Faut-il réquisitionner les éboueurs ?

  • l’année dernière
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Françoise Degois, Frédéric Dabi, Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-La Napoule, vice-président de la communauté d’agglomération Cannes-Pays de Lérins et Jean-Yves Pinet, maire-adjoint en charge de l’espace public à la mairie du 15e arrondissement de Paris.

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##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2023-03-14##

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Transcript
00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:03 Avec cette question, faut-il réquisitionner les éboueurs ?
00:06 Pour l'instant vous dites non en majorité,
00:08 puisque Paris, Nantes, Le Havre, Saint-Brieuc,
00:11 et en tout cas 8 villes en France, depuis une semaine,
00:13 les éboueurs font grève et réclament de la part du gouvernement
00:16 aucune prise de conscience face à la pénibilité de leur travail,
00:20 un main-contentement qui tourne forcément à l'urgence sanitaire.
00:22 Et pour ne rien arranger, 3 usines d'incinération des déchets ménagers en Ile-de-France
00:28 enregistrent des arrêts de travail, de nombreux élus réclament un service minimum
00:32 de ramassage des poubelles.
00:33 Certains sollicitent des prestataires privés.
00:36 Gabriel Attal, ministre chargé des Comptes publics,
00:38 tranche, je pense qu'il faut prendre des mesures,
00:41 ça peut être réquisitionné dès lors que ça permet d'avoir une situation plus vivable.
00:45 Auditeur de Sud Radio, qu'en pensez-vous ?
00:48 0826-300-300 et nos invités pour en parler,
00:51 Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-Lana-Paule,
00:53 vice-président de la communauté d'agglomération Cannes-Pays de l'Hérince.
00:56 Bonsoir, merci d'être avec nous.
00:58 Il va nous rejoindre dans un instant.
01:00 Jean-Yves Pinet, maire adjoint en charge de l'espace public,
01:03 propreté, voirie, à la mairie du 15e arrondissement de Paris.
01:07 Bonsoir.
01:08 Oui, bonsoir.
01:09 Bienvenue sur Sud Radio.
01:10 Bonsoir Jean-Yves Pinet.
01:12 Oui, vous êtes donc aux côtés de Philippe Goujon, le maire du 15e arrondissement,
01:16 qui menace, c'est donc officiel depuis cet après-midi,
01:20 il réclame un service minimum.
01:24 Est-ce que c'est possible ? Est-ce que vous allez avoir gain de cause ?
01:28 Alors, je ne sais pas si on va avoir gain de cause,
01:30 puisque ça ne dépend malheureusement pas des élus locaux,
01:33 mais c'est vrai que la situation empire,
01:36 bien que celle du 15e, contrairement à d'autres arrondissements qui sont collectés par la ville,
01:40 on est collecté par une entreprise privée,
01:42 qui a été bloquée d'ailleurs, puisque le dépôt est dans le Val-de-Marne,
01:45 par des éléments extérieurs,
01:47 puisqu'en fait les salariés souhaitent pouvoir travailler,
01:51 mais ils sont empêchés de sortir du dépôt.
01:53 Donc on est face à une situation où,
01:55 alors j'ai entendu qu'apparemment,
01:57 beaucoup d'auditeurs ont l'air de soutenir le mouvement,
01:59 on peut le soutenir.
02:01 Moi j'ai beaucoup d'administrés qui nous demandent d'agir,
02:03 parce qu'on a des situations assez dramatiques,
02:05 devant des écoles, devant des crèches,
02:07 ça soigne de partout, les rats ressortent,
02:09 donc il y a un moment donné où effectivement les situations ne sont plus tenables.
