Face à l'Info du 09/03/2023

  • l’année dernière
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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Transcript
00:00 Bonsoir à tous, on n'a plus de retour sur le plateau.
00:04 Comment allez-vous les amis ?
00:05 Très bien, très bien.
00:08 On lance la Minute Info ?
00:09 Ouais, on lance.
00:10 Chiche, bois chiche.
00:13 Somaïa Labidi.
00:15 Ils ont mis leur menace à exécution.
00:21 Des agents du gaz et de l'électricité ont essayé de couper le courant
00:24 au Stade de France sans succès, selon Enedis,
00:27 ce qui toutefois confirme des coupures dans la zone autour du stade
00:31 et sur le chantier du village olympique à Saint-Denis.
00:33 Ils étaient environ 300, cagoulés et fumigènes à la main,
00:36 pour exiger le retrait de la réforme des retraites.
00:39 Suite de la grève à la SNCF, le trafic restera perturbé ce vendredi.
00:44 50% des TGV Inouïe et Ouïgou sont supprimés,
00:47 60% de suppression pour les TER, tout comme les TGV sur les axes nord et atlantique,
00:54 et seuls 25% des trains intercités devraient circuler.
00:58 Un niveau de service qui devrait rester équivalent tout au long du week-end.
01:02 Et puis la coupure du réseau provoqué par des frappes de missiles russes
01:06 à la centrale nucléaire de Zaporizhia a été rétablie.
01:09 C'est l'annonce de l'opérateur électrique ukrainien Ukrainergo
01:12 dans un communiqué publié sur Telegram.
01:15 De son côté, l'Union européenne dénonce une violation grave
01:18 de la sécurité nucléaire de la part de Moscou.
01:21 Bon courage à tous.
01:23 Au sommaire ce soir, est-on en plein cœur du racisme anti-noir en Tunisie
01:31 ou alors s'agit-il d'un malentendu ?
01:34 Comment comprendre ce qu'il se passe sur place
01:37 alors que de nombreux Africains subsahariens ont quitté le pays ?
01:41 Suite aux propos du président tunisien,
01:43 Khaïd Saïed a démenti tout racisme envers les migrants africains.
01:48 Il avait affirmé que leur présence était source de violences et de crimes.
01:53 Comment analyser ces propos et son démenti,
01:56 vu de la France, l'édito de Mathieu Popcôté ?
02:00 Ce n'est pas un bras d'honneur, mais trois,
02:03 qui ont été faits par le garde des Sceaux, le ministre Éric Dupond-Moretti.
02:06 Les images ont été diffusées par Paris Match en exclusivité.
02:12 Le macronisme est-il devenu synonyme de relâchement des codes et vertus républicaines ?
02:17 Des bras d'honneur pour un homme d'honneur ?
02:20 Ou des bras du déshonneur ? L'édito de Guillaume Bigot.
02:24 Le film "Cride" est déprogrammé dans plusieurs salles en France
02:28 en cause des bagarres quasi systématiques
02:31 en pleine salle de projection.
02:33 Que se passe-t-il concrètement ?
02:34 Comment peut-on expliquer cette banalisation de la violence ?
02:38 Quelles sont les causes ?
02:39 Le décryptage et l'enquête de Charlotte Dornelax.
02:44 La création de la Légion étrangère en 1831 par Louis-Philippe.
02:49 Comment ne pas évoquer l'anniversaire de cette troupe d'élite
02:53 capable de tous les exploits dans l'honneur et la dignité
02:56 alors que partout se multiplient les troupes privées
02:58 comme la milice de Wagner, Mac Menand, Raput.
03:03 Et puis à Nancy.
03:04 La librairie Les Deux Cités est attaquée depuis plus d'un an
03:09 très régulièrement par les antifas dans le silence général.
03:13 Cette semaine, un journaliste de Boulevard Voltaire s'est fait agresser
03:16 lors de la manifestation contre les retraites dans le silence général.
03:21 Pourquoi certaines violences restent dans le silence ?
03:24 Indifférence ? Absence de réaction ? Pourquoi ?
03:28 L'édito de Mathieu Beaucoup.
03:30 Une heure pour prendre un peu de hauteur avec nos mousquetaires.
03:33 C'est maintenant.
03:35 Musique de tension
03:38 ...
03:46 -Mathieu Beaucoup. Je vous aime ce soir.
03:48 Je ne sais pas pourquoi, mais je vous aime particulièrement.
03:50 -C'est la flamèche qu'il a dans la petite pochette.
03:53 -Ah, c'est peut-être la pochette. -Je vais la porter tous les jours.
03:56 Rires.
03:59 -Mon cher Guillaume. -Pochette aussi ?
04:01 -Oui. -Je sentais que vous étiez pochette.
04:04 -Non, je n'ai pas. Hier, vous avez dit que je me mets en colère.
