• l’année dernière
Jérôme Saporito
Directeur de la chaîne L’Equipe

Avec un budget de 35 millions d’euros par an, l’antenne du canal 21 de la TNT ne peut pas s’offrir la compétition qui s’ouvre en juillet et qui n’a toujours pas de diffuseur. Elle mise en revanche sur des compétitions moins médiatiques. Une stratégie payante.

C’est la seule chaîne de sport gratuite non seulement sur la TNT mais dans toute l’Europe. L’Equipe diffuse 2 500 heures de sport par an, 40 disciplines différentes, du foot au basket en passant par le cyclisme, le biathlon et même les caisses à savon ! Son budget de 35 millions d’euros ne lui permet pas d’avoir l’Equipe de France de football, ni la Ligue 1, encore moins la Ligue des Champions. Mais l’audience ne cesse de grandir : de 1,3% de part d’audience en février 2002, elle est passée un an plus tard à 1,8%. « En 4 ans, nous avons gagné 1,6 million de téléspectateurs quotidiens », se réjouit Jérôme Saporito, le directeur de la chaîne l’Equipe, invité médias de Célyne Baÿt-Darcourt

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Transcription
00:00 Bonjour Céline Bidart-Court.
00:02 Bonjour Camille.
00:03 Votre invité média dirige la chaîne L'Equipe qui enchaîne les records d'audience depuis
00:07 un an.
00:08 Bonjour Jérôme Saporito.
00:09 Bonjour Céline.
00:10 L'Equipe est la seule chaîne de sport gratuite en France sur la TNT.
00:14 C'est bien de le rappeler parce qu'il faut de plus en plus souvent payer pour voir du
00:17 sport à la télé.
00:18 Oui, c'est notre spécificité aussi, c'est notre force.
00:21 Et vous êtes alors conforté par vos audiences.
00:23 L'Equipe est l'une des chaînes les plus dynamiques en ce moment.
00:25 On est quoi ? 1,8% de part d'audience c'est ça ?
00:28 1,8% c'est une sacrée performance parce qu'il y a 4 ans on était à 1,3%.
00:32 Ça représente, pour être très clair je ne vais pas donner beaucoup de chiffres, c'est
00:35 1,6 millions de téléspectateurs en plus par jour si on prend la référence d'il y a 4
00:39 ans.
00:40 Qu'est-ce qui marche le mieux ? Ce sont les retransmissions sportives ou alors vos talks
00:43 que ce soit l'équipe de Greg ou l'équipe du soir ?
00:45 Les retransmissions avant tout parce que quand on fait une course de biathlon c'est 1,5
00:50 millions de téléspectateurs.
00:51 Quand on diffuse Real Madrid-Barcelone c'est plus d'un million de téléspectateurs.
00:55 Mais le squelette de la chaîne c'est vraiment ses talks parce qu'ils sont chacun différents,
01:01 très différents et c'est chaque jour 300-400 000 téléspectateurs.
01:04 Donc ça, ça donne le squelette et puis après le plus ce sont les événements.
01:07 Vous avez cité le biathlon que vous avez médiatisé bien avant tout le monde.
01:11 J'ai envie de dire avant même que nos Français fassent des exploits que ce soit dans leur
01:15 championnat du monde ou aux Jeux Olympiques.
01:18 Ça c'est votre sport premium ?
01:19 Oui, c'est notre doudou.
01:20 Moi je l'appelle le sport doudou parce qu'on a grandi avec lui.
01:23 On a grandi grâce aux exploits de Martin Fourcade et aux autres Français.
01:26 Et puis la chaîne elle s'est aussi professionnalisée à travers ses retransmissions parce qu'on
01:31 a acquis une certaine expérience.
01:32 Maintenant on se déplace sur les compétitions.
01:34 On est regardé par toutes les chaînes du monde entier qui sont spécialistes du biathlon
01:37 depuis des années, des années, comme étant devenus maintenant les précurseurs d'une
01:41 façon de raconter.
01:42 On prend l'antenne une heure avant, on débrief, on fait comme si c'était un match de foot
01:47 sauf que c'est pour le biathlon et ça c'est très nouveau.
01:49 Alors l'idée de la chaîne L'équipe c'est de proposer à la fois des sports peu visibles
01:53 médiatiquement, avec des inconnus du grand public, mais aussi des stars comme Teddy
01:58 Riner ou Karim Benzema.
01:59 Il faut un mélange de tous ces athlètes.
