez raison.
06:46 C'est une deuxième journée, sachant qu'il y a aussi des salariés qui sont en reconductible,
06:50 donc ils sont sur beaucoup, beaucoup de journées de grève.
06:54 Donc ça coûte cher.
06:55 C'est pas la journée où il y a le moins de participants et de participantes quand même,
07:00 puisqu'il y a eu aussi, je ne sais plus quelle journée exactement...
07:04 Oui, c'est la troisième fois consécutive qu'on observe une baisse.
07:07 Voilà, maintenant, on le sait que sur un temps aussi long, on ne peut pas...
07:11 Les mobilisations ne sont jamais linéaires, c'est-à-dire qu'il y a des pics,
07:16 il y a des moments un peu moins importants.
07:20 Quoi qu'il en soit, pour une 12e journée, nous, on comptabilise...
07:24 Je ne sais pas combien vous avez dit, mais nous, là...
07:26 1 million selon la CGT, 380 000 selon le ministère de l'Intérieur.
07:31 On est même à 1,3 million, là, maintenant.
07:34 On a quasi tous les chiffres, puisqu'on a au fur et à mesure les chiffres
07:37 qui remontent des différentes villes, parce que ça continue.
07:39 C'est quand même une mobilisation qui est très ancrée au niveau des différentes villes,
07:44 que ce soit les petites et moyennes villes, ça, c'est très important.
07:47 Et on le voit, la motivation est toujours là.
07:49 Donc, 1,3 million au bout de...
07:52 C'est la 12e journée, c'est quand même énorme et inédit.
07:55 Donc, voilà, l'envie d'y aller, de gagner ce retrait, il est toujours là.
07:59 L'énergie et la colère sont toujours aussi importantes, c'est très clair.
08:02 Il y a des journées d'action demain ?
08:04 Oui, oui.
08:05 Alors ça, on aimerait comprendre. Des rassemblements, quoi ?
08:07 Devant le Conseil constitutionnel ?
08:09 Non.
08:10 On sent que... Beaucoup de pression, hein, autour de 17h40,
08:13 puisque c'est l'horaire.
08:14 C'est une journée importante, on l'a dit.
08:16 Aujourd'hui, c'était une journée de mobilisation,
08:18 demain, ça allait encore, d'ailleurs, c'est à l'appel aussi de l'intersyndical.
08:21 131 points de manifestation à l'appel de l'intersyndical ce soir.
08:25 Ensemble, unis, CFDT et CGT.
08:28 L'appel, la dernière fois, lorsqu'il y a eu un communiqué de l'intersyndical,
08:31 il appelait aux 13 et aux 14 aussi, sous différentes formes,
08:35 donc différentes initiatives qui, elles, sont décidées
08:37 au niveau des différentes villes et des différents territoires.
08:40 Donc, à Paris, il y aura un rassemblement aussi.
08:42 Je crois que c'est à l'hôtel de ville.
08:44 Et sur toutes les villes, parce que, bien évidemment,
08:47 d'une part, on continue à réclamer ce retrait
08:49 ou cette non-promulgation, de toute manière, c'est la même chose.
08:53 Et aussi, c'est vrai qu'il y a quand même une petite atteinte
08:56 du côté du Conseil constitutionnel.
08:58 Oui, on va en parler.
08:59 Mais avant de donner la parole aux élus,
09:01 je veux bien comprendre comment on peut qualifier cette 12e journée.
09:05 On est dans un moment d'attente.
09:07 Il y a une pression qui est très forte, ça, c'est sûr.
09:09 Il y a encore des casseurs en fin de cortège,
09:11 on l'a vu à Bastille.
09:13 Quelle analyse vous faites de ce mouvement,
09:16 qui, au fond, ne faiblit pas, mais qui, forcément,
09:19 parce que ça coûte cher, s'essouffle aussi ?
09:21 C'est une journée, je dirais, qui n'a pas...
09:23 Il n'y a pas de surprise.
09:25 Les organisations syndicales, comme tout le monde,
09:27 savent très bien qu'on ne fait pas un nombre très important de journées
09:32 avec des taux de participation aussi élevés.
09:34 La participation aux grèves, forcément,
09:36 on sait aussi que les gens s'épuisent, c'est tout à fait logique.
09:40 Donc, sans surprise, les débordements, les violences,
09:44 si on regarde à Paris, dans les villes ailleurs en France...
09:47 -Dix blessés parmi les forces de l'ordre,
09:49 des interpellations en fin de cortège.
09:51 On attend les chiffres manifestants.
09:53 -C'est vrai, mais par rapport à ce qu'on a connu
09:55 à l'occasion d'autres journées,
09:57 pas particulièrement aujourd'hui.
09:59 Donc, c'est plutôt attendu.
10:01 Je vais faire un peu de peine à Céline Verzeletti,
10:04 mais c'est vrai qu'incontestablement,
10:06 un mouvement ne peut pas durer éternellement sous cette forme.
10:09 Donc, les organisations syndicales classiquement,
10:12 bien sûr, il y aura le 1er mai, ne l'oublions pas.
10:15 Il y a encore une journée...
10:17 -Avec une unité syndicale le 1er mai,
10:19 c'est pareil depuis dix ans.
10:21 -C'est incroyable. J'ai essayé de me souvenir,
10:23 peut-être que Céline Verzeletti le sait,
10:25 j'ai essayé de me souvenir, moi, il faut que je regarde,
10:28 de quand date la dernière grande journée
10:30 où toutes les secrétaires généraux d'organisation étaient ensemble.
10:34 -Ca, ça dit quelque chose.
10:36 -Il faut savoir que depuis des années, plusieurs d'entre elles,
10:39 elles faisaient exprès de ne pas être ensemble.
10:42 Surtout pas dans le grand défilé parisien, ça n'arrivait jamais.
10:45 Donc, c'était délibéré, ça témoignait,
10:47 bien sûr, des divisions syndicales qu'on connaît bien en France,
10:50 mais là, c'est un signal assez incroyable,
10:53 oui, dans l'histoire des syndicats,
10:55 et d'ailleurs, c'est pour ça que,
10:57 je note ce que disait Céline Verzeletti,
11:00 les termes sont les mêmes.
11:02 Retrait ou pas retrait,
11:05 ou c'est tout ça, on joue un peu sur les mots,
11:08 on fait jouer les nuances, mais je suis frappé par le fait
11:11 que finalement, y compris quand on interroge les gens
11:14 sur le terrain, on se réfère beaucoup à l'intersyndical.
11:17 Tout ça doit être décidé ensemble, il faut que ça tienne,
11:20 et il y a une telle volonté que ça tienne,
11:22 qu'on peut même penser que dans ce qui va se passer maintenant,
11:25 ça va encore tenir un certain temps.
11:27 -Alors, Erwann Malanon, le mouvement, on va dire,
11:30 entre deux eaux, en pleine attente
11:32 de la décision du Conseil constituant,
11:34 il y a une chose qui ne change pas,
11:36 c'est l'opinion qu'il ne lâche pas.
11:38 Je vous propose d'écouter Frédéric Dhabi, de l'IFOP,
11:40 il était ce matin sur France Inter, et vous réagissez juste après.
11:43 -Je trouve que la situation est tout à fait figée,
11:45 figée au regard du rejet de cette réforme
11:48 qui est massive, en gros, deux tiers des Français
11:51 et trois quarts des salariés, des personnes concernées,
11:54 -Ça reste massif, ça ne bouge pas.
11:56 -Ça reste massif, ça s'est complètement enraciné,
11:59 et puis, 12e journée, la lassitude est là,
12:01 il y a moins de monde dans les rues, on le sait,
12:03 et pour autant, le soutien au mouvement social
12:05 atteint 62%, c'est 11 points de plus
12:08 que ce qu'il était le 13 janvier,
12:10 à la veille de la présentation du projet d'oie
12:13 par Madame Born et de la première journée,
12:15 et symboliquement, 62%, c'est exactement le chiffre
12:18 mesuré par l'IFOP déjà en 1995,
12:21 au moment de la réforme Juppé, tout se passe comme si,
12:23 voilà, le temps ne changeait rien à l'affaire,
12:26 si je puis dire.
12:28 -Ça doit vous interpeller, ça, quand même.
12:30 Vous avez parié sur la division de l'opinion.
12:32 -Moi, non. -Et elle est toujours là.
12:34 -Moi, non, parce que j'ai toujours considéré
12:36 que les manifestants,
12:39 quand ils font ça dans le calme,
12:41 comme ça a été la plupart du temps
12:43 dans les manifestations, sont complètement légitimes.
12:46 Après, ça ne m'étonne pas non plus,
12:48 et je crois que ça a été bien expliqué,
12:50 que la baisse, qu'il y ait moins de manifestants
12:53 et des cortèges moins importants...
12:55 -L'opinion, le soutien des Français, 11 points de plus
12:57 que le 12 janvier, à la veille de la présentation
12:59 de la réforme. -Oui, c'est un fait.
13:01 -Comment ?
13:03 -Nous, le groupe démocrate,
13:05 on demande, on a saisi la main
13:07 de Laurent Berger sur la question
13:09 d'une médiation et sur la question
13:11 de remettre un certain nombre d'éléments sur la table.
13:14 Personnellement, et le groupe démocrate,
13:17 on pense que dans le texte tel qu'il est,
13:19 vu qu'il y a cette fameuse clause de revoyure
13:21 dont on ne parle pas, il y a beaucoup de Français
13:23 qui ont peut-être oublié que c'est pas demain,
13:25 64 ans, l'âge de départ à la retraite,
13:27 c'est progressif.
