À J-500 des Jeux Olympiques et paralympiques de 2024, la question est de savoir de combien sera la facture de l'organisation. La réponse et les explications du journaliste BFM Business Frédéric Bianchi.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Et on retrouve Frédéric pour évoquer aujourd'hui les JO. On est à 500 jours, c'est vrai que ça approche, il y a eu pas mal de polémiques, notamment autour des billets.
00:07 On s'interroge aujourd'hui sur la facture et aussi les retombées économiques des Jeux Olympiques à Paris. Est-ce qu'on sait déjà combien ça va coûter ?
00:14 Alors la facture, oui, on sait à peu près. Ça va évoluer, il va peut-être y avoir encore un peu d'inflation, mais la Cour des comptes en janvier a chiffré à 8,8 milliards d'euros.
00:24 Alors on mélange un peu tout là-dedans. C'est le budget du comité d'organisation, qu'on appelle le COJOP, ajouté à celui du budget de la société en charge de la construction,
00:33 des différentes infrastructures, le Solidéo. Voilà, si on prend tout ça, on est à 8,8 milliards d'euros. Alors oui, ça a évidemment gonflé par rapport au budget prévisionnel
00:41 lors de la candidature. On était à 29% de moins, sachant qu'en plus, certaines dépenses ne sont certainement pas prises en compte, comme les dépenses liées à la sécurité.
00:51 Il faudra peut-être rajouter 400 millions au passage. Il y en a un peu plus, on vous le met quand même. En tout cas, c'est toujours le cas pour ce type d'événement.
00:58 Et on peut même dire bravo au comité d'organisation, qui a plutôt bien géré son budget si on compare aux précédentes éditions.
01:04 À Londres, le budget avait plus que doublé. Nous, on est à +29, eux, ils avaient fait +100, à 11 milliards d'euros. À Rio, on avait dépassé les 13 milliards d'euros.
01:13 C'est très cher quand même pour la ville brésilienne. Si on remonte à Pékin, alors là, on crève le plafond. Le budget avait atteint 30 milliards d'euros,
01:22 c'est-à-dire un dépassement de 1100%. On peut féliciter le comité parisien, qui a été beaucoup plus sobre.
01:28 Et le comité nous assure qu'en plus, c'est le privé qui paye.
01:30 Oui, a priori, c'est le cas. Confirmation de la Cour des comptes. Si on prend les sponsors, la biaiterie, le CIO aussi, qui verse des subventions,
01:38 on arrive à 6,4 milliards d'euros financés par le privé, c'est-à-dire les trois quarts du budget à main viendront de financements privés.
01:46 Pour les finances publiques, avec nos impôts, c'est 2,4 milliards d'euros, l'État et les collectivités. La ville de Paris met 500 millions au pot.
01:55 C'est quand même beaucoup pour la vie et pour la capitale.
01:57 Alors on sait ce que ça va coûter. Est-ce qu'on sait aussi ce que ça va rapporter ? C'est tout l'intérêt des Jeux aussi.
02:01 Oui, c'est tout l'intérêt des Jeux. Alors en termes de prestige, en termes de spectacle, mais aussi en termes d'argent.
02:05 Est-ce que cet argent, on ne le met pas, on ne l'a pas dépensé à fond perdu ? C'est la question à laquelle tentent de répondre deux députés,
02:10 Stéphane Peu et Stéphane Mazard, qui mènent une mission parlementaire. Ils rendront leur conclusion en juin.
02:16 Je peux déjà vous le spoiler. Leur conclusion, c'est qu'ils n'en sauront rien, en tout cas rien de très précis.
02:21 On ne sait jamais évaluer les retombées pour ce type d'événement. Alors oui, ça fait travailler du monde, ça remplit les hôtels, ça remplit les restaurants.
02:29 Mais il peut y avoir ce qu'on appelle des effets d'éviction. Alors il y a des études qui estiment entre 5 milliards et 10 milliards.
02:35 Oui, la fourchette est quand même assez large sur les retombées potentielles. Il y aurait entre 1,4 et 3,5 milliards d'euros de retombées touristiques.
02:44 Mais voilà, il y a ce qu'on appelle les effets d'éviction, c'est-à-dire des gens, certes, qui vont venir à Paris, mais d'autres qui vont dire
02:49 « je pars de Paris parce que je n'ai pas envie d'être dans les embouteillages, je n'ai pas envie de voir tout ce monde, donc je quitte la capitale ».
02:54 Et ça fait peut-être potentiellement des touristes en moins. C'est pour ça que c'est très difficile à évaluer. Il peut y avoir des effets positifs aussi de long terme.
03:01 On va être un peu optimiste aujourd'hui, comme l'amélioration de l'aménagement urbain. Ça peut faire aussi plus d'activités.
03:06 Ou aussi des chefs d'entreprise qui arrivent, qui tombent amoureux de la capitale et qui décident d'investir en France.
03:10 C'est un peu aussi arrivé. Mais ça, c'est très difficile à mesurer.
03:14 Et sur les précédentes éditions, on a pu mesurer un peu les retombées économiques ?
03:17 Oui, il y a pas mal d'études, mais elles sont très souvent sujettes à caution. Par exemple, à Londres, ils ont estimé le gouvernement entre 11 milliards et 53 milliards d'euros d'effets positifs, de retombées positives.
03:28 C'est un peu doigt mouillé consulting, parce que là, de tels écarts, c'est impossible à mesurer.
03:32 En revanche, si on prend Barcelone en 1992, il y a quand même eu un effet.
03:36 Les Jeux olympiques, la ville qui était un petit peu moribonde, a bien redécollé après les Jeux olympiques.
03:41 C'est devenu la troisième destination touristique en Europe. Le chômage a fortement baissé.
03:46 Donc oui, les JO ont permis de remettre Barcelone sur la carte mondiale des grandes villes qui comptent.
03:50 Paris y est déjà, cette carte. Est-ce que les JO lui apporteront quelque chose ? On verra dans 10 ans, quand on aura des rapports qui tenteront de mesurer tout ça.
03:57 Merci beaucoup, Fred.