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00:00 Bienvenue sur Numérique pour un nouveau numéro de Jeudi Pro.
00:07 Aujourd'hui un Jeudi Pro un peu particulier puisqu'on va parler d'un territoire d'attractivité
00:11 français qui monte en puissance.
00:13 Il s'agit de Paris-Saclay.
00:14 Il y a des instituts de recherche, des universités, des entreprises.
00:16 Et pour en parler, nous sommes aujourd'hui avec Grégoire de Lastery, le président de
00:20 l'agglomération Paris-Saclay.
00:21 Bonjour Grégoire.
00:22 Bonjour.
00:23 Alors Grégoire, Paris-Saclay c'est un hub d'innovation qui s'est distingué de plus
00:27 en plus au fil des années avec aujourd'hui 15% de la recherche nationale qui est basée.
00:32 A vos yeux, est-ce que c'est un petit peu le pôle d'innovation qui manquait à la France
00:35 jusque-là ?
00:36 Alors c'est l'ambition depuis 10 ans, depuis que ce pôle a souhaité être constitué
00:41 par plusieurs gouvernements successifs et tous les présidents de la République ont
00:45 incité à ce que Saclay devienne ce qu'il est en train de devenir aujourd'hui depuis
00:49 la présence de Nicolas Sarkozy.
00:51 Paris-Saclay c'est la première université au classement de Shanghai de l'Union Européenne.
00:57 Elle est 15e, 16e, 13e en fonction des années au classement de Shanghai au national mais
01:04 la première de l'Union Européenne.
01:05 Et on est par exemple en mathématiques premier au monde.
01:09 Donc il y a vraiment une expertise extrêmement forte avec des grandes institutions, l'Institut
01:16 Polytechnique de Paris, l'École Normale Supérieure, Centrale Supélec.
01:19 Je ne vais pas tous les citer parce que je ferai évidemment quelques jaloux mais on
01:24 a énormément d'académiques, on a des très bons chercheurs et on a également beaucoup
01:29 d'entreprises qui ont décidé de baser leur R&D à Paris-Saclay.
01:34 Thalès, EDF, Danone etc.
01:39 Que ce soit pas sur un domaine en particulier mais justement c'est assez multi critères
01:46 et donc on est vraiment un territoire d'innovation par excellence et puis on a aussi beaucoup
01:49 de start-up.
01:50 On a des incubateurs d'entreprises qui aident à créer les prochaines licornes françaises.
01:56 On a tendance à en parler comme de la Silicon Valley à la française.
02:01 Est-ce que c'est pas un peu présomptueux de l'assimiler à la Silicon Valley ou est-ce
02:04 qu'il y a véritablement l'envie d'aller chercher, d'aller être compétitif face
02:09 à ce type de territoire d'innovation ?
02:11 La Silicon Valley ça a été créé il y a un peu plus longtemps que le plateau de
02:15 Saclay.
02:16 C'est un modèle qui est très centré sur la recherche publique et privée et sur l'enseignement,
02:21 peut-être probablement plus d'ailleurs que la Silicon Valley sur lequel il y a aussi
02:25 de l'enseignement mais de manière probablement moins concentrée.
02:29 Et puis on a vraiment une expertise très forte sur tout ce qui est justement lié aux
02:34 mathématiques donc tout ce qui est IA, tout ce qui est quantique sur lequel on a vraiment
02:39 des pôles d'excellence au sein de Paris-Saclay.
02:41 La recherche elle non seulement a tiré ces pôles, elle est constituée mais aussi vous
02:45 même au niveau de l'agglomération vous réinventer, être à la pointe de la technologie.
02:48 Ça passe notamment par une plateforme qui s'appelle Decabonized City qui est un jumeau
02:52 numérique.
02:53 À quoi servent ces plateformes concrètement ?
02:54 Alors on voit des innovations partout autour de nous et donc nous en tant qu'agglomération
03:00 on a voulu aussi être dans cette dynamique d'innovation, cette dynamique partenariale
03:05 et donc avec un partenaire privé, Cosmotech, avec un partenaire public qui est l'IRT Systemics,
03:12 on a décidé d'avoir notre propre jumeau numérique simulable pour pouvoir là aussi
03:19 essayer d'inventer les politiques publiques de demain.
03:22 Donc un jumeau numérique simulable, c'est un SimCity géant qui sur la question de l'énergie
03:32 nous permet quand on aménage un nouveau quartier d'avoir les meilleurs choix en matière de
03:38 production d'énergie.
