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00:00 Alors en fait ça commence au départ, on vous fait la préparation des vols, il y a un bulletin météo qui vous dit voilà c'est délicat, il y a des turbulences, le vent...
00:10 Et il compte pour beaucoup parce qu'on encaisse des vents de travers par exemple jusqu'à 50-60 km/h mais pas plus.
00:18 Alors si vous êtes à la limite, vous essayez de vous poser et puis on a des alarmes sonores à bord.
00:23 Par exemple quand on vous dit "wind shear", c'est comme quelqu'un avec un marteau sur la tête, ça veut dire cisaillement de vent.
00:30 Vous vous approchez, vous ne pouvez pas le savoir avant et puis il y a des turbulences, c'est assez désagréable.
00:36 Pour les gens qui ont déjà peur en avion, ça augmente le stress d'une façon considérable.
00:41 Tout le secret mais pas dans la procédure.
00:43 Moi j'ai été instructeur pendant pas mal des dizaines d'années et je disais à mes copilotes ou à mes pilotes "faites une remise de gaz, au moindre doute vous remettez les gaz".
00:54 Et après une fois en l'air, vous réfléchissez, vous déroutez, vous retentez, peu importe.
00:59 Mais en tous les cas informez vos passagers.
01:01 - Ah ouais ?
01:02 - C'est ça l'histoire, c'est que on se trouve dans des situations particulières avec des gens qui ont peur, eh bien il faut leur dire "écoutez c'est une procédure normale".
01:11 On passe trois fois par an, dans quatre heures dans un simulateur et systématiquement on fait des remises de gaz.
01:17 C'est un procédé classique pour toutes les compagnies.
01:20 - Technologiquement l'avion n'est pas capable en pilote automatique de gérer lui-même ça et du coup il le pose tout seul ?
01:26 - Ah non, là où il y a du pilote automatique c'est en cas de brouillard.
01:30 Le vent de travers il s'est géré jusqu'à un certain point.
01:33 Et de toute façon on reprend les commandes en manuel, en courte et finale, pour pouvoir décraber au bon moment.
01:40 Décraber c'est-à-dire qu'on approche en crabe face au vent, puis au dernier moment, il ne faut pas le faire ni trop tôt ni trop tard.
01:47 Mais ça on l'apprend, tous les pilotes savent faire ça et le danger n'est pas là.
01:51 - Non mais alors c'est ce qui s'est passé, le pilote il a...
01:53 - Mais c'est l'erreur de qui la tente ?
01:55 - Il a raté son atterrissage ?
01:57 - Non, il a tenté, vous avez une alarme qui se déclenche en disant "pull up, remettez les gaz parce qu'on ne maîtrise plus,
02:05 parce qu'il y a trop de vent, il y a trop de turbulence ou alors la piste est inondée, ça arrive, il y a beaucoup de cas de remise de gaz".
02:12 - C'est ce qui m'est arrivé mercredi dernier, la piste était inondée.
02:14 - Oh non !
02:16 - Et il y avait des gaz.
02:18 - Et dans ces cas-là...
02:20 - J'ai remis des gaz !
02:22 - Mais...
02:24 - À fond !
02:26 - C'est la première fois, pourquoi il a recommencé ?
02:28 - Il a fait une deuxième tentative.
02:30 - Ça n'allait pas changer dans l'espace de cinq minutes ?
02:32 - La première tentative, on ne jettait pas dans l'avion et on n'a pas dépouillé encore les boîtes noires.
02:38 Mais en tous les cas, il tente et puis il y a une turbulence qui dépasse ses autorisations, on est limité, c'est réglé tout ça.
02:46 Et bien, on remet les gaz et puis on appelle le contrôle, on appelle la météo pour savoir les dernières données sur la piste en service.
02:56 Et puis on se soucie aussi du fait que la piste est contaminée ou pas, c'est-à-dire mouillée ou pas par exemple, ça diminue le freinage.
03:03 Et puis là, on retente parce qu'on se dit "Tiens, il y en a qu'à le mettre, on va retenter".
03:07 Bon, il retente, alors peut-être aurait-il pu décider plutôt d'un déroutement sur Montpellier, c'est possible.
03:15 Mais ça pose d'autres problèmes aussi.
03:17 - Alors, on va écouter un premier audio, on en a plusieurs. Le pilote tente une première approche pour se poser sur Nice.
03:24 La première approche est ratée. Écoutez le témoignage de cette passagère qui explique ce premier atterrissage raté.
03:30 - Il faut atterrir sur l'aéroport de Nantes, il part sur la mer pour faire son demi-tour.
03:36 On se fait complètement emporter par le vent, on sent qu'il n'y a plus de contrôle.
