Audition à l'Assemblée nationale - Ingérences étrangères : audition de Marc-Olivier Fogiel

  • l’année dernière
Après l'ancien journaliste de BFMTV Rachid M'Barki, les députés ont auditionné Marc-Olivier Fogiel. Le directeur général de la chaîne a justifié le licenciement de l'ex-présentateur, évoquant une faute grave pour « manquement au processus de validation de la chaîne », sans pouvoir prouver d'éventuelles ingérences étrangères. La commission d'enquête mise en place sur le sujet tente de faire la lumière sur des soupçons de manipulation de l'information, et à déterminer si les médias sont ou non infiltrés par des intérêts étrangers. Retrouvez cette audition en intégralité sur LCP-Assemblée-nationale.
Transcript
00:00:00 Nous accueillons pour la deuxième audition de ce jour, M. Marc-Olivier Fougiel, qui est
00:00:04 directeur général de BFM TV.
00:00:07 M. le directeur général, je vous remercie d'avoir répondu à notre convocation, d'être
00:00:12 présent aujourd'hui, de nous accorder du temps pour répondre à nos questions, questions
00:00:17 qui, je tiens à le dire, et je l'ai dit hier, je le redis aujourd'hui, ne visent absolument
00:00:21 pas à entretenir une quelconque polémique ou à créer une affaire s'il n'existe pas,
00:00:24 mais à comprendre tout simplement un phénomène qui est apparu dans les médias et qui intéresse
00:00:31 nos concitoyens parallèlement à nos travaux qui portent donc sur les ingérences ou les
00:00:36 tentatives d'ingérences étrangères sur les personnes politiques, les agents publics,
00:00:41 les intérêts économiques, mais aussi sur les relais d'opinion.
00:00:44 Évidemment, votre chaîne joue un rôle considérable dans le débat d'idées et la bonne information
00:00:49 de nos concitoyens.
00:00:50 BFMTV s'est donc retrouvé récemment au cœur d'une polémique ou d'une affaire qui touche
00:00:59 notre commissaire d'enquête puisqu'il s'agirait, selon les enquêtes qui ont été diffusées
00:01:05 par un certain nombre de vos confrères et consœurs, d'un soupçon d'ingérence étrangère
00:01:10 et de manipulation de l'information dans les journaux de la nuit de votre chaîne.
00:01:16 Dès que ces soupçons ont été rendus publics, votre chaîne a ouvert une enquête interne
00:01:21 puis a procédé à un certain nombre de décisions disciplinaires contre le journaliste M. M.
00:01:27 Barky que nous avons auditionné hier de manière publique et ça a abouti à son licenciement.
00:01:35 Je précise aussi que la commission d'enquête parlementaire n'est pas une substitution
00:01:41 des autres organes judiciaires.
00:01:43 Nous ne sommes pas la justice, nous ne sommes pas un tribunal des prud'hommes, donc nous
00:01:48 ne nous ingérons pas, c'est le cas de le dire, dans ce qui ne relève pas de nos compétences.
00:01:53 Nous nous limiterons à faire notre travail, uniquement notre travail de parlementaire,
00:01:56 à savoir éclairer l'opinion publique sur le phénomène d'ingérence, essayer de le
00:02:01 comprendre et, suite à cette compréhension, suggérer des modifications législatives
00:02:07 ou réglementaires qui pourraient s'avérer pertinentes.
00:02:09 Vous avez d'ailleurs pu constater hier dans nos travaux, si vous avez eu le temps de les
00:02:13 suivre, que nous n'avons à aucun moment voulu alimenter aucune forme de polémique
00:02:18 ou de manipulation.
00:02:19 À ce titre, par exemple, en tant que président de la commission, j'ai refusé la prise d'image
00:02:22 ou de photo de M. M. Barky qui ne semblait pas convenir, à mon avis, au niveau et à
00:02:28 la tenue de nos travaux.
00:02:30 Cette audition, en revanche, est publique, elle n'est pas soumise à huis clos, donc
00:02:36 elle est diffusée en direct.
00:02:37 La vidéo sera disponible à la demande, elle est aussi ouverte à la presse et à tous
00:02:43 ceux qui s'intéressent à nos travaux.
00:02:46 M. Faucheguel, je vous laisserai d'abord la parole pour une quinzaine de minutes d'intervention
00:02:52 liminaire sur ce que vous inspire cette affaire, les travaux de cette commission, les éléments
00:02:57 que vous souhaitez porter à notre connaissance et ensuite, nous vous répondrons à nos questions,
00:03:02 les questions de votre serviteur, de Mme la rapporteure et des commissaires présents
00:03:06 qui souhaiteraient intervenir.
00:03:07 Je vous rappelle, M. Faucheguel, qu'au titre de l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre
00:03:11 1958, relative au fonctionnement des assemblées parlementaires, les personnes auditionnées
00:03:16 par une commission d'enquête doivent prêter serment de dire la vérité, toute la vérité,
00:03:19 rien que la vérité.
00:03:20 Aussi, je vous demande, M. Faucheguel, de lever la main droite et de dire « je le jure ».
00:03:24 Je le jure.
00:03:25 Je vous remercie et vous avez la parole pour votre propos liminaire.
00:03:29 Merci, M. le Président, merci, Mme la rapporteure, Mesdames et Messieurs les députés, les commissaires.
00:03:34 Je vais donc revenir, comme vous l'avez souhaité, sur les soupçons de manipulation de journalistes
00:03:39 au profit d'intérêts étrangers, notamment ce qui concerne donc cette affaire, entre
00:03:42 guillemets, dite « Embarquis » ou « BFM TV ».
00:03:45 Au risque de vous décevoir, je dois d'abord vous indiquer que je ne vais pas vous apporter
00:03:50 d'éléments d'information concernant des accusations d'ingérence étrangère
00:03:55 dans ce dossier pour la simple raison que je n'en dispose pas.
00:03:58 La raison pour laquelle nous avons écarté de l'antenne et de l'entreprise Rachid
00:04:01 Embarquis, ce n'est pas pour des raisons d'ingérence étrangère dans le cadre
00:04:07 de ces journaux de la nuit, parce que nous n'avons pas les moyens de l'apprécier,
00:04:11 nous ne sommes pas la justice, c'est la raison pour laquelle nous avons déposé
00:04:13 plainte.
00:04:14 Nous avons une attente importante, évidemment, autour de la plainte que nous avons déposée.
00:04:20 Mais si nous l'avons écarté de l'antenne, c'est parce que, et ça s'est établi,
00:04:26 il a gravement manqué au processus de validation mis en place au sein de BFM TV, que je vais
00:04:31 pouvoir vous décrire tout à l'heure.
00:04:33 Et donc c'est pour ces raisons-là et ces raisons seules qu'il a été écarté.
00:04:36 Concernant l'ingérence potentielle étrangère, nous n'en avons pas la preuve et la justice
00:04:43 dira ce qu'elle a à dire.
00:04:44 Comme vous, j'ai lu les enquêtes qui ont entouré cette affaire, mais en tout cas,
00:04:52 en tant qu'entreprise privée, nous n'avons pas les moyens que la justice a et donc ce
00:04:58 n'est pas pour cette raison-là que Rachid M.
00:05:00 Barki a été écarté de l'antenne.
00:05:02 Pour commencer, si vous voulez bien, je vais vous raconter la chronologie des faits dans
00:05:06 cette affaire et le traitement qui a été le nôtre et la raison qui a conduit à cette
00:05:11 sévérité immédiate et exemplaire.
00:05:15 Donc le 7 janvier 2023, Frédéric Mettezo, journaliste à Radio France que vous avez
00:05:20 auditionné, m'a appelé.
00:05:21 Il m'a indiqué donc, depuis Israël, mener une enquête sur une société locale proposant
00:05:28 entre autres un service permettant de faire passer des informations dans les médias.
00:05:31 Lui m'expliquant que tout ça était dans un cadre d'ingérence d'intérêts étrangers
00:05:38 et que cette société qu'il avait infiltrée à ce moment-là, il me demandait la plus
00:05:42 grande confidentialité, proposait notamment de passer des informations sur BFMTV.
00:05:48 Vous imaginez notre stupéfaction, la mienne d'abord.
00:05:52 Je lui ai demandé de m'en dire un peu plus, évidemment.
00:05:55 C'était compliqué pour lui parce qu'il était en pleine enquête, mais c'était
00:06:00 suffisamment grave pour qu'il m'envoie un certain nombre de choses et il voulait
00:06:02 savoir dans quelle mesure la chaîne était au courant, quelle était la chaîne de complicité
00:06:08 éventuelle.
00:06:09 Il enquêtait simplement et dans l'enquête qu'il a publiée bien après.
00:06:13 Me donnant peu d'éléments d'informations sur cette enquête, puisqu'il était dans
00:06:17 le cadre de la confidentialité, il était infiltré et en revanche il avait besoin
00:06:22 d'un certain nombre d'informations.
00:06:23 Pour pouvoir l'aider, puisque je ne voyais pas du tout à quoi il faisait allusion, je
00:06:26 lui ai demandé de me donner des éléments d'informations et il m'a communiqué trois
00:06:32 vidéos, extraits de vidéos qui selon lui étaient problématiques et pour certaines
00:06:38 d'entre elles, de ces trois vidéos qu'il avait vues dans le cadre de son enquête,
00:06:42 puisque la société en question qu'il infiltrait lui avait montré ces vidéos comme des preuves
00:06:47 qu'il pouvait faire passer des informations sur une chaîne d'informations continue en
00:06:50 France, la première, et il voulait savoir de quoi il en retournait.
00:06:55 Il m'envoyait ces trois vidéos en les voyant, force de constater qu'elles n'avaient pas
00:07:01 leur place à l'antenne.
00:07:02 Certaines étaient d'ailleurs incompréhensibles pour le commun des mortels, en tout cas pour
00:07:06 moi qui ai la pretension de connaître l'information.
00:07:09 En tout cas, elles n'avaient rien à voir avec notre ligne éditoriale.
00:07:14 J'en ai pour preuve que sur les 20h30 d'infos en continue sur la chaîne, ces informations
00:07:25 n'apparaissent que dans le cadre du journal de la nuit.
00:07:28 Aucun autre rédacteur en chef, journaliste, présentateur de tranche n'a jugé utile
00:07:37 de relater ces informations.
00:07:39 Seul le présentateur du journal de la nuit, Rachid M.
00:07:42 Barki, a pensé que c'était des informations qu'il devait porter à la connaissance de
00:07:48 son public dans le cadre de son journal de la nuit.
00:07:52 J'ai donc contacté Rachid M.
00:07:55 Barki, lui demander de venir me voir.