02:13 Donc oui, il faut réquisitionner,
02:16 ou tout au moins demander un service minimum,
02:18 et il faut le demander aussi au niveau des incinérateurs,
02:21 parce qu'on ne peut pas concevoir d'avoir,
02:23 dans la plus grosse métropole de France,
02:25 trois incinérateurs à l'arrêt,
02:27 tout le monde va à Romainville,
02:29 il faut 2h30 du 15ème entre le transport et l'attente pour aller à Romainville,
02:33 ce qui fait qu'en fin de compte on n'arrive absolument à collecter
02:36 que la moitié de ce qu'on pourrait collecter,
02:38 et là aussi c'est un petit peu dramatique,
02:40 donc il faut quand même à un moment donné,
02:42 prendre la situation, prendre le taureau par les cornes,
02:44 et effectivement assurer le minimum pour nos déchets,
02:46 qui je le dis sont en train de sointer dans les caniveaux.
02:49 - Jean-Yves Pinet, on va faire un tour de table avec Philippe Billière sur cette réquisition.
02:53 Ces noms à 80% chez nos auditeurs.
02:56 La question.
02:58 - Je suis frappé par deux choses,
03:01 d'une part, le hasard a fait que j'ai pu lire quelque chose hier,
03:06 sans savoir ce que vous en traiteriez aujourd'hui,
03:09 sur le statut des éboueurs en France.
03:14 Je n'aurais pas souhaité faire ce métier,
03:17 même si en aucun cas, il n'a à être méprisé d'une quelconque façon.
03:23 Je note tout de même qu'il a un certain nombre d'avantages,
03:27 et qu'à l'heure actuelle, son statut s'inscrit plutôt dans le registre européen,
03:32 que dans le cadre national.
03:34 Il y a un certain nombre d'avantages qui sont évidents,
03:37 et je dirais même que sur le plan financier,
03:40 par rapport à d'autres professions,
03:43 et par rapport au temps de travail,
03:45 il y a pire, c'est évident.
03:48 Et je me demande pourquoi les maires,
03:50 face à quelque chose qu'ils auraient le droit d'utiliser,
03:54 ont tant de scrupules pour utiliser devant la situation lamentable de Paris,
03:59 par exemple, le droit de réquisition.
04:02 - Il va vous répondre, mais juste avant, on fait le tour de table avec François Segouin.
04:05 - D'abord, sur le statut des éboueurs,
04:07 vous êtes bien gentil, Philippe Bilger, de parler du statut des éboueurs.
04:11 Objectivement, si vous allez lire jusqu'au bout,
04:13 je ne sais pas où est-ce que vous avez lu ce papier,
04:15 quand on le lit jusqu'au bout,
04:17 on sait que les éboueurs ont en moyenne 7 ans de durée de vie moindre que la plupart des salariés,
04:22 comme les égouttiers d'ailleurs,
04:24 qui ont des avantages.
04:25 On peut dire que les égouttiers ont des avantages,
04:27 ça c'est sûr, par rapport au temps de travail.
04:29 Aller travailler dans les poubelles toute la journée,
04:31 quand un éboueur vous dit,
04:33 pour moi, deux ans de plus c'est insupportable,
04:35 parce que j'ai déjà une durée de vie inférieure,
04:38 en moyenne, bien sûr,
04:39 on peut l'entendre, deuxièmement,
04:41 évidemment, et j'en suis ravi,
04:43 c'est vrai que les UGAG sont mécontents,
04:45 mais la réalité, c'est que ce mouvement est populaire.
04:48 Les éboueurs donnent...
04:49 - Il est visible au moins.
04:50 - Il est visible, ils donnent de la visibilité à un combat,
04:53 c'est très drôle de voir les poubelles qui débordent devant l'Elysée,
04:55 personnellement, moi ça me fait sourire,
04:57 après, les rats, la puanteur, c'est pas le sujet,
05:01 moi je crois vraiment que,
05:03 je vois bien les chaînes de télé qui essaient de trouver des gens qui râlent,
05:06 et bien à chaque fois, à la fin de la phrase,
05:08 c'est "ouais c'est pas sympa, mais quand même, ils ont raison".
05:10 - Pas tous, François, c'est bon.
