Ça vous regarde - SNU obligatoire : un engagement forcé ?

  • l’année dernière
- Grands témoins : Elise Goldfarb et Julia Layani, entrepreneuses et créatrices du podcast « Coming out »

LE GRAND DÉBAT / SNU obligatoire : un engagement forcé ?

« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski

C'était déjà un engagement de campagne d'Emmanuel Macron en 2017 : généraliser le Service National Universel. Mais depuis, seulement 32.000 jeunes ont volontairement suivi ce dispositif. Plus de 90% d'entre eux sont satisfaits de l'avoir fait. Le gouvernement envisage aujourd'hui de rendre le SNU obligatoire. Cette mesure devrait concerner 800.000 lycéens et coûter 2 milliards d'euros par an. Les enseignants sont divisés sur la question : certains louent le retour des valeurs patriotiques et laïques ; d'autres considèrent que cela empiète sur un temps scolaire déjà trop chargé. Le SNU est-il un service militaire déguisé, version 2023 ?

Invités :
- Christophe Blanchet, député Modem du Calvados
- Fodil Dehiba, adjoint chef du centre SNU de l'internat d'excellence de Marly Le Roi
- Clovis Daguerre, co-secrétaire fédéral des Jeunes Ecologistes
- En Skype : William Thibault, enseignant et représentant du syndicat CFE-CGC action et démocratie

LE GRAND ENTRETIEN / Elise Goldfarb et Julia Layani : comment annoncer son homosexualité ?
Adapté d'un podcast original Spotify, le livre « Coming out » (Stock) retrace le destin et les expériences de personnes homosexuelles. Elise Goldfarb et Julia Layani créent ainsi un catalogue de coming out dans lequel chacun peut se reconnaitre. Les deux amies cherchent à briser le tabou de l'homosexualité, pour un monde plus inclusif.

- Grands témoins : Elise Goldfarb et Julia Layani, entrepreneuses et créatrices du podcast « Coming out »

BOURBON EXPRESS :
- Stéphanie Dépierre, journaliste LCP

LES AFFRANCHIS :
- Mariette Darrigrand, sémiologue
- Thomas Lestavel, journaliste économique

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcript
00:00:00 [Musique]
00:00:06 Bonsoir à tous et bienvenue dans "Ça vous regarde ?"
00:00:08 Un duo de choc ce soir.
00:00:10 Elise Goldfarb, Julia Laiany, 29 ans, toutes les deux meilleures amies.
00:00:15 Vous publiez "Coming Out" chez Stock.
00:00:18 C'est une collection d'entretiens issue de votre podcast à succès.
00:00:21 On va apprendre à mieux vous connaître.
00:00:23 Les vieux vous connaissent un peu moins bien que les jeunes.
00:00:25 On verra pourquoi.
00:00:26 Un livre qui rassemble des témoignages pour aider les jeunes homosexuels à s'assumer
00:00:31 à travers des représentations, des rôles modèles.
00:00:34 Et il y en a trop peu aujourd'hui, on va en parler à l'heure où il faut le redire.
00:00:37 L'homophobie tue dans notre pays.
00:00:39 On a du temps, on en parle dans la deuxième partie.
00:00:42 Mais vous allez nous accompagner pour notre grand débat.
00:00:45 Pour commencer, trois lettres.
00:00:46 S, N, U, on l'a appris il y a quelques jours.
00:00:49 Le gouvernement réfléchit à rendre obligatoire le service national universel à tous les lycéens de France.
00:00:55 A peine annoncé, ou en tout cas l'option posée, l'idée suscite une levée de bouclier.
00:01:00 S, N, U, un engagement forcé.
00:01:02 C'est la question de notre grand débat avec nos invités dans un instant.
00:01:05 Avant de retrouver dans la dernière partie nos affranchis pour leur parti pris.
00:01:09 Et puis Bourbon Express, bien sûr l'histoire du jour à l'Assemblée.
00:01:12 Julia et Lise, vous me suivez ?
00:01:14 Bien sûr, ça vous regarde. C'est parti.
00:01:15 *Musique*
00:01:26 Se réveiller tôt, enfiler son uniforme, chanter la Marseillaise et surtout se frotter à un autre milieu que le sien.
00:01:33 C'était une promesse présidentielle, la généralisation du service national universel.
00:01:37 Alors aujourd'hui, il est possible sur la base du volontariat.
00:01:40 Mais est-ce qu'il faut le rendre obligatoire à 800 000 lycéens dans les secondes de nos lycées de France ?
00:01:47 Bonsoir, Christian Blanchet.
00:01:49 Et merci d'être avec nous.
00:01:51 Vous êtes un peu le monsieur SNU de l'Assemblée nationale au Palais Bourbon.
00:01:55 Vous êtes député modem du Calvados.
00:01:57 Vous suivez le dossier depuis la mission pilote, c'est-à-dire depuis 2019.
00:02:02 C'est bien ça ?
00:02:03 2017.
00:02:04 2017, le début du quinquennat.
00:02:05 Bonsoir, Faudi Lodeiba.
00:02:07 Merci d'être là.
00:02:08 Encadrant SNU, adjoint chef du centre SNU de l'internat d'excellence de Marly Leroy.
00:02:14 Bonsoir, Clovis Daguerre.
00:02:15 Bienvenue.
00:02:16 Vous êtes co-secrétaire fédérale des jeunes écologistes.
00:02:18 Vous êtes très hostile à la généralisation du SNU.
00:02:21 Vous allez nous dire pourquoi dans un instant.
00:02:24 Et puis, Élise et Julia, évidemment, le sujet vous intéresse.
00:02:28 Vous êtes encore jeune, même si vous n'êtes plus évidemment lycéenne.
00:02:32 Votre regard nous intéresse sur ce sujet.
00:02:36 On commence comme chaque soir par le billet de Stéphane Blakowski pour nous planter le décor.
00:02:39 Un petit bilan du SNU, les premiers retours d'expérience.
00:02:42 Il a 200 secondes pour nous raconter tout cela.
00:02:44 C'est le chrono de Blakow, tout de suite.
00:02:46 Et je me retourne pour vous accueillir du haut de votre estrade comme chaque soir.
00:02:52 Bonsoir.
00:02:53 Je suis là.
00:02:54 Bonsoir à toutes et tous.
00:02:56 Alors Stéphane, on en est où de ce service national universel ?
00:02:59 Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais le 31 décembre, lorsqu'il a présenté ses voeux aux Français,
00:03:04 le président Macron a fait une annonce. On l'écoute.
00:03:07 Je poserai dans les toutes prochaines semaines les premiers jalons d'un service national universel.
00:03:13 Je suis...
00:03:14 Alors ça, c'était le... Vous disiez quelque chose peut-être ?
00:03:16 Non, non, je corrigeais. J'avais appelé monsieur le député Christian, mais c'est Christophe.
00:03:20 Comme ça, nos téléspectateurs, voilà, sont informés.
00:03:24 Le président Macron a fait cette annonce le 31 décembre.
00:03:27 On va dire que le délai de quelques semaines qui s'était fixé s'est vaguement écoulé.
00:03:31 On compte plutôt en moins et toujours pas d'annonce sur le service national universel.
00:03:36 Bon, à vrai dire, ce n'est pas si surprenant que ça, parce que ça fait quand même un bout de temps que ça traîne un peu,
00:03:40 cette histoire de service national universel.
00:03:42 Vous avez rappelé que c'était une promesse de campagne du candidat Macron.
00:03:44 Quand il a été élu, il l'a confié à un jeune et brillant ministre qui devait être chargé de le mettre en œuvre.
00:03:50 On l'écoute.
00:03:51 C'est une expérience exceptionnelle.
00:03:54 C'est un rite de passage vers la citoyenneté avec la découverte d'un autre territoire,
00:03:58 la découverte de jeunes qui viennent d'autres milieux sociaux au service des valeurs de la République
00:04:03 et d'un certain nombre de formations face à des risques dans un monde qui a changé.
00:04:08 Depuis cette vidéo tournée en 2018, la carrière de Gabriel Attal a bien progressé puisqu'il est ministre du budget aujourd'hui.
00:04:14 En revanche, le projet de SNU, lui, il est un peu resté en rade.
00:04:18 Parce que quand on parle de service national universel, par définition, ça doit concerner tout le monde,
00:04:22 comme par exemple le suffrage universel.
00:04:24 Or, l'an dernier, combien de jeunes ont participé à un SNU ?
00:04:28 32 000.
00:04:29 Alors 32 000, pour vous donner une idée, c'est par exemple le nombre de visiteurs qu'a eu en septembre au festival du food truck à Chauré dans les Deux-Sèvres.
00:04:36 Donc pour Chauré, 32 000, c'est un bon chiffre.
00:04:38 Pour le SNU, en revanche, bon ben un petit peu moins, mais ne soyons pas injustes.
00:04:43 Oh non, je me moque un peu.
00:04:45 Mais cela dit, la satisfaction est à rendez-vous.
00:04:48 Peut-être pas la quantité, mais la qualité.
00:04:49 Quand on les interroge, ceux qui ont participé au SNU sont ultra satisfaits.
00:04:53 Regardez, 94% ont trouvé ça très bien, 90% leur commandent un ami.
00:04:59 Même Amazon, champion de la relation client, n'atteint pas des scores aussi exceptionnels.
00:05:04 Donc forcément, la question que vous allez me remercier de vous avoir posée, c'est si c'est si super que ça le SNU, mais pourquoi on ne le généralise pas ?
00:05:11 Alors il y a deux bémols.
00:05:12 Petit bémol d'abord, ces chiffres exceptionnels, c'est parce que les jeunes sont volontaires.
00:05:17 Donc on peut imaginer que si c'était obligatoire, peut-être ceux qui ne veulent pas y aller seraient un peu moins satisfaits.
00:05:21 Après, gros bémol, c'est-à-dire que financer l'encadrement et l'accueil de 32 000 jeunes, c'est 110 millions d'euros l'an dernier.
00:05:28 Si on le rend obligatoire à toute une génération, c'est-à-dire 800 000 jeunes, ce n'est plus le même tarif.
00:05:33 Il y a un rapport sénatorial qui nous dit que ce serait plutôt 2 milliards par an.
00:05:38 Donc on comprend que le président Macron, peut-être, ne soit pas si pressé de se lancer dans ce grand projet.
00:05:42 En tout cas, aujourd'hui, ceux qui en parlent le plus de ce projet, c'est plutôt ses opposants.
00:05:46 Il y avait des questions au gouvernement, c'était fin février, et l'insoumis Bastien Lachaud a dit
00:05:51 "Mais en fait, est-ce qu'on ne chargerait pas à mettre la jeunesse au pas ? On l'écoute."
00:05:54 Dans certains départements, des lycéens mineurs, des enfants vont être encasernés dès cet été.
00:06:01 Chantez la Marseillaise au garde-à-vous, marchez au pas, s'entraînez au cri de SNU.
00:06:06 Bref, une parodie de préparation militaire.
00:06:09 Alors, vous savez ce que c'est que la politique, on ne peut pas exclure qu'en s'attaquant au SNU,
00:06:15 Bastien Lachaud cherche à mobiliser les jeunes contre le gouvernement.
00:06:18 C'est-à-dire que s'il réussissait à les convaincre, grâce au SNU, de manifester contre les retraites,
00:06:22 ce serait quand même un joli coup de billard, mais ce n'est pas impossible.
00:06:25 Le problème, c'est qu'il y a 70% des Français, en gros, qui sont contre la réforme des retraites.
00:06:29 Donc ça, pour mobiliser, c'est bien.
00:06:31 Mais en revanche, quand on parle du SNU, c'est le contraire.
00:06:33 Il y a 75% des Français qui sont plutôt favorables à ce système.
00:06:38 Alors, est-ce que le président Macron va enfin se lancer dans son grand projet,
00:06:42 qui date de maintenant plus que quelques semaines ?
00:06:44 Je ne sais pas. Peut-être que c'est la réforme des retraites qui le fait hésiter.
00:06:47 Vous croyez ?
00:06:48 Je ne sais pas. Je me demande.
00:06:50 Merci, Stéphane. Je commence avec vous, Christophe Blanchet.
00:06:53 Le bilan n'est pas mirobolant. 32 000 seulement volontaires.
00:06:57 L'objectif, c'était 50 000.
00:06:59 Il n'y a pas d'élan, finalement, dans la jeunesse ?
00:07:02 Je ne suis pas d'accord.
00:07:03 Je ne suis pas totalement d'accord.
00:07:06 Il y a un élan. Il faut regarder quand les jeunes témoignent de ce qu'ils ont fait.
00:07:10 Ils y adhèrent à 95%. Ils disent, voilà, il faut le faire.
00:07:13 On va voir un reportage tout à l'heure.
00:07:14 Pour avoir vécu quatre semaines depuis 2019 avec ces jeunes en immersion,
00:07:18 je peux vous dire que ça marche.
00:07:20 Pourquoi est-ce qu'il n'a pas été généralisé avant ?
00:07:22 Parce qu'on veut le faire bien pour tous.
00:07:24 Et donc, on améliore à chaque fois le dispositif.
00:07:26 Après chaque session, on regarde ce qui a marché, ce qui n'a pas marché,
00:07:28 ce qui a été fait et auquel on n'a pas pensé.
