Mobilisation contre la réforme des retraites: Olivier Besancenot est l'invité de BFMTV
Lors de cette 11e de journée de mobilisation, 570 000 manifestants ont défilé dans les rues du pays selon le ministère de l'Intérieur contre "près de 2 millions" pour l'intersyndicale. Le gouvernement, de son côté, reste sur sa ligne de fermeté. Olivier Besancenot, porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste, est l'invité du 90 minutes de BFMTV.
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00:00:00 Notre soirée spéciale continue à l'issue de cette 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites,
00:00:05 qui accouche déjà d'une 12e journée. D'ailleurs, le rendez-vous est donné de nouveau jeudi prochain.
00:00:10 Notre invité ce soir, Olivier Besancenot. Bonsoir Olivier Besancenot.
00:00:13 Porte-parole du nouveau parti anticapitaliste du MPA avec plusieurs autres invités en plateau.
00:00:18 Vous êtes assez nombreux. Bonsoir Amandine Attalaya. Bonsoir Laurent Neumann.
00:00:21 Bonsoir Sophie Dravinelle, grand reporter au service politique du Cigaro.
00:00:25 Bonsoir Dominique Rizet. Bonsoir Mélanie Vercan du service polyjustice de BFMTV.
00:00:30 On voit tout de suite Classe d'Italie à Paris suivre la fin de la manifestation avec nos équipes qui sont sur place.
00:00:36 Est-ce que les derniers manifestants ont été dispersés ?
00:00:40 Je vois sur les images que les forces de l'ordre en tout cas sont toujours présentes.
00:00:45 Oui, la dispersion est en cours depuis pas mal de temps désormais.
00:00:49 Il y a maintenant plus de forces de l'ordre que de manifestants.
00:00:52 Vous le constatez sur ces images. Les policiers, les gendarmes de toutes les unités sont en train d'encercler les manifestants.
00:00:58 Ils faisaient tout le tour de la Place d'Italie au tout début et désormais ils repoussent les manifestants vers le boulevard Oriole
00:01:05 et également la bouche de métro la plus proche. Il reste donc quelques centaines de manifestants à peine ce soir.
00:01:11 Et vous allez le constater quand on regarde le reste de la place, ce ne sont que des forces de l'ordre qui sont présentes désormais.
00:01:17 C'est donc une manifestation qui est en train de se terminer. Sans usage de gaz lacrymogène,
00:01:22 les forces de l'ordre se sont contentées d'entourer toute la place et de progressivement restreindre la foule
00:01:28 dans ce petit périmètre juste à côté de la bouche de métro et du boulevard Oriole.
00:01:32 Merci beaucoup pour ces précisions. On va donc rester sur cette image en direct.
00:01:36 Et cette information qu'on a écrite sur l'écran, 154 blessés chez les forces de l'ordre,
00:01:41 c'est le chiffre qui est communiqué ce soir par le ministère de l'Intérieur.
00:01:44 Mélanie Bertrand, quel est le bilan que l'on peut faire de cette manifestation qui a été marquée par plusieurs images, plusieurs violences ?
00:01:51 Une symbolique par exemple la rotonde, la devanture de la rotonde incendie.
00:01:55 Oui, effectivement, la manifestation a commencé vraiment dans le calme aux alentours de 14 heures
00:02:00 et ça a dégénéré vers 16 heures, deux heures après le début, donc sur le boulevard du Montparnasse,
00:02:05 devant cette brasserie célèbre la rotonde. Et ça a dégénéré très vite avec des manifestants vêtus de noir
00:02:11 qui se sont positionnés en tête de cortège et qui ont lancé un bon nombre de projectiles envers des forces de l'ordre.
00:02:17 Il y avait à ce moment-là des CRS et des gendarmes mobiles.
00:02:19 On a vu la BRAV aussi intervenir pour disperser le black block qui s'était constitué.
00:02:23 Et puis ils s'en sont pris effectivement à ce restaurant en lançant des pavés, ils ont brisé les vitres.
00:02:28 Il y a un fumigène qui a atterri sur la devanture de la rotonde et qui a entraîné l'embrasement de cette toile
00:02:34 qui se trouvait au-dessus de la terrasse. Les pompiers ont dû intervenir.
00:02:37 Ça, c'était le premier moment compliqué à gérer pour les forces de l'ordre.
00:02:41 Et puis Place d'enfer Rochefort aussi dans le 14e arrondissement.
00:02:43 Il y a eu à nouveau des tensions un petit peu plus tard dans l'après-midi avec des personnes,
00:02:47 des casseurs qui s'en prennent à des magasins, à des boutiques qui cassent les vitres, à des agences bancaires également.
00:02:52 Et là, la manifestation est en train de se terminer. Place d'Italie, on a vu tout à l'heure un incendie de chantier
00:02:58 au milieu de la place qui a pu être maîtrisé. Le ministère de l'Intérieur communique de façon assez globale
00:03:04 sur cette journée de mobilisation qui a fait 154 blessés chez les forces de l'ordre, dont certains gravement.
00:03:09 C'est ce que dit Gérald Darmanin ce soir à Paris. Le bilan, il reste provisoire.
00:03:13 Mais ce que nous dit la préfecture de police, c'est 77 blessés, dont 13 transportés à l'hôpital,
00:03:18 que nos reporters ont pu filmer. On a vu par exemple une femme gendarme prendre un pavé dans l'œil
00:03:23 avec un traumatisme de l'œil qui a dû être transporté à l'hôpital.
00:03:26 Ça, c'est pour le bilan côté blessés, forces de l'ordre, ce qui a donné lieu à 111 interpellations.
00:03:32 Il y a évidemment des blessés côté manifestants. On n'a pas de bilan consolidé.
00:03:36 C'est difficile d'avoir ces chiffres, bien sûr, parce que c'est très épars partout en France, à Paris également.
00:03:41 Il y a des street medics qui peuvent nous informer, mais parfois ils ne prennent pas en charge forcément
00:03:45 tous les manifestants blessés. Mais nos reporters sur le terrain, oui, ont vu plusieurs manifestants blessés,
00:03:50 soignés, comme je le disais, par des street medics, puis emportés par les secours vers des hôpitaux,
00:03:55 on peut l'imaginer, en tout cas vers des points où ils pouvaient être soignés.
00:03:59 Donc voilà une journée compliquée, mais qui rassemble beaucoup de monde.
00:04:02 On est à 570 000 manifestants partout en France et 57 000 à Paris.
00:04:07 – Est-ce que cette journée était plus violente que la précédente, Dominique Rizet ?
00:04:12 – Moi, je n'ai pas les chiffres de la précédente journée.
00:04:15 C'est vrai que celle-ci, la manifestation avait une vilaine configuration.
00:04:19 À partir du moment où ça a bougé du côté de la Rotonde, comme l'expliquait tout de suite Mélanie,
00:04:26 à partir de ce moment-là, les choses se sont compliquées.
00:04:29 On a l'impression en tout cas qu'il y avait beaucoup de black blocs.
00:04:32 Et la manifestation pacifique a été perturbée par ces casseurs
00:04:37 que les forces de l'ordre ont mis du temps à évacuer et qui s'en sont pris, là encore,
00:04:43 à des commerces, agences bancaires, et ont retardé la manifestation.
00:04:49 Et il faut dire quand même que cette manifestation parisienne
00:04:54 nous a montré ce spectacle d'incendie, de tentative d'incendie de la Rotonde,
00:04:59 de vitrines cassées, de façades en bois qui avaient été posées devant une agence bancaire
00:05:03 qui ont été arrachées par des casseurs, mais que dans le reste de la France,
00:05:07 beaucoup de manifestations, la très très grande majorité des manifestations,
00:05:12 s'est très très bien passée et c'est important de le dire.
00:05:17 – Mélanie Vachon ?
00:05:18 – Oui, effectivement, le 28 mars, donc mardi de la semaine dernière,
00:05:22 on était à une cinquantaine de policiers blessés à Paris.
00:05:26 Et il y a une dizaine de jours, le 23 mars, un peu plus de 100,
00:05:29 donc effectivement cette journée, elle se situe entre les deux,
00:05:31 mais il n'est que 20h30, le bilan peut encore augmenter,
00:05:36 on aura un bilan consolidé dans la soirée ou demain.
00:05:39 – Que nous montre cette 11e journée de mobilisation ?
00:05:41 Alors que je le disais tout à l'heure, on a déjà les yeux rivés sur la 12e,
00:05:44 on en sera la semaine prochaine à la 12e journée de mobilisation.
00:05:46 On avait intitulé cette journée "L'ultime combat"
00:05:48 avec un point d'interrogation à la fin, on a la réponse aujourd'hui.
00:05:51 Ça se joue la semaine prochaine ?
00:05:52 – Bah, gardez le teaser, vous pouvez le faire encore quelques fois.
00:05:55 Non, ce n'est pas la dernière journée,
00:05:57 et puis il y a une détermination qui est très forte.
00:05:59 Je crois qu'on avait annoncé la couleur dès le départ,
00:06:01 c'est qu'un mouvement de cette envergure-là, ce n'est jamais linéaire,
00:06:04 ce n'est jamais l'espèce de raz-de-marée immédiat,
00:06:09 même si on l'aurait souhaité évidemment,
00:06:10 de quelque chose de rapide et d'efficace, mais là c'est inédit.
00:06:12 Ce qu'on est en train de vivre, c'est inédit.
00:06:14 C'est-à-dire que là, ça va faire,
00:06:15 c'est le moment où je commence à m'hyper dans les dates,
00:06:17 mais ça veut dire en gros, en un mois et demi,
00:06:19 on est à la 11e journée de manifestation,
00:06:21 avec des manifestations très importantes.
00:06:23 Moi, je suis surpris, je suis vraiment très surpris,
00:06:25 cet après-midi encore,
00:06:26 surpris d'un truc, c'est que par exemple,
00:06:27 il y en a pour qui c'est encore la première manifestation,
00:06:29 en ce moment même.
00:06:30 Oui, il y avait une boulangère hier sur ce plateau.
00:06:32 Il y a des artisans, des gens du privé,
00:06:33 enfin c'est vraiment surprenant.
00:06:35 Et puis il y a quelque chose qui a un fusée dans toute l'associé,
00:06:38 c'est-à-dire que derrière les chiffres
00:06:40 sur lesquels on scotche un petit peu,
00:06:41 il y a toutes ces actions qui se déroulent dans tout le territoire.
00:06:44 Je crois qu'il y a à peu près 350 à 400 actions,
00:06:47 manifestations de blocage, d'occupation.
00:06:49 Il y a 400 lycées, nous disent les associations,
00:06:51 qui ont été bloquées.
00:06:52 Des universités qui sont mobilisées, une vingtaine.
00:06:54 Donc si vous voulez, il y a quelque chose de très fort,
00:06:56 et notamment, et j'insiste toujours là-dessus,
00:06:58 parce que je crois que c'est le plus gros problème du pouvoir,
00:07:01 c'est très ancré dans les régions.
00:07:03 Très ancré dans les régions.
00:07:04 La fameuse France des sous-préfectures,
00:07:06 dont on a souvent parlé, elle est mobilisée.
00:07:08 Et donc après, au-delà des fluctuations,
00:07:10 c'est une contestation qui continue.
00:07:12 Et donc après, il y a des problèmes stratégiques pour gagner.
00:07:14 Il y a aussi des violences,
00:07:15 et je voulais aussi vous interroger là-dessus.
00:07:17 Alors c'est vrai que les journalistes sont souvent caricaturés
00:07:21 pour à chaque fois poser la question
00:07:22 "Est-ce que vous condamnez les violences ?"
00:07:23 Mais surtout, que répondez-vous à l'exécutif
00:07:25 qui vous accuse de légitimer les violences ?
00:07:27 Qui se débrouille.
00:07:29 Et là, on ne peut pas prendre à défaut,
00:07:30 on a annoncé la couleur dès le départ.
00:07:32 Dès le départ.
00:07:33 On a dit que face à une séquence
00:07:35 qui a été voulue par le pouvoir politique
00:07:37 sur cette question-là,
00:07:38 avec un bras de fer qui a été enclenché de cette manière-là,
00:07:41 avec une porte qui est close à chaque fois pour tout le monde,
00:07:44 il y a une expression qui ne me parle pas sur Macron,
00:07:47 c'est "le pompier pyromane".
00:07:49 Mais d'où il est pompier ?
00:07:51 Il est pyromane.
00:07:52 Il est pyromane, il allume et puis après il dit aux autres
00:07:55 "Allez, allez éteindre".
00:07:56 C'est comme dans les cours d'école,
00:07:57 il y en a comme ça, c'est les spécialistes.
00:07:59 Genre celui qui veut toujours se bagarrer,
00:08:00 qui dit toujours à ses potes
00:08:01 "Non, retiens-moi".
00:08:03 Il faut qu'il assume.
00:08:04 C'est sa responsabilité.
00:08:05 Mais quand on dit que vous légitimez les violences,
00:08:08 vous répondez quoi ?
00:08:08 C'est tellement classique.
00:08:09 Je veux dire, même en termes de stratégie,
00:08:12 pardon de le dire,
00:08:13 préfectorale,
00:08:14 nous on sait, on est des militants,
00:08:16 on sait à peu près quand une manifestation,
00:08:17 globalement, va se passer.
00:08:18 Moi, vous ne me croyez pas,
00:08:19 je vous dis que globalement,
00:08:21 vu le climat,
00:08:22 globalement, ça se passe bien.
00:08:23 Il y a de la détermination.
00:08:24 Globalement, franchement, ça se passe bien.
00:08:26 Maintenant, je vois bien le piège.
00:08:28 Le piège, c'est quoi ?
00:08:29 C'est qu'on nous offre un nouvel interlocuteur
00:08:31 qui est M. Darmanin.
00:08:32 Moi, je n'ai pas le temps avec lui.
00:08:33 Non mais je vous le dis, c'est-à-dire
00:08:34 les fusibles, je n'ai pas le temps.
00:08:36 Je n'ai plus le temps, je suis comme tous ceux et toutes celles
00:08:37 qui se sont mobilisés depuis un mois et demi.
00:08:39 On a eu Olivier Dussopt,
00:08:40 on a eu Élisabeth Morne,
00:08:41 et maintenant, on a M. Darmanin.
00:08:43 Nous, on veut le disjoncteur.
00:08:44 Celui qui a le pouvoir, c'est-à-dire Emmanuel Macron,
00:08:46 et qui joue sur les deux tableaux, qui n'arrête pas de dire
00:08:48 « Moi, je vais rentrer dans l'histoire »
00:08:49 comme celui qui a eu le cran
00:08:50 de faire une réforme que personne n'a voulu faire.
00:08:52 Et il se retranche derrière tout le monde,
00:08:54 derrière les forces de l'ordre,
00:08:55 derrière son gouvernement,
00:08:56 derrière les procès du parlementaire.
00:08:57 Et maintenant, le comble du comble,
00:08:59 il va en Chine en prétendant
00:09:01 avoir un rôle historique à jouer
00:09:03 pour faire la paix en Ukraine.
00:09:04 Une paix en Ukraine qu'on souhaite tous,
00:09:05 juste et durable,
00:09:07 mais qui essaie au moins d'apaiser la situation en France.
00:09:10 Donc, c'est d'abord et avant tout politique.
