Les salaires de la démesure : "Cette fuite en avant perpétuelle me rend dingue"
LIGUE 1 - Les salaires des joueurs de L1, révélés cette semaine par L'Equipe, sont globalement à la hausse. Pourtant, la santé financière des clubs de l'élite ne dessine pas la même courbe. Martin Mosnier et Maxime Dupuis relèvent cette incohérence pécuniaire dans cet extrait du FC Stream Team, un podcast à retrouver chaque vendredi. [Réalisation et graphisme : Simon Farvacque et Quentin Guichard]
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00:00 Des millions d'euros, c'est ce que cherche la Ligue 1 d'ailleurs, et c'est ce que dépense surtout la Ligue 1.
00:04 Ce sera le troisième sujet de cette émission, vous allez avoir un Maxime Dupuis très énervé.
00:08 L'équipe qui a publié les comptes, non pas les comptes, mais les salaires des joueurs de Ligue 1,
00:14 et bien l'heure est à la hausse, à l'inflation, alors même qu'on pensait voir une Ligue 1 un peu souffreteuse.
00:22 On sait qu'elle a souffert pendant la crise du Covid.
00:24 Il y a eu 1, la crise du Covid, 2, la crise des droits télé, souvenez-vous de Média Pro,
00:29 3 droits télé qui sont en perte totale, en chute totale, et pourtant les salaires augmentent.
00:36 Et ça, ça ne plaît pas, mais alors ça ne plaît pas du tout à notre banquier Maxime Dupuis.
00:41 Alors c'est pas mon argent, je devrais pas m'énerver comme ça, mais tu connais David Copperfield,
00:46 ou Dini, ils font apparaître des lapins, eux ils font apparaître de l'argent en fait.
00:50 Je résumerais ça par un chiffre qui est donné par l'équipe,
00:53 enfin l'équipe qui ont fait leur dossier hier sur les salaires.
00:56 C'est-à-dire que des 17 clubs qui sont en Ligue 1 cette année, qui étaient déjà là hier,
00:59 ont augmenté leur masse salariale.
01:02 Alors c'est fantastique.
01:03 Alors il y a le PSG qui est un peu à part, parce que le salaire moyen c'est 1 million, un peu plus d'un million.
01:08 Bon il y a 12 millions pour 3 joueurs qui sont Neymar, Mbappé et Messi, donc 6 pour Mbappé.
01:13 Mais ça à la rigueur, Paris c'est hors solde, de toute façon ils sont en déficit constant,
01:17 il y a un Etat souverain derrière, donc c'est pas mieux, mais bon à la rigueur, eux on les met à part.
01:22 Moi je suis quand même inquiet, il y a des clubs comme Nantes par exemple,
01:25 où ça c'est surtout le plus gros salaire de l'histoire du club.
01:27 Mais à quel moment aujourd'hui Nantes a les moyens d'offrir ce salaire
01:32 qu'il n'était pas capable d'offrir avant la crise du Covid ?
01:35 On va quand même le dire, on est sortis donc de la crise du Covid avec des tribunes vides
01:39 pendant un certain temps, donc le manque à gagner,
01:41 c'est pas le poste principal de recettes, mais quand même ça compte.
01:46 Un marketing aussi qui s'effondre, plus de loge, plus de tout ça.
01:49 Les hospitalités, le drame Médiapro, souvenez-vous 2018, contrat signé en décembre,
01:54 1,1 millions, Médiapro plus Canal etc, l'appel d'offres déjà,
01:58 on savait qu'à l'époque c'était surpayé.
02:00 Un milliard !
02:01 Un milliard pardon, oui c'est pas la même chose, tu vois je t'ai dit j'ai du mal avec les chiffres.
02:04 Rupture du contrat en décembre 2020 pendant le Covid, Amazon arrive à la rescousse,
02:08 rajoute 250 millions aux 300 et quelques millions payés Canal+,
02:12 et on arrive à une somme de 663 millions, donc en gros on a divisé quasiment par deux
02:18 les recettes des droits TV, et on sait que les recettes des droits TV,
02:21 c'est le poste principal de recettes avec la manne des transferts,
02:24 et il n'y a pas plus bizarre on va dire, et imprévisible que les transferts.
02:29 Et là qu'est-ce qu'on voit, c'est que les clubs ont augmenté les salaires.
02:33 Prenez l'exemple de l'OL qui a fait revenir trois joueurs entre cet été et cet hiver,
02:37 qui sont Lacazette, Tolisso et Lovren,
02:39 et là on oscille entre 450 000 euros par mois et 400 000.
02:43 C'est-à-dire qu'un joueur comme Tolisso, à un moment l'OL n'est pas obligé de payer
02:47 autant parce que l'OL lui fait aussi une forme de fleur en le faisant revenir.
02:52 En fait on a l'impression que les clubs finalement sont toujours dans cette fuite en avant perpétuelle.