00:07:30 Comment ça peut être décliné au niveau national.
00:07:33 Qu'est-ce qui n'a pas marché, par exemple ?
00:07:35 Il y a des choses qu'on avait pensées au début qui ne fonctionnaient pas.
00:07:37 Donc, je préfère parler de ce qui marche.
00:07:39 On va parler des deux, ne vous inquiétez pas.
00:07:41 Parlons de ce qui marche.
00:07:42 C'est de voir ces jeunes, lorsqu'ils débattent le soir, parler de tout,
00:07:45 libérer la parole.
00:07:46 De voir ces jeunes qui changent d'univers,
00:07:49 parce que pour la plupart, c'est la première fois qu'ils changent de département
00:07:54 ou qu'ils prennent le train,
00:07:55 qu'ils se retrouvent à vivre en collectivité sans téléphone.
00:07:58 Sans téléphone !
00:08:00 C'est quand même révolutionnaire, ça.
00:08:02 Et qu'ils y trouvent leur compte parce qu'ils y retrouvent le fait de discuter,
00:08:05 de dialoguer, de se chercher à se connaître.
00:08:07 - Et ça, à l'école, on ne le fait pas ?
00:08:09 - Si, on le fait, mais dans le même lieu, peut-être dans la même ville.
00:08:11 - Donc, il y a un brassage.
00:08:12 - Là, il y a un brassage de jeunes.
00:08:14 Donc, on change de département, même de région.
00:08:17 C'est exceptionnel.
00:08:18 - Pour bien comprendre.
00:08:19 - C'est une chance unique.
00:08:20 Et si on veut bien le faire, alors il faut prendre le temps, les conditions.
00:08:24 - On veut comprendre, parce que c'est Politis qui a révélé
00:08:28 qu'il y avait une volonté, un rapport pour la généralisation,
00:08:33 le rendre obligatoire.
00:08:34 Rien n'est tranché aujourd'hui.
00:08:35 On a l'impression qu'il y a deux options.
00:08:37 D'abord, le garder facultatif sur une période de vacances,
00:08:41 ou bien le rendre obligatoire, et là, sur une période scolaire.
00:08:44 - Ce sont les arbitrages.
00:08:46 Nous attendons, moi j'attends, pour voir comment est-ce qu'on va faire.
00:08:50 Mais si on reprend le programme du candidat Macron en 2016,
00:08:53 il l'a annoncé déjà.
00:08:55 - Oui, oui, c'est une promesse.
00:08:56 - Il avait dit que le verre alligné.
00:08:57 - En 2017, il dit "je veux un service national universel
00:09:01 qui soit utile pour les jeunes".
00:09:03 Utile pour les jeunes.
00:09:04 C'est pour cela que, même s'il est obligatoire,
00:09:06 moi je ne veux pas qu'il soit obligatoire, je veux qu'il soit incitatif,
00:09:08 il faut que ces jeunes disent "c'est une chance que l'on a,
00:09:11 une chance unique, une chance qu'on nous donne".
00:09:13 Parce que c'est la confiance qu'on donne à ces jeunes en faisant le SNU.
00:09:16 - Une chance qui coûte cher aussi, on va en parler.
00:09:18 Mais restons, attendez, on va quand même faire circuler un peu la parole.
00:09:21 Faudi El Deiba, vous avez encadré des jeunes à Marly-le-Roi.
00:09:24 Est-ce que vous pouvez nous raconter très concrètement comment ça se passe
00:09:27 et ce que les jeunes retiennent de cette expérience ?
00:09:30 - Alors on a une très bonne expérience nous sur le SNU.
00:09:33 On a décidé de monter une équipe d'encadrants
00:09:36 et de proposer nos services aux services concernés.
00:09:40 - Qu'est-ce qu'ils font ? Qu'est-ce qu'ils apprennent ?
00:09:42 - Alors on est sur plusieurs modules.
00:09:44 On a 7 ou 8 modules sur lesquels on doit aller,
00:09:46 sur lesquels on doit développer,
00:09:48 dans les valeurs républicaines,
00:09:50 on va aussi sur l'écologie,
00:09:52 on va aussi sur certains modules informatiques ou autres,
00:09:57 le sport, ça fait partie du SNU,
00:10:01 et on développe aussi un esprit de cohésion.
00:10:04 C'est très important pour nous de développer et faire de l'inclusion.
00:10:07 - Faut aller les chercher, ces jeunes ? Ou ils étaient tous volontaires ?
00:10:10 - Non, c'était des élèves volontaires,
00:10:12 mais j'ai vu quand même quelques jeunes qui n'étaient pas très contents de venir au début.
00:10:15 Pourtant, ils sont repartis en voulant rester.
00:10:17 - On va voir en image ce que ça donne dans un instant.
00:10:20 - L'objectif du SNU, c'est de créer de la cohésion nationale.
00:10:23 Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on en manque.
00:10:25 - Oui, on en manque énormément.
00:10:27 Il y a plein de choses intéressantes qui ont été dites.
00:10:29 Déjà, je pense que si le gouvernement ne veut pas mettre en place
00:10:32 et annoncer le SNU dès maintenant, c'est parce qu'il a peur que la jeunesse soit contre,
00:10:35 et il a peur que ce soit la petite goutte d'eau qui fasse déborder le vase
00:10:37 dans la contestation sociale actuelle.
00:10:39 C'est pour ça que les annonces reculent de semaine en semaine,
00:10:41 parce qu'on sait que si c'est maintenant, ça peut embraser la jeunesse encore plus.
00:10:44 - Ça, c'est votre analyse politique.
00:10:46 Mais sur le fond, sur le principe même,
00:10:48 la ministre dit que c'est un cadeau de la République aux jeunes,
00:10:51 qu'on y apprend l'engagement, la fraternité,
00:10:54 on y parle écologie, on change de territoire.
00:10:56 En gros, on se mélange. C'est ça l'idée.
00:11:00 - En gros, c'est ça.
00:11:01 - Vous êtes opposé à ça ?
00:11:02 - Nous, on n'est pas du tout opposé à la mixité sociale, à la cohésion,
00:11:05 et ce genre de choses. Ça, c'est des beaux principes.
00:11:07 Mais si on parle vraiment des problématiques de la jeunesse,
00:11:09 et si on veut être utile aux jeunes, justement, comme vous le dites,
00:11:11 nous, on pense que le SNU, ce n'est pas du tout la solution.
00:11:13 - Qu'est-ce qui vous gêne, alors, sur le fond de ce principe ?
00:11:15 - Le fond du SNU, c'est d'abord sa militarisation et son caractère obligatoire.
00:11:18 En fait, on ne va pas répondre aux vraies problématiques des jeunes.
00:11:20 Le SNU, il a une vision, comme vous le dites,
00:11:22 les jeunes, ils ne vont pas avoir de téléphone pendant une semaine.
00:11:25 Ça, en fait, pour nous, c'est la vision un petit peu réactionnaire de la jeunesse,
00:11:27 la vision un petit peu du tonton réactionnaire qu'on pourrait avoir,
00:11:30 et qui dirait, en fait, les jeunes, aujourd'hui, ils ne font plus rien,
00:11:32 ils passent leur journée sur leur téléphone à scroller sur TikTok,
00:11:34 ils seraient en perte de valeur morale, et du coup, il faudrait les faire filer au pas,
00:11:37 et donc, il faut les encadrer de manière obligatoire dans une caserne.
00:11:40 - On va voir un reportage. - Sur les militaires.
00:11:42 - On va voir à quoi ça ressemble en images.
00:11:44 - La jeunesse, ce n'est pas ça du tout. La jeunesse, elle s'engage.
00:11:46 La jeunesse, elle s'engage déjà énormément dans l'éducation populaire,
00:11:48 dans le climat, dans le sport, dans la culture, dans la jeunesse,
00:11:50 et il faut la favoriser, il faut donner plus de moyens.
00:11:52 On le disait tout à l'heure, ça va coûter 2 milliards.
00:11:54 Le rapport du Sénat, il dit que ça va même coûter jusqu'à 3 milliards,
00:11:56 3,1 milliards par an, et ces budgets-là, s'ils étaient mis sur l'éducation populaire,
00:12:01 s'ils étaient mis pour faire en sorte des séjours de cohésion,
00:12:03 les colonies de vacances, les associations de quartiers
00:12:05 qui luttent pour la mixité sociale ou ce genre de choses,
00:12:07 ils pourraient être utilisés de manière bien plus utile.
00:12:09 - Alors, vous allez répondre et je vous donne la parole,
00:12:11 Élise et Julia, dans un tout petit instant.
00:12:14 Mais on va d'abord regarder sur le terrain.
00:12:16 Nous sommes allés à Vannes, dans le Morbihan,
00:12:18 pour suivre l'une des premières promotions de volontaires,
00:12:21 services militaires ou colonies de vacances.
00:12:23 Reportage Clément Perreault avec André Laffont. Regardez.
00:12:25 - Il arrive chaque jour après le petit déjeuner,
00:12:33 c'est un rituel incontournable du SNU.
00:12:36 - Attention pour les couleurs. Envoyez.
00:12:38 - Le lever du drapeau dans la cour du lycée.
00:12:41 - Le jour de gloire est arrivé,
00:12:45 contre nous de la tyrannie.
00:12:50 - La scène rappelle le service militaire.
00:12:52 Pourtant, il n'est pas vraiment prévu de ramper dans la boue.
00:12:56 - Vous allez découvrir la biodiversité de notre magnifique golfe du Morbihan.
00:13:02 - Direction l'île d'Arres pour ces volontaires venus de toute la France.
00:13:07 Sur place, des ateliers pour sensibiliser à l'environnement
00:13:10 et former au secourisme.
00:13:13 Nous embarquons avec un groupe sur la vedette de la SNSM.
00:13:16 Les sauveteurs en mer ont mis en scène une situation de détresse.
00:13:21 - Il va déjà falloir qu'on arrive à l'attraper.
00:13:24 - D'accord.
00:13:26 - Vous l'asseyez. Il va avoir mal. De toute façon, il aura un peu mal.
00:13:29 - Allez, sur son épaule. Vous sécurisez son épaule.
00:13:32 - On tire pas sur son épaule. Quelle question on lui pose tout de suite ?
00:13:35 - Est-ce que vous vous sentez bien ?
00:13:37 - Tout de suite. - Comment vous vous appelez ?
00:13:39 - Tout de suite. Quelle autre question on lui pose tout de suite ?
00:13:42 - Monsieur, il y avait quelqu'un avec vous à bord ?
00:13:44 - Oui, j'étais avec un collègue à moi.
00:13:46 À l'heure du pique-nique, l'ambiance n'est déjà plus celle du matin.
00:13:51 Nous sommes plus proches de l'esprit colo.
00:13:53 - Basta, basta, basta !
00:13:55 - Après, je connais plus la suite.
00:13:57 - Après, je connais plus la suite.
00:13:59 - On chante, on danse, on rigole. C'est une très bonne ambiance.
00:14:04 - Grâce aux uniformes, on n'a pas du tout les préjugés, les stéréotypes
00:14:09 qu'on pourrait avoir sur telle ou telle personne,
00:14:11 selon sa classe sociale, selon d'où elle vient, selon ce qu'elle porte.
00:14:15 En fait, on est vraiment tous ensemble.
00:14:18 - Les encadrants sont issus de l'armée, de l'éducation nationale
00:14:22 et du monde associatif.
00:14:24 - Ce n'est absolument pas un service militaire.
00:14:26 Il y avait une formation proprement militaire, le combat, le tir.
00:14:30 Tout cela, évidemment, ça n'existe pas du tout dans l'SNU,
00:14:33 puisque là, on est plutôt sur des thématiques de culture,
00:14:35 l'écologie, la défense de l'écologie, la biodiversité,
00:14:38 les services publics, comment ça fonctionne, l'Europe.
00:14:41 - Les participants des premières promotions sont particulièrement
00:14:44 enthousiastes et réceptifs, logique de la part de jeunes volontaires.
00:14:49 Mais s'il devient obligatoire, le SNU devra convaincre
00:14:52 un autre public potentiellement plus réticent.
00:14:56 - Élise, pour commencer, quand vous regardez ce reportage,
00:14:59 vous vous dites, moi, à 15-17 ans, ça m'aurait tentée,
00:15:02 ça m'aurait apporté ce genre d'expérience ou pas ?
00:15:04 - Malheureusement, absolument pas.
00:15:06 Moi, il faut savoir qu'on est invité pour un tout autre sujet,
00:15:08 mais de base, moi, je suis scout, j'ai mon BAFA, mon BAFD,
00:15:11 j'ai fait un service civique, donc je suis très engagée
00:15:13 dans ces sujets-là, et quand j'ai appris qu'on avait créé le SNU,
00:15:17 donc c'était, ouais, en 2018, en vrai que c'est sorti, non ?
00:15:20 - 2019, première étape. - Je me suis dit, wow,
00:15:22 trop intéressant, j'ai envie de savoir de quoi il en retourne,
00:15:24 parce que c'est vrai que moi, la question de l'engagement citoyen,
00:15:26 ça m'anime, en vrai, surtout pour les jeunes.