03:40 À ce moment-là, il n'y a pas de message où le pilote ne nous dit rien en fait, donc on est quand même dans le stress.
03:46 Les gens autour de moi angoissent aussi, les enfants crient, donc c'est déjà assez compliqué.
03:51 - Alors, c'est vrai que là, le pilote, il doit informer...
03:55 - On n'a pas compris si c'était avant la remise de gaz ou après.
03:59 - D'accord. - Donc il y a un doute sur ce qu'il raconte.
04:01 - Pour les téléspectateurs qui ont déjà pris l'avion, qu'est-ce qui se passe ?
04:05 C'est-à-dire que là, il arrive, il est à combien ? Il est bientôt en train d'atterrir et là, il repart en fait, c'est ça ?
04:10 - Exactement. Donc vous sentez que ça ne passera pas parce que la piste est mouillée ou on va trop vite
04:17 ou on a une rafale qui met du vent arrière, donc ça raccourcit la distance de freinage.
04:23 Il y a mille possibilités du fait que vous soyez obligé de remettre de la gaz.
04:26 - Et quand il ne remet pas de la gaz, c'est quoi la sensation pour les passagers ?
04:29 - Vous amenez l'avion en remontée, vous remettez plein pot, plein pot sur les manettes de gaz et puis ça devient un décollage classique.
04:39 - Pour les passagers, c'est parce qu'ils voient la piste, ils se disent, parce qu'on regarde souvent par le hublot,
04:44 on se dit "ah bah tiens, on va atterrir" et là, on est prêt à atterrir et là, il repart.
04:48 - Oui, absolument. - Et donc là, ils se disent "qu'est-ce qui se passe ?"
04:50 - Donc là, ce qui se passe, c'est que... - Il touche quoi, il touche et il remet les gaz.
04:54 - Voilà, regardez. - Voilà, ça c'est une remise de gaz.
04:57 - Vous remettez le début, s'il vous plaît. - Mais ça, la tour de contrôle, monsieur.
05:00 - La tour de contrôle, on ne peut pas le deviner avant, ça ?
05:02 - Elle n'a pas les éléments de l'avion qui sont spécifiques. - Ah ouais.
05:07 - Non ! - Il ne touche pas ce qu'il a fait.
05:09 - Je signale que ce n'est pas le cas qui nous intéresse.
05:12 - On va montrer à peu près ce qu'il se passerait. - C'est une illustration.
05:14 - C'est des crabes. - Alors vous voyez, là, il est en crabe, il décrabe au dernier moment.
05:17 Et c'est vrai qu'il faut des qualités de pilotage, c'est classique. En simulateur, on vous met au maximum devant le travers.
05:23 Là, il a vu qu'il ne pouvait pas, que c'était trop touchy, donc il remet les gaz.
05:28 - Il a eu un mauvais reflex, du coup. - Alors là, voilà, ça prouve qu'il y a un vent de travers qui est considérable.
05:33 - Mais à minima, il aurait peut-être fallu informer les passagers de ce qui se passe.
05:37 - Le secret de l'affaire, et moi, j'ai toujours fait ça, j'espère que mes collègues le feront aussi, ou le font aussi,
05:44 c'est informer les passagers. Parce qu'on ne le fait pas pendant la remise de gaz, parce qu'on a quand même une surcharge de boulot.
05:50 On ne va pas mettre en danger l'avion et faire un sur-accident. Donc, une fois qu'on a remis les gaz et qu'on est en altitude,
05:56 on explique, mais il faut vraiment expliquer. Ça, c'est le secret du métier et il n'y a que le pilote qui peut le faire.
06:01 - Je peux lui poser une question ? - Alors, je voudrais qu'on écoute un deuxième audio, on en a plusieurs.
06:04 La passagère nous raconte ensuite la remise des gaz, donc ce que vous dites, par le pilote.
06:08 Mais avec les turbulences et l'atterrissage raté, c'est la panique à bord, parce que l'avion bouge beaucoup et là, il remet les gaz.
06:13 Forcément, c'est la panique. Écoutez.
06:15 - Donc là, il est sur son premier atterrissage, en fait, on part complètement en arrière. Du coup, il fait sa remise de gaz.
06:20 Donc là, il nous dit avec une voix qui tremble, en fait, quand on reatteint le ciel. Mais les gens, ils crient, quoi. Ils hurlent.
06:26 Il y a une femme enceinte, trois rangs devant moi, qui s'évanouit. Ils savent qu'il y avait beaucoup d'enfants à bord qui crient.
06:32 On va tous mourir. Déjà, ça fait un peu plus d'angoisse, on va dire.
06:37 - Donc là, même le pilote, est-ce que vous pensez que le pilote a flippé ?
