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Transcription
00:00 On parle maintenant du GIEC, le temps nous est compté mais il reste encore des solutions.
00:04 Les experts de l'ONU, les experts du climat, présentent ce lundi leur dernier rapport,
00:08 une synthèse de 8 ans de travaux.
00:11 Pas de nouveaux chiffres ni de nouvelles révélations à apprendre.
00:14 En ce moment, c'est Antonio Guterres, le numéro 1 de l'ONU, qui s'exprime.
00:18 Selon ce dernier rapport, les effets du changement climatique sont plus graves qu'estimés
00:24 auparavant, nous dit le texte.
00:26 Sylveste Ruette, bonjour, vous êtes journaliste scientifique et auteur de GIEC, Urgence, climat,
00:31 le rapport incontestable expliqué à tous.
00:34 C'est paru en 2023 aux éditions Talendier.
00:37 Ça veut dire que la situation là est plus grave que prévu ?
00:40 Plus grave, disons qu'on est dans le haut de la fourchette de ce qui avait été écrit
00:48 par les climatologues dès 1990 dans le premier rapport du GIEC.
00:54 Et puis aussi, par rapport à 1990, la différence c'est qu'à l'époque, les changements climatiques
01:00 dans le rapport étaient conjugués au futur.
01:03 Alors le rapport, le sixième rapport, continue de conjuguer au futur les changements climatiques
01:08 en parlant de ce qui va se passer en 2040, 2060, 2100.
01:12 Mais il les conjugue également au présent parce que les climatologues sont capables
01:18 aujourd'hui de dire que, par exemple, la mousson catastrophique qui a détruit les
01:25 habitations de 30 millions d'habitants au Pakistan l'été dernier, eh bien sa probabilité
01:31 de survenue a été énormément augmentée par le changement climatique que nous avons
01:36 provoqué par nos émissions de gaz à effet de serre.
01:39 Ça veut dire que pour le GIEC aujourd'hui, c'est ce qu'il est en train de présenter,
01:46 en quelque sorte, que l'origine humaine est la principale cause du réchauffement climatique.
01:52 C'est indéniable, incontestable aujourd'hui.
01:54 Oh, la seule ! Et c'est affirmé comme ça par le GIEC depuis des rapports précédents.
02:00 Il n'y a plus de débat, soyons sérieux.
02:04 Il y a encore des chevaux de retour ou des populistes qui essaient de mentir aux populations
02:15 sur la science du climat.
02:18 En réalité, il n'y a aucune équipe scientifique dans le monde qui ne soit pas en accord total
02:26 avec le diagnostic sur la cause du changement climatique que nous observons.
02:32 C'est uniquement nos émissions de gaz à effet de serre qui ont provoqué le glissement,
02:40 le changement climatique que nous observons depuis environ 70 ans.
02:44 Le GIEC qui a réussi à imposer aussi cette référence absolue du 1,5°C.
02:50 Il ne faut pas dépasser ces 1,5°C de réchauffement climatique.
02:55 Alors qu'avant c'était plutôt 2°C.
02:58 Ils ont réussi à démontrer que 1,5°C pouvait faire la différence ?
03:02 Ce n'est pas vraiment ça.
03:04 Le chiffre de 1,5°C n'est absolument pas venu du GIEC.
03:10 C'est une demande des pays les plus pauvres et les plus vulnérables qui a été mise
03:16 comme condition à la signature des accords négociés lors de la COP de Paris en 2015.
03:25 Et en réalité, à l'époque, je l'écris à l'époque, cet objectif était déjà inatteignable.
03:32 Il était déjà dans les tuyaux de la machine climatique.
03:36 Pourquoi donc les pays vulnérables ont posé cette exigence qui a été acceptée par tous
03:43 les autres pays ?
03:44 Parce que dès lors que nous aurons atteint, et ça va arriver assez vite, cette limite
03:49 de 1,5°C, les pays les plus pauvres et les plus vulnérables auront une base juridique,
03:56 morale pour dire aux pays les plus riches et donc les plus responsables des émissions
04:01 de gaz à effet de serre et du changement climatique.
04:03 Vous êtes responsable des dégâts que nous subissons et donc nous vous demandons réparation.
04:11 C'est d'ailleurs ce qui s'est passé à la dernière COP à Sharm el-Sheikh en Égypte.
04:16 Le Premier ministre pakistanais est venu dire aux pays riches, c'est vous qui êtes responsable,
04:22 d'ailleurs c'est vos scientifiques qui me le disent, qui êtes responsable des dévastations
04:28 que la mousson a provoquées dans mon pays avec 30 millions de mes concitoyens qui n'ont
04:32 plus d'habitation.
04:33 Donc j'exige que vous participiez aux réparations.
04:37 Et à l'époque, à cette COP de Sharm el-Sheikh, on a créé un fonds de réparation qui devrait
04:45 être abondé par les pays riches pour subvenir aux besoins des populations vulnérables touchées
04:51 par les dégâts du changement climatique.