13:29 Effectivement, c'est septembre,
13:31 pour ceux qui devaient partir ces trois mois de plus,
13:34 et c'est impactant, et il faut en prendre compte,
13:37 c'est évident, mais c'est progressif.
13:39 Et en 2027, on sera à 63 ans.
13:41 Bon, donc ça nous laisse quand même le temps
13:44 de mettre un certain nombre d'éléments sur la table,
13:47 de travailler sur les pénibilités,
13:49 de travailler sur les carrières longues,
13:51 de continuer à travailler sur l'emploi des seniors.
13:54 -Le fameux texte sur le travail
13:56 que le président essaie de remettre sur la table.
13:59 Ce que vous nous dites, c'est que 64 ans,
14:01 c'est pas une fatalité, en 2027,
14:03 tout peut être renégocié.
14:05 -C'est un autre élément politique.
14:07 -Mais on n'en est pas là. -Ce que je vous ai dit,
14:10 c'est qu'il y a des moyens. -La clause de revoyure,
14:13 c'est de se dire qu'il y a des possibilités,
14:15 si on trouve des moyens de financement,
14:17 si on trouve un équilibre de ce régime,
14:19 de peut-être rester à 63 ans.
14:21 C'est pas pour autre chose qu'on l'a fait.
14:23 -Bon, voilà, en tout cas, côté modem,
14:25 le parti de François Bayrou fait des gestes d'ouverture
14:28 à ce stade du rapport de force.
14:30 Adrien Clouet, vous étiez dans le cortège.
14:32 On va écouter un reportage dans un instant
14:34 sur l'état d'esprit des manifestants.
14:36 Il va y avoir des journées d'action,
14:38 y compris pendant que le Conseil constitutionnel
14:40 va travailler demain.
14:41 On imagine qu'ils ont déjà bien planché,
14:43 mais c'est quand même une journée importante.
14:45 Vous soutenez, vous, à la France Insoumise,
14:47 ces journées d'action pour mettre la pression sur les sages,
14:50 au moment même où ils vont rendre leur avis ?
14:52 -C'est pas sur les sages, c'est sur la Macronie.
14:54 Sauf qu'il peut.
14:55 Les mêmes qui soutenaient en janvier, février,
14:57 mordicus l'idée qu'on allait mettre deux enfermes à tout le monde,
15:00 sont en train de nous expliquer qu'il y aurait
15:02 des issues de secours, des voies de sortie,
15:04 des manières différentes de faire.
15:06 C'est très bien.
15:07 On aurait pu en débattre s'il y avait eu plus de 11 jours
15:09 à l'Assemblée, parce qu'il y avait beaucoup d'idées
15:11 sur ce domaine-là.
15:12 On voit bien que tout le monde lâche le projet.
15:14 Il n'y a plus grand monde qui le soutient.
15:16 Il reste Mme Borne, en tout cas, pour les jours
15:18 qui lui restent comme Premier ministre.
15:20 Il y a M. Macron, évidemment, entre deux voyages à l'étranger,
15:23 qui a 5 minutes pour engueuler ses conseillers.
15:25 Tout le monde lâche le projet. Vous allez vite en besogne.
15:27 Il y a un gouvernement, un président, des institutions.
15:30 On attend la promulgation éventuelle.
15:32 Ils sont 50-60 à l'Élysée.
15:34 Dans le cadre des institutions démocratiques.
15:36 Les 4/5ème des personnes sont hostiles.
15:38 Je l'affirme, aujourd'hui, dans ce pays,
15:40 il y a une infime minorité de personnes qui défend.
15:42 Mais si on est en démocratie, le référentiel n'est pas
15:45 que le président de la République, ses amis et ses soutiens.
15:47 Le référentiel, c'est la population.
15:49 Le principe d'un démocrate, et je pense qu'on est d'accord,
15:52 c'est de représenter les électeurs électrices.
15:54 Or, les électeurs électrices n'ont pas été amenés aux urnes en nous,
15:57 en étant interrogés sur ce dossier-là.
16:00 Ce serait très intéressant d'ailleurs qu'on le fasse,
16:02 parce qu'on pourrait trancher définitivement.
16:04 On a aujourd'hui une crise politique.
16:06 Une crise, c'est lorsque des représentants se retrouvent,
16:08 en décalage pour la majorité d'entre eux,
16:10 avec les personnes lesquelles ils doivent représenter.
16:13 Dans ce cas-là, il y a plusieurs manières de faire.
16:15 On dissout l'Assemblée, on fait de nouvelles élections,
16:17 on fait un référendum, on suspend, on retire, on annule le projet.
16:20 Bref, on peut s'en sortir.
16:22 Visiblement, aujourd'hui, il y a une personne
16:24 qui s'est enfermée à l'Elysée et qui veut gouverner seule contre tout le monde.
16:27 - Juste, je demande réponse quand même, parce que c'est important.
16:30 La démocratie, c'est aussi le choix d'un certain nombre de personnes,
16:37 des députés, à un moment donné, sur un programme,
16:40 et sur une responsabilité.
16:42 Et moi, la responsabilité que j'ai, en tant que démocrate,
16:46 en tant que député de notre pays,
16:48 c'est de faire en sorte que le régime par répartition continue à vivre.
16:52 Moi, l'équation, elle est simple.
16:55 Il y a une équation simple, c'est pas de baisse des pensions,
16:59 pas de hausse d'impôts.
17:01 Comment on fait ?
17:04 - Comme vous le savez, les impôts ne financent pas les retraites.
17:07 - Justement, c'est de l'économisation.
17:10 - Adrien, Chloé, la moitié de vos amendements
17:13 étaient pour créer des impôts pour les financer, ce régime.
17:16 - C'est pas le financement de la CNAP.
17:18 - Vous admettez maintenant qu'il y a un déséquilibre ?
17:21 - Je suis disponible, il faut être 13 milliards.
17:24 - Vous admettez maintenant qu'il y a un déséquilibre ?
17:28 - Il n'y en a pas maintenant.
17:30 - On a fait largement le débattement sur les finances des retraites.
17:35 On l'a fait et on l'a refait, je peux vous dire,
17:38 pendant pratiquement des semaines.
17:40 - Apparemment, ce n'était pas assez long.
17:42 - On part dans le cortège.
17:44 - La question dans la tête les plus déterminées à continuer le mouvement,
17:47 c'est Clément Perreault qui a promené son micro dans "Cortège à Paris".
17:50 - Censure totale du texte, ni plus ni moins.
17:59 Voilà la décision qu'attendent pour demain les manifestants.
18:02 Pour eux, il existe de vrais arguments
18:04 pour que le Conseil constitutionnel retoque la réforme des retraites.
18:08 - Moi, je pense qu'il y a toutes les raisons, évidemment,
18:11 pour dire que ce n'est pas constitutionnel,
18:13 parce que l'utilisation même du 47.1,
18:16 c'est un dévoiement de la Constitution,
18:19 parce qu'il n'y a pas lieu de faire une loi rectificative de finances en janvier,
18:25 alors que la loi a été votée en décembre.
18:27 - L'esprit de la Constitution, c'est quand même de pouvoir aussi
18:31 laisser la place à l'expression populaire.
18:33 Ce n'est pas de censurer l'expression qui est dans la rue
18:38 et qui a aussi été portée à l'Assemblée nationale par des parlementaires.
18:42 Mais au-delà des arguments, dans les cortèges, la méfiance règne.
18:46 Le Conseil constitutionnel est loin d'inspirer une confiance illimitée.
18:51 - Le Conseil constitutionnel, c'est un organe de droit, on est d'accord,
18:54 mais quand même, il y a aussi une dimension politique.
18:58 Est-ce que quelqu'un comme Alain Juppé va remettre en question
19:02 des choses qu'il a lui-même utilisées ?
19:05 - Ils sont tous pour Macron.
19:07 Vous avez Fabius, vous avez Juppé, tous des macronistes.
19:11 Il n'y a aucun débat.
19:14 La décision est déjà prise.
19:17 - Le Conseil constitutionnel dira peut-être qu'il y a une virgule
19:20 qui ne va pas dans le texte qui est proposé par le gouvernement.
19:23 Le gouvernement le reproposera plus tard.
19:25 Ce n'est pas sur le Conseil constitutionnel qu'on compte
19:28 quand on veut changer les choses et rendre le monde plus juste.
19:31 - De nouveaux rassemblements sont attendus au moment de la décision des sages.
19:35 En cas de validation du texte, la rue pourrait bien se faire entendre,
19:39 comme dans la foulée du 49.3.
19:41 - On les entend, ils ne pensent qu'à la décision de demain,
19:48 des neuf sages, rue de Montpensier.
19:50 Rarement une décision aurait été aussi attendue.
19:53 On entend déjà des soupçons, des inquiétudes
19:57 sur une décision qui serait politique.
20:00 Qu'est-ce que vous pouvez leur dire pour les rassurer ?
20:03 Ce sont des sages en droit, parce qu'il y a des anciens Premiers ministres.
20:06 C'est vrai que cette question-là, c'est sûre,
20:16 quelle que soit la décision, elle va être soulevée.
20:18 - D'un côté, on ne peut pas mettre une pression sur le Conseil constitutionnel
20:23 et lui reprocher qu'il serait politique.
20:27 Le Conseil constitutionnel est un organe,
20:30 l'organe suprême de notre Constitution.
20:33 C'est lui qui vise ou invalide les processus constitutionnels.
20:39 Il se base sur le fond.
20:42 Ensuite, il y a toujours, et là je vous l'accorde,
20:45 quand on fait du droit, il y a toujours une interprétation politique.
