L'invité du jour - Vincent Niclo

  • l’année dernière
Chroniqueur : Thomas Sotto et Julia Vignali


 
Entre classique et variété, Vincent Niclo chante en breton et en gaélique dans son nouvel album « Opéra Celte ». Le chanteur hybride est avec nous ce matin. 

Category

📺
TV
Transcript
00:00 Bonjour Vincent Niclot, merci de vous réveiller avec nous et avec votre sublime voix.
00:05 Ça réveille !
00:07 Vous êtes venu nous présenter votre nouvel album qu'on a entre les mains, "Opéra Celte".
00:11 Cette sortie d'album est accompagnée d'une tournée partout en France, dans les églises, dans les cathédrales.
00:16 Comment vous êtes intéressé à la musique celte ? Ça vous vient d'où ça ?
00:21 J'ai toujours eu envie de donner un espace à un moment dans un album pour cette musique-là.
00:25 C'est toujours la musique de mes séries préférées, des films.
00:28 Il y a un univers qui est propice à ces grandioses derrière.
00:33 En même temps, c'est cinématographique, c'est épique.
00:36 Il y a une force qui se dégage de cette musique.
00:38 C'est un bel écran pour ma voix.
00:40 C'est vrai que là j'ai essayé, ça s'appelle "Opéra Celte"
00:43 parce que j'ai essayé de revisiter ce répertoire avec ma voix un peu ténorisante.
00:47 C'est bien parce que comme c'est très puissant, je peux envoyer quand même quelques notes sympathiques.
00:51 Moi ce que j'aime beaucoup chez vous, c'est que vous êtes jamais là où on vous attend.
00:53 Vous nous surprenez à chaque sortie d'album, sur chaque thématique.
00:56 Bon, Sadie, je me dis, "Niclo", ça ne sonne pas complètement breton.
01:00 Elles sont où vos origines ?
01:02 Ce n'est pas du tout breton.
01:03 Les origines, elles sont complètement françaises.
01:05 La Bretagne est française.
01:07 Oui, mais je veux dire un peu belge.
01:09 Non, mais on parle de Celtique.
01:11 Vous avez la Bretagne, l'Écotte, l'Irlande.
01:14 Oui, oui, moi je suis un peu belge.
01:17 Un quart belge et trois quarts français.
01:20 C'est pour ça qu'il est sympa. Il a un quart belge.
01:22 C'est son côté disorèque.
01:24 Et alors, on entend un autre extrait de votre album.
01:26 Franchement, je me suis posé la question,
01:28 l'écoutance n'a pas dû être simple, d'apprendre toutes ces paroles en breton.
01:31 Vous ne pratiquez pas le breton, à l'heure ?
01:33 Non, pas du tout. J'ai pris un coach.
01:35 Mais il m'est arrivé dans ma vie de chanter, même dans des dialectes,
01:38 africains, en chinois.
01:41 Comment vous faites ?
01:42 C'est de la phonétique, en fait.
01:44 C'est vraiment, on a un coach.
01:46 C'est de la musique, la parole.
01:48 Et c'est marrant d'ailleurs, parce qu'on a des sonorités différentes dans chaque langue.
01:51 Donc on peut vraiment aborder avec sa voix de façon très différente.
01:55 Je remercie le coach.
01:56 Et puis j'ai même chanté en gaélique, ce qui est encore plus difficile.
01:59 L'extrait qu'on entendait, c'est une chanson qui s'appelle "Nana Iran".
02:03 Voilà. D'accord.
02:04 Parce que quand on le voit écrit "M-N-A-N-A-H-E-I-R-E-A-N-N",
02:08 on se dit que la phonétique est quand même utile, non ?
02:10 Ah oui, complètement.
02:11 Ça, c'est que un mot. Vous imaginez toute une chanson.
02:14 Vous savez ce que vous avez chanté, quand même ?
02:16 Vous connaissez les paroles ?
02:17 Oui, quand même. C'est "Les femmes d'Irlande".
02:19 Il est fort.
02:20 Oui, quand même, je fais une petite traduction pour savoir ce que je dis,
02:23 parce que c'est important d'y mettre de l'émotion.
02:25 De l'interpréter, tout simplement.
02:26 Oui, de l'interpréter.
02:27 Et pour le tube, qu'est-ce qu'on a aimé ?
02:29 Ce tube, vous vous souvenez ?
02:30 La tribu de Dana, que vous avez reprise également.
02:33 Je me souviens à l'époque, c'était quelle année ?
02:36 98.
02:37 Quand le groupe Mazon a repris ça.
02:38 Ça fait 25 ans, ces années.
02:40 Alors, comment on est regardé par le monde du classique
02:42 et par le monde de la variété,
02:44 quand on touche justement à la fois au classique et à la variété ?
02:47 Moi, je suis un peu un hybride.
02:49 C'est bien en ce moment, c'est la mode.
02:51 C'est vrai ?
02:52 Oui, oui, je n'ai jamais voulu qu'il y ait de frontière entre les styles musicaux.
02:57 Là, en l'occurrence, c'est un rap opéra.
02:59 J'avais très envie de faire un rap opéra depuis longtemps.
03:02 Et ça, c'est vraiment un kiff d'ado,
03:04 parce que Mano, j'ai dansé dessus depuis 25 ans.
