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À l'occasion de la sortie de son livre "Florent', Florent Pagny était l'invité de RTL mercredi 5 avril.

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Transcription
00:00 Bonjour Florent Pagny. - Bonjour.
00:01 - Et merci beaucoup d'être là, on est vraiment ravis avec Stéphane Bellery de vous accueillir ici à RTL pour nous présenter ce livre
00:07 « Pagny par Florent », votre autobiographie co-écrite avec Emmanuel Cossos, c'est 500 pages
00:13 au cours desquelles vous évoquez votre vie, vos 7 vies comme vous dites, il y a vos hauts, vos bas, la musique, les femmes, le fixe, votre rapport à l'argent, votre cancer aussi.
00:21 Tout y passe, sans tabou et d'ailleurs vous ne vous épargnez pas, on va y revenir dans un instant, ça sort aujourd'hui chez Fayard.
00:28 On va parler de tout ça bien sûr, mais d'abord comment allez-vous ?
00:31 - Très bien, oui je vais très bien, je suis dans une espèce de spirale rigolote avec cette sortie de livre et avec toute cette histoire passée
00:44 qui font qu'à la fin je vais plutôt très bien, malgré tout ce qu'on peut imaginer et en effet avec ce qui m'arrive, mais en même temps je suis surpris moi-même, ça se passe super bien.
00:57 - Vous avez l'air en pleine forme. - Oui mais je suis en forme.
00:59 - Vous êtes beau, rayonnant. - Merci.
01:01 - Non mais c'est vrai. - Oui, je suis bien coiffé donc moi c'est ma coupe préférée, honnêtement quand il n'y a plus de cheveux, c'est tellement plus pratique.
01:09 Et puis bon, ok, je suis dans une période de traitement qui alors, on vit une belle époque, attention, ça a beaucoup progressé,
01:20 ce n'est pas les chimios d'antan où on était par terre, KO, c'est chimio mélangé avec de l'immunothérapie et bon je commence à être un peu habitué,
01:30 alors je sais le gérer, ça t'oblige à une hygiène de vie intéressante aussi parce que ça joue tellement sur ton organisme qu'il faut manger correctement,
01:40 t'arrêtes l'alcool, j'ai pu perdre ma bouée à 60 ans, je suis content, donc il faut toujours voir le bon côté des choses
01:48 et c'est vrai que bon, j'arrive à faire ça et à voir la pêche, j'arrive à chanter, j'arrive à m'exprimer et à vivre avec plaisir cette aventure assez particulière pour moi,
01:59 moi je suis plus habitué à une sortie de disque et pourtant c'est une sortie de livre, je ne m'attendais pas à vivre ça comme ça, c'est sympa.
02:07 - Bon, vous serez bien de retour sur scène au mois de juin ? - Ah oui, oui, c'est prévu.
02:11 - Vous avez hâte ? - Bah oui, j'ai hâte de me prouver que je suis capable de le faire,
02:16 malgré tout, attendez, moi mon histoire ce n'est pas fini, je suis en forme, tout va bien, là je refais dans peu de temps de la chimio
02:23 et après on ira voir un peu ce qui s'est passé et c'est à la carte, le professeur Kayad m'a bien expliqué, on va regarder et selon ce qui se passe,
02:33 on verra, il y aura peut-être d'autres choses à faire et bon, ce qui compte c'est justement de garder une bonne énergie et puis d'avoir,
02:43 parce que quand les produits sont là, quand même faire du sport et être à fond, on perd un peu d'oxygène, la voix n'est pas touchée,
02:50 mais par contre c'est plutôt le souffle qui pourrait avoir du mal, mais si tout ça s'est un peu éloigné, oui, mais j'assure,
02:56 juin je suis dedans et juillet j'en vois et je me prouve que ça marche.
03:02 - Vous avez eu peur de perdre votre voix, Florent, ces derniers mois ? - Non, non, parce qu'il ne s'est jamais rien passé autour des cordes vocales,
03:10 à la limite, si, il s'est passé quelque chose d'assez particulier, c'est que je suis plus haut, je suis plus clair, mais j'ai arrêté de fumer,
03:17 c'est Obispo qui m'a dit ça, j'ai dit "putain c'est marrant, je sens ma voix, elle a monté", il me dit "ben t'es con, t'as arrêté de fumer, c'est normal"
03:22 "ah ben oui, t'as raison" et c'est vrai que ma voix, elle s'est un peu clarifiée, alors elle était déjà un peu la trompette, mais là c'est pire.