20:49 Mais on ne peut pas leur mettre la pression
20:52 et dire qu'ils seraient illégitimes parce qu'ils ne valideraient pas.
20:55 - C'est une manière de saper les institutions, et notamment la...
20:58 - C'est dangereux, parce que ça veut dire que...
21:00 - Ça veut dire qu'on considère que le Conseil constitutionnel
21:03 ne sert plus à rien.
21:04 Le Conseil constitutionnel, il va dire oui, non,
21:07 il va dire un certain nombre de choses,
21:09 il va retoquer une partie peut-être, peut-être pas,
21:12 peut-être l'ensemble du texte.
21:13 Moi, j'avoue que je suis commissaire aux lois,
21:17 je connais bien notre Constitution,
21:19 je suis dans l'incapacité aujourd'hui de vous dire
21:22 exactement ce qui va décider.
21:24 J'ai une intuition sur un certain nombre de sujets.
21:27 Je pense qu'il va valider le texte avec, en retoquant...
21:30 - Partiellement.
21:31 - En retoquant certains dispositifs,
21:33 et aussi en mettant des réserves d'interprétation
21:37 qui sont là, pour le coup, extrêmement importantes.
21:40 - Je rappelle, le Conseil constitutionnel est juge en droit
21:42 de la constitutionnalité de la loi.
21:44 Là, on va rentrer dans une petite séquence un peu prospective
21:48 et donc hypothétique.
21:50 Adrien Clouet, si, effectivement, selon l'intuition d'Erwann Balanant,
21:54 le Conseil constitutionnel ne fait pas une censure globale,
21:57 mais partielle, en invalidant les cavaliers législatifs,
22:00 mais en consacrant, en validant l'article 7 sur le reportage.
22:04 Est-ce que vous, vous êtes député de la Nation,
22:06 vous reconnaîtrez cette décision ?
22:09 - De toute façon, je n'ai pas le choix,
22:11 mais la question n'est pas là.
22:13 On a un texte qui est politiquement illégitime, à mes yeux.
22:16 Dès lors, comment on fait pour le faire tomber ?
22:18 - Vous la respecterez, la décision, ou pas ?
22:20 - Une fois qu'ils disent que...
22:21 - Quelle qu'elle soit, vous la respecterez ?
22:23 - Ça sera sur leur site, ça sera écrit noir sur blanc.
22:25 Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?
22:26 Je ne vais pas l'imprimer et le mettre chez moi,
22:28 au-dessus, dans le salon, c'est sûr.
22:29 - Ça veut dire que le texte...
22:30 - Je déplorerai, mais la question n'est pas là.
22:31 - S'il est promulgué.
22:32 - La question, elle est politique.
22:33 La question, elle est, est-ce qu'on est capable, aujourd'hui,
22:35 de compter sur ce Conseil
22:37 pour protéger une certaine vision de la démocratie en France ?
22:40 Et c'est un débat.
22:41 Et le Conseil, demain, est amené à prendre une décision qui est inédite.
22:45 C'est pour ça que c'est compliqué d'avoir d'une intuition.
22:47 Parce que jamais on n'a eu ce type de texte utilisé pour une réforme pareille
22:51 et avec un cumul conjoint de toutes les procédures de contrainte du Parlement.
22:56 Donc, la situation est inédite.
22:58 - Mais là, qu'est-ce que vous voulez ?
22:59 Remettez en cause la légitimité ?
23:01 - Il va faire jurisprudence.
23:02 Et donc, moi, j'espère que sa jurisprudence fasse tomber le texte.
23:06 Si jamais il ne fait tomber qu'un petit bout, c'est ça de pris,
23:08 eh bien, on marchera pour faire tomber le gros bout.
23:10 - On marchera, c'est-à-dire, on continuera à appeler à manifester ?
23:13 - Évidemment.
23:14 De toute façon, le Conseil ne fait pas la loi.
23:16 Il dit si elle est conforme à la Constitution, qu'elle le soit ou non.
23:19 Moi, je souhaite son retrait et qu'elle tombe.
23:20 Si elle peut tomber demain, c'est du temps de gagner.
23:22 S'il faut encore avoir quelques semaines de lutte, eh bien, on luttera.
23:25 - Donc, l'objectif, c'est quoi ?
23:26 C'est presque 95 ou presque, non, le CPE, Céline Verzetti.
23:31 Ce serait quoi ? Une loi promulguée qui ne serait pas appliquée jusqu'au retrait ?
23:34 C'est ça, votre stratégie ?
23:36 - Alors, c'est pour ça qu'en effet, il y a eu différents propos.
23:38 Dire, il y a plusieurs étapes.
23:40 On a demandé le retrait.
23:42 À partir du moment où, si c'est validé par le Conseil constitutionnel,
23:46 le gouvernement a plusieurs solutions.
23:49 Il peut se précipiter à promulguer la loi.
23:51 - Le président ?
23:53 - Voilà, donc le président de la République.
23:55 - Dans le mois qui...
23:56 - Donc, voilà.
23:57 Et s'il se précipite, je trouve que c'est un mauvais signal.
23:59 Mais comme jusqu'à présent, il ne fait que des faux pas,
24:02 je pense que c'est ce qui risque malheureusement de se passer.
24:05 Donc, ça attisera un peu plus la colère.
24:08 Mais donc, s'il se précipite à promulguer cette loi,
24:11 nous nous demanderons la non-application de cette loi promulguée.
24:15 - Comment, concrètement ?
24:17 - Concrètement, se mobiliser.
24:18 C'est ce qui s'est passé précisément pour le CPE.
24:20 - Parce qu'on a l'impression qu'on rentrera dans une nouvelle phase
24:22 avec des actions plus spontanées, moins organisées.
24:24 - La loi a été mise à la promulgation.
24:25 Elle n'a pas été appliquée parce que, justement,
24:27 les mobilisations ont continué.
24:28 Elles étaient particulièrement massives.
24:30 Et nous, on compte bien évidemment...
24:31 Alors, sur différentes mobilisations, on l'a dit, il y a des grèves.
24:35 Alors, il y a des grèves certaines reconductibles, d'autres pas.
24:38 Il y a à nouveau des secteurs professionnels qui ont arrêté à un moment donné la grève
24:43 et qui s'y remettent.
24:44 Vous avez parlé des éboueurs de Paris, par exemple.
24:46 Il y a aussi au niveau des raffineries, des nouvelles grèves.
24:50 - Allez au blocage. C'est ça l'idée.
24:51 - Ça, c'est important parce que ça a un impact sur l'économie.
24:54 Il y aura des blocages.
24:55 Et ce que je dis...
24:57 Moi, je le redis, et vous l'avez vu, tous les reportages le montrent.
25:01 La population, tous ceux et celles qui sont en mobilisation aujourd'hui,
25:04 sont très déterminées et ils ont raison.
25:06 Parce que, pour le coup, cette réforme, ça a été dit, elle est illégitime.
25:10 Quoi qu'il en soit, elle est illégitime socialement, politiquement.
25:13 Et je dirais que le gouvernement et Emmanuel Macron n'ont fait que défauts.
25:17 - Mais là, vous reconnaissez quand même qu'il y a une légère différence
25:20 dans le discours entre vous à la CGT et Laurent Berger à la CDT,
25:24 qui, lui, ne dit pas exactement la même chose sur la décision qu'il respectera.
25:27 Et on entend bien qu'il n'est plus dans une perspective de journée d'action nationale.
25:31 - La décision, ce n'est pas la question.
25:32 C'est qu'une loi, elle peut être votée.
25:34 - Il a même dit que ça ne sert à rien de manifester des mois et des mois
25:36 pour une loi si elle est déjà promulguée.
25:38 - Je ne sais pas s'il a dit ça exactement.
25:40 - Deux mois, c'est l'idée.
25:42 - Il y a une intersyndicale qui est en cours.
25:46 On va continuer à discuter de manière unitaire du processus de mobilisation et de la suite.
25:51 Je pense qu'on est tous d'accord pour dire quand même que cette loi,
25:55 elle ne sera pas de toute manière légitime,
25:57 que nous ne voulons pas travailler plus longtemps, ça a été dit,
26:01 pour différentes raisons, que nous avions toutes et tous des propositions de financement
26:06 qui n'ont pas été entendues et pas celles que vous dites,
26:09 parce que vous vous restreignez soit baisser les pensions,
26:12 soit augmenter les impôts.
26:13 - Non, non, je parle des cotisations sociales aussi.
26:16 - Oui, les cotisations sociales.
26:17 - On avait une proposition sur ce sujet.
26:19 - Il y a plein d'autres propositions, mais que vous n'entendez pas,
26:22 et c'est bien dommage.
26:23 Et tout ce que vous avez dit sur la pénibilité, sur l'emploi des seniors,
26:27 c'était avant qu'il fallait en discuter,
26:28 parce que nous dire qu'on vous fait travailler plus longtemps
26:31 et après, éventuellement, qu'on va discuter de pénibilité de l'emploi des seniors,
26:34 ce n'est pas possible, ce n'est pas sérieux.
26:36 Et nous dire que peut-être, après, on reviendra sur l'âge de départ,
26:39 ça non plus.
26:40 Et personne n'est dupe, c'est pour ça que les millions de personnes,
26:43 elles se mobilisent, parce qu'il faut arrêter de prendre les gens quand même pour des imbéciles.
26:48 - Jean-François Amadieu, toujours dans cette perspective d'une validation partielle,
26:53 mais on va dire de la pierre angulaire validée du texte,
26:56 sur le reportage de l'article 7.
26:58 Vous pensez que l'unité syndicale peut tenir entre la CGT et la CFDT ou pas ?
