La parole aux Français du 22/03/2023

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L'actualité vue par les témoins du quotidien, présenté par Clélie Mathias dans #LaParoleAuxFrancais

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00:00:00 Bonjour à tous, soyez les bienvenus dans cette émission spéciale après l'interview d'Emmanuel Macron que vous avez pu suivre en direct sur CNews.
00:00:09 On va commencer bien évidemment par le journal avec Mickaël Dorian. Bonjour Mickaël.
00:00:13 Bonjour Clélie, bonjour à tous, Emmanuel Macron en direct à la télévision.
00:00:17 Vous avez suivi sur CNews cette longue interview du chef de l'État, le président de la République,
00:00:22 dont le seul regret est de ne pas avoir réussi à convaincre autour de cette réforme des retraites, il a notamment renouvelé son soutien à sa première ministre, Elisabeth Borne. Écoutez.
00:00:32 Elle a décidé, après avoir examiné avec l'ensemble des forces politiques de la majorité et ses ministres pour cette réforme, le fait que pour qu'elle passe et ne laisse aucune incertitude,
00:00:43 elle a souhaité engager la responsabilité de son gouvernement. C'est ça ce qu'on appelle le 49-3, le fameux article.
00:00:49 C'est la centième fois qu'on le fait dans notre République. C'est un geste très solennel.
00:00:54 Elle a pris ses responsabilités avec son gouvernement et elle a dit au Parlement, si vous avez une majorité alternative, qu'elle s'exprime.
00:01:01 Lundi, il a été montré qu'il n'y avait pas de majorité alternative.
00:01:04 À neuf voix près. Oui, mais vous savez, nous sommes en République à une voix près.
00:01:08 Dans le reste de l'actualité, la pénurie d'essence se poursuit dans les bouches du Rhône.
00:01:12 Onze stations-services du département sont réquisitionnées à partir d'aujourd'hui et jusqu'à vendredi matin pour assurer le ravitaillement des véhicules prioritaires,
00:01:20 les précisions, à Marseille avec leurs paras.
00:01:23 Les premiers conducteurs sont arrivés dès cinq heures du matin pour atteindre cette station réquisitionnée du 11e arrondissement de Marseille, l'une des trois de la ville,
00:01:33 autorisées à faire le plein ceux qui travaillent dans les secteurs prioritaires comme la santé, les secours, la sécurité, pour ne citer qu'eux.
00:01:40 Et ils sont nombreux à patienter car la file d'attente est très longue, elle s'étale de part et d'autre sur plus de deux kilomètres.
00:01:46 Plusieurs policiers sont d'ailleurs sur place pour réguler le trafic.
00:01:50 Un bouchon conséquent s'est formé dans le secteur et calmer les esprits.
00:01:54 Certains essaient d'éviter de faire la queue ou alors qu'ils ne sont pas prioritaires, tentent d'accéder à la station.
00:01:59 Il y a de nombreux échanges houleux, des noms d'oiseaux fusent.
00:02:03 Au total, dans le département, onze stations ont été réquisitionnées pour une durée de 48 heures.
00:02:08 Une décision prise par la préfecture de police face à la tension concernant l'approvisionnement en essence des diverses stations des Bouches-du-Rhône.
00:02:17 54% d'antelles manquent au moins d'un type de carburant.
00:02:21 Une nouvelle opération port mort est en cours à Marseille.
00:02:25 Depuis ce matin, les dockers bloquent l'entrée de voitures ou de conteneurs.
00:02:30 Une vingtaine de policiers sont sur place plutôt dans la journée.
00:02:33 Des feux de palettes et de pneus allumés par des manifestants ont contraint la fermeture de l'autoroute A55 en direction de Marseille.
00:02:41 Et puis plusieurs affrontements à Rennes en marge d'une manifestation des marins-pêcheurs.
00:02:46 Plusieurs centaines de pêcheurs venus de toute la France pour dénoncer les contraintes de plus en plus fortes qui pèsent sur la pêche artisanale.
00:02:53 Écoutez le porte-parole du mouvement Pêcheurs à l'Orient.
00:03:00 Alors visiblement, les pêcheurs, on aura le bol.
00:03:03 Avec le coût du gasoil qui est arrivé extrêmement cher.
00:03:08 À l'heure actuelle, le coût du gasoil est arrivé à 80 centimes pour les bateaux de pêche.
00:03:11 C'est énorme.
00:03:13 Et à cause du coût du gasoil, on n'arrive plus à dégager de salaire à nos équipages.
00:03:17 Et on a beaucoup plus de mal maintenant à payer nos fournisseurs, nos affaires tout simplement.
00:03:22 On est pris à la gorge.
00:03:23 Le plan PAI, tout ça, c'est carrément la destruction de la flottille française.
00:03:27 Il y a un deuxième plan qui va être mis en place dans je ne sais pas combien de temps, dans incessamment sous peu.
00:03:31 Donc si ce n'est pas pour détruire la flottille française, je ne sais pas ce que c'est.
00:03:34 On nous parle de souveraineté alimentaire.
00:03:36 Mais c'est du gros foutage de gueule.
00:03:38 Si on détruit une partie de la flottille française, la souveraineté alimentaire, elle sera où ?
00:03:41 Et voilà, c'est la fin de ce journal.
00:03:44 L'actualité continue avec cette édition spéciale de La Parole aux Français.
00:03:47 À suivre bien sûr avec Clémy Mathias et ses invités.
00:03:49 Merci Michael.
00:03:50 On se retrouve évidemment à 15h.
00:03:52 Je suis en compagnie de Raphaël Stainville.
00:03:54 Bonjour.
00:03:55 Prédécteur en chef à Valeurs Actuelles.
00:03:57 Et puis je suis en compagnie d'Eric Derec-Matin, spécialiste des questions éco à CNews et du service politique.
00:04:02 Gautier Lebray, évidemment, une émission entièrement consacrée à cette interview qu'a donnée le chef de l'État.
00:04:08 Une trentaine de minutes, vous avez pu la suivre en direct sur CNews.
00:04:13 Et dans La Parole aux Français, on vous donne la parole.
00:04:15 On va vous écouter, savoir ce que vous en avez pensé, ce que vous avez regretté, ce qu'il manquait peut-être,
00:04:20 ou alors ce que vous avez trouvé satisfaisant.
00:04:23 Nous sommes donc en lien avec Guillaume Conrad.
00:04:25 Bonjour, vous êtes égouttier.
00:04:27 Avec nous également Valérienne Guyenne, infirmière libérale.
00:04:30 Sébastien Poté, conducteur routier.
00:04:33 Et Yves de Talouette qui dirige une fabrique de faïences, les faïenceries de Gien.
00:04:38 Merci à tous.
00:04:40 Bonjour bien sûr et merci d'être en direct avec nous.
00:04:43 Je vais vous poser à tous les quatre une première question et je vais vous demander une réponse rapide.
00:04:48 Vous avez écouté cette interview du chef de l'État qui était éminemment attendue
00:04:52 après ces longues semaines même de contestation et de présentation du texte de la réforme des retraites.
00:04:59 Qu'est-ce que vous en avez pensé ? Est-ce que vous l'avez trouvé convaincant ou non ?
00:05:03 Je commence avec vous Sébastien Poté.
00:05:05 Une réponse courte s'il vous plaît.
00:05:06 On en débattra et vous pourrez ensuite affiner vos arguments.
00:05:10 Oui, bonjour à tous.
00:05:12 Juste pour vous dire, déjà je ne vous vois pas dans mon écran, je ne vous vois que moi.
00:05:16 Alors, j'ai trouvé M. le Président égal à lui-même, têtu, borné et qui prend son chemin démocratique pour sa réforme.
00:05:25 Enfin, chemin démocratique pour lui, pas pour nous.
00:05:28 Très bien, on en reparlera et vous aurez l'occasion de développer.
00:05:31 Guillaume Condrat, vous êtes égouttier.
00:05:33 D'ailleurs, les égouttiers ont été cités par Emmanuel Macron.
00:05:35 Comment vous avez-vous ressenti cette interview du chef de l'État ?
00:05:39 Je vais vous paraphraser.
00:05:42 Enfin, il a fallu quelques mois avant que M. le Président Deigne prenne la parole et essaye de reconvaincre.
00:05:53 Avec tout le respect que je peux avoir pour sa fonction, c'était un vrai numéro de claquette,
00:05:58 un vrai numéro d'équilibriste qui visait encore à dénigrer le mouvement en place actuellement qui se passe en France
00:06:06 et essayait de sauver les meubles et sauver son gouvernement.
00:06:10 Yves de Tellouet, là, il y a un carré noir à la place d'Yves de Tellouet.
00:06:13 Je ne sais pas trop pourquoi on va essayer de gérer les problèmes techniques.
00:06:16 Mais Yves de Tellouet, qu'en avez-vous pensé ? Ma question.
00:06:20 Écoutez, moi, je ne l'ai pas entendu en totalité parce que je dois tout de même travailler pour piloter l'usine.
00:06:31 Mais je n'en attendais pas grand-chose.
00:06:35 Je pense que les positions sont très cristallisées et je regrette les mois et la haine qui circulent.
00:06:44 C'est la seule chose qui me semble aujourd'hui vraiment dommageable.
00:06:48 On va en parler justement de ces tensions. Enfin, même question Valérie-Anne Guyenne.
00:06:52 Est-ce que le Président vous a convaincu ? La question aussi, c'est ça.
00:06:57 Est-ce que vous allez continuer de descendre dans la rue demain ?
00:07:01 Alors, moi, il ne m'a pas vraiment convaincue. Je trouve qu'il n'a pas tort sur tout.
00:07:06 Il a été assez clair. Maintenant, on attend des preuves.
00:07:11 D'accord. Alors, on va bien sûr en parler. On va débriefer ensemble.
00:07:14 Vous allez pouvoir débattre aussi entre vous parce qu'on a entendu différentes choses.
00:07:17 Gauthier Lebray, je me tourne quand même vers vous pour un commentaire politique.
00:07:20 L'objectif de cette interview, c'était aussi d'apaiser les tensions.
00:07:23 On les avait vues soir après soir, notamment après l'utilisation et le recours au 49.3,
00:07:28 des manifestants, des blocages, des rassemblements.
00:07:31 Est-ce que vous pensez que cette interview donnée par le chef de l'État
00:07:34 va apaiser cette colère qui gronde dans le pays ?
00:07:38 J'ai envie de vous répondre par les réponses de Philippe Martinez et de Laurent Berger.
00:07:42 Les deux hommes sont unis. Ils parlent de mépris. Je vais même citer Philippe Martinez.
00:07:46 Je dénie les mensonges aussi.
00:07:47 Je vais citer Philippe Martinez, patron de la CGT pour encore une semaine,
00:07:50 qui a dit, je cite, c'est du foutage de gueule. C'est du foutage de gueule, cette interview.
00:07:53 C'est comme ça que Philippe Martinez a réagi.
00:07:55 Donc on voit bien qu'il n'y a rien pour apaiser effectivement la colère
00:07:58 et que les cortèges de l'intersyndicale seront peut-être plus nombreux, plus forts, plus fournis
00:08:03 qu'il y a une semaine parce que, avec l'usage du 49.3,
00:08:06 avec les petites phrases d'Emmanuel Macron depuis 48 heures,
00:08:09 parce que je vous rappelle que cette phrase sur la victoire après le rejet d'émotions de censure
00:08:12 a fait beaucoup réagir.