03:31 - Remonter sur scène, ça serait une revanche pour vous ? - Bah je le vis pas comme ça, je vous dis, c'est pas une revanche parce que c'est un challenge,
03:40 et en fait, finalement, moi, toute cette histoire, j'ai une manière de la prendre, de la border et de la transformer en me disant
03:50 "ça m'a rappelé ma jeunesse, j'ai un combat, j'ai un challenge, il y a quelque chose à... il faut batailler"
03:57 - Ça arrive un moment où vous n'aviez plus à batailler ? - Eh ouais !
04:00 - Et c'est pas anodin ça ? - Bah c'est quand même particulier, ça me laisse quand même un peu à réfléchir, moi qui aime bien réfléchir et tout analyser,
04:07 là j'ai de quoi faire, parce que c'est vrai que cette espèce de borne de l'année des 60, la tournée des 60, je tourne une page et je sais pas ce qui va se passer après,
04:16 je sais pas ce que j'ai envie de vivre et de faire, et un peu genre, mes combats, c'est maintenant un peu à chaque fois facile et gagné,
04:24 ah bah d'un coup, ça s'est clarifié, je peux te dire, et tu fais "ouh là, je m'attendais pas à un truc pareil, il va falloir y aller"
04:31 mais là, on est plus dans la carrière, une réussite, tous les choses, là on est avec soi-même et il y a quelque chose qu'il va falloir régler et batailler,
04:41 alors ça m'a redonné cette espèce d'énergie que j'ai toujours aimé avoir pour affronter les épreuves de la vie.
04:48 - Vous dédramatisez beaucoup la maladie, Florent, est-ce que durant ces 15 mois que vous avez vécu, vous avez baissé les bras parfois ?
04:57 - Bah, il n'y a pas de raison, parce qu'en fait, moi je suis toujours très curieux, le seul moment où j'ai pu baisser les bras,
05:05 ou en tout cas, j'ai eu un gros down, c'est au moment où j'ai l'information, mais je sais pas de quelle origine elle est, de quelle nature c'est,
05:14 il y a plein de choses que je ne sais pas, et là, oui, j'ai l'information, j'ai une tumeur de 4 cm et il va falloir faire quelque chose très vite,
05:23 et oui, entre cette information et le lendemain matin où je fais un PET scan, où là, on va voir précisément, on a des images précises,
05:31 avec un super docteur, docteur Zerbib, le mec qui connaît son sujet par cœur et il sait parfaitement l'expliquer,
05:37 là tu commences à comprendre, et tu te dis "bon, ok, vous avez en effet un problème, mais vous n'en avez qu'un, première bonne nouvelle,
05:45 et en plus, elle n'est pas si vieille que ça, vous êtes au degré 1, deuxième bonne nouvelle, mais on vous dit qu'elle est inopérable,
05:52 un peu plus tard, c'est un peu plus tard quand tu fais la biopsie, mais bon, t'es déjà dans un truc où tu te dis "ok, j'ai des éléments,
05:59 et moi si tu me donnes les éléments, et que je commence à les assimiler, ok, alors on va aller fighter comme il faut, j'en ai qu'une, c'est degré 1,
06:10 donc il y a beaucoup d'espoir, après nature, nature, non, désolé, c'est la pire, et entre nous, je vais pas me faire opérer, je suis content,
06:21 et oui, parce que l'opération, c'est on t'ouvre le dos, on te casse les côtes, on va chercher le morceau, c'est pas agréable,
06:27 alors c'est une vraie solution radicale, ça aurait été la meilleure, mais d'un seul coup, il n'y a pas d'opération,
06:33 parce que ces petites cellules, elles se divisent très vite, et on ne prend pas le risque d'ouvrir, d'avoir du sang avec une cellule
06:39 qui part dans un autre organe et est contaminée plus loin, alors tu fais "ok, déjà j'ai pas ça, par contre il n'y a qu'un handicap,
06:45 il y a un seul protocole, il faut qu'il marche, ou c'est pas terrible, mais bon, il marche, et ben voilà, on continue,
06:53 après les conneries, c'est moi qui les fais, et s'il y a une rechute, c'est parce que je me suis retrouvé à vouloir faire un peu le zoro,
06:59 en vivant les choses autrement, en me disant "bon allez, la médecine a fait son travail, j'avais quand même 100% de rémission,
07:05 là je vais partir vivre dans des endroits très sains, je vais vivre très sainement, je peux peut-être, bon j'ai eu du mal à trouver le produit,
07:13 j'ai pas cherché à aller très loin, je peux peut-être le passer comme ça", et je passais bien, j'étais bien, les 4 mois de l'effet du produit,
07:20 en fait, au bout de 4 mois, il n'y a plus de produit, et le 5e mois, il y a eu une rechute, et c'était là où j'avais mon erreur.
