• l’année dernière
A plus de 75% ils ont dit OUI à l'ouverture d'une aide active à mourir. La Convention Citoyenne a rendu ses travaux et le politique va devoir en tenir compte... 184 citoyens, 9 week-ends, des dizaines d'auditions pour 27 jours de vifs débats. Avec une mission : savoir quelle fin de vie on veut dans notre pays.
Ils ont débattu, écouté, réfléchi... changé d'avis, parfois aussi...
Les cartes sont désormais entre les mains du Président de la République. Un texte devrait être présenté devant l'Assemblée nationale avant la fin de l'été.
Reportage au coeur des débats sur une question à la fois intime et universelle...

Chaque mois, LCP le Mag vous plonge dans l´application des lois, les grands dossiers d´actualité qui font débat à l´Assemblée nationale ou les coulisses des campagnes électorales.

Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP : https://bit.ly/2XGSAH5

Suivez-nous sur les réseaux ! Twitter : https://twitter.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/

Retrouvez nous sur notre site : https://www.lcp.fr/

#LCP #LCPLEMAG

Category

🗞
News
Transcription
00:00 ...
00:02 -L'accès à l'aide active à mourir devrait-il être ouvert ?
00:07 -A plus de 75 %,
00:10 ils ont dit oui à l'ouverture d'une aide active à mourir.
00:13 Applaudissements
00:16 La Convention citoyenne a rendu ses travaux
00:18 et le politique va devoir en tenir compte.
00:21 -La délibération collective produit des choses formidables.
00:25 -184 citoyens, 9 week-ends, 27 jours et des débats vifs,
00:29 sur la façon dont on veut mourir en France.
00:33 -Quelles conditions
00:34 doivent-ils aborder pour avoir droit d'arrêter de souffrir ?
00:37 -Il y aura des délivres, c'est sûr.
00:39 -Je veux aussi ne pas faire en sorte que ça soit en france évoluée.
00:44 Applaudissements
00:46 -Ils ont débattu, écouté, réfléchi, changé d'avis parfois aussi.
00:51 -On va devoir aborder des questions morales et éthiques.
00:55 -C'est un peu les montagnes russes émotionnelles.
00:57 -Ca m'a bouleversé.
00:59 -Plonger au coeur des débats
01:02 sur une question à la fois intime et universelle.
01:05 Musique douce
01:07 ...
01:12 Durant quatre mois, le Conseil économique et social
01:16 a été le théâtre d'un exercice démocratique inhabituel.
01:20 Le président de la République a voulu questionner
01:23 la société civile sur la fin de vie.
01:25 Une Convention citoyenne a été créée.
01:28 184 Françaises et Français rassemblés.
01:32 Ils ont entre 20 et 86 ans.
01:35 Ils sont d'origines géographiques et sociales très différentes.
01:39 Tous ont été tirés au sort.
01:42 Et certains n'en reviennent toujours pas.
01:45 -On a tous cru que c'était un gag, du démarchage téléphonique.
01:48 Parce que, voilà, c'est assez incroyable, finalement.
01:52 On est 185 sur la totalité de la population française.
01:55 C'est assez incroyable.
01:57 -Leur mission ?
01:59 Dire si la loi actuelle sur la fin de vie leur paraît satisfaisante
02:03 ou s'il faudrait l'élargir.
02:05 -C'est l'aspect de la démocratie participative
02:09 et même au-delà de la démocratie,
02:12 du fonctionnement de notre démocratie,
02:14 qui m'intéresse beaucoup.
02:17 -Je pense qu'on sera absolument capables de construire
02:20 un avis qui sera solide, qui sera argumenté,
02:23 qui sera dans les conditions APG,
02:25 à mon avis, assez proche de ce qu'est la réalité,
02:30 ou en tout cas de ce que peut être l'opinion.
02:32 -Dans tous les esprits, cette question.