00:08:13 Ce qu'il a dit aussi sur la foule, qui serait illégitime, a fait énormément réagir.
00:08:17 Il y est revenu d'ailleurs dans cette interview.
00:08:19 Il a parlé de factieux.
00:08:20 Il a même tenté un parallèle avec ce qui s'est passé au Capitol à Washington
00:08:24 ou au Brésil après la défaite de Jair Bolsonaro.
00:08:28 Donc on voit bien qu'Emmanuel Macron n'a pas réussi à trouver les mots
00:08:31 pour tenter d'apaiser les colères.
00:08:34 Alors il a redonné sa confiance à Elisabeth Borne
00:08:37 et il lui a demandé d'élargir la majorité.
00:08:39 Il avait tenté de le faire au moment où Elisabeth Borne avait été nommée à Matignon.
00:08:42 Sans succès.
00:08:43 Tout le monde lui avait dit non, à gauche comme à droite.
00:08:46 Donc on voit bien l'impasse dans laquelle il est et dont il n'arrive pas à sortir.
00:08:49 Il n'a pas donné des clés de réponse là-dessus dans cette interview.
00:08:52 Sébastien Poté et Guillaume Courain, dont vous vous sentez particulièrement au courant,
00:08:55 aux colères lors de votre première prise de parole.
00:08:58 Est-ce que vous rejoignez les mots de Gauthier Lebray dans son analyse ?
00:09:02 C'est-à-dire est-ce que vous allez finalement, la question est assez simple,
00:09:04 est-ce que vous allez descendre dans la rue demain ?
00:09:06 Est-ce que cette interview finalement a renforcé votre volonté de vous battre
00:09:10 contre cette réforme et contre les méthodes peut-être utilisées par le chef de l'État ?
00:09:14 Sébastien Poté, je commence avec vous.
00:09:16 Je suis tout à fait d'accord dans ses propos.
00:09:19 Continuer le combat, je pense qu'il faut le continuer parce que de toute façon,
00:09:25 on n'est toujours pas écouté.
00:09:27 J'ai l'impression que notre président de la République vient de se rendre compte
00:09:32 que pour les professions de première nécessité, nous sommes très mal payés.
00:09:37 Mais je ne comprends pas pourquoi il ne commence pas par ça de révaloriser les salaires
00:09:41 avant de nous mettre la nouvelle réforme des retraites à 64 ans.
00:09:44 J'ai l'impression qu'il fait tout à l'envers.
00:09:46 Et comme je l'ai dit plusieurs fois, ça fait pratiquement un an qu'on est en train de manger la pilule.
00:09:51 Donc ça fait un peu trop, ça fait beaucoup.
00:09:54 Pour tout le monde, il n'y a pas qu'une réforme.
00:09:56 Oui, donc vous êtes encore plus en colère.
00:09:58 Justement sur les conditions de travail, Emmanuel Macron a dit qu'il allait rouvrir
00:10:03 les négociations avec les syndicats, notamment sur la reconversion, sur l'usure aussi.
00:10:09 On va l'écouter et je vous ferai réagir.
00:10:11 Guillaume Corrade.
00:10:14 Ah, on n'a pas le son d'Emmanuel Macron que je voulais vous faire écouter.
00:10:21 Est-ce qu'on va pouvoir l'avoir quand même ?
00:10:23 Sur l'usure, les reconversions, les fins de carrière aussi.
00:10:26 La manière dont on peut faire évoluer.
00:10:28 Alors c'est peut-être dans le mauvais sens, comme vous avez dit Sébastien Poté.
00:10:32 Mais en tout cas, il y a fait allusion.
00:10:34 Samira, est-ce qu'on peut l'écouter ?
00:10:36 Il y a ce qu'on entend dans la rue.
00:10:39 C'est aussi des protestations sur le travail.
00:10:42 Beaucoup de gens, à juste titre, j'ai écouté les éboueurs, les égouttiers,
00:10:48 ces métiers difficiles, ils disent à 60 ans, on a le dos cassé, on est épuisé.
00:10:53 C'est vrai.
00:10:54 Mais si on est honnête avec nous-mêmes, ce n'est pas 62 ou 64 ans qui est le problème.
00:10:59 Le problème, il est à 55 ou 58 ans.
00:11:01 Et donc le vrai sujet qui a commencé à être ouvert par le gouvernement
00:11:05 comme par les parlementaires dans ce texte, c'est celui de l'usure professionnelle
00:11:09 et des fins de carrière.
00:11:10 Celui-ci, on doit très concrètement le prendre à bras le corps.
00:11:13 Voilà, à bras le corps, ça veut dire réengager le dialogue.
00:11:16 Guillaume Courrad, j'imagine que vous vous sentez visé par cette phrase.
00:11:20 Comment réagissez-vous ? Est-ce que ça va dans le bon sens malgré tout ?
00:11:23 Moi, j'ai un sourire un peu nerveux parce qu'on est typiquement dans le jeu politique.
00:11:31 Ça veut dire, je passe en force la réforme des retraites.
00:11:35 On passe avec deux années de plus.
00:11:37 Mais ne vous inquiétez pas, le dialogue social va se poursuivre
00:11:41 et on va pouvoir réouvrir les négociations sur la pénibilité, sur la difficulté au travail.
00:11:47 Mais si ces négociations, du moins ces échanges qui sont mis en place,
00:11:53 sont de la même qualité que ceux sur la réforme des retraites,
00:11:57 moi, je n'attends rien du tout de ce qui va se passer.
00:12:00 En gros, c'est envoyer justement apaiser un petit peu la grande sociale
00:12:05 en disant "vous inquiétez pas, on est là, on se penche sur la pénibilité,
00:12:10 mais ce n'est pas comme ça qu'on ne met pas la charrue avant les bœufs".
00:12:13 Identifions, il vient M. Macron, ou du moins son gouvernement,
00:12:16 de découvrir par la gronne sociale qu'il y avait effectivement des emplois indispensables de première ligne,
00:12:24 que ce soit les éboueurs, que ce soit le personnel de ménage.
00:12:27 Il s'aperçoit qu'en fait, effectivement, il y a cette frange de la société.
00:12:32 On voit bien qu'on est dans une lutte, un mépris de classe, c'est ni plus ni moins que ça.
00:12:36 Et ces réformes technocratiques ne prennent pas en cause toutes ces problématiques de pénibilité du travail.
00:12:42 Donc ça vient bien un peu...
00:12:44 Oui, pardon, je vous interromps, je pensais que vous aviez fini votre phrase.
00:12:47 Mais Valérie, je vous redonnerai la parole évidemment.
00:12:49 Valérie Nguyen, vous aussi, vous faites un métier pénible,
00:12:52 qui a souvent été mis, notamment pendant la crise sanitaire, au cœur de nos priorités.
00:12:57 Et dans nos cœurs d'ailleurs aussi, j'allais le dire, on se souvient des personnels soyants qui étaient applaudis.
00:13:03 Est-ce que vous ressentez comme Guillaume Conrad, il a parlé de mépris de classe, est-ce que vous aussi vous le ressentez ainsi ?
00:13:11 Alors, je le ressens, oui, c'est identique.
00:13:15 Mais la seule différence, c'est que maintenant je suis infirmière libérale et que je suis passée d'un autre côté.
00:13:20 À l'époque de la Covid, j'étais hoste et c'est vrai qu'on nous a porté au nu et maintenant on dirait qu'on n'existe plus, mais bon, peu importe.
00:13:29 Il est clair qu'il n'y a pas eu de revalorisation du salaire des infirmières, il y a eu une grosse pénibilité du travail.
00:13:36 On est cassé, on est fatigué, on a mal partout, manque de moyens, on est dans des déserts médicaux, ça c'est clair.
00:13:46 En plus, moi je suis dans un village, donc je ne suis pas dans des grandes villes.
00:13:51 Ce qui est sûr, c'est qu'il faut effectivement revoir les salaires des infirmières qui sont en poste.
00:13:56 Pour ma part, nous, en infirmière libérale, on ne gagne pas trop mal notre vie, mais le souci, c'est qu'on nous prend quasiment 80% de gens.
00:14:05 Donc, entre les actes gratuits, les actes à 100%, à demi-life et toutes les charges qu'on nous prend,
00:14:13 je pense qu'effectivement il y a quelque chose à revoir.
00:14:16 Finir ma carrière à 64 ans, pourquoi pas ? Dans quel état ? Je ne sais pas.
00:14:23 Vous croyez dans les paroles d'Emmanuelle Macron quand on dit "on va réouvrir le dialogue, je vais en parler aux partenaires sociaux,
00:14:31 on va parler reconversion, fin de carrière, usure au travail", vous lui laissez une chance ?
00:14:37 Je veux bien lui laisser une chance, après je ne crois plus aux belles paroles.
00:14:42 Ah oui, c'est du bout des lèvres, vraiment.
00:14:46 Yves de Talwade, vous êtes dans une situation un petit peu différente puisque vous êtes patron, vous avez des salariés,
00:14:52 encore une fois vous dirigez les faillanceries d'Eugéen, c'est un savoir-faire à la française.
00:14:57 Est-ce que vous redoutez, à la suite de cette interview, une montée générale des mécontentements
00:15:03 qui a certainement un impact sur votre société et votre entreprise ?
00:15:08 Oui, bien sûr, je pense qu'on le redoute tous.
00:15:14 Néanmoins, moi je voudrais quand même porter un discours un peu différent de tout ce qui vient d'être entendu
00:15:19 parce que si on regarde l'évolution de la France depuis, mettons, 6-7 ans,
00:15:24 force est quand même de constater que d'un point de vue économique, on a un chômage qui n'a jamais été aussi bas,
00:15:32 on a des entreprises qui sont en train de redevenir compétitives, grâce à cette compétitivité,
00:15:39 on est capable de recruter, on est en train de relocaliser des usines, des unités de production en France.
00:15:46 Donc tout ce mouvement, moi il me semble quand même très positif et il me semble positif
00:15:51 parce qu'on a enfin admis que les entreprises, c'était pas des vaches à lait qui servaient à financer absolument tout,
00:16:00 c'était des entités qui devaient être compétitives, qui devaient pouvoir vendre leurs produits
00:16:06 et qui devaient être donc sur un marché.
00:16:10 Donc ce qu'a entrepris le président Macron depuis maintenant le début de son premier quinquennat,
00:16:20 c'est d'essayer de rendre ses entreprises compétitives.
00:16:26 Donc moi je trouve que c'est assez réussi, il faut bien sûr continuer, mais c'est assez réussi.
00:16:33 Ensuite sur le sujet même des retraites…
00:16:35 Et du mécontentement général, là.
00:16:38 Et des grèves, blocages, rassemblements ?
00:16:41 On va pas parler de tous les malheurs qui affligent la France juste au moment où on parle des retraites.
00:16:48 Mais c'est l'actualité de ces jours derniers là quand même.
00:16:52 Oui, bien sûr. On a cette tendance, si vous voulez, à cristalliser autour d'un seul sujet tous les mécontentements du monde.
00:17:04 On peut pas tous les résoudre, mais là où je voudrais attirer l'attention, c'est que 1) l'économie française est quand même plutôt en bonne santé,
00:17:14 plutôt en train de redémarrer. Il faut continuer, mais la dynamique me sent positive.
00:17:19 Deuxièmement, sur les retraites, je crois, je suis pas un grand spécialiste,
00:17:24 mais il me semble qu'on est le seul pays industrialisé à ne pas avoir une retraite avant 63, 64, 65 ans.