27:03 - Écoutez, pour le moment, je vois qu'il y a beaucoup d'efforts qui sont faits,
27:08 au-delà de quelques nuances de vocabulaire qu'on a soulignées,
27:12 il y a beaucoup d'efforts qui sont faits pour qu'on ne voit pas tout de suite
27:15 qu'il y a des stratégies ou des trajectoires différentes.
27:20 Il faut savoir que, même pour la CGT, il est classique
27:23 qu'enfin un mouvement ne dure pas éternellement.
27:26 Par conséquent, les organisations syndicales, la CGT en tête,
27:29 disent toujours, au bout d'un certain temps, que la lutte continue sous d'autres formes.
27:34 Après, et qu'elle ne s'arrêtera pas, c'est traditionnel, c'est toujours comme ça qu'on fait.
27:39 Mais ça ne veut pas dire que ça traduira concrètement.
27:41 Il faudrait rappeler que pour le CPE, un point important...
27:44 - Le contrat premier embauché. - Oui, pour le contrat premier embauché.
27:46 - Les étudiants, Dominique de Villepin.
27:48 - Oui, toutes les universités étaient bloquées, c'était catastrophique,
27:51 les étudiants étaient ultra-mobilisés,
27:53 toutes choses qu'on ne voit pas actuellement.
27:55 Donc c'est un contexte qui est très différent.
27:57 J'ajoute quand même qu'il y a un autre point, il y a encore des marges de manoeuvre.
28:00 Laurent Berger a suggéré, alors tout le monde dit que c'est impossible,
28:03 le président refusera d'utiliser l'article 10,
28:06 et puisque le compromis... - Nouvelle délibération.
28:08 - Oui, au motif que le compromis politique qui a été élaboré au Sénat et à l'Assemblée
28:13 et en commission mixte n'est pas équilibré, puisqu'il est déséquilibré
28:16 par le fait qu'on retirera certaines dispositions.
28:19 Donc ça veut dire que le compromis global, déjà social, n'existe pas,
28:23 mais même politique, politiquement, c'est un peu bizarre,
28:26 puisque ça faisait un tout.
28:28 Les parlementaires ont voté pour un tout, pour un ensemble,
28:30 pas pour un article seulement. - On n'a pas voté.
28:32 - Oui, bien sûr, ils n'ont pas voté.
28:34 Au Sénat, par exemple, ou en commission mixte.
28:36 - Peut-être que les uns et les autres, vous avez une part de responsabilité.
28:40 - Effectivement, tout le monde dit que le président ne saisirait pas
28:43 cette perche que Laurent Berger lui tend.
28:45 J'ajoute qu'il y a une autre possibilité.
28:47 En 2006, souvenons-nous qu'il y avait dans la loi de 2006,
28:50 égalité des chances, un deuxième texte, à part le contrat
28:53 pour le remboursement, c'était le CV anonyme.
28:55 Pendant huit ans, aucun décret d'application n'est jamais sorti,
28:58 et la loi ne s'est jamais appliquée, elle a fini par être abrogée en 2015.
29:01 Mais c'est pour vous dire qu'il y a aussi cette possibilité.
29:04 - Oui. - Et après, il y a une grosse incertitude
29:07 sur le fameux référendum.
29:09 - Alors, le référendum d'initiative partagée, il y a beaucoup d'obstacles.
29:12 Aujourd'hui, on a appris qu'un deuxième recours avait été déposé
29:16 pour ce référendum d'initiative partagée.
29:19 Manifestement, le premier n'était pas suffisamment bien ficelé,
29:22 avec vraiment un gros doute sur sa constitutionnalité.
29:26 Vous, personnellement, Maudem, le référendum sur les retraites,
29:30 est-ce que ce ne serait pas la bonne sortie de crise ?
29:33 - Alors, moi, j'aimerais...
29:36 J'adorerais trouver l'intitulé du référendum qui règle le conflit.
29:41 Et que, effectivement, mais vous voyez bien comment...
29:44 - "Pour qu'on rencontre, travailler jusqu'à 64 ans."
29:47 - Une fois qu'on a dit ça, comment on fait tout le reste
29:50 du travail et du financement ?
29:52 Vous voyez bien que ce texte qui a été débattu,
29:56 donc sur le format 47-1, donc PLFSSR,
30:00 donc loi de finances... - Avec un budget...
30:03 - Loi de finances sociale. - ...contraint dans le temps.
30:06 - Voilà. Il y a un nombre d'articles pour régler tout un tas de questions.
30:11 Donc, toutes ces questions-là, tranchées par référendum,
30:14 c'est compliqué. Une fois qu'on a dit ça,
30:16 moi, je pense que référendum, accepter demain...
30:19 - Mais pour réconcilier... - Attendez, j'y arrive.
30:22 La question, pour moi, c'est comment on réconcilie les Français,
30:27 comment on refait commun, j'ai envie de dire, sur cette question,
30:31 comment on règle des vrais sujets, qui sont soulevés par la CGT,
30:35 par la CFDT, par la CFTC, par tous les syndicats,
30:38 sur la pénibilité, les temps de travail...
30:41 - Alors ça, le président a ouvert sa porte, c'est nouveau.
30:44 Je vous reçois. - Il y a Laurent Berger
30:46 qui parle d'une grande conférence sociale.
30:49 Moi, je pense que c'est la solution.
30:51 C'est la solution avec, en remettant sur la table la question de l'âge,
30:55 d'une façon peut-être par cette clause de revoyure, je le redis,
30:59 et on peut avancer comme ça. Il faut avancer,
31:01 on ne peut pas rester dans un pays bloqué de cette manière-là
31:04 parce qu'on a un certain nombre d'enjeux à continuer à voir,
31:07 l'enjeu écologique qu'il faut, on ne va pas le laisser.
31:10 - On voit bien la différence entre le modem et Renaissance.
31:13 Céline Verzeletti. - C'est trop proche, encore.
31:16 - La porte est ouverte. Le président a dit qu'il allait vous recevoir
31:19 pour parler de travail, pénibilité.
31:21 Pourquoi ces noms ? Pourquoi la CGT ne veut pas y aller ?
31:24 - On n'a pas dit qu'on ne voulait pas y aller.
31:26 On a dit que si on y allait, d'abord,
31:28 il faudrait discuter des modalités du retrait.
31:31 Ca, c'est une première chose.
31:33 Et après, bien évidemment, qu'on souhaite voir le président de la République.
31:36 Mais il me semble que l'intersyndical Encore avait demandé une rencontre
31:39 à Emmanuel Macron. - Mais si au niveau
31:41 qu'on a dit sur le film, on disait... - Elle lui dit "lol".
31:44 - Pardon ? - Elle a répondu "lol" au président.
31:47 - J'ai envie de lui dire "lol" parce qu'il a l'air de nous dire
31:50 qu'une fois que tout sera fait promulgué, on tourne la page
31:53 et puis on passe à autre chose.
31:55 Non, en fait, ça ne se passe pas comme ça, en vrai.
31:57 Ca, c'est pas possible. C'est vrai qu'il rêve de ça
32:00 parce que je comprends bien que la séquence qui vient de se passer
32:03 pour lui et le gouvernement est très mauvaise, vous l'avez dit.
32:06 Il a perdu énormément de points, beaucoup de discrédits
32:09 vis-à-vis de la population, une grande majorité de la population.
32:12 Alors oui, j'imagine bien que ça serait facile de dire "bon, écoutez,
32:15 "ça y est, c'est fini, tout est passé, il n'y a plus rien à voir
32:18 "et on passe à autre chose". Non, non, ça, ce n'est absolument pas possible.
32:21 - Il va falloir voir beaucoup de choses à décanter.
32:23 Encore dernière question pour vous, Adrien Cloé.
32:25 Laurent Berger qui dit "il y a une colère sourde qui pointe dans le pays.
32:28 "Le risque, c'est un choc démocratique.
32:31 "Le ressentiment peut déboucher sur une victoire de Marine Le Pen
32:34 "aux prochaines échéances."
32:36 Quand on est insoumis, qu'on se bat contre cette réforme, qu'est-ce qu'on se dit ?
32:39 Est-ce qu'il n'est pas temps peut-être d'essayer de trouver des voies de passage
32:42 pour retrouver le sens du dialogue ?
32:44 Parce qu'on voit bien que politiquement, c'est elle qui est en grange.
32:47 - Alors d'abord, on ne le voit pas parce que dans les élections partielles,
32:50 ce n'est pas visible pour l'instant. Mais en revanche...
32:53 - Dans la Riège, c'était une paire de gauches.
32:55 Mais on voit que dans les sondages, elle capitalise.
32:58 - Et en l'occurrence, le RN n'est pas au second tour.
33:00 - Non, ils sont dans les autres. Ils ont même perdu un siège dans les partiels.
33:02 Donc moi, je reste très dubitatif sur la politique avec IFOP.
33:06 Mais en laissant ça de côté, la question de la démocratie, elle est posée maintenant.
33:10 C'est-à-dire, vous avez ce qu'on dit depuis le début,
33:12 une infime minorité qui veut s'imposer à une grande majorité.
33:14 Comment on règle ce conflit-là ?
33:16 Comment on règle ce conflit ? - Par la démocratie.
33:18 - Par des modalités... - Il a été élu démocratiquement.
33:20 Ça, vous ne le remettez pas en cause, quand même.
33:22 Le président a été élu.
33:24 Il y a quand même des cadres dans lesquels on vote des voix, etc.,
33:27 qui sont la démocratie.
33:28 Donc, vous êtes en train de dire qu'on n'est pas en démocratie, là, aujourd'hui ?