02:35 Dans quelle mesure leurs délibérations
02:38 vont être entendues par le politique ?
02:40 La Convention citoyenne sur le climat a laissé des traces.
02:43 Pour les rassurer, la présidente de l'Assemblée nationale
02:47 a voulu clarifier leur rôle.
02:49 Musique douce
02:51 -Vos délibérations sont notre poussole.
02:55 Donc ce sera pris en compte.
02:57 Soyez-en certains.
02:59 Et je pense qu'il n'y aura pas un parlementaire
03:03 qui n'aura pas lu toutes les lignes,
03:06 chaque page, chaque ligne, chaque mot de vos délibérations.
03:10 Vous allez être une pierre de ce processus délibératif.
03:15 Le mur, nous allons le construire ensemble.
03:19 Vous apporterez des pierres,
03:21 l'Assemblée nationale en apportera,
03:23 le gouvernement en apportera, le Sénat en apportera.
03:26 Et tous ensemble, on va construire.
03:29 Vous voyez ? Et moi, c'est ça en quoi je crois.
03:33 Applaudissements
03:35 ...
03:39 -Mais avant tout, rappel de ce que dit la loi actuelle
03:42 sur la fin de vie.
03:43 -On va commencer cette première audition
03:46 par un échange avec Alain Presse.
03:48 Alain Presse a été député entre 1997 et 2017.
03:53 Il est co-auteur de la loi dite "Resuris".
03:55 -Bonjour à toutes et à tous.
03:58 -Les citoyens vont apprendre que cette loi autorise,
04:01 dans certains cas, le recours à la sédation profonde et continue.
04:05 -Cette loi, elle est continue.
04:08 Je souhaiterais réclamer le tout-très-moins.
04:12 Lorsqu'une personne
04:14 est atteinte d'un incurable,
04:18 est en progressive vitale,
04:22 est engagée à courir,
04:24 on emporte le patient à la personne
04:29 et elle ne se réveille pas.
04:33 C'est-à-dire qu'on l'accompagne
04:35 dans ses derniers moments pour éviter les douleurs
04:39 de la vraie maladie.
04:41 On l'accompagne jusqu'à la fin de la sédation.
04:44 -Cette sédation n'est possible qu'en phase terminale,
04:48 quand le patient est certain de décéder à court terme.
04:52 Les citoyens réalisent qu'elle est très restrictive.
04:55 ...
04:57 -Pourquoi certains patients
04:59 atteints de maladies neurodégénératives,
05:02 telles que la maladie de Sarkozy par King-Som,
05:04 étaient exclus du cadre de cette loi ?
05:06 -Je vous le dis en tant qu'administrateur,
05:10 cette sédation ne règle pas tous les cas.
05:14 Il se pose deux sujets
05:18 de ce qu'on appelle les actus anormales.
05:23 -Chacun arrive avec ses références,
05:28 sa culture, ses croyances.
05:31 -Il me semble complètement anormal
05:34 que des citoyens français aisés
05:37 puissent aller en Suisse,
05:41 en Belgique, en Espagne, au Portugal,
05:45 comme le faisaient les femmes
05:48 il y a 50 ou 60 ans
05:50 pour interrompre une grossesse,
05:55 mettant leur vie en danger.
05:57 Il me semble anormal
05:58 que nous soyons dans cette situation.
06:02 -D'autres ont un vécu particulier
06:05 et des opinions bien tranchées.
06:08 -J'aimerais que cette loi existe.
06:10 J'ai la sclérose en plaques
06:12 et je me suis toujours dit
06:13 que je ne pourrais pas terminer dans un lit
06:16 sans savoir trop bouger.
06:19 -Au départ, je suis plutôt contre.
06:21 Avec des soins palliatifs plus performants,
06:24 il y aurait quand même beaucoup de situations
06:27 où les gens pourraient vivre encore quelques mois,
06:30 quelques jours, et parfois, ces jours-là,
06:32 ils sont fondamentaux.