00:09:12 Le conflit qui se joue en ce moment,
00:09:13 ce n'est pas un conflit entre les manifestants
00:09:15 et les forces de l'ordre,
00:09:15 ce n'est pas un conflit entre les manifestants
00:09:18 et M. Darmanin, c'est un conflit...
00:09:19 - Pourquoi vous ne voulez pas justement
00:09:20 répondre à Gérald Darmanin ?
00:09:21 C'est vrai qu'il cible souvent l'extrême-gauche,
00:09:23 qu'il parle de casseurs d'extrême-gauche,
00:09:25 qu'il dit « le pays doit se réveiller
00:09:26 et condamner la violence de l'extrême-gauche »,
00:09:28 qu'il va jusqu'à parler de terrorisme intellectuel.
00:09:32 Que répondez-vous à ces définitions
00:09:33 qui vous sont adressées ?
00:09:34 - C'est tellement prévisible,
00:09:36 car après il faut rentrer dans le jeu,
00:09:37 bon ben voilà, il veut jouer les répliques,
00:09:41 les sosies de Nicolas Sarkozy,
00:09:42 ben bon courage !
00:09:44 Bon courage, parce qu'il va avoir un gros problème politique.
00:09:46 C'est un peu comme les embouteillages
00:09:48 sur le périphérique à 18h, voyez ?
00:09:49 C'est qu'il y a du monde maintenant,
00:09:50 à la différence de l'époque de Nicolas Sarkozy,
00:09:52 il y a du monde.
00:09:53 Il n'y a pas simplement le Rassemblement national,
00:09:55 il y a Zemmour, etc.
00:09:56 Donc, bon courage sur ce truc-là.
00:09:58 Donc, il joue en partie sa carte,
00:10:00 mais il y a aussi la réalité
00:10:02 de ce dispositif répressif qui souhaite,
00:10:04 en particulier, mais il est mandaté pour le faire.
00:10:06 Il est mandaté par Emmanuel Macron,
00:10:08 et il est mandaté, je le redis aussi,
00:10:10 dans le cadre d'un système...
00:10:11 - Vous dites "dispositif répressif",
00:10:12 il répond "maintien de l'ordre",
00:10:13 mais justement, pourquoi cette question
00:10:15 de la légitimation ou non de la violence
00:10:16 est importante, Laurent Neumann ?
00:10:17 - Oui, elle est importante,
00:10:19 mais moi ce qui m'étonne dans votre discours,
00:10:21 et très honnêtement, Olivier Besançon,
00:10:23 vous n'êtes pas le seul à tenir ce discours.
00:10:25 Moi, je m'attendais à ce que des gens de gauche,
00:10:28 comme vous, des gens opposés à la réforme des retraites,
00:10:30 comme vous, tiennent au minimum
00:10:32 le même discours que les syndicats.
00:10:34 Les syndicats, ils n'hésitent pas à condamner la violence,
00:10:37 mais surtout, ils expliquent quelque chose
00:10:39 qui semble de pur bon sens.
00:10:41 Et je m'étonne que vous n'embrayiez pas
00:10:44 sur ce terrain-là, c'est que ces violences
00:10:46 dans ces manifestations, elles nuisent
00:10:49 à la mobilisation, à double titre,
00:10:52 d'abord parce que ça crée le désordre,
00:10:54 et que certains se disent "ben voilà,
00:10:56 une manifestation, c'est le désordre,
00:10:58 il y a des violences, donc ça nuit à la manifestation",
00:11:00 et à la mobilisation.
00:11:02 Mais pire que ça, ça doit sans doute
00:11:05 réfréner un certain nombre de gens
00:11:06 qui iraient volontiers dans la rue,
00:11:08 mais qui n'y vont pas de peur d'être cuit.
00:11:11 Donc au minimum, si vous ne voulez pas condamner
00:11:13 ou rentrer dans le jeu de M. Darmanin,
00:11:15 au minimum, on s'attend à ce que quelqu'un
00:11:17 comme vous dise "arrêtez les violences,
00:11:19 ça nuit au combat".
00:11:20 Non mais j'ai bien compris,
00:11:21 mais comme je ne suis pas né de la dernière pluie,
00:11:22 si vous voulez, on a...
00:11:23 Mais c'est du bon sens ce que je dis.
00:11:26 Sur le constat, je dis, je partage...
00:11:28 Oui, mais vous ne le dites jamais.
00:11:29 Vous le dites tellement mieux que moi,
00:11:31 donc pourquoi se priver ?
00:11:32 Maintenant, je ne suis pas né de la dernière pluie,
00:11:34 on sort d'une séquence, je ne mens pas,
00:11:36 probablement de 5 à 10 ans de manifestations
00:11:38 qui étaient hyper tendues,
00:11:40 avec les éléments que vous disiez.
00:11:42 Là, la raison pour laquelle il y a des gens
00:11:43 pour qui c'est encore la première manifestation,
00:11:44 c'est qu'il y a un climat qui a changé
00:11:45 par la massivité.
00:11:47 Moi, ma réponse, ma méthodologie,
00:11:48 c'est le nombre, du nombre et encore du nombre
00:11:50 pour qu'on soit massivement aptes
00:11:53 à bloquer le gouvernement.
00:11:54 Mais raison de plus, pardon,
00:11:56 raison de plus pour condamner les violences,
00:11:58 pour que plus de gens aillent manifester.
00:12:00 Mais même ça, vous ne le faites pas ?
00:12:02 Pas à moi, moi, ce piège-là,
00:12:04 parce que quand je vous parlais de cette séquence-là,
00:12:05 j'ai passé une dizaine d'années
00:12:07 à répondre à cette question en permanence.
00:12:09 C'est ce qu'on expliquait,
00:12:10 ce que vous disiez un peu en boutade au début.
00:12:12 Là, j'ai annoncé la couleur,
00:12:14 mais comme plein d'autres à gauche,
00:12:15 et vous verrez que ça va jusqu'à gauche,
00:12:17 dans la gauche la plus modérée.
00:12:20 Dès le départ, on annonçait la couleur.
00:12:22 Ils seront responsables de la situation.
00:12:24 Vous me répondez piège de Gérald Darmanin,
00:12:27 mais ce n'est pas le sujet.
00:12:28 C'est ce que demandent les syndicats.
00:12:31 Si vous êtes à ce point à leur côté,
00:12:33 mais au minimum, tenez le même discours qu'eux,
00:12:35 ils disent "les violences, ça nuit à notre combat".
00:12:38 Donc dites au moins ça.
00:12:39 Non, mais là, vous n'y arriverez pas.
00:12:41 C'est-à-dire que là, je vous le dis,
00:12:42 vous avez un front soudé, soudé,
00:12:45 alors avec des spécificités syndicales, politiques.
00:12:47 Quand il a interrogé par exemple sur les images de la Rotonde,
00:12:49 je ne sais pas ce que vous pensez de cette image,
00:12:51 la devanture de la Rotonde incendiaire.
00:12:53 On explique le symbole,
00:12:54 mais je pense que tout le monde l'a,
00:12:55 mais quand même, je le redis.
00:12:56 La Rotonde, c'est cette brasserie où Emmanuel Macron
00:12:58 a célébré le premier tour de la présidentielle de 2017.
00:13:01 Donc l'image de la Rotonde, oui,
00:13:03 est associée à Emmanuel Macron.
00:13:04 D'ailleurs, vous avez dit tout à l'heure,
00:13:05 ce qu'on veut, c'est Macron.
00:13:07 Est-ce que quand vous voyez cette image,
00:13:08 ça vous réjouit ?
00:13:09 Ou est-ce que vous dites,
00:13:10 comme Laurent Berger,
00:13:12 "je condamne ces actes, ça n'a pas de sens
00:13:13 et ça n'a aucun rapport avec le combat que nous menons".
00:13:16 Est-ce que vous parlez comme Berger
00:13:17 ou différemment encore ce soir ?
00:13:19 Non, il y a des fois, on ne parle pas tout à fait la même langue,
00:13:21 mais ça n'empêche pas qu'on est ensemble
00:13:22 dans la manifestation réunie.
00:13:23 Moi, j'étais dans cette manif.
00:13:25 Ce que j'ai vu, moi,
00:13:27 c'est la détermination du nombre
00:13:29 et une contestation qui continue.
00:13:31 Mon objectif,
00:13:32 donc moi, je ne vais pas rentrer dans ce piège-là
00:13:34 parce que je vous dis que c'est un piège
00:13:35 et que ça va, j'ai déjà donné.
00:13:37 Donc moi, je ne suis pas là pour disserter
00:13:39 sur cette thématique qu'on veut nous imposer
00:13:41 avec les objectifs politiques
00:13:43 que je partage tout à fait,
00:13:44 c'est-à-dire jeter l'eau propre.
00:13:45 Voilà, on peut disserter, même entre nous,
00:13:47 je pourrais tomber dans le panneau
00:13:49 en discuter pendant des heures,
00:13:50 que la contestation,
00:13:51 elle continuerait quand même la radicalité et l'unité.
00:13:54 Pour moi, j'appartiens à une famille politique
00:13:56 qui revendique le fait que les deux aillent de pair.
00:13:57 Ce n'est peut-être pas le cas de tout le monde
00:13:59 dans la gauche syndicale et politique,
00:14:00 mais pour moi, la radicalité,
00:14:02 c'est ces actions qui existent, par exemple.
00:14:04 - Vous allez me trouver un tout petit peu taquin,
00:14:06 mais si je vous entends,
00:14:08 vous êtes en train de m'expliquer
00:14:09 que Laurent Berger, quand il tient ces propos-là,
00:14:12 lui, contrairement à vous,
00:14:13 tomberait dans le piège de Gérald Darmanin.
00:14:15 C'est quand même dingue.
00:14:16 - Non, là, vous n'êtes pas taquin,
00:14:17 vous êtes un peu lourd.
00:14:18 C'est-à-dire que vous revenez toujours sur la même question.
00:14:19 C'est différent.
00:14:20 - C'est peut-être parce que vous ne m'avez pas répondu.
00:14:22 - Non, c'est-à-dire que je n'ai pas répondu
00:14:23 ce que vous souhaitiez éventuellement que je réponde.
00:14:25 Qu'il y ait des différences notables entre,
00:14:29 quels que soient les contextes un peu différents
00:14:30 entre M. Berger et moi,
00:14:32 honnêtement, il n'y a pas besoin d'une grande enquête administrative
00:14:35 pour le savoir.
00:14:36 Il y a plus que des nuances.
00:14:37 - Sophie Binet dit la même chose.
00:14:39 Philippe Martinez dit la même chose.
00:14:41 Le patron de l'UNSA, le patron de la CFTC,
00:14:45 ils disent tous la même chose.
00:14:47 Ce n'est pas Laurent Berger.
00:14:48 Ils disent tous la même chose et depuis des semaines.
00:14:50 - J'étais présent dans les cottages CFDT
00:14:52 qui se sont fait allumer par des gaz lacrymogènes.
00:14:54 Allez leur poser la question à eux et à elles,
00:14:56 parce que moi, les témoignages, je les ai entendus,
00:14:59 de cette réalité qui est la répression de ce mot tabou,
00:15:02 les violences policières qui existent aussi,
00:15:04 mais qui sont voulues politiquement.
00:15:05 Et c'est ça qui m'intéresse.
00:15:07 Par ailleurs, sur le sujet que vous ne pouvez pas vous empêcher
00:15:11 de me reposer à chaque fois.
00:15:13 - J'aime bien avoir une réponse.
00:15:15 C'est un défaut, peut-être.
00:15:16 - Non, mais parce que c'est ce que vous attendez depuis le départ.
00:15:20 Donc, on n'est pas d'accord.
00:15:21 Mes méthodes d'action, on les connaît.
00:15:24 Pour moi, la révolution, ce n'est pas ça.
00:15:26 Je l'ai déjà dit à maintes et mointes reprises.
00:15:28 Maintenant, vous savez, il y avait un évêque,
00:15:30 Elder Camara, qui disait qu'il y a trois types de violences.
00:15:34 Il y a la violence institutionnelle.
00:15:36 Elle émerge de toutes les autres.
00:15:37 C'est celle qui broie des millions d'individus
00:15:39 dans ces rouages bien huilés.
00:15:41 Il y a une violence révolutionnaire qui naît de la volonté
00:15:43 d'abolir ces violences institutionnelles.
00:15:45 Il y a une troisième violence,
00:15:46 qui est la violence répressive de l'Etat.
00:15:48 Et cet évêque, parole sacrée, terminait en disant
00:15:51 qu'il n'y a pas pire hypocrisie que de ne considérer violence
00:15:55 que la violence révolutionnaire,
00:15:57 en feignant d'oublier la violence institutionnelle qui la fait naître
00:16:00 et la violence répressive qui cherche à la tuer.
00:16:03 Ça, c'est ma philosophie générale.
00:16:04 Elle n'a pas bougé. Vous l'avez.
00:16:06 Maintenant, si ça ne vous embête pas,
00:16:08 on va parler du fond, du restant de la stratégie.
00:16:10 La mobilisation qui continue,
00:16:12 qui est une épine dans le pied pour le gouvernement.
00:16:14 Pourquoi ? Parce qu'elle est enracinée.
00:16:16 Et la radicalité d'où vous ne parlez pas,
00:16:18 qui n'est pas simplement une poubelle qui brûle,
00:16:20 pour moi, c'est ces actions qui sont organisées
00:16:22 à peu près dans toutes les zones industrielles des petites villes,
00:16:25 à peu près sur tous les réseaux routiers,
00:16:27 à peu près dans tous les centres commerciaux
00:16:29 qui regroupent du monde avec le soutien d'une partie de la population.
00:16:32 Moi, je ne raconte pas d'histoire.
00:16:33 C'est-à-dire qu'il y a des fluctuations.
00:16:35 Ce n'est pas le raz-de-marée, soit, mais
00:16:38 il y a des centaines de milliers de personnes
00:16:40 qui sont mobilisées en permanence.
00:16:41 Il y a eu près de 400 rassemblements aujourd'hui.
00:16:43 – Sophie, dans ce cadre-là, si on va sur moi,
00:16:45 j'aime bien entendre Olivier Besancenot dire
00:16:48 que la parole d'un évêque est une parole sacrée,
00:16:50 ça me parle à moi.
00:16:51 – J'imagine, c'est une délicace.
00:16:52 – J'ai été correspondante au Vatican pendant de nombreuses années,
00:16:54 donc je connais cette personne, je connais ce sujet.
00:16:57 Mais de fait, pour vous décaler un peu sur,
00:16:59 et vous faire rejoindre un peu le cortège syndical,
00:17:02 sur la question de la légitimité de la figure d'Emmanuel Macron,
00:17:07 est-ce que vous, vous pensez qu'il y a eu un problème dans son élection,
00:17:11 que son élection n'est pas légitime ?
00:17:13 Est-ce que vous pensez qu'il y a une crise démocratique aujourd'hui
00:17:16 et à quel niveau ?
00:17:17 Et par quoi, pour vous, vous parliez des moyens d'action,
00:17:21 donc de votre famille politique, qui est quand même à gauche de la gauche,
00:17:24 à gauche de Jean-Luc Mélenchon, quels sont les moyens d'action aujourd'hui ?
