Ludovic Franceschet : «Notre seul moyen de pouvoir manifester, c'est de ne pas ramasser les déchets»

  • l’année dernière
Ludovic Franceschet, éboueur a témoigné sur le plateau de l'Heure des Pros. Selon lui, le seul moyen pour que sa profession se fasse entendre est de ne pas collecter les déchets.  

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Transcript
00:00 Je rappelle que vous, a priori, vous devez travailler jusqu'à 60...
00:03 10 ans, m'avez-vous dit. En fait, c'est plutôt 67.
00:06 Mais on a du mal à savoir le statut des éboueurs à Paris,
00:10 parce que je n'arrive jamais à savoir.
00:12 Aujourd'hui, c'est quel âge la retraite pour un éboueur à Paris ?
00:15 Alors, on partirait...
00:18 Sans la réforme, 57 ans.
00:20 - 57 ans ? - Sans la réforme.
00:22 Avec la réforme, 59 ans.
00:24 Donc, c'est pas 63, c'est pas 64.
00:26 Vous, vous aviez une carrière hachée.
00:28 C'est pas... 59 ans.
00:30 Donc déjà, les critères de pénibilité sont pris en compte.
00:34 C'est ce que le gouvernement nous a dit
00:39 chez un de vos collègues.
00:43 Mais j'en suis pas sûr.
00:46 Non, si vous êtes à 59 ans, les autres partent à 62, 63...
00:51 Apparemment, il y a beaucoup de mensonges.
00:52 C'est vrai que c'est pas... Bon, c'est pas très clair.
00:56 La seule chose que je voulais vous dire quand même,
00:57 c'est qu'il y a une information assez importante
00:59 que je dois vous préciser, c'est qu'on oublie que tous,
01:02 manifestement, que le préfet de police peut également procéder
01:05 à des réquisitions exerçant ses pouvoirs de police
01:08 administrative au nom de la salubrité publique.
01:10 Et ça pourrait être imminent.
01:12 Me dit-on ?
01:14 C'est l'État qui prend ses responsabilités.
01:18 Oui, non, mais ça, c'est...
01:20 D'abord, je trouve que l'État a raison, pour le coup.
01:22 Donc...
01:23 Vous avez dit que ça ne pouvait pas durer.
01:27 Je vous remercie.
01:27 C'était...
01:28 - Bah oui. - Bon, il y a un moment...
01:29 - Il faut trouver un moment... - Votre raisonnement est très étonnant,
01:31 parce que vous expliquez qu'on est briseur de grève à deux jours.
01:33 Or, le poids réel d'une grève,
01:36 c'est précisément quand elle dure longtemps.
01:37 Et vous, au bout de neuf jours, par contre, ça suffit.
01:39 - Bah, il y a un moment où ça devient... - Du coup, autant arrêter au bout de deux jours.
01:41 - Il faut avoir un peu de bon sens. - Bon.
01:42 - Vous disiez... - Après, il y aura peut-être d'autres actions.
01:44 Vous, vous êtes toujours en grève.
01:45 Oui, alors là, je...
01:47 Là, aujourd'hui, je travaille pas, je suis en repos.
01:49 Ça m'empêche pas d'aller à l'usine...
01:51 Là, je vais y aller, là, tout de suite après,
01:53 à Évry, sur Seine, au...
01:54 L'incinérateur.
01:55 Alors, l'incinérateur, justement, parce que je voudrais que vous précisiez...
01:58 Joseph Massescaran disait qu'il était bloqué, l'incinérateur.
02:01 Donc, vous empêchez, d'une certaine manière,
02:03 ceux qui les non-grévissent de travailler ?
02:05 Alors, il y a les employés dedans qui bloquent.
02:06 Il y a nous.
02:09 Et il y a ceux qui font grève sur le terrain aussi.
02:11 Parce que ça, vous n'avez pas parlé, mais ils font grève sur le terrain.
02:14 Moi, là où je travaille, nous sommes à peu près une vingtaine.
02:18 Alors, on est moitié moins et même plus.
02:21 Alors, moi, ce qui m'intéresse, pardonnez-moi,
02:23 parce que je suis d'accord avec le principe du mouvement,
02:27 parce que 57, 59, même 57 ans, c'est un métier pénible, nous sommes d'accord.
02:30 Mais je voudrais juste souligner la catastrophe environnementale
02:35 qui est en train de se produire.
02:36 Et je suis sûr que vous en avez conscience.
02:37 Mais après, notre seul moyen, nous, de pouvoir manifester,
02:44 c'est de ne pas collecter les poubelles.
02:48 Tout simplement, on ne peut pas faire mieux.
02:49 Tout simplement, ça change ces affaires.
02:52 - Pardonnez-moi, empêchez-moi.
02:53 - Il faut que les choses, elles changent.
02:54 - Donc, notre travail, c'est ramasser les déchets.
02:58 On veut faire grève, on ne ramasse pas les déchets.
03:00 Alors, attention, je ne parle pas au nom de mes collègues éboueurs.
03:04 Je ne parle pas au nom des syndicats, toujours pareil.
03:06 Je parle en mon nom.
03:07 - Oui, parce que vous êtes non-syndiqué.
03:10 - Ou alors, si vous voulez, je peux aller au travail et ne pas ramasser les déchets.
03:14 - Oui, alors...
03:15 - Oui, alors...
03:15 [Musique]
03:18 [SILENCE]

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