33:31 - Sur cette décision, non. Je pense qu'elle n'est pas démocratique.
33:33 Je pense qu'il y a un problème.
33:35 - Alors, on ne va pas... - Laissez terminer.
33:37 - Non, mais il y a deux visions du monde.
33:39 La démocratie, on peut dire que c'est une procédure.
33:41 C'est ce que vous dites. La démocratie, c'est une procédure.
33:42 Dès lors que c'est écrit dans un texte et qu'il y a une procédure qui le couvre,
33:45 c'est légitime et parce que c'est légal.
33:47 Moi, je pense que ce n'est pas parce que c'est légal que c'est légitime.
33:50 La démocratie, c'est le fait de faire concorder la légalité et la légitimité.
33:53 - Alors, ce débat entre le légal et le légitime, on l'a eu et on ne va pas le rouvrir maintenant
33:57 parce que le débat s'achève. - Aujourd'hui, on a un problème là-dessus
33:59 parce qu'on a un canal de légalité qui ne correspond pas à des aspirations.
34:02 Il faut trouver un moyen d'en sortir. - En tout cas, les institutions sont là
34:06 et demain, on aura les yeux rivés sur le Conseil constitutionnel.
34:09 Ça vous regarde en direct, évidemment.
34:11 Émission spéciale pour essayer de décortiquer et d'analyser cette décision et ses conséquences.
34:17 Merci beaucoup. On va s'arrêter là.
34:19 Et le débat, évidemment, continue.
34:21 Merci d'être venu sur le plateau d'LCP.
34:23 Vous restez avec moi, Anne-Sophie Yann.
34:25 Dans une dizaine de minutes, tout pile, les partis pris de nos affranchis,
34:29 vous les voyez, ils sont en forme ce soir.
34:31 Le RIP version Nicole Ferroni, ce sera dans sa carte blanche à la fin de cette émission.
34:36 La LDH version Yanis Roder, la Ligue des droits de l'homme aidant le collimateur du gouvernement.
34:41 Et puis, quatre députés de l'aile gauche de la Macronie, dont Barbara Popilli,
34:45 qui se retire du groupe Renaissance.
34:47 On verra ça avec Stéphanie Despierre dans Bourbon Express.
34:50 Mais d'abord, Anne-Sophie Yann, on va se plonger dans votre livre.
34:53 Ça fait 20 ans que l'actrice Marie Trintignant a été tuée par Bertrand Cantat à Vilnius, en Lituanie.
35:00 Et c'était tout sauf un accident.
35:02 Désir noir chez Flammarion, c'est le récit glaçant, je le disais, du Nomerta,
35:07 où tout le monde savait, où tout le monde s'est tué,
35:09 et où la complaisance de certains médias, et même de certaines féministes,
35:12 laisse sans voix 20 ans après.
35:13 Regardez, c'est dans l'invitation de Stéphanie Despierre, et on en parle à toutes les deux juste après.
35:18 Si on vous invite, Anne-Sophie Yann, c'est parce que 20 ans après, vous revenez sur l'affaire Bertrand Cantat.
35:28 En juillet 2003, en Lituanie, le chanteur du groupe de rock Noir Désir frappe mortellement sa compagne Marie Trintignant.
35:36 Elle succombe quelques jours plus tard.
35:38 A l'époque, Bertrand Cantat est une star, Marie Trintignant, une comédienne, fille d'un monstre sacré du cinéma.
35:44 L'affaire défraie la chronique, le mot féminicide n'existe pas, le mouvement MeToo non plus.
35:50 Anne-Sophie Yann, vous êtes journaliste culturelle, au fil de vos ouvrages,
35:54 vous racontez les turpitudes du monde de la musique.
35:57 Avec Désir noir, 20 ans plus tard, vous ressentez la nécessité de le redire au effort et de l'écrire.
36:02 La mort de Marie Trintignant n'était pas un accident.
36:06 L'autopsie ne laisse aucune place aux doutes.
36:08 Dans des pages glaçantes, vous racontez les dernières heures de l'actrice
36:12 et vous fustigez la complaisance à l'égard de Bertrand Cantat.
36:15 Bertrand Cantat, c'était un homme de gauche, avec des idées pures, belles,
36:20 comme s'il savait quelque chose à voir avec son crime.
36:22 Les violences conjugales, c'est totalement apolitique.
36:25 Mais du coup, il a été protégé par son milieu.
36:28 Quand on voit qu'en 2014, Noël Mamère, par exemple, le sollicite pour être son soutien aux élections européennes.
36:36 Dans votre livre, vous reprenez d'ailleurs une tribune hallucinante,
36:39 publiée par des amis du chanteur, 15 jours après le décès de la comédienne.
36:44 Nous restons solidement convaincus que Bertrand n'est pas fait pour le rôle qu'on veut lui attribuer.
36:48 Notre compagnon a besoin de retrouver son honneur, au nom de ce qu'il est réellement.
36:53 Vous parlez carrément d'Omerta.
36:55 L'entourage savait que Bertrand Cantat était violent avec les femmes.
36:58 Son épouse, Christina Raddy, c'est musicien, on parle juste après le meurtre.
37:02 Mais au procès, plus rien. Il y a comme un pacte du silence.
37:05 Le chanteur est condamné à 8 ans de prison. Il sera libéré dès 2007.
37:10 En 2017, le magazine Les 1 Rock publie une longue interview de Bertrand Cantat,
37:15 qui suscite une énorme polémique.
37:17 Peut-on donner la parole à un meurtrier ?
37:20 Le journal Elle réplique.
37:22 Depuis, la société a changé, la vague #MeToo est passée par là.
37:26 Alors Anne-Sophie Anne, si le meurtre avait lieu aujourd'hui, tout serait-il différent ?
37:31 Réponse, Anne-Sophie Anne ?
37:34 Évidemment, j'ai envie de dire oui, parce qu'en effet, on voit que l'opinion publique sur ces questions est en train de changer,
37:41 qu'il y a une prise de conscience. On n'est pas encore en état d'éveil, clairement.
37:46 Mais en tout cas, ça y est, il y a des comportements et des indulgences qui ne passent plus.
37:53 Et donc déjà, le mot "féminicide" est arrivé dans le paysage, le champ lexical social.
37:59 Donc ça, c'est déjà une première avancée.
38:01 Mais ça y est, maintenant, on voit que des auteurs de violences conjugales n'ont pas tous les droits.
38:08 Ça ne veut pas dire qu'ils ne sont pas encore protégés.
38:11 Mais en tout cas, enfin, il y a un début, un frémissement de mouvements pour s'élever contre ça.
38:16 Un début, un frémissement, parce que 20 ans après, c'est toujours aussi difficile d'enquêter sur cette affaire-là.
38:21 On va en parler. D'abord, il faut qu'on revienne sur cette longue nuit à Vélinus.
38:25 Nos téléspectateurs se souviennent, mais pas de tous les détails.
38:29 C'était tout sauf un accident.
38:31 Vous pouvez nous rappeler brièvement ce qu'a fait Bertrand Cantat ce soir du 26 juillet 2003 ?
38:36 Ce qui est assez intéressant, c'est que les faits, finalement, ils sont là, parce qu'il y a des rapports d'autopsie.
38:42 Il y a d'abord des confessions aussi de Bertrand Cantat qui décrivent, finalement, ce qui s'est passé, des témoignages.
38:50 Donc, il m'a été finalement assez facile, en retrouvant des documents, des témoignages, etc.,
38:56 de reconstituer presque minute après minute exactement ce qui s'est passé, donc la nuit du 27 juillet 2003 à Vélinus.
39:04 À ce moment-là, Marie Trintignant est sur le tournage d'un film qui est réalisé par sa mère, Nadine Trintignant.
39:10 Elle est entourée d'une partie de sa famille, son frère, son fils, qui travaillent sur le film.
39:15 Donc, ce qui est aussi bouleversant, c'est qu'elle est quelque part dans un milieu extrêmement, normalement, protégé.
39:22 Elle est chez elle, quelque part, entourée des siens, ce qui est d'ailleurs très souvent le cas dans les violences conjugales.
39:28 Et malgré tout, on sent déjà, dans l'entourage, dans les gens qui travaillent sur le film,
39:34 ils m'ont tous raconté un malaise, dès le début, finalement, vis-à-vis de Bertrand Cantat,
39:41 qui ne lâchait pas Marie Trintignant, qui était tout le temps ensemble,
39:44 ils étaient dans une relation totalement fusionnelle.
39:46 Alors, c'est difficile, dès l'extérieur, au début, de se dire "Mais est-ce que c'est malsain ? Est-ce que c'est pas malsain ?"
39:51 parce qu'ils ne sont pas tout simplement très, très amoureux.
39:53 Ce qui est sûr, c'est qu'elle, qui est une femme qui était extrêmement sociable,
39:58 sur tous les tournages, et elle a fait énormément de films, malgré sa carrière qui a été coupée, fauchée,
40:03 tout le monde, tous les gens avec qui j'ai parlé, sont unanimes,
40:06 elle était toujours avec les équipes de tournage, etc., et là, tout d'un coup, elle se referme, et elle est avec lui.
40:12 Et donc, elle reçoit un moment, dans la journée, un SMS de son mari, le père de Bertrand,
40:18 Samuel Benchetrit, avec qui elle vient aussi, d'ailleurs, de tourner un film.
40:22 Elle part de la promo, justement, du film qu'elle doit assurer,
40:26 et il signe "Ma petite Janice", parce qu'elle joue dans ce film le sosie de Janice Duoplin.
40:32 C'est assez anodin, comme message, et pourtant, Bertrand Cantat ne le supporte pas.
