La politique et moi - Sabrina Agresti-Roubache

  • l’année dernière
Sabrina Agresti-Roubache, députée Renaissance
Elle s'entend aussi bien avec le rappeur Akhenaton qu'avec le couple Macron. Sabrina Agresti-Roubache est à l'aise partout, avec tout le monde. C'est peut-être cela qui l'a amenée à la politique.

Pourquoi s'engage-t-on en politique ? Comment tombe-t-on dans le grand chaudron de l'Assemblée ?
Chaque jour, Clément Méric, dans un entretien en tête à tête de 13 minutes, interroge un parlementaire sur les personnalités, les évènements - historiques ou personnels - qui l'ont conduit à choisir la vie publique.
Car on ne naît pas politique, on le devient !

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00:00 Elle s'entend aussi bien avec le rappeur Akhenaton
00:02 qu'avec le couple Macron.
00:04 Mon invité est à l'aise partout, avec tout le monde,
00:07 et c'est peut-être cela qui a fini par l'amener à la politique.
00:10 Musique intrigante
00:13 ...
00:25 -Bonjour, Sabrina Grestiroubache. -Bonjour.
00:28 -Il y a un meeting dont tout le monde se souvient
00:31 dans la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron en 2017.
00:34 C'est celui de la porte de Versailles.
00:36 On s'en souvient pourquoi ?
00:37 Parce que c'est le fameux meeting de "Parce que c'est notre projet".
00:41 Je me suis dit qu'Emmanuel Macron avait dû avoir
00:44 un sacré bon chauffeur de salle ce jour-là
00:46 pour se mettre dans cet état-là.
00:48 J'ai regardé le tout début du meeting.
00:51 -C'est horrible. -Je suis tombé là-dessus.
00:53 Musique intrigante
00:56 -Oui, en deux, le micro marche.
00:58 -Bonjour. Donc voilà, je m'appelle Sabrina Roubache.
01:02 Je suis née dans l'un des arrondissements
01:04 les plus pauvres d'Europe.
01:07 Moi, je viens de...
01:09 Donc de cette zone très compliquée
01:11 où l'éducation m'a aidée.
01:13 C'est vrai, sans éducation, on ne peut pas y arriver.
01:16 -C'est votre témoignage, vous prenez la parole
01:19 en ouverture de ce meeting.
01:21 Vous étiez très éloignée de la politique.
01:23 Comment est-ce que vous vous êtes retrouvée là,
01:26 devant des milliers de personnes ?
01:28 -Je me pose encore la question,
01:30 mais c'est l'histoire, en fait, d'une rencontre assez improbable,
01:33 en réalité, où Emmanuel Macron
01:35 vient lancer sa campagne à Marseille
01:38 et il demande à ses équipes de lui organiser un dîner.
01:41 C'est ça, le départ, à Marseille,
01:43 avec le monde socioéconomique et plutôt des non-politiques,
01:46 donc plutôt des chefs d'entreprise,
01:48 mais aussi des associatifs.
01:50 Donc je me retrouve à table dans un restaurant
01:53 assez en vue de Marseille,
01:55 et c'est Brigitte Macron qui m'installe à côté d'elle.
01:58 À l'époque, je venais de rencontrer
02:00 celui qui deviendra mon futur mari, Jean-Philippe,
02:03 et je vais la voir en lui disant "C'est super adorable,
02:06 "tu m'as mise à côté de toi",
02:08 et je l'ai tutoyée tout de suite.
02:10 -Vous êtes comme ça. -Oui, oui.
02:11 Je lui dis "J'aimerais être à côté de Jean-Philippe,
02:14 "est-ce que tu peux me mettre à côté de lui ?"
02:17 Il me dit "Non, toi, tu vas rester ici,
02:19 "et c'est Jean-Philippe qu'on va déplacer."
02:21 -C'est le début d'une rencontre très marquante,
02:24 mais ça s'est passé moins d'un mois avant
02:26 de rencontrer Emmanuel Macron.
02:28 Pourquoi il vous a choisi, vous, pour ouvrir votre meeting,
02:32 alors que vous connaissez à peine ?
02:34 -C'est Brigitte qui m'appelle, ils sont tous les deux,
02:37 et elle me dit "T'es pas obligée d'accepter".
02:39 -Et pourquoi vous ?
02:40 -Sincèrement, je pense que c'est à eux qu'il faut poser la question,
02:44 et à lui notamment.
02:46 Moi, en réalité, j'ai pas la réponse,
02:48 parce que quelqu'un que vous ne connaissez pas,
02:51 que vous connaissez à peine, avec qui, on s'est échangé
02:54 les numéros, mais je ne sais pas.
02:56 Alors, est-ce que c'est...
02:58 Lui aussi est assez instinctif,
03:01 est assez...