06:33 Musique intrigante
06:36 ...
06:37 -Justement, le week-end suivant,
06:39 ils vont pouvoir appréhender les modèles
06:42 apportés par la Belgique et la Suisse
06:44 quand elles ont légalisé l'aide active à mourir.
06:47 ...
06:49 -J'appelle tout de suite Corine Fleiss-Von Ost,
06:53 Claudia Magri et Irène Tah.
06:55 Applaudissements
06:57 ...
07:00 -Je travaille en Belgique depuis plus de 30 ans
07:03 dans le cadre des soins palliatifs.
07:06 Qui peut demander, Claudia Magri ?
07:08 Un patient majeur, capable et conscient.
07:12 Et un patient mineur, ça, ça a été une évolution en 2014,
07:16 à condition qu'il y ait une capacité de discernement.
07:19 La demande est formulée de manière volontaire,
07:23 réfléchie et répétée.
07:25 Le patient se trouve dans une situation médicale sans issue
07:29 et fait état d'une souffrance physique ou psychique
07:33 constante, insupportable, qui ne peut être apaisée.
07:36 Nous avons énormément de demandes de thalassine
07:39 et peu d'actes de thalassine.
07:41 Musique joyeuse
07:43 -Beaucoup ont entendu parler de la mort de Jean-Luc Godard.
07:47 Ce jour-là, il découvre le modèle suisse,
07:49 celui du suicide assisté, où le patient se donne
07:52 la mort et où les associations comme Dignitas
07:55 jouent un rôle majeur.
07:57 -Pour faire une demande,
07:58 il faut avoir la capacité de discernement.
08:01 Et pour être en mesure de faire la procédure,
08:07 la personne doit avoir un minimum de priorité corporelle.
08:11 Dignitas est en charge de procurer le minimum d'état
08:16 pour les personnes qui ne résident pas en Suisse.
08:19 C'est un peu plus de 10 000 euros.
08:22 ...
08:25 -Je vois déjà que d'un côté en Suisse,
08:27 on a une association, alors que de l'autre côté, en Belgique,
08:30 c'est le système et l'organisation sanitaire
08:33 qui se préoccupent de ça.
08:35 J'ai trouvé que le schéma Belge était intéressant
08:38 parce qu'il mettait le médecin traitant au coeur du système.
08:41 -Le sujet interroge.
08:43 Même après deux heures de conférence,
08:46 les citoyens veulent prolonger le moment.
08:48 Même en Belgique, on ne tenasie que des gens
08:51 qui ont encore tous leurs esprits.
08:53 -J'étonnasie des gens qui, jusqu'au bout,
08:55 me disent "c'est ça que je veux, docteur".
08:58 C'est la grosse question de la démence pour les familles
09:01 qui disent "mais maman, quand elle a eu son diagnostic,
09:04 "si j'ai une démence, je mourrai par étonnance".
09:06 Et maintenant, elle n'a plus sa tête,
09:10 elle pense qu'elle a 50 ans, 30 ou 20, et voilà,
09:13 et elle ne le demande plus.
09:15 Et nous, on la voit se dégrader, et c'est pas digne.
09:18 Et elle a fait une déclaration anticipée.
09:20 -Le débat sur la fin de vie
09:24 convoque aussi notre conception morale,
09:26 éthique et religieuse de l'existence.
09:29 Quel regard portent les représentants des catholiques,
09:32 des protestants, des musulmans ou des juifs
09:35 sur la question de l'aide active à mourir ?
09:37 Partagent-ils la même opinion ?
09:41 -Est-ce que vous pouvez nous rappeler
09:43 ce que dit votre religion de la fin de vie ?
09:46 -Nous ne disons pas que Dieu nous retire la vie
09:49 à la fin de la vie terrestre,
09:52 mais nous disons qu'il nous accueille avec lui
09:56 et que la vie que nous recevons est une vie transformée
09:59 à la fin de notre vie terrestre.
