La politique et moi - Karl Olive

  • l’année dernière
Karl Olive, député Renaissance des Yvelines
Il rêvait de devenir footballeur. Il a fini député, après avoir été journaliste et maire. Mon invité aime relever toujours de nouveaux défis, à l'image d'un sportif de haut niveau.

Pourquoi s'engage-t-on en politique ? Comment tombe-t-on dans le grand chaudron de l'Assemblée ?
Chaque jour, Clément Méric, dans un entretien en tête à tête de 13 minutes, interroge un parlementaire sur les personnalités, les évènements - historiques ou personnels - qui l'ont conduit à choisir la vie publique.
Car on ne naît pas politique, on le devient !

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Transcript
00:00 -Il rêvait de devenir footballeur.
00:01 Il a fini député après avoir été journaliste sportif,
00:05 puis maire. Mon invité aime relever toujours de nouveaux défis,
00:09 un peu à l'image d'un sportif de haut niveau.
00:12 Musique douce
00:14 ...
00:28 -Bonjour, Carl Olive. -Bonjour, Clément Méric.
00:30 -Il y a une constante chez vous,
00:32 que ce soit chez le journaliste sportif
00:35 ou chez l'homme politique, vous aimez faire le show,
00:38 et on va voir que ça remonte à loin.
00:40 -Je suis étudiant en 2e année de Dogue, en communication.
00:43 -Tu es un confrère, ou presque.
00:45 -J'aime l'imitation. -Ah, tiens.
00:47 -Bonsoir. En 1789,
00:50 Vincent Perrault n'était pas né.
00:52 Pourtant, Pierre Bonte, fidèle à lui-même,
00:55 cherchait déjà la France.
00:57 Car il savait, cher téléspectateur,
01:00 que 200 ans après, il serait là, face à la caméra,
01:04 prêt à bondir.
01:05 -Bon, je te file ma place, ou on échange ?
01:08 Rires
01:10 -Très bien.
01:11 -Ca, c'était en 1989, sur FR3.
01:14 Magnifique imitation d'Alain Decaux, on l'a reconnu.
01:17 Vous étiez étudiant en communication,
01:19 et des jeux télé, vous en avez fait une trentaine.
01:22 Vous aviez une idée précise en tête.
01:24 -L'idée, c'est ce que vous venez de voir.
01:27 Ce n'était pas gagner des machines à laver,
01:29 des voyages ou autre, c'était faire un métier public.
01:33 Il se trouve qu'à la fin de cette journée-là,
01:36 Michel Péricard, qui était un des invités de l'émission,
01:40 me propose de devenir pigiste d'une télévision locale
01:43 qui allait voir le jour un mois plus tard,
01:46 "Evening 1st", où j'ai démarré le 18 décembre 1989.
01:50 Ces moments-là, vous ne les oubliez pas.
01:52 Je suis devenu directeur de cette télévision locale
01:56 en 1994. -Cette stratégie vous a plutôt réussi.
01:58 Ca vous a permis de mettre un pieu dans la télé
02:01 jusqu'à devenir patron des sports de Canal+.
02:03 Ce qui est marrant, c'est que vous n'avez pas changé.
02:06 L'homme politique que vous êtes devenu, il fait pareil.
02:10 Vous aimez vous filmer pour vous mettre en scène
02:12 sur les réseaux sociaux, chaque dimanche,
02:15 avec votre petit footing, qui se termine
02:17 par un message politique.
02:19 Après, chaque adoption de loi, on vous voit,
02:21 vous filmez dans la cour d'honneur de l'Assemblée
02:24 pour dire "J'étais là, j'ai voté telle loi".
02:27 C'est sympa, mais vous en faites pas un peu trop
02:29 dans le domaine de la communication ?
02:31 -Ce que je sais, c'est qu'en 2014,
02:33 lorsque j'ai été élu maire de Poissy,
02:36 l'idée que je ressentais du terrain,
02:38 c'était de dire, les hommes politiques,
02:40 une fois qu'ils sont élus, ils restent dans leur bureau.
02:43 Moi, je suis parti sur l'idée du miroir et du service.
02:46 Miroir, ce que nous faisons.
02:48 Le service, comment améliorer le quotidien
02:51 de nos administrés. Il y a le savoir-faire
02:53 et le savoir-avoir. -Ca prend pas le dessus
02:56 sur l'action ? -Il faut pas être toujours
02:58 dans la communication. J'ai la faiblesse de penser
03:01 que si je suis réélu en 2020 avec 75 % au premier tour,
03:04 c'est pas seulement de la communication,
03:06 c'est que quand vous êtes dans l'engagement local,
03:09 il faut aimer les gens. Ca s'apprend pas dans le dictionnaire
03:12 et ça s'apprend pas à travers les images.