40:37 Il devient fou, il n'arrive pas à lâcher, il court-discrime.
40:40 - Vous décrivez vraiment l'ultra-violence d'une brute.
40:42 Il faut rappeler aussi qu'elle était chétive et petite, Marie Trintignant.
40:47 C'était tout sauf un accident, parce qu'il y a eu cette sorte de radiateur, etc.
40:50 C'était d'une brutalité inouïe, et ça, il faut le dire et le redire.
40:54 Il y a eu ces coups, et puis il y a eu ce temps, ces sept heures,
40:58 au cours desquelles elle n'était pas à l'hôpital, mais dans son lit.
41:01 Alors qu'elle avait le nez cassé, qu'elle avait des hépatomes partout.
41:04 - Oui, ce qui est fascinant, c'est que comment ça se fait qu'on a pu imaginer
41:08 un seul instant qu'elle soit morte par accident ou à la suite d'une dispute qui a mal tourné ?
41:13 Parce que les faits, ils sont là, et ils sont très tangibles.
41:16 19 coups, des coups mortels portés au visage, d'une violence absolument inouïe, en effet.
41:22 Il portait des très grosses bagues, des os fracassés.
41:26 Donc il est même inconcevable, quand on revit la scène,
41:30 de se dire qu'il n'avait pas conscience de la gravité des faits.
41:34 - Alors, vous faites le portrait, preuve à l'appui d'un homme ultra-violent avec les femmes,
41:39 bien avant, il faut le redire, cette nuit de coups contre Marie Trintignant,
41:43 Bertrand Cantat avait déjà frappé violemment d'autres femmes,
41:47 et son clan, ses proches, savaient, et personne n'a jamais rien dit. Pourquoi ?
41:53 - La larme la plus redoutable de tous les auteurs de violences conjugales, c'est le silence.
41:57 Donc ça commence toujours par là. Le silence d'abord des victimes,
42:00 qui en effet se sont tues, l'ont protégée.
42:03 La première des victimes, c'est sa femme, Christina Raddy,
42:05 qui, malgré le fait d'avoir été quand même abandonnée pour Marie Trintignant,
42:09 vole à son secours immédiatement à Vilnus pour le défendre.
42:12 - Qui va jouer un rôle très important en procès.
42:15 - Absolument. Au départ, d'ailleurs, ce qui est intéressant,
42:18 c'est qu'ils ont tous leur premier instinct, ils ont une première version de...
42:22 On comprend que ça s'est déjà produit, que c'est pas la première fois.
42:25 Elle-même le dit à différentes personnes, à différents moments, de différentes manières,
42:29 qu'elle-même a été victime de violence, qu'elle n'est pas la seule,
42:32 qu'il a frappé les quatre femmes qu'il a aimées,
42:34 donc à ce moment-là, ça veut dire Marie Trintignant, elle, plus deux autres.
42:38 Des membres du groupe aussi font certaines allusions dans ce sens.
42:41 Et le jour où Marie Trintignant meurt, le 1er août,
42:44 donc quelques jours plus tard, et que là, tout d'un coup,
42:47 l'affaire devient un homicide, finalement, et donc qu'il y a un vrai risque
42:50 pour Bertrand Cantat de passer des années en prison, exactement 15,
42:53 là, tout le monde va changer de version, et ça va vraiment participer.
42:57 Il y a une décision collective de mentir pour le protéger.
43:00 - Ce qui frappe, c'est que cette omerta dure encore.
43:02 Vous racontez très bien que la plupart des proches du chanteur
43:06 préfèrent vous parler de façon anonyme, mais comme on a peu de temps,
43:09 je voudrais que vous me parliez de la complaisance
43:12 et même de l'indulgence des médias.
43:14 Regardez comment, à l'époque, en 2003, Paris Match titrait
43:17 sur la mort de Marie Trintignant, de une, victime de la passion.
43:22 Elle a été battue à mort par le chanteur de Noir Désir,
43:26 "Il s'émet à la folie".
43:28 C'est extrêmement choquant, avec le recul, cette une.
43:31 - Oui, parce qu'on a l'impression qu'ils sont co-responsables.
43:33 "Il s'émet", donc, elle est morte, quelque part.
43:36 Il y a beaucoup de mots qui ne devraient absolument pas figurer
43:40 dans ce titre. "Passion", déjà, on ne tue pas par passion.
43:44 "On ne frappe pas une femme par amour", ça a été dit, à l'époque,
43:48 par Valérie Thauvergnean, dans "Elle",
43:50 et je crois que c'est des mots très justes,
43:52 il ne faut jamais les oublier.
43:54 C'est pas de l'amour, c'est pas ça, c'est pas massacrer une femme
43:57 à coups de poing. Il y a eu cette confusion.
43:59 - C'est quoi, cette confusion, à votre avis ?
44:01 C'est l'époque où il y a une faute morale, tout simplement,
44:04 c'est-à-dire ? - Je pense que...
44:06 - Même avec le recul du temps. - Il y a un problème,
44:08 et c'est là où cette affaire est très intéressante,
44:10 c'est qu'elle appuie exactement sur nos mauvaises conceptions
44:14 et sur les dangers dans notre société sur ces affaires-là.
44:18 C'est-à-dire que, clairement, d'abord, la première réaction,
44:22 c'est d'en faire un geste romantique,
44:24 comme si on tuait par amour,
44:27 qu'un homme qui aime une femme passionnément
44:29 pouvait la tuer.
44:31 On voit qu'il y a une complaisance, même à l'époque,
44:34 presque juridique, c'est-à-dire qu'on a une peine moins importante
44:37 si on tue une femme qu'on aime
44:39 que si on tue son patron à coups de poing, par exemple,
44:41 ou des choses comme ça.
44:42 Donc c'est assez tangible, finalement.
44:44 Mais est-ce que c'est dans notre représentation,
44:46 je sais pas, latine de l'amour,
44:48 qu'on se dit "Ah, un homme qui aime tellement sa femme
44:51 "est capable de la tuer" ?
44:52 Il y a une chanson de Johnny Hallyday,
44:54 "Requiem" justement, pour un fou,
44:56 qui raconte exactement la même chose,
44:57 c'est un des plus grands tubes du chanteur,
44:58 donc ça montre, quelque part,
45:00 qu'en nous, on a déjà cette mauvaise conception
45:02 qu'il faut vraiment déconstruire et détricoter.
45:04 -Quatre ans de prison au lieu des huit,
45:06 libération conditionnelle.
45:08 Vous écrivez après la une des "Un rock"
45:13 qui a énormément choqué,
45:15 au moment où on les revoit, là,
45:17 "Quanta" en son nom,
45:18 le chanteur revient avec un nouvel album
45:21 et une tournée de concert.
45:22 Vous écrivez que la presse de gauche
45:24 a une part de responsabilité dans la réhabilitation de "Quanta".
45:27 À l'époque, c'était quoi ?
45:29 C'était l'alter mondialiste, du côté du camp du bien,
45:33 c'est ça, contre la droite et les puissants ?
45:35 -Oui, parce que c'est Bertrand Quanta lui-même
45:37 et ses proches qui ont,
45:39 dès le début, dès Vilnius, en 2003,
45:41 placé l'affaire sur un terrain politique.
45:43 Donc c'est pas quelque chose qui a été créé
45:45 de toute pièce ou qui est subjectif.
45:47 C'est qu'eux-mêmes se sont présentés
45:49 comme des icônes de gauche,
45:51 alter mondialistes, qui ont des combats justes
45:53 contre le clan trintignant parisien,
45:56 bourgeois, riches, avec un plus,
45:59 quelque chose d'un peu nauséabond.
46:01 -C'est pour ça aussi que même les féministes
46:03 n'ont pas parlé.
46:05 Caroline Dehaes, d'"Osez le féminisme",
46:07 n'a pas voulu. -Elle n'a jamais voulu parler.
46:09 Elle ne s'est jamais exprimée sur l'affaire,
46:11 alors que pourtant, les féminicides
46:13 sont censés être un de ses combats les plus importants.
46:16 Elle tweet toute la journée sur les féminicides
46:18 et sur cette affaire en particulier.
46:20 Elle se tait, malgré mes relances,
46:22 malgré mes tentatives, etc.
46:24 Elle n'a jamais voulu s'exprimer.
46:26 J'ai été la première surprise.
46:28 Je pensais qu'au contraire, elle aurait des choses
46:30 très intéressantes à dire, une forme de méa culpa.
46:32 Je ne sais pas.
46:34 Ce serait intéressant de les entendre dire
46:36 "je me suis trompée, j'ai trop longtemps
46:38 été silencieuse sur ces questions".
46:40 -Pour terminer, vous parlez d'une situation paradoxale
46:43 depuis MeToo.
46:45 On condamne le harcèlement sexuel.
46:47 Un homme faisant un commentaire déplacé
46:49 à une femme par SMS peut être viré.
46:52 Un homme frappant des femmes, parfois à mort,
46:54 doit à tout prix conserver tous ses privilèges.
46:57 Vous trouvez vraiment qu'il y a deux poids, deux mesures ?
46:59 -Complètement.
47:01 La vague MeToo,
47:03 qui était extrêmement importante,
47:05 parce qu'elle montrait la masse,
47:08 ce qui était le nombre de victimes
47:11 de violences sexuelles,
47:13 le prolongement logique,
47:15 ça aurait été une deuxième vague,
47:17 celle contre les violences conjugales.
47:19 Les violences conjugales sont extrêmement banales.
47:21 Une femme qui meurt tous les trois jours
47:23 sous les coups de son compagnon,
47:25 c'est énorme.