00:15:29 Mais tout ce que je viens de voir là, c'est ce que déjà
00:15:32 l'école est censée faire, à la base, et surtout,
00:15:35 l'engagement citoyen, c'est pas l'affaire de deux semaines,
00:15:39 pour moi, c'est l'affaire de toute une vie.
00:15:41 C'est-à-dire que je comprends pas pourquoi l'école n'est pas
00:15:43 censée prendre ce sujet-là à bras-le-corps, et surtout,
00:15:46 moi, je suis au scout depuis que j'ai 7 ans,
00:15:48 je vais pas me rajouter une colonie de vacances en plus,
00:15:51 c'est-à-dire qu'une colonie de vacances, c'est censé être
00:15:53 un truc privilégié que tu choisis, t'as envie d'y aller,
00:15:56 avec tes copains, avec tes cousins, rencontrer d'autres gens,
00:15:59 évidemment, c'est des vecteurs de mixité sociale
00:16:01 qui sont incroyables, pour moi, c'est le travail
00:16:03 des associations, c'est le travail des mouvements de jeunesse
00:16:05 qui font un travail incroyable aujourd'hui,
00:16:07 qui manque tellement d'argent.
00:16:09 - Bon, bah, vous, vous n'êtes pas spécialiste,
00:16:10 vous avez un regard extrêmement précis, d'accord avec ça,
00:16:12 Julia, et vous répondrez sur la question de l'éducation.
00:16:14 - Elle a une forme de spécialisme, quand même, j'admire son engagement.
00:16:16 - Surtout, juste, je ne comprends pas pourquoi est-ce qu'au lycée,
00:16:19 on ne sensibilise pas les jeunes, pourquoi est-ce que,
00:16:21 on est le seul pays en France où on a une spécificité
00:16:23 qui est qu'on ne regarde pas ce qui se fait ailleurs.
00:16:25 Comment on explique qu'aux Etats-Unis, tous les matins,
00:16:26 ils ont école et l'après-midi, ils sont avec des associations,
00:16:28 et pas nous ? Pourquoi est-ce qu'on fait pas ça ?
00:16:30 Pourquoi est-ce qu'on n'encourage pas les jeunes à s'engager ?
00:16:32 En fait, ce qu'il faut apprendre, la citoyenneté,
00:16:35 c'est le vivre ensemble, et le vivre ensemble,
00:16:37 ça prend comment ? Donner de son temps gratuitement,
00:16:39 donner de son temps pour l'autre, le vivre ensemble,
00:16:41 et le savoir vivre, et le savoir être.
00:16:43 - Alors très bien, il y a beaucoup de choses.
00:16:45 - Pourquoi est-ce qu'on ne fait pas ça avec des associations ?
00:16:47 - Julia, pour compléter, vous répondrez sur l'école.
00:16:49 - Moi, ce qui me gêne un peu, je trouve que vraiment,
00:16:51 les grands piliers de ce SNU sont des bonnes choses,
00:16:54 la cohésion sociale, la mixité, etc.
00:16:56 Mais c'est vrai que ce qu'il en ressort,
00:16:58 et ce n'est pas parce qu'il y a quelqu'un qui est général,
00:17:00 d'ailleurs, qui dit "ce n'est pas un service militaire"
00:17:02 alors que la personne est générale, je trouve ça un peu cocasse.
00:17:04 - Il y a des encadrants qui viennent du milieu militaire, mais pas seulement.
00:17:07 - Bien sûr, évidemment, mais ce qu'on entend,
00:17:09 et ce qu'on ressent, c'est que ça ressemble drôlement
00:17:11 à un service militaire, la marseillaise, la casquette,
00:17:14 l'uniforme, les parcours sportifs, etc.
00:17:18 Aujourd'hui, je pense que les jeunes,
00:17:20 on est dans une génération où on a peur,
00:17:22 où l'Europe commence à être en guerre,
00:17:24 on n'a pas envie d'entendre parler de service militaire
00:17:26 ou d'engagement militaire.
00:17:28 C'est vraiment, je pense, contre les piliers de notre génération.
00:17:32 On est dans l'économie du bonheur,
00:17:34 les jeunes veulent, finalement, miser sur leur avenir,
00:17:36 pas miser sur quelque chose...
00:17:38 - Bien compris, bien compris.
00:17:40 Attention à ne pas prendre le rôle de l'école,
00:17:42 pourquoi l'école ne fait pas ça,
00:17:44 et puis la dimension militaire.
00:17:46 On est avec un enseignant en Skype,
00:17:48 et vous répondrez, je vous assure, mais c'est important de les entendre
00:17:50 parce qu'ils sont très présents dans ce débat.
00:17:52 Bonsoir, William Thibault.
00:17:54 Vous êtes enseignant, président du syndicat Action et Démocratie
00:17:58 en Pays de Loire.
00:18:00 Les profs s'inquiètent beaucoup de ce SNU obligatoire
00:18:02 qui serait pris sur le temps scolaire
00:18:04 s'il était décidé ainsi.
00:18:06 Pour quelles raisons, précisément ?
00:18:08 - Tout simplement parce que
00:18:10 ce qu'on ne peut pas obtenir par l'école,
00:18:12 on va l'obtenir par le SNU, en fait.
00:18:14 Et si j'ai bien compris,
00:18:16 c'est la reconnaissance même
00:18:18 de l'absence de l'autorité des enseignants
00:18:20 et surtout de la reconnaissance
00:18:22 de l'absence de l'autorité des enseignants
00:18:24 et surtout de la reconnaissance
00:18:26 de l'absence de l'autorité des enseignants
00:18:28 de la défaillance de l'école
00:18:30 de la défaillance de l'école
00:18:32 en confondant la bienveillance
00:18:34 en confondant la bienveillance
00:18:36 et la complaisance.
00:18:38 - Mais est-ce qu'elle n'a pas échoué l'école,
00:18:40 justement, dans cet objectif d'engagement,
00:18:42 de citoyenneté, de cohésion nationale ?
00:18:44 - Elle n'a pas échoué.
00:18:46 Elle travaille, justement.
00:18:48 Il y a des enseignants
00:18:50 et des enseignements
00:18:52 qui sont spécialisés en la matière,
00:18:54 notamment en EMC,
00:18:56 notamment en EMC,
00:18:58 la classe de seconde.
00:19:00 - C'est l'éducation civique, c'est ça ?
00:19:02 - Morale et civique.
00:19:04 - Morale et civique.
00:19:06 - Oui, morale et civique,
00:19:08 où on enseigne, justement,
00:19:10 des thèmes sur la République,
00:19:12 les valeurs de la République,
00:19:14 les valeurs de la laïcité,
00:19:16 l'exemplarité du comportement,
00:19:18 par le comportement,
00:19:20 par exemple, l'éco-citoyenneté,
00:19:22 le respect des normes,
00:19:24 de la laïcité.
00:19:26 - Donc, ça existe déjà,
00:19:28 ces programmes à l'école.
00:19:30 J'ai lu que les enseignants s'inquiétaient
00:19:32 d'un décrochage.
00:19:34 Si c'est pris sur les deux semaines de temps scolaire,
00:19:36 ça favoriserait les inégalités scolaires ?
00:19:38 Vous y croyez à ça, vraiment ?
00:19:40 - Moi, je dis que si c'est pris sur le temps scolaire,
00:19:42 depuis la réforme blanquière,
00:19:44 le temps scolaire est contraint.
00:19:46 Il y a un stress permanent
00:19:48 dès l'entrée de la classe de seconde,
00:19:50 puisque le bac se prépare en deux ans,
00:19:52 c'est pris sur le temps scolaire.
00:19:54 Les épreuves de spécialité, on lui en mars.
00:19:56 Les programmes faits par les grands
00:19:58 les grands
00:20:00 les grands
00:20:02 Césars de l'éducation nationale
00:20:04 et du ministère de l'éducation nationale,
00:20:06 bien loin des réalités,
00:20:08 ne comprennent pas toujours
00:20:10 le sens du terrain
00:20:12 et construisent des programmes
00:20:14 qui sont très éloignés de la réalité
00:20:16 et de ce qu'on peut enseigner sur le terrain.
00:20:18 - Bien compris.
00:20:20 Merci.
00:20:22 On a bien compris les éléments
00:20:24 et on va donner la parole maintenant à Christophe Blanchet.
00:20:26 D'abord sur l'école.
00:20:28 Est-ce que vous ne déshabillez pas Paul pour habiller Jacques ?
00:20:32 Pourquoi ne pas laisser à l'école
00:20:34 cette première mission qui lui est dévouée ?
00:20:36 - Je me refuse à vouloir rentrer dans le débat
00:20:40 d'une confrontation avec l'éducation nationale.
00:20:42 Chacun son boulot. Ne donnons pas aux profs
00:20:44 des missions supplémentaires
00:20:46 qui relèvent de missions sociétales,
00:20:48 de vie dans la société,
00:20:50 d'esprit républicain. C'est ça le SNU.
00:20:52 Je ne vous ai pas interrompu.
00:20:54 - Mais c'est une question pour vous.
00:20:56 - J'ai énormément envie de vous interrompre.
00:20:58 - C'est vrai que vous trépignez d'impatience.
00:21:00 Allez-y et vous répondrez.
00:21:02 - Je ne peux pas répondre à toutes les interventions.
00:21:04 Ne mélangeons pas les choses.
00:21:06 Chacun son boulot.
00:21:08 Sur l'aspect militaire, c'est assez formidable.
00:21:10 Il y a deux réponses que je vais formuler.
00:21:12 Vous dites que la marseillaise...
00:21:14 C'est quoi le problème de chanter la marseillaise ?
00:21:16 C'est quoi le problème de saluer le drapeau ?
00:21:18 C'est quoi le problème de juste affirmer
00:21:20 qu'on est français et qu'on aime la France ?
00:21:22 Pour moi, il n'y a pas de problème.
00:21:24 Si on est d'accord là-dessus, on va être d'accord sur le reste.
00:21:26 Et la deuxième chose, politiquement,
00:21:28 parce que vous avez fait de la politique,
00:21:30 le programme de votre candidat, Nups,
00:21:32 précisez bien dans son rame
00:21:34 une conscription obligatoire
00:21:36 pour tous les jeunes jusqu'à 25 ans.
00:21:38 Certes rémunérée,
00:21:40 mais dans une conscription, il y a bien le saluer au drapeau.
00:21:42 Et la marseillaise...
00:21:44 Vous, en plus, vous voulez que les gens soient payés pour le chanter.
00:21:46 Nous, on dit que ça devient...
00:21:48 Ah, Clovis Daguerre.
00:21:50 La dernière chose, sur le budget.
00:21:52 On va y revenir.
00:21:54 Si vous y revenez, je reviendrai pour y répondre.
00:21:56 Je vous promets, on va essayer de prendre les thèmes dans l'ordre.
00:21:58 Oui, le programme.
00:22:00 Je suis aux jeunes écologistes. Nous, on n'a jamais défendu
00:22:02 quelque forme de service national universel
00:22:04 ou de conscription obligatoire
00:22:06 ou de ce genre de choses.
00:22:08 Et puis, puisqu'on parle de cohérence politique,
00:22:10 mais vous, vous dites qu'il faut être utile à la jeunesse,
00:22:12 qu'il faut faire en sorte que la jeunesse a le mieux,
00:22:14 qu'il y ait plus de cohésion sociale.
00:22:16 Mais en fait, nous, ce qu'on estime, c'est que ce service national universel,
00:22:18 c'est la seule réponse de la Macronie depuis 2017
00:22:20 sur la jeunesse. Il n'y a eu aucune autre loi
00:22:22 ambitieuse pour aider les jeunes depuis 2017.
00:22:24 Alors que les jeunes, ils en pâtissent, depuis 2017,
00:22:26 avec le Covid. On a découvert tout ça pendant le Covid.
00:22:28 Mais l'étude alimentaire, les difficultés pour
00:22:30 se soigner, pour se loger, pour manger.
00:22:32 On ne l'a découvert pas pendant le Covid,
00:22:34 mais ça fait des années. Si je peux terminer, vous dites que vous
00:22:36 n'interrompez pas les gens.
00:22:38 La seule politique qui a été faite,
00:22:40 c'est ça, c'est on va mettre 3 milliards sur un service national universel.
00:22:42 Et dans le même temps, là, la grosse
00:22:44 hypocrisie est justement de ne pas...
00:22:46 Vous, Monsieur le député, il y a quelques semaines,
00:22:48 il y avait un vote pour dire "on va mettre le repas
00:22:50 à 1 euro pour tous les étudiants". Ça, c'est une politique
00:22:52 utile pour la jeunesse qui aurait vraiment des
00:22:54 résultats directement. Et vous,
00:22:56 directement, et vos amis de la
00:22:58 Macronie, ne sont pas...
00:23:00 ne se sont pas précipités pour
00:23:02 voter contre cette proposition-là.
00:23:04 - Pour lequel vous aviez voté contre déjà il y a 3 ans, auparavant.
00:23:06 - C'est ça. - C'est la politique politique.
00:23:08 - Avec Faudil Deiba, s'il vous plaît.
00:23:10 - Faudil Deiba, vous, vous êtes
00:23:12 enseignant et vous êtes encadrant.