07:27 - La connerie, vous ne la ferez pas une deuxième fois ? - En général, tu joues avec le feu, tu te brûles, tu y retournes pas, quoi,
07:33 ben voilà, moi je suis comme tout le monde, je n'y retournerai pas, je vais me démerder pour avoir le produit la prochaine fois.
07:37 - Laurent Pagny, vous avez fait le choix d'en parler très vite, publiquement, ça vous a aidé ou pas ?
07:41 - Ben j'ai fait le choix, j'étais un peu obligé, en fait, je me retrouvais au milieu d'une tournée qui cartonnait,
07:47 et d'un seul coup, j'avais 32 dates, 110 000 personnes à prévenir d'un coup, je vais pas être là, et aujourd'hui, ben voilà,
07:53 je vis à l'époque d'Internet, il y a Instagram, ça devient un moyen de communication direct et multiple, tu dis "ben je vais l'utiliser".
08:03 Ça m'a appris aussi, aujourd'hui, c'est pour ça que je l'utilise vraiment de moins en moins, et presque plus du tout,
08:09 parce que ça m'a aussi appris que ces messages, bon, ça a été très utile, mais après, ça prend des proportions, mais ça t'échappe,
08:17 ça part dans tous les sens, tout le monde peut le récupérer, et là tu fais "Waouh", alors oui, je voulais donner une information
08:24 à 110 000 personnes, je voulais pas concerner 70 millions de mecs.
08:27 - Sauf que ça a aidé sans doute plein de gens qui sont dans votre situation, qui sont malades aujourd'hui, c'est aussi pour ça.
08:33 - Alors ?
08:34 - Non ? Vous l'avez pas fait pour ça au départ ?
08:35 - Non, ben non, je le découvre, moi j'ai rien fait, moi je subis, je me dis "bon, il m'arrive ça, je dois réagir comme ça",
08:42 après je vois l'effet que ça provoque, et puis les retours que j'ai suite à ce petit film, et je me rends compte que
08:48 "oh là tiens, c'est dans mon analyse, c'est encore bizarre là, j'ai passé 35 ans et j'expliquais sur mon dernier spectacle que
08:56 finalement j'avais trouvé ma raison d'être sur cette terre, ma mission c'est d'envoyer des messages",
09:02 bon ben elle passait à travers des chansons, et là je me dis "mais peut-être j'ai aussi encore d'autres messages envoyés sous une autre forme,
09:08 pas forcément accompagnés de musique et de chansons, mais en vivant un truc comme ça, eh ben vas-y, trouve le bon axe et fais-le de la bonne manière".
09:17 - Vous avez toujours eu le même numéro de portable, c'est ce que vous écrivez dans votre livre, tout le monde s'en est souvenu, écrivez-vous,
09:23 quel est le message de soutien que vous avez reçu qui vous a le plus étonné, Florent ?
09:27 - Moi j'ai pas un message de soutien qui m'a le plus étonné, c'est l'ensemble des messages de soutien, et puis tout ce que j'ai reçu, ça aussi ça m'a choqué,
09:37 ça m'a bouleversé, ça m'a provoqué un truc que j'imaginais pas, et ça m'a amené à réfléchir encore plus et à réaliser la chance que j'ai d'avoir eu la vie que j'ai eue jusqu'à présent,
09:53 et d'avoir rencontré les gens que j'ai rencontrés, et d'avoir fait les bons choix. Et là, tout remonte d'un coup, et c'est extraordinaire, attention,
10:04 ce qui m'arrive avec les conditions dans lesquelles ça se passe, entre ma famille directe, ma femme, mes enfants, et tout ce que ça a généré autour,
10:13 c'est juste énorme, j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup de chance. Et ça, il faut toujours le reconnaître, le respecter et l'honorer.
10:22 - On vous sent ému ? - Bah parce que c'est vrai !
10:27 - Elle vous a changé, cette maladie vous fait changer ? - Je pense que tous ceux qui vivent ça, oui.
10:35 Ça nous fait changer, ça nous fait réfléchir, ça nous amène ailleurs, ça nous oblige à...
