"J'ai peur quand il part" s'inquiète une femme de policier
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00:00 N'empêche qu'on est des métiers utiles et on doit marcher main dans la main
00:02 parce que la réforme des retraites, elle nous démolit tous.
00:05 Elle démolit tous les salariés du pays.
00:07 Le fait qu'on n'augmente pas les salaires massivement des profs, des soignants, des flics
00:11 est une catastrophe parce que ça fait que les gens ne veulent plus faire ces métiers.
00:15 Les gens ne veulent plus être profs aujourd'hui.
00:16 Les gens ne veulent plus être flics.
00:17 Les gens ne veulent plus être soignants.
00:18 Les conditions de travail sont extrêmement dégradées.
00:22 Côté discipline, il faut imaginer.
00:24 Et côté salaire, ça compte l'argent.
00:26 On ne fait pas ce métier pour l'argent, c'est clair.
00:27 Mais ce n'est pas une raison pour être sous-payé.
00:30 Il y a un moment où il faut être logique.
00:32 Un pays doit respecter les services publics.
00:35 Tout bêtement.
00:36 Nicolas, merci.
00:37 On a Perrine qui est à côté de vous, qui est femme de policier.
00:40 Ce soir, vous allez représenter votre mari, plus globalement les familles des forces de l'ordre.
00:43 Votre mari est actuellement sur le terrain ?
00:45 Oui, il est engagé sur le terrain.
00:47 Lui, il est plutôt en bac.
00:49 Mais il y a certaines bacs qui ont été engagées effectivement sur les manifestations
00:52 pour prêter main forte aux effectifs interpellants.
00:56 Qu'est-ce qu'il vous dit quand il rentre en ce moment ?
00:59 Que la situation est réentente, elle est dramatique.
01:03 On a des rappels de nos hommes et nos femmes pour pouvoir assurer ces manifestations.
01:08 Il faut se dire qu'on est au bout de six jours de manifestations sauvages
01:12 qui se transforment en attroupements et qui se transforment souvent en violences urbaines
01:16 avec des tirs d'engin incendiaire, de cocktails Molotov,
01:20 des jets de mortiers d'artifice, des jets de pavés.
01:24 On a vu une policière s'écrouler littéralement sous un pavé malgré les protections.
01:29 C'est une violence inouïe.
01:31 Il y a certains incendies qui maintenant se propagent même à des immeubles d'habitation.
01:35 Hier soir, la DOPC, la Direction d'ordre public et la circulation,
01:41 les 16 effectifs ont mis en sécurité plus de 20 personnes à la suite d'un incendie
01:46 parce qu'ils se sont propagés, parce qu'il y avait des incendies de poubelles, etc.
01:50 Aujourd'hui, c'est énormément d'heures de fêtes.
01:54 En ce moment, on a une compagnie de CRS qui a fait plus de 24 heures d'engagement.
01:59 24 heures d'engagement, c'est énorme.
02:01 - Elles sont plus violentes que les autres, les manifestations ?
02:03 - Elles sont de plus en plus violentes.
02:05 On a connu les Gilets jaunes.
02:07 Mon compagnon était à ce moment-là sur les manifestations.
02:10 On avait déjà assisté à un accroissement de la violence,
02:14 à un accroissement des menaces même hors du travail
02:17 parce que maintenant, un flic, ça se fait suivre,
02:20 ça se fait, comme on dit vulgairement, "détroncher" quand il rentre chez lui.
02:24 C'est des menaces sur nos familles, c'est des menaces sur moi-même.
02:28 Ce sont des injures quotidiennes.
02:30 Et aujourd'hui, oui, c'est de plus en plus violent.
02:32 - Vous avez des enfants ? - Non.
02:33 - Vous n'avez pas d'enfants ? Vous avez peur quand il part ?
02:35 - Évidemment que j'ai peur quand il part.
02:37 Évidemment que j'ai peur quand il part parce qu'on n'est même pas sûr
02:39 qu'il va pouvoir rentrer entier.
02:41 Vous avez plus de 394 policiers qui ont été blessés sur ces manifestations.
02:45 Comment ne pas avoir peur ?
02:47 - Qu'est-ce qu'il vous dit quand...
02:49 Quand il est angoissé, est-ce qu'il se dit "j'ai envie d'arrêter ce travail" ?
02:53 Est-ce qu'il ne vous est pas passé la tête d'arrêter un moment ?
02:56 - Ça traverse parfois l'idée, mais les valeurs qui l'ont poussé
03:01 à s'engager dans la police nationale, elles donnent.
03:04 - Est-ce qu'il est d'accord avec les manifestants ?
03:06 - La majorité de la population est d'accord avec les manifestants.
03:09 La majorité de la population ne veut pas de ces manifs.
03:11 - Donc c'est d'autant plus compliqué pour lui de dire...
03:13 Il doit maintenir l'ordre, mais il est quand même...
03:15 S'il avait été...
03:16 C'est-à-dire que s'il avait fait un autre métier,
03:18 il serait descendu dans la rue ?
03:19 - Mais en fait, les policiers sont descendus dans la rue.
03:21 Les syndicats ont manifesté dès les premiers jours de manifestation
03:24 contre cette réforme des retraites.
03:26 Il y a 70 % de la population, les policiers font partie
03:29 de ces 70 % de la population qui sont contre cette réforme des retraites.
03:32 - C'est une population incroyable.
03:33 [Musique]