00:17:28 Est-ce que vous êtes comme Olivier, fort, le patron du PS,
00:17:32 qui dit "il faut absolument une dissolution",
00:17:35 il commence à être de plus en plus radical lui aussi,
00:17:37 rejoindre un peu la ligne de Jean-Luc Mélenchon,
00:17:39 est-ce que vous l'y rejoignez là-dessus ?
00:17:41 - Oui, ça fait un point avec Ramberger,
00:17:44 lui il parle de crise démocratique, je crois, non ?
00:17:46 - Oui, c'est ça, il l'a dit hier sur ce plateau.
00:17:47 - Il y a une grave crise démocratique, une grave crise politique.
00:17:52 - Mais comment vous l'expliquez ?
00:17:53 Ce que vous appelez crise démocratique, c'est quoi ?
00:17:55 - C'est même plus que ça, je pense que là ça...
00:17:57 - Est-ce que c'est une crise de régime ?
00:17:58 - Je pense que c'est une crise de régime, oui,
00:18:01 mais je pense qu'Emmanuel Macron a pensé qu'il avait des astuces institutionnelles
00:18:05 qui étaient celles de la Ve République,
00:18:07 qui lui permettraient, comme il l'a fait à ce fameux 13h,
00:18:09 de se présenter enfin devant la population pour dire
00:18:12 "Eh bien écoutez, en fait mon projet est passé en toute légalité constitutionnellement parlant".
00:18:16 Alors on verra quand même ce qu'en dit le Conseil constitutionnel.
00:18:18 - Mais est-ce que cette élection déjà est légitime selon vous ?
00:18:20 - Non mais attendez, pas tout, c'est-à-dire je peux répondre à tout mais pas...
00:18:23 - Pas en même temps.
00:18:24 - Voilà, c'est un peu compliqué.
00:18:25 Le problème c'est que ça, ça se fait au prix d'une illégitimité
00:18:28 qu'on a rarement atteinte dans l'histoire de l'illégitimité
00:18:30 et qui s'est vue pour tout le monde.
00:18:31 Ce qui fait que le 49.3 qui est quand même historiquement censé éteindre un incendie,
00:18:35 à son emploi, j'entends...
00:18:36 - Mais qui est légitime.
00:18:37 - Non mais là, ça, à ce moment-là, remis le feu aux poudres.
00:18:42 Ça fait un regain de mobilisation.
00:18:43 C'est-à-dire que même dans l'optique qui était celle de la Ve République,
00:18:46 à ce moment-là, ça ne renforce pas le pouvoir en place, ça le fragilise.
00:18:49 Raison pour laquelle je pense que l'idée générale de ce qu'était la Ve République,
00:18:53 non seulement ne colle pas du point de vue de la majorité de la population,
00:18:56 mais commence de moins en moins à coller pour les intérêts de ceux qui sont en haut.
00:19:00 Et c'est pour ça que je commence à parler crise de régime dans ce cadre-là.
00:19:02 Maintenant, moi j'ai aucune illusion sur la Ve République.
00:19:04 La Ve République, c'est quand même un petit indice à la base, c'est parti d'un coup d'État.
00:19:08 Le 13 mai 1958, à Algiers, organisé par les partisans de l'Algérie française,
00:19:13 en menaçant de monter sur Paris.
00:19:15 Raison pour laquelle le président René Cotillet, à ce moment-là,
00:19:17 a décidé de faire appel au général de Gaulle, qui est sorti de l'ombre,
00:19:20 et qui est arrivé au pouvoir sans autre forme démocratique,
00:19:23 et qui, avec les siens, a proposé un projet de constitution...
00:19:25 - Et alors, de quoi on en sort dans cette crise ?
00:19:27 - ...qui a, pour le coup, été validé par référendum, mais vraiment dans la logique plébiscitaire.
00:19:32 Raison pour laquelle, à l'époque, parce que tout le monde considérait que c'était taillé sur mesure
00:19:36 par et pour le général de Gaulle, à gauche,
00:19:38 quelle que soit sa sensibilité, politique, syndicale, modérée, radicale ou pas,
00:19:42 tout le monde était contre.
00:19:43 La plus belle formule de l'époque, revenons, et je la partage toujours,
00:19:45 à François Mitterrand, qui disait "c'est un coup d'État permanent".
00:19:49 Et le problème de ce coup d'État, ça ne marche plus.
00:19:52 Pour répondre enfin à votre question sur les élections,
00:19:54 les conditions de son élection, on les connaît tous et toutes.
00:19:58 Faire croire que le deuxième tour de l'élection présidentielle,
00:20:01 c'est un espèce de référendum sur la retraite à 64 ans, mais écoutez,
00:20:04 ou alors à 65, puisque je crois que c'était ça le programme, mais qui y croit ?
00:20:07 Qui y croit ? Non. Même lui, il ne peut pas y croire.
00:20:10 - Et alors du coup, on en sort comment de ça ?
00:20:12 Pour vous, selon votre école ?
00:20:15 - Notre stratégie, c'est d'établir un rapport de force qui soit plus fort que le sien.
00:20:18 Pour l'instant, on n'y est pas arrivé.
00:20:20 - On n'est pas dans un État préinsurrectionnel aujourd'hui ?
00:20:23 - On est ?
00:20:23 - On n'est pas dans un État préinsurrectionnel ?
00:20:25 - Non, on n'y est pas, exactement.
00:20:26 C'est pour ça que j'ai essayé de convaincre votre collègue de droite,
00:20:28 tout à l'heure, qu'on n'était pas dans un État préinsurrectionnel.
00:20:31 - Vous avez dit "on n'y est pas arrivé" ?
00:20:32 - Non !
00:20:33 - Oui, sur le plateau, bien entendu, je ne me serais pas permis.
00:20:35 - Vous dites "on essaie d'instaurer un rapport de force,
00:20:37 on essaie d'être plus fort que lui, on n'y est pas arrivé",
00:20:39 est-ce que ce n'est pas déjà un avenu chèque ?
00:20:40 - Non, justement non.
00:20:41 - Vous dites "on n'y arrivera pas".
00:20:42 - Justement non, mais je suis quelqu'un de lucide, c'est-à-dire,
00:20:44 je ne vous raconte pas de craque, je vous dis qu'une mobilisation, c'est compliqué,
00:20:46 c'est des moments de doute.
00:20:48 Et ceux qui arrivent ici en vous disant "on ne doute jamais, ça se joue à la gagne",
00:20:51 c'est de la flûte, parce que même une grève locale, ça ne se passe jamais comme ça.
00:20:54 Il faut accepter de douter, il faut connaître son adversaire,
00:20:56 connaître ses points forts, ses faiblesses.
00:20:57 - Là, vous doutez plus que d'habitude ?
00:20:59 - Non, pas plus que d'habitude, mais le doute, c'est une arme en politique.
00:21:02 Écoutez, c'est comme ça.
00:21:04 - Mais pourquoi vous dites "Besancenot marcherait demain, ce qui n'a pas marché avant"
00:21:07 et est-ce qu'il ne faut pas commencer à réfléchir à d'autres façons,
00:21:09 je ne sais pas lesquelles, mais d'interpeller le Président ?
00:21:11 - Non, alors interpeller, je pense qu'on a un peu plus qu'interpeller.
00:21:14 - Le référendum d'initiative partagée, est-ce que pour vous,
00:21:17 faire une collecte de signatures, si ce référendum est validé par le Conseil constitutionnel,
00:21:21 est-ce que ça a du sens ?
00:21:23 C'est important de passer par là ou pas ?
00:21:26 - Ou vous n'y croyez pas ?
00:21:27 - Alors, je pense que ce n'est pas la prochaine étape qui nous attend
00:21:30 dans la stratégie qu'on doit avoir, même si elle fait partie du décor,
00:21:32 ça ne m'échappe pas, ce qui va en sortir ou pas,
00:21:35 mais c'est d'abord, en effet, parce que ça ne m'a pas échappé non plus,
00:21:37 essayer de trouver une stratégie nouvelle.
00:21:40 - Une stratégie supplémentaire par rapport à ce qu'on n'a pas eu jusqu'à présent.
00:21:43 Moi, pour vous répondre sincèrement, ce qu'on a gagné pour l'instant, je crois,
00:21:46 c'est la bataille de l'opinion. Ça, c'est durable, c'est acquis.
00:21:49 Je pense, contrairement à ce que vous sous-entendiez tout à l'heure,
00:21:53 qu'on a gagné la bataille de la légitimité. Ça, c'est gagné.
00:21:55 C'est-à-dire que l'objectif peut-être initial d'Emmanuel Macron,
00:21:58 qui consiste à faire, en gros, un coup à la Thatcher,
00:22:00 pour ceux qui ne connaissent pas, c'était Margaret Thatcher qui, au début des années 80,
00:22:03 avait décidé de faire l'exemple, casser, briser le mouvement ouvrier.
00:22:06 - Non, c'est plutôt le RN, excusez-moi, qui, dans le sondage, semble avoir donné...
00:22:10 - C'est bien de dérouler une idée jusqu'au bout, parce que si on arrive déjà au RN,
00:22:13 ça va être un peu compliqué. Cette idée-là de Thatcher, il n'y est pas arrivé.
00:22:16 Maintenant, on n'a toujours pas eu la peau de ce projet.
00:22:19 Il faut qu'on ait la peau de ce projet, notamment, justement, dans la course de vitesse
00:22:23 enclenchée avec le Ration de la Nationale. Donc, pour résumer la situation...
00:22:25 - Mais comment, il n'y a pas besoin de temps. Vous êtes en train de dire,
00:22:26 jusqu'ici, ça n'a pas marché. Et la question d'un moment, c'est de dire...
00:22:29 - Non, je n'ai pas dit ça. Justement, je n'ai pas dit ça.
00:22:30 - Comment ça peut marcher, demain, avec la même méthode qui existe,
00:22:33 et comment, justement, c'est pas... - Non, justement, je n'ai pas dit ça.
00:22:34 Alors, peut-être que je m'exprime mal.
00:22:36 - Vous dites que vous avez gagné la bataille de l'Opinion, etc.
00:22:38 Mais, simplement, il manque des résultats. Faut-il faire de plus ?
00:22:41 - Si j'ai trois ventriloques, ça va être un peu compliqué.
00:22:44 Pour résumer ma pensée, je vais essayer de le dire avec mes mots à moi.
00:22:47 Je pense qu'Emmanuel Macron a déjà perdu, mais que nous, on n'a pas encore gagné.
00:22:52 Voilà. - Non, mais bon, ça, c'est une belle formule.
00:22:53 - Non, mais c'est... - C'est vrai, c'est que vous enchaînez les formules.
00:22:56 Et quand vous dites aussi qu'on doit inventer de nouvelles méthodes,
00:22:59 et vous ne précisez pas laquelle, ça veut dire quoi ?
00:23:01 - Mais parce que j'étais en triple appel, j'allais y venir.
00:23:03 Donc, j'ai quelques idées en la matière que j'ai déjà formulées,
00:23:07 sans avoir gain de cause, mais ça ne dépend pas que de moi.
00:23:09 Je n'ai pas le bras long. Voilà. Il y a l'intersyndical qui doit aussi discuter.
00:23:13 Et l'intersyndical, elle reste soudée, et c'est tant mieux.
00:23:16 Mais je pense qu'en effet, il ne faudrait pas tomber dans une espèce de...
00:23:19 Comment dire ?
00:23:20 D'habitude de la journée d'action hebdomadaire
00:23:25 qui sert de point pour des actions, mais qui ne suffit pas.
00:23:28 Donc moi, j'avais déjà émis, mais d'autres,
00:23:31 d'ailleurs, quand je dis d'autres, c'est au-delà des rendus NPA.
00:23:33 C'est très large dans les milieux syndicaux.
00:23:35 L'idée, par exemple, qu'à un moment et/ou l'intersyndical dise...
00:23:39 Eh bien, on appelle... Parce que vous savez, sur le 7 mars, c'était bloqué.
00:23:42 Il y a eu une petite ambiguïté. C'était bloqué le 7 ou à partir du 7.
00:23:47 Et ce n'est pas tout à fait la même chose, parce que si on décide de bloquer à partir du 7,
00:23:51 c'était l'idée... Par exemple, on aurait pu dire un appel clair et net à une grève reconduite dans tous les secteurs.
00:23:58 - Vous dites que l'ordre syndical était trop flou dans son message.
00:23:59 - Non, je ne sais pas. Mais disons que c'était...
00:24:01 - Je peux vous poser une question personnelle ?
00:24:03 - Allez-y, puisque je n'ai pas fini de répondre au reste.
00:24:05 - Vous êtes en grève ?
00:24:06 - Non, mais moi, j'ai déjà eu aussi l'occasion de le répondre sur cette question.
00:24:09 Il se trouve que je suis en formation en ce moment.
00:24:11 Ça arrive une fois dans sa vie.
00:24:13 Je ne suis pas aux côtés de mes petits collègues que j'ai lâchement abandonné dès que je retrouverai.
00:24:17 - Depuis 77 jours ?
00:24:19 Est-ce que le conflit a commencé ?
00:24:21 - Non, mais écoutez, ça je le sais.
00:24:23 Mais vous me prenez pour un lapin de 6 semaines.
00:24:28 - Vous prenez la grève générale.
00:24:29 Ce n'est pas illogique que je vous demande si vous êtes en grève.
00:24:32 - Mais une grève générale...
00:24:32 Mais moi, j'ai déjà répondu à cette question-là.
00:24:34 Et je suis d'autant plus impliqué dans la mobilisation pour savoir que les secteurs
00:24:38 qui n'ont pas continué à reconduire la grève, justement,
00:24:41 ne sont pris pas simplement par l'argent, contrairement à ce que certains pensent,
00:24:44 mais aussi par l'idée que les autres secteurs ne suivent pas suffisamment.
00:24:47 Raison pour laquelle ces mêmes secteurs aimeraient, par exemple,
00:24:51 que l'intersyndicale n'appelle pas une grève indéfinie,
00:24:54 parce que c'est ça que vous êtes en train de sous-entendre, ce n'est pas le cas.
00:24:56 Une grève générale reconductible de 3-4 jours successifs, ce serait un appel différent.
00:25:01 - Au bout de 3 mois de mobilisation, vous pensez vraiment que les grévistes
00:25:05 ont encore suffisamment de force à mettre en mouvement pour faire la grève générale ?
00:25:08 - D'ailleurs, il y a des grèves...
00:25:10 Pas tous, écoutez, dans les raffineries, à Donge, ils ont reconduit.
00:25:12 Il y a un préavis qui retombe chez les Hébouards.
00:25:14 Donc prudence pour ceux qui pensent que ça s'éteint, etc.
00:25:17 Ça serait justement l'idée, première option, de frapper vite et fort,
00:25:21 tous ensemble, à partir du même jour, au même moment.
00:25:23 Deuxième idée, puisque il y a une journée de grève jeudi prochain qui est de nouveau appelée,
00:25:29 vous savez qu'il y a le Conseil constitutionnel, on en parlait, qui se réunit le lendemain,
00:25:33 pourquoi ne pas appeler d'emblée à ce qu'il y ait des rassemblements partout en France
00:25:36 pour faire pression, un peu comme on l'avait fait, vous vous rappelez, au moment de l'emploi du 49-3 ?
00:25:40 - Autour du Conseil constitutionnel ?
00:25:41 - Du Conseil constitutionnel à Paris, mais il n'y en a pas partout en France,
00:25:44 donc il faudrait trouver des lieux pour que ça se fasse.