03:39 Est-ce qu'on va faire de la géothermie profonde ? Est-ce qu'on va plutôt mettre des pompes
03:41 à chaleur ? Est-ce qu'on va mettre du solaire ? Est-ce qu'on va se raccrocher au réseau
03:45 de chaleur qui est dans la ville d'à côté ? Et avant c'était des études qui existaient
03:49 déjà mais qui étaient faites par des bureaux d'études, c'était extrêmement long, on
03:52 avait plusieurs semaines, plusieurs mois entre les scénarios qu'on voulait tester, les réponses
03:56 qu'ils nous donnaient, c'était laborieux, efficace mais laborieux.
04:01 Là avec le jumeau numérique quelque part on a une interface hyper facilité qui nous
04:06 permet en temps réel de modifier un paramètre, de voir ce qui se passe, si on fait un peu
04:09 plus ceci, un peu plus cela, et donc d'optimiser la décision publique à la fin dans l'intérêt
04:16 des habitants.
04:17 On est vraiment sur une optique énergétique, c'est essentiellement énergétique ou est-ce
04:21 qu'on peut imaginer que ce jumeau numérique va avoir une incidence sur d'autres choix
04:26 de politique publique ?
04:27 Décarbonize City c'était un démonstrateur.
04:29 Est-ce qu'on est capable de créer un jumeau numérique ? Est-ce qu'on est capable de faire
04:34 converger des bases de données ? On a plus de quarantaine de bases de données qui permettent
04:38 de créer ce jumeau numérique qui sont toutes issues de productions différentes et donc
04:42 avec évidemment des sujets de convergence de data qui ne sont pas évidents.
04:45 Mais donc là l'idée c'était de faire le démonstrateur.
04:50 On a réussi ce démonstrateur et aujourd'hui on se place dans une nouvelle étape qu'on
04:54 appelle TWIN 2030 qu'on fait en partenariat notamment avec Dassault Systèmes et un consortium
05:00 d'une trentaine de partenaires où l'objectif est d'une part de généraliser ça sur l'ensemble
05:05 des 27 communes de l'agglomération, Paris-Saclay c'est 320 000 habitants, c'est tout le nord-ouest
05:09 de l'Essonne en fait, et de pouvoir se développer sur d'autres questions qu'uniquement les
05:16 questions énergétiques.
05:18 On peut imaginer que les questions d'aménagement fassent partie de cela, que les questions
05:23 de mobilité, bref, toute une série de politiques publiques puissent à travers ce jumeau numérique
05:30 permettre de faire les bons choix.
05:31 Est-ce qu'on peut dire que c'est un jumeau numérique 2.0 et à plus grande échelle
05:34 d'une certaine manière ou est-ce que c'est juste l'ajout de secteurs supplémentaires
05:36 ?
05:37 Alors c'est évidemment beaucoup plus de convergence de bases de données et donc est-ce que c'est
05:44 un 2.0, en tout cas c'est sûr qu'on est parti d'une expérimentation à quelque chose
05:49 qu'on veut maintenant généraliser, qu'on veut en mettre en production pleine en fait.
05:54 Et l'objectif que l'on souhaite porter nous à Paris-Saclay c'est quelque part d'être
05:57 pionnier en la matière et qu'on puisse convaincre d'autres territoires à l'issue de ce qu'on
06:02 fera, de se doter aussi de leur propre jumeau numérique pour pouvoir...
06:06 Parce que l'idée c'est de le diffuser à plus large échelle et du coup de rendre plus
06:09 vertueuses les politiques publiques qu'elles ne le sont actuellement.
06:14 En tout cas de les rendre plus efficaces, de les rendre moins coûteuses aussi parce
06:17 que quand on fait travailler pendant plusieurs mois des bureaux d'études, ce que je vous
06:21 disais tout à l'heure, et bien c'est un coût qui est très élevé aussi pour la collectivité
06:24 alors qu'une fois que le coût d'investissement du jumeau numérique est fait, tester les
06:29 différentes hypothèses se fait évidemment dans des délais beaucoup plus courts et donc
06:32 à un coût beaucoup plus réduit pour la collectivité et donc pour le contribuable, ce qui est dans
06:36 ces temps d'inflation et de difficultés en termes de pouvoir d'achat toujours une bonne
06:41 chose.