05:12 - Non, mais en grand parti, et je termine,
05:14 je pense que cette sympathie-là me fait penser à 95,
05:18 je pars sous votre contrôle, Frédéric,
05:20 et troisième point, c'est un mouvement qui est très organisé,
05:22 ça fait des semaines que je le dis,
05:24 il y a des caisses de grève qui sont mises en place depuis très longtemps.
05:26 - Allez, Frédéric Damien.
05:28 - C'est vrai que c'est un mouvement plutôt populaire,
05:30 il ne faut pas oublier que c'est vraiment la catécessance du métier pénible,
05:33 alors il partait plutôt à la retraite que les autres,
05:35 il partait à 57 ans, il partira à 59 ans,
05:37 et c'est vrai qu'il n'y a pas eu de sondage,
05:39 et on sort une opinion qui n'est pas vente de goût.
05:41 Maintenant, là où il peut y avoir un point de bascule,
05:43 c'est sur la question de la santé, de la santé publique,
05:46 où là, il y a des risques sur la santé publique,
05:49 non seulement les odeurs et la présence de rats,
05:52 il y a un grand acteur qu'on n'entend absolument pas,
05:54 c'est le préfet, préfet de police et préfet d'Île-de-France,
05:57 eux pourraient peut-être, ils ont le pouvoir,
05:59 pour pouvoir peut-être...
06:01 - C'est sur demande de maires.
06:03 - J'ai vu la métaphore de Françoise en 95,
06:05 c'est ce qui s'était passé.
06:07 - Sur la demande des élus locaux, effectivement,
06:09 le préfet peut agir.
06:10 Justement, Jean-Yves Pinet,
06:12 vous demandez au préfet d'agir,
06:14 vous avez entendu les réflexions,
06:15 ce qui tétanise un petit peu les élus,
06:17 à Paris et dans les huit villes,
06:19 là aujourd'hui, qui sont pénalisées,
06:21 c'est justement la condition des éboueurs.
06:24 On est mal à l'aise, quand même.
06:26 - Oui.
06:27 - Non mais, bien sûr que, je veux dire,
06:29 la pénibilité de ce travail,
06:31 elle est reconnue et elle doit être reconnue,
06:33 et il ne faut pas l'occulter.
06:35 Alors, pour répondre au monsieur qui dit
06:37 "le mouvement est populaire",
06:38 je vais juste donner un retour que j'ai eu,
06:40 parce que j'ai quand même, depuis hier,
06:42 énormément de mails sur des gens
06:44 qui nous demandent d'agir.
06:46 Ils peuvent peut-être être d'accord
06:48 avec le mouvement, mais dans ce cas-ci,
06:49 ils nous demandent d'agir,
06:50 et j'en ai une qui dit que,
06:51 oui, les éboueurs ont le droit de faire grève,
06:53 ils font bien de faire grève,
06:54 mais allez chercher les éboueurs du privé pour ramasser.
06:56 Alors, c'est un petit peu paradoxal de dire,
06:58 voilà, dans un cas, on a le droit d'avoir des éboueurs
07:00 qui font la grève, et de l'autre côté, non.
07:02 On voit que d'autres entreprises privées travaillent,
07:05 donc il est un petit peu aussi, là, compliqué
07:08 d'expliquer que les éboueurs de la ville de Paris
07:10 ont le droit de faire grève,
07:11 et que les autres, finalement, doivent ramasser
07:13 ce qui est dans les arrondissements.
07:14 Oui, il faut qu'on agisse, parce que là,
07:16 à minima, sur certains coins,
07:18 je pense aux crèches, je pense aux écoles,
07:20 ça se soigne de partout,
07:21 il y a un moment donné où, de toute façon,
07:22 on aura quand même une petite urgence sanitaire,
07:24 alors ce n'est pas le Covid, peut-être,
07:26 mais ça pose problème,
07:28 sans compter les pollutions après,
07:29 parce qu'avec les eaux, ça passe dans les sols,
07:31 ça part dans la Seine,
07:32 ça s'envole un petit peu de partout,
07:34 donc il faut quand même limiter les choses.