00:07:56 Il est venu me voir le 11 janvier, donc quatre jours après.
00:08:01 Je lui ai présenté les vidéos et lui ai demandé de quoi il en retournait, comment
00:08:06 ces informations étaient arrivées à l'antenne.
00:08:09 Il m'a raconté d'abord qu'elle lui avait été proposée par ce qu'il m'a décrit
00:08:18 comme un informateur.
00:08:19 Il m'a donné le nom de Jean-Pierre Dution, en me disant immédiatement que Jean-Pierre
00:08:24 Dution lui avait proposé un certain nombre d'informations et qu'il était de son libre
00:08:28 arbitre journalistique de les prendre ou pas.
00:08:31 Et immédiatement, il a nié une contrepartie financière.
00:08:34 Il m'a expliqué que ces informations étaient selon lui importantes pour l'antenne.
00:08:42 Je l'ai écouté, je lui ai demandé, je lui ai dit pourquoi pas, mais qui est au courant
00:08:48 dans la chaîne hiérarchique.
00:08:49 Je vais vous décrire ensuite, évidemment, le processus robuste qui conduit à mettre
00:08:53 une information à l'antenne à BFMTV.
00:08:54 Là, en l'occurrence, il a donc été contourné, mais dans la mesure où il avait jugé que
00:08:58 ces informations devaient être dans son journal, quel avait été le processus qu'il avait
00:09:03 suivi pour faire valider ces informations-là.
00:09:05 Il a été plus qu'évasif, puisqu'il m'a dit que la rédactrice en chef n'avait pas
00:09:09 été au courant.
00:09:10 Je vous décrirai comment, dans tous les cas, les rédacteurs en chef valident les informations
00:09:15 qui passent à l'antenne.
00:09:16 Et plus problématique, comme vous l'avez vu vous-même, il y avait un certain nombre
00:09:20 d'images dans le cadre de ces informations qui venaient illustrer ce qu'il disait, des
00:09:25 images qui n'ont pas été tournées par BFMTV et qui n'ont pas été achetées par
00:09:29 notre cellule d'image.
00:09:30 Toutes les images diffusées à l'antenne de BFMTV suivent un process.
00:09:34 Soit elles sont dans une banque d'images, soit elles ont été tournées, soit on demande
00:09:37 qu'on les achète.
00:09:38 Mais en l'occurrence, là, elles ont été ingérées à l'antenne par des images que
00:09:44 Rachid M.
00:09:45 Barkhi n'a pas reconnue avoir été données par Jean-Pierre Dutu.
00:09:49 Donc, je lui ai demandé là-dessus de préciser les choses.
00:09:55 Face donc à ces réponses et compte tenu de la gravité des faits qui lui étaient
00:10:00 reprochées, immédiatement, nous avons décidé de le suspendre de l'antenne, dispenser d'activité
00:10:05 en lui conservant son salaire, puisqu'il était nécessaire pour se prévaloir de tout
00:10:10 risque de se donner du temps pour examiner la véracité des incidents rapportés avant
00:10:14 de prendre une décision et l'écouter.
00:10:16 Peut-être qu'il y avait eu un dysfonctionnement en interne qu'il fallait pouvoir régler.
00:10:20 Et loin de nous l'idée de l'accabler, bien au contraire, mais d'écouter les choses
00:10:24 de façon apaisée.
00:10:26 Et encore une fois, pas dans le cadre d'une ingérence étrangère, peut-être, potentielle,
00:10:31 mais en tout cas, ce n'était pas le sujet.
00:10:33 Mon sujet en tant que directeur général de la chaîne, c'était de comprendre comment
00:10:37 des informations arrivent à l'antenne sans que personne ne soit au courant, à part le
00:10:40 présentateur qui décide de les mettre à l'antenne.
00:10:43 Évidemment, j'ai averti le président du groupe Altice, le directeur de l'information
00:10:50 du groupe Altice, aussi le directeur de la gestion des risques et obligations légales
00:10:54 du groupe.
00:10:55 Et on a décidé de lancer un certain nombre d'investigations en interne de deux ordres.
00:10:58 La première, vous l'avez évoqué tout à l'heure, du 20 au 30 janvier, un audit interne
00:11:03 a été mené par la direction de l'audit interne du groupe pour examiner simplement
00:11:08 ce que je vous racontais, si Rachid M.
00:11:10 Barkhi était passé outre le processus de validation de la ligne éditoriale concernant
00:11:14 ces séquences.
00:11:15 Cet audit s'est mené sur dix jours, a auditionné beaucoup de personnes.
00:11:20 Contrairement à ce qu'a pu raconter hier Rachid M.
00:11:22 Barkhi, il a été évidemment entendu, pas dans le cadre d'un audit, dans le cadre d'un
00:11:25 rendez-vous où il avait tout loisir d'expliquer les choses à quoi il a refusé de le faire.
00:11:30 Ça a duré 45 minutes environ.
00:11:32 J'étais présent à ce rendez-vous en lui proposant de raconter et d'expliquer chaque
00:11:37 séquence et chaque processus de mise à l'antenne.
00:11:41 Cet audit a révélé que de 2021 à 2022, une douzaine de séquences, donc Frédéric
00:11:48 Métézo comme je le disais en avait repéré trois.
00:11:49 L'audit a validé douze séquences qui avaient contourné la chaîne de production habituelle.
00:12:00 Des demandes pour arriver à l'antenne effectuées par Rachid M.
00:12:04 Barkhi toujours à l'oral, modifications ou ajouts sans validation du rédacteur en
00:12:07 chef dans un délai toujours très tardif, très proche du journal.
00:12:10 Les conclusions de l'audit ont donc montré que Rachid M.
00:12:13 Barkhi avait sciemment contourné les processus internes que je vais encore pouvoir développer
00:12:18 un peu plus tout à l'heure.
00:12:19 Ça c'était donc l'audit interne, a été mené, ce qui vous intéresse peut-être
00:12:23 plus, mais c'est là-dessus que je serais décevant, une enquête interne menée de
00:12:28 manière indépendante par la direction de la conformité afin de vérifier tout élément
00:12:33 pouvant attester d'effets de corruption passive.
00:12:35 L'enquête interne, comme vous le savez, est soumise au secret.
00:12:39 Je n'y ai personnellement pas participé pour qu'il n'y ait pas de sujets d'impertialité
00:12:44 et de confidentialité liés à tout ça.
00:12:47 Sur la base de ces investigations, la direction a décidé de mettre fin au contrat de Rachid
00:12:52 M.
00:12:53 Barkhi, comme vous l'avez dit, le 21 février, après qu'il ait donc pu s'expliquer pendant
00:12:56 quasiment une heure, mais il a refusé de le faire.
00:12:58 Et le contenu de l'enquête nous a posé suivant des questions pour que nous saisissions la
00:13:03 justice.
00:13:04 Ça a été fait le 22 février 2023.
00:13:05 Une plainte a été déposée au parquet.
00:13:08 Pour savoir, ce qui vous intéressera plus et ce qui nous intéressera aussi, si oui
00:13:12 ou non il y a eu une corruption passive dans le cadre de ce dossier, ce que nous sommes
00:13:18 bien incapables de savoir, et ce qui n'est donc pas la raison pour laquelle Rachid M.
00:13:21 Barkhi a été écarté de l'antenne et a été licencié pour faute grave.
00:13:25 Le respect du processus de validation, vous l'imaginez, et là ça rejoint vos travaux,
00:13:31 est essentiel pour s'assurer que ne soit pas diffusé à l'antenne des informations
00:13:33 dont l'origine n'est pas connue, n'est pas vérifiée, s'il est nécessaire de les
00:13:37 accompagner, éventuellement d'y apporter des réserves.
00:13:39 Nous avons des procédures robustes et des règles.
00:13:42 Les règles d'abord, pour un journal, la ligne éditoriale et l'intégralité des
00:13:49 journaux sont validées intégralement par un rédacteur en chef en amont.
00:13:52 Donc il y a un rédacteur en chef, un chef d'édition, qui avant la mise en antenne
00:13:56 des journaux, valide l'ensemble des séquences.
00:13:58 Évidemment, comme Rachid M.
00:13:59 Barkhi a pu vous le raconter hier, le journaliste est libre de ses textes, il a la compétence,
00:14:07 il a la liberté éditoriale.
00:14:08 En revanche, le contenu du journal est intégralement validé par le rédacteur en chef.
00:14:16 C'est bien son droit, puisque les présentateurs ne sont pas que présentateurs, interviennent
00:14:22 dans le contenu du journal.
00:14:23 S'il veut modifier le contenu, il en a la possibilité, qu'après validation de la
00:14:29 rédaction en chef, qu'il décide ou pas de la validation des séquences à ajouter.
00:14:35 Encore une fois, pas des textes, mais des séquences à ajouter.
00:14:38 Ce qui n'a pas été le cas dans les douze séquences dont on parle.
00:14:42 La validation éditoriale s'est arrangée pour être contournée.
00:14:50 La validation technique des séquences, là il y a toute une chaîne qu'on a pu établir,
00:14:54 comment ces séquences arrivent à l'antenne, parce que Rachid M.
00:14:56 Barkhi a demandé à des gens, au moment où justement il n'y avait pas de la rédaction
00:15:00 en chef, de mettre une validation technique de ces séquences, mais sans aucune validation
00:15:03 éditoriale de ces séquences.
00:15:04 Donc, les conclusions de l'enquête interne ont montré que Rachid M.
00:15:08 Barkhi a sciemment contourné ses obligations pour certaines séquences.
00:15:12 Il est important, me semble-t-il, à ce stade de vous dire que les manquements exposés
00:15:16 relèvent de sa seule responsabilité.
00:15:18 C'est un cas isolé et évidemment, ça ne reflète pas le travail exceptionnel des 250
00:15:24 journalistes de BFMTV, auxquels je tiens à réaffirmer devant vous, avec vigueur, tout
00:15:30 en soutien et ma confiance, ces 250 journalistes qui, quand ils sont arrivés à BFMTV, reçoivent
00:15:35 une charte de déontologie très précise, qui leur a été d'ailleurs réenvoyée en
00:15:41 2020.
00:15:42 Et d'ailleurs, Rachid M.
00:15:43 Barkhi était destinataire une nouvelle fois de cette charte, qui par ailleurs est présente
00:15:47 sur notre site internet.
00:15:49 Donc, c'est quelque chose de très précis, de connu de tous et qu'on ne peut pas méconnaître.
00:15:58 Ça fait trois ans et demi que je suis à la tête de BFMTV.
00:16:03 Je travaille au quotidien au sein de cette rédaction et avec cet ensemble de journalistes
00:16:07 et je peux attester ici de la rigueur, du respect des règles déontologiques pour garantir
00:16:15 la meilleure information possible, en tout cas notre crédibilité.
