• l’année dernière
"Si j’avais accouché à la maternité, on n’en serait pas là."
Ces parents ont décidé d’accoucher à domicile sans assistance médicale. Noémie et Raphaël se sont vu retirer leurs enfants par les services sociaux, et le fils d’Aurore a été privé d’identité pendant 5 mois. Ils témoignent aujourd’hui pour que ce genre d’erreurs ne se reproduisent plus.
Transcription
00:00 On ne va pas pouvoir voir nos filles.
00:02 Je ne vais pas pouvoir voir mon bébé.
00:04 Timothée a vécu 4 mois et demi sans papier, sans identité.
00:08 On nous fait des menaces de retrait, de signalement.
00:11 On nous intimide.
00:13 Si j'avais accouché à la maternité, on n'en serait pas là.
00:16 Quand ils ont emmené Nausicaa, elle avait 23 mois.
00:27 Quand ils ont enlevé Lou, elle avait 7 jours.
00:30 Là, actuellement, ça va faire 2 semaines qu'ils ont enlevé les filles.
00:32 En fait, on a fait l'objet d'un signalement,
00:35 puis d'une OPP, d'une saisie, en fait, de nos enfants pour les protéger.
00:40 Parce que j'ai accouché avec Raphaël, donc chez nous.
00:45 Pendant ma première grossesse, j'ai déjà essayé de combiner
00:49 ce que je voulais, moi, personnellement,
00:50 avec quel suivi pouvait m'apporter l'hôpital.
00:53 Et j'ai subi beaucoup de pression.
00:55 Moi, j'avais vraiment cette volonté-là de me réapproprier
00:58 et mon corps et mon accouchement,
00:59 et d'être pleinement actrice et souveraine de ce moment-là.
01:03 Donc j'ai accouché debout.
01:04 J'avais aucune douleur.
01:06 Le temps que le bébé descend, ça a pris, je dirais, 20 secondes.
01:10 20 ou 30 secondes.
01:23 Quand je vais à la mairie, quatre jours après l'accouchement,
01:26 déjà, ils me regardaient de travers quand j'ai dit
01:27 que j'avais pas eu d'attestation de médecin
01:30 parce qu'aucun médecin n'avait assisté à la naissance.
01:33 On est revenus avec Noémie et les deux filles
01:37 pour montrer que le bébé était en forme.
01:40 Elle nous a quand même avertis qu'elle prévenait la PMI,
01:43 la protection maternelle infantile.
01:45 Le délai pour déclarer un enfant à la mairie, c'est cinq jours.
01:51 Par l'autre parent, le médecin qui a assisté à l'accouchement
01:54 ou la sage-femme, toute personne qui a assisté à l'accouchement,
01:57 la personne chez qui la femme a accouché si elle l'a pas accouché chez elle.
02:01 En fait, j'ai pris peur.
02:02 J'ai dit que j'avais accouché trop rapidement
02:04 et que c'était pas volontaire.
02:06 C'est une information que je vois passer beaucoup dans ce milieu-là,
02:09 qui est, surtout si vous accouchez toute seule chez vous,
02:12 ne dites pas que c'est volontaire parce que ce sera jamais compris.
02:16 Eh bien, la loi ne dit rien.
02:17 Les femmes sont libres de choisir la manière dont elles accouchent.
02:21 À l'hôpital, en maison de naissance, à la maison avec une sage-femme
02:24 ou seules, si c'est leur choix.
02:26 L'enfant dont elles accouchent doit pouvoir être reconnu en mairie,
02:28 quelle que soit la façon dont il est né.
02:30 Timothée a vécu quatre mois et demi sans papier, sans identité,
02:40 parce que j'ai fait le choix d'un accouchement à domicile non assisté.
02:43 Quand moi, je raconte mes accouchements,
02:45 moi, j'estime avoir subi des violences obstétriques et gynécologiques.
02:49 Moi, c'était clair, je ne voulais plus accoucher à l'hôpital.
02:51 Rapidement, je me suis tournée vers l'accouchement non assisté.
02:54 J'ai découvert que c'était possible, que c'était légal.
02:56 Personnellement, j'étais inscrite à la maternité la plus proche de chez moi.
03:01 J'ai d'ailleurs fait un suivi auprès de cette maternité.
03:03 Timothée est né début juillet 2022 à la maison, sans assistance.