03:08 Et qu'il ait accepté, j'en reviens toujours pas,
03:10 parce que je me suis dit, il va trouver ça bizarre.
03:13 J'ai fait des vibes opératiques sur son rap.
03:16 Et il a adoré, il a eu plusieurs demandes.
03:18 Mais il a accepté la mienne.
03:20 Et ça fonctionne très bien d'ailleurs, c'est très étonnant.
03:22 Oui, je suis assez étonné.
03:23 Et puis j'ai plein de retours super positifs.
03:25 Parce que généralement, un type comme ça, c'est intouchable.
03:28 C'est qu'on cherche la version originale.
03:30 Oui, c'est ça exactement.
03:31 Et puis là, même lui s'accorde à dire qu'il adore cette version.
03:34 Donc je suis content.
03:36 Est-ce que vous n'auriez pas tendance à vous sous-estimer un peu, Vincent Niclo ?
03:39 Parce que vous avez chanté partout.
03:40 Vous prenez de la musique celte, du breton.
03:42 Vous avez chanté au Kremlin avec les chœurs de l'armée rouge.
03:45 Vous avez aussi chanté devant Céline Dion, qui a complètement craqué pour vous sur un plateau télé.
03:49 Est-ce que vous pouvez nous raconter comment vous avez fait craquer Céline Dion ?
03:52 Je ne sais pas si je l'ai fait craquer, mais en tout cas, j'étais insolent pour chanter devant elle "All by myself".
03:58 C'est fou.
03:59 C'est complètement fou.
04:00 C'est ce qu'on entend d'ailleurs.
04:01 Ça en vaut du steak quand même.
04:08 Oui, je me suis dit qu'elle avait entendu cette version 40 000 fois.
04:11 Donc je me suis dit qu'il faut que je la surprenne.
04:13 J'ai démarré la chanson avec ma voix un peu plus ténore.
04:16 Elle a levé la tête.
04:18 J'ai vu, ah tiens, ça y est, j'ai capté son attention.
04:20 Quand j'ai dû faire la note face à elle, j'ai commencé à trembler intérieurement.
04:24 Finalement, la note est passée.
04:26 Suite à ça, c'est vrai qu'elle a pensé à moi pour faire la première partie de ses concerts.
04:32 Après cette émission, je m'en souviens tout de suite, c'était 24 novembre 2012.
04:36 Ma vie n'a plus jamais été la même.
04:37 Ça a été pour moi un booster de carrière incroyable.
04:40 Et puis après, on est parti.
04:42 Elle m'a invité à Las Vegas pour voir son show, pour parler de cette première partie.
04:46 Puis j'ai fait ces premières parties.
04:47 Quelle belle histoire.
04:48 L'histoire est géniale.
04:49 Vous en parliez tout à l'heure, vous avez dit "j'ai passé la note".
04:52 On a la sensation que vous êtes comme un athlète.
04:54 Comment vous prenez soin de votre voix ?
04:57 Alors, pas assez à mon goût.
04:59 C'est pour ça que je n'ai pas vraiment fait de l'opéra.
05:01 Parce que j'aurais pu aller vraiment à l'opéra pur.
05:04 Mais il faut vraiment une hygiène de vie incroyable que je n'ai pas.
05:08 C'est-à-dire que vous fumez ou pas ?
05:10 Non, je ne fume pas.
05:11 Il faut faire des vocalises 3-4 heures par jour.
05:14 J'ai travaillé avec Nathalie Dessay, par exemple, dans les parapets de Cherbourg.
05:18 Et elle m'a raconté.
05:19 C'est un enfer.
05:21 C'est quoi une vocalise ?
05:22 Quand on aime ça.
05:23 Vocalise.
05:26 3-4 heures par jour ?
05:27 Oui, 3-4 heures par jour avec un pianiste.
05:29 C'est pareil avec vos voisins ou pas ?
05:31 Mes voisins, soit ils sont sourds, soit ils m'aiment beaucoup, soit les deux.
05:34 Mais je n'ai pas de problème.
05:36 J'ai la question la plus débile qui soit, je vous la pose.
05:39 A quel âge on sait qu'on est ténor ?
05:41 Est-ce que, gamin, même avant d'avoir mué, vous saviez que vous étiez ténor ?
05:43 Non, mais c'est une très bonne question.
05:45 Parce que moi, je ne le savais pas.
05:46 J'en rêvais, j'écoutais Pavarotti à la radio.
05:48 Et il m'a fait chialer.
05:50 J'ai dit, mais c'est quoi cette force qu'on peut avoir,
05:52 passer à travers les ondes comme ça et vous toucher ?
05:55 Et j'ai dit, j'aimerais trop savoir faire ça.
05:57 Donc, j'ai travaillé avec un professeur de l'Opéra de Paris.
05:59 Et pendant deux ans, je ne chantais pas de son.
06:03 Ça ne sortait pas.
06:04 Et on est là, ah bon, bon, il ne faut pas se décourager.
06:07 Ceux qui nous écoutent, peut-être, qui veulent chanter,
06:09 je voudrais leur passer ce méchant.
06:11 Et un jour, j'ai sorti une note.
06:12 Incroyable.
06:13 Parce qu'on vous dit, mais la voix ici,
06:14 mais quand on n'a jamais fait, on ne comprend rien.
06:16 La voix ici, là ?
06:17 Oui, il y a une voûte ici.
06:19 Je sais le faire.
06:20 Voilà.
06:21 Mais la voix ici, toi.
06:24 Ouuuuiiii !

Recommandée