00:16:17 Pour conclure, rechercher et recueillir des informations, c'est donc le cœur de notre
00:16:22 métier.
00:16:23 Il est aussi important de les vérifier, de les recouper.
00:16:25 C'est la différence entre le journalisme, la communication.
00:16:28 La matière première dont nous traitons, ce sont des faits, quelle que soit l'interprétation
00:16:33 que tentent de leur donner leur source.
00:16:34 Nous devons absolument veiller à ne pas plier à cette influence, ne pas donner une désignification
00:16:40 à ces faits qu'ils n'ont pas forcément.
00:16:42 Plus encore, on doit veiller à ne pas laisser s'immiscer dans le travail de journaliste,
00:16:45 c'est-à-dire l'analyse, l'appréciation, la hiérarchie, une quelconque ingérence.
00:16:51 Pour nous, c'est évidemment le contraire, c'est la négation du journalisme.
00:16:57 Un mot encore sur nos outils qui nous permettent de faire notre travail le mieux possible et
00:17:03 lutter contre la manipulation de l'information.
00:17:06 On a tout un process pour donner des informations à l'antenne de double, voire de triple check
00:17:12 des sources.
00:17:13 On a une cellule de fact-checking.
00:17:15 Il arrive d'activer une cellule de fact-checking vidéo, notamment pour l'Ukraine, pour vérifier
00:17:20 que les images qui nous arrivent soient des images pas manipulées.
00:17:27 Et une formation pour apprendre à fact-checker est proposée régulièrement et un certain
00:17:32 nombre de journalistes de la rédaction, indépendamment de cette cellule de fact-checking, y participent.
00:17:36 C'est des outils et des process éprouvés, efficients et donc on considère que notre
00:17:41 process, quand il n'est pas contourné sciemment, est robuste.
00:17:44 Pour conclure, BFM, vous l'avez confrit, est victime dans cette affaire.
00:17:48 C'est la raison pour laquelle nous avons agi rapidement, avec sévérité et que nous
00:17:52 avons déposé plainte.
00:17:54 Je suis maintenant disponible pour répondre à vos questions.
00:17:57 Merci beaucoup, M. Faugillel, pour cet exposé très clair.
00:18:06 Juste à titre préliminaire, la Commission n'attend rien et n'est pas déçue par vos
00:18:10 déclarations.
00:18:11 Notre Commission essaie de comprendre un phénomène qui est apparu dans les médias,
00:18:18 de faire le travail de représentant du peuple.
00:18:20 On n'attend pas spécialement de nourrir des polémiques ou d'avoir des...
00:18:23 Je ne sais pas ce que je voudrais, mais je ne peux pas vous donner d'éléments précis
00:18:26 concernant les différences étrangères puisque nous ne l'avons pas.
00:18:29 J'entends bien M. Faugillel.
00:18:30 Ce n'est pas une mise en cause personnelle.
00:18:31 Je rétablis le cadre de nos travaux qui sont parfaitement sereins et nous ne sommes déçus
00:18:37 par absolument rien.
00:18:39 La question que je veux bien comprendre, rédacteur en chef et chef d'édition, c'est pareil ?
00:18:44 Non.
00:18:45 Rédacteur en chef, c'est quelqu'un qui valide une ligne éditoriale, c'est quelqu'un qui
00:18:49 en charge le contenu éditorial d'une tranche.
00:18:54 Un chef d'édition, c'est des échelons au-dessous.
00:18:58 C'est un poste journalistique et technique, mais ce n'est pas pareil.
00:19:04 Le chef d'édition ou le chef d'information ensuite réfère à un rédacteur en chef.
00:19:09 Il y a une chaîne hiérarchique, il y a des échelons et à la tête de la chaîne hiérarchique,
00:19:15 il y a le rédacteur en chef qui lui-même réfère après un directeur adjoint de rédaction,
00:19:18 un directeur de rédaction et à moi-même.
00:19:20 Très bien, merci pour cette précision pour bien comprendre le processus que vous avez
00:19:28 décrit.
00:19:29 Si j'ai bien compris les éléments que vous nous avez indiqués, suite à l'audit interne
00:19:34 que vous avez réalisé, il semble donc à vos yeux, M.
00:19:39 Marquis n'a pas respecté les procédures robustes que vous aviez mis en place, mais
00:19:45 aussi, si j'ai bien compris, a choisi ces moments, pour ne pas qu'il y ait de sous-entendu,
00:19:51 parce que le but aussi de cette commission, c'est qu'il n'y ait jamais de sous-entendu
00:19:54 qui soit à la libre appréciation de ceux qui nous écoutent et parfois de manière
00:19:57 malveillante évidemment.
00:19:58 Ce serait donc pour vous qu'il a aussi choisi ces moments, c'est à dire des moments où
00:20:02 peut-être une personne n'était pas présente, ça peut arriver dans n'importe quelle organisation
00:20:07 humaine ou d'avoir volontairement, de manière organisée, choisi ces moments où il pouvait
00:20:15 diffuser ses reportages.
00:20:18 Il est vrai qu'un certain nombre de reportages, si vous pouvez nous le confirmer, étaient
00:20:22 aussi un peu intemporels.
00:20:23 Il y avait deux catégories de off, si j'ai bien compris, des off qui avaient une actualité,
00:20:28 par exemple un séminaire économique entre le Maroc et l'Espagne, il y avait un moment
00:20:34 pour lequel le diffuser, mais aussi visiblement des off générales, par exemple un document
00:20:38 sur la sécurité rétablie au Cameroun je crois, qui aurait pu visiblement être diffusé
00:20:43 à n'importe quel moment, enfin à n'importe quel moment sur une période large.
00:20:46 Est-ce que les éléments que je viens de vous indiquer vous paraissent corrects ? Est-ce
00:20:49 que vous pouvez préciser la méthode ?
00:20:52 Alors plusieurs choses pour pouvoir vous répondre Monsieur le Président.
00:20:55 Il ne s'agit pas de reportage à chaque fois, il s'agit de séquences très courtes, d'une
00:20:58 quinzaine voire d'une vingtaine de secondes.
00:21:00 Il s'agit pas de reportage, il s'agit donc de ce qu'on appelle dans le jargon des brèves
00:21:04 ou des off, mais en aucun cas de reportage qui aurait sous-entendu un travail journalistique
00:21:09 en amont fait par des équipes.
00:21:11 C'est simplement de l'illustration de textes qui l'étaient amené à lire, mais donc
00:21:18 pas un travail journalistique en amont fait par quelqu'un d'autre.
00:21:20 Et pour répondre à votre question sur le contournement et le choix des moments, oui,
00:21:24 c'était pas des moments où il n'y a personne puisqu'il y a toujours quelqu'un, mais les
00:21:27 rédacteurs en chef sont sur plusieurs tranches, donc toujours quand le rédacteur en chef
00:21:30 était occupé à autre chose pendant ce moment-là et toujours en dernière minute.
00:21:33 Et souvent avec des chefs d'édition par exemple, qui n'étaient pas des titulaires et qui,
00:21:40 Rachid Mbarki est un grand professionnel qui est à l'antenne de BFM depuis ses débuts,
00:21:44 donc il y a une forme de crédibilité par rapport à des jeunes chefs d'édition qui
00:21:50 étaient là ce soir-là et quand il leur demande de faire ça, ils le font.
00:21:55 Par rapport à l'intemporalité ou pas, c'est quand même des séquences qui sont à chaque
00:22:02 fois ancrées dans l'actualité.
00:22:03 On n'a pas relevé de fausses séquences, des séquences qui avaient ou pas leur place
00:22:10 sur BFM TV, des séquences à tiroirs pas toujours compréhensibles qui, pour le commun des mortels,
00:22:16 en les écoutant, on ne comprenait pas trop.
00:22:18 Mais en revanche, elles étaient liées à chaque fois à une actualité, à quelque
00:22:20 chose qui était réel.
00:22:22 Il n'a pas été donné à l'antenne de fausses informations, des informations qui
00:22:26 n'avaient pas leur place, qui étaient peut-être orientées ou en tout cas incompréhensibles,
00:22:31 mettant en cause sur certaines d'entre elles des gens, mais rien de ce qui a été dit
00:22:37 n'était faux, n'a pas été inventé de l'information, de l'information qui ne trouvait pas sa place
00:22:43 sur l'antenne de BFM TV, mais pas de fausses séquences.
00:22:47 Ce qui me paraît important à signaler ici, il n'y a pas de la fausse information.
00:22:54 D'ailleurs, ce qui ne justifie pas de démentir une information qui aurait été donnée, ce
00:22:57 qu'on aurait fait volontiers s'il avait été le cas.
00:22:59 Ce qui a été dit n'a pas d'intérêt selon nous, selon notre ligne éditoriale et n'a
00:23:05 pas de sens dans le cadre de notre format, mais n'est pas en soi faux.
00:23:11 Même si certaines sont contestables dans leur formulation.
00:23:15 Oui, il faut remercier, effectivement, c'est une information importante par rapport à
00:23:20 ce qui a été déclaré à l'audition de M. M.
00:23:23 Embarquis.
00:23:24 La question, et vous êtes revenu plusieurs reprises dessus, je ne sais pas si c'est par
00:23:27 rapport à l'audition d'hier ou si c'était déjà prévu dans votre propos, ça n'a pas
00:23:32 d'importance, sur la question des images, la nature des images qui ont été présentées
00:23:38 à l'antenne.
00:23:39 Les commissaires ont posé plusieurs questions à M.
00:23:43 M. Embarquis sur le fait, est-ce qu'il avait diffusé des images qui avaient été fournies
00:23:48 par M.
00:23:49 Dution, s'il s'était inquiété du coût que ces images avaient eu pour M.
00:23:53 Dution et de l'opportunité de diffuser des images qui n'étaient pas tombées du ciel,
00:23:58 de la façon dont elles étaient traitées, pourquoi est-ce qu'il ne s'était pas servi
00:24:01 de la banque d'images de BFMTV ou d'images dont il aurait pu demander l'achat.
00:24:07 Visiblement, vos questions ainsi, vous pourrez confirmer que BFMTV peut acheter des images
00:24:14 si il manque des images qui ne sont pas à la disposition de cette banque, il est tout
00:24:18 à fait possible d'en acquérir dans un délai raisonnable.
00:24:23 Et aussi de l'absence, et ça je voulais avoir votre avis sur la procédure qui est
00:24:28 menée par BFMTV, sur l'identification des sources des images qui sont diffusées à
00:24:33 votre antenne quand ces images ne viennent pas de la rédaction de BFMTV ou ne viennent
00:24:38 pas d'une banque d'images que vous avez achetées.