02:01 Oui, parce que nous on diffuse 2500 heures de sport par an.
02:06 Donc évidemment dans cette palette on doit être le plus large et le plus exhaustif.
02:10 C'est aussi notre mission.
02:11 C'est-à-dire qu'on diffuse 40 sports différents par an.
02:13 Il y a de la place pour tout le monde sur la chaîne ?
02:15 Alors ça devient de plus en plus difficile parce qu'en n'ayant qu'une seule antenne,
02:18 on doit faire un peu un tétris géant chaque semaine pour essayer de décider qui va avoir
02:23 la priorité.
02:24 Donc parfois c'est un peu compliqué.
02:25 Mais c'est notre but.
02:26 C'est qu'on a toute la semaine des sports blancs, les sports d'hiver.
02:30 On sort de la période des sports d'hiver.
02:31 Donc il y a une multitude de sports.
02:32 On arrive au printemps, donc on va être plutôt sur du vélo.
02:35 Puis après le foot reste quelque chose de fort.
02:38 On a du rugby, on a du basket.
02:40 On essaye d'être le plus exhaustif possible.
02:42 Alors le foot, l'équipe diffuse tous les matchs des éliminateurs du prochain euro
02:46 hors match des bleus.
02:47 Être une chaîne de sport et ne pas diffuser l'équipe de France, mais aussi la Coupe
02:53 du Monde, la Ligue des champions, même la Ligue 1, c'est pas un petit peu un échec
02:56 quand même ?
02:57 On voit que c'est possible.
02:58 On voit les résultats prouvent que c'est possible.
02:59 Et puis nous on est une chaîne de complément.
03:01 Il faut bien savoir qui on est.
03:02 Ce qui est important pour ne pas se tromper, je pense, c'est de savoir qui on est.
03:05 On est une chaîne de complément.
03:06 C'est-à-dire que l'équipe de France sera toujours sur TF1.
03:09 De foot, oui.
03:10 Oui, parce que c'est un peu le modèle économique.
03:14 Nous on est à des années-lumières de ça.
03:16 Au niveau du budget, vous voulez dire que vous ne pouvez pas vous payer l'équipe de
03:19 France ?
03:20 Non, impossible.
03:21 Mais il y a de la place pour le reste.
03:22 On met en valeur, en ce moment on est dans les Ligues des Nations.
03:24 Ce soir vous avez Écosse-Espagne.
03:26 C'est un grand match de football.
03:28 En Écosse, ce sera plein, craqué, ce sera un beau spectacle.
03:31 Donc on vient en complément de ces chaînes-là.
03:33 Et puis hier soir, il y avait le débrief de l'équipe de France pendant une heure et
03:35 demie.
03:36 Ce que ne faisait pas une chaîne comme TF1.
03:37 Ils ont gardé l'antenne sûrement 5-10 minutes et puis après ils sont passés à
03:40 autre chose.
03:41 Je le confirme.
03:42 Vous allez sur ce terrain-là, à des grandes compétitions de football.
03:46 Vous misez sur des sports ou des compétitions.
03:49 On ne peut pas y aller, mais on y va à notre sauce.
03:51 Une Coupe du monde de foot, on avait des talks qui étaient largement leaders, qui ont représenté
03:55 plus d'un million de téléspectateurs après les gros matchs.
03:57 Vous ne retransmettez pas le match.
03:59 C'est évidemment ça que je voulais dire.
04:00 Ce sont les fédérations du coup, des autres sports qui viennent frapper à votre porte.
04:05 On aimerait bien diffuser chez vous ?
04:07 Ça arrive et ça nous fait plaisir.
04:09 Ce qui n'était peut-être pas le cas il y a quelques temps.
04:11 C'est aussi nous qui faisons des démarches parce qu'on essaie d'avoir les antennes
04:15 ouvertes sur ce qui est dans l'air du temps.
04:18 Capter l'air du temps, être ancré dans la société, c'est vraiment une autre des
04:22 missions de la chaîne L'Équipe parce que ce n'est pas juste un robinet à images.
04:26 Il faut donner du corps à cette chaîne et avoir des visages très marqués.
04:30 Il y a le Mondial de foot féminin qui n'a toujours pas de diffuseur, alors que ça arrive,
04:34 c'est pour le mois de juillet.
04:35 Ça ne vous intéresse pas ou alors là aussi c'est beaucoup trop cher pour l'équipe ?
04:38 C'est malheureusement beaucoup trop cher pour nous.