10:45 Oui, ça prend beaucoup de proportions. Je vais finir la promo demain, et ça sera bien, parce que trop de promos tuent la promo,
10:53 et c'est vrai que ce livre, finalement, il fixe énormément. Alors à la limite, j'ai envie de dire, il y a beaucoup de pudeur et de mon intimité dans ce livre,
11:03 et je n'ai pas à le dévoiler plus que ça. Dans les interviews, ceux qui veulent y aller, ils n'auront qu'à le lire, et puis voilà, c'est comme ça que ça doit se passer.
11:12 Et donc à un moment, j'ai en effet ce truc, je me rends compte que je me retrouve confronté à, c'est pas une petite question anodine,
11:19 elle est justifiée par tout ce que j'ai raconté. Mais moi, je suis un livre ouvert, je ne suis pas une personne qui raconte des histoires,
11:29 qui s'invente des personnages, et puis voilà, je raconte tout, et puis c'est pour ça qu'à un moment, il va falloir que j'arrête de parler.
11:34 - Mais c'est pour ça que les Français vous aiment aussi, Florent ? - Oui, certainement, parce qu'en effet, je ne triche pas, je ne raconte pas d'histoire,
11:41 je suis moi-même, et puis je le dis, et je le vis comme ça. Mais j'analyse toujours, et puis j'ai toujours assez de recul, et à un moment,
11:49 je sais qu'il ne faudra pas que je traîne trop avec tout ça, ça se fera tout seul, et voilà, parce que ça finit par être lourd comme le livre !
12:00 - Il est lourd, ça ne sent pas Jean-Baptiste ? - Ah mais quand je l'ai vu arriver, j'ai fait "pourquoi ?"
12:06 C'est moi qui n'aime pas lire, c'est vraiment des pavés ! Mais bon, Emmanuel l'a tellement bien ciselé, et on l'a tellement bien conçu,
12:13 alors bon, oui, il a mis du temps ! - Alors il y a cette photo aussi, qui fait la couverture, qui est une photo sublime,
12:19 on va la décrire pour les auditeurs, c'est un portrait de vous, en noir et blanc, mégots à la bouche, qui fait un peu penser d'ailleurs aux photos de James Dean,
12:26 ou de Steve McQueen, dans les années 60-70. Quiconque est entré dans mon intimité durant ces 40 dernières années m'a forcément vu,
12:33 comme vous me voyez sur la photo, c'est ce que vous écrivez au tout début du livre, ce n'est donc ni une provocation, ni une revendication,
12:38 mais un acte de sincérité, plus jamais personne ne me verra faire ce geste. Est-ce que vous avez hésité, Florent, à choisir cette photo ?
12:45 - Moi, non. Moi je l'ai aimée tout de suite, elle est tellement belle, tout de suite, au milieu de toute la petite série, il y a cette photo,
12:53 où tu fais "waouh, qu'est-ce qu'elle dégage !" Et puis bon, tu sais que tu ne peux pas l'utiliser, parce qu'en effet, avec le mégot, il y a la fumée,
12:59 ce n'est plus un truc. Et puis il y a ce livre qui arrive, avec toute l'histoire, et tu fais "lui, l'honneur se passait, finalement".
13:07 Alors, c'est une forme pour moi de me rappeler, oui, il y a eu un avant, il y a eu un après, et finalement, je vais assumer,
13:16 et ça ne sera pas une provocation. C'est vrai que si tu rentres dans mon intimité, si pendant ces 40 années, tu rentrais chez moi,
13:22 il y a un moment, tu passais un moment avec moi dehors, parce que j'allais toujours fumer dehors, et tu me voyais avec cette attitude.
13:31 Mais c'était que dans cette intimité, donc voilà, il accompagnait ce livre qui appartient déjà au passé.
13:39 - Dans ce livre, vous disiez, vous vous racontez, vous, comme vous êtes, avec plein de sincérité, sans tabou.
13:45 Et alors, en lisant le livre, je me suis rendu compte que, finalement, même si on n'est pas fan absolu, si on n'est pas venu à vos concerts,
13:54 qu'on n'a pas acheté tous vos albums, on se retrouve tous dans ce livre. Je feuilletais le livre, et en fait, toutes les chansons, je les connais,
14:00 ça m'a rappelé plein de moments de ma vie, je me suis dit "Ah tiens, là, j'avais été là, je faisais ça, etc."
14:06 C'est ça, être un chanteur populaire ?
14:08 - Eh oui, c'est ça, être un bon messager qui a envoyé toutes ces chansons pendant 35 ans. Vous avez quel âge, vous ?
14:17 - 41.
14:18 - Eh bien, vous voyez, à 6 ans, je débarquais déjà, vous commenciez à avoir votre mémoire et à réaliser que vous êtes sur la planète.