00:24:39 Est-ce qu'il y a systématiquement la source qui est mentionnée ou est-ce que c'est
00:24:44 un peu à la discrétion de la rédaction ou du moment ?
00:24:49 Non, non.
00:24:50 J'avais évidemment prévu de vous parler de ce contournement de la règle importante
00:24:54 avec ces images puisque c'est en ça que c'est un préjudice important pour l'antenne
00:24:57 de BFMTV.
00:24:58 Le fait de contourner les règles sur des images, je n'ai pas attendu l'audition d'hier
00:25:03 pour le stipuler puisque c'est dans la lettre de licenciement de Rachid Membar qui ces images
00:25:11 en question, j'allais dire d'abord peu importe la source, mais d'un point de vue
00:25:15 simplement légal, quand une image passe sur une antenne de télévision, il faut en acquérir
00:25:17 des droits.
00:25:18 Donc on ne passe pas des images, même par exemple, je prends une actualité d'aujourd'hui,
00:25:24 si on découvre par exemple sur Twitter des images de manifestations qui nous semblent
00:25:28 intéressantes, on ne passe pas ces images comme ça, au-delà de la question d'autologique
00:25:33 qui nous importe d'abord, mais elles ne nous appartiennent pas à ces images.
00:25:36 Donc si on voulait le faire, il faudrait contacter la personne qui les publie, lui demander l'autorisation
00:25:40 et éventuellement les lui acheter.
00:25:42 Donc les images mises à l'antenne dans le cadre des séquences problématiques, pour
00:25:46 certaines d'entre elles, puisque certaines sont illustrées par des images que l'on
00:25:49 avait, puisque c'est des images prétextes, d'autres ont été mises à l'antenne de
00:25:53 façon délibérée puisqu'il n'existait pas d'image chez nous pour illustrer.
00:25:57 Ces images ont été rajoutées par Achille Mbarki et nous avons la preuve dans le cadre
00:26:03 de l'audit qu'elles ont été fournies par Jean-Pierre Dution.
00:26:06 Donc ça c'est la première chose.
00:26:09 Je ne pense pas avoir répondu complètement à votre question.
00:26:13 Plus globalement, les images qui vont à l'antenne de BFMTV, nous avons une cellule
00:26:17 documentation, une cellule ce qu'on appelle newscord, et donc l'ensemble des images
00:26:22 qui vont à l'antenne de BFMTV, sans aucune exception, sont toutes certifiées, de temps
00:26:26 en temps d'ailleurs par la cellule de fact-checking que nous montons par moment quand nous avons
00:26:31 des doutes, mais aucune image n'arrive à l'antenne de façon fortuite et sans savoir
00:26:35 d'où elles viennent.
00:26:36 Et quand nous avons des doutes, par exemple ça s'est passé sur la guerre en Ukraine,
00:26:40 où il y a eu des mises en scène organisées dans le cadre de la riposte ukrainienne, et
00:26:48 nous précisons en quoi nous pensons qu'elles ont un sens journalistique de les diffuser
00:26:53 en émettant les doutes sur une éventuelle reconstitution des scènes, en l'occurrence
00:26:58 à l'époque par l'armée ukrainienne.
00:27:00 Donc il nous arrive de diffuser des images comme celle-là pour lesquelles nous avons
00:27:05 des doutes sur la véracité du moment, mais nous l'expliquons parce que c'est un sens
00:27:09 journalistique.
00:27:10 Donc voilà.
00:27:11 Mais donc pour répondre à votre question, oui, ce n'est pas une télé artisanale, c'est
00:27:19 une rédaction qui compte 250 journalistes et des cellules de documentation ou de newscord
00:27:24 qui en comptent, qui sont des journalistes, qui comptent une vingtaine de journalistes
00:27:32 dédiées qu'à ça.
00:27:33 Je vous remercie.
00:27:36 Ma dernière question avant de faire tourner la parole.
00:27:41 Sur le cas de ce monsieur Dution, est-ce que vous le connaissiez ? Est-ce que vous avez
00:27:48 déjà entendu parler de son rôle de lobbyiste dans l'information française ? Est-ce que
00:27:54 c'est un nom qui vous disait quelque chose ? Ou est-ce que vous l'avez ? Et c'est une
00:27:57 question ouverte, ce n'est pas du tout une question piège, je le tiens à le préciser.
00:28:00 Est-ce que c'est la première fois que vous entendez parler de monsieur Dution et du rôle
00:28:04 qu'il aurait pu avoir auprès de monsieur Mberki ?
00:28:07 Personnellement, c'est la première fois que j'en ai entendu parler.
00:28:09 Ce n'est pas le cas de la rédaction de BFM TV.
00:28:11 Moi, je suis là depuis 2019, mais dans le cadre du printemps arabe au tout départ.
00:28:18 C'est un nom qui s'est fait connaître.
00:28:19 Il a été utilisé en tant que fixeur au tout début en Syrie, très peu de temps, mais
00:28:27 c'est un nom qui n'était pas totalement étranger pour certains journalistes qui avaient déjà
00:28:30 eu affaire à lui dans le passé très lointain.
00:28:32 Mais donc comme fixeur de vos équipes d'envoyés de messages.
00:28:38 Et donc comme de beaucoup d'équipes à l'époque, en 2013, me semble-t-il.
00:28:41 Mais pas comme fournisseur, comme source d'informations.
00:28:45 Jamais.
00:28:46 Je vous remercie.
00:28:47 Après, moi, je ne le connais pas personnellement.
00:28:50 Peut-être que dans les informations qu'il est amené à proposer, comme d'autres dans
00:28:54 le cadre de l'influence, des choses peuvent peut-être nous intéresser.
00:28:57 J'en sais rien.
00:28:58 En tout cas, un travail journalistique doit être fait derrière et recoupé.
00:29:01 Et je ne veux pas discréditer ce monsieur que je ne connais pas a priori, mais peut-être
00:29:07 que dans les informations qu'il est supposé proposer, il y a des éléments d'information,
00:29:13 des choses peuvent être intéressantes.
00:29:14 J'en sais rien.
00:29:15 Je ne veux pas discréditer a priori.
00:29:16 Je vous remercie.
00:29:17 Madame la rapporteure, votre micro, s'il vous plaît.
00:29:22 Merci, monsieur le Président.
00:29:25 Monsieur Fogel, merci pour les explications que vous nous avez données.
00:29:29 Nous comprenons donc un peu mieux, je crois, en tout cas, votre point de vue sur les étapes
00:29:35 très précises des process de validation, tant pour les images que pour le choix des
00:29:41 sujets.
00:29:42 Cela vaut donc également pour les off qui sont effectivement des petits sujets, si je
00:29:47 puis dire, qui ne donnent pas lieu à des reportages de nature journalistique, qui sont
00:29:50 un autre type de format, peut-être plus resserré et plus court, et donc susceptible de venir
00:29:58 en fin de journal et peut-être à certains égards considéré comme étant de moindre
00:30:03 importance, mais qui néanmoins… Voilà, justement, parce que je rebondis par rapport
00:30:08 à une expression qui avait été envoyée hier.
00:30:09 Il n'est pas de moindre importance parce qu'il peut y avoir des off très importants
00:30:12 et qui viennent en début de journal.
00:30:15 Ce n'est pas une information de deuxième classe qu'on mettra à la fin pour égayer
00:30:19 un journal.
00:30:20 C'est simplement… Ce n'est pas particulièrement développé, mais ça ne dit rien de l'importance
00:30:24 de l'information.
00:30:25 Ça le dit dans le cadre de ce journal, la façon si on le traite sur la longueur ou
00:30:29 pas, mais rien de l'importance de l'information qui est donnée.
00:30:32 Il y a des off qui peuvent être légers, qui sont des fins de journal.
00:30:34 D'ailleurs, une des séquences, en l'occurrence, reprochées est celle-là, puisque on parle
00:30:38 d'un hôtel à Madagascar qui a reçu le prix du meilleur hôtel du monde ou quelque
00:30:42 chose comme ça.
00:30:43 Et donc, Rachid M.
00:30:44 Barki termine son journal avec cette information qui n'est pas particulièrement problématique,
00:30:49 mais qui ne nous semble pas très importante.
00:30:51 Mais bon, celle-là n'a pas d'importance.
00:30:53 Il y a des off qui apparaissent beaucoup plus tôt dans le journal, mais qui ne sont pas
00:30:59 développés, mais qui ne sont pas des séquences anecdotiques ou plus légères.
00:31:04 Merci.
00:31:05 Juste pour la bonne compréhension de nos travaux, de ceux qui sont notamment à l'extérieur
00:31:12 de la séance, il faut bien que l'intervenant finisse sa question.
00:31:16 Et vous ne pouvez pas m'interrompre, même si vous en avez envie.
00:31:22 C'est un peu la spécificité des assemblées.
00:31:26 La parole est un peu plus lente que sur un autre endroit.
00:31:30 Donc, il faut bien que la question du commissaire soit bien clairement achevée pour que vous
00:31:38 puissiez reprendre la parole.
00:31:39 Et même si j'étais très procéduriste, que je ne suis pas, il faudrait même qu'entre
00:31:43 les deux, je vous redonne la parole.
00:31:44 Donc, vraiment pour la clarté de l'audition, laissez bien la rapporteure ou d'autres commissaires
00:31:50 bien finir leurs questions.
00:31:52 Surtout, vous êtes une personnalité, donc ne sous-estimez pas l'importance que vous
00:31:56 avez.
00:31:56 Bien, ces précisions ayant été apportées.
00:32:03 Mais voilà, ce que vous dites s'agissant du statut et de l'importance des offres
00:32:10 est tout à fait, je pense, essentiel pour comprendre un certain nombre de choses et
00:32:16 qu'ils n'ont absolument pas dans leur conception, dans leur passage à l'antenne,
00:32:21 à échapper en aucune manière au process de validation mise en place tant pour les
00:32:27 images que pour les textes.
00:32:30 Bien, bien évidemment, vous nous avez dit que les différentes investigations avaient
00:32:37 permis de révéler 12 offres qui pouvaient, à certains égards, j'essaye de reprendre
00:32:44 vos formules, peuvent être contestables dans leur formulation et n'avaient rien à voir
00:32:52 avec la ligne éditoriale.
00:32:54 Est-ce que vous pouvez nous en dire un tout petit peu plus ? Alors, moi, je n'avais pas
00:32:56 connaissance à vous de 12 sujets.
00:32:58 On a esquissé quelques-uns, mais je n'avais pas le panorama complet des 12 sujets ou
00:33:04 des 12 offres.