00:23:14 Donc, vous pouvez nous expliquer
00:23:16 en quoi ce n'est pas
00:23:18 une manière, soit de pallier à l'échec de l'éducation nationale
00:23:20 de sa mission, en quoi c'est
00:23:22 un complément ? - Bon.
00:23:24 Alors déjà, je ne peux pas
00:23:26 m'exprimer sur l'éducation nationale,
00:23:28 je peux seulement parler du SNU.
00:23:30 Donc, ce que je voudrais dire et répondre
00:23:32 au jeune homme, Monsieur,
00:23:34 vous parlez du militaire.
00:23:36 Excusez-moi, mais je ne suis pas d'accord.
00:23:38 Il n'y a pas de militaire, il n'y a que le JDC.
00:23:40 - Alors, attendez, ça c'est quoi ?
00:23:42 - Le JDC, c'est la journée citoyenneté,
00:23:44 qui est obligatoire, que tout citoyen
00:23:46 doit, tout jeune à 18 ans,
00:23:48 doit faire. Elle est inclue dans
00:23:50 la journée de 12 jours, enfin dans le séjour
00:23:52 de 12 jours. Donc, ils ont leur JDC.
00:23:54 Mais ça, c'est normal, c'est une journée qui est prévue par la loi.
00:23:56 Tout jeune enfant,
00:23:58 jeune garçon ou fille
00:24:00 de la République doit y participer.
00:24:02 Donc, elle est prise sur des
00:24:04 12 jours.
00:24:06 Ce que nous avons, c'est 5 minutes
00:24:08 de garde à vous par jour.
00:24:10 Si on dit que c'est du militaire,
00:24:12 on n'a que 5 minutes sur 24 heures.
00:24:14 Le reste, il n'y a pas de militaire.
00:24:16 - Il n'y a pas de gendarme militaire ?
00:24:18 - Excusez-moi,
00:24:20 j'ai fait mon service militaire.
00:24:22 À titre personnel, lorsque
00:24:24 j'étais jeune, j'ai fait mon service militaire, c'était obligatoire.
00:24:26 J'ai aimé ça, j'ai trouvé des valeurs
00:24:28 intéressantes, j'ai prolongé mon service
00:24:30 militaire, je me suis engagé, j'ai été pompier de Paris,
00:24:32 j'ai terminé ma carrière. Aujourd'hui, je suis enseignant,
00:24:34 mais dans le cadre du SNU,
00:24:36 j'essaie de transmettre
00:24:38 avec mes collègues,
00:24:40 les encadrants,
00:24:42 nos valeurs républicaines.
00:24:44 Mais ce qui concerne le militaire,
00:24:46 je vous assure, on ne met pas de militaire.
00:24:48 - Rien de militaire, il n'y a pas d'armes,
00:24:50 il n'y a pas de commandement, mais il y a un uniforme.
00:24:52 C'est indispensable, ça ?
00:24:54 Parce que quand on pose la question de l'uniforme à l'école,
00:24:56 la jeunesse n'est pas du tout
00:24:58 unanime sur le sujet. - C'est sympa, moi, je trouve.
00:25:00 - L'uniforme, ça supprime toute l'expérience.
00:25:02 - L'enseignement. - Toutes les différences.
00:25:04 Moi, ce qui m'interroge surtout,
00:25:06 ce n'est pas ce qu'on y fait, c'est pourquoi
00:25:08 une colo... En fait, c'est vrai
00:25:10 qu'on a cette impression qu'en fait,
00:25:12 l'école a tellement foiré, que du coup,
00:25:14 c'est tellement nul et on ne sait tellement pas le réformer,
00:25:16 que comme à chaque fois, on va essayer
00:25:18 de détourner le problème et de créer un nouveau truc
00:25:20 pour pas juste réparer un problème qui est finalement
00:25:22 assez facile à réparer, l'école blanche.
00:25:24 - L'État de l'influence nationale ne peut pas tout faire.
00:25:26 - Oui, mais est-ce que c'est le rôle de l'État
00:25:28 d'amener les gens en colo ?
00:25:30 - Ce n'est pas une colo, donc vous utilisez un terme que je réfute
00:25:32 totalement, ce n'est pas un service militaire,
00:25:34 ce n'est pas une colo, c'est quelque chose de nouveau.
00:25:36 Je vous invite à venir le vivre de l'intérieur pour
00:25:38 reconsater ce que c'est, comme moi j'ai eu la chance de le faire.
00:25:40 Et je voulais terminer quand même sur le budget, parce que vous avez évoqué
00:25:42 2 milliards d'euros. - Allez-y.
00:25:44 - 2 milliards d'euros, qui va payer ? Par an ?
00:25:46 - Moi, dans mon premier rapport, j'avais estimé à 1,7 milliard par an
00:25:48 en 2019. C'est l'État qui paye.
00:25:50 C'est nous qui payons. - Donc les impôts des Français.
00:25:52 - Et ce n'est pas un coût, c'est un investissement.
00:25:54 Et c'est un investissement pour toute une génération,
00:25:56 pour leur donner un sens,
00:25:58 des clés pour agir dans la vie,
00:26:00 quand ils auront dans le monde à venir. - Mais on peut acquérir tout ça en 2 semaines ?
00:26:02 - Oui, parce que
00:26:04 c'est sur... - C'est impossible monsieur.
00:26:06 - Est-ce que je peux terminer ? Sur 12 jours,
00:26:08 on donne des clés, comment ils vont pouvoir s'engager.
00:26:10 C'est ce que vous disiez tout à l'heure, comment est-ce qu'on peut s'engager.
00:26:12 C'est des clés, comment est-ce qu'on peut s'engager.
00:26:14 - Tous les philosophes disent qu'il faut 21 jours
00:26:16 déjà pour créer une habitude chez l'humain. - Moi je ne suis pas philosophe,
00:26:18 je suis pragmatique et je peux vous dire que ça fonctionne.
00:26:20 Sur les 2 milliards d'euros,
00:26:22 c'est un investissement.
00:26:24 Pourquoi ? Déjà, rien que sur une génération
00:26:26 de 760 000 jeunes,
00:26:28 c'est le nombre de naissances, nous avons
00:26:30 malheureusement, malheureusement,
00:26:32 90 000 décrocheurs. Ce n'est pas que des décrocheurs
00:26:34 scolaires. Il ne faut pas croire que c'est que
00:26:36 du décrocheur social, c'est du décrocheur sociétal,
00:26:38 familial. Et sur ces 90 000 jeunes,
00:26:40 c'est un drame humain.
00:26:42 Mais c'est un drame aussi économique.
00:26:44 Chaque jeune qui décroche, c'est 230 000 euros.
00:26:46 - Mais quand on entend "décrocheurs", on se dit
00:26:48 "mais les 2 milliards d'euros par an, on peut les mettre
00:26:50 dans l'éducation nationale sur les décrocheurs ?"
00:26:52 - Vous allez voir, 90 000 décrocheurs qui sont sortis de l'éducation nationale,
00:26:54 ça coûte à la société par an 22 milliards d'euros.
00:26:56 Si déjà, le SNU, on récupère
00:26:58 10 % des décrocheurs parce qu'on a réussi à les identifier,
00:27:00 pas à les stigmatiser, alors proposer
00:27:02 un parcours personnalisé quand ils rentrent
00:27:04 chez eux et qu'on les sorte de la mouise
00:27:06 où ils sont, alors le système est déjà juste rentable
00:27:08 pour eux. Et alors, je ne parle pas des
00:27:10 590 000 Français, pour qui
00:27:12 ces jeunes Français qui vont trouver peut-être un sens différent,
00:27:14 qui vont avoir un sens de la nation,
00:27:16 un sens du respect différent et qui vont
00:27:18 se sentir des choses. Parce que vous disiez, l'éducation nationale
00:27:20 peut, c'est à l'éducation nationale d'emmener les jeunes
00:27:22 à la scène SM faire du bateau ? Je ne suis pas certain.
00:27:24 - Oui. - Ben non.
00:27:26 - Clovis Daguerre.
00:27:28 - Moi, je trouve ça hallucinant qu'on parle de décrochage scolaire,
00:27:30 on parle de difficultés chez les jeunes et on nous dit,
00:27:32 on parle budget, on parle financièrement
00:27:34 et on dit "la solution, c'est quoi ? C'est 12 jours
00:27:36 à faire des levées de drapeau, à se balader
00:27:38 un peu dans la nature et à avoir un uniforme,
00:27:40 c'est ça qui va lutter contre le décrochage et contre
00:27:42 la précarité des jeunes. Alors que quand on voit
00:27:44 les immenses difficultés qu'il y a dans la jeunesse aujourd'hui,
00:27:46 je le disais, les difficultés à se loger, à s'alimenter,
00:27:48 à se soigner, même chez les jeunes,
00:27:50 alors qu'il y a des solutions qui ne coûtent pas
00:27:52 beaucoup plus cher que l'USNU, aujourd'hui, par exemple,
00:27:54 le RSA pour les moins de 25 ans, ça coûte 5 milliards,
00:27:56 c'est quelque chose qui n'a pas été mis en place.
00:27:58 Non, mais c'est des choses qui pourraient être faites
00:28:00 pour la jeunesse de manière plus large, pour lutter contre
00:28:02 la précarité et c'est des choses qui pourraient être mises en place
00:28:04 mais qui n'ont absolument pas été mises en place par le gouvernement.
00:28:06 - Ce qu'on marque, les esprits, c'est beaucoup d'argent,
00:28:08 2 milliards d'euros par an. - Oui, c'est ça aussi que
00:28:10 l'État investisse pour les jeunes, pour une fois,
00:28:12 mais pas comme ça. - La question,
00:28:14 la question, c'est est-ce que c'est opportun
00:28:16 dans la situation qu'on traverse
00:28:18 aujourd'hui ? Il y a eu le Covid,
00:28:20 pour les jeunes, on voit ce qui se passe
00:28:22 dans les banques alimentaires, on voit le décrochage
00:28:24 aussi à l'école, est-ce que c'est le bon moment,
00:28:26 vraiment ? - Alors, on a eu une crise
00:28:28 de l'engagement chez les jeunes
00:28:30 et je vois qu'on se focalise sur ces 12 jours,
00:28:32 mais on oublie la suite. - Exactement.
00:28:34 - La suite, il y a un cheminement, ça rentre dans le parcours citoyen.
00:28:36 Le cheminement, c'est que derrière,
00:28:38 dans l'année qui suit, les jeunes doivent faire
00:28:40 4 heures à 4 heures de mission
00:28:42 d'intérêt général dans des associations,
00:28:44 des EHPAD, les pompiers, etc.,
00:28:46 un peu où ils veulent. On parle toujours pas d'armée.
00:28:48 - Et même l'armée s'ils le veulent.
00:28:50 - Oui, s'ils le veulent. Pour ceux qui le veulent.
00:28:52 Moi, je connais beaucoup de jeunes
00:28:54 qui, à la suite... - Vous êtes militaires de carrière.
00:28:56 - Non, pas de carrière, non, non.
00:28:58 Je ne suis pas militaire de carrière. - Non.
00:29:00 - Vous passez par ça. - J'ai un autre métier.
00:29:02 - J'ai beaucoup de jeunes à la suite, que j'ai continué à suivre,
00:29:04 un petit peu,
00:29:06 qui ont fait ces missions d'intérêt général
00:29:08 et qui ont trouvé un sens à leur engagement.
00:29:10 J'ai trouvé plein de choses intéressantes.
00:29:12 Donc, vous voyez, les 12 jours, peut-être les 21 jours,
00:29:14 on y arrive au final, puisque 4 heures à 4 heures,
00:29:16 ça correspondrait... - C'est un délai intéressant.
00:29:18 - Et avec une partie, qui permet aussi,
00:29:20 une troisième partie, excusez-moi, madame, facultative,
00:29:22 qui permet d'aller sur un service civique
00:29:24 derrière. - Moi, c'est plus tard,
00:29:26 le service civique. - À l'âge de 18 ans.
00:29:28 - Pour bien comprendre, parce que si c'est 2 milliards,
00:29:30 on voudrait savoir où va l'argent.
00:29:32 Il y a un coût colossal sur l'hébergement,
00:29:34 c'est ça ? Parce que si c'est sur la période scolaire,
00:29:36 les lycées, on ne pourra pas les utiliser.
00:29:38 Donc, il faudra bien
00:29:40 héberger les jeunes. Il y a un coût de formation
00:29:42 des encadrants, également.
00:29:44 Il faut payer les encadrants.
00:29:46 Où va tout cet argent ?
00:29:48 - Où va ? Déjà, c'est dans les 3 phases qui viennent des 12 jours.
00:29:50 Ce n'est pas simplement les 12 jours, c'est les 3 phases.
00:29:52 - Oui, oui. - Donc, c'est important de rappeler,
00:29:54 quand même, c'est le global. C'est de 15 ans
00:29:56 à 18 ans et la possibilité
00:29:58 de 18 à 29 ans
00:30:00 sur un service public. - Mais donc, on a les moyens
00:30:02 de loger pour cette partie-là ? - Parce que c'est
00:30:04 trop souvent oublié. - Sur la dimension
00:30:06 logement, comment ça va se passer ?
00:30:08 - Je ne sais pas. On a mis des propositions.