07:35 Il y a quand même un moment donné où,
07:37 moi je veux bien la grève,
07:39 je veux bien un mouvement de grève,
07:40 mais il y a un moment donné où on ne va pas pouvoir supporter non plus.
07:42 Appelez-nous d'ailleurs 0826 300 300,
07:47 dites-nous si vous êtes plutôt enclin
07:49 à vouloir qu'on les ramasse,
07:50 ou est-ce que vous êtes plutôt enclin
07:52 à ce que finalement, on continue la grève.
07:54 Notre invité, Sébastien Leroy, est avec nous,
07:56 maire de Mandelieu-Lanapoule,
07:58 vice-président de la communauté d'agglomération de Cagnes-Pays,
08:00 de l'Erinz.
08:01 Bonsoir, merci d'être en direct sur Sud Radio.
08:03 Bonsoir.
08:04 Bonsoir Sébastien Leroy.
08:05 Alors vous, à Mandelieu-Lanapoule,
08:07 situation correcte,
08:09 mais vous avez une entreprise privée
08:11 qui est à votre service.
08:13 C'est peut-être en cette période
08:15 ce qui peut faire pencher la balance,
08:17 le fait d'avoir le service privé en face.
08:20 Ça fait partie effectivement des dispositifs
08:23 qui permettent de, on va dire,
08:26 de limiter les effets de grève,
08:28 même si parfois les entreprises elles-mêmes sont touchées.
08:31 On a eu par le passé des cas où c'était les sociétés privées
08:34 étant impactées qui ne ramassaient pas,
08:36 mais c'était beaucoup plus limité.
08:38 On est dans une communauté d'agglomération
08:39 où on a les deux systèmes en réalité.
08:41 Sur Mandelieu, c'est du ramassage par société privée
08:43 à marché public,
08:44 mais sur les autres îles,
08:46 on a gardé le système qui était en régie
08:48 et on est en phase d'harmonisation.
08:50 Bon, dans votre région,
08:51 alors ce n'est pas dans votre communauté d'agglomération,
08:54 mais Antibes souffre énormément.
08:56 Une question autour de la table. Philippe Bilger.
08:58 Non, mais je veux dire,
09:00 est-ce que l'État, par exemple,
09:03 si je comprends bien, dans votre communauté,
09:05 n'a rien à voir avec ce que vous imaginez à Paris ?
09:08 Vous ne ressentez pas les effets négatifs
09:11 de quoi que ce soit ?
09:13 De cette grève.
09:14 Alors en fait, en réalité, nous, non.
09:16 Effectivement, on est assez préservé sur ce sujet.
09:18 On n'a pas eu de grandes difficultés,
09:19 même par le passé.
09:21 On a pu voir effectivement,
09:22 dans certaines grandes métropoles
09:24 et dans certaines grandes agglomérations de départements
09:26 que là, c'est un peu traditionnel.
09:28 Je pense notamment dans les bouffureaux,
09:29 où il y a souvent ce type de problème.
09:31 Et ça pose un petit peu la question, en réalité,
09:34 à la fois de l'organisation du système,
09:36 de son historique,
09:37 et de la conception qu'on a du droit de grève
09:39 qui est certifié d'utile,
09:41 et qui, dans certains domaines, doit connaître des limites.
09:44 Moi, je voulais juste dire...
09:45 Allez-y, Françoise.
09:46 Merci, machin Cécile.
09:47 Je voulais juste dire que Naples a connu
09:49 un mois de grève des poubelles,
09:51 et la ville s'en est parfaitement bien remise.
09:54 J'entends qu'on sonne déjà le toxin sur le tourisme.
09:56 Alors, il y a le président de l'Office du tourisme
09:58 qui a dit "non, non, mais pour le moment, ça ne gêne pas".
10:00 Je vois qu'on laisse traîner les micros
10:01 sur tous les gens qui visitent Paris.