06:41 - Alors, la voix tremblante, j'ai du mal à y croire. Mais enfin, bon.
06:44 - Pourquoi pas ? Et puis... - Mais quand même, il a eu un petit coup de chaud ou pas ?
06:48 - Alors, c'est normal. Je veux dire, il est... On a vu sur ces avions-là que vous avez fait voir à l'atterrissage.
06:54 Il est dans une position délicate. Il est en crabe. Il a fait des crabes au bon moment.
06:58 - Il a très bien réagi, il faut le dire. - Bah oui.
07:00 - Oui. Non, non. Mais il a fait le job. - Il a fait le job, effectivement. Heureusement.
07:03 - Bon. Alors après, la deuxième tentative, c'est que probablement, il y a eu d'autres avions qui se sont posés et qui ont témoigné en disant
07:10 "Tu peux y aller". C'est une supposition. "Tu peux y aller", ça s'est calmé. Ils retentent. Boum. Deux rushes.
07:16 Ça marche pas. Ils décident de dérouter. Non pas sur Marseille, mais sur Montpellier, parce que les conditions étaient les mêmes.
07:22 Donc les gens sont entraînés pour ça. Et il y a mille façons ou mille raisons plutôt de dérouter,
07:29 parce qu'il y a la remise de gaz, qui est angoissante, mais il y a aussi le déroutement sur un aérodrome accessible.
07:35 Moi, j'ai eu, par exemple, sur Milan, j'ai eu des très très fortes turbulences. Ça hurlait dans l'avion derrière. J'entendais bien.
07:43 Et j'avais beau dire, parce que quand ça tremble beaucoup, même votre micro, il tremble. Et donc, c'est pas évident.
07:48 On peut percevoir ça comme un bégayement, mais c'est pas du tout le cas, à mon avis. Eh bien, j'ai expliqué en disant
07:55 "Écoutez, on va retenter. Mais c'est vrai que la situation météo est pas terrible. Sinon, on va dérouter".
08:01 Et puis, il y a d'autres raisons pour dérouter. Moi, je me suis pris un vol d'oiseau, par exemple. Eh bien, ça a fendillé l'enveloppe du radar.
08:13 C'était pas du tout évident. Là aussi, il faut expliquer. Puis, il faut s'adapter à la situation. Les gens sont formés pour ça, quoi.
08:20 Et je disais à mes pilotes "Il vous arrivera toujours quelque chose". Je signale quand même, malgré mon voisin qui me dit
08:27 "Tu vas pas me dire encore que l'avion est pas dangereux", c'est quand même 4 milliards de passagers. Pas un seul accident.
08:33 Les seuls accidents, c'est la voiture qui le mène à l'aéroport. Donc, aujourd'hui, je dirais...
08:38 – Les pilotes sont formés, mais pas les gens, monsieur. C'est les gens qui ont eu peur. Les pilotes sont formés.
08:42 Mais nous, quand on est dedans... – Absolument. Je suis d'accord. Il faut expliquer.
08:45 Mais on a beau expliquer des fois, on n'entend pas. La peur surpasse, absolument.
08:49 – Bien sûr. – Donc, je conseille...
08:51 – Ah oui, quand t'as l'avion qui est comme ça, et le gars veut repartir...
08:53 – Pour ceux qui ont peur ici, vous me téléphonez, puis je vous expliquerai tout. Avec grand plaisir.
08:57 – Après cette remise de gaz, le pilote fait un nouveau tour et tente un deuxième atterrissage.
09:01 À bord, les passagers se révoltent et interpellent l'équipage.
09:04 – Mais non. – Après la deuxième remise de gaz, à ce moment-là, on sent qu'il veut faire comme un demi-tour,
09:10 mais il n'arrive même pas à tourner. Il dit un truc dans le délire. "Bon, on va réessayer, on va retenter un atterrissage".
09:17 Tout ça, c'est hyper violent parce qu'en fait, on fait des gauches, droites, des hauts, bas. C'est violent.
09:21 C'est-à-dire que sans la ceinture, on finit la tête au plafond.
09:24 On sent que le pilote n'est pas sûr de lui, il y a 200 km/h de vent. On ne rassure pas en fait.
09:28 C'est-à-dire que même moi, je me suis dit "Alors, c'est bon, stop, j'ai mal au cœur".
09:31 Mon cœur, il m'a lâché. Il y a un papa qui était dans un état pitoyable, qui a dit "Stop, c'est bon, on va changer d'aéroport".
09:37 Du coup, on a tous gueulé, on a demandé à ce qu'il change d'aéroport. Et du coup, il a dit qu'il partait vers Montpellier.
09:42 – Et donc là, il n'y arrive pas à atterrir à Nice ? Il fait une deuxième tentative ?