10:01 -Comme les catholiques, les autres cultes estiment
10:05 que seul Dieu, créateur de la vie, est le maître des horloges.
10:08 -On ne peut pas décider de se laisser mourir.
10:12 Là également, nous nous accrochons désespérément
10:16 à la volonté de Dieu.
10:18 -Pour tous, si on légalisait l'aide active à mourir,
10:22 ceci équivaudrait à un changement de civilisation,
10:25 quitte à grossir le trait.
10:27 -Un jour, on nous dira,
10:29 dès que vous ne courez plus 100 mètres en 12 ou 13 secondes,
10:32 dès que vous n'arrivez plus à faire un match complet de football
10:36 de 2 fois 45 minutes,
10:37 vous n'êtes plus capables d'exister.
10:40 -Je voudrais vous dire que la question qui se pose
10:43 précisément à vous, aujourd'hui, je cite le grand rabbin,
10:46 est une rupture.
10:48 On parlait d'une rupture anthropologique.
10:50 Jusqu'à présent, notre loi accompagne la mort.
10:53 La question qui se pose, si on fait évoluer,
10:56 est-ce qu'on bouge vers le don de la mort ?
10:59 -Un point de vue pas forcément partagé par les croyants.
11:02 Les pratiquants et quelle que soit leur religion
11:05 se déclarent dans les sondages majoritairement favorables
11:08 à l'aide active à mourir.
11:10 D'ailleurs, ce jour-là, les conventionnels
11:13 sont peu sensibles aux discours des religieux.
11:15 -A titre laïc, moi, ça ne me touche pas
11:18 et je considère que les arguments dogmatiques,
11:21 enfin, ce qu'on pourrait appeler dogmatiques,
11:24 parce que ça appartient à un ensemble de croyances,
11:27 ça va avoir droit de citer dans le débat.
11:29 -Je suis issu de la région catholique,
11:32 mais ça n'empêche pas quand même que la loi, elle est ce qu'elle est,
11:35 mais nous sommes des citoyens et la vie, elle évolue,
11:39 les temps changent, alors il faudrait quand même,
11:41 je pense, se mettre à la page, je crois.
11:44 Musique douce
11:46 -Mais bientôt, les citoyens vont faire face
11:49 à des maux qui vont les faire vaciller.
11:51 Cet après-midi, là, médecins et infirmières
11:54 en soins palliatifs témoignent.
11:56 Leur message est simple.
11:58 Avant de vouloir changer la loi, encore faudrait-il l'appliquer.
12:02 Faute de lits, deux tiers des personnes gravement malades
12:06 meurent sans avoir accès aux soins palliatifs.
12:09 -Je viens d'un département rural,
12:11 on n'a pas d'unité de soins palliatifs,
12:14 il n'y a pas de place en soins de suite,
12:16 il n'y a pas de place en PAD, les familles sont désemparées
12:19 et les familles, elles m'ont dit aussi
12:22 pourquoi la loi, elle, n'est pas appliquée,
12:24 pourquoi les gens n'ont pas accès aux soins palliatifs.
12:27 -Ce qui manque aux soignants que nous sommes,
12:30 c'est le temps à accompagner, justement,
12:34 à être...
12:37 présent.
12:38 -Quant à la possibilité de permettre l'aide active à mourir,
12:42 elle leur paraît contre nature.
12:43 -C'est il y a quelques années.
12:45 -On n'a pas fait ce métier pour aider un patient à mourir.
12:48 C'est pas possible pour moi, c'est juste pas possible du tout.
12:52 Du tout, du tout, du tout.
12:54 -Selon ces soignants, les demandes d'euthanasie des patients
12:57 baisseraient quand la prise en charge en soins palliatifs
13:00 est efficiente.
13:01 -Ca m'interpelle quand même
13:04 sur des choses que j'avais pas imaginées.