00:17:34 Donc la réforme en soi, elle me paraît pas totalement déplacée, totalement en gros, ça me paraît au contraire assez naturel.
00:17:43 Maintenant, bien sûr, il faut tenir compte des carrières difficiles, et il y en a un certain nombre, notamment chez nous.
00:17:51 Donc les dispositifs particuliers pour la pénibilité, pour les carrières longues, tout ça doit être pris en compte.
00:18:00 Il me semble que la réforme actuelle le prend en compte.
00:18:04 Donc quelque part, moi j'ai un petit peu de mal à comprendre cette focalisation extrême sur l'âge de départ.
00:18:13 Oui, sur ce totem.
00:18:15 Je crois que Sébastien Poté voulait réagir à ce que vous disiez, monsieur de Talouette.
00:18:20 Sébastien, si on peut... Alors, on vous a retrouvé. Guillaume Courade aussi, sinon.
00:18:30 Je vais répondre un petit peu à ce qui vient d'être dit.
00:18:34 Effectivement, sur les raisons technocratiques, on peut voir que le chômage et peut-être l'économie repartent, comme ce qui vient d'être dit.
00:18:44 Mais à quel prix ? On voit au saccage de notre modèle social, on voit la réforme de la sécurité sociale, on voit la réforme de l'assurance chômage,
00:18:56 on voit la réforme des retraites, du saccage de la fonction publique. On voit que c'est détricoté au fur et à mesure.
00:19:01 En fait, on voit l'action qui est menée, c'est la précarisation ni plus ni moins de la société française.
00:19:06 On voit que même les fonctionnaires médecins sont précarisés.
00:19:09 Et on peut corréler tout ça avec d'autres chiffres.
00:19:13 On voit qu'effectivement, il n'y a plus de chômage, mais on voit que le taux de pauvreté n'a jamais été aussi fort.
00:19:18 Donc il faut se poser la question.
00:19:20 Et du moins, le sentiment d'une frange importante de la classe ouvrière français,
00:19:26 ils s'aperçoivent qu'on galère en fait tous les jours pour aller faire le plein d'essence, pour aller faire les courses.
00:19:32 Et concrètement, donc ça c'est un beau discours de dire que l'économie est repartie.
00:19:37 Mais qui en profite ? Qui profite le crime en fait ?
00:19:40 Moi, je n'en vois pas la couleur. Et mes collègues égoutiers et boueurs, ils n'en voient pas la couleur.
00:19:44 Mes collègues raffineurs, c'est pareil.
00:19:46 Où est passé l'argent ?
00:19:48 Une question de Raphaël Stainville. Alors précisez à qui ça reste votre question.
00:19:52 Oui, j'ai une question pour Oued Otaouet, qui est chef d'entreprise industrielle.
00:19:55 Le chef de l'État se fait liciter et disait qu'on a gagné la bataille de la réindustrialisation.
00:20:02 Pour autant, j'ai l'impression que ces derniers mois, on n'a jamais connu autant de défaillance d'entreprise.
00:20:08 Est-ce que justement dans ce contexte, et ça va bien au-delà de cette question des seules retraites,
00:20:13 mais on parle souvent de cette réforme du marché de l'électricité qui est en cours,
00:20:18 mais qui ne sera pas opérationnelle avant un an. Est-ce que vous, en tant que chef d'entreprise,
00:20:22 en tant qu'industriel, vous ne payez pas un lourd tribut aux choix qui ont été faits ces dernières années
00:20:28 de rester finalement dans ce marché de l'électricité, où vous payez une électricité très très chère ?
00:20:33 Je vais vous demander une réponse courte, s'il vous plaît, en tout cas la plus courte possible.
00:20:36 Il y a en fait deux questions. La première, c'est est-ce que les entreprises sont compétitives pour toujours ?
00:20:46 La réponse, c'est évidemment non. On a inversé une tendance.
00:20:51 Il me semble qu'on est connu pour avoir le taux de chômage le plus haut de toute l'Europe
00:20:57 et quasiment le plus haut de toute l'OCDE.
00:20:59 Aujourd'hui, tout d'un coup, on n'a jamais connu un taux de chômage aussi bas.
00:21:04 Je vous parle de l'emploi industriel pérenne.
00:21:06 Il y a forcément une aversion de tendance et il faut poursuivre.
00:21:11 Elle est très loin d'être et acquise et continue.
00:21:16 La deuxième question que vous me posez, c'est en tant qu'industriel, un point de vue sur l'énergie.
00:21:22 Effectivement, nous sommes une industrie qui consomme beaucoup d'énergie
00:21:27 et je vous avoue que je ne comprends strictement rien à notre prix d'électricité
00:21:32 qui a été multiplié par 4 depuis un an et qui, moi, personnellement, me pénalise très lourdement.
00:21:40 Donc, j'appelle de mes voeux une réforme sur ce point-là,
00:21:43 de telle façon à ce qu'on puisse bénéficier d'une électricité qui, d'après ce que j'en lis,
00:21:48 est plutôt compétitive puisqu'elle est fabriquée par des centrales nucléaires
00:21:53 qui, a priori, sont plutôt compétitives dans leur prix de production.
00:21:57 Alors, j'en profite, puisqu'on a notre spécialiste des questions économiques de CNews, Eric de Reitmann,
00:22:02 d'un point de vue économique, ce discours d'Emmanuel Macron.
00:22:04 On a parlé avec Gauthier du point de vue politique et de l'impact que pouvait avoir ce discours.
00:22:09 Qu'en est-il d'un point de vue économique ? Je m'appuie sur la réponse d'Yves de Talouette.
00:22:14 L'économique, il est égal à lui-même, à Emmanuel Macron.
00:22:17 C'est vrai qu'il a toujours dit ce qu'il faisait et ce qu'il ferait. Il l'a fait.
00:22:20 On ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir augmenté le SMIC.
00:22:23 Il a rappelé que ça a quand même augmenté de 9,5% plus que l'inflation.
00:22:27 Donc, il y a eu un effort. Et c'est rare dans le passé qu'il y ait eu de tels efforts.
00:22:30 Et puis, deuxièmement, j'ai retenu une chose importante.
00:22:33 Ça ne va peut-être pas faire plaisir à beaucoup de monde, mais le pays a été habitué à dépenser pendant des années.
00:22:38 C'est vrai qu'on a vécu dans un pays luxueux, très confortable, avec beaucoup de générosité.
00:22:44 Et là, maintenant, il justifie la réforme et l'effort justement par ce coup de tour de vis, si vous voulez.
00:22:50 Oui, c'est ce qu'il a dit. Sinon, c'est de faire payer nos enfants si on ne le fait pas.
00:22:53 Exactement. Et puis, il a donné un chiffre qui m'intéresse. C'est que le monde a changé.
00:22:56 Quand il est arrivé sur le marché du travail, il y avait 10 millions de retraités.
00:22:59 Maintenant, on est à 17 millions. Il y en aura 20 millions en 2030.
00:23:02 Donc, le monde évolue et il faut s'adapter. On ne peut pas rester justement dans l'immobilisme.
00:23:06 Et il a justifié ces réformes. Et je note aussi une chose.
00:23:09 C'est qu'on ne parle plus que de la réforme de la retraite, mais d'un mécontentement général,
00:23:13 alors vous dites, sur les salaires, sur la formation professionnelle, sur les carrières longues, etc.
00:23:18 Donc, ce n'est plus seulement la réforme de la retraite, c'est un ensemble de mécontentements.
00:23:22 Et là, je termine par un point. Il y a des choses qui marchent en France.
00:23:25 Il y a des choses qui marchent. Il faut le montrer. Or, on a tendance un peu à montrer que ce qui ne va pas.
00:23:29 Alors, Valéry, Sébastien et Guillaume, en un mot pareil, comme au début de l'émission,
00:23:34 est-ce que les arguments économiques qu'a utilisé Emmanuel Macron et qui ont été repris par Éric de Ritmaten,
00:23:40 est-ce qu'ils sont susceptibles de vous convaincre en disant, voilà, on a dépensé beaucoup,
00:23:44 maintenant il faut qu'on serre les boulons ? C'était ça que vous aviez dit ? Il faut qu'on serre les vis ou les boulons ?
00:23:49 Parce que sinon, ce sont nos enfants qui vont payer. Est-ce que ça, c'est un argument que vous pouvez entendre ?
00:23:55 Alors, réponse courte. Valéry ?
00:23:58 Que mes enfants payent ? Non, ça, je ne peux pas l'entendre.
00:24:01 Donc, vous êtes sensible à ça. Peut-être, est-ce que ça veut dire que vous êtes prête à faire quelques efforts,
00:24:06 j'allais dire budgétaires, à l'échelle de la société, bien sûr. Je ne vous parle pas individuellement.
00:24:11 Mais ça passe par cette réforme des retraites notamment, c'est ce qu'a expliqué le chef de l'État.
00:24:15 Alors, je suis prête, oui. Mais à l'inverse, je pense qu'il y a des gens qui devraient aller travailler aussi.
00:24:21 Je pense qu'on devrait arrêter l'assistanat, qu'on devrait faire des choses un peu différentes,
00:24:26 que ça ne soit pas tout le temps le même, qu'il soit fonctionné. Je pense qu'en France, on ne motive pas les gens à travailler.
00:24:32 Donc, moi, je veux bien payer. Je veux bien payer des impôts. Mais par contre, je ne veux pas payer pour ceux qui ne travaillent pas.
00:24:38 Sébastien ?
00:24:39 Je ne veux pas payer pour tout ça.
00:24:40 Sébastien, une réponse courte également avant qu'on parte en pub.
00:24:43 Ah, oui.
00:24:47 Sébastien, on a un problème de son, je suis navrée. Guillaume, est-ce qu'on vous entend ?
00:24:54 Oui, moi j'entends très bien. Juste pour revenir sur ce qui fonctionne effectivement, on le voit très bien sur Paris.
00:25:00 La fonction publique et le service de compétité de la ville de Paris fonctionnent très bien.
00:25:04 Parce que là, on s'aperçoit que les pays qui sont en grève, rien ne fonctionne.
00:25:07 Donc, c'est que le service public fonctionne. Et nous, on est là pour protéger ce service public.
00:25:12 Après, les enfants paient la dette, l'argent est là. Ça produit 9000 euros par jour de plus-value.
00:25:20 Et l'argent est là, il est créé. La richesse est créée. Et effectivement, il y a une force vive en France.
00:25:25 Mais c'est la redistribution qui n'est pas bonne. Alors, on voit que quasiment tous les voyants sont verts.
00:25:30 Mais en fait, la vie, elle ne se fait pas dans les tables Excel.
00:25:32 Moi, je suis sur le terrain, je vous dis, dans la vie, on voit qu'on galère tous les jours.
00:25:37 Et c'est ça qu'ils ont envie, concrètement, que le gouvernement, il faut qu'il le fasse.
00:25:41 Et c'est pour ça qu'il y a ce qui se passe actuellement dans la rue.
00:25:44 Même si c'est minimisé, on voit qu'il y a un embrasement de la société.
00:25:47 On va continuer d'en parler, justement. Merci beaucoup à tous les quatre.
00:25:51 Vous restez en ligne. Merci notamment à Valérie Higuène qui doit nous quitter.
00:25:54 Et c'est William, un enseignant, qui va prendre sa place.