00:30:10 Parce qu'aujourd'hui,
00:30:12 les logements libres dans les lycées,
00:30:14 hors période scolaire, c'est 235 000
00:30:16 lits de disponibles. Donc,
00:30:18 il y a des possibilités. Maintenant, c'est
00:30:20 l'arbitrage que nous attendons
00:30:22 du président de la République. Est-ce qu'on fait ça sur le temps scolaire
00:30:24 ou hors temps scolaire ?
00:30:26 Est-ce qu'on fait ça aussi au fil de lots dans certains départements
00:30:28 avec des maisons structurées
00:30:30 à l'année qui peuvent accueillir au fil du lot ?
00:30:32 Déjà, je n'ai pas la réponse. C'est les propositions
00:30:34 que j'avais émises avec mes collègues
00:30:36 dans le rapport. Mais j'attends l'arbitrage du président
00:30:38 de la République. Et après, tout est possible.
00:30:40 Mais le budget utilisé est
00:30:42 rationalisé à la fois dans les encadrants...
00:30:44 - Ça veut dire qu'on pourrait imaginer
00:30:46 d'organiser le départ de tous les
00:30:48 lycéens de seconde de France ?
00:30:50 Comment ? Étalé sur une période
00:30:52 entre quand et quand ?
00:30:54 - Je n'ai pas la réponse. C'est le président
00:30:56 qui va trancher sur toutes les possibilités.
00:30:58 La question de l'encadrement est primordiale.
00:31:00 On doit investir sur un encadrement
00:31:02 qui va pouvoir se dire
00:31:04 "ça sera notre travail à l'année".
00:31:06 Parce qu'aujourd'hui, on est sur des contrats courts, donc ça ne pénalise pas
00:31:08 l'exigence que l'on va
00:31:10 devoir avoir vis-à-vis des encadrements, parce qu'on va
00:31:12 devoir avoir une exigence, parce qu'on va nous attendre au tournant.
00:31:14 Au moindre bémol, à la moindre faille,
00:31:16 on va nous taper dessus. Donc il faut que les encadrements
00:31:18 soient exemplaires, donc qu'ils soient formés,
00:31:20 qu'ils soient bien payés. Donc c'est cela aussi
00:31:22 qu'on doit formater pour structurer.
00:31:24 C'est pour ça qu'il y a une montée en puissance et qu'on ne peut pas le décliner
00:31:26 du jour au lendemain obligatoire. Parce que
00:31:28 on n'a pas aujourd'hui la capacité d'encadrement
00:31:30 nécessaire à la hauteur
00:31:32 de ce que l'on veut. Et on ne veut pas être
00:31:34 en défaut de quelques attaques
00:31:36 avec quelques exemples qui sortiraient. - Chlovis Daguerre,
00:31:38 le mot de la fin, on aura les annonces
00:31:40 entre maintenant et le mois
00:31:42 de juin, donc c'est imminent.
00:31:44 On a compris que vous étiez contre l'obligation,
00:31:46 mais est-ce que vous avez été convaincu sur le principe
00:31:48 même ? Pour ceux qui le souhaitent.
00:31:50 - On n'est pas convaincu, on n'a même pas plus de détails sur comment ça va
00:31:52 se passer. Ça a été dit dans le rapport du Sénat qu'on
00:31:54 citait tout à l'heure, aujourd'hui on n'a pas du tout la capacité d'accueillir
00:31:56 ces 840 000 jeunes, c'est juste impossible.
00:31:58 De toute façon, le SNU ne se fera pas d'ici demain.
00:32:00 Si on veut le rendre obligatoire, c'est parce que la plupart des jeunes
00:32:02 ne veulent pas le faire. Ceux qui le font actuellement, c'est déjà
00:32:04 des classes aisées, des enfants de corps en
00:32:06 uniforme, donc policiers, gendarmes, militaires.
00:32:08 - Ça vous confirme la clue ? - Non, ça a été prouvé dans les études
00:32:10 des participants du SNU.
00:32:12 Je termine juste.
00:32:14 Du coup, ce SNU, on ne sait pas ce que ça va être.
00:32:16 Nous, on alerte. Deux autres alertes sur le SNU,
00:32:18 c'est qu'on nous l'a vendu un peu, on a lancé la carotte
00:32:20 pour attirer les jeunes vers le SNU en disant
00:32:22 "vous allez pouvoir avoir votre permis de conduire en passant le SNU,
00:32:24 ça ne sera pas le cas, vous allez pouvoir avoir votre diplôme
00:32:26 du BFA en passant le SNU, ça ne sera pas le cas,
00:32:28 on n'en sait pas plus". - Alors, c'est vrai ça ?
00:32:30 - Une autre alerte, je termine juste là-dessus,
00:32:32 on nous a dit aussi,
00:32:34 ça a été alerté dans ce qui est sorti il n'y a pas longtemps,
00:32:36 c'est qu'en fait les personnes qui feront les modules
00:32:38 obligatoires après le SNU, apparemment,
00:32:40 elles seront favorisées sur Parcoursup après.
00:32:42 Et donc ça, ça va créer encore plus d'inégalités,
00:32:44 on le sait aujourd'hui, Parcoursup, c'est un moteur immense
00:32:46 à inégalités, justement parler d'inégalités...
00:32:48 - Je vous donne le mot de la fin, parce que le temps nous est compté.
00:32:50 - Ça va créer encore plus d'inégalités
00:32:52 et encore plus de problèmes. - Christophe Blanchet,
00:32:54 le permis de conduire, passer son permis de conduire
00:32:56 ou passer son BFA, ça c'était prévu,
00:32:58 et finalement ça n'est plus le cas. Pourquoi ?
00:33:00 - C'est vous qui le dites, c'est vous qui le dites.
00:33:02 - C'est ce qu'on a lu partout dans la presse.
00:33:04 C'est bien de lire la presse, moi je ne crois pas toujours
00:33:06 tout ce que dit la presse, j'attends l'arbitre...
00:33:08 - Donc vous vous y êtes favorable ?
00:33:10 - Je suis favorable à ce que celles et ceux qui font un service national
00:33:12 universel complet, ça veut dire la phase 1 des 12 jours,
00:33:14 les 84 heures d'mission d'intelligence régionale
00:33:16 et un service civique, se voient récompensés
00:33:18 par la nation de l'effort qu'ils ont fait pour la nation.
00:33:20 Et c'est ça, le service national universel,
00:33:22 c'est vous donner à la France
00:33:24 et on vous donne en même temps,
00:33:26 on vous fait confiance, nous,
00:33:28 les adultes, aux jeunes,
00:33:30 pour leur donner des clés, des clés de vie
00:33:32 en société et des clés de vie républicaine
00:33:34 à respecter ce que l'on est
00:33:36 et d'aimer la France tout simplement.
00:33:38 - Allez, on va s'arrêter là, ceux qui nous regardent
00:33:40 se seront fait une opinion, en tout cas c'est un débat
00:33:42 extrêmement clivé et presque
00:33:44 clivé entre générations, j'ai l'impression.
00:33:46 Merci beaucoup d'avoir
00:33:48 participé à ce débat. Alice Julia, vous restez avec moi.
00:33:50 Dans une dizaine de minutes,
00:33:52 les partis pris de nos affranchis, ce soir
00:33:54 paraissent, c'est le mot de la semaine
00:33:56 de notre séniologue Mariette Darrigrand,
00:33:58 l'économiste avec un nouveau venu
00:34:00 Thomas Lestavelle sur le rapport alarmant
00:34:02 de la Cour des comptes sur nos finances publiques
00:34:04 et puis Bourbon Express, l'histoire du jour
00:34:06 à l'Assemblée avec
00:34:08 Stéphanie Despierre. Mais d'abord, on va parler de vous deux.
00:34:10 Je le disais, la jeunesse vous connaît
00:34:12 très bien, votre podcast "Coming Out"
00:34:14 est un carton, il a réuni
00:34:16 un million et demi d'auditeurs,
00:34:18 les vieux, que je suis, un peu moins.
00:34:20 On a besoin d'un petit portrait, puis
00:34:22 on a besoin d'avoir quelques clés pour comprendre
00:34:24 ce livre. "Coming Out", chez Stock,
00:34:26 c'est dans l'invitation, regardez, signé ce soir
00:34:28 par Marco Pomi.
00:34:30 Si on vous invite,
00:34:32 Élise Goldfarb et Julia Laiany,
00:34:34 c'est pour votre combat.
00:34:36 Briser le tabou de l'homosexualité,
00:34:38 parler du "Coming Out"
00:34:40 encore et toujours,
00:34:42 créer des représentations pour tous
00:34:44 avec un espoir.
00:34:46 On va parler à fond du "Coming Out" pour que
00:34:48 ça n'existe plus, parce que ce sera tellement
00:34:50 banalisé et normalisé
00:34:52 qu'on n'aura plus besoin de faire un statement
00:34:54 sur ce sujet.
00:34:56 Meilleures amies depuis le lycée,
00:34:58 Julia Laiany et Élise Goldfarb,
00:35:00 vous formez un duo inséparable,
00:35:02 offrant parler assumé.
00:35:04 Pas de langue de bois, votre humour cache
00:35:06 chez vos coups de gueule carton sur Instagram
00:35:08 et vos parcours impressionnent.
00:35:10 Ancienne animatrice de radio,
00:35:12 création d'un média
00:35:14 social 100% féministe,
00:35:16 sans oublier une agence de conseil.
00:35:18 On retiendra aussi cette initiative
00:35:20 pendant la présidentielle
00:35:22 avec des candidats et candidates
00:35:24 défilant à votre micro.
00:35:26 On s'est dit que ce serait normal qu'il existe un format
00:35:28 qui ne parle que de nous, à savoir des femmes
00:35:30 et des LGBTQIA+.
00:35:32 On est donc allé chercher toutes les candidates
00:35:34 et tous les candidats pour savoir ce qu'ils avaient à dire sur ces sujets.
00:35:36 En 2020, c'est la révélation
00:35:38 avec "Coming Out", un podcast
00:35:40 sur Spotify.
00:35:42 Immense succès, 1,5 million
00:35:44 d'écoutes, des personnalités
00:35:46 connues, des anonymes témoignent,
00:35:48 assument leur sexualité et leur identité.
00:35:50 Des récits de vie
00:35:52 poignants racontés aujourd'hui dans un livre,
00:35:54 des confidences intimes aussi.
00:35:56 Comme pour le chanteur Edi De Pretto,
00:35:58 jeune, il assume peu à peu
00:36:00 son homosexualité, malgré
00:36:02 les pressions sociales et psychologiques.
00:36:04 En parallèle, le porno
00:36:06 est arrivé dans ma vie. Je suis tombé sur des
00:36:08 films qui mettent en scène des garçons.
00:36:10 Au départ, je m'en suis voulu et puis j'ai fini
00:36:12 par me dire "je crois que ça me plaît".
00:36:14 Vient alors la question
00:36:16 "comment l'annoncer à ses proches,
00:36:18 comment l'assumer ?" L'exemple de
00:36:20 Marie Clémence, tiraillée entre
00:36:22 son amour pour Aurore et sa volonté
00:36:24 de ne pas bousculer une famille
00:36:26 catholique plutôt bourgeoise
00:36:28 face à des grands-parents maternels
00:36:30 clairement homophobes. Lorsqu'ils ont
00:36:32 appris ça, ça a été terrible. Pour eux,
00:36:34 je n'étais pas finie, j'avais un
00:36:36 problème psychiatrique. Mais un jour,
00:36:38 j'ai reçu une lettre "tous les deux, ton grand-père
00:36:40 et moi, nous te demandons pardon.
00:36:42 Pour la première fois, on reconnaissait
00:36:44 ma douleur." Comme une évidence,
00:36:46 Marie Clémence rappelle qu'on ne choisit pas
00:36:48 qui l'on aime. Alors ce soir, Julia Laiany
00:36:50 et Lise Goldfarb, on a
00:36:52 une question pour vous. Comment se sont
00:36:54 passés vos coming-out ?
00:36:56 - Allez, qui veut répondre ?
00:36:58 - C'est énorme parce que dans les médias,
00:37:00 on ne parle jamais de nos coming-out, on essaye toujours d'éviter
00:37:02 la question. On parle des autres coming-out,
00:37:04 mais c'est vrai qu'on est assez humble
00:37:06 sur nos coming-out. Mais on va le raconter
00:37:08 ce soir, enfin, maintenant si vous voulez.
00:37:10 - Nous, nos coming-out se sont bien passés, parce que
00:37:12 déjà, on a mis le temps avant de le faire.
00:37:14 Moi, j'ai fait mon coming-out grâce au podcast
00:37:16 "Coming out". C'est-à-dire que quand il est sorti,
00:37:18 quand on l'a fait, j'ai dit à mes parents
00:37:20 "Voilà, prenez acte de ce truc
00:37:22 que je viens de faire, parce que c'est qui je suis."
00:37:24 Et ça s'est bien passé.
00:37:26 - Comment ça s'est passé ? Vous êtes toutes les deux
00:37:28 juives, je crois ? - Oui.
00:37:30 - Dans un milieu plutôt traditionnaliste.
00:37:32 - Oui. - Voilà, dans toutes les religions,
00:37:34 quand elles sont plutôt pratiquantes,
00:37:36 c'est très compliqué, l'homosexualité.