13:07 -Si les problématiques ne sont pas déjà réglées à la base,
13:10 c'est-à-dire le manque de personnel,
13:13 le manque de moyens, le manque de formation,
13:16 comment on peut évoluer dans la décision,
13:20 dans la question qui nous est posée ?
13:22 -Il y a eu une quasi-unanimité des soignants,
13:25 donc médecins, infirmières, accompagnants,
13:28 contre l'euthanasie.
13:30 ...
13:34 Ca, je peux le dire, moi, ça m'a bouleversé.
13:36 Musique inquiétante
13:38 -Après ce week-end,
13:40 les conventionnels réalisent plus que jamais
13:42 à quel point la question qu'on leur a posée
13:45 est complexe et multiforme.
13:47 ...
13:50 Retour au débat,
13:52 début janvier, les citoyens vont être plongés
13:55 dans le grand bain des arguments pour ou contre
13:58 l'aide active à mourir,
13:59 avec un face-à-face détonant.
14:03 -Je suis président bénévole de l'Association
14:05 pour le droit de mourir dans la dignité.
14:07 -Je suis médecine palliatif à Narbonne,
14:10 présidente de l'ASFAP,
14:11 l'Association française d'accompagnement
14:14 et de soins palliatifs.
14:15 -Le principe est très simple,
14:17 c'est que les soins palliatifs ne peuvent pas tout.
14:20 -L'hôpital est dans un état très difficile
14:22 et si les soins lui en partent, en grand,
14:25 ou si serrés actuellement,
14:26 c'est parce que ce qu'on leur demande
14:29 n'a pas de sens pour eux.
14:30 -Si les soins palliatifs ne peuvent pas tout
14:33 et si la loi aujourd'hui ne permet pas
14:35 pour la DND et pour beaucoup de Français
14:37 d'accompagner tous les parcours en fin de vie,
14:40 nous souhaitons aussi des aides à la réalisation,
14:43 de l'aide active à mourir,
14:44 de l'euthanasie et du suicide assisté.
14:48 -C'est seulement 2 % de l'ensemble de ces acteurs
14:50 de soins palliatifs qui nous disent
14:52 qu'ils peuvent envisager l'euthanasie.
14:55 -Ce n'est pas demain l'aide active à mourir
14:57 pour toutes et pour tous, fort heureusement,
15:00 mais ce qu'on souhaite, c'est que chacun puisse avoir ce choix.
15:03 -A partir du moment où il y a une loi,
15:06 toutes les personnes seront obligées de l'envisager.
15:09 La présence de la loi fait que chacun va être amené
15:12 à se demander si ce serait mieux pour lui,
15:14 pour ses proches, pour la société,
15:17 qu'il fasse ce choix-là.
15:18 -Je ne suis pas le méchant qui vient dire
15:20 "Ta vie ne compte pas, on va te donner l'aide active à mourir
15:24 "parce que t'as demandé l'aide active à mourir."
15:26 On peut partir dans ces théories-là,
15:28 mais on va dans un débat inverse.
15:30 Je vous propose un débat qui cadre.
15:33 -Dans 2 semaines, vont commencer les phases de délibération.
15:36 Chaque citoyen doit se forger un avis.
15:38 ...
15:41 -Je me nourris de tous ces échanges
15:43 et je pense que c'est important d'avoir ces 2 positions.
15:46 Ca nous avait manqué pendant les 2 premières sessions
15:49 et c'était nécessaire, je crois que ça arrive maintenant,
15:52 qu'on ait ce début de débat contradictoire
15:55 avec des positions qui commencent à s'affronter.
15:58 -Il y a des oscillations.
15:59 "Ah oui, tiens, c'est pas faux ce qu'il a dit."
16:02 Et puis après, quelqu'un va venir donner un contre-exemple.
16:05 C'est un peu les montagnes russes émotionnelles, quand même.
16:09 -Les arguments théoriques
16:12 deviennent soudain tout à fait concrets.