09:49 – Deuxième tentative parce qu'il a dû avoir des consignes.
09:52 Les dernières météos, où ça s'est calmé, peu importe, en tous les cas, il retente.
09:56 Il explique quand même qu'il retente, ce qui est déjà pas mal.
09:59 Moi, je pensais qu'à vous entendre, à entendre la dame, il ne donnait pas d'informations.
10:03 Il les donne au risque de provoquer une inquiétude supplémentaire.
10:09 Donc il faut faire attention aussi.
10:11 Moi, je me souviens, j'étais instructeur, j'avais un lâcher.
10:14 Un lâcher, ça veut dire qu'on fait le dernier vol de contrôle, le permis de conduire, si vous voulez, sur un caracas.
10:20 Première remise de gaz parce qu'il y avait un vent terrible.
10:23 Et moi, j'observais ça, je ne disais rien. Pas d'annonce au passager.
10:27 Mais moi, j'étais là en train de noter l'élève. Deuxième remise de gaz.
10:33 Et là, ça a commencé à chauffer derrière.
10:35 Et je lui ai dit "Dis donc, on ferait peut-être quand même prévenir derrière".
10:38 Ça fait partie de l'apprentissage.
10:40 Il y a une grande sensibilité qui est mise à l'information des passagers. C'est primordial.
10:44 Une passagère ancienne hôtesse de l'air était à bord.
10:46 Elle tentait de rassurer les passagers, mais confiée compte tenu de son expérience,
10:49 elle n'a pas été complètement rassurée par le pilote.
10:57 J'avais une passagère avec moi qui a été hôtesse de l'air pendant 20 ans.
11:03 Elle nous l'a dit qu'il n'a vraiment pas géré son truc.
11:05 Il ne gérait pas l'avion, elle a l'habitude.
11:08 Et en fait, je me suis rendue compte qu'elle n'était pas toute seule dans ma parano.
11:11 Et au final, quand je suis passée dans la phase limite d'acceptation de ma mort,
11:15 je n'étais pas sûre qu'on allait crasher.
11:18 – Donc, elle nous rapporte le témoignage de cette hôtesse de l'air.
11:22 – C'est pas très sympa, je trouve, ce qu'elle fait, cette hôtesse de l'air.
11:25 – Alors, ce n'est pas cette hôtesse de l'air, oui.
11:27 Ce n'est pas elle-là, dans l'audio, mais c'est ce qu'elle a dit au passager.
11:30 – C'est pas très sympa. Il a géré, il a fait ce qu'il y avait à faire.
11:33 – On peut dire… de mon point de vue, de ce que je connais du vol, il a fait le job.
11:38 Quand je dis "il", c'est au pluriel, les deux.
11:40 Parce que je vous rappelle qu'on a quand même deux pilotes à bord.
11:42 Il y en a un qui s'occupe de ce qui est périphérique, la radio, la météo, le radar, etc.
11:47 et l'autre qui pilote. C'est ou le copilote ou le commandant de bord.
11:51 Et là, il y a ce qu'on appelle une répartition des tâches.
11:54 Et c'est essentiel pour une bonne conduite à bord de nos avions.
11:57 – Alors, après les deux atterrissages manqués et la révolte des passagers,
12:00 l'avion a donc été dérouté vers Montpellier à plus de 300 km.
12:04 Même si le vol est rapide, les passagers sont un peu traumatisés à bord.
12:07 Regarde.
12:08 – Le vol Nice-Montpellier, du coup, n'a duré que 20 minutes.
12:11 Donc là, on va dire que c'est un peu la redescente d'adrénaline de tout le monde.
12:15 Moi, la nana qui ne sortait pas de sa crise d'angoisse,
12:17 c'est qu'elle a dû sortir avec les pompiers en fauteuil roulant.
12:20 Imaginez l'état psychologique.
12:22 Pour être comme ça, il n'y avait pas de blessure physique, on était bien attachés.
12:25 Mais juste l'état psychologique, en fait.
12:27 – Alors, et le calvaire n'est pas fini pour les passagers
12:30 qui se sont retrouvés avec un énorme retard à Montpellier,
12:32 à trois heures de route de l'aéroport.
12:34 Les gens ont dû rester assis jusqu'à l'intervention des secours.
12:37 C'est obligatoire ?
12:38 – Alors, s'il y a eu des passagers blessés, évidemment, c'est de la prévention.
12:42 Ça, c'est les autorités qui décident.
12:45 – Alors, écoutez.
12:47 – On arrive sur Montpellier, on doit donc bien sûr être rapatrié jusqu'à Nice.
12:54 Ils ont qu'un bus de 80 places pour 200 passagers.