00:37:38 C'est même un péché.
00:37:40 Ça s'est passé comment ? Ça a été une épreuve
00:37:42 pour vous, les parents, ou pas ?
00:37:44 - C'est compliqué dans toutes les communautés,
00:37:46 pas seulement religieuses, mais nous, c'est vrai
00:37:48 qu'on s'attaque effectivement à ce sujet
00:37:50 qu'est la religion, parce qu'on vient de milieux
00:37:52 assez traditionnalistes religieux.
00:37:54 On est de famille juive traditionnaliste,
00:37:56 où le poids de la culture juive
00:37:58 est très prenante, et donc où l'homosexualité
00:38:00 et évidemment la transidentité
00:38:02 sont effectivement des abominations,
00:38:04 des choses comme ça. En tout cas,
00:38:06 on a grandi avec des phrases comme celle-ci.
00:38:08 Et c'est vrai que lorsqu'on a rencontré
00:38:10 nos propres orientations sexuelles,
00:38:12 personnellement, c'était en rencontrant
00:38:14 une fille, tout simplement, à mon adolescence,
00:38:16 eh bien, tout de suite, lorsqu'on se dit
00:38:18 "je crois que je suis lesbienne",
00:38:20 il y a une avalanche de questions qui se posent
00:38:22 à nous, comment je vais faire pour le dire
00:38:24 à mes parents, comment je vais faire pour ne pas les décevoir,
00:38:26 eux qui, même temps, et eux qui m'ont élevé,
00:38:28 comment je vais faire pour qu'ils ne se posent pas les questions,
00:38:30 eux, de se dire "qu'est-ce que j'ai foiré
00:38:32 dans mon éducation, qu'est-ce que j'ai fait de mal ?"
00:38:34 En tout cas, c'est des avalanches de questions
00:38:36 qui sont très compliquées à répondre. - Un homosexuel part
00:38:38 avec 10 ans de retard, écrivez-vous,
00:38:40 sur la route de la maturité amoureuse,
00:38:42 mais aussi avec 10 ans d'avance sur celle
00:38:44 de l'adversité. Le rapport au secret,
00:38:46 le rapport à la douleur, aussi,
00:38:48 d'ailleurs, beaucoup dans vos entretiens
00:38:50 en parlent, à la solitude,
00:38:52 est-ce que ça forge aussi, est-ce que ça renforce ?
00:38:54 - C'est vrai que ça
00:38:56 nous a donné l'envie de se dépasser.
00:38:58 Julia, depuis qu'on est ado, elle me dit
00:39:00 "Élise, en fait, si on arrive à
00:39:02 être un peu médiatisé,
00:39:04 nos parents, ils vont oublier qu'on est lesbienne."
00:39:06 C'est-à-dire qu'on a un drive
00:39:08 parce qu'on nous fait tellement comprendre
00:39:10 depuis qu'on est petite que c'est pas bien,
00:39:12 que c'est interdit, on n'a pas de représentation.
00:39:14 Vraiment, il faut se rendre compte que quand on était petite
00:39:16 et qu'on allumait la télé, il n'y avait pas de lesbienne.
00:39:18 - Alors, les années 90, déjà,
00:39:20 c'est votre adolescence, c'est ça ? - Même les années 2000.
00:39:22 - Même les années 2000 ? - C'est très récent,
00:39:24 en fait, c'est grâce à Netflix,
00:39:26 un peu, qu'il y a des représentations lesbiennes
00:39:28 et encore, c'est toujours les seconds rôles
00:39:30 et ça finit toujours mal pour les lesbiennes.
00:39:32 Mais, en tout cas,
00:39:34 on a un rapport à l'adversité parce qu'on n'a personne.
00:39:36 On n'a personne à qui se référer.
00:39:38 - Alors, justement, c'est pour ça que vous l'avez écrit, ce livre,
00:39:40 pour offrir aux jeunes homosexuels
00:39:42 des rôles, des modèles,
00:39:44 des représentations. - Oui, et des histoires.
00:39:46 Ce livre est
00:39:48 issu d'un podcast et c'est vrai que
00:39:50 c'est les témoignages du podcast
00:39:52 qui sont dans ce livre. Nous n'avions
00:39:54 pas de représentation et on voulait, en fait,
00:39:56 vraiment plonger dans les existences
00:39:58 de zéro à l'âge de la personne
00:40:00 pour savoir par quel parcours
00:40:02 ils sont passés, par quel questionnement.
00:40:04 - Pour s'en nourrir. - Exactement.
00:40:06 On a 55 personnes qui ont accepté
00:40:08 de témoigner, une vingtaine dans le livre.
00:40:10 Nous avons donc 20 exemples de témoignages.
00:40:12 - Et étonnamment, vous écrivez dans l'introduction
00:40:14 que vous avez suivi beaucoup de refus de femmes.
00:40:16 - Oui. - Pour quelle raison ?
00:40:18 - Dans la société,
00:40:20 on pense que les femmes sont assez invisibilisées,
00:40:22 on leur fait comprendre toujours que ce qu'elles disent, c'est bête.
00:40:24 On nous incite à se remettre toujours
00:40:26 en question en tant que femmes.
00:40:28 Et là, on en a vraiment eu l'exemple le plus concret,
00:40:30 c'est-à-dire que même pour le livre, les invités,
00:40:32 qui étaient des hommes, quand on leur a dit
00:40:34 "écoute, on va mettre ton podcast en livre",
00:40:36 ils n'ont même pas voulu se relire,
00:40:38 ils nous disaient "mais génial, pas de soucis,
00:40:40 allez-y les filles, je vous laisse",
00:40:42 et toutes les filles, enfin vraiment 80 % des filles,
00:40:44 ont remis en question leurs paroles,
00:40:46 ils ont dit "mais là, j'ai l'air débile,
00:40:48 les gens vont mal le prendre, ils vont pas comprendre à l'écrit".
00:40:50 Il y a vraiment une remise en question.
00:40:52 Et dans la société aussi, c'est déjà tellement dur
00:40:54 de devenir connue ou de devenir puissante
00:40:56 quand on est une femme, professionnellement,
00:40:58 que rajouter son coming-out par-dessus,
00:41:00 on a envie de prendre ce risque.
00:41:02 Et encore moins quand on n'est pas blanche.
00:41:04 Parce qu'être une personne noire, par exemple,
00:41:06 et être connue aujourd'hui, c'est très dur.
00:41:08 - Vous avez eu du mal à trouver des personnalités,
00:41:10 il y a Bilal Hassani dans le livre,
00:41:12 mais des personnalités qui ne soient pas blanches
00:41:14 et qui témoignent de l'homosexualité,
00:41:16 pourquoi c'était compliqué ?
00:41:18 - C'est très compliqué,
00:41:20 notamment pour les femmes, mais aussi pour les hommes.
00:41:22 Nous, dans tous nos projets,
00:41:24 on essaie d'avoir une parité totale
00:41:26 dans toutes les sphères qui sont importantes pour nous,
00:41:28 à savoir les milieux sociaux,
00:41:30 la parité hommes-femmes,
00:41:32 mais aussi les milieux de culture, etc.
00:41:34 Et ça a été très difficile
00:41:36 de trouver des personnes racisées pour ce podcast.
00:41:38 On invite d'ailleurs à toutes les personnes racisées
00:41:40 qui voudraient s'exprimer,
00:41:42 de nous envoyer des messages, etc.
00:41:44 Parce que vraiment, c'est mission impossible,
00:41:46 surtout quand on est une femme.
00:41:48 Une femme lesbienne noire dans ce pays...
00:41:50 - Tout ça parce que c'est déjà très dur d'être connue
00:41:52 et de percer, comme on dit, quand on est noire
00:41:54 ou quand on est asiatique, par exemple.
00:41:56 - Et en plus, si on doit rajouter d'être une femme
00:41:58 et de faire un coming-out, personne n'aurait envie de le faire.
00:42:01 - Ce qui m'a beaucoup intéressée, c'est le manque de représentation,
00:42:04 aussi, pas seulement pour les jeunes homosexuels,
00:42:06 mais aussi pour leurs parents.
00:42:08 Il y a Augustin Trappenard qui raconte
00:42:10 que lorsqu'il fait son coming-out,
00:42:14 sa mère lui dit
00:42:16 "J'ai peur que tu souffres",
00:42:18 ce qui est une belle phrase, d'ailleurs.
00:42:20 Mais enfin, ça montre quand même
00:42:22 qu'aucun parent n'est rassuré,
00:42:24 qu'aucun parent n'a de modèle pour dire
00:42:26 "C'est pas grave, ça va très bien se passer".
00:42:28 - C'est ce qu'on explique aussi dans notre préface,
00:42:30 c'est que cette phrase que tout le monde a entendue,
00:42:32 tous les parents, presque, ont dit à leurs enfants
00:42:34 "J'ai peur que tu souffres, parce que c'est pas la vie
00:42:36 "que je voulais pour toi, j'ai peur que tu te fasses emmerder",
00:42:38 en fait, c'est un cercle vicieux.
00:42:40 Si les parents ont peur, l'enfant va avoir peur, évidemment.
00:42:44 Alors que si le parent s'enlève cette peur
00:42:46 et dit à ses enfants "C'est qui tu es ?
00:42:48 "Il n'y a pas de problème, je suis avec toi",
00:42:50 l'enfant n'aura plus peur, ses amis n'auront plus peur.
00:42:52 En fait, il faut que les parents suppriment cette peur.
00:42:54 - Alors cette peur, elle est universelle ou pas ?
00:42:56 Parce que Pomme, par exemple, raconte qu'en allant au Québec,
00:43:00 alors là, ça a été la libération,
00:43:02 une société plus ouverte, plus gay-friendly,
00:43:04 qui a tout changé pour elle.
00:43:06 - Quand on a dit à une amie à nous,
00:43:08 qui habite à Los Angeles, qu'on faisait un podcast
00:43:10 qui s'appelait "Coming out", elle nous a dit
00:43:12 "Je ne comprends pas, vous avez encore besoin
00:43:14 "de faire votre coming out ? C'est bizarre."
00:43:16 - Et Elise a souvent l'habitude de dire
00:43:18 que ces représentations changeront
00:43:20 quand la culture changera.
00:43:22 Et c'est vrai qu'en France, si on prend par exemple
00:43:24 la sphère politique, imaginons,
00:43:26 on est les champions du monde de défense
00:43:28 des droits LGBT en France.
00:43:30 Par contre, au niveau de la visibilité,
00:43:32 on est vraiment les derniers déclassements européens.
00:43:34 Il n'y a pratiquement aucune personne politique
00:43:36 qui est out, qui l'assume et qui le dit.
00:43:38 - Dans le gouvernement aujourd'hui, ça change.
00:43:40 - Ça change, mais vraiment...
00:43:42 - Il doit y avoir 10 % du gouvernement qui a fait son coming out
00:43:44 sans vouloir outer personne.
00:43:46 - Sans faire confiance aux personnes qui sont LGBT.
00:43:48 - Evidemment.
00:43:50 Je pense que la peur, il n'y aura plus de peur
00:43:52 quand déjà nos représentants n'auront pas peur.
00:43:54 Mais c'est une réelle peur aujourd'hui.
00:43:56 Beaucoup de personnalités médiatiques
00:43:58 ont peur de faire leur coming out.
00:44:00 Pourquoi ? Parce qu'il y a des garçons qui nous disent
00:44:02 "Moi, si je fais mon coming out,
00:44:04 "tout le monde me prend pour le gendre idéal dans les médias.
00:44:06 "Si je fais mon coming out et que j'explique
00:44:08 "à tous les gens qui me suivent, à toutes ces femmes
00:44:10 "qui sont amoureuses de moi, qu'en fait j'aime les hommes,
00:44:12 "je vais faire faillite, je ne gagnerai plus d'argent,
00:44:14 "je n'aurai plus d'électeur, c'est fini."
00:44:16 - Comme on est en retard, en France,
00:44:18 il faut d'abord banaliser le coming out
00:44:20 et un jour qu'il n'existe plus,
00:44:22 c'est ça l'idée, qu'on n'est même plus
00:44:24 à se demander quelle est l'orientation sexuelle,
00:44:27 qu'il n'y ait plus d'aveu, en fait.
00:44:30 Cette idée d'une forme de confession
00:44:32 doit disparaître.
00:44:34 - Exactement, parce que ça existe depuis la nuit des temps,
00:44:36 le coming out, les homosexuels et les personnes trans.
00:44:38 Il faut surtout que les classes politiques
00:44:40 comprennent qu'en fait le coming out,
00:44:42 c'est pas un sujet de gauche, en fait.
00:44:45 C'est un sujet qui transcende
00:44:47 tous les partis politiques.
00:44:49 Parce qu'aujourd'hui, j'ai l'impression que...
00:44:51 - Pourquoi vous dites ça ?
00:44:53 Vous trouvez que la droite n'en parle pas ?
00:44:55 - Non, et j'ai l'impression que quand je dis,
00:44:57 moi par exemple, dans mon milieu social,
00:44:59 "je suis LGBT", on me dit "oui, mais toi, t'es une gaucho".
00:45:01 Donc en fait, être lesbienne,
00:45:03 être mon identité,
00:45:05 c'est pas d'être de gauche, c'est d'être lesbienne.