16:15 La prochaine audition va replacer le malade au centre du débat.
16:18 Nathalie Maca appartient à une famille
16:22 qui porte un gène responsable de la maladie de Charcot.
16:25 Une maladie qui ronge peu à peu toutes les fonctions motrices
16:29 jusqu'à ce que le patient meurt étouffé.
16:32 -J'étais à 14 ans, jeune et dente.
16:35 Mon papa est décédé il y a plus de 25 ans.
16:37 Ma grand-mère, qui a les bons enfants,
16:39 en a perdu 6, dans la fratrie, mon papa.
16:42 Aujourd'hui, mes cousins et cousines sont en Amman.
16:45 Je dois partir à mon tour de ma famille tous les deux ans.
16:48 -Nathalie Maca a vu mourir sa cousine
16:51 dans des conditions atroces,
16:53 avec une sédation qui s'est éternisée.
16:55 Elle a vu son frère se suicider.
16:58 Autant dire que la loi actuelle est, selon elle, inadaptée.
17:01 -La loi médicale, aujourd'hui, elle est imparfaite.
17:05 On va préférer parfois...
17:07 Euh...
17:08 Je m'excuse déjà pour le corps médical,
17:10 qui doit être d'accord avec moi,
17:12 mais laisser mourir de faim, de soif, un malade,
17:14 pour ne pas prendre la responsabilité
17:17 d'aller au bout de cet acte.
17:18 -Il est difficile.
17:20 Il faut prendre le temps de se dire qu'on doit être raisonnable
17:23 et qu'on doit donner à des personnes l'occasion,
17:28 si elles le souhaitent, de s'en aller dignement.
17:31 Et donc, oui, on a des demandes d'euthanasie.
17:34 C'est une maladie létale, la maladie de Tcherkou.
17:37 La question ne se pose pas.
17:38 On doit avoir le droit de dire "J'ai envie de m'en aller".
17:42 Applaudissements
17:43 -Clairement, là, c'est du concret.
17:45 Elle dit bien que oui, c'est un besoin pour tous
17:48 de pouvoir mourir dignement et de choisir sa mort.
17:51 -Là, on arrive vraiment dans des personnes
17:54 qui ont un diagnostic vital qui est engagé
17:57 sur le court, moyen, voire parfois long terme,
18:00 si on sait qu'on a le gène,
18:01 mais qu'on n'est pas en capacité de déclencher la maladie.
18:04 Ca, c'est des situations qui peuvent poser débat
18:07 et qui peuvent être des éléments pour alimenter
18:10 la décision qui découlera de nos travaux.
18:12 -Mais avant de trancher la délicate question
18:14 de l'aide active à mourir,
18:16 les citoyens veulent interpeller le politique
18:19 sur ce qui leur paraît être un impératif absolu.
18:22 Depuis des semaines, quelles que soient leurs opinions,
18:26 les participants sont frappés par un constat.
18:29 Le traitement de la douleur, l'accompagnement vers la mort
18:33 ne sont pas à la hauteur des besoins faute de moyens.
18:37 -Quand la fin de la vie se rapproche,
18:39 il faut qu'on ait besoin d'anticiper cette fin de vie.
18:42 -D'atelier en atelier, l'état des lieux est alarmant.
18:47 -Mais quels sont les chiffres ?
18:49 Ca veut dire qu'il manque 50 médecins ou il en manque 5 000,
18:52 il manque une unité de soins palliatifs
18:54 ou il en manque 10, 20, 30 ?
18:56 -Les médecins sont un peu aussi forcés par le système de l'hôpital
19:00 à ne pas passer du temps, beaucoup de temps avec les patients
19:03 et plutôt à faire des actes et tout ça.
19:06 -D'autant que dans les années à venir,
19:08 les besoins de soins palliatifs vont être exponentiels.
19:12 -Il y a 10 % de gens qui ont plus de 75 ans,
19:17 actuellement, mais il y en aura 20 % dans quelques années.