00:25:58 Au revoir à vous Valérie. Merci encore d'avoir témoigné.
00:26:01 D'ailleurs, si vous voulez aussi témoigner, n'oubliez pas un témoin au pluriel, @cnews.fr.
00:26:06 N'hésitez pas à nous écrire. On se retrouve après quelques instants de pub pour reprendre notre débat.
00:26:11 Merci.
00:26:13 Et c'est la parole aux Français qui reprend. On commence par un flash info avec Mathieu Deveze.
00:26:24 Emmanuel Macron persiste et signe. Après deux mois de manifestation, le chef de l'État réaffirme
00:26:29 la nécessité de la réforme des retraites pour le pays.
00:26:32 Lors d'un entretien d'une trentaine de minutes que vous avez pu suivre sur CNews,
00:26:35 Emmanuel Macron dit accepter d'endosser l'impopularité.
00:26:39 Selon lui, la réforme des retraites doit entrer en vigueur d'ici à la fin de l'année.
00:26:43 De leur côté, les syndicats n'ont pas tardé à réagir.
00:26:46 Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, accuse Emmanuel Macron d'avoir menti
00:26:50 à propos de la position du syndicat sur les retraites.
00:26:53 Pour, je cite, "masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme".
00:26:57 Et selon le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez,
00:27:00 les propos du président sont du mépris pour les millions de personnes qui manifestent.
00:27:05 Dans ce contexte, entre 40 et 50% des professeurs du primaire seront en grève demain,
00:27:09 à l'occasion de la nouvelle journée de mobilisation intersyndicale.
00:27:13 De fortes mobilisations prévues dans de nombreux départements,
00:27:16 comme les Bouches-du-Rhône, les Pyrénées-Orientales ou la Haute-Vienne.
00:27:19 La plus importante mobilisation dans l'éducation nationale dans le cadre de la contestation
00:27:23 contre la réforme des retraites date de la première journée de manifestation,
00:27:27 organisée le 19 janvier.
00:27:29 Comment avez-vous trouvé le chef de l'État ? Quelle est votre réaction ?
00:27:34 Est-ce que cela renforce votre colère, votre détermination à aller dans la rue demain ?
00:27:38 Ou au contraire, est-ce que ses propos vous ont rassuré ou apaisé ?
00:27:41 On en parle, c'est la parole aux Français.
00:27:43 On vous donne la parole et on écoute vos réactions.
00:27:46 Je suis également en compagnie de Raphaël Stainville, Éric de Ritmaten et Gautier Lebray.
00:27:50 Nous sommes toujours en ligne avec Sébastien Poté, qui est conducteur routier,
00:27:54 Yves de Talouet, qui dirige les faienceries de Gien,
00:27:58 et Guillaume Condrat, qui est gouttier,
00:28:00 et William, qui est enseignant, va nous rejoindre, professeur des écoles,
00:28:04 même qui va nous rejoindre d'un instant à l'autre,
00:28:06 dès qu'on arrivera à établir la liaison.
00:28:09 En attendant, Gautier Lebray, je voudrais revenir sur le côté politique de ce discours.
00:28:13 Vous avez dit "pas de remaniement, pas de dissolution, pas de référendum",
00:28:16 donc pas de grosses annonces. Est-ce qu'il y en a eu quand même ?
00:28:18 Non, il n'y a pas du tout de grosses annonces,
00:28:20 alors qu'hier soir, l'Elysée laissait entendre que des annonces pourraient marquer l'opinion.
00:28:25 Alors, à part une annonce sur la meilleure répartition des super-profits au sein des entreprises,
00:28:29 il n'y a pas d'annonce majeure, absolument pas.
00:28:32 Et puis, effectivement, Emmanuel Macron, il est droit dans ses bottes,
00:28:35 donc pas de référendum, pas de remaniement, pas de dissolution.
00:28:38 Il a dit que le texte allait suivre son cours,
00:28:42 et que là, il est devant le Conseil constitutionnel.
00:28:44 Il espère évidemment que le Conseil constitutionnel valide ce texte.
00:28:47 Ça, ce n'est pas fait.
00:28:48 Il y a des points qui pourraient être retoqués par le Conseil constitutionnel,
00:28:51 puisqu'on est dans un texte budgétaire,
00:28:52 donc les points qui ne sont pas budgétaires, justement, comme l'index senior.
00:28:57 Mais évidemment, pas d'annonce majeure de la part du chef de l'État,
00:29:00 pas de "mea culpa" non plus, un regret,
00:29:03 ne pas avoir réussi à faire comprendre aux Français la nécessité de cette réforme.
00:29:07 Donc, c'est quasiment aussi de la faute des Français dans l'esprit...
00:29:09 De ne pas avoir compris, en fait.
00:29:10 De ne pas avoir compris pourquoi cette réforme est indispensable,
00:29:12 parce qu'il y a moins d'actifs pour plus de retraités.
00:29:14 Alors justement, les Français, on en parle, et on va leur poser la question, Raphaël Stavridis.
00:29:18 Oui, justement, j'aimerais poser une question à tous nos invités,
00:29:21 et d'abord revenir sur un grand...
00:29:22 À tous ?
00:29:23 Oui, à tous, parce que je ne connais pas exactement leur positionnement.
00:29:25 D'abord, je voudrais revenir sur un grand malentendu
00:29:28 qui explique probablement l'impasse politique et sociale auquel nous assistons aujourd'hui,
00:29:32 c'est-à-dire les conditions de l'élection d'Emmanuel Macron.
00:29:35 Emmanuel Macron n'a pas été élu sur la promesse,
00:29:38 sur cette promesse qui était phare dans son programme,
00:29:40 et qui était probablement la seule, de faire cette réforme des retraites.
00:29:44 Mais d'abord, parce qu'il avait face à lui au deuxième tour Marine Le Pen.
00:29:47 Ça, c'est la première chose, et donc c'est pour ça que je voudrais interroger nos invités.
00:29:52 C'est que lorsqu'ils ont entendu, au soir du second tour,
00:29:55 Emmanuel Macron dire "ce vote m'oblige",
00:29:58 parce qu'il avait bien conscience qu'il n'avait pas été élu sur son programme,
00:30:02 mais bien pour faire rempart finalement à Marine Le Pen.
00:30:05 Je voulais savoir, parce que probablement parmi eux,
00:30:08 certains ont voté Emmanuel Macron, s'ils ne se sont pas sentis trahis,
00:30:12 et que ce n'est pas d'abord ça, l'une des raisons de cette situation de blocage,
00:30:17 et de cette colère.
00:30:20 Alors Sébastien Poté, j'espère qu'on vous entend cette fois,
00:30:22 je vous donne la parole en premier pour que vous puissiez réagir.
00:30:25 J'espère aussi parce que je commence à m'endormir.
00:30:28 Non, mais non, restez avec nous, on vous entend, ça y est, c'est parfait.
00:30:31 Je reviens sur le second tour des présidentielles.
00:30:35 Il est clair, de toute façon, je n'ai pas voté Macron,
00:30:38 parce que je ne voulais pas de second mandat de Macron,
00:30:42 et que maintenant les gens se déchargent pour se dire
00:30:45 "ah ben moi je n'ai pas voté Macron, et j'ai voté pour faire barrage au Front National".
00:30:49 Qu'est-ce que tu as mis dans l'Europe ?
00:30:51 Tu as mis Macron, donc maintenant tu assumes.
00:30:54 Donc il faut assumer aussi la connerie des électeurs,
00:30:56 et la connerie aussi des députés qui n'ont pas fait leur boulot,
00:31:00 qui ont menti aussi à leurs électeurs pendant l'élection.
00:31:04 Nous sommes dans un pays de menteurs,
00:31:06 où les gens se caressent des boloss, se foutent de tout,
00:31:10 et après c'est la faute d'un tel, d'un tel, d'un tel.
00:31:13 En gros, ce que vous dites dans un langage plus ou moins fleuri,
00:31:16 c'est qu'il faut assumer les conséquences d'un bulletin qu'on a mis dans l'urne.
00:31:21 Mais bien sûr, bien sûr.
00:31:23 Moi je sais qu'on ne pouvait pas recommencer avec M. Macron.
00:31:29 Bon, l'extrême gauche a pris une pilule.
00:31:32 On n'allait pas rebrouter pour les mêmes stages, c'est tout.
00:31:35 Donc il faut l'extrême, l'extrême, il faut goûter, on va goûter.
00:31:38 Peut-être qu'au bout de six mois de mandat de Mme Le Pen,
00:31:41 il y aurait eu un bordel et on serait reparti sur des nouvelles valeurs,
00:31:44 peut-être un peu plus suants.
00:31:46 Il fallait porter ses fagots dans les suants, pas maintenant.
00:31:50 Guillaume Couratte, qu'est-ce que vous en pensez, vous,
00:31:52 pour répondre à la question de Raphaël Stainville ?
00:31:54 Est-ce que vous êtes sur la même ligne que Sébastien Potet ?
00:31:57 Non, pas du tout, pas du tout sur la même ligne.
00:32:00 Pour moi, le problème, ça n'a pas été le deuxième tour,
00:32:02 ça a été le premier tour où on n'a pas réussi à mobiliser un vrai contre-pouvoir.
00:32:06 Après, tous les Français qui étaient dans l'impasse entre voter Macron
00:32:10 ou Mme Le Pen étaient avec, je ne vais pas dire le contradiction,
00:32:14 mais c'est surtout leur état de conscience, à savoir qu'est-ce qui était…
00:32:18 voilà, comment faire barrage à Marine Le Pen.
00:32:20 Ça, c'est clair et net.
00:32:21 Et que pour tous les copains et toutes les copines que je connais au travail
00:32:25 et dans ma vie personnelle, ça a été très compliqué et on l'a vu.
00:32:30 Après, c'est un jeu politicien, on le voit bien.
00:32:36 Il était entre les deux tours, là on le voyait.
00:32:39 « Ah, mais ne vous inquiétez pas, les formes d'air-trade, je vous ai bien compris.
00:32:42 Je ne sais plus, c'était 56, de 56 à 54, ne vous inquiétez pas,
00:32:46 on va lancer de la fiscale. »
00:32:48 Et en fait, ce n'est que du… je ne vais pas dire du baratin,
00:32:51 mais c'est du jeu politique.
00:32:52 En fait, on n'est que dans la parole.
00:32:53 Et c'est pour finir sur ces propos qu'il a fait là dernièrement,
00:32:56 en disant qu'il va relancer les consultations avec les syndicats pour la pénibilité.
00:33:04 C'est de la stratégie politique, c'est vraiment de la stratégie politique.
00:33:08 Et ça, on ne peut plus l'entendre.
00:33:09 Et je pense que pour beaucoup de personnes, l'intervenante de tout à l'heure,
00:33:12 elle le disait très bien, en fait, elle y croit à demi-mot,
00:33:14 mais en fait, on ne se fait plus avoir, on s'est fait avec les Gilets jaunes,
00:33:18 on s'est fait bien avoir avant avec la réforme du chômage.
00:33:21 Et en fait, ce n'est que des bonnes paroles.
00:33:23 Et en fait, ils sont dans leur tour d'ivoire et avec des lois complètement technocratiques
00:33:29 pour remplir, je veux dire, que les cases soient ouvertes,
00:33:31 mais sans une analyse fine de la vie sur le terrain.
00:33:34 Et vos images qui passent actuellement à la télé,
00:33:38 il faut quand même se réveiller un moment, il se passe quelque chose en France.