04:40 Évidemment que c'est une très belle compétition.
04:42 En 2019 c'est plus de 10 millions de téléspectateurs sur TF1.
04:44 Mais il y a un moment donné, on sait aussi qui on est.
04:47 On a un budget de 35 millions d'euros.
04:48 C'est à des années-lumière d'autres acteurs.
04:51 Donc voilà, il faut savoir rester à sa place.
04:53 On fera la chaîne qui diffusera cette compétition.
04:57 On fera sûrement des avant-matchs, des mi-temps, des après-matchs et ce sera très bien ainsi.
05:01 Et plus globalement, est-ce que vous fixez des quotas de diffusion de sport féminin ?
05:05 Quelle est votre stratégie dans ce domaine ?
05:06 Je ne suis pas trop fan de réfléchir purement en sport féminin.
05:11 Quand on diffuse le biathlon, on a la même chose.
05:14 C'est une course féminine.
05:15 On fait de l'athlétisme, c'est totalement mixte.
05:17 On diffuse le judo, c'est totalement mixte.
05:19 Voilà, on est une chaîne de sport.
05:24 Il n'y a pas de notion de sport masculin ou sport féminin.
05:26 Alors évidemment, il y a plus de retransmissions au final si vous faites les comptes sur le
05:30 sport masculin.
05:31 Mais ce qui nous intéresse, c'est tous ces sports mixtes, on va dire, parce que là-dessus,
05:35 c'est le même traitement que ce soit un homme ou une femme.
05:37 Et d'ailleurs, le foot chez nous est commenté principalement par une femme.
05:41 On a un duo et Candice Roland fait partie de ce duo.
05:46 Le biathlon est commenté par une femme.
05:48 Il n'y a pas cette notion-là.
05:49 Je suis toujours un peu ennuyé avec cette notion-là.
05:52 Et pour votre public, ce sont majoritairement des hommes qui regardent la chaîne L'Equipe,
05:56 féminiser vos audiences, ça non plus, ce n'est pas un sujet ?
05:59 Si, évidemment, on regarde ça.
06:01 C'est à peu près 70-30 aujourd'hui.
06:03 On regarde ça, mais évidemment, on recherche plus de…
06:07 Ce que je recherche avant tout, au-delà du sport féminin, c'est de l'expertise
06:11 footballistique féminine.
06:12 Aujourd'hui, on a Karine Galli, on a Mélisande, on a Ciani, Dalmat, mais j'aimerais en avoir
06:17 plus de visage féminin pour venir débriefer les matchs.
06:19 Il nous reste peu de temps, mais je voudrais quand même parler des sports improbables
06:22 que vous diffusez.
06:23 Je ne sais même pas si on peut appeler ça du sport.
06:25 Il y avait déjà les caisses à savon.
06:26 Maintenant, le championnat du monde de course-poursuite, c'est le jeu du chat.
06:29 Il faut toucher son adversaire en réalisant un parcours.
06:31 Où est-ce que vous êtes allés trouver ça ?
06:33 Ça nous amuse d'aller chercher, d'être un peu disruptif.
06:38 Quand les JO de Paris décident de mettre le breakdance, tout le monde fait « oh là
06:43 là, c'est bizarre, ça vient d'où ? ». Nous, on veut être exactement dans la
06:45 même lignée que ça.
06:46 Donc, on fait ces sports-là et moi, je les assume totalement parce qu'on doit aussi
06:50 être une bulle de plaisir.
06:51 On voit toute l'actualité qui est quand même assez anxiogène, on va le suivre dans
06:54 le flash de 10 heures.
06:55 Eh ben non, on doit s'ouvrir à plein de choses et parfois un peu d'entertainment,
07:00 ça fait du bien.
07:01 Et quand il y a une compétition loufoppe, hop, on appelle Yoann Rioux.
07:03 Ça arrive parce que Yoann, il a une vitesse de réflexion qui est vraiment incroyable.
07:09 Merci beaucoup d'être venu Jérôme Saporito.
07:11 Merci à vous.
07:12 Vous êtes le directeur de la chaîne L'Équipe, Canal 21 de la TNT.
07:15 J'étais en train de regarder quand est-ce que ce sera le championnat du monde de course.
07:18 Ah oui, ce sera quand ? C'est le 1er avril.
07:20 Samedi soir, 1er avril, jour d'anniversaire de Yoann Rioux.
07:22 Et c'est à 21h05.
07:23 Merci d'avoir été avec nous sur France Info.

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