03:14 -Vous parlez d'aimer les gens, c'est l'autre trait
03:17 de votre personnalité, là aussi,
03:19 que ce soit dans votre carrière de journaliste
03:22 ou dans n'importe quel milieu social.
03:25 C'est un don et c'est un don qui est particulièrement utile
03:28 en politique. -Je crois qu'il vient
03:30 de l'éducation que j'ai pu avoir avec mes parents.
03:33 Ma petite maman avait perdu les siens à 3 ans et 5 ans.
03:36 On était 8 dans la famille. Quand vous êtes 8 dans la famille,
03:39 vous êtes toujours à la première personne du pluriel.
03:42 Jamais à la première personne du singulier.
03:45 Quand vous êtes 8 autour d'une table,
03:47 qui est presque une table de ferme,
03:49 vous êtes à la première personne.
03:51 -Au bout de deux ans, chez Simca-Chrysler,
03:54 vous savez ce que c'est que la mobilité sociale verticale.
03:57 Ca, j'aime beaucoup. Il faut surtout pas que ça change,
04:00 sinon on perdrait quelque chose, son âme.
04:02 -Ce don vous a permis de vous faire beaucoup d'amis,
04:05 et souvent des amis très bien placés, là aussi,
04:08 dans tous les milieux, dans la télé, des patrons de chaîne,
04:11 ou des personnalités comme Michel Deniso, par exemple,
04:15 dans le milieu du sport, plein de stars du foot, du rugby, du judo,
04:18 qui a joué un rôle important dans votre carrière politique
04:21 au tout début.
04:23 Des grands patrons, aussi, Henri Lachman ou Claude Bébéard.
04:26 Vous êtes un homme de réseau, on peut le dire.
04:29 Parfois, on donne une connotation négative,
04:31 mais vous l'assumez ?
04:33 -J'assume le fait d'être celui que vous avez indiqué,
04:36 c'est-à-dire d'être, finalement, sans contrôle,
04:39 sans a priori, sans état d'âme.
04:41 On voit Claude Bébéard à l'écran.
04:43 Je dis souvent que les plus grands sont les plus simples.
04:46 Clément Méric, ça fait quelques années,
04:48 on trahit pas de secret que nous nous connaissons.
04:51 -On s'est croisés. J'étais chez ITD
04:53 quand vous étiez patron des sports.
04:55 -Exactement. Voilà, moi, j'ai un profond respect
04:58 pour toutes celles et ceux que je croise.
05:00 J'adore, par exemple, le matin, une à deux fois par semaine,
05:03 prendre mon petit café avec les éboueurs.
05:06 J'ai autant de plaisir à faire cela sans aucun jugement.
05:09 Et ça, je pense que ça nous permet de rester en adéquation
05:13 avec la réalité du terrain.
05:15 -Vous avez fait une rencontre très importante
05:17 dans votre parcours politique.
05:19 En 2014, vous étiez tout juste élu maire de Poissy.
05:22 Une rencontre qui s'est faite dans des circonstances
05:25 assez étonnantes.
05:26 "I Remember When Rock Was Young" de The Beatles
05:29 ...
05:34 C'est pas Elton John que vous avez rencontré,
05:37 mais c'est directement lié à lui.
05:39 -D'abord, Elton John, c'est un monstre de la musique.
05:42 -Vous êtes passionné de chansons.
05:44 -J'ai lu cinq fois en concert.
05:46 Il se trouve que j'étais à Bercy
05:48 avec Claude Bébéard,
05:50 parce qu'il sait que j'aime la musique,
05:52 avec mon épouse, et voyons-nous arriver
05:55 un jeune ministre de l'Economie
05:57 qui avait été nommé deux jours auparavant,
06:00 Emmanuel Macron, avec son épouse.
06:02 On s'est retrouvé à chanter, à danser sur Elton John
06:05 avec madame Macron, mon épouse.
06:07 Et là encore, je ne me suis pas demandé
06:09 si c'était le ministre de l'Economie
06:11 que j'avais en face de moi,
06:13 ni le jeune maire de Poissy.
06:15 En revanche, on s'est bien marré à chanter
06:17 sur Elton John, sur "It seems to be the house", par exemple.
06:21 -C'est le début de votre relation
06:23 avec le couple Macron, avec Emmanuel Macron.
06:26 Quand vous décririez cette relation ?
06:28 Est-ce politique ?
06:29 Est-ce une relation d'amitié ?
06:31 -Oui.
06:32 Franchement, je crois que le président Macron
06:35 est un homme vrai, celui qui met ses actes en face de ses mots.