00:33:41 On ne peut pas avoir ce métier.
00:33:42 Vous dénoncez la politique politicienne, comme on dit.
00:33:43 Il y a une réaction de Gauthier Lebray à ce que vous dites, à vos propos, Guillaume.
00:33:47 Effectivement, Emmanuel Macron, qui a appelé les syndicats quasiment à se remettre autour de la table.
00:33:52 On a vu leur réaction.
00:33:53 Laurent Berger qui parle de dénier de mensonge.
00:33:56 Philippe Martinez qui dit que c'est du foutage de gueule.
00:33:58 Et je rappelle que la semaine prochaine, Philippe Martinez laissera sa place
00:34:02 et ne sera plus à la tête de la CGT.
00:34:04 La première mesure, la première action de celle ou de celui qui va lui succéder
00:34:09 ne pourra pas d'être autour de la table avec Emmanuel Macron.
00:34:13 Surtout que je rappelle qu'Emmanuel Macron a refusé,
00:34:15 ça ne lui a d'ailleurs pas été rappelé dans cette interview,
00:34:17 a refusé la semaine dernière de recevoir les syndicats.
00:34:20 Donc la tension est évidemment pas là.
00:34:22 On ne va pas recevoir les syndicats à Emmanuel Macron.
00:34:23 J'en profite pour saluer William qui nous a rejoint,
00:34:25 qui est professeur des écoles, que l'on a pu voir la semaine dernière dans les manifestations.
00:34:29 Bonjour à vous, merci d'être en direct avec nous.
00:34:31 J'espère que vous avez pris le débat en cours.
00:34:33 On a eu quelques petits soucis pour se joindre.
00:34:35 Je vous avais eu la semaine dernière, je vous avais interviewé pendant la manifestation.
00:34:40 Entre temps, il y a eu le recours au 49.3 et il y a eu les différentes manifestations, grèves et blocages.
00:34:46 Cette interview du président de la République, vous avez certainement écouté.
00:34:49 Et demain, une nouvelle grève et une nouvelle journée de manifestation.
00:34:54 Ma question, elle est simple.
00:34:55 Est-ce que l'interview d'Emmanuel Macron renforce votre volonté,
00:35:01 votre détermination à descendre dans la rue demain ou non ?
00:35:04 Oui, tout à fait.
00:35:07 On voit bien qu'Emmanuel Macron, ce qu'il essaye de faire, c'est de passer à un autre temps
00:35:11 et de faire comme si c'était terminé et que tout le monde avait oublié ce qui était en train de se passer.
00:35:16 Là, ce qu'on peut se rendre compte, c'est que moi, si vous voulez, j'étais en manifestation
00:35:21 et j'avais décidé de reprendre là pour revoir mes élèves,
00:35:25 parce que je suis vraiment très inquiet vis-à-vis de leur scolarité.
00:35:28 Et finalement, quand je suis retourné en classe et que j'ai retrouvé mes collègues,
00:35:33 en entendant le 49.3, ils ont quasiment décidé à l'unanimité de venir en manifestation avec moi.
00:35:39 Donc je dis, c'est sûr qu'il va y avoir vraiment, vraiment beaucoup de mobilisation.
00:35:43 Maintenant, c'est sûr qu'Emmanuel Macron, il a été énormément, comment dire, offensif pendant son intervention.
00:35:51 Là, moi, j'entends s'abstraire du principe de réalité.
00:35:54 Mais moi, quand je suis en AG, c'est clair que c'est Emmanuel Macron
00:35:57 qui est complètement abstrait du principe de réalité.
00:36:00 Il ne connaît pas du tout la précarité, il ne connaît pas du tout le quotidien des travailleurs et travailleuses.
00:36:05 - Ah mais bon, rejoignez ce que dit Guillaume Corrin, c'est ce qu'il a dit.
00:36:09 - Alors par contre, effectivement, nous, on a effectivement une solution pour sortir de cet impasse.
00:36:14 Ça va être de généraliser la grève, ça va être de faire en sorte qu'il y ait un maximum de personnes qui entrent dans la grève.
00:36:19 Et ça va être aussi l'autogestion, puisqu'en fait, les personnes qui connaissent le mieux leur travail,
00:36:23 ce sont les travailleurs, ce sont les personnes qui les pratiquent.
00:36:25 Et on voit bien que ça ne peut plus passer que des personnes qui décident pour les personnes qui font le travail.
00:36:31 Ce n'est plus possible. En fait, ce sont des personnes qui doivent s'organiser par le bas
00:36:35 et pouvoir décider eux-mêmes de leurs conditions de travail
00:36:39 et d'avoir aussi leur mot à dire sur la manière d'exercer son travail.
00:36:43 - Alors on l'entend, votre colère n'est pas du tout, mais alors pas du tout apaisée.
00:36:48 Une question d'Éric de Ritmaten pour Yves de Talouette.
00:36:51 - Oui, ça y est, Yves de Talouette, moi je sais que vous êtes donc chef d'entreprise,
00:36:54 vous avez des machines qui tournent, des salariés,
00:36:58 tout ce chaos social qui commence à prendre de l'ampleur.
00:37:02 - Et qui risque de continuer, si on en croit en tout cas ce que nous a dit William et Guillaume.
00:37:07 - Voilà, vous vous dites, il ne faut pas que ça dure, combien de temps vous pouvez tenir ?
00:37:11 Allô, allô ?
00:37:16 - Alors oui, écoutez, combien de temps on peut tenir ?
00:37:19 - Ah, la question c'était pour Yves de Talouette justement, qui dirige une entreprise.
00:37:23 - Je ne sais pas s'il nous a entendu. Monsieur de Talouette, vous nous entendez ?
00:37:26 - Vous pouvez tenir combien de temps ? Parce que le président Macron a dit que l'industrie c'était prioritaire.
00:37:30 Or vous allez... Non, il nous entend.
00:37:33 - Non, je crois qu'Yves de Talouette ne nous entend pas.
00:37:35 Alors William, allez-y, combien de temps vous pouvez tenir ? Parce que vous aussi...
00:37:38 Et d'ailleurs Sébastien, Guillaume, c'est la même chose, ces jours de grève, elles vous coûtent financièrement.
00:37:42 Ah, on a retrouvé Yves de Talouette.
00:37:44 - Allô, allô ?
00:37:49 - Monsieur de Talouette, vous nous entendez ? Là, on va y arriver.
00:37:52 - Je vous ai entendu, je suis dans la question.
00:37:55 - En fait, la question d'Éric, c'est... Voilà, il y a tous ces rassemblements, toutes ces grèves,
00:37:59 elles ont aussi un impact sur notre économie pour vous.
00:38:02 Donc, combien de temps est-ce que vous pouvez, j'allais dire, supporter une France qui est impactée comme ça ?
00:38:09 Parce que vous avez des salariés, vous avez des commandes, vous avez une entreprise à faire tourner.
00:38:14 - Oui, vous m'entendez, là ?
00:38:17 - Oui, on vous entend, on vous voit.
00:38:19 - D'accord. Bon, ben...
00:38:22 Moi, j'aime pas beaucoup cette question parce qu'on peut tenir très peu.
00:38:28 On peut pas tenir. Donc...
00:38:31 - Ah, mais c'est pas une question de l'aimer ou pas, c'est que vous venez de répondre.
00:38:34 Pour vous, c'est très difficile d'avoir et de diriger une entreprise dans ces conditions-là.
00:38:38 Ah, malheureusement. Bon...
00:38:40 - Mais on peut y aller, c'est ce qu'on a racheté.
00:38:42 - Oui, voilà, il l'aimait tellement pas qu'il a préféré...
00:38:45 - Le commentaire, c'est ça.
00:38:47 - Je vais rebondir sur ce qu'en a pas dit ce chef d'entreprise, Yves de Talouette,
00:38:51 mais au tout début, sa première intervention, lorsqu'on l'interrogeait sur l'intervention du chef de l'État,
00:38:57 c'était de dire, finalement, je n'attendais pas grand-chose.
00:39:00 Et je pense que, finalement, c'est probablement le sentiment le mieux partagé
00:39:04 autour de cette table et de tous ceux qui nous regardent.
00:39:07 Finalement, j'ai l'impression que plus personne n'attend rien, aujourd'hui, du pouvoir politique,
00:39:12 actant, finalement, ce divorce entre le peuple et...
00:39:16 - Mais ce qui est terrible aussi, ça veut dire qu'on s'achemine vers une véritable crise démocratique.
00:39:21 - C'est la question, c'est est-ce que, finalement, on n'est pas dans une période préinsurrectionnelle ?
00:39:25 - On a tellement vu l'impasse dans laquelle se trouve Emmanuel Macron
00:39:28 que parmi l'une des annonces que je n'ai pas évoquées tout à l'heure,
00:39:31 en plus ça a été confirmé par l'un de ses conseillers après auprès de l'agence France Presse
00:39:34 parce qu'il ne l'a pas vraiment annoncé, c'est que le projet de loi immigration
00:39:37 qui devait arriver la semaine prochaine au Sénat n'arrivera pas la semaine prochaine au Sénat.
00:39:40 Pourquoi ? Une majorité de droite a trouvé au Sénat, c'est une possibilité
00:39:45 pour le gouvernement parce que quand vous échangez avec les sénateurs LR,
00:39:48 ils veulent modifier le texte mais pourquoi pas le voter in fine.
00:39:51 Par contre, les députés, les républicains, à commencer par Eric Ciotti,
00:39:54 avaient dit non, on ne votera pas ce projet de loi immigration,
00:39:57 ce qui obligerait le gouvernement à utiliser un nouveau 49.3.
00:40:00 Évidemment, c'est impossible.
00:40:03 Donc, ils veulent tenter de trouver des textes qui pourraient faire consensus
00:40:06 pour essayer d'aller chercher un coup à droite, un coup à gauche.
00:40:10 Mais on a bien vu avec la réforme des retraites que parfois ça ne fonctionne pas.
00:40:13 Donc, il n'y a pas de majorité absolue au Parlement, on l'a bien vu à l'Assemblée nationale.
00:40:17 Et Emmanuel Macron se retrouve donc dans une impasse parce que s'il dissout,
00:40:20 il perdrait ce qui lui reste de majorité relative.
00:40:23 Et s'il ne dissout pas, il va devoir composer avec son manque de majorité absolue.
00:40:28 Et on l'a bien vu, parfois, il est obligé de recourir au 49.3.
00:40:31 Et on rappelle que les 49.3 ne sont pas illimités si on sort des textes budgétaires.
00:40:35 Vous n'avez le droit qu'à un 49.3 par session, hormis les textes budgétaires.
00:40:40 En tout cas, ce qui ressort, et je m'appuie sur ce que vous avez dit, Raphaël Stainville,
00:40:43 c'est le côté divorce entre d'un côté une sorte de pouvoir.
00:40:47 Et là, je reprends les propos peut-être de Guillaume Comrade.
00:40:50 Vous allez m'approuver ou non ce que je dis.
00:40:53 D'ailleurs, sur le côté, il y a une sorte d'élite technocratique politicienne.
00:40:57 Et puis, le peuple. Et là, je m'appuie sur ce que nous a dit aussi William,
00:41:01 en disant qu'il est peut-être déconnecté de ce que nous vivons, nous, au jour le jour.
00:41:04 Je vous redonne la parole, Sébastien.
00:41:06 J'ai vu vos petits signes, vous voulez réagir, Sébastien, Guillaume.