47:27 On en connaît, autour de nous,
47:29 dans nos amis,
47:31 parce que ce n'est pas lié à un lieu géographique
47:33 ni à un milieu social,
47:35 on connaît tous des femmes qui sont frappées.
47:37 On est tous complices.
47:39 -La vague MeToo,
47:41 et sur le même plan,
47:43 toutes les formes de violences, d'agressions sexuelles...
47:46 -Il faudrait qu'il y ait une flage de dénonciation
47:49 contre les violences conjugales.
47:51 -Merci beaucoup, Anne-Sophie Yann.
47:53 Le point, cette semaine,
47:55 comment ne pas le nommer,
47:57 avec en une Emmanuelle Saigné et Samantha Guénard
47:59 sur l'affaire Polanski.
48:01 Ça prolonge, d'une certaine façon,
48:03 vos réflexions et votre enquête.
48:05 Désir noir, c'est à lire chez Flammarion.
48:08 Vous restez avec moi.
48:10 C'est l'heure d'accueillir nos affranchies
48:12 pour leur parti pris.
48:14 On les accueille tout de suite, les amis.
48:16 C'est à vous, l'historien Yanis Roder
48:18 de la Fondation Jean Jaurès,
48:20 l'humoriste Nicole Ferroni pour sa carte blanche.
48:22 Bienvenue à tous les deux.
48:24 On va commencer comme chaque soir, par le Bourbon Express.
48:26 L'histoire du jour à l'Assemblée
48:28 nous est racontée ce soir par Stéphanie Despierres.
48:30 Bonsoir, Stéphanie.
48:32 -Bonsoir, Myriam.
48:33 Ce soir, je vous raconte l'histoire
48:35 de quatre députés poils à gratter de la majorité
48:37 qui viennent d'annoncer qu'elles ne sont plus membres
48:39 du groupe Renaissance.
48:41 A la veille de la décision du Conseil constitutionnel
48:43 sur les retraites, le symbole n'est pas très bon
48:45 pour le camp présidentiel.
48:47 C'est Barbara Pompili, l'ancienne ministre
48:49 de l'écologie d'Emmanuel Macron.
48:51 Autour d'elle, il y a des visages beaucoup moins connus.
48:53 Mireille Clapot, députée de la Drôme,
48:55 Stella Dupont, du Maine-et-Loire,
48:57 Cécile Rilak, du Val-d'Oise.
48:59 Elles ont en commun d'être toutes issues
49:01 de la gauche écologiste.
49:03 Elles appartiennent au Parti en commun,
49:05 fondé par Barbara Pompili, et elles menaçaient
49:07 de ne pas voter la réforme des retraites cet hiver.
49:09 Mais c'est la première fois
49:11 qu'elles prennent aussi clairement leur distance
49:13 avec le groupe majoritaire
49:15 en minimisant leurs décisions.
49:17 Barbara Pompili, qu'est-ce qui ne vous convient
49:19 plus à Renaissance ?
49:21 En fait, ce que nous voulons faire avec les députés
49:23 d'En commun, c'est clarifier la situation.
49:25 On est dans une situation qui était
49:27 un petit peu compliquée à comprendre pour les gens.
49:29 Nous avons décidé de construire
49:31 un parti qui s'appelle En commun,
49:33 qui fait partie de la majorité,
49:35 mais qui se distingue de Renaissance.
49:37 Nous n'avons jamais voulu adhérer au Parti Renaissance.
49:39 On voulait laisser passer
49:41 le passage des retraites
49:43 à l'Assemblée pour éviter les confusions.
49:45 Et donc, tout naturellement,
49:47 nous avons décidé de clarifier
49:49 en nous mettant en apparenté, pour bien signifier
49:51 que nous sommes dans la majorité,
49:53 mais que nous n'appartenons pas
49:55 à ce Parti Renaissance.
49:57 Nous avons notre propre parti et notre propre sensibilité
49:59 que nous souhaitons exprimer.
50:01 Est-ce que ce ne serait pas plus clair et plus compréhensible
50:03 pour les Français que vous quittiez le groupe ?
50:05 Ce qui serait plus compréhensible,
50:07 c'est qu'on ait un groupe
50:09 qui corresponde à notre parti.
50:11 Mais ça ne vous a pas échappé
50:13 que nous sommes quatre députés.
50:15 C'est un peu juste pour faire un groupe
50:17 aujourd'hui à l'Assemblée nationale
50:19 et je ne souhaite pas que les seuils soient baissés.
50:21 Et oui, c'est un peu juste pour créer un groupe.
50:23 Il faut être au moins 15 députés.
50:25 Et là, Myriam, on en est loin.
50:27 Quelles conséquences politiques
50:29 à ce vrai faux départ ?
50:31 Des conséquences plutôt minimes
50:33 parce que les quatre députés restent apparentés.
50:35 En clair, c'est un semi-divorce.
50:37 Elles ont les avantages d'appartenir
50:39 et elles ont les inconvénients.
50:41 Ce qu'il faut souligner, en revanche,
50:43 c'est que pour la première fois, ou presque,
50:45 Barbara Pompili et les chefs du groupe Renaissance
50:47 sont parfaitement d'accord.
50:49 Leur message est clair. Circulez, il n'y a rien à voir.
50:51 En réalité, ça ne change rien
50:53 à notre fonctionnement de groupe.
50:55 Les députés Barbara Pompili,
50:57 Cécile Riac, etc.,
50:59 continueront à avoir leur responsabilité,
51:01 leur voix au sein du groupe parlementaire
51:03 de la majorité présidentielle.
51:05 En réalité, c'est surtout
51:07 une logique de mouvement politique
51:09 qu'il faut pouvoir respecter.
51:11 Ces quatre députés ont été très critiques
51:13 pendant la réforme des retraites ?
51:15 Ça n'a vraiment rien à voir ?
51:17 Elles n'ont pas été très critiques.
51:19 Elles ont fait valoir leur droit parlementaire,
51:21 leur liberté parlementaire.
51:23 Alors, en offre à Renaissance,
51:25 certains s'interrogent sur le timing de cette décision
51:27 alors que tout le monde attend le verdict des sages
51:29 sur la réforme des retraites.
51:31 Depuis plusieurs mois, on sent bien
51:33 que Barbara Pompili n'est plus très à l'aise
51:35 dans la présidence présidentielle.
51:37 D'autres députés glissent aussi que ce changement
51:39 intervient deux jours après la nomination
51:41 d'un nouveau directeur à la Commission nationale
51:43 du débat public, poste convoité
51:45 par l'ancienne ministre de l'Écologie.
51:47 Un ministre toujours en poste, lui,
51:49 fait ce constat.
51:51 Barbara Pompili est toujours en marge.
51:53 Et puis, en janvier, quand la députée de la Somme
51:55 avait annoncé qu'elle envisageait de ne pas voter
51:57 la réforme des retraites, un de ses collègues
51:59 soupirait méchamment.
52:01 Elle ne sait plus quoi faire pour exister
52:03 dans la République.
52:05 - C'est dit. Merci beaucoup, Stéphanie.
52:07 C'est comme ça qu'on fronde en Macronie.
52:09 C'est loin de ce qui se passait
52:11 au Parti socialiste.
52:13 Yanis, on passe à la Ligue des droits de l'homme.
52:15 Vous vouliez revenir sur toutes ces interrogations,
52:17 ces prises de position autour de la LDH.
52:19 Hier, c'était la Première ministre
52:21 qui s'est interrogée sur les positions
52:23 de cette association.
52:25 À la suite, du ministre Darmanin
52:27 qui avait déclaré que la subvention
52:29 donnée à l'État à la LDH
52:31 méritait d'être regardée.
52:33 Qu'est-ce qui se passe ? Quelle mouche a piqué le gouvernement ?
52:35 - De fait, Myriam, certaines prises de position
52:37 de la LDH ne sont pas passées
52:39 inaperçues au gouvernement.
52:41 Le point de départ de cette affaire est lié à un recours
52:43 en référé liberté fait par la LDH
52:45 contre l'arrêté pris par la préfète
52:47 des 2CF prévoyant l'interdiction
52:49 d'armes par destination, c'est-à-dire
52:51 de tout objet qui peut servir d'arme,
52:53 dans le cadre des manifestations de Saint-Sauline
52:55 contre les mégabassines. Recours rejeté d'ailleurs
52:57 par la justice. Rappelons néanmoins
52:59 que le 29 octobre 2022, les précédents
53:01 affrontements à Saint-Sauline avaient fait
53:03 120 blessés parmi les manifestants
53:05 et les forces de l'ordre. - Alors, apparemment,
53:07 c'est les prises de position de la LDH
53:09 en général qui questionnent
53:11 le gouvernement. Ça va un peu au-delà
53:13 de Saint-Sauline ? - Oui, tout à fait. Par exemple,
53:15 le fait qu'elle dénonce avec virulence
53:17 l'attitude de la police, il suffit pour cela de regarder
53:19 son site Internet. On y parle de politique
53:21 brutale du gouvernement, de situations
53:23 particulièrement alarmantes pour la démocratie
53:25 ou encore d'opérations de maintien
53:27 de l'ordre de grande ampleur, violentes
53:29 et totalement disproportionnées. Notons
53:31 que rien n'est dit sur les violences des groupes
53:33 d'ultra-gauche à Saint-Sauline ou dans les cortèges
53:35 des manifestations contre la réforme des retraites.
53:37 - Bon, alors, effectivement,
53:39 le ton n'est pas très modéré à la LDH
53:41 ces derniers temps. - Non, Myriam, c'est le moins qu'on puisse dire.