12:57 Ils disent, premier arrivé, premier service.
12:59 Bien évidemment que les gens se mettent à courir et se poussent pour rentrer le car.
13:02 Ce n'est pas des choses qu'ils se font.
13:04 Mais même pas un mail d'excuses, rien du tout.
13:06 Impossible de les joindre, rien.
13:08 – Alors, il y a certains passagers qui n'ont pas pu avoir le bus.
13:11 Ils ont dû prendre des taxis réglés, près de 700 euros de taxi.
13:14 – Oh là là ! – C'est incroyable.
13:16 Est-ce que ça a été remboursé ? On ne croit pas.
13:18 – Alors, la compagnie prévoit de rembourser, assurer que ce serait remboursé.
13:21 Pour le moment, ça ne l'est pas.
13:22 – D'accord, très bien. La réponse d'Air France,
13:24 une remise de gaz quand l'avion ne se pose pas et repart vers le ciel,
13:27 c'est une procédure tout à fait normale, ce que vous disiez Gérard,
13:29 dans certaines conditions météo.
13:30 Et globalement, quand on estime qu'il ne faut pas mettre en risque les passagers à bord.
13:34 Voilà, oui.
13:35 – J'aimerais quand même dire trois choses au monsieur.
13:38 – Un peu plus fort.
13:39 – Trois choses au monsieur.
13:40 La première, c'est qu'effectivement, oui, il y a plus d'accidents de voiture.
13:42 Mais un accident de voiture, c'est 2-3 secondes, tu n'as rien vu venir.
13:45 Une descente en avion, quand il commence à chuter,
13:47 tu sais que tu vas mourir, c'est 1 minute 30.
13:49 C'est très long quand tu sais que tu vas mourir.
13:50 Donc c'est une vraie panique.
13:51 La deuxième chose, le temps des avions.
13:53 Quand je monte dans un avion, je regarde toujours sur la gauche,
13:55 il y a une petite plaque grise, et vous avez la date de construction de l'avion.
13:58 Je passe mon temps à voir des avions qui ont 20, 22, 23 ans,
14:01 qui sont très vieux.
14:03 Si monsieur, beaucoup.
14:04 Je regarde à chaque fois, je le prends en photo.
14:05 Et à chaque fois, l'hôtesse de l'air me regarde.
14:07 Et la troisième chose que je vous ai dit aussi,
14:09 pour que les avions maintenant, pour les questions d'économie,
14:11 on met moins d'essence dans les avions pour qu'ils soient plus légers.
14:14 Et s'il y a un souci, qu'ils sont déroutés ou quoi,
14:17 ils ont moins de temps de vol possible.
14:19 Donc pour toutes ces raisons aujourd'hui, pardon, mais l'avion, c'est compliqué.
14:24 - Alors un, un avion, ça dure au minimum 20 ou 30 ans.
14:29 - Ils sont sauves.
14:30 - Ils sont checkés en permanence.
14:34 Il y a des révisions générales, on démonte tout l'avion, on le remonte.
14:38 - Quand vous le révisez à un homme de 80 ans...
14:40 - Moi, je suis moins rassuré avec un avion neuf.
14:42 - Ah bon ?
14:43 - Par rapport à un avion qui est vérifié mille fois sur l'établi.
14:47 Donc, et quant au carburant, on prend juste le nécessaire.
14:51 Enfin, je veux dire qu'on n'est pas là pour bouffer du carburant.
14:54 Vous savez, quand on prend, et c'est ce qu'on faisait avant,
14:57 quand on va dans une destination où le pétrole est moins cher,
15:00 on a tendance à acheter le pétrole pour le ramener à Paris.
15:03 On se transforme en camion citernes.
15:05 Mais pour 20 tonnes de plus de carburant, vous surconsommez 10 tonnes.
15:10 - D'accord.
15:11 - Et s'il n'avait pas pu se poser à Montpellier, on n'avait plus d'essence.
15:14 - Sauf qu'il avait prévu, le pilote a aussi fait son job.
15:16 Il a pris suffisamment de pétrole en cas de problème météo notamment
15:20 et de déroutement, non seulement sur Marseille, mais sur Montpellier.
15:23 - Imaginons qu'il n'ait pas eu assez de kérosène, là,
15:25 si c'était catastrophique.
15:26 - Il aurait essayé.
15:27 - Il aurait essayé.
15:28 - Moi, je trouve bizarre de critiquer comme ça autant ce qui s'est passé.
15:32 Il y a eu...
15:33 Alors, je suis peut-être con, j'ai pas pris assez l'avion.
15:35 Il y a eu combien de morts ?
15:37 Zéro ?
15:38 - Ah ouais.
15:39 - Il a fait un avion, il peut pas se poser, il repart.