10:03 Je rigolais, il y avait une brochette,
10:05 il y avait un Italien...
10:06 Vous avez vu qu'Anne Hidalgo a fait nettoyer
10:07 tout le pourtour de la Tour Eiffel.
10:09 Non, mais ce que je veux dire par là...
10:10 C'est impossible, c'est vrai.
10:11 Non, mais ce que je veux dire par là...
10:12 D'abord, il faut voir si ce n'est pas une entreprise privée.
10:14 Par ailleurs, ce n'est pas le sujet.
10:16 Tout le monde tombe à bras raccourcis sur Anne Hidalgo
10:18 parce qu'elle soutient la grève.
10:20 Mais je vous rappelle que le Havre déborde de poubelles
10:23 et c'est la ville d'Edouard Philippe
10:24 qui est en tête de tous les sondages,
10:26 de notre ami Frédéric Zabie.
10:28 Donc, je veux dire par là,
10:29 arrêtons avec l'apocalypse.
10:31 On va tous mourir de la peste à cause des rats,
10:33 à cause des éboueurs.
10:34 C'est bien, je comprends votre logique.
10:36 Enfin, essayons de mourir le plus tard possible, François.
10:39 Non, mais c'est une blague.
10:40 C'est une blague.
10:41 Je n'ai pas de l'humour, je le répète encore.
10:43 C'est ça, le discours apocalyptique
10:45 qui consiste à dire
10:46 "les touristes vont fuir, c'est horrible".
10:49 J'ai écouté une Anglaise qui disait
10:51 "ben oui, c'est ennuyeux,
10:53 mais en vérité, à Londres, il y a encore plus de grèves
10:55 et encore plus de poubelles
10:56 et ils ont bien raison de se battre pour leurs droits".
10:58 Il y a un problème pour tous ces élus.
11:00 Il y a un levier qui n'arrive pas à bouger.
11:02 C'est la sympathie du public pour ces mouvements.
11:04 0-826-300-300.
11:06 Pierre, de retour.
11:08 Pierre Isbach.
11:09 Alors Pierre.
11:10 Alors moi, j'habite à la campagne,
11:11 donc je ne suis pas impacté par les grèves.
11:14 Bon, on va raccrocher, alors laissez tomber.
11:16 Dans la campagne toulousaine, on le rappelle.
11:18 Voilà, exactement.
11:19 Mais par contre, ce que je dirais,
11:21 c'est que je crois que surtout,
11:22 c'est un problème de fond,
11:23 c'était un problème lié aux retraites
11:25 et non pas un problème des boueurs.
11:26 Donc aujourd'hui, bien entendu,
11:28 on s'est passé plus ou moins
11:30 des grèves de SNCF
11:32 aux grèves EDF
11:34 et maintenant aux grèves des éboueurs.
11:35 Et demain, ça fera quoi ?
11:36 Donc la question, elle n'est pas là.
11:38 La question, elle était vraiment sur les retraites.
11:40 Aujourd'hui, bien sûr,
11:41 on utilise n'importe quel moyen.
11:43 Donc demain, vous aurez beau privatiser
11:45 le système des éboueurs en France,
11:47 ils trouveront d'autres moyens,
11:49 c'est-à-dire les cégétistes, entre guillemets,
11:50 ils trouveront d'autres moyens
11:51 pour faire les grèves ailleurs.
11:53 Donc je crois que non,
11:54 le vrai problème aujourd'hui,
11:55 c'est ce problème de retraite.
11:56 Et en effet, ces retraites peuvent être,
11:58 pour moi, à mon sens,
11:59 elles auraient dû être maximum à 60 ans,
12:01 sachant qu'il y a des moyens énormes
12:02 pour pouvoir régler ces retraites,
12:04 si ce n'est que la seule chose
12:05 que l'on veut faire,
12:06 c'est qu'on préfère dépenser de l'argent public
12:09 dans des domaines qui n'intéressent pas forcément les gens,
12:12 plutôt que de donner de l'argent aux gens
12:14 ou de capitaliser pour les retraites.