00:41:09 Et William, on va commencer par Guillaume. Je vous écoute.
00:41:12 Oui, déjà, j'aimerais faire un petit peu de sémantique,
00:41:15 parce que j'entends souvent chaos social, chaos social.
00:41:17 Mais là, on n'est pas du tout dans un chaos social.
00:41:19 Il faut faire attention pour les téléspectateurs.
00:41:21 On est dans une révolte sociale ou un socio-social.
00:41:24 Ça, c'est déjà beaucoup plus bénéfique dans le dialogue.
00:41:28 Ça, ça dépend de quel point de vue on se passe.
00:41:30 Là, c'est toujours pareil.
00:41:31 J'imagine qu'Ile de Talouet n'aurait pas utilisé les mêmes mots non plus.
00:41:34 C'est sûr. Non, mais il y a une prise de conscience.
00:41:37 Et d'un côté, je dirais merci au 49.3 qui a fait une prise de conscience collective,
00:41:42 du moins dans la classe des travailleurs qui se mobilisent concrètement.
00:41:47 Il y a une prise de conscience du camarade, du professeur qui a fait la parole.
00:41:53 Oui, William.
00:41:54 On le disait très bien.
00:41:55 Voilà, William, il l'a très bien dit.
00:41:56 C'est qu'en fait, il y a une prise de conscience.
00:41:58 Et là, il se prépare quelque chose.
00:42:01 Et surtout, c'est l'autogestion.
00:42:03 C'est vraiment l'autogestion.
00:42:05 On est passé à la troisième phase.
00:42:07 La première phase, c'était, si vous voulez, l'intersyndicale,
00:42:10 les manifestations plomplom avec le barbecue et la musique.
00:42:15 La deuxième phase, c'était début mars avec la reprise de l'outil de travail
00:42:19 et les occupations des sites.
00:42:22 Et là, on voit qu'on est sur la troisième phase avec le 49.3.
00:42:26 C'est une autogestion qui commence à se créer dans les différents corps ouvriers.
00:42:31 Et on voit une radicalisation qui est quand même, je ne vais pas dire insurrectionnelle,
00:42:37 mais qui est déterminée à faire plier le gouvernement.
00:42:40 Et bien sûr, pas uniquement pour la réforme des retraites,
00:42:43 mais pour un idéal social.
00:42:45 On le voit très bien, on le comprend trop bien.
00:42:47 La vie quotidienne des Français, elle est énormément impactée.
00:42:50 Qui aujourd'hui ne souffre pas de l'inflation ?
00:42:52 Qui aujourd'hui ne souffre pas de l'augmentation des tarifs de l'énergie ?
00:42:55 Qui ne souffre pas de la précarisation de l'emploi ?
00:42:59 C'est ça.
00:43:01 Et si après, c'est pour nous proposer un modèle social allemand,
00:43:04 où on voit, ou anglo-saxon, où effectivement, on est entre un emploi,
00:43:08 mais le minimum, on est tous à, comment ça s'appelle, on ne travaille pas le temps qu'il faut.
00:43:13 Et en fait, on est précarisés, on travaille avec des petits salaires.
00:43:16 Donc si c'est ça l'idéal, dans ce cas-là, c'est un modèle de société pour lequel on va lutter.
00:43:20 Alors Sébastien Peté, vous, qu'est-ce que vous en pensez ?
00:43:24 Non, je me rapproche de notre intervenant, le chaos social, c'est clair.
00:43:28 C'est ce que je pense aussi.
00:43:30 Et quand je vois aussi, parce qu'on parlait de l'Allemagne et tout ça,
00:43:33 et quand je vois que notre président de la République nous sort tout à l'heure aux infos,
00:43:38 l'infographie du Parisien avec les retraites à 67 ans,
00:43:42 où il compare que nous sommes indépendants.
00:43:44 C'est un comparatif entre pays, en fait.
00:43:46 Non, mais vous vous rendez compte, il sort l'infographie du Parisien.
00:43:49 Donc pour moi, c'est des propos qui ne caractérisent rien du tout.
00:43:52 Et comme il nous a dit, nous sommes une nation, mais un vieux peuple.
00:43:55 Alors, je ne comprends pas ce que ça veut trop dire, un vieux peuple.
00:43:58 Il y a quand même des jeunes.
00:44:00 Je voulais revenir surtout qu'aux Français, il faut surtout redonner le coup de l'effort du travail.
00:44:05 Il faut que les gens aillent travailler avec des salaires décents.
00:44:07 Parce qu'il y a des incompréhensions.
00:44:09 Quelqu'un qui ne va rien foutre toute sa vie, il va toucher à 900 euros.
00:44:12 Et quelqu'un qui aura boussé toute sa vie, tout sera à le minimum de 1 200 euros par mois.
00:44:16 Vous remettez en cause aussi la cistana, comme Valérie Ndiaye, l'infirmière qui était là avec nous en première partie d'émission.
00:44:23 Elle a insisté aussi sur ce point-là.
00:44:25 Elle disait qu'elle ne comprenait pas et que pour elle, la grande injustice.
00:44:27 Elle était également là, dans la cistana.
00:44:30 Des efforts, mais collectifs.
00:44:32 Que tout le monde en fasse, c'est ce que vous dites.
00:44:35 William.
00:44:36 Oui, écoutez, la réalité, c'est que dans ce pays, tout le monde a très bien compris que les richesses,
00:44:42 elles sont produites et que le pays n'a jamais été aussi riche.
00:44:45 Donc, en fait, le problème, c'est une question de répartition des richesses.
00:44:49 Les gens ont envie d'aller travailler, mais les gens ont envie de faire un travail correct.
00:44:52 Et c'est ce que je disais un peu la dernière fois.
00:44:54 C'est que moi, je suis enseignant, j'ai envie de faire mon travail correctement.
00:44:56 Les infirmières ont envie de faire leur travail correctement.
00:44:59 Et donc, du coup, c'est ça aussi qu'il va falloir batailler.
00:45:02 Ça va être les conditions de travail.
00:45:04 Moi, j'entends qu'aussi dans le privé, effectivement, c'est très difficile pour des personnes de faire grève.
00:45:08 Sauf que ce qu'ils font, c'est qu'ils décident, comme ils ne peuvent pas le faire,
00:45:11 c'est de soutenir les grévistes en mettant dans les caisses de grève.
00:45:14 Et il y a beaucoup de gens qui donnent de l'argent pour pouvoir permettre de continuer de faire des blocages.
00:45:18 Oui, parce que c'est dur, effectivement, c'est du salaire en moins.
00:45:20 Pour casser les grèves, on a essayé de faire venir les CRS, on essaye d'intimider, on essaye de faire peur.
00:45:26 Et c'est ça qu'il dit, il essaye de se présenter comme quelqu'un qui va pouvoir donner un cap.
00:45:30 Mais en fait, il n'est plus du tout crédible, puisque ses cartes, il les a déjà jouées.
00:45:33 Le Ségur, le Conseil de refondation nationale, le Grand Débat, et tout ça, en fait, s'illustre par un 49-3.
00:45:40 Donc, il n'a plus cette crédibilité-là, en fait, du dialogue.
00:45:43 Et de revenir vers les syndicats et de faire comme s'il n'y avait plus rien.
00:45:46 Ce ne sera pas possible.
00:45:48 Tout le monde est dans une grande précarité.
00:45:50 Tout le monde sait que ça va être compliqué au quotidien.
00:45:52 Et tout le monde, en fait, a le moral.
00:45:54 Parce qu'avec cette répression qui est faite, là, en ce moment, les gens se retrouvent en garde à vue.
00:45:58 Il y a même des collégiens qui se retrouvent en garde à vue.
00:46:01 Donc, on voit bien que la violence, elle vient de ce gouvernement.
00:46:04 Et bien, finalement, on a le moral, parce qu'on est déterminé, en fait, à faire retourner…
00:46:08 On a bien compris qu'on verrait dans les campagnes de demain.
00:46:10 Je crois que Gauthier Lebray avait une réaction…
00:46:12 …mais d'aller à l'offense aussi sur des nouveaux droits.
00:46:14 En 10 secondes, Gauthier, je vous ai vu réagir à ce que disait William,
00:46:18 justement, sur le travail, les conditions de travail.
00:46:20 Sur la répartition des richesses, c'est peut-être la seule annonce faite par Emmanuel Macron tout à l'heure.
00:46:24 C'est-à-dire que pour les entreprises, ça concerne malheureusement que les entreprises qui enregistrent le plus de profits.
00:46:30 Il a dit que les profits devaient être mieux partagés avec les salariés,
00:46:34 pour ces entreprises qui bénéficient de super profits.
00:46:37 Sébastien, Guillaume et William, merci beaucoup à tous les trois d'avoir réagi en direct,
00:46:44 après cette interview du chef de l'État, que vous avez pu suivre sur CNews.
00:46:47 Merci à vous pour vos commentaires et votre débat.
00:46:51 La parole au français continue, mais ce sera plutôt la parole à Marine Le Pen, à partir de 15h,
00:46:55 puisqu'elle donne une conférence de presse à l'Assemblée nationale,
00:46:57 en réaction à l'interview du président de la République.
00:47:00 Et nous la suivrons en direct.
00:47:02 Raphaël Stainville et Éric et Gauthier, vous restez bien évidemment avec nous.
00:47:05 A tout de suite sur CNews.
00:47:07 Il est 15h sur CNews, c'est l'heure du journal de Mickaël Dorian.
00:47:14 Bonjour Mickaël.
00:47:15 Rebonjour Clélie, bonjour à tous.
00:47:17 Son interview aura duré un peu plus de 30 minutes.
00:47:20 Emmanuel Macron était en direct à la télévision tout à l'heure,
00:47:23 vous avez bien sûr suivi ça sur CNews.
00:47:25 Le président de la République, dont le seul regret est de ne pas avoir réussi à convaincre
00:47:29 autour de cette réforme des retraites.
00:47:31 Il a notamment renouvelé son soutien à la Première ministre, Elisabeth Borne.
00:47:35 Je vous propose de l'écouter.
00:47:37 Elle a décidé, après avoir examiné avec l'ensemble des forces politiques,
00:47:42 de la majorité et ses ministres, pour cette réforme,
00:47:45 le fait que pour qu'elle passe, elle ne laissait aucune incertitude.
00:47:48 Elle a souhaité engager la responsabilité de son gouvernement.
00:47:51 C'est ça ce qu'on appelle le 49-3, le fameux article.
00:47:54 C'est la centième fois qu'on le fait dans notre République.
00:47:56 C'est un geste très solennel.
00:47:58 Elle a pris ses responsabilités avec son gouvernement.
00:48:01 Elle a dit au Parlement, si vous avez une majorité alternative, qu'elle s'exprime.
00:48:05 Lundi, il a été montré qu'il n'y avait pas de majorité alternative.
00:48:09 À neuf voix près.
00:48:10 Oui, mais vous savez, nous sommes en République à une voix près.
00:48:13 La pénurie de carburant se poursuit dans les bouches du Rhône.
00:48:17 11 stations-services du département sont réquisitionnées à partir d'aujourd'hui
00:48:21 jusqu'à vendredi matin pour assurer le ravitaillement des véhicules dits prioritaires.
00:48:25 Les précisions à Marseille avec Laure Parra.
00:48:29 Les premiers conducteurs sont arrivés dès 5h du matin pour atteindre cette station réquisitionnée
00:48:34 du 11e arrondissement de Marseille, l'une des trois de la ville.