00:45:07 Et en fait, c'est comme l'écologie.
00:45:09 Quand la droite aura compris en fait
00:45:11 que c'est un sujet qui concerne tout le monde
00:45:13 et que dans leur rang, il y a des personnes homosexuelles,
00:45:15 que dans leurs électeurs, il y a des personnes transgenres,
00:45:17 les choses, elles changeront vraiment.
00:45:19 Parce que ça deviendra un sujet universel
00:45:21 et pas un sujet politique.
00:45:23 C'est pas une question d'idéologie poétique,
00:45:25 la cause LGBT.
00:45:27 - Il y a le cinéaste Xavier Dolan,
00:45:29 qui est québécois aussi, canadien,
00:45:31 qui affronte la question, alors que
00:45:33 certains homosexuels ne supportent pas
00:45:35 cette question, inné ou acquis.
00:45:37 Alors lui, il dit très clairement,
00:45:39 "On est gay, c'est génétique, et c'est un choix,
00:45:41 c'est purement scientifique,
00:45:43 alors on le devient,
00:45:45 mais on l'a toujours été."
00:45:47 Vous êtes d'accord avec ça ?
00:45:49 - Si vous voulez, je respecte absolument ce que dit Xavier,
00:45:51 puisque c'est quelqu'un d'extraordinaire,
00:45:53 et j'adore ce qu'il fait. Après, vraiment,
00:45:55 il n'y a pas de théorie scientifique sur comment on devient gay,
00:45:57 est-ce qu'on est gay, tout ça.
00:45:59 Tout le monde a un parcours différent,
00:46:01 et on aime dire qu'il y a autant de comédiens
00:46:03 que de personnes qui font leur comédien.
00:46:05 - Il faudrait arrêter de la poser.
00:46:07 - Est-ce que tu es née lesbienne ?
00:46:09 - Mais c'est des questions qui sont...
00:46:11 - On a toujours été lesbienne.
00:46:13 - C'est-à-dire que ce n'est pas un choix.
00:46:15 - Oui. - Ça, c'est une certitude.
00:46:17 - Bien sûr. - On ne choisit pas d'être homosexuel.
00:46:19 En fait, c'est tellement puni dans tellement de pays du monde,
00:46:21 si c'était un choix, personne ne serait homosexuel.
00:46:23 En réalité, parce que c'est vraiment chiant
00:46:25 d'être homosexuel. On se prend des insultes,
00:46:27 on se prend des remarques. Nous, quand on a compris
00:46:29 qu'on était lesbienne, moi, j'avais envie
00:46:31 de m'arracher les cheveux, j'ai même pensé à la mort.
00:46:33 Je me disais, mais en fait, au pire, je me suicide.
00:46:35 Parce que c'est tellement pas accepté.
00:46:37 Donc, si c'était un choix, je vous jure...
00:46:39 - Même pour vous deux, parce qu'on pense, évidemment,
00:46:41 à Lucas, 13 ans.
00:46:43 - Bien sûr.
00:46:45 - Ça n'épargne aucune classe sociale.
00:46:47 - En fait, je pense qu'il n'y a pas une personne
00:46:49 homosexuelle ou une personne transgenre
00:46:51 qui ne se dit pas "c'est un problème que je sois ça".
00:46:53 Il n'y a pas une personne qui se dit "génial,
00:46:55 je suis homo, c'est super,
00:46:57 je vais avoir plein de trucs en plus dans la vie".
00:46:59 - Je veux dire que c'est vrai dans tous les pays,
00:47:01 on va dire tous les pays démocratiques occidentaux,
00:47:03 qu'aujourd'hui, il n'y a pas un pays où ça va mieux.
00:47:05 - Il y a un poids de la culture qui est très important.
00:47:07 Et il y a plein de choses positives
00:47:09 qui peuvent en ressortir de ça.
00:47:11 Mais c'est vrai que le poids de la religion,
00:47:13 le poids de la culture, fait que, effectivement,
00:47:15 c'est un problème pour beaucoup.
00:47:17 - "Coming out", c'est chez Stock.
00:47:19 Merci beaucoup.
00:47:21 À lire. Quand on est hétéro aussi,
00:47:23 on va se le dire très franchement,
00:47:25 c'est pour tout le monde.
00:47:27 Et ça permet d'ouvrir des perspectives
00:47:29 pour essayer de mieux vivre sa sexualité,
00:47:31 quelle qu'elle soit.
00:47:33 C'est donc chez Stock, Spotify,
00:47:35 Élise Goldfarb et Julia Lyon.
00:47:37 Vous restez avec moi,
00:47:39 parce que c'est la dernière partie de cette émission.
00:47:41 On va accueillir nos affranchies pour leur parti pris.
00:47:43 Ils vont vous faire réagir.
00:47:45 Venez avec moi.
00:47:47 Mariette Barré-Grand, on est ravis de retrouver,
00:47:51 ça fait un moment, Mariette,
00:47:53 notre sémiologue qui nous décortique
00:47:55 un mot chaque semaine.
00:47:57 On vous paraisse.
00:47:59 Thomas Lestavelle, pardonnez-moi.
00:48:01 Et bienvenue.
00:48:03 On est ravis de vous accueillir.
00:48:05 Journaliste économique, vous avez lu pour nous
00:48:07 le rapport de la Cour des comptes.
00:48:09 Une fois de plus alarmant, peut-être encore plus
00:48:11 que l'année précédente,
00:48:13 mais on va commencer avec le Bourbon Express,
00:48:15 comme chaque soir.
00:48:17 L'histoire du jour à l'Assemblée nationale
00:48:19 nous est racontée ce soir par Stéphanie Despierres.
00:48:21 Bonsoir, Stéphanie. - Bonsoir, Myriam.
00:48:23 - Vous nous parlez ce soir de la manière
00:48:25 dont se met la page des retraites.
00:48:27 - Et oui, après le salé, la réforme des retraites,
00:48:29 le sucré, selon les termes
00:48:31 qu'affectionnent les députés macronistes.
00:48:33 Alors, le sucré, ce serait une grande loi
00:48:35 sur le travail, plus fédératrice,
00:48:37 plutôt consensuelle.
00:48:39 Après avoir imposé le "travailler plus longtemps",
00:48:41 le gouvernement veut parler du "travailler mieux"
00:48:43 au menu.
00:48:45 Donc, les meilleures conditions de travail,
00:48:47 l'interdiction des plans de départ pour les seniors,
00:48:49 l'expérimentation même d'une semaine
00:48:51 de quatre jours dans certains secteurs
00:48:53 et un compte épargne-temps pour tous,
00:48:55 pour toute la vie. Alors, plusieurs de ces mesures
00:48:57 sont réclamées, en fait, de longue date
00:48:59 par les syndicats. Le gouvernement espère
00:49:01 donc cette fois les avoir avec lui.
00:49:03 Espoir douché en début de semaine
00:49:05 par Laurent Berger, le secrétaire général
00:49:07 de la CFDT, qui sur le plateau
00:49:09 de France 5 s'adressait à une députée renaissance
00:49:11 et il lui lance "Vous ne croyez quand même pas
00:49:13 que fin mars, on va revenir gentiment
00:49:15 à la table des négociations
00:49:17 en disant "Bon, la séquence des retraites, c'est fini,
00:49:19 ça ne va pas marcher comme ça"
00:49:21 a expliqué Laurent Berger.
00:49:23 Le patron de la CFDT s'est donc pas gagné
00:49:25 et cette réforme des retraites va laisser des traces
00:49:27 longtemps entre les syndicats et le gouvernement.
00:49:29 - Peut-être que la colère va trouver un débouché,
00:49:31 on ne sait pas encore lequel vraiment.
00:49:33 Avant cette loi travail, Stéphanie,
00:49:35 il y a un autre texte important à l'Assemblée nationale.
00:49:37 - Oui, il s'agit du projet de loi immigration.
00:49:39 Il sera au Sénat le 28 mars,
00:49:41 puis il devrait arriver ici, à l'Assemblée.
00:49:43 Sauf que pour l'instant, c'est le même topo
00:49:45 que pour les retraites. Si c'était un roman,
00:49:47 cela s'intitulerait "À la recherche
00:49:49 de la majorité perdue".
00:49:51 Un haut responsable du camp présidentiel
00:49:53 résume "C'est un bon texte,
00:49:55 radicale à gauche et à droite,
00:49:57 mais à tel point que ni la gauche, ni la droite
00:49:59 ne veulent le voter".
00:50:01 Un autre député m'expliquait "Ce n'est pas
00:50:03 le projet de la réconciliation
00:50:05 et c'est le moins qu'on puisse dire,
00:50:07 car au sein même du groupe Renaissance,
00:50:09 cette loi immigration risque à l'inverse
00:50:11 de réveiller tous les tiraillements, vous savez,
00:50:13 entre l'aile gauche et l'aile droite de ce groupe.
00:50:15 Ce n'est pas le moment donc,
00:50:17 les députés Renaissance l'ont fait savoir
00:50:19 au gouvernement, ne sont pas très emballés
00:50:21 par cette loi immigration, ils voudraient
00:50:23 d'abord parler travail.
00:50:25 - Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron
00:50:27 parle de tout autre chose que de sujets sociétaux.
00:50:29 - Lui aussi, il cherche un peu à enjamber
00:50:31 cette séquence retraite et à se projeter
00:50:33 dans l'après. Vous l'avez remarqué, Myriam,
00:50:35 depuis quelques semaines, il parle de tout
00:50:37 sauf des retraites, de la vaccination
00:50:39 contre le papillomavirus, de féminisme,
00:50:41 de l'inscription de l'IVG dans la Constitution,
00:50:43 de la fin de vie. Bref, tout ça a fini
00:50:45 à dénoncer les syndicats qui, ces derniers jours,
00:50:47 ont demandé avec insistance au président de la République
00:50:49 de les recevoir. Eh bien, cela a été non.
00:50:51 Il s'est quand même fendu d'un courrier
00:50:53 pour leur répondre, dans lequel
00:50:55 il explique qu'il veut préserver
00:50:57 le temps parlementaire, c'est donc pas
00:50:59 le temps des syndicats, mais il concède
00:51:01 quand même "je ne sous-estime pas
00:51:03 le mécontentement dont vous faites
00:51:05 le porte-parole, comme les angoisses
00:51:07 exprimées par de nombreux Français
00:51:09 inquiets de ne jamais avoir de retraite".
00:51:11 Mais, sachez-le, Myriam, Emmanuel Macron,
00:51:13 au passage, réaffirme évidemment
00:51:15 que sa réforme est nécessaire,
00:51:17 même s'il sent, lui aussi,
00:51:19 un passion de passer à autre chose.
00:51:21 - Merci Stéphanie D'Amau. Julia, les retraites,
00:51:23 ça vous parle ? - Bien sûr, ça nous parle,
00:51:25 évidemment, on est très sensibles, mais en tant
00:51:27 qu'entrepreneuse, c'est vrai que, effectivement,
00:51:29 les retraites, c'est un grand point d'interrogation
00:51:31 depuis toujours, on ne sait pas du tout comment cotiser,
00:51:33 qu'est-ce qui va se passer, donc, oui,
00:51:35 c'est un sujet qui nous parle. Et la colère
00:51:37 générale, bah,
00:51:39 exprime un peu ce que les gens
00:51:41 pensent, quoi.
00:51:43 - Les inquiétudes. - C'est une réforme qui a l'air
00:51:45 pas très intéressante pour les femmes
00:51:47 et pour les personnes précaires,
00:51:49 donc, je suis pas...
00:51:51 - Mais vous n'êtes pas encore partie dans la rue
00:51:53 défiler ? - On est allé
00:51:55 défiler le 8 mars, pour
00:51:57 la grève féministe, mais
00:51:59 non, on n'est pas encore allé défiler.
00:52:01 - Justement, c'est lié, c'est pour trouver
00:52:03 de l'argent qu'on réforme les retraites.
00:52:05 Et pourtant, Thomas Lestavelle,
00:52:07 la Cour des comptes nous dit
00:52:09 qu'il va falloir en trouver, et beaucoup.
00:52:11 Nos finances publiques sont plus que dans le rouge.
00:52:13 Vous avez lu le rapport de la Cour des comptes ?
00:52:15 - Alors, j'ai pas tout lu, parce que l'édition fait 572 pages,
00:52:17 mais en tout cas, c'est du sérieux,
00:52:19 c'est clair. Et alors, désolé si
00:52:21 je plombe son week-end en pleine tempête sociale,
00:52:23 mais le moins qu'on puisse dire, c'est que le rapport
00:52:25 n'est pas tendre avec Emmanuel Macron.
00:52:27 Alors, les sages de la rue Cambon, comme on les appelle,
00:52:29 désinguent totalement la politique du gouvernement.
00:52:31 Pour Pierre Moscovici, qui est le
00:52:33 premier président de la Cour des comptes,
00:52:35 il y a urgence, car nos finances publiques sont parmi
00:52:37 les plus dégradées en Europe. - Alors, pourquoi précisément ?
00:52:39 Que dit le rapport ? - Alors, en fait,
00:52:41 on peut pas encore parler de faillite, parce que
00:52:43 on est à 111 % du PIB,
00:52:45 de ratio dette sur PIB,
00:52:47 mais quand même, les chiffres font mal, et on se rapproche
00:52:49 dangereusement de pays comme l'Italie ou la Grèce.