15:41 Moi, ça m'inquiète pas plus que ça.
15:42 Les gens qui crient dans l'avion ne sont pas capables
15:44 de faire des créneaux avec des Twinwood en Paris.
15:46 - Tu sais ce que c'est un traumatiste ?
15:47 - Et vous, vous critiquez un mec ?
15:48 - Ah, ouais.
15:49 - Attendez, arrêtez de critiquer.
15:50 - Gérard, est-ce qu'il t'est arrivé, toi, pour nos téléspectateurs, un truc
15:53 où vraiment t'as flippé, où vraiment tu t'es dit, là, ça y est, on va se cracher ?
15:56 - Oui, j'en ai eu plaisir.
15:57 Tous les pilotes du monde ont fait des remises de gaz,
15:59 pour quelque raison que ce soit.
16:00 Je parlais des oiseaux tout à l'heure.
16:02 - Il paraît que les oiseaux, alors, je vous le dis,
16:04 les oiseaux, c'est catastrophique pour l'avion.
16:06 Qu'est-ce qu'ils...
16:07 - Alors, un réacteur, il peut être complètement pulvérisé.
16:11 On l'a vu pour "Sully", je sais pas si vous avez regardé ce film.
16:14 J'ai eu le commandant de bord au téléphone.
16:17 Je lui ai dit deux choses, j'aimerais pas être à sa place.
16:19 Et en plus, chapeau, quoi.
16:20 - Il paraît qu'un jour, il y a un avion qui a pulvérisé le pare-brise.
16:23 - Oui, alors il y a une pare-brise qui a explosé parce que c'était un gros rapace.
16:27 Et le capitaine a été aspiré par le vide et retenu à temps par Stiguart,
16:32 qui lui a tenu les pieds.
16:33 Il a terminé son vol en décapotable, la tête en l'air.
16:36 Ils sont des sorties.
16:37 - Et je rappelle, Cyril, qu'avant, il y avait des 4 réacteurs.
16:39 Ça coûte trop cher.
16:40 On fait des très gros 2 réacteurs, mais 2 réacteurs, pardon.
16:43 Quand il y en a un qui tombe à pagne, il n'y en a plus qu'un.
16:45 4 réacteurs, il leur restait 3 à chaque fois.
16:47 Toutes ces petites choses-là qu'on met, ça devient dangereux à l'avion.
16:50 - Mais il y en a qui disent qu'avec 4 moteurs,
16:52 on a 4 fois plus de chances de tomber en planeau.
16:54 - Non, non, non.
16:55 Alors, juste, il y a eu un...
16:58 Vous nous racontiez quelque chose que vous pouviez raconter aux téléspectateurs.
17:02 Un jour, le moment où vous avez eu le plus peur de votre vie en tant que pilote de ligne,
17:05 c'est quoi ?
17:06 C'est un monsieur qui a voulu mettre face ?
17:07 - Alors, c'est pas technique, c'est humain.
17:09 Et j'en ai les larmes aux yeux à chaque fois que j'y repense.
17:12 Un passager qui voulait se suicider, il a réussi à rentrer dans le cockpit.
17:16 Il m'a coupé mes 4 moteurs.
17:18 Un avion sans moteur, c'est pas une situation d'avenir.
17:20 - Bien sûr.
17:21 - Et ce sont des choses sur lesquelles il faut réagir d'une façon adéquate.
17:26 L'équipage était devenu fou parce que lui, pour le coup, mort de trouille.
17:30 Et il a fallu gérer ça.
17:32 Donc, on a dérouté sur Bordeaux.
17:35 On allait sur Dakar.
17:36 Et il a fallu gérer les passagers.
17:39 Mais c'est un problème humain avant tout.
17:41 Et là aussi, j'avais beau expliquer aux passagers...
17:43 - Comment ça s'est fini ?
17:44 - Il y en a un qui m'a pris par le col.
17:45 Il m'a dit "T'as tué mon frère".
17:46 Je lui ai dit "Mais c'est ton frère ?"
17:48 Et il me dit "Non, mais c'est pareil".
17:50 Je lui ai dit "Mais moi aussi, c'est pareil".
17:51 J'ai fait ce que j'ai pu pour le sauver.
17:53 J'ai fait ce que j'ai pu pour sauver l'équipage et les passagers.
17:57 On peut toujours faire mieux.
17:58 Mais franchement, c'est quelque chose que je ne souhaite à personne.
18:02 - Oui.
18:03 - Si vous pouvez nous rassurer encore un peu.
18:04 Tout à l'heure, vous avez parlé de la formation des pilotes.
18:06 Là, c'était Air France.