06:38 Il m'arrive de l'appeler pour lui dire
06:41 que, par exemple, il devrait appeler l'arbitre
06:43 de la finale de la Coupe du monde de rugby,
06:46 qui est une première dans l'histoire
06:48 d'une Coupe du monde arbitrée par un Français.
06:51 Il dit que c'est son numéro.
06:52 Oui, on a des relations particulières,
06:55 mais tellement simples.
06:56 -Pendant la crise des Gilets jaunes,
06:58 Emmanuel Macron vous a fait venir à l'Elysée
07:01 avec un petit groupe d'élus locaux.
07:03 -Non, il ne m'a pas fait venir à l'Elysée.
07:05 J'ai dit au président que les réformes
07:08 que vous voulez mettre en place,
07:10 les Français les ont compris,
07:11 mais la manière dont vous les voulez mettre en place
07:14 est catastrophique. Je vous propose
07:16 que vous veniez nous voir ici, à Poissy,
07:19 pendant deux heures. Ca ne va pas vous plaire,
07:21 mais ça va vous rendre service.
07:23 Je lui ai dit que j'allais en prendre plein la gueule.
07:26 Il m'a dit "banco", sauf que c'est le jour au Puy-en-Velay
07:29 où il y a l'incendie d'une préfecture,
07:32 où ça s'était mal passé.
07:33 -Donc, ça a été délocalisé. -Exactement.
07:36 -On vous voit ici face à lui,
07:38 face à l'élu local des Yvelines. -Avec Génération Terrain.
07:41 -Vous lui avez tenu un langage assez cash
07:43 pour lui faire prendre conscience ?
07:45 -On lui a dit qu'il fallait venir sentir le cul des vaches,
07:48 comme on dit en Bretagne,
07:50 descendre sur le terrain, voir comment ça se passe.
07:53 Au sortir de cette réunion,
07:55 il y a le grand débat qui se met en place.
07:57 On a eu le sentiment que nous avions,
07:59 et je connais le président,
08:01 entre 2017 et 2019,
08:03 on était... Enfin, le sentiment que j'avais,
08:06 il y avait une déconnexion totale entre les décisions,
08:09 je décide de vous exécuter. -La réalité sur le terrain.
08:12 Ce lien avec le terrain, vous y teniez beaucoup,
08:15 mais vous l'avez perdu en renonçant à votre écharpe de maire
08:18 pour devenir député, et tout ça, c'était lié, évidemment,
08:21 au non-cumul des mandats, et à peine élu à l'Assemblée,
08:24 vous avez rédigé une proposition de loi
08:26 pour changer les règles.
08:28 -Je trouve dommage, on le voit sur le terrain,
08:31 c'est l'ancien maire qui vous parle,
08:33 et les bassins de la République qui sont en prise directe
08:36 avec la réalité du terrain,
08:37 qui ne font plus partie du tout des deux chambres.
08:40 Et la crise démocratique est là.
08:42 -Emmanuel Macron vous écoute, vous a écouté.
08:45 -Je sais pas, il est très bienveillant.
08:47 -Vas-y, toi.
08:48 -Une majorité de députés était d'accord avec vous,
08:51 Emmanuel Macron lui-même, vous venez de l'expliquer
08:54 sur France 2, le problème, c'est que votre proposition de loi
08:58 a été enterrée par vos collègues de la majorité.
09:00 Est-ce que ça vous a surpris, déçu ?
09:03 -Non, c'est le cheminement normal.
09:05 Je pouvais comprendre que les collègues de la majorité
09:08 avaient été élus sur une promesse de non-retour au cumul.
09:11 C'est une vaste hypocrisie.
09:13 -Tout le monde est d'accord avec vous.
09:15 -Mon petit doigt me dit que ça chemine
09:17 et que dans la réforme des institutions,
09:19 on va retrouver cela.
09:21 Il suffit d'écouter Stéphane Séjourné.
09:23 C'est important, on est passé, encore une fois,
09:26 de 250 députés dans l'hémicycle en 2012 à zéro aujourd'hui.
09:29 Je crois qu'il y a un juste milieu.
09:31 -Députés-maires. -Députés-maires, oui.
09:33 A trouver... Oui, bien sûr.
09:35 A trouver, par rapport à cela...
09:37 On peut être député Conseil départemental
09:40 en cumulant les indemnités,
09:41 député Conseil régional en cumulant les indemnités.
09:44 On ne pourrait pas être maire et député sans être à l'exécutif.
09:48 C'est une hypocrisie.
09:49 La France a besoin d'un souffle de terrain
09:52 représenté par les maires.