03:02 En tout cas, c'est l'un des points communs que j'ai avec lui,
03:05 c'est pour ça que j'ai tout de suite accroché.
03:08 -Vous étiez la bonne personne. -Oui, au bon moment.
03:11 Et qui était capable de le faire.
03:13 -Vous n'avez jamais pris la parole devant 15 000 personnes.
03:16 -J'imagine que c'est pas évident.
03:18 Vous êtes devenue amie avec les Macrons,
03:20 en l'espace d'une soirée.
03:22 Quand on vous connaît un peu, on a l'impression
03:25 que c'est quelque chose de naturel,
03:27 que vous êtes capable de devenir amie avec n'importe qui,
03:30 de n'importe quel milieu.
03:31 Est-ce que vous diriez que c'est un don ?
03:34 -C'est pas avec n'importe qui. Moi, j'aime, j'aime pas.
03:37 Je suis assez... Comme un petit animal.
03:39 J'ai du mal, quand même.
03:41 C'est pour ça que la politique, c'est compliqué pour moi.
03:44 Je vois bien le nombre de compositions qu'il faut faire,
03:47 l'abnégation que ça demande, en réalité.
03:49 Donc, non, je suis... Par contre, j'aime les gens.
03:52 Moi, la chose qui est vraie, j'aime les gens.
03:55 Et je me soucie assez peu de la couleur politique,
03:58 mais depuis toujours.
03:59 Je pense pas que les étiquettes fassent les hommes.
04:02 -Emmanuel Macron et Marseille, c'est une histoire d'amour.
04:05 On sait qu'Emmanuel Macron est un grand fan de l'OM,
04:08 l'Olympique de Marseille, mais ça va au-delà.
04:11 Il veut faire de Marseille le laboratoire de sa politique.
04:14 Vous tenez un rôle dans ce dispositif.
04:16 On vous surnomme souvent "la vigie marseillaise des Macron".
04:19 Vous vous retrouvez dans cette expression ?
04:21 -Oui, je me retrouve, car j'ai pas attendu d'être élue
04:24 pour parler et travailler sur Marseille avec lui.
04:27 Il aime Marseille. C'est une sincérité, c'est sincère.
04:30 Il explique assez simplement ce qui le relie à Marseille.
04:34 En réalité, il est marseillais dans le tempérament.
04:37 À Marseille, il se sent bien.
04:39 Il a quand même ce côté fou, ce côté rebelle.
04:41 -Vigie marseillaise. Vous informez-lui de ce qui se passe ?
04:44 -Oui, et lui donner le vrai son de la rue.
04:47 C'est intéressant. C'est peut-être une déformation professionnelle.
04:50 Je ne sais pas mentir, traverser.
04:52 Il sait que tous les mots qui sortent de ma bouche
04:55 et qui sont écrits ne sont que sincérités assez caches.
04:58 Je reconnais que je suis assez directe
05:00 quand je pense quelque chose, je le dis.
05:03 Il sait que j'ai aussi le sens de la confidentialité,
05:06 du secret. Il y a des choses qu'on se dit
05:08 que je ne dirai jamais jusqu'à ma mort.
05:10 Et la réalité sur la vigie, on est une vigie
05:13 quand on est capable de donner l'alerte,
05:15 mais aussi de dire ce qui va bien.
05:17 La vigie, dans tous les sens du mot.
05:19 -Vous avez une autre qualité, si on peut le dire.
05:22 Vous êtes capable de faciliter des rencontres,
05:25 d'ouvrir des portes, de provoquer des choses
05:27 un peu inattendues, inespérées.
05:29 C'est peut-être pour ça qu'Emmanuel Macron
05:32 vous a confié une mission étonnante.
05:34 Il vous a demandé en 2020 de travailler
05:37 avec la majorité présidentielle et la droite marseillaise,
05:40 Renaud Muselier en particulier, alors que vous êtes de gauche.
05:43 Vous étiez novice en politique à l'époque et vous y êtes parvenue.
05:47 Comment vous avez fait ? -Vous savez quoi ?
05:49 J'ai déployé, justement, j'ai évité de faire...
05:52 J'ai pas fait de politique.
05:54 Je suis allée voir Renaud Muselier, je l'écris dans mon livre,
05:57 en lui disant qu'il y a un danger RN,
06:00 parce que la réalité, c'est pas...
06:02 Parce qu'on salue pas les députés RN à la buvette
06:05 et qu'on combat leurs idées.
06:06 Je les salue à la buvette, mais je combat leurs idées.
06:09 La réalité, c'est qu'à Marseille, on est confrontés
06:12 à une vague RN très forte et en région sud, encore plus.
06:15 Il faut jamais oublier qu'on est l'une des régions les plus exposées.
06:19 -Ca vous a aidé à le convaincre ?
06:21 -Je lui ai parlé avec le coeur.