14:23 - Mais je me souviens, par exemple, très bien de Presque-Yroule, du clip, alors que j'étais petite, effectivement.
14:28 - Et oui, et donc, quand on a la chance que j'ai eue de pouvoir avoir d'aussi belles chansons, d'aussi beaux messages,
14:34 et à les égrener avec le temps, et puis d'avoir aussi cette faculté de pouvoir chanter du répertoire un peu différent,
14:42 et proposer des fois même jusqu'à l'opératique, en passant par Brel ou des choses comme ça,
14:47 ben finalement, oui, j'ai accompagné le quotidien de beaucoup de gens.
14:51 - Vous êtes très peu nombreux, vous en avez conscience ?
14:53 - Oui, en même temps, c'est pour ça que ce qui se passe autour de nous, quand on est un peu rare,
15:01 et qu'on a pu d'un seul coup être toujours avec quelque chose à offrir et à partager,
15:09 et puis même avec ce programme de The Voice qui, d'un seul coup, m'a permis aussi d'accéder à d'autres générations,
15:15 et puis qui sont allés écouter ça, et qui finalement aussi arrivent dans les spectacles,
15:20 et tu sens l'évolution et la différence, et donc, voilà, j'ai vraiment eu cette chance-là,
15:27 et j'en ai bien profité, et tout le monde en profite d'ailleurs.
15:29 - Vous referez The Voice ?
15:31 - Oh, je ne suis pas certain que je... Là, je commence à...
15:35 Mais bon, moi, je suis tout et son contraire, je vais vous dire non aujourd'hui,
15:38 et puis je peux le refaire demain, donc je n'ai pas de souci.
15:41 - C'est pas non ?
15:42 - Pardon ?
15:42 - C'est pas non ?
15:44 - Ben, c'est une super aventure. D'abord, c'est une super équipe.
15:47 - Vous en parlez beaucoup dans le livre ?
15:48 - Ben oui, mais en même temps, attendez, j'ai passé 10 ans avec eux, ça a aussi changé ma vie,
15:53 et j'ai rencontré et je connais des gens extraordinaires qui travaillent depuis toujours dans...
15:59 Cette émission, elle a quand même un parfum particulier,
16:02 on a fait tous beaucoup d'émissions, et tout le monde qui passe par The Voice te dit
16:07 "là, il y a une ambiance différente",
16:09 parce qu'il y a 250 personnes qui travaillent sur cette machine,
16:15 et je pense que sur les 250 personnes, 10 ans après, il y en a bien 200 qui sont toujours là.
16:21 C'est énorme !
16:23 - On a l'impression, en lisant le livre, que votre carrière ne serait pas la même aujourd'hui
16:26 sans votre rencontre avec votre épouse, Azusaena.
16:29 Vous lui rendez un hommage extrêmement émouvant tout au long des pages.
16:33 - Mais c'est pas que ma carrière, c'est ma vie !
16:36 Donc ma carrière, on a bénéficié, mais quand on rencontre sa moitié, ça change tout !
16:41 D'un seul coup, ta vie, elle se transforme,
16:43 et c'est tellement agréable à pouvoir le vivre, et puis apporter à l'autre,
16:49 et l'autre qui t'apporte, et puis tu fais ta famille,
16:52 et puis les enfants sont top, et on s'éclate,
16:55 et on passe notre vie à passer d'un endroit à l'autre, d'un continent à l'autre,
16:59 et tout le monde parle toutes les langues, d'un seul coup, c'est extraordinaire !
17:03 Et en parallèle, il y a aussi cette carrière qui est formidable,
17:06 mais il y a aussi l'aventure de la Patagonie.
17:08 Et attendez, oui, c'est grâce à une rencontre, c'est grâce à un destin.
17:14 Elle, elle a fait le voyage, mais on était au bon moment,
17:17 on se rend compte au bon endroit et au bon moment de notre vie,
17:20 et ça c'est de la chance, quand tu deviens un couple karmique,
17:24 tu dois reconnaître une fois de plus.
17:27 J'arrête pas de dire "chance, chance, chance", mais c'est la vérité,
17:30 parce que tu peux pas non plus, ça se fabrique pas, tu vois, c'est comme ça.
17:39 Et elle, elle arrive de l'hémisphère sud,
17:42 elle fait 20 000 km pour être à Paris, son rêve c'est d'être à Paris,
17:46 - Et vous la ramenez en Patagonie !
