Elle le confie elle-même, cela fait plusieurs années qu’Isabelle Boulay convoitait les œuvres d’Alain Bashung. C’est aujourd’hui chose faite, puisque cette grande artiste importée de Québec a osé reprendre le répertoire de cette icône de la variété française dans « Boulay chante Bashung », un album disponible depuis le 17 mars 2023. Invitée sur le plateau de Télématin, elle nous parle de ce nouvel opus dans lequel elle fait coexister deux univers musicaux.
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00:00 -Elle le confie elle-même.
00:01 Ça fait des années qu'elle tournait autour de son oeuvre
00:04 et elle a osé, non pas Joséphine, mais elle a osé Isabelle.
00:07 Bonjour Isabelle Boulet.
00:08 -Bonjour.
00:09 -Bienvenue.
00:10 -Merci.
00:11 -C'est vrai que ça fait quelque temps que vous songiez
00:14 à reprendre le répertoire de Bachung.
00:16 Vous avez osé.
00:17 Votre album est sorti avant-hier, Boulet, Chante, Bachung.
00:21 Vous avez déjà eu des retours de votre public, j'imagine.
00:25 -Oui, oui, oui. Et c'est fantastique.
00:27 C'est vrai que c'est une aventure qui était périlleuse sur papier.
00:31 Mais oui, les réactions sont très bonnes.
00:36 Et surtout, le plus beau compliment,
00:39 c'est quand les gens vous disent
00:40 « Moi, j'aimais beaucoup Bachung et j'adore ce que vous nous proposez ».
00:45 -C'est une autre proposition artistique, évidemment.
00:47 L'album s'intitule Les chevaux du plaisir.
00:49 C'est un des vers d'Osée Joséphine.
00:51 Voici un extrait. Regardez.
00:53 (Musique)
01:22 Ça fait des années que vous aviez ce projet en tête.
01:26 Pourquoi vous avez attendu aussi longtemps?
01:28 -J'ai attendu parce que c'est comme certains fruits
01:32 qui ne sont jamais assez mûrs.
01:34 Donc, j'avais déjà intégré dans certains de mes concerts Osée Joséphine.
01:39 Mais la première chanson que j'ai eu envie de faire d'Alain Bachung,
01:43 c'était La nuit, je mens.
01:44 Et je n'étais jamais arrivée à faire une version
01:47 qui me donnait satisfaction.
01:49 C'est-à-dire que ce qui est un peu délicat
01:52 quand on reprend une oeuvre aussi magistrale que celle-là,
01:55 c'est de ne pas faire de caricatures ou d'exercices de style.
01:59 -Ou d'imitation. La tentation peut être d'imiter.
02:03 -Oui, oui, oui. C'est facile de glisser là-dedans.
02:06 Donc, je pense que ça m'a pris tout ce temps-là
02:09 et tout le métier aussi que j'ai.
02:11 Maintenant, ça fait peut-être une trentaine d'années
02:14 que j'interprète les chansons des autres.
02:17 Donc, ça a dû me prendre tout ce temps
02:20 pour arriver à avoir l'audace de le faire.
02:23 -Il faut dire ça, c'est le moment, il faut y aller.
02:26 Je me jette à l'eau.
02:28 Vous reprenez Isabelle Destandard,
02:30 on a entendu Osée Joséphine.
02:32 Il y a aussi cette chanson-là.
02:34 -Ma petite entreprise ne connaît pas la crise.
02:37 -Ma petite entreprise.
02:39 On a compris des standards des incontournables de Bachung,
02:42 mais il y a aussi des chansons un peu moins connues.
02:45 Les puristes la connaissent, mais pas le grand public.
02:48 Vous vouliez faire aussi redécouvrir l'oeuvre de Bachung
02:51 dans cet album par le biais de chansons moins standards.
02:54 -En fait, j'ai toujours été une grande fan de lui.
02:57 Il y a des chansons qui sont moins connues du grand public
03:00 qu'on appelle les chansons d'album,
03:02 dont moi, j'étais amoureuse.
03:04 J'ai voulu "La mariée des roseaux",
03:06 "Nos âmes à l'abri", "Aucun express",
03:09 qui sont des chansons peut-être un peu moins connues
03:12 du grand public.
03:14 Et qui, moi, me plaisaient beaucoup.
03:17 Donc, je pense que c'est drôle parce que Reggiani,
03:21 je me disais, c'est comme un peu un devoir de mémoire.
03:24 Et Bachung, c'est autre chose.
03:26 C'est comme de proposer...
03:28 En fait, moi, j'ai une personnalité assez rock.
03:33 Et j'avais jamais réussi à trouver des chansons qui le soient.
03:38 J'étais allée voir Frank Langolf,
03:40 qui avait fait "Variations" sur un même thème
03:43 avec Serge Gainsbourg pour "Vanessa Paradis".
03:46 J'étais allée le voir il y a plusieurs années.
03:48 Et en fait, j'étais allée le voir pour avoir des chansons rock.