06:42 Justement, ça coûte combien un tel jumeau numérique et surtout ça prend combien de
06:45 temps à déployer ?
06:46 Alors sur la partie Twin 2030, ça va être un budget total d'une dizaine de millions
06:52 d'euros sur lequel l'agglomération investira 3 millions d'euros, sur lequel notre partenaire
06:57 d'assosystème sera à hauteur de 2 millions d'euros et puis le restant sera couvert par
07:01 l'ensemble des autres partenaires que j'évoquais tout à l'heure.
07:04 Donc c'est des sommes qui sont importantes parce qu'on est aussi en train de démontrer
07:08 que ça fonctionne et donc on est aussi en train de créer le produit.
07:10 Mais on voit que les cas d'usage que j'ai pu commencer à évoquer tout à l'heure permettront
07:16 à l'évidence d'avoir une rentabilité socio-économique du jumeau très forte.
07:21 Vous parliez des startups et des PME, effectivement il y a un écosystème qui est en train de
07:26 se créer autour du plateau de Saclay pour les startups.
07:29 Est-ce qu'il y a quand même l'idée d'aller chercher aussi des grands groupes, des icônes
07:35 finalement de la tech ou autre ? Et est-ce que finalement il n'y a pas de frein pour
07:42 attirer ces grands groupes ? On pense notamment au Total et le campus Polytechnique.
07:47 Est-ce que finalement il y a encore des freins qui peuvent être mis en place pour l'installation
07:53 sur le campus ?
07:54 Je vais vous faire une confidence, les équipes de recherche de Total, elles sont sur le plateau
07:58 de Saclay.
07:59 Elles sont 200 mètres plus loin que le projet initial.
08:02 Mais en fait les équipes de Total, de Total Energy, qui sont dédiées à la recherche
08:08 des énergies renouvelables, parce que c'était bien celle de cela dont il s'agissait,
08:11 je n'ai pas très bien compris pourquoi un faible nombre d'étudiants de Polytechnique
08:16 étaient contre le fait que Total ait fait des recherches en termes d'éolien, en termes
08:19 de panneaux solaires.
08:20 Je pense qu'au contraire, si l'entreprise doit faire sa transition...
08:23 C'est plus pour le symbole que ça représente.
08:24 Oui, mais quand on est polytechnicien, on va peut-être au-delà du symbole et on regarde
08:27 la réalité du dossier.
08:28 Et en fait, à vrai dire, la majorité des étudiants étaient favorables à cette arrivée
08:34 parce qu'ils avaient bien compris quel était le projet au fond.
08:36 Mais nous, notre sujet, c'est qu'on puisse avoir toutes les tailles d'entreprise,
08:43 de l'entrepreneur qui démarre tout seul dans un de nos lieux d'innovation, comme
08:47 par exemple le Playground, à celui qui commence à avoir 20, 50, 100 salariés au grand groupe,
08:52 qu'il faut que tous puissent se positionner sur le plateau.
08:54 Le sujet pour nous, c'est de s'assurer que ce soit les bons groupes qui ont une synergie
09:02 avec le plateau et donc qu'on ait bien les équipes de R&D qui sont en lien avec nos
09:06 laboratoires de recherche.
09:07 Parce que c'est là-dessus où on va réussir à créer positivement des étincelles et
09:12 à créer l'innovation.
09:13 Donc on est en discussion avec pas mal de grands groupes aujourd'hui.
09:17 Ce sont des discussions qui sont confidentielles, donc je ne peux pas forcément vous donner
09:20 les noms des uns et des autres, que ce soit des groupes français ou que ce soit des groupes
09:23 étrangers.
09:24 On a encore quelques grandes parcelles qui peuvent permettre d'accueillir des grandes
09:29 entreprises.
09:30 Elles ne seront pas infinies ces parcelles.
09:31 Et donc il y a un moment où je dis aux uns et aux autres, ne perdez pas de temps si vous
09:35 voulez vous installer sur Paris Saclay parce que là, aujourd'hui, on a encore des offres
09:38 à vous faire.
09:39 Dans quelques années, on risque de vous dire, non, les bureaux ont été pris, ont été
09:44 occupés entre-temps.
09:45 Ce sera le mot de la fin.
09:46 Merci beaucoup Grégoire.
09:47 Merci.
09:48 Merci Marco.
09:49 Merci à vous de nous avoir suivis et on se retrouve très vite pour un nouveau numéro
09:53 de Jeudi Pro.
09:54 [Musique]