00:52:51 Alors, vous me direz, la situation,
00:52:53 elle est pas nouvelle, de quoi qu'il en coûte, ça fait deux ans
00:52:55 qu'on en parle, mais ce qui a changé, c'est que les taux
00:52:57 d'intérêt augmentent, et ça, c'est préoccupant.
00:52:59 Jusqu'à tout récemment, la France empruntait à peu près
00:53:01 à 2 %, et là, on est passé à 3 %,
00:53:03 alors ça paraît pas énorme, mais en réalité,
00:53:05 ça représente des milliards. Donc, l'an dernier,
00:53:07 le coût de la dette publique a bondi de 13 milliards d'euros,
00:53:09 et 13 milliards d'euros, c'est les budgets
00:53:11 de l'agriculture, de l'alimentation et de l'outre-mer
00:53:13 réunis. Donc, on voit que c'est
00:53:15 des montants très élevés. Ce qu'il faut absolument
00:53:17 éviter, c'est un cercle vicieux, comme justement
00:53:19 l'ont connu la Grèce ou l'Italie.
00:53:21 Alors, ce qui se passe, c'est que
00:53:23 les investisseurs n'ont plus confiance dans votre capacité
00:53:25 à rembourser la dette, donc
00:53:27 ils vous demandent des taux d'intérêt plus élevés,
00:53:29 donc les États sont obligés de faire des efforts,
00:53:31 de faire de l'austérité, mais le problème,
00:53:33 c'est quand on fait ça, en général, on casse la croissance,
00:53:35 et finalement, la dette, elle ne recule pas,
00:53:37 le contraire, elle augmente, et finalement,
00:53:39 ça ne fait qu'empirer les choses, les taux continuent de flamber.
00:53:41 Donc ça, c'est ce qu'on veut absolument éviter.
00:53:43 - Et le contexte géopolitique, la guerre en Ukraine n'a rien arrangé.
00:53:45 - Effectivement, puisque quand
00:53:47 le gouvernement avait fait ses prévisions
00:53:49 de déficit pour cette année, c'était 5 %,
00:53:51 mais c'était avant qu'on puisse prendre en compte
00:53:53 la guerre en Ukraine, donc ça va être pire que 5 %,
00:53:55 et pour rappel, en général, on demande
00:53:57 moins de 3 % de déficit public en Europe.
00:53:59 Alors, le gouvernement a voulu protéger
00:54:01 les Français, c'est normal, c'est tout à son honneur,
00:54:03 on a eu le bouclier tarifaire sur l'électricité
00:54:05 et le gaz, les remises à la pompe,
00:54:07 le plan de relance post-Covid, c'est normal,
00:54:09 mais tout ça coûte très cher, près de 100 milliards
00:54:11 d'euros en deux ans, et en plus,
00:54:13 avec la guerre qui est aux portes de l'Europe maintenant,
00:54:15 le budget de la Défense qui va bondir
00:54:17 de 30 % cette année. - Alors, le gouvernement,
00:54:19 justement, il a ça bien en tête,
00:54:21 il essaye de réformer les retraites,
00:54:23 il a pris la mesure du problème. - On parle beaucoup des retraites,
00:54:25 mais le gouvernement a quand même
00:54:27 pris la mesure de ça, au moins en façade,
00:54:29 puisque Bruno Le Maire, au début de l'année,
00:54:31 avait annoncé des assises des finances publiques
00:54:33 et l'idée, c'était de faire une revue détaillée
00:54:35 des dépenses et de les chercher avec
00:54:37 chaque ministre des pistes d'économie.
00:54:39 Le problème, c'est que, justement, avec les grèves
00:54:41 et la réforme des retraites, tout ça est un peu passé
00:54:43 à l'arrière-plan. - Bon, on va suivre
00:54:45 ça. Évidemment,
00:54:47 les entrepreneuses que vous êtes, vous faites attention
00:54:49 à la gestion.
00:54:51 - Oui, on fait très attention à notre gestion,
00:54:53 c'est sûr. - Oui, c'est vrai.
00:54:55 - On ne plante pas du tout...
00:54:57 Je vous ai interrompu, en plus, je me rends compte
00:54:59 que vous vouliez terminer. - Non, non.
00:55:01 Ce rapport de la Cour des comptes,
00:55:03 on pourrait penser qu'il va passer inaperçu,
00:55:05 parce qu'on parle beaucoup des retraites, mais malgré tout,
00:55:07 il y a un point positif, si ça aboutit,
00:55:09 c'est que ça va légèrement améliorer la situation
00:55:11 des finances publiques. Alors, ça ne nous sauvera pas
00:55:13 de la faillite, on va dire,
00:55:15 mais ça sera perçu positivement par les investisseurs,
00:55:17 donc par ceux qui prêtent à la France,
00:55:19 et ça, c'est important, parce que plus on paye d'intérêt,
00:55:21 moins on a d'argent pour nos hôpitaux,
00:55:23 nos écoles, nos armées, etc.
00:55:25 Donc, Pierre Amoscovici a quand même raison de se neler à Hertz.
00:55:27 - Merci beaucoup, Thomas Lestavelle.
00:55:29 Mariette, vous vouliez revenir
00:55:31 sur un mot dont on a beaucoup parlé, mais qu'on revoit
00:55:33 de plus en plus sur les pancartes,
00:55:35 sur les banderoles des manifestations
00:55:37 contre la réforme des retraites.
00:55:39 Ce mot, il a été mis au goût du jour
00:55:41 par Sandrine Rousseau, c'est le mot "paresse".
00:55:43 - Oui, alors, Sandrine Rousseau
00:55:45 l'a repris, mais c'est un mot qui revient régulièrement,
00:55:47 surtout à gauche. Ça fait longtemps qu'il est là,
00:55:49 en fait, il réfère au fameux "Droit à la paresse",
00:55:51 évidemment, de Paul Lafargue,
00:55:53 à la fin du 19e siècle,
00:55:55 ça ne nous rajeunit pas tout ça.
00:55:57 C'est un mot, je crois, qui suscite un gros malentendu.
00:55:59 - Ah oui ? - On a en tête,
00:56:01 avec le mot "paresse", un peu Alexandre le Bienheureux,
00:56:03 vous vous souvenez, ce vieux film
00:56:05 qui repasse régulièrement à la télé,
00:56:07 qui est sorti en 68,
00:56:09 et qui reprenait le jouir sans entrave,
00:56:11 contre le travail,
00:56:13 famille, patrie, ou métro,
00:56:15 boulot, dodo, etc. Donc, on a l'impression,
00:56:17 avec la paresse, qu'on est dans l'hédonisme le plus total.
00:56:19 Mais en fait, Lafargue n'était pas du tout libertaire.
00:56:22 C'était le gendre de Marx,
00:56:24 et en fait, c'était un marxiste convaincu,
00:56:26 qui n'a pas fait un éloge du "rien faire",
00:56:30 mais qui, au contraire, a produit un manifeste très actif,
00:56:33 pour défendre les ouvriers,
00:56:35 pour les inciter, en quelque sorte,
00:56:37 à reprendre leur force de travail,
00:56:39 contre le vol supposé par le patron.
00:56:41 Donc, c'était un texte...
00:56:43 - C'est le contraire, oui. - C'est le contraire.
00:56:45 - On est très loin de l'hédonisme, avec cette paresse politique.
00:56:47 - Absolument, on est complètement à l'inverse de l'hédonisme.
00:56:49 Alors, même si le slogan, aujourd'hui,
00:56:51 est repris dans une certaine mesure,
00:56:54 dans le combat entre la valeur travail
00:56:57 et le droit à travailler moins,
00:56:59 voire à se reposer, voire à paresser,
00:57:01 dans le débat sur les retraites,
00:57:03 je crois que c'est pas ça qu'il faut entendre.
00:57:05 Lafargue était tellement peu dans le Carpe Diem,
00:57:07 qu'il a même failli,
00:57:09 c'est une ultime anecdote un peu morbide,
00:57:11 mais il s'est suicidé avec sa femme,
00:57:13 Laura Marx. Ils ont mis fin à leur jour...
00:57:15 - Dur. - Dur.
00:57:17 A l'aube de leur retraite.
00:57:19 A l'aube, pour ne pas justement vivre ce moment de vraie paresse.
00:57:24 - Donc ce serait quoi ? Maladie ?
00:57:26 - Donc je crois que c'est ça. Moi, c'est ma conviction, en tout cas.
00:57:28 Parce que, sans en faire un péché capital,
00:57:30 comme l'a fait le dogme catholique,
00:57:32 mais quand on reprend l'origine du mot,
00:57:34 la pigritia, d'où vient le mot "paresse" en latin,
00:57:37 c'est un mot de la médecine,
00:57:39 c'est-à-dire que c'est quand notre corps travaille moins.
00:57:42 Et en particulier, notre estomac.
00:57:44 Donc il se ralentit, il ne fait pas son travail,
00:57:46 il ne fait pas son boulot de tri à l'intérieur du corps,
00:57:49 et notre santé est menacée.
00:57:51 Donc je me méfie toujours quand les gens me disent
00:57:53 "je suis paresseuse, je suis paresseuse",
00:57:55 soit c'est de l'arnaque, parce qu'en fait, ils travaillent beaucoup pour réussir,
00:57:57 soit ils ne vont pas très bien.
00:57:59 Donc pour moi, si vous voulez, il n'y a pas de doute,
00:58:01 je crois que la paresse, comme le burn-out,
00:58:03 c'est une maladie du travail, en réalité.
00:58:06 - Ah oui. Merci de renverser complètement la perspective.
00:58:09 - Ah ouais. - Le droit à la paresse...
00:58:11 - J'ai beaucoup aimé cette chronique.
00:58:13 - Ça vous parle, Sandrine Rousseau ?
00:58:15 - Non mais là, il y a l'Institut Jean Jaurès,
00:58:17 ils ont sorti toute une étude sur la flemme.
00:58:19 Les Français ont la flemme.
00:58:21 Mais je pense qu'on est en after-Covid, en fait.
00:58:23 On est en après-Covid, et qu'on se prend les retombées
00:58:25 de quelque chose qui a été très dur,
00:58:27 et que... On a beaucoup de...
00:58:29 - Vous n'avez pas l'air d'être dans la flemme, vous.
00:58:31 - Ah, parfois, on a la flemme ?
00:58:33 - Ah oui, on est quand même... Oui, oui, c'est sûr.
00:58:35 On aime bien faire la sieste.
00:58:36 - En fait, tout va tellement mal dans le monde que là,
00:58:38 j'ai un peu envie qu'on ait un droit à la paresse.
00:58:40 - Après, il y a aussi ce truc de...
00:58:42 On est tellement... On doit tellement toujours
00:58:44 être en activité, etc., vous parlez du burn-out,
00:58:46 qu'on culpabilise quand on a la flemme.
00:58:48 Et donc, ça devient...
00:58:50 - En même temps, vous, vous êtes assez hyperactive,
00:58:52 vous avez une entreprise,
00:58:54 vous voulez changer les représentations dans la publicité,
00:58:56 vous écrivez, vous avez ce podcast.
00:58:58 L'idée que le travail n'est pas tout dans la vie,
00:59:02 c'est un peu ça qu'on entend dans le discours de Sandrine Rousseau.
00:59:04 - Oui, mais en fait, moi... - Ça vous parle, ça, ou pas ?
00:59:06 - Je trouve qu'elle a raison dans un sens.
00:59:08 On dit que le travail, c'est la santé, alors évidemment,
00:59:10 nous, on adore travailler, mais il y a aussi un moment
00:59:12 où le travail ne doit pas nous tuer non plus.
00:59:14 Il faut aussi aimer la vie.
00:59:16 La vie, c'est important, c'est court,
00:59:18 donc il faut qu'on apprenne à profiter.
00:59:20 Je pense que le Covid nous a un peu recentrés sur ça,
00:59:22 c'est-à-dire qu'on nous a fait comprendre
00:59:24 que la vie, c'était pas que le travail,
00:59:26 c'était aussi l'amour, la famille.
00:59:28 - On va se la faire voir. - C'est sûr que c'est moi.
00:59:30 - C'est dur de s'y remettre.
00:59:32 - Merci beaucoup, Elise Goldfarb, Julianne Laiany.
00:59:34 "Coming out", ces témoignages sont à lire
00:59:36 chez "Stock".
00:59:38 Merci les Affranchis, Thomas Lestavelle,
00:59:40 Mariette Darrigrand et Stéphanie Despierre.
00:59:42 Je vous souhaite un excellent week-end.
00:59:44 Tout de suite, un nouveau rendez-vous.
00:59:46 Maman, j'ai arrêté l'avion.
00:59:48 Nouvelle émission consacrée au dérèglement climatique
00:59:50 présentée par Daphné Roulier,
00:59:52 avec un premier numéro très réussi, vous allez le voir,
00:59:54 sur la "Fast Fashion".
00:59:56 Très bon week-end et à la semaine prochaine.
00:59:58 (indicatif musical)
01:00:00 Sous-titrage Société Radio-Canada
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01:00:08 ♪ ♪ ♪
01:00:11 [SILENCE]

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