00:25:46 - L'incitation sur les sages, c'est ce que vous dites ?
00:25:48 - Oui, on rappelle qu'on est là, bien sûr.
00:25:50 - Ils ont compris que vous étiez là déjà, non ?
00:25:52 - Bah écoutez, ça serait bien de leur rappeler.
00:25:53 - Parce que selon vous, ils vont juger pas seulement en droit,
00:25:56 ils vont aussi juger en fonction du climat social d'aujourd'hui ?
00:25:58 - Ah, j'ai le défaut de croire que les institutions actuelles, oui,
00:26:01 elles sont sous la pression et qu'il faut qu'on les mette sous pression.
00:26:03 - Mais attendez, c'est l'idée de voir le futur, dépend de Laurent Fabius.
00:26:07 - Pas mal la vanne.
00:26:08 Alors la troisième option, puisque je ne voudrais pas paraître comme celui
00:26:12 qui n'a jamais d'idée sur aucun sujet, qu'on avait aussi suggéré,
00:26:15 c'était par exemple d'organiser, plutôt qu'une manifestation
00:26:19 dans toute la France éparpillée, un jour, une manifestation nationale
00:26:23 avec une montée à Paris de tous et de toutes.
00:26:26 - Mais ça coûte cher.
00:26:27 - Mais attendez, arrêtez de me mettre...
00:26:28 - Non, c'est ce que disent les syndicats, de fait.
00:26:30 - Je sais pas, arrêtez de dire "les syndicats", parce qu'il y a certains...
00:26:33 - Parce qu'en fait, vous n'avez pas les clés, vous proposez des idées,
00:26:36 mais c'est Laurent Vergers en gros qui décide.
00:26:38 Et visiblement, quand vous soumettez ces idées, il se dit pas "oui, bon coup, on y va".
00:26:42 - Moi, je veux bien qu'on fasse dans la super caricature,
00:26:44 même sans avoir le bras long, je pense que c'est pas lui tout seul qui décide.
00:26:48 - Vous lui avez déjà parlé ?
00:26:49 - Non, mais de la même manière, pardonnez-moi, mais vous savez...
00:26:52 - Non, mais c'était intéressant de savoir si vous vous parlez ou pas avec Laurent Vergers.
00:26:55 - Non, on s'est pas parlé, voilà.
00:26:56 Mais par exemple, il était sous la pression de son propre congrès,
00:26:58 il n'y a pas si longtemps que ça, sur la question précisément d'AirPed,
00:27:00 qui est un congrès de la CGT qui vient de se passer,
00:27:02 qui a donné aussi un mandat de continuer...
00:27:04 Arrêtez de baquer toutes mes phrases, parce que sinon je vais pas y arriver.
00:27:07 J'essaie d'expliquer une idée, vous me posez une question, j'y réponds.
00:27:10 J'essaie d'y répondre sur cette notion-là.
00:27:12 C'est pas lui tout seul qui décide, c'est plusieurs organisations syndicales.
00:27:15 C'est une option, c'est pas à prendre ou à laisser.
00:27:17 J'essaie, comme d'autres, d'envisager des pistes.
00:27:20 Celle-ci, bah, consisterait peut-être à passer, dernière suggestion,
00:27:24 par un sommet de toute la gauche sociale, syndicale et politique,
00:27:29 pour se dire "ça serait peut-être bien qu'on se pose au moins pour réfléchir,
00:27:32 y compris sur une idée que j'ai sûrement pas formulée ce soir,
00:27:35 j'ai pas des idées sur tous les sujets, je n'ai pas cette prétention,
00:27:37 mais en trouver une, ensemble, et continuer l'unité dans la radicalité,
00:27:40 pourquoi pas tout ça, je pense que...
00:27:42 Je vais vous étonner, Olivier Besanceau, mais les journalistes que nous sommes,
00:27:46 on a déjà demandé avant vous, à l'intersyndical,
00:27:49 pourquoi ils n'avaient jamais eu l'idée d'appeler à la grève générale.
00:27:52 Et vous savez ce qu'ils nous ont répondu, c'est pour ça que je m'étonne que vous proposiez ça.
00:27:55 Ils nous ont tous répondu, mais, cher monsieur,
00:27:58 là pour le coup c'est moi qui passais pour le naïf,
00:28:00 cher monsieur, la grève générale, ça ne se décrète pas.
00:28:04 Ce sont les gens, localement, dans leur entreprise, privée ou publique,
00:28:08 qui décident de faire grève ou pas.
00:28:10 Vous n'êtes pas encore dans le cadre de ce que vous dites.
00:28:12 Nous pouvons appeler à des mouvements, un maximum de mouvements,
00:28:16 mais la grève générale, je suis étonné que vous disiez ça,
00:28:18 ça ne se décrète pas, ça vous fait encore un point de divergence avec les syndicats, visiblement.
00:28:22 Bah non, toujours pas, c'est-à-dire que là on va pas y arriver,
00:28:24 en l'occurrence, ça m'a pas échappé.
00:28:26 Vous savez, s'il y avait un bouton magique pour appuyer sur la grève générale,
00:28:29 en fait je les aurais même pas attendus pour appuyer dessus.
00:28:31 Donc les difficultés, je les connais.
00:28:33 D'autant que moi, là, en ce moment, je suis pas en grève,
00:28:35 mais par exemple en 2019, j'ai fait plus d'un mois de grève.
00:28:38 Et toutes les grèves depuis 15 ans, je les ai faites.
00:28:40 Et je sais ce que ça coûte, et je sais la difficulté de faire sortir
00:28:43 ces collègues qui partagent votre combat,
00:28:45 mais qui pensent que c'est compliqué avec ce sentiment.
00:28:47 Donc tout ça, je le sais.
00:28:48 Maintenant, j'inverse la proposition.
00:28:51 S'il y a une meilleure solution, qu'on me la donne.
00:28:54 Moi, je suis parti du bilan de 2010.
00:28:56 On avait fait, je crois, une dizaine de journées de grève interprofessionnelle
00:29:02 et t'as les sur 6 mois.
00:29:03 Et on sait, c'est-à-dire, moi je suis obligé d'être en toute humilité
00:29:07 vu ce qu'on représente même politiquement, on n'a pas de retour sur tout,
00:29:10 mais je sais pas tout ce qui marche.
00:29:12 Donc on a quelques idées, mais je sais ce qui marche pas.
00:29:14 Donc l'idée de frapper au contraire de ce que vous me disiez,
00:29:17 ou de ce que j'ai mal expliqué, c'est frapper vite et fort ensemble.
00:29:21 C'est-à-dire cet appel-là, pour l'instant, moi je l'ai jamais entendu.
00:29:24 C'est-à-dire un appel national qui dirait,
00:29:27 "Bah écoutez, plutôt que d'y aller par piller,
00:29:29 on va partir le même jour, à la même heure,
00:29:31 on va tenter, deux jours, trois jours,
00:29:33 on fera le point dans toutes les assemblées générales,
00:29:35 si ça ne marche pas, parce qu'on n'est pas des dingos, on s'arrête."
00:29:38 Mais voyez, c'est ça, l'idée de la grève.
00:29:40 Moi le mot "grève générale", il me fait pas, comment dire,
00:29:42 il m'excite pas en soi, c'est une question d'efficacité.
00:29:45 S'il y a mieux, je prends.
00:29:47 Mais on a tout tenté, hein.
00:29:48 Les sourires, on a tenté.
00:29:49 Le pied dans la porte, on a tenté.
00:29:51 Y a rien qui marche.
00:29:52 - Mais c'est ce que j'allais dire, Olivier Besançon,
00:29:54 est-ce que parler encore du sens, quand les syndicats veulent rencontrer
00:29:57 Emmanuel Macron après Elisabeth Borne,
00:29:59 ça a une utilité pour vous ou ça ne sert à rien ?
00:30:01 - Mais là, c'est pareil.
00:30:03 J'ai mon avis sur la question,
00:30:05 ça n'a pas beaucoup d'importance.
00:30:07 - Oui, mais ça nous intéresse.
00:30:08 - Oui, j'ai compris, et puis j'ai compris pourquoi aussi.
00:30:10 - Non, parce que...
00:30:11 - Mais parce que c'est pour ça aussi que j'ai appelé à l'idée
00:30:13 d'une réunion au sommet entre tous et toutes
00:30:15 pour se dire les choses en face.
00:30:16 - Et on inclut des personnes de l'exécutif, de la majorité,
00:30:19 tout le monde se parle alors, c'est ça ?
00:30:21 - Non, non, non, là je vous disais, dans notre camp, à nous,
00:30:23 je parle à une réunion, de tous les syndicats,
00:30:25 de toutes les parties de gauche,
00:30:26 pour se dire les choses, y compris quand on n'est pas d'accord.
00:30:29 Donc moi, s'il y a quelque chose qui me déplaît,
00:30:30 je préfère leur dire à eux et à elles,
00:30:33 c'est-à-dire à ceux et celles avec lesquelles on est engagés.
00:30:35 - Et c'est ce que demain, ça vient au CEL, vous vous alignez sur lui.
00:30:38 - Je ne vais pas utiliser les plateaux télé
00:30:40 pour commencer à glisser des pots de bananes
00:30:41 sous les uns et les autres,
00:30:42 parce que j'ai bien conscience que pour l'instant,
00:30:44 ce qui est important, c'est l'unité.
00:30:45 Moi, je ne fais pas partie de ceux qui pensent
00:30:47 et qui aient d'illusions particulières
00:30:49 sur ce qu'on appelle le dialogue social dans ce pays
00:30:52 qui ressemble quand même à un grand monologue social.
00:30:54 Maintenant, ce qui compte, c'est que l'unité continue.
00:30:56 - Olivier Besancenot, vous dites à quel point
00:30:58 la semaine prochaine sera importante.
00:30:59 Vous dites, certes, il y aura la journée de jeudi,
00:31:01 mais c'est surtout, vous appeliez, vous disiez,
00:31:03 parmi mes idées dans ma boîte à outils,
00:31:05 il y a le vendredi, des rassemblements
00:31:07 devant le Conseil constitutionnel.
00:31:08 Est-ce que vous êtes en train de nous dire
00:31:09 que tout se joue jeudi et vendredi prochains ?
00:31:11 - Non, non plus. Alors pareil,
00:31:13 sinon je me fais mal comprendre, tout ne se joue pas là.
00:31:15 C'est-à-dire que moi, je ne vais pas passer mes semaines
00:31:16 à vous dire la semaine prochaine, c'est tout.
00:31:18 - Non, mais le Conseil constitutionnel peut valider la réforme.
00:31:20 - Oui, mais alors moi, c'est pareil.
00:31:22 C'est-à-dire que moi, je ne suis pas constitutionnaliste à guérir,
00:31:24 même si j'ai découvert plein de trucs avec ce gouvernement.
00:31:26 C'est qu'il n'existait pas que le 49-3, il y a 44-3.
00:31:28 - Comme beaucoup de Français, d'ailleurs.
00:31:29 - L'article 38, c'est extraordinaire avec eux.
00:31:30 Mais je sais qu'il y a cet aspect de valider.
00:31:33 Moi, je n'ai pas d'illusion du tout sur le fait
00:31:35 que ça puisse être invalidé et censuré à 100 %.
00:31:38 - Ah, vous pensez que ça va passer ?
00:31:39 - Peut-être que je me trompe, tant mieux.
00:31:41 Je serai le premier, voilà.
00:31:42 Maintenant, je vais avoir la peau de ce projet
00:31:44 par tous les moyens nécessaires.
00:31:45 Il y a aussi l'idée de valider, si j'ai bien compris,
00:31:47 un projet de référendum, je ne sais plus.
00:31:49 - Initiative du partagé.
00:31:50 - Tout à l'heure.
00:31:51 Donc, ça, ça peut...
00:31:52 Voilà, le problème, c'est de trouver une jonction.
00:31:54 Oui, c'est vous qui me posiez la question tout à l'heure.
00:31:56 Entre ce qui se passe dans la contestation
00:31:58 et ce qui peut se passer éventuellement sur ce terrain-là.
00:32:00 S'il y a une consultation qui sortait de ce Conseil-là,
00:32:03 il y aura un autre problème pour le pouvoir.
00:32:05 - Mais ça peut être à la fin de la mobilisation.
00:32:07 Il y a le RIP, donc la mobilisation, on a une surpose.
00:32:10 - Justement, non.
00:32:11 Il y aura d'abord un problème pour le pouvoir
00:32:12 parce qu'il y aura une forme de double légitimité
00:32:14 sur cette question-là qui s'instaurerait de fait.
00:32:16 En gros, ça ne serait pas fermé.
00:32:17 Et pour nous, ce serait l'idée que la contestation
00:32:20 s'invite dans cette bataille-là.
00:32:22 Donc, pas du tout la fin.
00:32:23 Au contraire, s'il y a même un nom de gauche sociale et politique,
00:32:27 comme on le sait, ça sera celui de la grève, des manifestants.
00:32:30 - Olivier Besanton, ça peut être ni l'un ni l'autre.
00:32:32 La réforme est validée par le Conseil constitutionnel
00:32:34 et le RIP, c'est non.
00:32:35 Et là, est-ce que c'est la fin du mouvement ou pas ?
00:32:37 - Et là, ça peut être aussi un de ces éléments.
00:32:39 Vous savez, je vous disais que c'est l'inconnu qui nous attend
00:32:41 jour le jour dans ce genre de séquences-là.
00:32:42 Ça peut être aussi la petite goutte d'eau qui fait déborder.
00:32:45 - Qui fait déborder ?
00:32:46 - Oui, comme le 49.3 avait par exemple...
00:32:48 L'emploi du 49.3 avait suscité un regain de mobilisation.
00:32:51 Honnêtement, si c'est un grand bras d'honneur
00:32:55 du Conseil constitutionnel,
00:32:56 je vous souhaite bien du courage ensuite.
00:32:58 - C'est quoi alors ? C'est l'insurrection ?
00:33:00 - Mais écoutez, moi...
00:33:01 - Oui, c'est ce que je voulais vous demander.
00:33:02 Au-delà, Olivier Besanton...
00:33:03 - Quand je vous parle d'inconnu, c'est que moi,
00:33:04 premièrement, je ne sais pas par nature.
00:33:06 Deuxièmement, ce que j'espérais, c'est qu'il y ait du nombre.
00:33:09 Plus encore que ce qu'on était.
00:33:11 Moi, mon problème, l'humble responsabilité qu'on a,
00:33:13 si vous voulez, c'est de s'adresser à notre camp,
00:33:15 à notre milieu, de tous ceux et toutes celles qui nous regardent.
00:33:17 Vous savez, il y a un slogan dans les manifs qui revient souvent,
00:33:19 c'est "Ne nous regardez pas, rejoignez-nous".
00:33:21 Tous ceux et toutes celles qui nous disent,
00:33:23 c'est bien, continuez...
00:33:24 Alors après, c'est compliqué pour ceux et celles
00:33:27 qui ne peuvent pas faire grève,
00:33:28 ceux et celles qui participent d'une manière ou d'une autre.
00:33:31 Comment on fait pour que ce secteur qui est encore spectateur
00:33:35 devienne acteur de la mobilisation ?