00:48:38 Autorisées à faire le plein, ceux qui travaillent dans les secteurs prioritaires
00:48:42 comme la santé, les secours, la sécurité, pour ne citer qu'eux.
00:48:45 Et ils sont nombreux à patienter car la file d'attente est très longue.
00:48:49 Elle s'étale de part et d'autre sur plus de 2 km.
00:48:52 Plusieurs policiers sont d'ailleurs sur place pour réguler le trafic.
00:48:56 Un bouchon conséquent s'est formé dans le secteur et calmer les esprits.
00:49:00 Certains essaient d'éviter de faire la queue ou alors qu'ils ne sont pas prioritaires,
00:49:03 tentent d'accéder à la station.
00:49:05 Il y a de nombreux échanges houleux, des noms d'oiseaux fusent.
00:49:09 Au total, dans le département, 11 stations ont été réquisitionnées pour une durée de 48 heures.
00:49:14 Une décision prise par la préfecture de police face à la tension
00:49:18 concernant l'approvisionnement en essence des diverses stations des Bouches-du-Rhône.
00:49:23 54% d'antelles manquent au moins d'un type de carburant.
00:49:27 Marseille où une nouvelle opération Port-Mort est en cours.
00:49:32 Depuis ce matin, les dockers bloquent l'entrée des voitures ou des conteneurs.
00:49:36 Une vingtaine de policiers sont sur place.
00:49:38 Plus tôt dans la journée, des feux de palettes et de pneus allumés par des manifestants
00:49:42 ont contraint la fermeture de l'autoroute A55 en direction de Marseille.
00:49:48 Et puis plusieurs affrontements, arènes en marge d'une manifestation des marins pêcheurs.
00:49:53 Plusieurs centaines de pêcheurs venus de toute la France
00:49:56 pour dénoncer les contraintes de plus en plus fortes qui pèsent sur la pêche artisanale.
00:50:00 Écoutez le porte-parole du mouvement Pêcheurs à l'Orient.
00:50:04 "Les pêcheurs, on aura le bol.
00:50:07 Avec le coût du gasoil qui arrivait extrêmement cher.
00:50:12 A l'heure actuelle, le coût du gasoil est arrivé à 80 centimes pour les bateaux de pêche.
00:50:16 C'est énorme.
00:50:18 A cause du coût du gasoil, on n'arrive plus à dégager de salaire à nos équipages.
00:50:22 On a beaucoup plus de mal maintenant à payer nos fournisseurs, nos affaires tout simplement.
00:50:26 On est pris à la gorge.
00:50:28 Le plan PAI, c'est carrément la destruction de la flottie française.
00:50:32 Il y a un deuxième plan qui va être mis en place dans je ne sais pas combien de temps, dans un certain nombre de temps.
00:50:36 Donc si ce n'est pas pour détruire la flottie française, je ne sais pas ce que c'est.
00:50:39 On nous parle de souveraineté alimentaire.
00:50:41 Mais c'est du gros foutage de gueule.
00:50:43 Si on détruisait la flottie française, la souveraineté alimentaire, elle sera où ?
00:50:46 Et voilà, c'est la fin de ce journal.
00:50:49 Les débats se poursuivent bien sûr sur CNews avec Lélie Mathias et ses invités.
00:50:53 Merci beaucoup Mickaël Doroyan.
00:50:55 Je suis avec Raphaël Stainville, avec Eric Dorey-Tmatin du service économie de CNews
00:50:59 et avec Gauthier Lebret du service politique de CNews.
00:51:01 On attend bien sûr d'une minute à l'autre la conférence de presse de Marine Le Pen
00:51:04 qui doit s'exprimer après l'interview du chef de l'État.
00:51:08 C'était à 13h. Vous avez pu le suivre sur CNews.
00:51:11 On en a beaucoup parlé avec d'ailleurs la réaction de nombreux Français.
00:51:16 Raphaël Stainville, d'un point de vue politique,
00:51:18 puisque là on a parlé de la réaction des manifestants
00:51:21 ou la réaction aussi des chefs d'entreprise,
00:51:23 mais d'un point de vue politique, chaque groupe politique
00:51:26 est forcément impacté par ce qui se passe dans le pays.
00:51:28 Pour le Rassemblement national, puisqu'on attend la prise de parole de Marine Le Pen,
00:51:32 quel gain politique peut-elle en espérer de ce qui vient de se passer de ces derniers mois ?
00:51:36 Mesdames et Messieurs, c'est du pain béni pour Marine Le Pen.
00:51:39 À titre d'éclairage, regardez toutes les enquêtes, les projections qui sont faites.
00:51:46 Si jamais l'Assemblée devait être dissoute,
00:51:49 je crois qu'elle obtient quasiment autant de sièges que la majorité présidentielle aujourd'hui,
00:51:56 entre 150 et 170 sièges.
00:51:58 Donc cette colère, elle profite à plein à Marine Le Pen,
00:52:03 qui aujourd'hui n'a plus comme écueil.
00:52:06 On entend un certain nombre de commentateurs dire que c'est quasiment une marche sur Rome
00:52:11 et que l'élection présidentielle de 2027 lui est quasiment offerte sur un plateau.
00:52:15 C'est plus compliqué que ça.
00:52:17 La bataille principale de Marine Le Pen, c'est celle de la crédibilité.
00:52:23 Ce qui lui a manqué, notamment en 2022,
00:52:26 c'est cette espèce de...
00:52:31 Elle a eu du mal à rassurer, notamment, les milieux les plus bourgeois.
00:52:35 Aujourd'hui, c'est ça son pari,
00:52:37 c'est d'aller chercher davantage et plus loin que les seules catégories populaires.
00:52:41 Mais en tout cas, la seule certitude que l'on a, c'est qu'elle profite à plein.
00:52:45 D'autant que la stratégie qu'elle a adoptée à l'Assemblée nationale,
00:52:49 la stratégie de la cravate, un côté finalement assez raisonnable,
00:52:53 a été couronnée de succès.
00:52:55 À part un ou deux couacs à l'Assemblée,
00:52:57 c'est un sans-faute parlementaire pour le Rassemblement national.
00:53:00 Donc ça lui profite à plein.
00:53:02 Elle profite aussi et surtout du comportement de la NUPES.
00:53:06 Qui est à l'exact opposé.
00:53:08 Exactement, elle peut jouer le contraste face à la NUPES,
00:53:11 qui s'est retrouvée pendant les débats sur les réformes de la retraite,
00:53:14 au milieu de nombreuses polémiques, en traitant Olivier Dussopt d'assassin,
00:53:17 en postant une photo où un ballon représente sa tête sous le pied d'un député,
00:53:23 qui a été exclu d'ailleurs pour le scandale que ça a déclenché dans l'hémicycle.
00:53:28 Le tumulte, le mot est précis, c'est le tumulte que ça a déclenché dans l'hémicycle.
00:53:31 Elle a profité effectivement aussi du spectacle offert par la NUPES.
00:53:34 Parce que certains commentateurs ont dit,
00:53:36 et d'ailleurs c'est ce que dit aussi l'opposition à Marine Le Pen,
00:53:39 c'est ce que dit la majorité,
00:53:41 que Marine Le Pen s'est cachée quelque part pendant ces débats,
00:53:44 qu'on l'a moins entendue, qu'elle a fait moins de propositions,
00:53:46 qu'on ne comprend pas très bien ce qu'elle veut faire sur les retraites.
00:53:49 Pendant la campagne présidentielle,
00:53:51 elle a finalement dit que la réforme de la retraite à 60 ans,
00:53:54 c'était plus sa proposition, c'était 60 ans pour ceux qui ont commencé entre 17 et 20 ans,
00:53:58 62 ans et pas plus de 42 années de cotisation maximum.
00:54:02 Donc effectivement, et en plus l'enjeu pour Marine Le Pen,
00:54:05 c'est de s'afficher comme première opposante à Emmanuel Macron.
00:54:07 C'est pour ça qu'elle fait une conférence de presse dans le cadre de l'Assemblée nationale.
00:54:11 C'est très intéressant.
00:54:12 Jean-Luc Mélenchon aurait été encore député.
00:54:15 C'est le premier à avoir répondu à Emmanuel Macron en termes d'opposition politique,
00:54:18 quasiment au même moment que les syndicats.
00:54:20 Mais la première figure politique à avoir répondu à Emmanuel Macron,
00:54:23 c'est Jean-Luc Mélenchon, tout à l'heure,
00:54:25 lors d'une conférence de presse dans un café.
00:54:27 On voit bien que Jean-Luc Mélenchon n'est plus à l'Assemblée nationale.
00:54:30 D'ailleurs, il a assisté, très intéressant, il a assisté à l'utilisation du 49-3.
00:54:36 C'est-à-dire qu'il était au-dessus des tribunes, au-dessus des députés, au-dessus de ses députés.
00:54:41 Et j'ai appris ça par un député que ça s'appelait le cimetière,
00:54:45 que c'était là que les anciens députés venaient regarder ceux qui le sont encore aujourd'hui.
00:54:51 Donc il y a une bataille, évidemment.
00:54:52 Ça veut dire quelque chose, l'emploi de ce mot.
00:54:54 L'emploi de ce mot veut dire quelque chose.
00:54:55 Et puis entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, pour prendre la tête de l'opposition à Emmanuel Macron.
00:54:59 Jean-Luc Mélenchon qui a dénoncé d'ailleurs, puisque j'en reviens, le mépris d'Emmanuel Macron.
00:55:03 Si je peux ajouter quelque chose, c'est que justement les reproches que l'on faisait à Marine Le Pen
00:55:07 sont renvoyées quasiment au boom-brang au pouvoir.
00:55:10 C'est-à-dire que celui qu'on présentait comme le Mozart de la finance aujourd'hui
00:55:13 est passif d'une dette de 3 000 milliards, d'un déficit commercial de 160 000 milliards.
00:55:19 Il y a mieux pour rassurer les Français qu'un président qui était doté de toutes les qualités,
00:55:27 de toutes les vertus et qui finalement conduit le pays dans une impasse politique, un chaos social.
00:55:33 Alors sur l'économie, justement, Eric de Redmatten, je parle sous votre contrôle,
00:55:35 mais là Emmanuel Macron a justement tenté de se défendre là, pendant l'interview.
00:55:43 Il a dit, voilà justement, c'est…
00:55:47 Il faut surtout redonner de la valeur au travail, parce qu'il a expliqué que la crise Covid
00:55:51 avait effectivement changé les habitudes des personnes, des Français,
00:55:55 qui s'étaient déshabitués au travail.
00:55:58 Alors on va écouter Marine Le Pen qui s'exprime depuis l'Assemblée nationale.
00:56:01 Le président de la République française devait s'exprimer aujourd'hui à 13h.
00:56:06 Et nous avons entendu Emmanuel Macron.
00:56:09 Le format tout d'abord, maladresse ou choix délibéré,
00:56:12 M. Macron a opté pour un horaire de diffusion qui relève d'une volonté ostensible,
00:56:17 transgressive et même puérillement provoquante d'ignorer la France
00:56:21 qui ne peut pas être devant sa télévision en pleine journée.
00:56:24 C'est-à-dire la France des actifs,
00:56:26 ces Français qui étaient les plus concernés par la réforme des retraites
00:56:30 et qui y sont opposés à près de 90%.