12:16 - Mais puisqu'on parle de la retraite, Pierre,
12:18 effectivement, le symbole est fort
12:19 par rapport aux éboueurs
12:20 qui, on l'imagine,
12:21 n'ont pas envie de faire toute leur vie
12:23 en faisant ce métier.
12:24 Une question, parce que Jean-Yves Pinet,
12:26 maire adjoint en charge de l'espace public
12:28 dans le 15e arrondissement de Paris,
12:29 reste avec nous,
12:30 et merci, vous nous confirmez
12:31 qu'à Paris, c'est kiff-kiff au niveau des marchés.
12:33 Il y a une partie qui est du service public
12:36 et de l'autre du service privé, c'est ça ?
12:38 - Tout à fait.
12:39 Les arrondissements collectés par la ville de Paris
12:44 sont tous à l'arrêt
12:45 depuis le déclenchement du mouvement
12:47 et donc normalement le seront jusqu'au 20,
12:49 puisque sur Paris, on a eu l'information
12:51 qu'ils reconduisaient leur mouvement jusqu'au 20.
12:53 Sur les autres arrondissements,
12:55 ce sont des sociétés privées.
12:57 Nous, la difficulté sur le 15e,
12:59 je le redis encore,
13:00 c'est que le dépôt d'Ebène
13:02 étant dans une circonscription
13:04 détenue par Mathilde Panot,
13:06 elle a orchestré le blocage du dépôt
13:09 alors qu'on a des éboueurs qui veulent travailler.
13:12 Bien évidemment, j'entends tout ce que vos invités ont dit,
13:16 bien sûr la pénibilité du travail,
13:18 mais aussi la sympathie du public.
13:20 La problématique, ce n'est pas tant la sympathie du public,
13:22 on ne va pas tous mourir demain, on est d'accord,
13:24 sauf qu'il y a un moment donné
13:25 où effectivement, on a quand même une grosse problématique
13:27 devant certains endroits,
13:29 devant des hôpitaux.
13:30 Excusez-moi, mais quand les hôpitaux ne sont plus collectés
13:32 et que tout est devant,
13:34 il y a quand même un petit problème d'hygiène
13:36 et il faut quand même qu'on fasse quelque chose.
13:38 On nous demande à nous,
13:39 élus locaux qui sommes en première ligne,
13:41 comme à chaque fois, d'agir,
13:43 alors que ce sont parfois des situations qui nous dépassent.
13:46 On a eu une grève salariale
13:48 chez Pizorno il y a quelques mois de ça,
13:50 c'était une grève entre l'employeur
13:52 et les salariés pour des augmentations de salaire.
13:54 - Une société de ramassage.
13:56 - Une société de ramassage.
13:58 On a joué les médiateurs,
14:00 on a pu travailler,
14:01 on a pu rencontrer tout le monde,
14:02 mais là le problème c'est que nous-mêmes,
14:04 on ne sert à rien pour jouer les médiateurs
14:06 puisque ça nous dépasse.
14:07 Et comme ça nous dépasse,
14:08 qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ?
14:09 À part prendre des coups,
14:10 l'élu local est toujours en ligne de mire,
14:12 il prend les coups.
14:13 J'entends même que ce soit sympathique,
14:15 bien évidemment,
14:16 il y a une sympathie pour ce travail pénible,
14:19 elle l'a été pendant le Covid,
14:21 alors pas tout le temps,
14:22 mais elle l'a été.
14:23 Mais maintenant, il faut quand même aussi agir
14:25 et que chacun prenne ses responsabilités,
14:27 le préfet, la maire de Paris,
14:29 et l'ensemble des élus
14:30 et des responsables de l'espace public.
14:33 Et vous espérez des réponses quand en tout cas ?