19:21 Pourquoi ? Parce que c'est les progrès de la médecine.
19:25 -Alors, ils vont s'entendre sur près de 65 mesures concrètes
19:30 à remettre à la première ministre
19:32 pour que les soins palliatifs
19:34 soient plus le parent pauvre de l'hôpital.
19:36 Musique douce
19:38 ...
19:40 -Proposition 26.
19:42 Fixer pour chaque région
19:45 des objectifs de couverture exhaustive,
19:48 besoins et disponibilité en soins palliatifs
19:51 pour 100 % de la population de la région.
19:54 Le vote est ouvert.
19:56 -Aujourd'hui encore, plus d'une vingtaine de départements
20:00 sont totalement dépourvus d'unités de soins palliatifs.
20:03 ...
20:06 -La proposition est acceptée avec 60 %.
20:09 ...
20:12 -Obliger les EHPAD
20:15 à avoir plus de personnel formé en soins palliatifs.
20:19 -Les EHPAD sont démunis de soins palliatifs,
20:23 alors que c'est l'endroit où meurent 20 % des Français.
20:26 -La proposition est acceptée à 91 %.
20:31 -Dans le cadre d'une sédation profonde
20:34 et continue à domicile,
20:36 renforcer l'accompagnement des proches.
20:39 Le vote est ouvert.
20:41 -Car aujourd'hui, les proches aidants
20:43 sont les grands oubliés de la loi.
20:46 -La proposition est acceptée à 83 %.
20:49 ...
20:51 -Désormais, reste le sujet qui fâche le plus clivant,
20:55 celui de l'aide active à mourir.
20:58 Les citoyens ont planché par groupe
21:00 pour lister les conditions qui seraient indispensables,
21:04 pour pouvoir prétendre à l'aide active à mourir.
21:07 -Le temps qui arrive, il a pour objectif de partager
21:10 aux arguments sur l'accès à l'aide active à mourir.
21:13 -Tous s'entendent pour dire
21:15 que le patient doit avoir son libre arbitre,
21:18 mais faut-il par exemple qu'il soit condamné ?
21:21 -Dans notre groupe, on s'est dit
21:23 qu'il fallait qu'on ait la notion d'incurabilité.
21:27 -Nous, on a rajouté le mot de l'idée
21:29 de situation notamment de femme
21:32 qui fut invivable en raison d'incurabilité.
21:35 -Autre question très clivante,
21:37 cet acte peut-il être possible pour des mineurs ?
21:41 -Un cancer pédiatrique, c'est un cancer.
21:44 Pourquoi on pourrait satisfaire
21:48 les demandes d'un adulte et pas celles d'un enfant ?
21:51 -La question des mineurs, c'est si un des acteurs est le parent,
21:55 on a tendance à lui en prendre une piscite
21:57 et je n'ai pas rien à dire.
21:59 -Que dire des dépressifs chroniques
22:01 qui demanderaient une euthanasie ?
22:04 -Ca m'interroge sur des maladies
22:06 où l'envie de mourir, la pensée suicidaire,
22:08 est un symptôme à part entière de la maladie.
22:11 Ca peut être le cas d'un symptôme dépressif sévère.
22:15 Est-ce que finalement, l'aide active à mourir
22:18 n'est pas une façon un peu radicale de soigner ce symptôme ?
22:21 Je pose la question.
22:23 -Lorsqu'il y a une question
22:25 d'avancée légiférée sur les questions sociales,
22:28 il y a toujours cette crainte de la vie possible,
22:30 de la lune rouge.
22:32 Être mort, abortion, la baisse de mort,
22:34 il y aura beaucoup plus de criminalités dans notre pays.
22:37 Est-ce qu'on rend compte de cette situation ?
22:40 Faisons confiance aussi à notre société pour s'autoréguler.