17:48 - Et je la ramène un peu en Patagonie, elle me l'a reproché d'un moment,
17:52 mais en même temps je lui dis "ouais, mais bon, pas de la même manière,
17:54 pas dans les mêmes conditions aussi, c'est sympa,
17:56 et on va alterner, et on va vivre", parce que moi,
17:59 c'est vrai qu'elle, elle se sent tellement bien ici,
18:02 que moi je me sens tellement bien là-bas.
18:04 C'est mon pays, et elle c'est son pays aussi ici.
18:09 Ça fait qu'on est vraiment des citoyens du monde.
18:11 - Vous dites "mon chef-d'œuvre", c'est pas ma discographie,
18:14 c'est la famille que nous avons créée, les valeurs que nous lui insufflons.
18:17 Les femmes, elles ponctuent ce livre, il y a bien sûr votre maman,
18:21 il y a aussi Berthe, une amie de votre mère qui est aide-soignante,
18:23 et qui tire les cartes... - Non, elle est pas aide-soignante,
18:26 - Elle est pas aide-soignante ! - Elle écarte mon sienne.
18:27 En fait, ma mère la connaît pendant qu'elle est aide-soignante,
18:30 et elle, elle écarte mon sienne.
18:31 Et elle me dit "j'ai rencontré cette femme,
18:34 elle me prédit pas mon avenir, elle me raconte tout mon passé".
18:38 C'est comme ça qu'elle m'a surprise, parce qu'elle me racontait mon passé.
18:42 Et elle pouvait pas savoir, elle me racontait tout,
18:44 alors elles sont devenues copines,
18:46 et puis, moi j'étais le môme, j'avais 7-8 ans,
18:50 et j'étais avec ma mère, et cette femme qui était déjà une femme âgée,
18:54 d'un seul coup, les courants sont passés, mais immédiatement !
18:57 Et on a été connectés tout le temps !
18:59 - Et elle vous dit "tu vas y arriver, ce sera long, mais tu vas y arriver".
19:01 - Et elle me fait un jeu quand je pars, j'ai 15 ans et demi,
19:03 et je vais la voir, je suis tout seul, je vais la voir,
19:05 et elle me dit "écoute, roulez les airs,
19:08 je fais pas de jeu pour les enfants, mais bon, toi je vais te faire ton jeu.
19:13 Mais pas trop grand".
19:17 Et en fait, elle m'a filé les clés, oui, elle m'a donné des clés,
19:20 en me disant "tu vas y arriver, ça va mettre du temps, mais tu vas y arriver".
19:25 Et ça c'est une super clé, tu vas y arriver, ça va mettre du temps.
19:28 Ça te laisse... ça te permet de pas te perdre.
19:32 Parce que quand on te dit "tu vas y arriver, mais que ça vient pas",
19:36 tu peux te dire "on m'a dit des bêtises",
19:38 mais ça va mettre du temps, alors ça te permet d'être patient.
19:42 Et puis derrière, après, elle me raconte "tu vas traverser les mers,
19:46 mais tu vas pas arrêter de traverser les océans".
19:48 Et en fait, ben oui, mon destin me fait prendre l'avion tous les 6 mois,
19:54 ou très souvent, et traverser les océans.
19:57 Alors, oui, ça a été une magnifique rencontre,
20:00 mais c'est un monde de 10-15 ans qui a une relation avec une femme de plus de 60,
20:07 elle a dû partir, elle avait plus de 70 ans.
20:10 Une carte moncienne.
20:11 - Bon, il y a aussi la directrice du conservatoire de Levallois,
20:14 il y a votre femme, on en a parlé.
20:16 - Il y a une sega étant, qui a été en effet aussi prépondérante,
20:20 mais le déclic où d'un seul coup ma voix...
20:23 - Sauf qu'au départ, elle vous dit "non, vous êtes trop jeune".
20:25 - Ah oui.
20:25 - Et ça, c'est parce que vous vous intestez.
20:27 - Ça, c'est les instants, parce que c'est des instants,
20:30 c'est un rendez-vous, et dans ce rendez-vous, ton destin peut basculer.
20:34 Et t'as 16 ans, et tu viens voir pour prendre...
20:39 Parce que t'es déjà venu à Paris pour faire du théâtre,
20:41 ça s'est mal passé, t'es rentré en pleurant chez toi,
20:44 et tu reviens une deuxième fois parce que tu avais quand même cette envie
20:46 de faire ce conservatoire, qui est le conservatoire de Levallois-Perret,
20:50 et tu vas voir cette femme qui te regarde et qui te dit
20:53 "mais non, mais à 16 ans, je ne peux rien faire, une voix de...
