• l’année dernière
La commission d’enquête sénatoriale sur la pénurie de médicaments a interrogé ce mardi 11 avril des médecins et des pharmaciens. Le docteur Yves Juillet, membre de l'Académie de médecine insiste sur le rôle des prix bas dans la pénurie que connaît la France comparée à ses voisins européens. 


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Transcription
00:00 Il est clair que globalement il y a une tension sur l'ensemble des marchés, sur le plan mondial, sur les médicaments.
00:06 Parce que la consommation augmente au niveau mondial et la production n'augmente pas à la même vitesse.
00:11 C'est la première chose.
00:12 Il y a deuxièmement un problème spécifique français, c'est qu'on a plus de pénuries en France que dans d'autres pays européens qui sont comparables.
00:21 En particulier les pays du nord de l'Europe, il n'y a pas de pénurie.
00:26 Et d'autre part, il y a un certain nombre de pays qui ont pris des mesures, cela a été évoqué, des mesures d'augmentation de prix au Portugal, en Espagne et au Danemark et en Norvège.
00:38 Il y a du court terme et du long terme.
00:45 Le court terme c'est d'essayer de pallier la difficulté qui se pose au quotidien.
00:50 Il y a un certain nombre de produits très précis dont on sait que le problème est quand même très proche du problème du prix.
00:57 Quand vous voyez qu'un traitement antihypertenseur, un diurétique comme les Hydrex, est à 4,10€ pour trois mois de traitement, vous vous dites que ce n'est quand même pas grand chose.
01:10 Et donc il faudrait regarder de près pour les produits qui sont en rupture, quel est leur prix et voir avec les pouvoirs publics ce qui se passe.
01:19 Il y a également, alors là c'est pour le court terme, il faudrait regarder sur les produits qui sont en tension, quel est leur prix et comment et éventuellement s'il y a des solutions.
01:29 Pour le moyen terme, on parle de relocalisation, on parle de production en France.
01:34 Mais tout ceci s'inscrit dans des années et des années.
01:38 Il ne faut se faire aucune illusion.
01:40 Et même quand on parle du paracétamol relocalisé en France, ce sont les dernières étapes.
01:45 Les premières étapes sont toujours en Chine.
01:47 Donc ce que fait Sequence, c'est très bien, mais ce sont les deux dernières étapes, les deux premières étapes c'est en Chine.
01:54 Et il faut savoir que la relocalisation en France, ça veut dire un certain nombre de conséquences, c'est remettre de l'industrie chimique, polluante, éventuellement avec des spécificités.
02:05 Il faut les accepter comme tels.
02:07 Troisième point, dans le quotidien, il faut essayer quand même de valoriser, si on fait des relocalisations, ce qui se passe en France.
02:15 Alors actuellement, mon voisin a évoqué les appels d'offres, mais si vous avez un ou deux centimes d'euros qui sont supérieurs,
02:22 bien que ça soit une production en France, on choisit ce qui est moins cher.
02:27 Donc il ne faut pas être schizophrène dans la manière dont on gère cela.
02:31 Et donc considérer des appels d'offres plus spécifiques et avec une base nationale, et non plus seulement européenne,
02:40 et il faut voir comment ça peut se faire sur le plan légal, mais c'est une piste qu'il faut regarder de près.
02:47 Alors, maintenant je voudrais répondre à la question concernant les patients.
02:52 C'est un point tout à fait important parce que je pense qu'on n'a pas assez répondu à vos questions sur ce sujet.
02:56 Le médecin, il n'est pas directement en première ligne, au premier degré, je veux dire.
03:04 Il fait sa prescription et le patient, il va où ? Il va à la pharmacie.
03:07 Et à la pharmacie, qu'est-ce qui se passe ? Eh bien, il n'y a pas de médicament.
03:11 Donc le pharmacien essaie de se débrouiller d'abord tout seul.
03:15 Donc il essaie de faire, de trouver des produits.
03:18 Alors vous savez qu'il y a des substitutions avec des produits qui sont importés.
03:21 Il y a des autorisations d'importation spécifiques pour certains produits en rupture.
03:26 La NSM donne des autorisations de ce genre.
03:29 Sauf que récemment, exemple, le paracétamol sirop enfant est arrivé d'Allemagne avec des notices seulement en allemand.
03:39 Donc vous voyez la tête des parents.
03:41 Donc le pharmacien est en première ligne et il essaie de se débrouiller.
03:45 Quand il n'arrive pas à se débrouiller, il se retourne vers le médecin.
03:49 Parce que lui, il n'a pas le droit de faire la substitution thérapeutique.
03:52 Là, on parle de la ville, on ne parle pas de l'hôpital.
03:54 Les pharmaciens hospitaliers ont beaucoup plus de possibilités.
03:57 Et donc en ville, il est obligé de se retourner vers le médecin.
04:01 Donc ce qui est tout à fait fondamental, c'est le dialogue entre le pharmacien et le médecin
04:06 et la confiance qui est établie, qui doit se maintenir, se développer entre le pharmacien et le médecin
04:13 sur les substitutions thérapeutiques qui sont dans un certain nombre de cas nécessaires.
04:19 Alors maintenant, la question que vous avez posée concernant la réalité de gens qui sont sans traitement du tout.
04:26 Je pense que c'est quand même relativement exceptionnel.
04:29 Je pense que si c'était le cas, ça serait sorti dans la presse, on en aurait entendu parler.
04:34 On n'en a pas réellement entendu parler.
04:36 Donc il y a peut-être quelques cas, mais tout à fait exceptionnels.
04:39 Donc je pense que dans la plupart des cas actuellement, on arrive par des substitutions thérapeutiques à des solutions.
04:46 Mais la substitution thérapeutique n'est pas une panacée.
04:51 On a dit qu'on pouvait changer un sartan par un autre.
04:56 On peut en théorie, mais en pratique, ce n'est pas si évident que ça.
04:59 Il faut que ça soit suivi.
05:01 Or, si à l'hôpital, on peut le faire parce que les médecins sont là en permanence, ça n'est pas le cas en ville.
05:07 Et d'autre part, il y a tout le problème du patient lui-même.
05:11 Il faut que le patient puisse comprendre ce qui se passe.
05:15 Et s'il y a le moindre problème, qu'il puisse immédiatement avoir un recours.
05:19 Et ce recours, il est difficile.
05:21 Et c'est là où il y a encore la conjonction entre le pharmacien et le médecin.
05:25 Le pharmacien est d'accès beaucoup plus facile que le médecin en pratique.
05:29 Et donc le pharmacien est amené à répondre à un certain nombre de questions quotidiennes.
05:34 Parce que le patient peut venir le voir sans rendez-vous.
05:37 Contrairement au médecin, c'est beaucoup plus difficile.
05:40 Donc on voit sur ce sujet des patients, la nécessité absolue d'une conjonction entre la profession pharmaceutique et la profession médicale.
05:50 Avec une difficulté qui a bien été expliquée par Madame Siré, c'est que les médecins en général sont beaucoup moins bien informés que les pharmaciens.
05:56 Les pharmaciens sont en ligne directe sur ces sujets.
05:59 C'est leur métier avec les pouvoirs publics, avec la NSM.
06:02 C'est beaucoup moins le cas pour les médecins.
06:04 Et donc il y a là une difficulté.
06:06 Il faudrait que les médecins puissent avoir une information plus régulière.
06:10 Voilà les quelques points que je voulais aborder pour répondre à une partie seulement de vos questions.
06:15 Merci beaucoup Docteur Siré.
06:17 De rien.
06:18 [Musique]

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