00:33:05 Et pouvez-vous nous dire en quoi ces sujets ou ces offres sont contestables dans leur
00:33:11 formulation, n'ont rien à voir avec la ligne éditoriale de BFMTV et ce qu'est la ligne
00:33:15 éditoriale de BFMTV ?
00:33:16 Tout d'abord, je m'excuse de vous avoir interrompu.
00:33:20 On ne se refait pas, mais j'essaye de faire des efforts pourtant.
00:33:24 Concernant donc ces 12 séquences en elles-mêmes, en quoi elles ne sont pas dans la ligne de
00:33:37 BFMTV ? D'abord, en quoi elles sont contestables ? C'est que quand on écoute un certain nombre
00:33:41 d'entre elles, on ne comprend pas le sens de ce qui est.
00:33:45 On comprend le début de l'information et ensuite, il y a des références à des gens,
00:33:50 notamment pour une d'entre elles, un blogueur britannique notamment, où on ne saisit pas.
00:33:56 Le propre du journalisme, c'est plutôt d'être un intermédiaire pour essayer de faire passer
00:34:01 une information et faire comprendre une information.
00:34:04 Là, c'est précisément l'inverse.
00:34:06 Et notamment dans les off, c'est très compliqué un off, puisque c'est comme une brève dans
00:34:11 un journal, on a l'impression que c'est rien.
00:34:13 Au contraire, ça demande un effort particulier puisqu'il faut synthétiser encore plus une
00:34:16 information et qu'elle soit compréhensible à tous.
00:34:19 Là, l'effet de certains de ces off était l'inverse.
00:34:23 Il y a des références que le commun de téléspectateurs ne peut pas saisir, ne peut pas comprendre.
00:34:28 L'occurrence en parlant de gens qui ne sont absolument pas identifiés, ce n'est pas intelligible.
00:34:35 Donc ça, c'est pour un certain nombre de ces informations qui ont été données à
00:34:41 l'antenne.
00:34:42 Ensuite, sur les douze séquences, je pourrais vous faire passer, si vous voulez, je ne les
00:34:45 ai pas là, la liste parce qu'elle n'est pas secrète.
00:34:49 Mais en gros, c'est des séquences qui me concernent pour certains des oligarques russes,
00:34:55 pour d'autres des pays d'Afrique ou du Moyen-Orient essentiellement.
00:35:01 Et enfin, cet hôtel à Madagascar.
00:35:04 Et enfin, cet hôtel à Madagascar.
00:35:07 Oui, merci.
00:35:12 Vous nous aviez dit que vous n'aviez pas entendu parler.
00:35:18 En tout cas, vous ne connaissiez pas personnellement monsieur Monsieur Dutillon, mais que d'autres
00:35:21 avaient déjà eu dans le passé, bien avant votre arrivée à BFMTV, à connaître de ces
00:35:26 activités de fixeurs, notamment pendant le printemps arabe.
00:35:30 Est-ce qu'à votre connaissance, qu'ont révélées les enquêtes internes, est-ce que
00:35:35 d'autres journalistes de BFMTV ont pu être, je dirais récemment, depuis qu'il n'est
00:35:43 plus fixeur, mais qu'il est lobbyiste ou spécialiste de l'influence, ont pu être
00:35:51 approchés, contactés d'une manière ou d'une autre par monsieur Dutillon, à votre connaissance?
00:35:56 J'ai attendu la fin là pourtant.
00:36:00 Monsieur Dutillon a essayé de contacter d'autres journalistes de BFMTV après le départ de
00:36:07 Rachid M.
00:36:08 Barkhi, puisque ces journalistes me l'ont signalé, mais aucune information n'a été
00:36:12 donnée à l'antenne par son intermédiaire.
00:36:16 Mais oui, monsieur Dutillon, une fois que Rachid M.
00:36:17 Barkhi a été écarté de l'antenne, a contacté d'autres journalistes de BFMTV
00:36:21 pour leur proposer d'autres types d'informations qui n'ont pas suscité leur intérêt, retenu
00:36:27 leur intérêt.
00:36:28 Et je peux préciser ici, je l'ai fait sous serment, ça vaut pour un de ces journalistes
00:36:37 qu'il a révélés dans le cadre de l'enquête interne, lui a été proposé à ce moment-là
00:36:41 une rétribution.
00:36:42 Je ne dis pas ici que Rachid M.
00:36:46 Barkhi a été rétribué, j'en n'en ai absolument aucun élément, même si ça lui a été
00:36:52 proposé, je n'en sais rien.
00:36:53 Ce que je sais, dans le cadre de l'entête interne, en tout cas de ce qu'a précisé un
00:36:56 journaliste contacté après le départ de Rachid M.
00:37:00 Barkhi, il a été contacté par Jean-Pierre Dutillon et Jean-Pierre Dutillon lui a proposé
00:37:04 une rétribution contre une information qu'il n'a pas jugée utile.
00:37:08 D'abord, évidemment, pas la rétribution, mais l'information de passer à l'antenne.
00:37:13 C'est précisé dans le cadre de l'entête interne, de l'audit interne.
00:37:19 C'est tout à fait important de le savoir, mais pas d'autres cas de tentative d'approche,
00:37:27 de tentative de contact avant ces dernières années.
00:37:31 Non, madame la rapporteur.
00:37:37 Compte tenu du sujet qui intéresse notre commission d'enquête, les risques d'ingérence
00:37:47 étrangère dans la sphère politique ou dans la sphère médiatique, de manière générale,
00:37:52 est-ce qu'il y a, par-delà la charte des ontologies, etc., etc., une sensibilisation,
00:38:00 une formation dispensée régulièrement à l'intérieur de BFMTV, par exemple, aux journalistes
00:38:08 sur les risques d'ingérence étrangère, particulièrement à manipulation, deepfake,
00:38:14 images, etc., etc., tronquées ou manipulées.
00:38:17 On conçoit très bien que ça fasse partie des formations et des sensibilisations dispensées,
00:38:24 mais sur le risque d'ingérence étrangère particulièrement.
00:38:27 Pas précisément sur l'ingérence étrangère, sur le deepfake, etc., évidemment, il y a
00:38:32 des formations qui sont proposées sur l'ingérence étrangère, pas particulièrement, mais notre
00:38:35 système de vérification de l'information, de la façon dont elle est mise à l'antenne,
00:38:42 la hiérarchie qui est mise en place, fait qu'une information, d'où qu'elle vienne
00:38:46 et pour n'importe quelle raison, n'arrive pas à l'antenne sans être checkée, être
00:38:51 pesée, être réfléchie.
00:38:54 Je ne sais pas si c'est de l'ingérence au départ, mais en tout cas, combien même
00:38:59 ça en serait, elle n'arrive pas à l'antenne, comme ça, sur la base de la décision d'une
00:39:04 personne, tout ça, et rentre dans une chaîne qui fait que ça ne doit pas pouvoir arriver.
00:39:08 Sauf quand les règles sont contournées volontairement.
00:39:11 - Dernière question, parce qu'effectivement, il faut faire tourner la parole.
00:39:19 Est-ce que, à la suite des investigations et audits internes de cette "affaire", vous
00:39:27 avez envisagé ou vous avez déjà mis en place des modifications, des renforcements,
00:39:32 ou des robustesses renforcées, je dirais, des différents process de validation ?
00:39:36 - On a rappelé les règles à chacun, mais les règles sont robustes, solides, et ne doivent
00:39:41 pas permettre, il n'y a pas d'interstice possible, sauf encore une fois quand on décide
00:39:46 de les répondre, de les contourner, mais c'est lors de la décision personnelle.
00:39:49 Donc il n'y a pas de raison, après audit et après réflexion, de renforcer un dispositif
00:39:54 qui est solide et robuste.
00:39:55 - Merci, madame la rapporteure.
00:40:02 Madame Colombier.
00:40:03 - Oui, j'imagine qu'en plus de vos reportages, j'allais dire, internes, réalisés en interne,
00:40:11 vous avez bien sûr ce que j'appellerais peut-être des informateurs ou d'autres lobbyistes,
00:40:17 ça ne semble pas du tout aberrant.
00:40:18 Donc est-ce que dans ce cadre-là, vous n'êtes peut-être pas là depuis tant d'années,
00:40:23 mais est-ce qu'il arrive, est-ce qu'il peut arriver que certaines personnes puissent être
00:40:29 rémunérées pour une information qu'ils vous donnent et qui passerait ensuite à l'antenne,
00:40:35 même sans que ce soit quelque chose, mais que vous le sachiez, voilà, pas de façon
00:40:40 anonyme ?
00:40:41 - Donc là, si j'ai bien compris la question, c'est l'inverse, c'est pas un journaliste
00:40:46 qui serait rétribué pour faire une information, c'est un informateur qu'on aurait payé pour
00:40:50 qu'il nous donne une information, la charte de dentologie est très claire, c'est impossible,
00:40:54 nous n'achetons pas d'information.
00:40:56 Je peux prendre un exemple récent et précis.
00:41:01 Par exemple, dans le cadre de cette affaire dite Palmad, un informateur nous a appelé,
00:41:08 nous a proposé de donner des images compromettantes, nous l'avons demandé à être rétribué pour
00:41:14 ça, évidemment, nous ne l'avons pas fait.
00:41:20 - Merci.
00:41:21 Monsieur Chenu.
00:41:22 - Merci, monsieur le Président.
00:41:24 Monsieur le Directeur général, est-ce que vous aviez déjà été dans le passé confronté
00:41:30 à ce type de problème, tant sur BFM que vous dirigez depuis trois ans et demi, que
00:41:34 tout au long, j'allais dire, et à d'autres postes de votre longue et brillante carrière,
00:41:39 et comment se prémunir justement de ce type d'éventuelles tentatives d'influence, qu'elles
00:41:44 soient étrangères ou d'ordre privé d'ailleurs ?
00:41:47 - Merci, monsieur le député.
00:41:50 Non, c'est la première fois que je suis confronté dans le cadre de mon parcours professionnel
00:41:54 à ce type de contournement des règles, et comment se prémunir en étant un bon journaliste,
00:42:01 c'est simplement en respectant une charte de déontologie, en faisant des choses pour
00:42:07 des raisons précises, dans une chaîne hiérarchique, en se demandant le sens de l'information
00:42:13 qu'on veut donner.
00:42:14 Je ne peux pas dire autre chose qu'en étant un bon journaliste.
00:42:19 - Merci, monsieur le Président.
00:42:22 Monsieur Chenu, vous avez une autre question ?
00:42:24 Madame La Vallette.
00:42:26 - Merci, monsieur le Président, madame la rapporteure, monsieur le Directeur général.