18:07 Moi, je veux savoir, quand on prend des low cost,
18:09 est-ce que les pilotes sont formés de la même manière 3 fois par an ?
18:13 Si je prends Ryan, si je prends Transavia, EasyJet,
18:15 est-ce que c'est la même formation pour les pilotes ?
18:17 - Alors, d'abord, les avions sont très récents sur les low cost.
18:20 Moi, je ne vais pas attaquer les low cost.
18:22 - Ok.
18:23 - Mais en plus, les pilotes, la difficulté,
18:27 ce sont des pilotes qui viennent du monde entier.
18:29 Donc, il y a un problème linguistique qui peut arriver.
18:31 Et puis, des compagnies comme Ryanair, par exemple,
18:34 il y en aura d'autres, eh bien, ils calculent au centime près, évidemment.
18:39 - Ils n'ont pas des simulateurs 3 fois par an ?
18:41 - Mais ils ne touchent pas la technique.
18:42 Ce ne sont pas des avions dangereux.
18:44 Les pilotes sont formés comme la réglementation l'exige.
18:48 Et ils sont quand même surveillés.
18:49 Donc, non, il n'y a pas de problème particulier sur le low cost.
18:54 A ceci près, la fatigue des pilotes,
18:57 où on les soumet à des conditions de vol un peu particulier.
19:01 - C'est ça.
19:02 Alors, crash d'avion, les 3 conseils pour augmenter les chances de survie.
19:06 3 conseils, être assis à l'arrière de l'avion.
19:09 - Donc, voilà.
19:10 - Il n'y a aucune chance.
19:11 - Pourquoi l'arrière ?
19:13 - Donc, tout ça, attendez, attendez.
19:14 Tous ceux qui sont en first, tous ceux qui sont en business, ce n'est pas bon.
19:17 Une étude effectuée sur 20 crashs aériens a démontré
19:19 que les passagers assis à l'arrière avaient 69 % de chances de plus de survivre.
19:23 - 69 % ?
19:24 - Les sièges situés aux issues de secours sont aussi intéressants.
19:26 En cas d'évacuation, plus vous êtes près d'une sortie de secours,
19:28 plus vos chances sont élevées de vous sentir indemne.
19:30 Mais vous voyez, c'est mieux d'être à l'arrière de l'avion.
19:32 - Oui, mais pourquoi alors ?
19:33 - Parce que c'est plus cher.
19:35 - Parce que tu es mieux.
19:37 - Ils ne vont pas mettre la première derrière.
19:40 - Ils partent du principe qu'il n'y aura pas de crash.
19:43 - Non, mais ils partent du principe qu'il n'y aura pas de crash.
19:45 - Tu as le lard de première place à côté des toilettes.
19:47 - Tu es en première place à côté des toilettes.
19:49 - Mais elle, depuis que je les connais, elle est de plus en plus con.
19:51 - Je ne sais pas comment on s'est fait.
19:52 - Non, mais ce n'est pas possible.
19:53 - Elle a pris du plaisir, mais le cerveau a brûlé.
19:55 - Je te jure, le cerveau a brûlé.
19:56 - Elle ne prend jamais la vie dans un avion.
19:58 - S'il vous plaît, écoutez les consignes de sécurité.
19:59 Même si ça peut paraître chiant pour beaucoup de monde,
20:01 écoutez les consignes de sécurité données par l'équipage.
20:03 En vol d'écolage, c'est vrai que là, elle a dit un truc.
20:06 Elle a dit qu'on avait nos ceintures.
20:07 Si on n'avait pas eu nos ceintures, elle a dit qu'on était...
20:09 Et c'est vrai qu'on dit souvent, mettez vos ceintures,
20:11 on les voit vérifier, tout ça, on dit à chaque fois, ça va.
20:13 Parce que moi, je me dis souvent, ça va changer quoi
20:15 que je ne mette pas de ceinture si l'avion se crash ?
20:17 Mais en fait, pour les turbulences comme ça...
20:19 - Je trouve qu'il y a des consignes de sécurité vidéo maintenant
20:22 qui sont sacrément bien faites, quelques fois drôles d'ailleurs.
20:25 - Mais moi, je les regarde même chez moi comme ça.
20:27 Je les regarde comme ça, je me fais un kiff, tu vois.
20:30 Et porter des vêtements en coton.
20:32 - Quoi ? - Ah bon ?
20:33 - Pourquoi ? - Eh oui, porter des vêtements en coton.
20:35 Pour ceux qui arrivent en Cachemire, dans l'avion tel Mathieu Delormeau, c'est non.
20:39 Les vêtements en coton sont nettement moins inflammables
20:41 que les matières synthétiques.
20:42 Les manches longues et pantalons sont des protections supplémentaires.