14:35 Si je pouvais raccrocher et avoir ces réponses,
14:38 ce serait parfait,
14:39 mais malheureusement je ne vais pas les attendre tout de suite,
14:43 j'ai l'impression qu'on joue la montre.
14:45 Donc on essaye de trouver des solutions,
14:47 on essaye de travailler,
14:48 on y a travaillé tout le week-end avec Philippe Goujon
14:50 pour essayer justement de voir des solutions,
14:52 on a des bennes qui retournent ce soir justement
14:54 parce qu'on a réussi à trouver des solutions
14:56 pour éviter le blocage du dépôt,
14:58 donc nous on fait le boulot d'élus local
15:00 vis-à-vis de nos populations,
15:02 maintenant à chacun de faire la sienne,
15:04 que ce soit effectivement les préfets, les réquisitions,
15:06 la maire de Paris,
15:08 même au niveau du sycthome,
15:09 j'invite le président du sycthome quand même
15:11 à ré-ouvrir un ou deux centres d'incinération
15:13 parce que ça commence à coincer sérieusement.
15:15 Et juste petite parenthèse,
15:16 Sébastien Leroy, vous me confirmez que dans la région,
15:18 c'est essentiellement Antibes qui est touché par les grèves,
15:21 pour le reste, ça va sur la côte d'Azur ?
15:23 À ce stade, ça va.
15:24 Par contre, ce que je voudrais rajouter
15:26 et c'est ce que vient de dire mon collègue,
15:28 auquel je souscris complètement,
15:29 c'est vrai que l'élu local est toujours en première ligne,
15:31 responsable de tout,
15:32 il faut bien comprendre que la difficulté qu'on a aussi,
15:34 c'est qu'on ne peut pas agir s'il n'y a pas la notion de danger
15:36 qui est avérée.
15:37 La notion de danger, elle est interprétée
15:39 assez strictement par les tribunaux administratifs
15:41 et si vous faites des réquisitions, par exemple,
15:43 sur des notions qui ne sont pas avérées,
15:45 vous vous faites casser, ça ne marche pas.
15:47 Mais il faut bien comprendre que le danger,
15:49 il est à la fois sur la santé publique,
15:50 il est sur l'hygiène,
15:51 mais il y a aussi plusieurs sortes de dangers.
15:52 Je vous donne un exemple très concret
15:53 qui s'est passé il y a moins de deux ans
15:55 sur la ville de Marseille,
15:56 quand il y a eu une grève des éboueurs
15:57 qui a duré plusieurs semaines,
15:58 il y avait des centaines de tonnes d'ordures dans les rues,
16:00 des averses sont arrivées qui n'étaient pas prévues,
16:03 tout a été balayé et est parti en mer.
16:05 Et la Méditerranée a été polluée d'un coup
16:07 par des centaines de tonnes d'ordures
16:09 qui ont été sur les fonds et qui sont toujours.
16:11 Donc on peut accepter, effectivement, le débat social,
16:14 mais on ne peut pas sur ce sujet-là
16:16 le considérer comme tous les autres.
16:18 Parce qu'il y a un impératif,
16:19 l'hygiène et la sécurité publique.
16:20 Et puis surtout pour la manifestation demain,
16:22 beaucoup ont peur qu'on mette feu à ces poubelles.
16:27 Parce que là, pour le coup, ça met un risque aussi.
16:30 Merci beaucoup en tout cas à nos interlocuteurs,
16:33 à nos invités d'avoir été avec nous.
16:34 Sébastien Leroy, maire de Mendelieu-Lanapoule,
16:36 vice-président de la communauté d'agglomération Cannes-Pays-de-l'Erince,
16:39 et Jean-Yves Pinet, maire adjoint en charge de l'espace public
16:43 de la mairie du 15e arrondissement de Paris.
16:45 Merci d'avoir été avec nous.
16:47 Vous restez avec nous.
16:48 On reste encore quelques minutes
16:50 avec un auditeur 0826 300 300
16:53 pour réagir à cette émission.
16:54 A tout de suite.

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