00:42:31 J'arrive un peu après la bataille, mes collègues ont déjà posé pas mal de questions, mais
00:42:34 c'est vrai que je me demandais comment est-ce qu'un présentateur a les moyens techniques
00:42:40 de rentrer dans la machine ses documentaires.
00:42:43 Je pense que vous avez un peu répondu en disant qu'il y avait une certaine autorité
00:42:46 naturelle qui faisait que quand il disait à quelqu'un de le dire, on le faisait parce
00:42:49 que c'était lui.
00:42:50 Donc vous répondrez, voilà, mais je pense que j'ai bien compris.
00:42:54 Et effectivement, je pense que quand on est patron de chaîne, ce risque d'ingérence,
00:42:58 vous l'aviez sûrement déjà pensé avant, évidemment, avant que cette enquête arrive.
00:43:02 Et est-ce que justement, est-ce que ces nombreux process, est-ce que finalement trop de process
00:43:05 tue pas le process et que l'ingérence peut quand même arriver, justement, malgré toutes
00:43:12 ces, j'allais dire, toutes ces vérifications ? Et quelles sont les règles, effectivement,
00:43:16 qui peuvent être mises en place maintenant, j'allais dire pour sécuriser vos journalistes,
00:43:22 pour faire en sorte que leur intégrité ne soit pas corrompue par ces fameux lobbyistes
00:43:27 dont parlait Madame la rapporteure ? Je vous remercie.
00:43:29 Merci Madame la députée.
00:43:33 Concernant donc le début de la question, non, pour être bien clair, ce n'est pas Rachid
00:43:37 Mbarki lui-même qui a rentré des images dans un ordinateur.
00:43:42 Il a contribué à travers, vous l'avez mieux dit que moi d'ailleurs, son autorité naturelle,
00:43:48 et à travers ce jour-là, des jeunes journalistes, souvent pas titulaires, il leur a demandé
00:43:54 de les faire.
00:43:55 Et donc en contournant une chaîne hiérarchique puisque tout ça doit être fait normalement
00:44:00 via le rédacteur en chef.
00:44:01 Donc ça c'est le premier aspect de la question.
00:44:06 Après, il y a des règles, elles sont claires, elles sont rappelées.
00:44:11 Après, comme partout, si vous voulez les contourner, ça vaut pour l'information,
00:44:16 ça vaut dans tous les domaines et dans toutes les sociétés, vous avez toujours le loisir
00:44:19 de le faire, et heureusement d'être appelé à l'ordre comme c'est le cas là.
00:44:22 En l'occurrence, depuis 15 ans que VFM TV existe, sous l'autorité d'Hervé Beyrou
00:44:27 d'abord, aujourd'hui sous ma direction avec Hervé Beyrou à côté, ça n'est
00:44:31 jamais arrivé qu'à travers ce journal de la nuit, avec quelqu'un qui délibérément
00:44:35 a décidé de les contourner ces règles.
00:44:36 Merci M. le directeur général.
00:44:42 J'aurais d'autres types de questions que celles que je vous ai posées au début de
00:44:46 notre audition, après votre exposé.
00:44:48 Le sujet de l'ingérence, vous le savez en tant que professionnel, a émergé dans
00:44:54 le débat politique des grandes démocraties occidentales depuis plusieurs années.
00:44:58 Il y a toujours un phénomène qui n'est pas propre à tout le monde, que ça n'arrive
00:45:04 qu'aux autres, ce n'est pas du tout une critique, mais est-ce que, ça s'inscrit
00:45:08 un peu dans la question que vous avez posée Mme la rapporteure, mais de manière à avoir
00:45:11 une réponse plus large, peut-être plus explicite, est-ce que le risque d'ingérence,
00:45:18 c'est-à-dire le fait que vos journalistes, quelle que soit leur intégrité personnelle
00:45:22 et leur professionnalisme, ou à travers des stagiaires, moi j'ai travaillé dans
00:45:27 l'industrie, un risque non qui peut paraître minime et qui était réel, c'est l'infiltration
00:45:32 par des stagiaires, qui ne sont pas vraiment des stagiaires, mais il est impossible à
00:45:37 une entreprise privée d'établir des vérifications, comme pourraient le faire des desservices
00:45:41 de l'État, évidemment.
00:45:43 Donc, est-ce que le risque d'ingérence, au-delà du fait que vous en parlez à l'antenne
00:45:48 et que c'est un sujet dont on parle, est-ce que, vraiment et sincèrement, c'est un
00:45:52 sujet qui préoccupait votre rédaction, qui au-delà de la charte de déontologie qui
00:45:57 existe et des procédures dont vous avez parlé, a été intégrée, est-ce que ça vous a
00:46:02 été amené à rajouter des étapes, à rajouter des process de vérification, que
00:46:06 ce soit dans votre travail éditorial, journalistique, ou que dans vos procédures ressources humaines.
00:46:14 Il y a un peu plusieurs choses dedans, enfin dans ma réponse, pas dans votre question.
00:46:18 Il y a l'ingérence, il y a l'influence.
00:46:20 L'influence, et donc les journalistes qui travaillent dans la rédaction de la FNTV,
00:46:25 comme dans les autres rédactions importantes et solides, elles sont en contact tous les
00:46:28 jours, et c'est même leur travail, avec des sources, des sources qui ont des intérêts
00:46:32 à faire passer des informations.
00:46:34 Et en ça, ce n'est pas condamnable.
00:46:36 Il y a des gens qui viennent vous voir ou que vous sollicitez, qui vous donnent des informations
00:46:42 plus ou moins pertinentes, et à vous de juger journalistiquement en quoi elles peuvent éclairer
00:46:46 le grand public sur un fait d'actualité.
00:46:49 Donc couper des journalistes de leurs sources, qui elles-mêmes ont peut-être des intérêts,
00:46:57 pourquoi pas d'ingérence ou d'influence, ça n'aurait pas de sens.
00:47:01 C'est couper une partie de l'information.
00:47:07 Après, le travail journalistique, c'est justement de comprendre quel est l'intérêt, recouper,
00:47:13 voir ce qu'il y a derrière, et essayer de comprendre quel intérêt ça peut servir
00:47:17 éventuellement.
00:47:18 Et donc, ça revient, c'est ce que je répondais au député Chenu tout à l'heure, ça revient
00:47:22 quand je dis bon journaliste, c'est ce travail-là qui aujourd'hui, à BFM TV, pour avoir vécu
00:47:29 dans d'autres rédactions aussi importantes, est une rédaction, quand tout à l'heure
00:47:33 je l'ai qualifié, ce n'était pas pour la forme exemplaire, ce travail-là il est fait
00:47:37 par des gens et par du temps et par du nombre.
00:47:41 250 journalistes dans une rédaction, c'est pas rien, nous avons les moyens de ça.
00:47:47 Donc pour répondre à votre question, l'influence, voire l'ingérence, parce que c'est le mauvais
00:47:54 côté éventuellement de l'influence, donc contacter des journalistes, leur proposer
00:47:59 des choses et essayer de les influencer d'une façon ou d'une autre pour des bonnes ou de
00:48:05 mauvaises raisons, en soi c'est la vie de tous les jours et je trouve rien à y redire,
00:48:09 sauf derrière un travail journalistique fait par des gens compétents et qui ont les capacités
00:48:15 de savoir si ce qui leur est proposé a un intérêt, comment le contextualiser, sert
00:48:21 quel intérêt et éventuellement le raconter.
00:48:23 Donc la réponse à cette question-là et puis ensuite il y a un autre, c'est que comment
00:48:30 "lutter" mais c'est pas le terme, c'est comment affronter correctement ces sources
00:48:39 d'informations.
00:48:40 Quand je répondais, mais c'était pas une pirouette à monsieur Chvenu en étant bon
00:48:43 journaliste, il faut avoir des moyens pour ça, BFM TV en a, il faut recruter des journalistes
00:48:48 compétents, ce qu'on essaye de faire tous les jours et j'en ai la preuve au quotidien,
00:48:55 et avoir une chaîne hiérarchique, non pas simplement de validation, de réflexion, il
00:48:59 y a des choses où on se pose la question en permanence de l'intérêt des choses, il
00:49:04 nous arrive d'ailleurs de nous tromper, heureusement pas souvent mais ça peut nous arriver sur
00:49:09 l'intérêt d'une information.
00:49:11 Donc c'est l'ensemble de cet écosystème qui est robuste, qui permet de lutter contre
00:49:20 la mauvaise influence, voire l'ingérence.
00:49:23 Ensuite par rapport à ce que vous dites, l'infiltration dans une rédaction d'éléments
00:49:27 qui auraient été télécommandés de l'extérieur, le process de recrutement fait qu'on n'est
00:49:37 jamais à l'abri d'une erreur, mais ça n'arrive pas.
00:49:39 Après si vous parlez d'un stagiaire, le stagiaire n'a pas accès à l'antenne, le
00:49:44 système que je vous décris fait que, quand bien même un stagiaire aurait été, je ne
00:49:48 crois jamais arriver, mais en tout cas il n'aurait pas la liberté d'influer sur la
00:49:52 ligne éditoriale de la chaîne, la structure est suffisamment solide pour que ça ne puisse
00:50:00 pas arriver.
00:50:01 Je vous remercie dans la prolongation de ma question et évidemment dans le respect de
00:50:08 la dépendance de la presse et des médias de notre démocratie.
00:50:12 Est-ce que ces dernières années vous avez été sensibilisés par les services de l'État
00:50:19 qui assurent la protection de nos intérêts, mais aussi la qualité de notre démocratie.
00:50:23 Je ne parle évidemment pas de volonté de venir s'infiltrer dans vos process ou de
00:50:29 vous dire comment vous détravaillez, mais d'une sensibilisation à ces enjeux d'ingérence,
00:50:35 de nouvelles modalités de la façon dont ils pouvaient frapper, par exemple le fait
00:50:39 qu'on aurait pu vous informer qu'il existait des entreprises, en cas des "Story Killers",
00:50:46 des entreprises qui proposaient à des journalistes ou à des relais d'opinion à travers le
00:50:51 monde des reportages clés en main ou une volonté d'influencer l'information.
00:50:56 Est-ce que vous avez été sensibilisés par des acteurs étatiques ?
00:51:00 Alors pas précisément sur cette société dont je n'avais pas connaissance, mais il
00:51:06 nous arrive régulièrement, et moi au premier chef mais pas que, d'échanger avec les
00:51:12 services de l'État, et pour certains que vous avez auditionné dans la confidentialité,
00:51:16 sur tel type par exemple d'individus qui nous proposent des choses pour savoir si ça
00:51:24 leur disait quelque chose.