06:23 "C'est un politique." La première réponse, il me dit,
06:26 "tu sais que la politique, c'est sérieux."
06:29 -Vous l'étiez pas ? -Non.
06:30 C'est sous-entendu. Là, on fait de la politique.
06:33 Je lui ai répondu, "Je sais, mais je viens de te voir,
06:36 "non pas avec une âme de politique,
06:38 "je viens de te voir parce qu'il y a un enjeu pour nous.
06:41 "Tu es marseillais, je suis marseillaise,
06:44 "on se connaît un peu." Le président de la République
06:46 a compris l'enjeu sur la vague RN.
06:48 C'est le moment de travailler ensemble.
06:51 -Quand on voit votre personnalité,
06:53 on se dit que c'est pas un hasard si votre vie s'est construite
06:56 autour de quelques rencontres.
06:58 Il y a eu la rencontre avec les Macrons.
07:00 Bien avant, celle d'Akhenaton, figure emblématique du groupe Ayam.
07:04 Vous diriez que cette rencontre a changé le cours de votre vie ?
07:07 -Oui, clairement.
07:08 Oui, changer le cours de ma vie, surtout changer le cours
07:12 de ma carrière. Je l'ai connue assez jeune.
07:14 -Juste après le bac. -Voilà.
07:16 Je suis née à Félix-Piatt, et dans ce quartier,
07:19 Félix-Piatt, les gens, tous les personnages de "Comme un aimant"
07:22 sont des amis à lui, de Félix-Piatt.
07:24 "Comme un aimant", le premier long-métrage
07:27 réalisé par Akhenaton et Kamel Saleh,
07:29 le jeune de Félix-Piatt, avec qui on a grandi.
07:32 Au départ, j'étais plutôt partie sur une carrière
07:34 ou d'assistante sociale, ou d'avocate, ou de magistrate.
07:39 Et là, je me suis inscrite en première année de droit.
07:42 -Et il vous embarque sur les clips d'Ayam, d'abord.
07:46 -Et moi, en réalité...
07:47 J'ai une carrière assez linéaire dans la production.
07:50 J'ai démarré stagiaire de prod, et je finis productrice.
07:53 Tout le monde pense que parce qu'on parle plus de moi
07:56 et que je fais des choses plus visibles...
07:58 -C'est le premier échelon. Il est là, avec Akhenaton.
08:01 -Et intellectuellement, c'est celui avec qui je me retrouvais le plus,
08:05 même si on n'est pas d'accord.
08:07 -Vous vous êtes lancée dans la production de films,
08:10 de séries, de documentaires.
08:12 Un jour, Netflix s'est tournée vers vous
08:14 pour produire sa première série française, "Marseille",
08:17 avec Gérard Depardieu, Benoît Magimel.
08:19 Et là, votre travail a consisté à ouvrir des portes,
08:22 à faciliter des rencontres.
08:24 -C'est par Dan Frank, le créateur de la série,
08:27 qui a fait le mariage.
08:28 -Vous l'avez aidé à prendre le pouls de la ville.
08:31 -S'il ne comprenait pas la ville, il ne pouvait pas tourner.
08:34 Pascal Breton, qui est le producteur, l'a compris.
08:37 -Vous dites que ce travail que vous avez fait sur Netflix,
08:41 ça a servi de déclic pour vous,
08:42 pour prendre conscience que vous étiez capable de convaincre.
08:46 Ca veut dire que c'est le déclic, quelque part,
08:49 d'une prise de confiance en vous pour vous lancer en politique ?
08:52 -Oui, la confiance en soi, c'est certain,
08:55 et surtout la conscience de ce qu'il y avait à faire,
08:58 des engagements.
08:59 -Vous racontez votre parcours personnel
09:01 dans un livre qui s'appelle "Moi, la France, je la kiffe".
09:05 C'est une enfance heureuse,
09:06 dans une famille nombreuse installée dans un quartier pauvre.
09:10 Vos parents sont nés en Algérie.
09:12 -Mon père. Ma mère est née à Saint-Laurent-en-Provence.
09:15 -Vous avez grandi dans une double culture.
09:17 Vous dites que pour vous, il n'y a pas d'ambiguïté.
09:20 Votre pays, c'est la France.
09:22 Pourquoi ressentez-vous ce besoin de l'affirmer comme ça ?
09:26 -Parce que malheureusement, et c'est très franco-français,
09:29 je le vois, moi qui ai beaucoup voyagé,
09:31 on vous ramène souvent à vos origines ethniques,
09:34 et vos origines sociales.
09:36 Et c'est souvent "d'où tu viens ?", "c'est quoi ta religion ?"
09:39 C'est pour ça que je me suis amusée à écrire un chapitre
09:42 sur le couscous et la bouillabaisse,
09:44 en disant des idées préconçues,
09:46 qui consistent à dire que tu es d'origine maghrébine,
09:49 et c'était une provoque,
09:51 c'était une manière assez provocante de dire les choses.