04:53 Mais il faut admettre qu'aujourd'hui ce fonds est encore très théorique.
04:58 Il n'y a pas d'argent dedans, il n'y a pas de mécanisme de distribution.
05:02 Mais ce qui est clair c'est qu'avec cette astuce, ce coup politique très intelligent
05:08 des pays les plus vulnérables en 2015, qui avait mis cette nouvelle limite au changement
05:15 climatique qu'on voudrait ne pas dépasser, et bien le moment où il sera possible de
05:21 dire dans les enceintes de l'ONU, par les pays pauvres, aux pays les plus riches, nous
05:27 exigeons que vous participiez à la réparation des dommages, des dégâts du changement climatique
05:32 chez nous, et bien ce moment il va arriver plus vite que si on en était resté à l'objectif
05:39 des deux degrés.
05:40 Mais c'est bien le GIEC qui a porté cette notion ?
05:44 Non, ce qui s'est passé c'est que en 2015, les gouvernements ont eu le GIEC de faire
05:50 un rapport...
05:51 Est-ce que ça a été un porte-voix pour les pays les plus vulnérables ?
05:53 Non.
05:54 En fait ce qui s'est passé c'est que les pays vulnérables, en 2015, très intelligemment,
05:59 ont compris que si on gardait l'objectif des deux degrés, ils allaient devoir attendre
06:04 plusieurs décennies avant que ça soit atteint et de pouvoir dire "c'est de votre faute
06:10 payée".
06:11 Et donc c'est eux qui ont dit "on veut que l'on durcisse l'objectif des deux degrés
06:16 qui avaient été adoptés en 2009 à Copenhague".
06:19 Et d'ailleurs c'est à la COP15 que les gouvernements ont dit au GIEC "faites-nous maintenant un
06:24 rapport sur la différence entre 1,5° et 2°".
06:29 Le rapport sur les 1,5° a été fait après et non pas avant l'adoption de ce nouvel objectif.
06:37 Mais c'était très bien de faire ça.
06:39 C'était très bien de faire ça parce qu'il y a une injustice terrible, terrifiante dans
06:45 les causes et les conséquences.
06:47 Concrètement Sylvester Houette, c'est quoi la différence entre 1,5° et 2° ?
06:52 Eh bien 2° c'est pire que 1,5° mais 1,5° c'est déjà grave.
06:58 Ça fait déjà des dégâts, des dégâts très importants, notamment pour les populations
07:05 des pays les plus pauvres qui n'ont pas de moyens économiques, technologiques pour se
07:10 protéger des dégâts, des événements extrêmes.
07:13 Donc ce qui est au cœur de cette petite discussion sur 1,5°/2° c'est que dans les risques du
07:23 changement climatique, il y a des risques géopolitiques majeurs.
07:27 Imaginez dans des pays pauvres qui subissent un dégât terrible avec des migrants du changement
07:36 climatique, avec des terres qui seront submergées par la montée du niveau marin.
07:42 Imaginez si ces centaines de millions de gens, ces milliards de gens, se mettent à vouloir
07:49 des dirigeants qui vont demander, exiger des pays les plus riches, les plus responsables
07:55 de ces dégâts, de les réparer avec des moyens qui seraient peut-être des moyens terribles,
08:02 qui seraient peut-être des moyens militaires, des moyens de terrorisme.
08:06 Dans le risque géopolitique du climat, il y a ça, il y a cette dimension d'injustice
08:13 terrible qui fait que ce sont les moins responsables du changement climatique qui sont les plus
08:19 victimes du changement climatique.
08:21 Et donc ça fournit une base incontestable à une revendication de réparation de la
08:28 part des populations des pays les plus riches et ça peut très mal tourner.
08:33 Et ce réchauffement à 1,5°C, c'est pour quand ? Je lisais que c'était pour dans
08:43 10 ans on atteindrait ce réchauffement-là.
08:45 On est déjà dans les années à El Niño, c'est-à-dire les années où l'indicateur
08:51 température moyenne planétaire est au plus haut, on est déjà à passer par 1,2°C.
08:57 Donc il n'y a plus besoin de grand-chose.
09:00 Là on s'oriente encore vers un nouvel El Niño dans l'année, les deux années qui
09:07 viennent.
09:08 Et donc la température moyenne planétaire va encore probablement dépasser le 1,2°C.
09:12 Est-ce qu'elle va atteindre 1,3°C, 1,3°C et demi ? On verra.
09:16 Mais on voit bien qu'on en est tout proche.
09:18 Et cette limite de 1,5°C, elle était prévisible dès 2015 lorsqu'elle a été adoptée comme
09:30 nouvelle objective.
09:31 Elle va arriver, soit la prochaine année à El Niño, soit 5 ou 6 ans plus tard.
09:38 Mais c'est inéluctable.
09:40 Elle va arriver.

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