00:51:25 Donc on a des échanges réguliers, mais pas très fréquents, mais réguliers, quand on
00:51:33 a des doutes sur des choses, ou eux-mêmes veulent nous signifier des choses.
00:51:37 Oui, des échanges offres réguliers, ça arrive, et sans interventionnisme jamais,
00:51:42 mais en bonne collaboration.
00:51:44 Je vous remercie parce que hier...
00:51:49 Et notamment pour les...
00:51:50 Pardon.
00:51:51 C'est vous qui m'avez interrompu, je rigole.
00:51:54 Concernant notamment, puisque c'est un autre élément important me semble-t-il, c'est
00:52:01 les experts.
00:52:02 Il y a beaucoup d'experts sur les plateaux de télévision, certains peuvent servir des
00:52:08 intérêts qu'on ne connaîtrait pas.
00:52:10 Donc il m'est arrivé à plusieurs reprises de solliciter les services de l'État pour
00:52:15 avoir des informations que je n'aurais pas sur certains experts potentiels pour savoir
00:52:20 s'ils étaient aussi exemples d'accusations procédures.
00:52:25 Oui, parce que hier, M. M. Barky, à la question que je lui posais, savoir si en tant que journaliste,
00:52:35 il avait été sensibilisé ces dernières années par sa hiérarchie ou par des services
00:52:41 extérieurs, nous a indiqué que non.
00:52:43 Est-ce que vous avez entendu ma question d'hier et la réponse à la question ? Ma question
00:52:52 était un peu similaire à celle que je vous ai posée, sauf que c'est sur le point de
00:52:55 vue d'employés de BFMTV et de journalistes français, donc de savoir s'il avait été
00:53:00 sensibilisé.
00:53:01 Donc vous, de votre point de vue aussi de manager, de dirigeant, est-ce que vous avez
00:53:05 l'impression ces dernières années, compte tenu de la menace grandissante d'ingérence
00:53:11 quelle qu'elle soit, ou de tentative d'ingérence, est-ce que vous avez en interne, au-delà
00:53:16 de la charte de déontologie dont vous avez déjà parlé et des processus robustes que
00:53:22 vous avez établis, est-ce que vous avez dit on va resensibiliser nos journalistes à ce
00:53:26 risque, on va les informer peut-être de nouvelles formes de risques ? Est-ce que c'est une
00:53:29 démarche que vous avez eue ? Une fois de plus, c'est une question ouverte, il ne s'agit
00:53:32 pas de faire le procès de quiconque.
00:53:33 Il n'y a pas de formation particulière et dédiée, mais c'est des discussions permanentes
00:53:41 en fait.
00:53:42 Ce qui vous occupe aujourd'hui, ça nous occupe en permanence, de savoir d'où vient l'information,
00:53:46 comment elle nous est amenée, est-ce qu'elle a un intérêt qu'on ne voit pas, etc.
00:53:51 Donc ces discussions-là et cette réflexion-là, parce que discussion ça fait un peu au coin
00:53:57 d'un bistrot, non, c'est autour de tables de rédaction, avec des chefs de service, c'est
00:54:02 des discussions, des réflexions, des organisations régulières, donc ça se fait au fil de l'eau
00:54:06 tout ça en fait.
00:54:08 Et puis après sur des choses spécifiques, vous parliez tout à l'heure par exemple
00:54:10 de DeepFake, qui peut être un instrument de l'ingérence par exemple, là oui, sur
00:54:15 des choses techniques par exemple, il y a une sensibilisation particulière ou des formations
00:54:19 particulières.
00:54:20 Mais cette réflexion commune et globale sur finalement comment être à la bonne distance
00:54:26 des choses et comment ne pas être instrumentalisé, voire pire, c'est une discussion-réflexion
00:54:34 quotidienne.
00:54:35 Je vous remercie.
00:54:40 Une dernière question que je voudrais vous poser, en tant que, j'imagine, aussi dirigeant
00:54:46 de BFMTV, vous êtes attentif à l'image de votre chaîne, évidemment, mais aussi potentiellement
00:54:51 sans doute à l'utilisation qu'elle peut être faite sur les réseaux sociaux, le fait
00:54:56 qu'on utilise certains relais d'opinion, en particulier des puissances étrangères
00:55:02 ou des relais de puissance étrangère ou des cabinets d'influence, enfin tout ce qui
00:55:05 peut exister de ce genre de milieu, puisse isoler des passages de votre antenne, isoler
00:55:13 des interventions de vos journalistes, isoler même peut-être votre image personnelle,
00:55:17 en tant que personnalité francophone reconnue dans beaucoup de territoires.
00:55:21 Est-ce que c'est surveiller par BFMTV, c'est-à-dire de vérifier si des images à vous sont découpées,
00:55:30 utilisées, manipulées par des officines qui auraient pu, par exemple, une fois plus,
00:55:37 c'est pas une question d'acclimatisation, c'est pour comprendre, qui auraient peut-être
00:55:40 pu vous alerter justement sur les pratiques dont on a parlé, puisque visiblement ces
00:55:44 bouts de off ont été utilisés, ces ont été utilisés, ça c'est la justice qui
00:55:51 le prouvera, non pas pour leur diffusion à une heure tardive de la nuit, mais pour leur
00:55:57 réutilisation, leur valorisation dans d'autres médias, utilisant votre image et l'autorité
00:56:03 de votre chaîne.
00:56:04 Pour vous répondre là-dessus, puisque évidemment c'est des choses qui nous préoccupent au
00:56:06 quotidien, la rédaction de BFMTV, elle est composée d'une rédaction broadcast et d'une
00:56:11 rédaction digitale, sous l'autorité de Julien Melcarek.
00:56:14 Aujourd'hui, cette rédaction digitale, elle comporte plus d'une centaine de journalistes
00:56:22 et avec des spécialistes, évidemment des sujets, notamment des technologies.
00:56:27 Ces journalistes, au-delà de produire de l'information en pointe digitale, ils surveillent
00:56:31 le digital.
00:56:32 Et donc quand des images de BFMTV sont utilisées de façon massive ou qu'elles sont mal utilisées,
00:56:42 tout ça remonte et est signalé.
00:56:43 En l'occurrence dans les séquences dont vous faites allusion, elles ont été utilisées,
00:56:47 la preuve en est, mais pas de façon massive, pas suffisamment importante selon notre…
00:56:53 C'était en dessous de la ligne de flottaison, en gros.
00:56:56 Ça a servi des intérêts précis, j'imagine, l'enquête le dira ou pas d'ailleurs, mais
00:57:00 de façon très locale.
00:57:01 Mais pour répondre plus globalement, et pas sur ça puisque l'enquête le dira, mais
00:57:05 oui, il y a un système de vigilance d'utilisation des images de BFMTV et des détournements
00:57:12 des images de BFMTV.
00:57:13 Et ça, toutes les semaines, on regarde précisément, il y a des remontées de sujets problématiques
00:57:21 qu'on traite et qu'on gère.
00:57:23 Et dans ce cadre-là, quand ça dépasse les lignes d'alerte que vous avez fixées avec
00:57:31 vos équipes ou qui ont été fixées avec vos équipes, est-ce que vous êtes déjà
00:57:34 intervenu justement sur des cas d'espèces ? Alors, pas obligé de nous les décrire
00:57:40 dans le détail, mais sur peut-être leur typologie.
00:57:42 Là, l'image de BFMTV est utilisée par des gens qui font de la manipulation de l'information,
00:57:49 de l'ingérence, ou qui essaient de nous faire dire ce qu'on n'a pas voulu dire,
00:57:52 ou de valoriser des intérêts qui ne sont pas ceux qu'on voulait servir, à savoir
00:57:56 l'information du public.
00:57:57 Est-ce que c'est déjà arrivé ? Est-ce que vous avez déjà eu à agir, intervenir ?
00:58:02 Et question subsidiaire, est-ce que parfois la manipulation était telle que vous l'avez
00:58:07 signalé au service, dans le respect évidemment de la confidentialité de vos échanges, que
00:58:11 vous avez signalé au service avec qui vous êtes en contact de manière informelle ?
00:58:14 Pour répondre à la fin de votre question, non.
00:58:18 Ça n'a pas été toutes les fois précédente, oui, mais d'ailleurs il suffit de regarder
00:58:22 où le site ou notre site Twitter, quand ça devient préjudiciable, déjà sur notre
00:58:27 site ou sur nos réseaux sociaux, on ré-embed nos images ou la façon dont elles ont été
00:58:34 utilisées.
00:58:35 Est-ce que vous pouvez préciser le terme de ré-embed, s'il vous plaît ?
00:58:40 Reprendre un tweet par exemple, le remettre sous la bannière d'FMTV et préciser les
00:58:49 choses au-dessus.
00:58:50 Pour bien remettre dans le contexte et redire ce qui avait été dit, ça arrive bien souvent
00:58:58 que nos images soient découpées par exemple, on fait dire à des intervenants un bout de
00:59:05 ce qu'ils disaient mais sans les éléments de contexte, on ré-embed ce qui a été instrumentalisé
00:59:13 pour le remettre dans le contexte et préciser les choses quand c'est suffisamment viral
00:59:17 pour que ça le nécessite.
00:59:18 Je vous remercie.
00:59:19 Il y avait une question de Mme Lavalette.
00:59:22 Merci M. le Président, Mme la rapporteure, M. le Directeur Général.
00:59:27 C'est vrai que je me posais un peu la question du coup sur l'après, sur quel est votre état
00:59:31 d'esprit maintenant, sur la réflexion, déjà est-ce qu'il y a une réflexion qui est menée
00:59:38 sur savoir dans cette guerre de l'information, notamment avec la guerre en Ukraine, est-ce
00:59:42 que vous voyez les choses de façon un peu différente maintenant que cette affaire est
00:59:47 arrivée ? Est-ce qu'il y a des process par exemple qui vont être mis en place ? Est-ce
00:59:52 que, voilà, crin et chaudé, crin l'eau chaude, chat.
00:59:56 Voilà, savoir maintenant est-ce que ça a changé un peu votre état d'esprit en fait
01:00:00 ?
01:00:01 Ça n'a pas changé notre état d'esprit parce que la vigilance on pense l'avoir toujours
01:00:06 eu, donc on a rappelé chacun à sa vigilance et on l'est d'autant plus, mais non, on n'a
01:00:13 pas, comme je vous le disais tout à l'heure, pas par principe, après avoir vérifié notre
01:00:18 façon de fonctionner, on n'a pas jugé utile de devoir renforcer des choses qui nous semblent
01:00:23 solides et robustes.
01:00:25 Après, on a rappelé à chacun à sa vigilance.
01:00:27 Je vous remercie.