02:58 C'était le cas avant, c'était le cas pendant, ce sera le cas après,
03:03 et ça me rend complètement dingue parce que je ne comprends pas qu'on puisse gérer comme ça.
03:07 Je m'étais fait un pari dans ma tête, je m'étais dit il va dire fuite en avant.
03:10 C'est mon expression, et là typiquement on est dans le sujet fuite en avant.
03:14 Mais tu as raison, et surtout qu'il y a autre chose.
03:17 On est sur une Ligue 1 qui dépense plus qu'elle ne reçoit, qui va être dans le rouge.
03:22 On a un manque de diversité au niveau des recettes, mais ça on en a déjà parlé,
03:26 notamment au moment de la crise du Covid, c'est-à-dire qu'en Angleterre ou ailleurs,
03:31 on sait mieux diversifier les recettes.
03:34 Là, en gros, tu as dit les deux grosses mamelles de la Ligue 1,
03:40 c'est les droits télé et les transferts.
03:42 Les droits télé vont être renégociés là dans cette année.
03:46 À l'automne, oui.
03:47 Je ne suis pas sûr que Canal revienne, parce qu'il y a quand même un différent
03:51 très léger entre Canal et la Ligue.
03:54 La source, c'est Tari.
03:56 C'est Canal qui a fait vivre la Ligue 1, la Ligue 2 pendant des années.
04:03 Donc plutôt que d'être prudent, on est dans une Ligue 1 qui profite de CBC,
04:10 de la manne financière de CBC, pour investir sans penser au lendemain.
04:16 Et je pense que ce qui leur sauvera les fesses, ce sera peut-être les transferts.
04:21 Mais comme tu le disais…
04:22 Ça ne les sauvera pas, parce que c'est du déficit permanent.
04:25 Il faut expliquer ce qu'est CBC pour ceux qui ne savent pas.
04:28 C'est un fonds de pension qui est rarement là pour faire du bénévolat
04:33 ou pour être sympa, pour la philanthropie,
04:36 qui a racheté 13 % de la filiale commerciale de la LFP.
04:39 En gros, c'est un peu comme si 13 % de la Ligue 1 lui appartenait.
04:42 Avec un investissement qui est au-delà du milliard.
04:45 Et ils ont donné de l'argent au club.
04:48 Il y a eu 200 millions pour le PSG, 90 millions pour l'OL et l'OM.
04:51 Et c'est pour aider aussi les clubs, parce que les clubs qui étaient dans une situation difficile
04:56 avec le Covid, ce qui est compréhensible, quand on est en situation difficile,
04:59 c'est un peu comme le CTLM.
05:01 Vous allez faire un prêt, mais le prêt, à un moment, il faut le rembourser.
05:04 Et CBC arrive et explique que oui, on donne de l'argent, on en donnera après,
05:08 mais attention, il faut que les comptes soient sains.
05:11 Ça veut dire quoi, les comptes sains ?
05:12 Normalement, c'est un club qui est bien entretenu, mais qui est bien géré.
05:16 J'ai un petit doute, mais c'est toujours la même chose avec les clubs.
05:21 Ça te fuit en avant et s'explique par quoi ?
05:23 C'est que là, tu l'as dit, les droits de TV, c'est super, vous allez voir,
05:26 on va se faire un milliard, etc. Je pense qu'ils sont encore en train de rêver.
05:28 Souvenez-vous, pendant la crise du Covid, au moment où MediaPro était parti,
05:32 il y avait le président Caillaud de Reims qui disait "Bon, on va s'arranger,
05:35 on va payer 800 millions", il l'avait dit, mais devant les micros, "et ça ira".
05:38 Ce n'est pas comme ça que ça se passe, il devrait le savoir,
05:40 pourtant il gère un club de Ligue 1.
05:42 Le passage à 18 clubs, ils se disent "Bon, le gâteau, il y a deux clubs de moins
05:47 qui touchent un peu d'argent, donc on va en avoir un peu plus".
05:49 En fait, ils trouvent toujours une bonne raison d'être optimistes,
05:52 sauf qu'à la fin, ça ne marche pas comme ça.
05:55 C'est-à-dire que comme les budgets provisionnels, de dire "On vise une troisième place,
05:58 on vise une quatrième place", je ne sais pas ce que Loël a visé,
06:01 mais j'imagine que ce n'était pas une dixième place.
06:03 Mais là, en fond, c'est toujours ça.
06:05 Et pourquoi ça ne fonctionne pas ? Parce que finalement,
06:08 on voit que ce sont des clubs qui sont trop dépendants des droits TV, des transferts,
06:12 et après on s'étonne que les clubs n'aient pas de bons résultats en Coupe d'Europe,
06:15 parce qu'il n'y a pas de démarche censée au niveau de la gestion,
06:19 et c'est aussi pour ça que le football français va mal.
06:22 Ce n'est pas seulement le terrain.
06:24 Merci Maxime, tu nous as bien plombé l'ambiance avant le week-end.
06:27 [Générique de fin]