20:45 Les baskets, voilà, permettent d'évacuer vite.
20:48 Voilà, on peut les enlever vite, les baskets aussi.
20:50 Donc on a généralement moins de 90 secondes, pas de talons hauts
20:53 pour éviter de crever les toboggans d'évacuation.
20:56 Moi, c'est ce qui m'est arrivé la dernière fois.
20:58 - Il est temps. - Quand on fait un Paris...
21:00 - Les riches payent plus cher, mais meurent en premier.
21:05 - Exactement. - C'est ça qui est bien ça.
21:07 - Quand on fait un Paris Nancy et qu'on nous explique
21:09 comment mettre un gilet de sauvetage, c'est surtout dans une piscine ?
21:12 - C'est vrai. - Mais non, c'est quoi le truc ?
21:14 - Un Paris Nancy, pourquoi vous... ?
21:15 - Il n'y a pas suffisamment d'accidents, et heureusement,
21:17 pour faire des statistiques là-dessus.
21:19 Donc je suis un petit peu réservé.
21:21 - Moi, je suis comme vous.
21:22 - Alors, il y a les compagnies aériennes les plus sûres.
21:24 Qantas, numéro 1, Air New Zealand.
21:26 - Ah ouais. - Qantas, c'est la compagnie la plus sûre.
21:29 - Et vous, vous, vous ? - Je vous le dis.
21:31 - Et en France, on est où ? - On n'est pas si loin.
21:34 - C'est une blague ? - On n'est pas là.
21:37 - On a tendance à parler sécurité, sûreté, ce qui n'est pas tout à fait pareil,
21:41 et confort à bord. - D'accord.
21:43 - Et les pires compagnies du monde, Népal Airlines.
21:45 - Oui, il y a eu un accident il y a pas longtemps.
21:47 - Noc Air en Thaïlande, Airlines PNJ, bon voilà.
21:50 - Alors, il y a les blacklists, effectivement.
21:53 - Oui, moi, je ne vous conseille pas trop d'aller prendre l'arnaque.
21:56 Royal Népal Airlines Corporation, j'étais pilote là-bas.
21:59 - C'est quoi, c'est catastrophe, ça ? - Ben, c'est pas évident, quoi.
22:02 Il y a eu un trop d'accidents. - C'est pas évident.
22:04 - Il faut aimer le danger. - Donc, tu prends l'avion,
22:05 mais tu te dis, tu as une chance sur deux de dépasser, quoi.
22:07 - Il faut aimer le danger. - Il faut aimer le danger.
22:09 - Alors, il y a des fois aussi, des déroutements...
22:11 Il y a des déroutements où on met les passagers dans la boucle,
22:14 c'est pas évident. J'ai fait un vol, panne de toilette.
22:17 Ça me paraît pas évident. J'allais sur New York.
22:20 - Ah ouais ? - Et puis, vous savez que les toilettes,
22:23 c'est par aspiration. Donc, quand il y en a une qui se bouge,
22:26 c'est tout arrangé. Donc, on me dit, il y a tout le côté droit,
22:29 il n'y a pas de toilette. - Ah ouais, c'est chaud, ça.
22:31 - Il reste le côté gauche, c'est très bien. Paf ! Panne du côté gauche.
22:34 On m'a dit, ah ouais, mais tu sais, il y a trois ordinateurs à bord.
22:37 Il y a le fuel control unit, c'est-à-dire le fuel qui passe d'avant en arrière
22:42 pour équilibrer l'avion. Il y a le flight control unit,
22:45 c'est les commandes de vol électriques. Et il y a, ce que je ne savais pas,
22:48 le flush control unit, c'est l'ordinateur des chasse-d'eau.
22:51 Donc, je contacte Édimbourg, Glasgow, les aéroports en disant,
22:57 vous avez des toilettes ? Alors, le contrôleur me dit,
22:59 il était un peu étonné quand même. - C'est un peu oublié.
23:01 - Oui, bien sûr que j'ai des toilettes. Je lui dis, vous en avez suffisamment
23:03 pour 250 passagers ? - Ah ! Non.
23:05 - Bon, il m'a accueilli quand même. - Vous vous êtes posé ?
23:07 - Des fois, ça devient cocasse, mais bon, j'ai rien.
23:09 - Vous vous êtes posé ? - Non, mais non, vous vous êtes posé
23:11 avec des toilettes ? - Sur un long courrier, il était obligé de faire.
23:14 - J'avais beaucoup de toilettes. - 6 heures de vol sans toilettes,
23:16 ce n'était pas possible. - C'est incroyable.
23:18 - C'était l'anecdote. - C'est incroyable, ça.
23:20 - En tous les cas, les situations sont gérables.
23:22 [Musique]

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