01:00:31 Madame Clapot.
01:00:32 Merci, Monsieur le Président, Madame la rapporteure, chers collègues, Monsieur le Directeur général,
01:00:40 je vous prie de m'excuser d'avance si je repose une question qui a déjà été posée
01:00:43 parce que je n'ai pas pu assister à la totalité.
01:00:46 En vous écoutant, je me disais que vous, comme tout un chacun, vous êtes soumis à
01:00:51 des injonctions contradictoires.
01:00:52 Vous êtes sur un média qui doit remplir, remplir 24 heures sur 24, une antenne, des
01:00:58 réseaux sociaux, être le premier.
01:01:00 Vous avez des objectifs d'audience aussi parce que vous avez un modèle économique
01:01:04 qui est basé sur la publicité et vous avez aussi comme injonction le rapport à vos invités
01:01:11 que vous avez expliqué et puis le fait d'éviter un incident, on dirait un accident industriel.
01:01:19 Donc pour moi qui ai une carrière dans l'industrie, je suis sensible à ce que vous avez dit sur
01:01:25 les processus, sur les chartes, etc.
01:01:29 Et si on file la métaphore industrielle jusqu'au bout, est-ce que vous avez une mesure de la
01:01:35 qualité de ce qu'on évalue ici, c'est-à-dire la qualité de non-occurrence d'ingérence,
01:01:42 est-ce que vous avez aussi un retour d'expérience et puis quel est le plan d'action pour filer
01:01:47 à nouveau cette métaphore industrielle que vous mettez en place au vu de ces mesures ?
01:01:51 Je vous remercie.
01:01:52 Pour répondre au début de votre intervention, non, moi je ne suis pas soumis à des injonctions
01:01:59 contradictoires.
01:02:00 Je suis soumis à essayer de produire tous les jours de la bonne information et je n'ai
01:02:05 jamais l'impression en tout cas d'avoir à remplir.
01:02:09 J'ai plutôt, notre travail journalistique c'est plutôt de hiérarchiser les choses et
01:02:13 plutôt d'éviter de mettre à l'antenne des choses qui ne nous semblent pas intéressantes
01:02:16 mais on ne manque pas de matière donc on ne se retrouve pas jamais, depuis que je suis
01:02:20 là, à se dire qu'est-ce qu'on va faire.
01:02:22 C'est plutôt, enfin sous-entendu, on n'a pas assez pour faire et donc non, c'est, après
01:02:26 on peut contester nos choix, tout ça est libre mais ma seule pression c'est d'essayer de
01:02:34 produire une information vérifiée qui a du sens et qui est conforme à notre ligne éditoriale,
01:02:39 sans injonction.
01:02:40 Il s'avère que ça fonctionne et tant mieux et que ça produit du chiffre d'affaires qui
01:02:46 nous permet de travailler et plus on a des, mieux ça fonctionne, plus on a des moyens
01:02:54 et plus on peut lutter justement parce qu'on a des équipes robustes à des éventuelles
01:03:03 ingérences.
01:03:04 Mais donc moi je n'ai pas l'impression en tout cas de vivre au milieu d'injonctions contradictoires,
01:03:09 bien au contraire.
01:03:10 Les seules injonctions c'est qu'est-ce qui nous semble-t-il doit être l'information
01:03:17 du jour et la façon dont on doit la traiter.
01:03:20 Ça c'est le premier aspect.
01:03:22 Ensuite, j'ai répondu précédemment à l'autre aspect, notre process de validation des choses,
01:03:32 notre façon de checker, contre-checker l'information, notre cellule, notamment vidéo qu'on active
01:03:37 quand c'est nécessaire pour vérifier des images, tout ça nous semble-t-il est suffisamment
01:03:42 robuste pour faire face à un danger réel mais qu'on tient à distance correctement.
01:03:48 Sauf encore une fois quand on décide volontairement de contourner les choses.
01:03:52 Comme dans toute entreprise puisque vous venez dans l'industrie, si vous voulez contourner
01:03:57 une règle, vous arrivez toujours à le faire, le problème ça serait de ne pas en être
01:04:00 attrapé en l'occurrence, c'est pas ce qui s'est produit.
01:04:03 Je vous remercie.
01:04:07 Madame la rapporteure, vous avez une dernière question ? Ou plusieurs d'ailleurs.
01:04:12 Oui, une dernière question un peu générale.
01:04:15 Je le conçois aisément mais je voulais tirer parti de votre présence parmi nous.
01:04:19 Vous êtes, ça a été dit, un grand professionnel, un parcours professionnel déjà long et riche,
01:04:26 eu égard à la multiplicité des défis auxquels ont à faire face les journalistes, les chaînes
01:04:34 d'information, les médias de manière générale pour rester indépendants, pour rester libres,
01:04:40 pour rester fiables, pour continuer à avoir la confiance de nos compatriotes et ça vaut
01:04:46 partout dans le monde, les évolutions technologiques, la révolution numérique, le fait que tout
01:04:54 le monde se met à produire de l'information et se croient peut-être à travers les réseaux
01:05:01 sociaux à un moment ou à un autre pendant un quart d'heure, non pas forcément en pleine
01:05:05 lumière mais en tout cas lui-même journaliste de sa propre vie.
01:05:08 Est-ce que vous pensez que le défi qui est tel est surmontable ? Quel regard portez-vous
01:05:16 sur l'immensité de ce défi voire de ces menaces qui pèsent sur le vrai travail de
01:05:22 journaliste professionnel ?
01:05:23 Je vais être aussi un peu général mais ce que vous dites est pour le coup une préoccupation
01:05:29 quotidienne de l'ensemble des choses.
01:05:31 Oui, aujourd'hui tout le monde se croit journaliste mais ce qui… non pas que journaliste ce
01:05:35 soit une vertu particulière mais il se trouve que c'est un métier qui… il n'y a aucun
01:05:40 élément de supériorité où je ne… je ne veux pas dénigrer qui que ce soit mais
01:05:44 tout le monde ayant accès à des réseaux sociaux pense faire du journalisme mais c'est
01:05:48 pas ça le journalisme.
01:05:49 Mais en revanche c'est énormément de sources d'éléments d'informations potentielles
01:05:56 et donc oui on peut être… il y a une espèce de confusion aujourd'hui de ce que peut
01:06:01 être un média en fait.
01:06:02 Un compte Twitter ce n'est pas un média donc ça nous oblige d'autant plus à faire
01:06:08 notre métier de journaliste et ça rejoint un peu ce que les élém… c'est… pour
01:06:14 ça il faut des moyens et donc là c'est plus global dans le cadre mais une rédaction
01:06:21 nombreuse, solide, ça permet ça et ça permet justement de marquer la différence et d'essayer
01:06:27 d'affirmer ce qu'on est et que il y ait… et alors tout ça est compliqué puisque
01:06:32 la défiance à l'égard du journalisme elle est importante, peut-être qu'on a
01:06:34 une part de responsabilité, c'est une réflexion… enfin en tout cas on s'exonère de rien
01:06:39 mais en tout cas oui le défilé est important et les moyens sont importants et dans un moment
01:06:47 où c'est compliqué pour certains médias, où il y a une précarisation du métier etc.
01:06:54 oui j'ai la chance de travailler pour un groupe qui nous donne des moyens jusqu'à
01:06:57 là aussi parce que c'est une chaîne qui fonctionne mais quand aujourd'hui par exemple
01:07:03 nous pouvons nous appuyer sur les antennes locales de BFM en région et que depuis 4
01:07:10 ans que 10 chaînes ont été lancées, 200 journalistes ont été engagés en région,
01:07:14 tout ça permet justement de répondre à la problématique que vous décrivez.
01:07:20 Merci beaucoup, mais j'aurais aussi une dernière question généraliste en tant qu'aussi
01:07:30 responsable des médias, journaliste avec la carrière que vous avez et aussi le rôle
01:07:35 particulier que vous avez comme première chaîne d'information en continu.
01:07:39 Quel est votre sentiment vous sur le risque ou la réalité de l'ingérence étrangère
01:07:44 en France, on va se concentrer sur le politique pour ne pas être trop large, ne pas déborder
01:07:49 sur l'économie mais aussi en comparaison avec la connaissance que vous avez de ce qui
01:07:53 s'est passé aux Etats-Unis, de ce qui peut se passer avec d'autres polémiques dans
01:07:57 d'autres démocraties, est-ce que vous avez le sentiment, une fois de plus en tant que
01:08:02 professionnel, en tant que citoyen mais en tant que professionnel, que c'est un vrai
01:08:06 risque qui existe en France ou est-ce que le risque est maîtrisé, c'est-à-dire qu'il
01:08:11 y a des tentatives pour ne pas avoir été victime et grosso modo c'est une affaire
01:08:18 dont 12 off sur plusieurs mois, sur plusieurs années même, donc c'est pas non plus un
01:08:25 phénomène endémique. Et d'une manière générale, aussi comme connaisseur du paysage
01:08:30 politique français, est-ce que vous avez cette impression que le paysage politique
01:08:33 français est soumis à une forme d'ingérence ou vous avez l'impression que par rapport
01:08:37 à d'autres démocraties, c'est pas spécialement un sujet, non pas que ça n'existe pas, mais
01:08:44 en tout cas qu'on n'est pas dans la situation que vos journalistes peuvent étudier ou analyser
01:08:49 et partager avec les français dans d'autres démocraties ou est-ce que vous avez passé
01:08:52 d'éléments pour conclure quoi que ce soit ? D'abord je ne suis pas un spécialiste
01:08:58 de l'ingérence, même si ça m'intéresse évidemment et je serais intéressé par lire
01:09:03 les conclusions de votre commission évidemment, mais je pense que c'est un risque, je pense
01:09:07 que c'est un risque maîtrisé et je pense encore une fois sans certitude, que la France
01:09:14 n'est pas exonérée de ces risques mais n'est pas une cible majeure.
01:09:21 Je vous remercie, bien écoutez, chers collègues, je vous remercie d'avoir assisté à cette
01:09:31 audition, pour votre question et votre travail.
01:09:34 Monsieur le directeur général, je vous remercie du temps que vous avez consacré à notre
01:09:37 commission, de la précision, de l'exhaustivité des réponses que vous avez apportées, de
01:09:43 votre patience aussi par rapport à certaines de mes remarques, mais c'était pour la bonne
01:09:46 tenue de cette commission, ça n'a absolument aucune incidence personnelle.
01:09:50 Je vous remercie aussi les services de l'Assemblée pour cette matinée.
01:09:53 La séance est suspendue et nous nous retrouvons à 15h pour notre prochaine audition.
01:09:59 Je vous remercie, la séance est suspendue.

Recommandée