53:43 Cela ne peut qu'agacer le ministre
53:45 de l'Intérieur et a même choqué une autre
53:47 organisation connue pour son engagement pour les droits
53:49 de l'homme, la LICRA, la Ligue internationale de lutte
53:51 contre le racisme et l'antisémitisme, laquelle
53:53 parle d'un agenda partisan et dénonce la
53:55 lecture partiale des événements par la LDH.
53:57 - Et l'affaire ne s'arrête pas là. - Ah non, parce que
53:59 Chiral Darmanin franchit un pas
54:01 en posant la question des financements
54:03 publics perçus par une organisation qui se réclame
54:05 des droits de l'homme. Et la réaction ne s'est pas
54:07 faite attendre puisque le journal de l'Humanité a lancé
54:09 un texte de défense de la LDH signé par
54:11 l'ensemble de la gauche. - Et vous alors, Yanis Roder,
54:13 qu'est-ce que vous en pensez ? - Je pense que
54:15 c'est quand même la beauté de la démocratie que les associations
54:17 critiques soient financièrement soutenues.
54:19 Ce qui n'empêche pas de s'interroger
54:21 sur les discours d'une association
54:23 qui s'abrite beaucoup aujourd'hui derrière
54:25 un glorieux passé d'Refusard. Ce qui mérite
54:27 d'être questionné selon moi, c'est l'utilisation
54:29 systématique par la LDH de l'argument
54:31 de la liberté face aux décisions de l'État.
54:33 À Sainte-Sauline bien sûr, mais c'est aussi l'argument
54:35 de la liberté qui est mis en avant par la LDH
54:37 quand elle proteste contre la loi de 2010 contre le
54:39 NICAB, vous savez, ce qui dissimule
54:41 le visage des femmes. C'est encore cet argument
54:43 de la liberté qui est mis en avant
54:45 quand la LDH critique la dissolution du
54:47 CCIF ou l'expulsion de l'imam
54:49 Ikyusen. Alors pour l'association,
54:51 que cela fasse le jeu de groupes violents
54:53 ou le jeu des islamistes,
54:55 n'importe pas. Elle ne transige
54:57 pas avec la liberté, quitte à faire le jeu
54:59 des ennemis de cette même liberté.
55:01 - Merci beaucoup. En voilà un parti pris.
55:03 Un mot de réaction ?
55:05 - Euh... - Non ?
55:07 Allez, ça vous fait un peu plus de temps.
55:09 - Ah ! - C'est parti,
55:11 Nicole Ferroni, ce soir, vous êtes
55:13 suspendue à la décision
55:15 du Conseil constitutionnel de demain.
55:17 - Tout à fait, et pas seulement
55:19 de savoir si les articles
55:21 de la réforme des retraites
55:23 vont être retoqués, mais aussi
55:25 pour savoir si le fameux "cons-cons" va nous dire
55:27 un "oui, oui" au sujet du RIP.
55:29 Alors, le RIP, R-I-P,
55:31 qu'est-ce que c'est ? C'est un acronyme qui signifie
55:33 "référendum d'initiative partagée", mais qui
55:35 pourrait aussi vouloir dire "ressuscite immédiatement
55:37 au Parlement", puisque,
55:39 comme vous le savez, les députés de notre
55:41 Parlement n'ont pas pu débattre du fameux article
55:43 7, celui sur le report
55:45 de l'âge légal de départ en retraite
55:47 à 64 ans, et donc, certains des
55:49 parlementaires ont décidé de ressusciter
55:51 ce sujet considéré comme "enterré",
55:53 justement en faisant une première
55:55 demande de RIP et une deuxième
55:57 demande de RIP in extremis. Donc, autrement dit,
55:59 ce référendum d'initiative partagée, vous savez,
56:01 c'est un peu comme ces textos qu'on envoie
56:03 à 3h du matin à son ex
56:05 avec beaucoup d'alcool et très peu de dignité
56:07 pour lui dire qu'on l'aime encore et qu'on aimerait bien que...
56:11 Bon, vous ne vous envoyez pas ce genre de textos.
56:13 - C'est juste la partie !
56:15 - Voilà, mais vous savez, c'est le truc de la dernière chance.
56:17 - Très bien. - Voilà, exactement. Sauf que si un textos,
56:19 ça peut s'envoyer n'importe comment, ce n'est pas le cas
56:21 du RIP qui, lui, pour être lancé, doit répondre
56:23 vraiment à des conditions qui sont très strictes.
56:25 Pour être enclenché, en effet, premièrement,
56:27 1) il doit être porté par au moins 20%
56:29 des parlementaires, donc c'est-à-dire 185
56:31 députés sénateurs sur les 925.
56:33 - Ça, c'est bon. - Et ça, c'est fait pour le premier RIP.
56:35 Deuxièmement, le RIP doit ensuite
56:37 recevoir l'accord du Conseil constitutionnel.
56:39 Et justement, c'est une des réponses qu'on attend demain.
56:41 Et troisième condition, c'est la plus dure,
56:43 le RIP doit ensuite être soutenu
56:45 par plus de 10% de l'électorat français,
56:47 c'est-à-dire plus de 4,8 millions d'électeurs.
56:51 C'est énorme ! Et c'est ce qui fait qu'à ce jour,
56:53 aucun référendum d'initiative partagée
56:55 n'est pu aboutir. Et rien qu'y penser,
56:57 on se dit que c'est déprimant.
56:59 Alors, je sais que vous allez me dire, écoutez, dans ce cas-là,
57:01 Nicole, n'y pensez pas, puisque de toute façon,
57:03 le Conseil constitutionnel n'a pas donné son aval.
57:05 En plus, pour le deuxième RIP, il faudra attendre jusqu'au mois de mai.
57:07 Et oui, mais non, ça, je vous déconseille de faire ça,
57:09 c'est-à-dire d'attendre la réponse de l'un
57:11 pour préparer l'autre, parce qu'il faut bien
57:13 se rendre compte que signer un RIP
57:15 avec 4,8 millions de personnes,
57:17 c'est exactement comme
57:19 prendre un TGV avec des enfants.
57:21 C'est-à-dire que ce n'est pas au moment du départ
57:23 que d'un coup, on s'y prépare. Non.
57:25 Parce que quand vous partez en TGV avec des enfants,
57:27 bien sûr, vous pensez en amont à prendre la compote,
57:29 prendre le doudou. Et bien, pour le RIP,
57:31 c'est pareil. C'est-à-dire qu'il ne faut pas
57:33 attendre son lancement pour avoir les choses en main.
57:35 Et quand je dis les choses, je parle évidemment
57:37 carte électorale ou une carte d'identité,
57:39 et de la patience, parce que le RIP
57:41 est un voyage très long et très compliqué.
57:43 Et ça, ce n'est pas moi qui le dis, c'est le Conseil constitutionnel
57:45 lui-même qui qualifie
57:47 la procédure, je cite, de "dissuasive".
57:49 Alors, heureusement que moi, j'ai déjà signé
57:51 un RIP par le passé, je peux vous donner des petites astuces
57:53 pour éviter les problèmes.
57:55 Première astuce, d'abord, soyez concentrés.
57:57 Parce qu'au précédent RIP, il y a plus de
57:59 18 000 personnes qui ont vu leur signature invalidée
58:01 parce qu'elles avaient mal tapé le numéro de leur carte d'identité.
58:03 Donc attention, on est hop-hop quand on signe le RIP.
58:05 Deuxième conseil,
58:07 dispatchez-vous sur les horaires. Je vous le rappelle,
58:09 vous avez 9 mois pour donner votre soutien.
58:11 Or, si vous vous mettez à 4,5 millions
58:13 de personnes en même temps, le site va planter.
58:15 Donc, par exemple, quand l'un écoute du rap,
58:17 l'autre signe le RIP et ensuite vous inversez.
58:19 Et enfin, dernier conseil,
58:21 comme il arrive que le site ne fonctionne
58:23 pas avec certains navigateurs, et là, c'est
58:25 encore pas moi qui le dis, c'est le Conseil constitutionnel lui-même,
58:27 si votre voisin ne veut pas vous prêter
58:29 son ordi à cause, vous savez, de l'embrouille
58:31 que vous avez eue au moment de l'Assemblée générale pour le syndic de Co-Pro,
58:33 c'est pas grave. Sachez que vous pouvez
58:35 signer le référendum d'initiative partagé
58:37 en version papier dans la mairie de la commune
58:39 la plus peuplée de votre canton.
58:41 Et au prix de ces efforts, peut-être que
58:43 votre RIP deviendra un RIP-RIP-RIP-Oura.
58:45 Oh, magnifique chute !
58:47 Le RIP mode d'emploi !
58:49 Franchement, une bonne chronique de Nicole Ferroni,
58:51 j'ai tout compris. Il y a encore quelques petits obstacles,
58:53 même s'ils ont près de 5 millions.
58:55 C'est vrai. On verra ça demain, d'ailleurs,
58:57 dans cette émission, puisque on aura
58:59 une émission spéciale consacrée à cette décision
59:01 attendue à 17h40 du Conseil des Sages,
59:03 le Conseil constitutionnel.
59:05 Merci beaucoup, Anne-Sophie Yann,
59:07 d'être venue sur le plateau de LCP.
59:09 Merci, les Affranchis.
59:11 À lire, chef Lamarion, "Désir noir",
59:13 "La mort de Marie Trintignant
59:15 n'était pas un accident".
59:17 Très belle soirée documentaire qui commence maintenant
59:19 avec Jean-Pierre Gracien. À demain.
59:21 Même l'humain mort.
59:23 ...
59:35 *Bruit de bruit de la vidéo*

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