00:33:37 Est-ce que vous souhaitez que ce dossier des retraites,
00:33:40 même si le Conseil constitutionnel valide,
00:33:43 imaginons, ou valide en partie avec quelques retraits,
00:33:48 que le RIPE soit lancé, mais le RIPE, ça va durer neuf mois,
00:33:51 il va falloir mobiliser les Français pour les faire voter,
00:33:53 les soutiens, etc.
00:33:54 Est-ce que vous souhaitez, vous, que la mobilisation
00:33:57 se poursuive sur autre chose que les seules retraites ?
00:34:00 Est-ce que c'est déjà le cas ?
00:34:02 C'est déjà le cas.
00:34:03 Là, par exemple, on n'en a pas parlé.
00:34:05 Comment pouvez-vous faire pour faire basculer le... ?
00:34:08 Avec mes petits bras musclés, justement, non.
00:34:10 Ce n'est pas avec les miens, c'est avec du nombre,
00:34:12 j'essaie de vous le dire,
00:34:13 avec des hypothèses, comme j'évoquais, et d'autres,
00:34:15 parce que je n'ai pas la prétention d'avoir réponse
00:34:17 sur tous les sujets.
00:34:18 Plus des éléments qui ne dépendent pas de nous,
00:34:20 qui viennent du haut,
00:34:21 type décision du Conseil constitutionnel,
00:34:23 type Emmanuel Macron qui reprend la parole,
00:34:25 puisque pour l'instant, ça a été le plus efficace
00:34:27 de n'importe lequel d'entre nous
00:34:28 et de l'ensemble du monde dans la rue.
00:34:29 Tout ça, c'est l'inconnu,
00:34:30 c'est-à-dire des ingrédients que, par nature,
00:34:32 je ne peux pas pronostiquer,
00:34:33 mais qui font que, oui, je pense que c'est la contestation,
00:34:36 quoi qu'il en soit, qui doit continuer.
00:34:38 Maintenant, j'analyse et je suis une situation.
00:34:40 S'il y a une forme de double légitimité
00:34:42 qui s'enclenche,
00:34:43 si, par exemple, Emmanuel Macron s'enferme dans son discours
00:34:46 en disant "En septembre, je tiens bon, je fais passer",
00:34:49 et qu'à ce moment-là,
00:34:50 il y a déjà 3 ou 4 millions de signatures,
00:34:52 mais il va faire comment ?
00:34:53 Même dans son camp à lui.
00:34:54 Vous voyez ?
00:34:55 Il est obligé de faire un référendum.
00:34:56 Non, mais je sais, il est obligé de rien.
00:34:58 Mais il y a un moment donné, vous savez,
00:35:00 la réalité vous rattrape.
00:35:01 La réalité vous rattrape forcément, un moment ou un autre.
00:35:04 On va tout de suite retourner sur le terrain,
00:35:06 retrouver une de nos équipes, Place d'Italie,
00:35:08 où la manifestation devait se terminer
00:35:10 et où le face-à-face entre manifestants et forces de l'ordre
00:35:13 se prolonge.
00:35:14 Oui, tout à fait.
00:35:17 Là, on est vraiment sur la fin de cette manifestation.
00:35:19 Vous voyez les policiers qui sont en train,
00:35:21 mais vraiment, de pousser les manifestants
00:35:24 vers les bouches de métro.
00:35:26 Je ne sais pas si vous voyez bien sur nos images,
00:35:28 mais là, clairement, les policiers poussent vraiment,
00:35:30 physiquement, les manifestants, les plus récalcitrants,
00:35:32 pour qu'ils aillent vers cette bouche de métro,
00:35:34 parce qu'il faut savoir que le métro circule
00:35:36 et que donc, il est possible d'évacuer par les transports en commun.
00:35:39 Mais vous avez quelques éléments perturbateurs
00:35:41 qui refusent de quitter cette Place d'Italie
00:35:44 et qui donc sont en confrontation
00:35:45 avec les membres des forces de l'ordre.
00:35:47 Alors, ça fait quand même un petit moment
00:35:49 que là, en fait, le cercle des membres des forces de l'ordre
00:35:51 s'est resserré petit à petit sur les manifestants.
00:35:53 Il y en a beaucoup qui sont partis
00:35:55 et là, vous avez vraiment seulement les derniers
00:35:57 qui ne veulent pas évacuer,
00:35:59 qui veulent rester au niveau de cette Place d'Italie.
00:36:01 Et depuis tout à l'heure, on entend vraiment
00:36:03 beaucoup de slogans contre la réforme de la retraite,
00:36:05 mais aussi des slogans anti-police
00:36:08 qui sont scandés très régulièrement
00:36:10 au niveau de cette Place d'Italie.
00:36:12 Et ce que l'on a pu aussi observer ici,
00:36:14 sur cette place, c'est vraiment plusieurs interpellations
00:36:17 des personnes qui ne voulaient pas partir
00:36:19 et qui donc, en fait, ont été interpellées
00:36:21 par les membres des forces de l'ordre.
00:36:23 Et là, en fait, vous avez une manifestante
00:36:25 qui a priori a été prise certainement d'un malaise
00:36:27 à cause du mouvement de foule
00:36:29 et qui là, en fait, a été extraite par les policiers
00:36:31 qui a été sortie de ce mouvement
00:36:33 et qui est donc actuellement au sol,
00:36:35 certainement qu'elle est en train de reprendre sa respiration
00:36:37 puisque au niveau, derrière, en fait, le cordon de police,
00:36:39 c'est vraiment, évidemment, des personnes
00:36:41 qui sont très serrées les unes contre les autres
00:36:43 et c'est vraiment très difficile de respirer.
00:36:45 Mais depuis tout à l'heure, on peut dire quand même
00:36:47 que c'est assez calme. Ça fait un moment
00:36:49 que ça se gêne, qu'il n'y a pas eu de, on va dire,
00:36:51 vraiment de mouvement de la part des forces de l'ordre
00:36:53 à part, évidemment, cette poussée vers la sortie.
00:36:55 Et on entendait tout à l'heure une policière, en fait,
00:36:57 qui disait à ses collègues, voilà, maintenant c'est la fin.
00:36:59 Il faut les faire évacuer.
00:37:01 Donc on les pousse vers le métro
00:37:03 et c'est vraiment la fin de cette manifestation.
00:37:05 – Merci beaucoup pour ces précisions.
00:37:07 Tout à l'heure, Olivier Besancenot, vous disiez,
00:37:09 oui, il s'agit d'une crise démocratique,
00:37:11 même l'expression "crise de régime" employée par Jean-Luc Mélenchon
00:37:13 vous semblait opportune.
00:37:15 Que pensez-vous, hier, de l'entourage d'Emmanuel Macron
00:37:17 qui réponse dès à Laurent Berger,
00:37:19 employant cette expression, il disait
00:37:21 "les hauts ont un sens, si on les galvaude,
00:37:23 on fait monter les extrêmes".
00:37:25 On pouvait le mettre en parallèle avec notre sondage,
00:37:27 le sondage Elabe, je ne sais pas si vous l'avez vu hier,
00:37:29 qui montrait que si la présidentielle avait lieu ce week-end,
00:37:33 Marine Le Pen l'emporterait.
00:37:35 C'est la première fois qu'on le voit dans un sondage Elabe.
00:37:37 Est-ce que vous vous dites que c'est la conséquence immédiate
00:37:39 de ce qu'on est en train de vivre maintenant,
00:37:41 l'arrivée de Marine Le Pen au pouvoir ?
00:37:43 – Je pense qu'Emmanuel Macron sert de grand marchepied
00:37:45 à la montée du Rassemblement National,
00:37:47 c'est lui qui porte cette responsabilité-là.
00:37:49 Maintenant, vous savez, il y a un philosophe
00:37:51 qui a beaucoup compté dans mon engagement politique,
00:37:53 qui s'appelait Daniel Benzaïd,
00:37:55 et qui insistait souvent sur la discordance des temps en politique,
00:37:57 c'est-à-dire que le temps social
00:37:59 n'est pas forcément raccord avec le temps politique,
00:38:01 notamment.
00:38:03 C'est un problème stratégique en tant que tel.
00:38:05 Là, c'est typiquement ce qu'on est en train de vivre.
00:38:07 Raison pour laquelle, je vous expliquais que pour moi,
00:38:09 avoir la peau, au-delà de tout ce qu'on a déjà gagné
00:38:11 en termes d'opinion, de soutien populaire,
00:38:13 avoir la peau de ce projet,
00:38:15 ça sera un acte fondateur pour toute la gauche.
00:38:17 C'est-à-dire, j'ai le défaut de croire que la situation
00:38:19 ne sera pas du tout la même, selon que cette fois-ci,
00:38:21 on gagne vraiment, c'est-à-dire que le projet a été retiré,
00:38:23 ou qu'on ne fasse pas la démonstration
00:38:25 qu'on est capable de gagner.
00:38:27 Si ce projet est retiré, ça veut dire que la gauche sociale et politique,
00:38:29 quelles que soient ses sensibilités,
00:38:31 reprend la main sur le cours des événements.
00:38:33 Et ça, sur le long terme, ça portera ses fruits,
00:38:35 je le pense, même par rapport…
00:38:37 – Vous expliquez que dans le sondage, c'est Marine Le Pen
00:38:39 qui est donnée gagnante, et pas une figure de gauche.
00:38:41 – Alors qu'elle ne manifeste pas, par exemple.
00:38:43 – Mais pour la raison que je suis en train de vous expliquer,
00:38:45 c'est-à-dire que là, pour l'instant, ce qui est en train de se passer
00:38:47 va produire, d'après moi, c'est pas que mon espoir,
00:38:49 je m'appuie aussi sur, si vous voulez,
00:38:51 ce qui s'est passé dans la longue histoire de la lutte des classes,
00:38:53 ce qui se passe socialement produit des effets différés en politique,
00:38:55 pas immédiat.
00:38:57 Et en tous les cas, si tenté que je puisse avoir
00:38:59 un minimum de relais,
00:39:03 de compréhension du côté de toutes les forces
00:39:05 syndicales, sociales ou politiques à gauche,
00:39:07 quel que soit notre point de vue,
00:39:09 et je le vois avec beaucoup,
00:39:11 c'est que, quel que soit notre point de vue,
00:39:13 on a tous et toutes à gagner, à mettre toutes nos forces dans la bataille
00:39:15 pour précisément faire en sorte que la gauche,
00:39:17 dans son ensemble, reprenne la main,
00:39:19 quitte à voir dans ce cadre-là,
00:39:21 les discussions à gauche, sur lesquelles on n'est pas d'accord
00:39:23 et sur lesquelles on n'est toujours pas d'accord,
00:39:25 y compris d'ailleurs sur la question d'air.
00:39:27 – Je prolonge la question d'Aurélie, je sais que vous regardez
00:39:29 évidemment tout ce qui se passe ailleurs,
00:39:31 pas seulement en France, mais ailleurs en Europe,
00:39:33 vous avez sans doute suivi ce qui s'est passé en Italie,
00:39:35 en 2011, eux aussi ont voté une réforme des retraites,
00:39:37 la réforme Fornero, c'était en 2011,
00:39:39 ils sont passés de 62 à 67 ans,
00:39:41 on sortait de la grande crise financière de 2008,
00:39:43 l'Italie avait des problèmes avec ses créanciers,
00:39:45 il fallait envoyer un signal au marché, comme on dit.
00:39:47 Et puis 6 ans plus tard,
00:39:49 Mathéo Salvini est vice-président du Conseil en Italie,
00:39:51 dans le gouvernement de Giuseppe Conte,
00:39:53 et au fond, nous ça va peut-être un peu plus vite avec notre sondage,
00:39:55 mais peut-être que c'est ce scénario-là
00:39:57 qui est en train de se dérouler,
00:39:59 et qui est en train de se dérouler,
00:40:01 et qui est en train de se dérouler,
00:40:03 et qui est en train de se dérouler,
00:40:05 c'est ce scénario-là qui est en train de se préparer,
00:40:07 je suis sûr que vous avez regardé ce scénario à l'italienne.
00:40:09 - Oui, et puis je regarde ce qui se passe dans le monde,
00:40:11 comme vous l'évoquiez,
00:40:13 et puis je regarde d'ailleurs qu'en Italie,
00:40:15 quand l'extrême droite arrive au pouvoir,
00:40:17 il n'y a rien qui change du point de vue du libéralisme,
00:40:19 contrairement aux promesses qui sont faites ici ou là.
00:40:21 Moi, je vous dis que ce qui est en train de se passer là,
00:40:23 justement, est la possibilité de faire bifurquer l'histoire,
00:40:25 et que l'histoire, elle n'est jamais écrite par avance,
00:40:27 que la politique est capricieuse, pour tout le monde,
00:40:29 et le grand narratif qui voudrait que le Rassemblement national
00:40:31 s'est déjà gagné,
00:40:33 moi, je vous dis prudence,
00:40:35 mais évidemment que c'est un degré d'alerte,
00:40:37 je ne suis pas aveugle, donc ça doit nous faire prendre nos responsabilités,
00:40:39 raison pour laquelle, je vous dis qu'on aurait tous et tout intérêt
00:40:41 à mettre toutes nos forces pour gagner,
00:40:43 quitte même dans cette bataille,
00:40:45 à voir les discussions de désaccord qu'on peut avoir
00:40:47 sur les stratégies, les tactiques,
00:40:49 ou les questions de fond.
00:40:51 - Alors, sur les stratégies, justement, et sur la gauche,
00:40:53 c'est un peu de la politique politicienne,
00:40:55 mais enfin, votre parti, le NPA,
00:40:57 s'est séparé récemment sur des options
00:40:59 de rapprochement ou non,
00:41:01 avec, justement, les partis qu'on appelle
00:41:03 historiquement de gouvernement,
00:41:05 et je pense aux Insoumis en particulier,
00:41:07 Philippe Poutou, votre camarade,
00:41:09 ancien candidat à la présidentielle,
00:41:11 a été sur une liste au régional
00:41:13 avec Clémence Guédé et les Insoumis,
00:41:15 on me dit, moi, dans l'oreillette qu'on vous a proposé
00:41:17 d'être sur une circonscription...
00:41:19 - Là, tout de suite, on vous le dit en ce moment ?
00:41:21 - Non, absolument. - D'accord. Je vais voir la régie, alors.
00:41:23 - Voilà. Dans une circonscription gagnable
00:41:25 aux législatives, mais que vous avez refusé
00:41:27 en raison de la présence des socialistes,
00:41:29 est-ce que, quand même, pour vous,
00:41:31 pour votre mouvement, pour le NPA,
00:41:33 la solution, ça passe pas par un rapprochement
00:41:35 et pour la gauche radicale, un rapprochement
00:41:37 autour de Jean-Luc Mélenchon, étant donné
00:41:39 qu'il est, a priori, dans ce sondage,
00:41:41 à peu près le seul à faire un score
00:41:43 qui puisse concurrencer
00:41:45 celui de Marine Le Pen ? Est-ce que vous, vous militez pour ça ?
00:41:47 - Nous, on milite pour le rassemblement
00:41:49 des forces anticapitalistes. Voilà.
00:41:51 Donc, quand il y a des possibilités,
00:41:53 des tentatives, on essaie.
00:41:55 Il y a des fois, ça marche. Je vous l'avais expliqué pour Philippe,
00:41:57 notamment au moment des élections.