03:09 Nous, c'est le papa qui est allé déclarer Timothée à la mairie.
03:16 Le papa explique que c'est lui qui a accouché sa femme.
03:19 Et là, c'est un gros fiasco,
03:21 puisqu'on ne prendra pas la déclaration de naissance de Timothée.
03:26 Je décide de me déplacer avec le bébé.
03:29 Et pour autant, la mairie refuse l'enregistrement
03:32 et même, on nous fait des menaces de retrait, de signalement.
03:36 Enfin, vraiment, on nous intimide.
03:38 Timothée, comme il n'avait pas d'identité juridique,
03:41 nous ne pouvions pas prouver que nous étions ses parents.
03:44 Tout ce qui est d'une question de soins n'était pas possible.
03:47 Si je souhaite prendre un congé parental, je n'y ai pas le droit.
03:50 Je ne peux pas le confier ni à la crèche, ni à une assistante maternelle,
03:54 puisque d'un point de vue des assurances,
03:56 ils couvriraient un fantôme, en fait, quelqu'un qui n'existe pas.
03:59 Il y avait beaucoup de monde pour elle.
04:02 Quand on les a récupérés, définitivement,
04:06 sur le parking, il y avait toutes les personnes de notre famille et amie
04:11 qui nous ont soutenues.
04:12 ...
04:35 -T'es un petit bébé. -Hé, c'est quoi, mon pote ?
04:38 ...
04:42 -Ziga, c'était plus du tout la même petite fille.
04:45 Quand elle est rentrée à la maison, elle osait pas traverser le salon.
04:49 Elle a perdu sa propreté, de jour comme de nuit.
04:52 Je me souviens que ça faisait une heure qu'elle était arrivée,
04:54 elle s'est fait pipi dessus. Du coup, elles étaient hyper changées.
04:57 -Bah, Lou, principalement physiquement.
05:00 -Vraiment, quand elle est retournée à la maison,
05:02 j'arrêtais pas de la trouver trop grande.
05:04 C'était hyper dur pour moi.
05:06 -C'est pas mentionné que tout part de l'accouchement à domicile.
05:08 Il y a un encadré avec toutes les raisons
05:11 pour lesquelles l'ordonnance de placement a été décidée.
05:15 Et l'accouchement dans des conditions précaires
05:17 était la première raison.
05:19 -Ce qui a déclenché l'urgence de la situation,
05:23 du point de vue du procureur,
05:24 c'est que l'état de santé de Nosy car est inquiétant,
05:27 qu'elle se trouve en état de dénutrition apparent.
05:30 Elle a pas été examinée.
05:31 -Il suffit de la peser pour voir qu'elle est juste
05:34 dans les courbes du carnet de santé,
05:36 et juste un petit gabarit comme nous, et voilà.
05:39 -La juge a statué
05:41 sur un placement à domicile court
05:45 de quatre mois.
05:47 -On a eu une visite par semaine.
05:49 Une dame qui vient à la maison pendant une à deux heures,
05:52 il regarde comment est-ce qu'on interagit avec Nosy car,
05:55 comment est-ce que Nosy car va.
05:56 Le rapport a signalé qu'il n'y avait pas de danger.
05:59 -Que c'était visiblement qu'on était des parents aimants
06:01 et qu'il y avait pas de problème à ce niveau-là.
06:03 -Marcher.
06:04 -Le verdict des juges, c'est Timothée doit être déclaré.
06:11 Les parents sont bien les parents.
06:13 -J'ai aucune idée de si elles vont avoir des séquelles par la suite.
06:18 Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, nous, on trouve qu'elles sont bien,
06:21 qu'elles sont redevenues elles-mêmes.
06:23 Je pense qu'aujourd'hui, avec ce qui nous est arrivé,
06:24 je pourrais pas réaccoucher chez moi avec Raphaël
06:29 sans médecin en toutes ces années.
06:31 -Oui, c'est ça.
06:32 -Avec les enfants en France, ça me ferait vraiment peur.
06:33 -Si il y a une prochaine naissance, je le refais.
06:37 Le but n'est absolument pas la mise en danger.
06:39 Le but est de se respecter soi, d'offrir une naissance douce.
06:44 Y a rien contre les médecins ni les sages-femmes.
06:47 Au contraire, s'il se passe quelque chose,
06:50 j'aimerais pouvoir compter sur eux.
06:51 [Musique]

Recommandations