09:54 Et on nous ramène souvent,
09:55 le président de la République l'a dit,
09:57 on nous ramène souvent à nos origines.
09:59 Et c'est terrible, parce qu'en fait,
10:01 bien sûr, ça englobe notre personnalité,
10:04 ça nous construit, mais moi, je suis française.
10:07 Pour moi, il n'y a pas de sujet.
10:08 -Vous aimez la France, mais une France ouverte,
10:11 tolérante, plurielle, et le 21 avril 2002,
10:13 quand Jean-Marie Le Pen se qualifie pour le second tour
10:17 présidentiel, ça vous met dans une colère noire,
10:19 vous décidez de quitter la France et de vivre au Maroc.
10:22 Est-ce que vous prendriez la même décision
10:25 aujourd'hui, maintenant que vous êtes députée ?
10:27 Est-ce que ce serait pas un peu quitter le navire
10:30 en pleine tempête ? -C'est pas parce que je suis députée,
10:33 c'est parce que j'ai vieilli.
10:35 -Vous réagiriez pas de la même façon.
10:37 -Non, on réagit pas pareil à 25 ans qu'à 46 ans.
10:40 Je reprendrais pas du tout la même décision,
10:42 et ça, je me suis questionnée.
10:44 On quitte pas le navire,
10:46 c'est exactement ce que je me suis dit quand je suis revenue.
10:49 Je me suis rendu compte qu'on vivait dans le plus beau pays du monde
10:52 quand je suis allée voir ailleurs.
10:54 Et je me rends compte qu'on rend assez mal à la France
10:57 tout ce qu'elle donne, quelle que soit l'origine.
11:00 -On passe à notre quiz.
11:02 Je vous explique le principe, je vais commencer à prononcer
11:05 une phrase, et ça va être à vous de la compléter.
11:08 C'est bon, on y va ? -On y va.
11:10 -Dans l'hémicycle, le meilleur comédien, c'est...
11:12 -Le meilleur comédien, c'est...
11:15 -C'est vous, la productrice, vous avez un regard là-dessus.
11:18 -On a le droit de dire ce qu'on veut.
11:20 Non, je sais pas s'il y a des...
11:22 Non, le meilleur comédien, il y en a trop.
11:24 En fait, j'ai du mal à choisir, mais...
11:27 Non, après, ça mettrait quand même des collègues dans l'embarras.
11:31 Je dirais c'est moi.
11:32 C'est moi, parce qu'en réalité, je...
11:35 Oui, je suis la productrice, mais...
11:37 -Vous jouez un rôle ? -Je joue pas un rôle.
11:39 Disons que j'ai...
11:40 Si vous me permettez juste une citation
11:43 de Nassim Nicola Taleb, qui dit...
11:45 -Plus je fais de la politique, plus je me dis que...
11:53 -C'est compliqué.
11:54 -C'est compliqué au point de vous dire qu'un seul mandat, pas deux.
11:58 -J'arrive à comprendre, en réalité,
12:00 j'arrive à comprendre, en réalité,
12:02 la désaffection des gens pour la politique.
12:05 -Un seul mandat, a priori ?
12:07 -Oui, j'avais dit, j'ai commencé avec Emmanuel Macron
12:10 et j'en aurais fini avec lui, probablement.
12:12 -C'est beau être marseillaise, j'avoue qu'à Paris...
12:15 -C'est une très belle ville. -Vous le dites, vous.
12:18 -C'est une magnifique ville.
12:20 -Allez, on va terminer l'émission en musique.
12:22 Est-ce que vous reconnaissez cette chanson ?
12:25 J'imagine que oui.
12:26 -La vie est belle, le destin sans les cartes
12:29 -C'était "Né sous la même étoile".
12:31 -"Né sous la même étoile",
12:32 une des chansons les plus connues du groupe Ayaan.
12:35 -On allait tourner au Freehool, on a tourné de partout.
12:38 -Votre histoire aurait pu ressembler
12:40 à celle de ce gamin des cités évoquée dans cette chanson ?
12:43 -Evidemment, si j'avais pas eu les parents que j'ai eus.
12:46 -Vous devez votre parcours à vos parents.
12:49 -Oui, ma mère, ma grand-mère, dont on n'a pas parlé.
12:52 -Et l'importance qu'ils accordaient à l'éducation.
12:54 -Et à la conscience de ce qu'on était dans le monde,
12:57 de non pas que recevoir, mais donner.
13:00 On oublie beaucoup... Voilà.
13:02 -C'est le mot de la fin.
13:04 Très beau. Merci à vous, Sabrina Agresti-Roubach.
13:06 Bienvenue dans "La politique et moi".
13:09 -Merci beaucoup.
13:10 ...
13:28 *Bruit de la musique*

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