00:41:59 Législative, on a tenté, ça n'a pas marché
00:42:01 parce que le Parti socialiste aussi est rentré dans la danse,
00:42:03 etc. - Et pour vous, le Parti
00:42:05 socialiste, c'est un
00:42:07 empêchement absolu, même celui d'Olivier Faure ?
00:42:09 - Même celui d'Olivier Faure et puis
00:42:11 du restant du parti, puisque c'est toujours dans le même parti.
00:42:13 Donc, après, je suis les évolutions politiques,
00:42:15 comme tout le monde, les situations, elles sont jamais figées.
00:42:17 On est partis dans ça. Maintenant, pour vous répondre
00:42:19 carrément,
00:42:21 2027, je m'en fous carrément.
00:42:23 Voilà. C'est-à-dire que si chacun
00:42:25 est déjà... - On pensait que vous vouliez le remplacement d'Emmanuel Macron,
00:42:27 mais... - Mais attendez,
00:42:29 excusez-moi. - Ça passe par les urnes. - Sérieux.
00:42:31 Ça ne m'avait pas échappé. Mais vous savez que ça peut venir
00:42:33 avant que par la présidentielle. - Alors justement,
00:42:35 c'est ce que je vous demandais tout à l'heure. - Et pas non plus. Vous savez que s'il y a une dissolution,
00:42:37 vous savez que s'il y a une dissolution,
00:42:39 c'est envisagé, y compris par le pouvoir,
00:42:41 un moment ou un autre. Donc, est-ce qu'il va
00:42:43 terminer son quinquennat ? Vous en êtes sûre ?
00:42:45 C'est la question qu'on vous pose, justement. - Mais moi, j'en sais rien. Je suis comme vous.
00:42:47 Je vous dis simplement que
00:42:49 le dénouement politique, pour qu'il se fasse,
00:42:51 il faut d'abord qu'on ait la pression, qu'on ait l'acte fondateur.
00:42:53 Vous, vous me demandez de prendre
00:42:55 le problème à l'envers. Ce sera sans moi.
00:42:57 Donc, rassembler des forces,
00:42:59 c'est pas simplement des forces anticapitalistes dans les
00:43:01 organisations politiques ou antilibérales.
00:43:03 Il y a les discussions que vous évoquez, en effet, avec la France insoumise
00:43:05 ou avec d'autres. Mais il y a aussi tout ce qui se passe
00:43:07 au niveau des forces sociales. Le renouveau
00:43:09 politique, je pense qu'il doit venir de ça.
00:43:11 Donc, moi, je me viens... - Justement,
00:43:13 je vous interromps au milieu de cette phrase, parce que
00:43:15 tout à l'heure, vous avez prononcé une phrase
00:43:17 qui a fait "il faudrait
00:43:19 un grand sommet social,
00:43:21 on pourrait réunir à gauche les forces
00:43:23 politiques, les forces syndicales,
00:43:25 les forces associatives, qu'on se
00:43:27 parle tous pour trouver le
00:43:29 meilleur chemin possible. Mais ça ne vous a
00:43:31 pas échappé que les syndicats ne veulent pas
00:43:33 entendre parler des partis politiques ? En gros, ils disent
00:43:35 à vous et aux autres, ils disent
00:43:37 "faites de la politique, nous on s'occupe de défendre
00:43:39 les salariés. Nous, on ne vous explique
00:43:41 pas comment faire de la politique, laissez-nous
00:43:43 mener le conflit social tel qu'on l'entend."
00:43:45 Pourquoi voudriez-vous que tout à coup,
00:43:47 tous ces gens
00:43:49 se mettent à réfléchir ?
00:43:51 - Il y a aussi une famille politique dans ce pays, ça dépasse
00:43:53 largement nos rangs, qui pensent qu'il y a une synthèse entre
00:43:55 la gauche sociale et la gauche politique, que la séparation
00:43:57 entre le social et le politique,
00:43:59 c'est pas le social, ça résiste, ça fait des luttes,
00:44:01 point barre, et ça ne fait pas de politique au bon sens
00:44:03 du terme, même sans être dans un parti, que la politique,
00:44:05 ce seraient les choses sérieuses. - Mais les syndicats
00:44:07 ont même pensé... - Mais arrêtez de dire
00:44:09 "les syndicats" à chaque fois parce que... - Bah oui, ils ont
00:44:11 même pensé que l'attitude d'un certain nombre
00:44:13 de partis politiques à l'Assemblée
00:44:15 nuisait à leur combat. - Mais j'ai compris tout ça.
00:44:17 Les raisons pour lesquelles je leur ai proposé que la meilleure
00:44:19 solution, ça serait de se voir et d'en parler.
00:44:21 Maintenant, c'est pas "les" syndicats. Il n'y a pas la même
00:44:23 grille de lecture syndicale de ce qu'est par exemple
00:44:25 la Charte d'Amiens de 1906,
00:44:27 auxquelles se réfèrent ceux qui parfois nous disent
00:44:29 "c'est l'indépendance la plus totale, on doit pas avoir de contact."
00:44:31 La Charte d'Amiens en 1906,
00:44:33 c'est une motion qui a été adoptée par la CGT
00:44:35 à l'époque, qui revendiquait
00:44:37 en effet l'autonomie et l'indépendance vis-à-vis des
00:44:39 partis du mouvement ouvrier, mais d'abord qui ne
00:44:41 renonçait pas à tout contact, mais qui
00:44:43 se faisait au nom d'une vision éminemment
00:44:45 révolutionnaire. C'est avec l'idée que le syndicalisme
00:44:47 était le meilleur outil pour transformer
00:44:49 la société. Donc, vous voyez,
00:44:51 il y a des grilles de lecture qui ne sont pas tout à fait les mêmes.
00:44:53 Maintenant, moi je veux bien qu'on fasse comme si
00:44:55 on ne se parle pas, on se croise dans
00:44:57 les manifs, ce que je propose, peu importe la formule.
00:44:59 Vous savez, dans le mouvement intermondialiste, il y a des moments
00:45:01 où on était les uns et les autres ensemble. Par ailleurs, il y a eu des collectifs
00:45:03 unitaires, qui ont existé,
00:45:05 même sur des questions importantes comme
00:45:07 les retraites ces dernières années, où on était ensemble.
00:45:09 Ça s'est déjà fait. Donc, je ne vois pas ce qu'il y aurait
00:45:11 de... comment dire... quel serait
00:45:13 le type de sacrilège de se voir...
00:45:15 Moi, je suis quelqu'un de pragmatique, c'est pas...
00:45:17 On est d'accord sur tout... En fait,
00:45:19 il y a ce truc qui est un espèce de poison
00:45:21 dans le mouvement ouvrier qui est le tout-ou-rien, en fait.
00:45:23 Et là, le problème, c'est que je vous dis, si chacun part dans son
00:45:25 couloir de course,
00:45:27 nous c'est les syndicats, nous c'est les partis, puis alors
00:45:29 nous, les partis, c'est 2027. Qui sait qui doit faire ?
00:45:31 Mais on court à la catastrophe.
00:45:33 Donc, il y a un moment donné... Moi, j'ai
00:45:35 fait des tas d'erreurs en politique. Je réévalue
00:45:37 aussi. J'apprends des uns des autres.
00:45:39 Voilà, je pense que personne ne peut jouer le mariole aujourd'hui,
00:45:41 vu l'urgence de la situation. Donc, on aurait
00:45:43 tenté... Si c'est pas ce que je propose,
00:45:45 qu'on me donne une autre
00:45:47 solution, moi, il n'y a pas de problème. Je prends. Mais
00:45:49 qu'on trouve, en effet, la question qui était posée au début,
00:45:51 c'est-à-dire le moyen de franchir
00:45:53 et de gagner pleinement. C'est-à-dire que ça soit incontestable
00:45:55 qu'on ait gagné. Et sur cette base-là,
00:45:57 je crois qu'il y aurait quelque chose de fondateur.
00:45:59 - Et pour l'instant, on n'en est pas là. Et sur les conséquences
00:46:01 politiques, ce que je voulais vous demander, c'est... La
00:46:03 dernière fois, quand il y a eu les Gilets jaunes,
00:46:05 Emmanuel Macron a gagné quelques années après. Et vous dites
00:46:07 "On voit les conséquences quelques années après".
00:46:09 Alors, pourquoi cette fois, puisque
00:46:11 c'est un mouvement qui n'est pas le même,
00:46:13 mais qui a les mêmes racines de colère
00:46:15 sociale, de lutte contre une réforme
00:46:17 d'Emmanuel Macron, pourquoi est-ce que ça aurait des conséquences
00:46:19 la prochaine fois que ça n'a pas eu la dernière fois ?
00:46:21 - Parce que sur les Gilets jaunes, ça s'est
00:46:23 assoldé par une victoire, que j'appelle
00:46:25 de mes voeux, là, comme ça. C'est-à-dire
00:46:27 quelque chose qui soit analysée comme telle.
00:46:29 Il y a eu des... Maintenant, c'est d'ailleurs
00:46:31 marrant de voir qu'après coup, on fait
00:46:33 des lectures différentes de ce qui s'est passé
00:46:35 au moment des Gilets jaunes. J'ai entendu dire,
00:46:37 notamment sur le thème de la violence, grand thème politique...
00:46:39 - On dit toujours "Emmanuel Macron, il est fini, il est fini".
00:46:41 La dernière fois, il a été réélu.
00:46:43 - Oui, mais ça non plus, ça ne m'a pas échappé.
00:46:45 Je sais aussi dans quelles circonstances et je sais à quoi ça tient
00:46:47 aujourd'hui. Moi, je veux bien qu'on me raconte des craques
00:46:49 comme, écoutez, il y a un boulevard devant lui, tout va bien.
00:46:51 Mais bon courage, bon courage. Je vous dis
00:46:53 simplement comment des Gilets jaunes, ça n'a pas été
00:46:55 analysé, d'après moi, comme une
00:46:57 victoire du mouvement social. Donc là,
00:46:59 il y a un bras de fer qui a été
00:47:01 voulu par Emmanuel Macron sur une question.
00:47:03 C'est pas nous qui avons décidé, c'est lui. Il a voulu
00:47:05 faire l'exemple. Là, je vous dis où il a déjà foiré.
00:47:07 C'est que Margaret Thatcher, elle avait les épaules pour le faire.
00:47:09 Elle a trouvé le moyen de le faire. Elle a
00:47:11 brisé le mouvement ouvrier pendant des années.
00:47:13 Là, ça, c'est déjà... - C'est la première fois qu'on entend...
00:47:15 - Vous êtes fan de Thatcher ou pas ?
00:47:17 - Non, juste... - Vous êtes en train de dire
00:47:19 qu'elle était plus à la hauteur qu'Emmanuel Macron.
00:47:21 - Oui, c'est ce que j'entends Dieu dire.
00:47:23 - Oui, bien sûr, bien sûr. Évidemment, on pourrait faire du buzz
00:47:25 là-dessus, mais vous y arriverez pas non plus.
00:47:27 C'est-à-dire que quand on allait... Vous savez,
00:47:29 essayer d'analyser ses adversaires, c'est aussi
00:47:31 analyser ses forces et ses faiblesses.
00:47:33 Quand Emmanuel Macron dit
00:47:35 "Moi, j'ai les épaules de faire ce que les autres
00:47:37 ont pu faire", c'est sous-entendu décrypter
00:47:39 "Je vais faire ce qu'a réussi à faire
00:47:41 Margaret Thatcher". Ça, c'est mort.
00:47:43 - Vous savez qu'il dit aussi...
00:47:45 - C'est-à-dire que le bilan... - Ça fait dix fois
00:47:47 qu'on voit des manifestations comme ça.
00:47:49 C'est ce qu'il dit en privé aux journalistes.
00:47:51 - Mais moi, je suis pas dans le privé avec lui.
00:47:53 - Il dit "Ça ne laissera pas de trace s'il y a eu des moments...
00:47:55 Ce sont des moments de tension".
00:47:57 Comment vous analysez le fait qu'il tienne ces points-là ?
00:47:59 - Moi, d'abord, je suis pas dans l'analyse. En ce moment, je suis dans le temps
00:48:01 de l'action. J'essaye de réfléchir politiquement dans le temps
00:48:03 de l'action, c'est-à-dire prendre le temps précieux de sortir
00:48:05 de l'action pour sortir un peu le nez du guidon
00:48:07 pour envisager des pistes stratégiques.
00:48:09 - Il dit l'action, mais il dit l'action.
00:48:11 - Je pense qu'il a du temps pour réfléchir en ce moment.
00:48:13 Là, je vous mets mon billet,
00:48:15 que dans quelques mois,
00:48:17 quelque soit l'issue, il y a des historiens
00:48:19 qui se pencheront en disant "On vient de vivre la plus grande
00:48:21 séquence sociale de l'histoire de la lutte de classe
00:48:23 qu'on n'a pas connue depuis des décennies".
00:48:25 - Depuis 68. - Et moi, je vous dis, Emmanuel Macron,
00:48:27 il est carbonisé.
00:48:29 Maintenant, ça règle pas tout.
00:48:31 Ça règle pas tout. Peut-être qu'il avait un aspect
00:48:33 canicas en lui, politiquement, j'entends, sur le thème
00:48:35 de la lutte, mais je m'en fous, de toute façon,
00:48:37 nique la vie, je ferai mon truc, et puis ensuite,
00:48:39 je rentrerai dans l'histoire. - Surtout, je ne me représente pas en 2027.
00:48:41 - Voilà, avec tous ces éléments que je ne maîtrise pas,
00:48:43 je n'ai pas envie de les maîtriser, ça ne m'intéresse pas,
00:48:45 le côté psychologique du personnage, je le mets de côté.
00:48:47 Ce qui m'intéresse, c'est les éléments politiques,
00:48:49 les forces et les faiblesses. Donc, on a besoin de ça,
00:48:51 parce que derrière la question des retraites,
00:48:53 il y a aussi le signal qui est envoyé à son camp
00:48:55 dans tous les sens du terme, c'est est-ce que derrière,
00:48:57 il faut remettre les couverts ? Je pense que déjà, ceux-là,
00:48:59 on est en train de les faire re-réfléchir à deux fois
00:49:01 avant de remettre les couverts, parce que derrière ça,
00:49:03 preuve que je ne les sous-estime pas,
00:49:05 ils font énormément de politique.
00:49:07 La question des retraites, de passer à 64 ans,
00:49:10 de chercher à mettre, finalement,
00:49:12 en obligation des millions de personnes
00:49:14 de renoncer au financement légalement prévu
00:49:16 par la Sécurité sociale pour finalement faire appel
00:49:18 à des fonds privés, c'est-à-dire à la capitalisation,
00:49:20 c'est un vieux projet du libéralisme.
00:49:22 C'est à ce projet-là, global et au long cours,
00:49:24 à qui il faut donner un temps d'arrêt.
00:49:26 Par exemple, pour dire à quel point
00:49:28 c'est un projet de société énorme,
00:49:30 ce qui se passe même dans la protection sociale.
00:49:32 La mémoire disparaît.
00:49:34 Vous savez que dans ce pays, on votait,
00:49:36 on votait à la libération pour les représentants
00:49:38 et les représentantes dans les caisses
00:49:40 des différentes branches de l'assurance maladie.
00:49:42 Il y a eu plusieurs élections,
00:49:44 47, 50, 55, 1962.
00:49:46 Et vous saviez que la participation,
00:49:48 à l'époque, elle était de 75 %.