20:56 Nous, on travaille les voix classiques, et les voix classiques, c'est 18-20 ans,
20:59 il faut attendre que vous ayez mué et tout,
21:01 et revenez dans 2-3 ans, 2-3 ans, t'as 16 ans, 2-3 ans, c'est toute la vie".
21:05 Et tu fais "mais non, c'est quoi ?"
21:07 Et ma mère qui commence à prendre ses affaires en disant
21:09 "bah oui, on comprend, excusez-nous", et tu fais "attendez, attendez, attendez".
21:13 Eh, j'ai fait le voyage, je viens de Haute-Savoie,
21:17 j'ai fait le voyage, au moins, écoutez-moi.
21:21 - N'ont rien lâché en fait, jamais ?
21:23 - Provoqués.
21:24 Et avec l'argument, où la personne te voit et te sent tellement sincère dans ta demande,
21:31 elle fait "vous avez raison", parce que c'était une femme intelligente.
21:35 Et elle fait "vous avez raison, on descend, et je vais vous écouter".
21:39 Allez, elle se met sur le piano, elle me fait "faites-moi des bouches fermées,
21:43 et puis allez maintenant, une vocalise, une bouche fermée".
21:45 Et puis d'un seul coup, elle se retourne et elle fait "attendez, attendez,
21:48 arrêtez de chanter dans votre nez comme ça",
21:50 parce que moi j'étais, je pratiquais Louis Smariano.
21:53 Donc elle me dit "non, non, élargissez, élargissez,
21:56 vous avez une voix beaucoup plus large".
21:57 Et puis là, je commence à élargir, et là elle se retourne,
22:00 elle regarde ma mère, elle me dit "mais je le garde,
22:04 il a mué avant l'âge, et non, non, je vous garde avec moi".
22:09 Et voilà, j'avais changé le cours des choses,
22:11 sinon je repartais à Bonneville, j'aurais passé trois ans,
22:14 c'était plus la même aventure.
22:15 - Vous dites que c'est elle qui a fait de vous un perfectionniste,
22:18 on découvre ce côté de votre caractère dans le livre,
22:21 que vous êtes en fait un immense perfectionniste,
22:23 que vous ne faites pas de concerts de plus de deux heures,
22:25 que vous voulez protéger votre voix absolument.
22:27 - C'est mon pouvoir, c'est mon trésor, donc il faut que je le protège,
22:31 et je l'utilise de toute façon.
22:34 Moi je ne suis pas un musicien, je ne viens pas avec ma petite guitare
22:36 et mon univers, et selon l'humeur du jour, je te la fais à l'envers.
22:40 Je suis un technicien et un interprète,
22:44 et au-delà des musiques et des mots que je dois véhiculer et transporter,
22:52 j'ai le son qui est important, ces fréquences-là,
22:56 elles passent ou elles ne passent pas.
22:58 Savoir aimer, si je n'ai pas ce bas médium, ce haut médium,
23:02 qui passe au milieu, au deuxième couplet, tu décroches,
23:07 il faut accrocher.
23:08 Et donc c'est très important pour moi que ma voix soit toujours impeccable,
23:13 et donc la protéger, pas traîner le soir quand tu es dans les tournées,
23:18 pas picoler, et faire attention à l'hygiène de vie,
23:22 mais ça te permet d'être plus en forme.
23:25 - Je reviens aux femmes, parmi les femmes que vous évoquez,
23:27 il y a bien sûr Vanessa Paraudi aussi,
23:29 et on sent quand vous parlez de cette histoire, je ne sais pas,
23:33 une forme d'amertume, de rancœur ? - Non, non, non !
23:36 Non, non, je n'ai pas d'amertume, c'était une très belle histoire d'amour.
23:41 Il y a juste cette petite phrase qui m'a été un peu soufflé par Asusena,
23:48 mais ce n'est pas de la faute de Vanessa,
23:50 puisque je sais exactement comment les choses se passent.
23:53 - Elle dit à Asusena, c'est marrant, toi tu as passé trois ans avec Vanessa,
23:56 mais elle, elle n'a jamais été avec toi.
23:58 - Voilà, parce qu'en fait, chaque fois qu'il pouvait y avoir un article me concernant,
24:02 j'étais toujours l'ex ou le fiancé de Vanessa Paraudi.
24:07 Et par contre, chaque fois qu'il y avait un article là concernant,
24:10 je n'étais jamais l'ex de Vanessa, parce qu'il y avait un vrai entourage
24:14 qui forcément expliquait que non.