03:51 Et ça a fini avec une grande balade qui était "Le soul",
03:54 "Je suis un soul inconsolable".
03:56 Une chanson magnifique de Francis Basset.
03:58 Mais j'ai toujours couru après du répertoire rock.
04:02 Et j'étais jamais arrivée...
04:04 J'en ai jamais trouvé à la hauteur des chansons de Bachung.
04:08 - C'est Jean Fouque, l'auteur de la plupart des titres de Bachung,
04:11 qui dit "C'est l'homme le plus féministe que je connaisse".
04:14 Je crois que vous avez découvert qu'il rêvait
04:16 que le répertoire de Bachung soit repris par une femme.
04:19 - Oui. Moi, je lui ai téléphoné, Jean Fouque.
04:21 J'ai travaillé avec lui sur l'album "Mieux qu'ici-bas".
04:24 Et j'ai connu Jean Fouque à cause des disques de Bachung
04:29 qu'il me faisait rêver.
04:31 Alors, le jour où je suis rentrée en studio, je l'ai appelée
04:33 comme si j'avais besoin d'un porte-bonheur.
04:35 - Ou d'un adoubement.
04:37 - Oui, d'une caution.
04:39 Je lui ai dit... Je voulais voir ce que ça voulait dire pour lui.
04:44 Alors, il est resté une seconde silencieux au téléphone.
04:48 Il m'a dit "Mais Isabelle, c'est une très bonne idée".
04:51 Mais il savait aussi que ça n'allait pas être une tâche facile.
04:54 Donc, il dit "Je vous souhaite que ça fonctionne".
04:57 Mais j'ai dit "Je me le souhaite aussi".
04:59 Et moi, quand je suis rentrée en studio, pour tout vous dire,
05:01 je croyais que j'allais enregistrer trois titres en une semaine
05:04 et que ça allait être laborieux.
05:06 Et j'en ai fait 11.
05:08 - Et ça donne un album.
05:10 - C'est l'album...
05:12 - Le plus difficile à faire.
05:14 - Sur papier, c'était pour moi le plus difficile.
05:16 Et dans la réalité, ça a été le plus facile.
05:19 - Avec une forme d'évidence une fois que vous êtes rentrée en studio.
05:22 - Même que j'étais surprise moi-même de voir comment ça se faisait naturellement.
05:27 Mais je pense que les chansons de Bachelor ont tellement joué à l'intérieur de moi.
05:32 Et je voulais lui plaire.
05:34 Je me disais "Même s'il n'est pas là, même s'il n'est plus avec nous,
05:37 je veux lui plaire".
05:39 - Vous parlez des chansons de Bachung, ça vous ferait plaisir qu'on en entende un petit bout.
05:43 On a retrouvé une interview de Bachung dans laquelle on lui pose la question
05:46 "Est-ce que vous êtes un gros bosseur ?"
05:48 Vous allez voir qu'il répond "Oui".
05:50 Et regardez, voici l'interview encadrée, bordée par les tubes de Bachung.
05:53 Cadeau.
05:54 [♫ Musique ♫]
06:09 - Il faut travailler un max.
06:11 Il faut se faire chier, il faut se foutre encore un coup.
06:14 - Travailler ?
06:15 - Ouais, quand c'est pas deux.
06:18 - Tu travailles beaucoup à l'heure en ce moment ?
06:20 - Ouais, je travaille un max.
06:21 - Bien sûr.
06:22 - Ouais ?
06:23 - Bien sûr.
06:24 - Et on le montre encore.
06:25 [♫ Musique ♫]
06:42 - Vous disiez "Eh bien voilà", quand il disait...
06:44 - Ouais, il faut bosser dur, mais que ça se voit pas en fait.
06:47 - Avec ses mots inutiles.
06:48 - Je pense que c'est la moindre désélégance quand on est un artiste.
06:52 Il faut avoir quelque chose à proposer.
06:54 Moi, je cueille des fruits mûrs, je le sais.
06:57 Mais je sais combien ils ont dû travailler pour faire des chansons si belles.
07:01 - À maturité.
07:02 Alors Isabelle, on va marquer une petite pause.
07:03 Vous voulez rester avec nous s'il vous plaît ?
07:05 Il y a les mots bleus sur cet album.
07:07 On a eu une phrase, pourquoi les mots bleus ?
07:08 Parce qu'évidemment, c'est Christophe, les mots bleus.
07:10 - Oui, c'est Christophe, mais c'est une des chansons que j'ai le plus écoutée.
07:16 Je l'ai beaucoup écoutée de Christophe, mais dans les dernières années,
07:19 c'était une de mes chansons préférées.
07:21 - Il a aussi beaucoup cette chanson de Christophe.
07:23 - Oui, oui, oui.
07:24 Alain Bashung reprenait aussi des chansons des autres.
07:26 - Exactement.
07:27 - Mais moi, c'est une chanson qui a bercé mes amours.
07:31 - Je crois qu'elle fait l'unanimité, celle-là.
07:33 - C'est magnifique.
07:34 - Allez, petite pause et on revient tout de suite.