00:49:50 Et les assurés, vous savez pourquoi
00:49:52 ils se sentaient concernés par ces élections ?
00:49:54 Pour une seule raison que tout le monde oublie.
00:49:56 C'est que la représentation dans ces caisses,
00:49:58 ce n'était pas la parité.
00:50:00 Ce n'était pas le paritarisme entre les organisations patronales
00:50:02 et syndicales.
00:50:04 C'était plus de 80 % pour les organisations d'assurés
00:50:06 et une représentation minoritaire du patronat
00:50:08 pour la simple et bonne raison que le patronat
00:50:10 est minoritaire dans la société.
00:50:12 Donc ça, si vous voulez, en filigrane,
00:50:14 il y a un fonctionnement démocratique potentiel
00:50:16 de la sécurité sociale qu'il s'agit de retrouver.
00:50:18 Pour moi, c'est une question stratégique à gauche.
00:50:20 Tout le monde n'est pas d'accord là-dessus.
00:50:22 Donc, il faut être efficace, être efficace et marchand
00:50:24 et bureaucratique, rétablir les élections,
00:50:26 par exemple, dans les caisses, pouvoir révoquer les élus,
00:50:28 c'est-à-dire pouvoir contrôler cette somme d'argent
00:50:30 extraordinaire que représente le budget
00:50:32 de la sécurité sociale.
00:50:34 - Olivier Boisensneau, il y a Dominique Rizet
00:50:36 qui va s'installer. Je le précise parce qu'il a peur
00:50:38 de passer derrière vous, mais on est en direct
00:50:40 et il n'y a pas d'autre solution.
00:50:42 Olivier Boisensneau, puisqu'on voit ces images
00:50:44 en ce moment des forces de l'ordre qui sont mobilisées,
00:50:46 qu'il y a eu de nombreux blessés
00:50:48 parmi les forces de l'ordre aujourd'hui,
00:50:50 comme on a vu tout à l'heure, il est difficile de compter
00:50:52 les blessés parmi les manifestants.
00:50:54 Est-ce que vous vous interrogez sur la stratégie
00:50:56 de maintien de l'ordre qui est adoptée
00:50:58 aujourd'hui par les autorités ?
00:51:00 Il y avait une pétition pour demander, par exemple,
00:51:02 la dissolution de la Brave M. Elle a été
00:51:04 classée sans suite. Est-ce que vous faites partie
00:51:06 de ceux qui l'avaient signée ?
00:51:08 - Oui, moi j'en suis solidaire. Maintenant, il y a une question
00:51:10 plus substantielle qui est récurrente en France.
00:51:12 Je ne sais pas si c'est une spécificité en français,
00:51:14 mais on singularise sur cette question.
00:51:16 C'est la question du recours.
00:51:18 Pour tout citoyen ou citoyenne qui pense qu'il est victime
00:51:20 d'une violence policière ou dépoliciée,
00:51:22 pour fâcher personne, théoriquement,
00:51:24 on fait recours à quoi ? À l'IGPN,
00:51:26 c'est-à-dire l'Inspection Générale de la Police Nationale,
00:51:28 qui est placée sous la haute tutelle
00:51:30 de qui ? Je vous le donne en mille. La Direction Générale
00:51:32 de la Police Nationale et du Ministère de l'Intérieur.
00:51:34 C'est-à-dire que le Ministère de l'Intérieur enquête
00:51:36 sur le Ministère de l'Intérieur. Comment être jugé parti ?
00:51:39 Moi, j'aimerais un jour, de manière dépassionnée,
00:51:41 qu'on puisse discuter de la possibilité
00:51:43 de pouvoir recourir à une instance
00:51:45 qui soit clairement indépendante.
00:51:47 Il n'y a pas que des enquêtes judiciaires.
00:51:49 Il n'y a pas que des enquêtes administratives.
00:51:51 Écoutez, j'ai bien compris,
00:51:53 mais pourquoi vous vous braquez tout de suite ?
00:51:55 Parce que vous dites qu'il n'y a pas de recours.
00:51:57 Celui qui est victime de violences commises par des policiers...
00:51:59 Je vous dis, le recours qui est prévu pour l'instant,
00:52:01 c'est le recours à l'IGPN. Sauf si vous me dites
00:52:03 le contraire. Sauf si vous me dites aussi que l'IGPN
00:52:05 est complètement indépendant du Ministère de la Police.
00:52:07 Il peut agir en justice.
00:52:09 Oui, d'accord. Ok. Mais enfin, vous comprenez...
00:52:11 Vous parlez de l'autre cas.
00:52:13 Il y a plusieurs vocations judiciaires.
00:52:15 Écoutez les instances de l'Union Européenne
00:52:17 qui parlent d'impunité policière.
00:52:19 Écoutez Gérard Damanin qui s'en prend aujourd'hui
00:52:21 à la Ligue des droits de l'Homme.
00:52:23 D'ailleurs, qu'en pensez-vous ?
00:52:25 J'en pense que du mal.
00:52:27 Qu'est-ce que ça dit de lui ?
00:52:29 Ça dit d'une traduction autoritaire terrible.
00:52:31 Terrible.
00:52:33 Quand on commence à s'en prendre à la Ligue des droits de l'Homme
00:52:35 dans un pays, c'est qu'il y a une dérive politique.
00:52:37 Mais assumée. Il ne fait pas un dérapage.
00:52:39 Il le fait en conscience. Il sait exactement ce qu'il fait.
00:52:41 Terrible vers quoi ?
00:52:43 C'est ce que je viens de vous dire.
00:52:45 Pour moi, il y a un complément de calcul personnel
00:52:47 peut-être de sa part.
00:52:49 Ce que je disais tout à l'heure.
00:52:51 Le sosie en carton éventuel de Nicolas Sarkozy.
00:52:53 Jean-Luc Mélenchon va plus loin que vous.
00:52:55 Il dit que Gérald Darmanin, c'est à la fois Bolsonaro et Trump.
00:52:57 Oui.
00:52:59 Peut-être que oui. Pourquoi pas ?
00:53:01 Au-delà,
00:53:03 c'est ce que j'essayais de suggérer tout à l'heure.
00:53:05 Au-delà du personnage Darmanin qui m'intéresse très peu.
00:53:07 Vous prenez cette espèce de rôle
00:53:09 de premier flic de France
00:53:11 qui est prévu dans le cadre de la Vème République.
00:53:13 Vous aviez compris tout à l'heure qu'elle n'avait pas toutes mes affinités.
00:53:15 La Vème République,
00:53:17 premier problème. Deuxième problème,
00:53:19 qui est le propre d'une politique libérale.
00:53:21 Une politique libérale, par nature, est inégalitaire.
00:53:23 Elle est injuste. Elle est vécue comme telle.
00:53:25 Pour la faire passer, il faut en général la faire passer en force.
00:53:27 La faire passer en force, c'est se retrancher
00:53:29 derrière des dispositifs et des stratégies
00:53:31 mis en place politiquement pour les forces de l'ordre.
00:53:33 Politiquement pour les forces de l'ordre.
00:53:35 Les forces de l'ordre ne décident pas toutes seules de ce qu'elles font.
00:53:37 Il y a des philosophies plus ou moins différentes.
00:53:39 Heureusement qu'en 68, par exemple,
00:53:41 ce n'était pas cette philosophie qui était employée
00:53:43 à ce moment-là.
00:53:45 Donc, à un moment donné,
00:53:47 c'est d'abord la dimension politique qui m'intéresse
00:53:49 d'armes à main.
00:53:51 Maintenant, s'ils s'entêtent,
00:53:53 il faudra probablement qu'ils partent.
00:53:55 Mais ça ne réglera pas tous les problèmes.
00:53:57 Il n'y a pas de réponse
00:53:59 technique
00:54:01 uniquement à ces problèmes-là.
00:54:03 De dissolution, par exemple, de tel ou tel corps de la police.
00:54:05 Il y a quelque chose de plus global.
00:54:07 Si on était capable de trouver un minimum d'apaisement,
00:54:09 ce serait qu'on trouve une issue politique.
00:54:11 Donc, nous, on s'y emploie avec du nombre,
00:54:13 de la massivité, j'ai essayé de le dire,
00:54:15 d'établir un rapport de force plus fort
00:54:17 que celui du pouvoir,
00:54:19 et qu'Emmanuel Macron, à un moment donné, soit pris entre deux feux,
00:54:21 c'est-à-dire entre notre contestation
00:54:23 et puis des fragmentations
00:54:25 en haut de la société, parce que c'est comme ça qu'on gagne.
00:54:27 La recette pour gagner, au-delà des spécificités
00:54:29 de chaque mouvement, parce qu'il n'y en a pas un qui se ressemble,
00:54:31 c'est qu'en bas, ça s'élargit,
00:54:33 en haut, ça se divise.
00:54:35 C'est ça qu'on gagne dans ces cas-là.
00:54:37 - Dominique Rizet, si vous êtes revenu nous voir,
00:54:39 c'est parce que vous avez d'autres informations, il me semble.
00:54:41 Vous vouliez aussi nous donner les chiffres en région.
00:54:43 - Oui, on a des chiffres en région qui sont importants
00:54:45 parce que je voulais parler surtout
00:54:47 des manifestations en région.
00:54:49 Et rejoindre un peu ce que vous disiez tout à l'heure,
00:54:51 il n'y a pas que Paris, parce qu'en fait,
00:54:53 il y a une mobilisation énorme dans les régions.
00:54:55 À 15h, donc là,
00:54:57 ce sont des chiffres du renseignement territorial.
00:54:59 Il y avait 389 actions
00:55:01 signalées qui mobilisaient
00:55:03 293 000 personnes.
00:55:05 Les chiffres, on ne sait pas sur les personnes, mais en tout cas,
00:55:07 il y avait des cortèges à Nantes, à Lyon,
00:55:09 à Marseille, 10 000 personnes, Brest, Rennes,
00:55:11 Montpellier, 8 000 personnes,
00:55:13 Rouen, Clermont-Ferrand,
00:55:15 Bayonne, Lorient, il y en a partout.
00:55:17 Et des actions aussi
00:55:19 sur des points stratégiques.
00:55:21 Vous l'avez dit tout à l'heure, vous avez été le premier
00:55:23 à le dire. Des actes de circulation,
00:55:25 72 actions signalées
00:55:27 qui ont mobilisé 5 240 personnes
00:55:29 sur des actes de circulation
00:55:31 dans toute la France. Dans les gares,
00:55:33 à Angoulême, 40 personnes
00:55:35 ont occupé la voie ferrée. À Wapi,
00:55:37 à Vannes, 500 personnes
00:55:39 ont occupé les voies ferrées. Dans
00:55:41 les ports, les dockers,
00:55:43 donc mobilisation importante des dockers
00:55:45 qui ont participé au mouvement de grève.
00:55:47 Dans les établissements
00:55:49 scolaires, vous l'avez dit tout à l'heure, mais il y a eu
00:55:51 69 actions signalées qui ont mobilisé
00:55:53 3 200 personnes.
00:55:55 À Caen, à Lyon,
00:55:57 dans les raffineries, au Havre,
00:55:59 et pas seulement. À Anvers, en Belgique,
00:56:01 un piquet de grève a pris corps.
00:56:03 Au dépôt de Total Energy,
00:56:05 à Anvers. - Je vous coupe, excusez-moi, mais il y avait
00:56:07 des pompiers belges dans la
00:56:09 manifestation qui sont venus en soutien,
00:56:11 des pompiers français qui étaient mobilisés.
00:56:13 - Les dépôts pétroliers, Strasbourg,
00:56:15 Gravelines, Saint-Avold,
00:56:17 Gournais-sur-Aronde,
00:56:19 et à chaque fois, il y avait des
00:56:21 regroupements de manifestants.
00:56:23 Et puis des inscriptions,
00:56:25 des inscriptions sur
00:56:27 le 49.3,
00:56:29 à Clermont-Ferrand, 49.3 à Paglop,
00:56:31 des graffitis partout, des pierres
00:56:33 lancées dans le jardin d'une préfecture à Nantes,
00:56:35 avec des inscriptions Sainte-Solide-Newbiny,
00:56:37 pardon, on n'est plus dans le 49.3,
00:56:39 mais à Quimper, deux manifestants
00:56:41 interpellés pour avoir inscrit 49.3 sur la
00:56:43 porte de la préfecture. Je vous passe le reste,
00:56:45 mais tout ça... - C'était déjà très détaillé.
00:56:47 - Je voudrais vous dire, c'est vrai, c'est une note
00:56:49 du renseignement, mais ça veut dire que
00:56:51 c'est pas seulement à Paris, quoi.
00:56:53 Ce mouvement en province, il est extrêmement
00:56:55 important. Alors on s'est intéressé avec les équipes
00:56:57 de BFM, de BFM TV,
00:56:59 et en province, les manifestations
00:57:01 se sont bien déroulées. Et les
00:57:03 occupations se sont bien déroulées aussi.
00:57:05 Donc il y a plus de monde
00:57:07 qu'on le pense
00:57:09 dans ces mobilisations. - Et vous vouliez aussi
00:57:11 nous alerter sur la scène prochaine.
00:57:13 Vous savez que les autorités sont
00:57:15 particulièrement inquiètes, c'est ça ?
00:57:17 - Jeudi et vendredi prochains, ce sont
00:57:19 deux journées cruciales. Jeudi,
00:57:21 on va voir ce qui va se passer au Conseil constitutionnel,
00:57:23 mais si la décision passait pas,
00:57:25 - Vendredi ? - Vendredi,
00:57:27 ça risque d'être terrible.
00:57:29 - C'est vendredi, la décision ? - Oui, c'est ça.
00:57:31 - Jeudi, c'est la prochaine mobilisation,
00:57:33 et vendredi, c'est la décision du Conseil constitutionnel.
00:57:35 - Vendredi, c'est le Conseil constitutionnel, et vendredi soir,
00:57:37 ça risque d'être
00:57:39 vraiment une soirée extrêmement
00:57:41 chaude. Ça s'arrêtera pas. - Parce que, Olivier Besançon,
00:57:43 vous faites partie de ceux qui considèrent que même si
00:57:45 la loi est
00:57:47 promulguée, même si les décrets
00:57:49 sont votés, il faudra quand même
00:57:51 continuer, évidemment.
00:57:53 - En un mot, oui.
00:57:55 Je vous l'ai dit tout à l'heure, évidemment.
00:57:57 Mais de toute façon, le problème, c'est pas moi.
00:57:59 C'est une fois de plus. C'est-à-dire que, en fait, depuis tout à l'heure,
00:58:01 on se comprend pas. On a eu des discussions
00:58:03 et des questions pendant toute une séquence
00:58:05 qui a duré des années, où on était en effet pas nombreux.
00:58:07 Aujourd'hui, vous regardez l'éventail
00:58:09 de ceux et celles qui tiennent ce discours-là,
00:58:11 il est nettement plus important.
00:58:13 Dans le spectre politique, dans le spectre
00:58:15 syndical, dans le spectre social,
00:58:17 et surtout, à la base. - Et vous avez le sentiment que...
00:58:19 - Il y a une espèce de lucidité. - Olivier Besancenot, vous avez le sentiment
00:58:21 que s'il y avait une dissolution, elle serait en votre
00:58:23 faveur, sérieusement ? C'est juste
00:58:25 une question, c'est pas... - Mais là, j'en sais rien.