24:18 Et en même temps, je n'étais pas forcément un élément très fréquentable à un certain moment,
24:23 parce que j'étais associé à un mec qui était peut-être dans le trou,
24:28 qui fumait des pétards, et puis un peu plus tard, qui ne payait pas ses impôts.
24:31 Donc voilà, j'ai quand même eu aussi quelques casseroles.
24:34 - Sauf que vous l'avez sauvée.
24:36 - Ah mais parce que ça, ça c'est l'amour, et puis parce qu'à un moment,
24:40 je voyais bien tout ce qui n'allait pas autour d'elle et qui pouvait l'affecter.
24:47 Et donc, mais c'était elle.
24:50 Quand j'aime quelqu'un, si je vois quelque chose qui ne va pas,
24:54 je vais tout faire pour essayer de trouver la solution au problème.
24:59 Donc oui, bien sûr, je vivais avec quelqu'un, je partageais ma vie,
25:02 c'était une vraie histoire d'amour.
25:03 Il y avait des choses qui ne fonctionnaient pas.
25:05 Quand moi, j'ai rencontré Vanessa, c'était un peu bizarre sa carrière.
25:10 Donc elle était montée très haut à 14 ans, et à 16 ans,
25:13 tout le monde avait quelque chose à se moquer.
25:15 Donc tu fais « attendez, vous ne savez même pas de quoi vous parlez ? »
25:18 parce que là, c'est juste une super star.
25:21 Je vais vous faire voir le bijou que c'est, le diamant que c'est.
25:24 C'est devenu ce diamant parce que…
25:26 Et ce n'est pas moi qui l'ai fait, c'est elle qui l'a fait.
25:28 Mais parce qu'elle était ça.
25:29 Mais il y avait un peu de brouillard, il fallait nettoyer.
25:34 - Dans votre dernier album, Florent, il y a une chanson qui s'appelle « L'instinct ».
25:37 Ce livre, c'est aussi un livre sur l'instinct.
25:39 Comment vous avez choisi vos chansons ?
25:41 Comment vous avez parfois pris des virages dans votre vie ?
25:44 Et votre instinct, il vous dit quoi aujourd'hui ?
25:48 - Là, mon instinct, il me dit…
25:50 Comme je vous ai dit tout à l'heure,
25:52 il va falloir que tu ne fasses plus trop de promos
25:55 parce que ce bouquin t'emmène trop loin.
25:58 Il rentre trop dans une espèce d'intimité.
26:02 Bon, ça fait partie de l'histoire aussi, ça fait partie du jeu.
26:04 Si je fais un livre, je le fais comme je suis.
26:07 Mais c'est vrai que là, mon instinct me dit « fais plus trop de choses ».
26:14 - Bon, alors je vais vous poser une dernière question
26:16 et après on passera à autre chose.
26:18 On a l'impression que vous faites partie de ceux, en vous lisant,
26:21 qui ont besoin de descendre très bas,
26:23 de toucher le fond, presque par moment, pour remonter très haut.
26:26 - Ah, ça c'est le propre du scorpion.
26:29 - Vous êtes scorpion ? - Eh oui !
26:31 Et capricorne comme ascendant,
26:33 ce qui fait qu'à la fin, j'ai fini par ranger ma chambre.
26:37 Mais oui, non, ça c'est un truc, c'est dans sa nature.
26:43 Je vous dis, quand tout à l'heure on parlait de bataille,
26:44 on parlait de choses comme ça,
26:46 il y a un moment, il faut avoir des épreuves,
26:50 il faut avoir des combats, il faut avoir des choses à faire.
26:52 Je suis un hyperactif, il a toujours fallu que je cherche quelque chose à faire.
26:56 Et puis, avec le temps, tu te dis, si c'est pour faire quelque chose,
27:01 autant te rendre compte de se rendre utile et de faire quelque chose de bien.
27:03 Et puis, à un moment, si jamais les choses vont mal,
27:09 comme pour tout le monde, tu vas toucher le fond,
27:13 et puis rebondis avec toute l'énergie que tu peux avoir,
27:16 parce que c'est dans ma nature, c'est comme ça.
27:20 - Un grand merci Florent Pagny.
27:21 - Merci à vous.
27:22 - « Pagny par Florent » sort aujourd'hui, c'est publié chez Fayard, lisez-le vraiment.
27:27 Ce que je disais, on se retrouve tous dans ce livre,
27:30 des morceaux de notre vie.
27:31 Et puis vous Florent, prenez soin de vous.
27:33 - Eh bien oui, je vais tâcher d'avoir d'autres morceaux de ma vie, correctement.
27:37 - À bientôt.

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