22:44 Je comprends que quand on doit légiférer
22:47 sur les questions de société, ça bouscule,
22:50 mais il faut aussi ne pas faire en sorte
22:53 que ça soit un frein évolué.
22:55 Applaudissements
22:57 ...
22:59 -Les débats sont vifs, débordant même le cadre de l'hémicycle.
23:03 -Il n'est pas inconditionnel.
23:05 -Au vu des moyens, de la société,
23:07 des choses qui vont se passer par rapport à ce que nous,
23:10 il y aura forcément des évolutions qui vont être amenées.
23:13 -Il y a une position hypocrite,
23:15 qui serait d'ouvrir la porte en disant
23:17 qu'on va la barricader à quelques cas,
23:20 tout en sachant pertinemment
23:21 que ces cas vont inéluctablement sauter
23:24 par l'évolution de la loi, par l'évolution de la société.
23:27 -Plus qu'un week-end pour finaliser leurs recommandations.
23:31 Dernier jour de l'ultime session.
23:35 Et le vote d'un texte de 150 pages argumentées
23:38 pour créer un modèle français de l'aide active à mourir.
23:42 -Notre convention a répondu
23:45 à 97 %
23:48 que le cadre d'accompagnement de la fin de vie
23:52 doit être amélioré.
23:54 Pour 76 % d'entre nous,
23:56 l'accès à l'aide active à mourir doit être ouvert.
24:00 Concernant les formes d'accès à l'aide active à mourir,
24:03 la convention citoyenne a fait émerger
24:06 une position majoritaire,
24:08 celle de la nécessité de mettre en place
24:11 suicide assisté et euthanasie,
24:14 avec de nombreuses nuances
24:16 reflétant la complexité du sujet.
24:19 -Pour y avoir accès,
24:21 le patient devrait avoir une maladie incurable
24:24 et faire preuve de discernement.
24:26 En revanche, pour les mineurs, c'est non.
24:28 Pour ne pas heurter les soignants,
24:30 les citoyens leur ont donné une échappatoire.
24:33 -Concernant l'implication des personnels soignants,
24:36 la convention a adopté le principe
24:39 d'une pause de conscience.
24:40 -Après quatre mois de travail,
24:43 ces 184 là ont l'impression d'avoir vécu
24:47 un moment privilégié grâce à la convention.
24:49 -C'était génial,
24:52 parce que c'est quelque chose d'unique dans une vie
24:55 de pouvoir réfléchir avec autant de monde
24:58 et d'arriver à le faire,
24:59 et de voir qu'on a réussi à construire
25:01 quelque chose de cohérent.
25:03 -C'est une aventure extraordinaire,
25:05 ça bouscule, on se retrouve avec des gens
25:07 qu'on n'aurait jamais rencontrés autrement.
25:10 -Je ne saisis toujours pas, je ne réalise toujours pas
25:13 d'avoir participé à ça, mais ça fait quelque chose.
25:16 -Un processus plein d'enseignements,
25:20 au-delà même du thème de la fin de vie.
25:22 -Sur la démocratie, ça nous dit beaucoup de choses.
25:25 Quand on nous donne l'opportunité, la parole,
25:27 et qu'on nous fait confiance,
25:29 on est capable de produire quelque chose
25:31 et on a envie de le produire.
25:33 C'est ça qui est très beau.
25:34 -J'espère que ça continuera et qu'il y aura
25:37 d'autres conventions citoyennes pour traiter des sujets
25:40 aussi importants et peut-être difficiles
25:42 avec le même respect.
25:44 -Moi, je me dis comme mes collègues,
25:46 la convention se termine, mais le débat s'ouvre.
25:48 On continue et on espère que le débat s'ouvrira
25:51 bien évidemment au Parlement.
25:53 -Les cartes sont désormais entre les mains
25:55 du président de la République,
25:57 qui a demandé qu'un texte soit présenté
26:00 en Conseil des ministres avant la fin de l'été.
26:03 ...

Recommandations