00:58:27 C'est-à-dire qu'une fois que j'ai... - Parce que vous l'avez expliqué tout à l'heure.
00:58:29 - Si vous me permettez de compléter la question, dans notre
00:58:31 sondage de ce matin, le
00:58:33 total de toutes les formations politiques
00:58:35 de gauche, toutes, c'est 28%,
00:58:37 c'est-à-dire un score historiquement
00:58:39 faible. Or, c'est la gauche, a priori,
00:58:41 qui est dans la rue. Ce sont les syndicats,
00:58:43 ce sont les partis politiques de gauche qui appellent aux
00:58:45 manifestations. C'est vous, Olivier Besancenot.
00:58:47 Et dans les sondages, ça ne se voit pas,
00:58:49 la gauche n'en profite pas. Comment vous l'expliquez ?
00:58:51 - Alors... - Il y a déjà un problème avec cette question.
00:58:53 - Oui, mais je veux bien... Moi, je peux pas...
00:58:55 - C'est pour ça qu'il est enrhumé. - Moi, je peux faire comme lui,
00:58:57 je peux répondre à la même question en faisant semblant que c'est pas la même.
00:58:59 - Vous avez lancé des boulevards tout à l'heure aussi, donc à nous,
00:59:01 à notre tour. Mais est-ce que vous avez le sentiment
00:59:03 que c'est pas un risque pour vous, pour votre
00:59:05 camp de la gauche, de souhaiter la
00:59:07 dissolution ? Est-ce que c'est pas...
00:59:09 - Non, c'est un truc de dingue. C'est-à-dire qu'en fait,
00:59:11 je suis en train de vous dire que cette option de la dissolution,
00:59:13 elle est d'abord, pardon,
00:59:15 employée par le haut. - Mais vous en avez
00:59:17 parlé tout à l'heure, et vous l'avez souhaitée.
00:59:19 - Mais oui, mais parce que c'est dans le décor, mais pas d'abord...
00:59:21 Si vous voulez, enfin, comment dire ?
00:59:23 Quand vous avez un président de la République qui dit
00:59:25 "je mène le bras..." Il termine le décembre
00:59:27 de l'année dernière en disant "ça sera l'année du passage
00:59:29 des retraites". Il décide de faire.
00:59:31 Je pense qu'il se plante
00:59:33 de A à Z sur le fait que ça sera plus rapide
00:59:35 que prévu, ça dure, il s'entête,
00:59:37 il maintient, il dit "en gros, je joue
00:59:39 ma tête là-dessus". C'est-à-dire que le pouvoir,
00:59:41 ça sera soit crise politique
00:59:43 majeure, soit je passe.
00:59:45 Donc c'est lui qui fait ce défi-là.
00:59:47 Moi, j'y suis pour rien. Il met la barre à ce niveau-là,
00:59:49 on prend le défi, voilà, à ce niveau-là.
00:59:51 Maintenant, quand il y a un tel niveau, ça sert à rien de parler fort.
00:59:53 On ne gagne pas une bataille en parlant fort.
00:59:55 Lui, il parle fort peut-être, mais nous,
00:59:57 ça ne nous impressionne pas. On n'est pas intimidés.
00:59:59 Il faut en effet trouver des modalités
01:00:01 qui sont capables de le faire reculer. Donc, je réponds
01:00:03 à la question que vous m'avez posée déjà
01:00:05 36 000 fois, mais j'y réponds maintenant.
01:00:07 L'événement politique, c'est
01:00:09 l'issue de ce qui se passe là.
01:00:11 Vos sondages
01:00:13 ne seront pas les mêmes, même en quelques
01:00:15 semaines, ça j'en suis sûr, si on
01:00:17 gagne. Mais ça j'en suis sûr. C'est-à-dire que
01:00:19 c'est vieux comme la lutte de classe, c'est des vieilles formules
01:00:21 de révolutionnaires. Il se passe en une journée
01:00:23 ce qui se passe habituellement en
01:00:25 un mois. - Oui, mais c'est quand même intéressant d'analyser
01:00:27 l'instant T tout à l'heure, et je taquinais
01:00:29 Laurent parce qu'il avait raison de vous poser de nouveau
01:00:31 la question. - Parce que je n'avais pas eu ma réponse, c'est toujours pareil.
01:00:33 - Vous analysiez la montée de Marine
01:00:35 Le Pen. Non mais vous expliquiez la montée de Marine
01:00:37 Le Pen, c'était très intéressant de vous entendre, mais vous
01:00:39 n'expliquiez pas pourquoi ce n'était
01:00:41 pas vous qui étiez vu dans
01:00:43 les sondages comme étant le gagnant de cette séquence.
01:00:45 - Mais moi je ne suis pas analyste.
01:00:47 Je ne suis pas là pour vous expliquer.
01:00:49 - Ça veut dire qu'il y a quand même quelques années que vous analysez.
01:00:51 - Ça veut dire qu'il y a eu une erreur, non ?
01:00:53 - Non, mais des erreurs, j'en ai fait plein, je peux vous aussi vous en dire
01:00:55 une dernière fois, il n'y a pas de problème.
01:00:57 Je vous dis, je ne suis pas analyste.
01:00:59 Je suis dans l'action.
01:01:01 Donc évidemment que je suis comme vous,
01:01:03 je ne suis pas tarté, je vois le rapport de force,
01:01:05 l'évolution générale, même ça je vous l'ai dit tout à l'heure.
01:01:07 J'espère que vous l'avez entendu.
01:01:09 Le problème c'est quoi ? C'est qu'on pèse
01:01:11 pour changer ce cours
01:01:13 de l'histoire-là. Pour peser
01:01:15 sur ce cours
01:01:17 et qu'il ne prenne pas le cours
01:01:19 actuel, qui est celui du Rassemblement National,
01:01:21 il faut une victoire.
01:01:23 Alors je peux prendre une bombe de peinture
01:01:25 et vous le graver sur le mur pour que ça rentre.
01:01:27 C'est ça notre idée. Peut-être qu'il y en a d'autres.
01:01:29 - Mais Roger Vincenzo, si la réforme des retraites
01:01:31 passe et que ce pari que vous faites
01:01:33 aujourd'hui ne fonctionne pas, vous êtes en train de dire
01:01:35 que fatalement Marine Le Pen l'emportera.
01:01:37 Ce sera votre défaite. - Non, pas fatalement non plus.
01:01:39 Ce que j'essayais de vous expliquer tout à l'heure,
01:01:41 c'est que de toute façon l'histoire, de manière générale,
01:01:43 elle n'est jamais écrite par avance.
01:01:45 Jamais. Je crois aux bifurcations
01:01:47 dans l'histoire, je crois que chaque situation
01:01:49 est particulière. Je ne crois pas aux choses inutiles.
01:01:51 Je pense que cette vision linéaire
01:01:53 de l'histoire, elle a tué une partie de la gauche
01:01:55 qui fait que justement,
01:01:57 je vous disais tout le bien que je pensais de la Vème République,
01:01:59 la Vème République, une partie de la gauche
01:02:01 a fini par adopter l'agenda
01:02:03 et le calendrier de la Vème République.
01:02:05 On sort d'une élection présidentielle, on est déjà dans la suivante.
01:02:07 Et chacun, déjà,
01:02:09 est dans ses petits calculs. Moi,
01:02:11 ce que j'aimerais, c'est que les uns et les autres
01:02:13 renoncent à leurs ambitions présidentielles.
01:02:15 30 secondes.
01:02:17 Oubliez le calendrier de la Vème République.
01:02:19 30 secondes et qu'on donne
01:02:21 tous les moyens pour gagner.
01:02:23 Et ensuite, on aura les discussions, les désaccords.
01:02:25 C'est un message pour lui.
01:02:27 Vous avez cru ou pas ?
01:02:29 Maintenant, c'est comme ça.
01:02:31 Quand vous dites
01:02:33 "oubliez vos ambitions présidentielles",
01:02:35 à gauche,
01:02:37 qui a des ambitions présidentielles ?
01:02:39 Je ne suis pas méchant avec personne,
01:02:41 mais je pense qu'il n'est pas le seul.
01:02:43 C'est vraiment plus général que ça.
01:02:45 Et sincèrement, je n'avais pas de six-sept sur lui
01:02:47 quand j'ai expliqué ça.
01:02:49 C'est un mâle qui taraude la gauche
01:02:51 depuis très longtemps.
01:02:53 C'est un mâle qui va de pire en pire.
01:02:55 On est vraiment dans cette idée.
01:02:57 À gauche, il y en a qui pensent sincèrement
01:02:59 que l'option, c'est de vous écouter
01:03:01 en disant "c'est inéluctable,
01:03:03 c'est dans les quatre prochaines années,
01:03:05 il faut trouver le bon ou la bonne candidate".
01:03:07 Je dis "attention, danger".
01:03:09 La situation politique des années à venir
01:03:11 se dessine en ce moment.
01:03:13 Je ne vois pas qui, à gauche,
01:03:15 quel que soit son point de vue,
01:03:17 quel que soient nos différences,
01:03:19 aurait à gagner à l'idée
01:03:21 de s'en sortir par une pirouette.
01:03:23 Bien sûr qu'on continuera à battre quoi qu'il en soit.
01:03:25 C'est une sacrée évolution,
01:03:27 parce que le NPA, vous avez quand même
01:03:29 rarement été unitaire avec vos voisins,
01:03:31 à commencer par vos voisins les plus proches
01:03:33 de Luthor Beyer ou d'autres
01:03:35 avec qui vous avez toujours refusé de vous engager.
01:03:37 Là, vous parlez d'unité de toute la gauche.
01:03:39 Peut-être que les socialistes, pour l'instant,
01:03:41 ne sont pas encore vos camarades,
01:03:43 mais il y a quand même une franche évolution chez vous.
01:03:45 Quand vous dites tout à l'heure que vous reconnaissez
01:03:47 que vous avez commis un peu des fautes,
01:03:49 vous seriez prêt à partir aux européennes,
01:03:51 par exemple, avec les insoumis ?
01:03:53 C'est quelque chose qui vous tente ?
01:03:55 Vous, vous êtes obsédé par les élections.
01:03:57 Oui, oui, parce que c'est effectivement
01:03:59 quand même un calendrier.
01:04:01 Pour sortir de la crise démocratique,
01:04:03 les élections, c'est pas mal.
01:04:05 Je referai la discussion.
01:04:07 Je vous dis que tel que j'envisage des choses,
01:04:09 mais pas de mon point de vue,
01:04:11 du point de vue tel qu'il est envisagé
01:04:13 d'une crise politique que je n'ai pas décidée
01:04:15 qui a été voulue par en haut,
01:04:17 là, tel que c'est posé dans le rapport de force,
01:04:19 c'est ça.
01:04:21 Comment ça peut arriver, cette solution ?
01:04:23 Puisqu'on est dans le rapport de force...
01:04:25 C'est un truc de ouf. Je n'en sais rien.
01:04:27 Mais bienvenue à nous.
01:04:29 Puisqu'on est dans le rapport de force,
01:04:31 votre idée étant d'être dans l'action,
01:04:33 qu'est-ce que vous dites à tous ces Français
01:04:35 qui aujourd'hui ne croient pas à une solution politique
01:04:37 et qui se disent qu'il n'y a que par la violence
01:04:39 que l'on obtient ce que l'on veut ?
01:04:41 Il suffit de repenser aux Gilets jaunes.
01:04:43 Qu'est-ce que vous dites à tous ces Français
01:04:45 qui finissent par tirer cette conclusion ?
01:04:47 Le nombre. Le nombre, le nombre, le nombre.
01:04:49 Historiquement, quand on gagne, c'est le nombre.
01:04:51 Moi, c'est mon obsession.
01:04:53 Plus on est nombreux, plus ça se passe bien
01:04:55 et plus on gagne vite.
01:04:57 Donc le nombre pacifique ?
01:04:59 Non, mais après, les questions de stratégie...
01:05:01 Vous savez, il y a un lac
01:05:03 entre les partisans de l'insurrection qui vient
01:05:05 et ceux qui sont...
01:05:07 Pour le pacifisme abouti jusqu'au bout,
01:05:09 si vous voulez, un jour,
01:05:11 on fera une émission spéciale
01:05:13 sur la violence en politique
01:05:15 comme question politique stratégique.
01:05:17 Du long, long, long cours dans l'histoire.
01:05:19 Ce serait bien surprenant.
01:05:21 Ceux qui la pratiquent, la violence,
01:05:23 c'est plus dans le sommet de l'État.
01:05:25 Aujourd'hui, en termes de solution politique,
01:05:27 le rapport de force fait
01:05:29 qu'aujourd'hui, Emmanuel Macron
01:05:31 prétend à cette position
01:05:33 de pouvoir passer malgré tout
01:05:35 avec un problème majeur.
01:05:37 Ce n'est pas simplement qu'il a une partie
01:05:39 de la société qui, en ce moment, brûle
01:05:41 dans le sens imagé du terme,
01:05:43 mais qui est toujours présent en termes de contestation.
01:05:45 Même du point de vue du dialogue social,
01:05:47 il a qui pour parler en ce moment ?
01:05:49 Personne. Et comment il va le finir
01:05:51 son quinquennat ? J'imagine, j'espère...
01:05:53 -Vous ne souhaitez pas lui parler non plus ?
01:05:55 Ça marche dans les deux sens.
01:05:57 -Ce n'est pas moi. Parlez à Laurent Berger.
01:05:59 Il veut lui parler, non ?
01:06:01 Il y a l'EH ? Il dit quoi ?
01:06:03 Il y a une crise démocratique.
01:06:05 Une fois de plus, oubliez-moi. Ce n'est pas moi le problème.
01:06:07 Je vous pose la question.
01:06:09 Comment il va faire ? J'espère que je ne suis pas
01:06:11 le seul à me poser cette question.
01:06:13 Je sais qu'en haut, il se pose la question.
01:06:15 On aurait intérêt, dans notre camp à nous,
01:06:17 à envisager cette possibilité
01:06:19 pour avoir une stratégie gagnante.
01:06:21 Peut-être que je me trompe,
01:06:23 mais j'ai le défaut de croire
01:06:25 que la configuration politique majeure
01:06:27 se noue en ce moment. Vous savez, en 1995,
01:06:29 on parlait de l'extrême droite,
01:06:31 quand il y a eu cette grande révolte contre le plan Juppé,
01:06:33 une grève générale qui, après tout,
01:06:35 a été vécue comme victorieuse, alors que, sur le coup,
01:06:37 c'était plus tangent, ça a fait repousser
01:06:39 un premier temps l'extrême droite.
01:06:41 Dans les villes les plus populaires, à Marseille,
01:06:43 il y avait dans les cortèges des gens qui votaient Le Pen.
01:06:45 On aurait espéré qu'il y ait une gauche, après,
01:06:47 qui arrive au pouvoir et qui ne privatise pas plus
01:06:49 que deux gouvernements de droite réunis.
01:06:51 - Donc c'était Jospin.
01:06:53 - Voilà. Histoire de ne pas casser les illusions.
01:06:55 J'espère que tout le monde l'a en tête.
01:06:57 - Merci beaucoup Olivier Besancenot d'être venu nous voir.
01:06:59 Vous avez passé une heure avec nous.
01:07:01 - Oui, c'était un plaisir.
01:07:03 - Nous aussi, on était contents.