00:56:34 Un président de la République aurait dû avoir à cœur de s'adresser d'abord à ceux
00:56:38 qui avaient heurté, blessé ou contraint.
00:56:41 Le rôle d'un président est de s'adresser à tous,
00:56:45 sans exclusion ni mépris,
00:56:48 de trouver les mots pour rassurer et rassembler.
00:56:51 En défiant symboliquement la France qui travaille,
00:56:54 M. Macron a conforté le sentiment de mépris pour une partie du peuple.
00:56:58 Un mépris qui fut la marque de fabrique de la séquence retraite.
00:57:03 La veille, il a crûment de qualifier de "foule",
00:57:07 rappelant le terme, souvenez-vous, de "foule haineuse"
00:57:11 utilisé lors des Gilets jaunes.
00:57:14 Les personnes qui manifestent en masse comme s'ils se plaisaient
00:57:17 à provoquer et entretenir une épreuve de force,
00:57:21 un affrontement avec les Français.
00:57:24 À la brutalité de son pouvoir, le président ne peut pas ajouter une violence verbale.
00:57:29 Pourquoi se complaire dans d'inutiles, de blessantes et dangereuses provocations ?
00:57:35 En agissant ainsi, il nuise pas seulement les institutions de notre République.
00:57:40 Par des interventions de diversion, il démonétise une nouvelle fois la parole publique,
00:57:45 quand le pays est troublé et en plein doute aurait besoin d'une parole forte,
00:57:50 d'une bienveillante assurance.
00:57:53 Ce midi, nous avons entendu des propos mécaniques et dilatoires
00:57:59 d'un homme apparemment de plus en plus seul,
00:58:02 qui semble avoir perdu tout sens du réel,
00:58:05 tout contact avec le monde extérieur, y compris peut-être avec les siens.
00:58:10 Alors qu'il devait parler institution, il s'est égaré dans de la communication.
00:58:15 Alors qu'il devait montrer une direction, il a cru pouvoir se contenter de contorsion.
00:58:21 Alors qu'il devait recoudre le tissu national, il continue de vouloir en découdre
00:58:26 avec le monde entier, contre les évidences, contre les réalités.
00:58:31 Le pays n'a pas besoin de cela. Le pays ne mérite pas cela.
00:58:37 Le pays attend une réponse institutionnelle.
00:58:40 Il n'a visiblement à offrir qu'un discours vide, que de vagues promesses,
00:58:45 de chantiers à ouvrir, sans calendrier, sans véritable direction.
00:58:51 Il est persuadé que ce pourrait être une victoire que de faire adopter une réforme
00:58:56 comme celle des retraites qui va prendre deux ans de vie personnelle à chacun des Français,
00:59:01 sans un vote sur le texte, contre l'opinion, contre la rue, contre les syndicats
00:59:07 et contre la représentation parlementaire.
00:59:10 Parce que lorsqu'il oppose la foule à la souveraineté du peuple exercée par ses représentants,
00:59:17 il oublie tout de même un peu vite qu'il a foulé au pied cette représentation nationale
00:59:23 en empêchant le vote.
00:59:26 Il y a des actions qui, sans être tout à fait illégales, n'en sont pas particulièrement morales.
00:59:32 Le Conseil constitutionnel que nous avons saisi jugera au moins de la légalité.
00:59:38 Le 49.3 a été utilisé pour faire monter en nombre de voix le seuil de rejet d'un texte injuste
00:59:46 et rejeté par tout le monde, pour lequel il n'y avait évidemment pas de majorité parlementaire.
00:59:52 Croire qu'à coller au déni démocratique sur les retraites un usage abusif du 49.3
00:59:58 pour réajouter des lauriers à la couronne de Princière est une erreur.
01:00:02 L'action politique dans une démocratie mature ne peut se réduire à des coups, à des ruses,
01:00:07 à un numéro d'illusionniste.
01:00:10 Le prestidigitateur n'a plus de lapin à sortir du chapeau.
01:00:13 Chaque jour qui passe nous révèle le visage de ce pouvoir qui n'est ni souriant, ni bienveillant
01:00:19 comme il voulait se présenter à l'origine.
01:00:22 Rappelons-nous que longtemps il fut blasphématoire de suggérer qu'il puisse être brutal et cynique,
01:00:28 arrogant et insensible.
01:00:30 Il fallait accepter d'aller au vote, accepter d'aller au vote quitte à perdre.
01:00:37 En démocratie comme en sport, il est des défaites moins déshonorantes que des résultats mal acquis.
01:00:44 Le constat de l'absence de majorité par le gouvernement lui-même ruinait d'ailleurs
01:00:48 l'argument de la réforme qui l'a brandi tout au long des débats, celui de son caractère vital.
01:00:54 L'abus du 49-3, c'est là le raisonnement à courte vue d'un joueur de poker, d'un trader,
01:01:00 mais pas celui d'un responsable politique et encore moins d'un homme d'État.
01:01:05 Les politiques savent que les dévictoires de nos coups sont si lourdes qu'elles s'apparentent à des défaites.
01:01:10 Les historiens nous rappellent la victoire d'Héraclée qui fit dire à Pyrrhus
01:01:14 « Encore une victoire comme celle-là et nous serons défaits ».
01:01:18 Ces victoires illusoires et souvent autoproclamées compromettent généralement de manière définitive la suite.
01:01:25 Le gouvernement a gagné, pardon, n'a pas perdu de neuf voix.
01:01:31 Mais Mme Borne sort pulvérisée de cette séquence.
01:01:36 Le vote de confiance ne peut s'interpréter que comme une manifestation de défiance, bien sûr,
01:01:41 du gouvernement mais disons-le aussi du président qui, dans les coulisses éliséennes,
01:01:46 tirait les ficelles, les grosses ficelles de ce tour de magie raté.
01:01:51 Dès le début de son second mandat avec la désignation d'une technocrate,
01:01:55 Emmanuel Macron a fait le choix délibéré de rester institutionnellement en première ligne
01:02:00 comme l'instigateur et donc le responsable politique de l'action gouvernementale,
01:02:05 même si ces derniers jours, lui d'habitude si présent,
01:02:08 il avait courageusement fait le choix de la discrétion et avait opportunément disparu.
01:02:15 Un président de la Ve est normalement protégé par son Premier ministre
01:02:19 mais quand le chef de l'État cumule de manière évidente et a fortiori revendiquée
01:02:24 les fonctions présidentielles et gouvernementales, il ne peut s'exonérer.
01:02:29 Cette cécité s'explique par l'incapacité à percevoir la révolution pacifique et démocratique
01:02:34 qui s'est déroulée par le vote des Français.
01:02:37 En juin dernier, les Français ont dans une volonté collective
01:02:40 qui a pu dépasser les consciences individuelles de chaque électeur,
01:02:43 changé la nature du régime.
01:02:46 D'un régime présidentiel, nous sommes passés à un régime sinon parlementaire,
01:02:49 du moins parlementarisé.
01:02:52 Le corps électoral a voulu réévaluer le rôle du Parlement
01:02:56 et contrebalancer l'omnipouvoir présidentiel.
01:03:00 Ce soir, du 19 juin à 20 heures, le président de la République
01:03:03 aurait dû le comprendre et aurait dû l'admettre.
01:03:07 Par inculture politique, par prédisposition personnelle, par vanité
01:03:12 et peut-être il en a été incapable.
01:03:15 Et pire, pire, à 13 heures, il verse dans l'anti-parlementarisme
01:03:22 en assumant le souhait de contourner la représentation nationale
01:03:26 dès qu'il le pourra, répétant plusieurs fois que les réformes
01:03:30 ne passeraient pas obligatoirement par la loi.
01:03:34 Allant même jusqu'à cette déclaration incroyablement inquiétante,
01:03:39 on passe trop par la loi dans notre République.
01:03:44 Et pardon de rappeler au président de la République, qui en est le garant,
01:03:47 que c'est la Constitution qui détermine ce qui relève de la loi,
01:03:53 pas le fait du prince.
01:03:57 La crédibilité et la puissance des institutions tiennent bien sûr
01:04:01 et c'est heureux à leur autorité légale, à leur valeur morale,
01:04:05 mais elles procèdent aussi de leur logique, de leur implacable logique
01:04:09 qui en sert celui qui veut les déjouer, les contourner, les abuser.
01:04:14 M. Macron ne devrait pas perdre de vue cette loi Dérain.
01:04:17 Et parce que nos institutions, notamment constitutionnelles,
01:04:20 sont notre loi commune, c'est à elles qu'il faut en revenir.
01:04:24 Bien sûr, la rue exprime son mécontentement
01:04:27 et les manifestations pacifiques comme les grèves sont légales,
01:04:31 constitutionnelles et, je le dis avec résolution aujourd'hui, légitimes.
01:04:38 Elles constituent une forme de résistance démocratique et pacifique
01:04:42 à une arrogance et une violence gouvernementale
01:04:45 que rien ne justifie avant ou après le 49-3.
01:04:49 Je condamne en revanche les blocages qui pénalisent les simples citoyens
01:04:53 et les violences, bien sûr, qui voient s'affronter des Français entre eux.
01:04:58 Ces pratiques livrent le mouvement de contestation
01:05:01 à des milices violentes d'extrême-gauche
01:05:03 avec lesquelles le pouvoir joue depuis trop longtemps
01:05:06 pour le discréditer et en éloigner la majorité des citoyens
01:05:09 attachés à la paix civile et aux institutions.
01:05:12 Si la Première ministre avait un peu de sens politique,
01:05:16 elle partirait d'elle-même.
01:05:18 Mme Borne peut évidemment ne pas démissionner,
01:05:21 mais son autorité est ruinée et donc son action future est illusoire.
01:05:26 Parce que la constitution que nous a donnée le général De Gaulle
01:05:29 est bien faite, notamment dans les circonstances
01:05:31 où la situation échappe au pouvoir.
01:05:33 Nos institutions nous renvoient au peuple par la voie d'un référendum
01:05:37 qui engage un texte, mais aussi, en toute logique,
01:05:40 le maintien du président, M. Macron,
01:05:42 qui a engagé bravache la responsabilité de son gouvernement.
01:05:45 Serait-il seulement capable d'engager la sienne sur un référendum ?
01:05:49 Par une dissolution qui rebattrait les cartes politiques,
01:05:53 trancherait la question de la réforme
01:05:55 comme celle de la poursuite de l'action politique.
01:05:58 M. Macron a indiqué un autre cap,
01:06:00 qui est une impasse pour sa majorité minoritaire,
01:06:03 ce qui, en soi, est sans importance,
01:06:05 mais surtout une voie au mieux paralysante,
01:06:07 au pire dangereuse pour le pays,
01:06:09 réformée par voie réglementaire.
01:06:11 C'est-à-dire écarter le Parlement du processus des réformes.
01:06:15 C'est aller vers un renforcement d'un pouvoir personnel,
01:06:18 d'un pouvoir technocratique.
01:06:20 Et s'agissant du régime dérivant d'Emmanuel Macron
01:06:23 vers la prise en main du pays par des féodalités oligarchiques
01:06:26 ou les cabinets de conseil américains.
01:06:28 Refuser de réhabiliter le Parlement dans son rôle institutionnel,
01:06:31 c'est persister dans l'ignorance de ce qu'a voulu le peuple le 19 juin.
01:06:35 C'est méconnaître le rejet d'un pouvoir vertical et solitaire
01:06:38 qui n'est plus concevable dans la France du XXIe siècle.

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