09:53 -Sur cette expérience ratée, cette proposition de loi enterrée,
09:57 est-ce que c'est frustrant ? Vous découvrez la réalité
10:00 d'un député par rapport à un maire
10:02 qui a plus de coups d'effranche sur son territoire.
10:05 Il peut agir et prendre des décisions seul.
10:07 -Oui, on est 100 % exécutif, entre guillemets,
10:10 PDG, ce n'est pas vraiment le mot,
10:12 et on passe à auto-entrepreneur à l'Assemblée.
10:14 On a un rôle de législateur.
10:16 Mais il n'y a pas que ça.
10:18 Quand je propose une loi sur le gaspillage transpartisane
10:21 aux collègues LR et qu'on m'a dit, 10 jours après,
10:24 "lutte contre le gaspillage",
10:25 qui doit transcender les bancs,
10:27 est-ce que c'est la majorité présidentielle qui le fait ?
10:31 Vous passez votre vie à parler du pays,
10:33 mais ce qui vous intéresse, c'est votre parti.
10:35 -C'est l'heure de notre quiz,
10:37 pour voir quelle sorte de député vous êtes.
10:40 Je vais commencer une phrase, et ça va être à vous de la compléter.
10:43 C'est bon pour vous ? On y va ? -Allons-y.
10:46 -Être député, c'est comme au foot ?
10:48 -C'est toujours tenter, même si on ne réussit pas,
10:51 mais toujours tenter.
10:52 -Je pensais que vous alliez parler de jouets collectifs,
10:55 mais non, pas forcément.
10:57 -Quand je vois un député sans cravate dans l'hémicycle...
11:00 -Ca me donne des boutons. -Vous aimez pas ça ?
11:02 -Pas sans cravate, mais quelqu'un qui arrive presque en jean troué,
11:06 à côté des huissiers, des administrateurs de l'Assemblée,
11:10 qui sont à nul autre pareil, toujours, je dirais, très élégants.
11:15 Il n'y a pas un concours d'élégance, mais on représente...
11:18 Et on représente la représentation nationale,
11:21 c'est quelque chose.
11:22 Être député de la nation, c'est quelque chose.
11:25 Je suis fier de mon pays, on doit l'incarner au plus haut niveau.
11:29 -Beaucoup de gens me voient devenir ministre.
11:31 Le problème, c'est que... -C'est que c'est pas une science.
11:34 Le fruit tombera quand il sera mûr.
11:36 S'il ne tombe pas, je le suis le plus heureux du monde.
11:40 -Vous avez toujours eu besoin de bouger
11:42 à chaque fois que vous avez atteint un stade,
11:44 il a fallu viser un nouvel objectif.
11:46 Ministre, ça pourrait être l'objectif d'après.
11:49 -C'est pas une fin en soi, mais si on peut être utile...
11:52 -Si vous devenez ministre,
11:54 vous pourriez présenter vos voeux comme ça.
11:56 Musique douce
11:58 -On pourra dans les premiers temps
12:01 Donner la foule aux habitants
12:04 Le temps de faire...
12:05 -C'est les voeux que vous avez présentés
12:07 en tant que député au 1er janvier.
12:09 Vous avez choisi une chanson un peu triste, non ?
12:12 C'est la chanson des divorcés,
12:14 pour raconter un peu le passage difficile
12:17 de maire à député.
12:18 Vous êtes malheureux à l'Assemblée ?
12:20 -Non, c'est un bilan que je fais.
12:22 C'était plus facile avec "Les divorcés"
12:24 sur ces allitérations et ces vers en huit pieds
12:27 que sur "La bande à Basile", "L'accueil le le" ou je ne sais quoi.
12:31 -Vous êtes heureux à l'Assemblée ?
12:33 -La preuve, c'est ce que je dis dans la chanson.
12:35 Mais il faut aussi m'astiquer, façonner le fait, effectivement,
12:40 d'avoir eu à gérer un village
12:41 dans lequel vous êtes né de 40 000 habitants,
12:44 avec 850 agents et 105 millions de budget d'euros,
12:47 à le fait de devenir député, un 577e de l'Assemblée.
12:50 C'est formidable, c'est un très bel engagement.
12:53 -Merci, Carl Olive, d'être venu vous confier
12:55 dans "La politique et moi".
12:57 -C'est arrivé un paquet de fois
13:01 ...
13:03 Si on manquait de quoi que ce soit
13:06 Y a toujours le 49-3
13:08 Qu'Elisabeth peut dégainer
13:11 ...
13:14 On ne veut pas, on arrivait là
13:17 L'opposition fait tout pour ça
13:19 Et la MAJO doit avancer

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