04:06 Alors que je n'ai jamais encore... -Vous n'oubliez rien.
04:08 -J'ai une dent contre vous. -Ah, non.
04:11 -Non, je vous aime aussi. Charlotte, ma princesse.
04:14 Mon prince. -Oui, alors moi,
04:16 je n'ai pas de pochette, j'ai les yeux pochés.
04:18 -Ce n'est pas la chronique, maintenant.
04:20 On va faire un tour de table aujourd'hui sur la fraude sociale
04:25 aux deux visages. La fraude aux allocations
04:28 où l'Etat veut utiliser les compagnies aériennes
04:32 pour identifier les tricheurs qui vivent,
04:34 notamment à l'étranger.
04:36 Et puis la fraude à l'assurance maladie,
04:38 un record, 315 millions d'euros en 2022,
04:42 a alerté son directeur général aujourd'hui.
04:44 Pourquoi ? Est-ce que le gouvernement fait bien
04:47 de s'y prendre enfin, peut-on dire ?
04:50 On se posera la question.
04:52 La Tunisie est au coeur de l'actualité internationale,
04:55 Mathieu Bocoté, depuis que son président,
04:57 M. Kays Saïd, a dénoncé le 21 février,
04:59 je cite "la horde de migrants qui envahiraient le pays",
05:03 un phénomène qu'il a associé à une entreprise criminelle
05:06 visant à transformer le substrat de l'identité tunisienne
05:11 en changeant sa physionomie et son caractère,
05:15 le pays devant passer d'une identité arabo-musulmane
05:19 à une identité subsaharienne.
05:22 Et plus les gens passent, plus la situation se tend,
05:26 et c'est ça que vous allez nous expliquer,
05:28 puisqu'il y a beaucoup de personnes qui s'en vont.
05:30 - Oui, en fait, c'est une question passionnante,
05:32 parce que lorsqu'on cherche à comprendre cette situation,
05:34 il faut voir qu'il y a plusieurs discours
05:36 qui cherchent à décrypter la situation,
05:38 et on dirait quelquefois qu'ils se contredisent
05:40 ou qu'ils occultent des faits dans un journal,
05:42 dans un autre journal, on ne les trouve pas.
05:44 Donc vous voyez, c'est une situation, c'est complexe,
05:46 mais plongeons-nous.
05:47 Alors, il y a une situation politique et économique
05:50 et culturelle et identitaire instable en Tunisie en ce moment.
05:53 - Et sociale.
05:54 - Évidemment, tout cela vient ensemble.
05:56 Socio-économique, on pourrait dire.
05:58 Le président, Caïs Saïed, il y a depuis à peu près un an,
06:01 a cherché à renforcer les pouvoirs de l'exécutif,
06:04 à donner davantage,
06:05 de pouvoir exercer davantage de pouvoir pour, dit-il,
06:08 avoir une meilleure capacité de défendre le pays,
06:11 de le réformer, de le porter.
06:13 Ses adversaires l'accusent, quant à eux,
06:15 de basculer vers un régime dictatorial ou antidémocratique.
06:18 Donc, point 1, enjeu politique.
06:20 Enjeu financier aussi, le pays,
06:22 le pays le croit au seuil de la banqueroute.
06:24 Donc, quand on a ça à l'esprit,
06:26 on comprend qu'il y a toujours la possibilité
06:28 d'une explosion sociale.
06:29 Mais l'enjeu dont on parle effectivement en ce moment,
06:32 c'est la question de l'immigration.
06:34 Vous avez l'immigration, alors, illégale, certes,
06:36 mais pas seulement l'immigration illégale,
06:38 la manière dont on aborde cette question.
06:40 Vous avez eu raison de le mentionner dans votre introduction.
06:43 Il y a cette...
06:44 Le débat a pris forme il y a quelques semaines,
06:47 lorsque, devant le Conseil national de sécurité,
06:50 le président a eu des mots très, très durs
06:52 pour parler de l'immigration subsaharienne en Tunisie.
06:55 Une immigration...
06:56 Donc, il dit qu'il veut lutter contre l'immigration illégale.
06:59 Ça, c'est le...
07:00 À tout le moins, il a recentré son discours ainsi.
07:02 Mais plus largement, il s'inquiète des effets
07:04 de l'immigration sur le plan de la sécurité,
07:06 sur le plan social,
07:07 sur le fait qu'il y aurait des cités en Tunisie, en fait,
07:10 un peu comme en Europe, en fait,
07:12 qui deviendraient inaccessibles pour les forces de l'ordre,
07:14 inaccessibles plus encore pour le commune immortel,
07:16 parce que l'immigration illégale,
07:18 avec tout son cortège de soucis, serait-elle,
07:21 que finalement, ça se déroberait aux mœurs tunisiennes,
07:24 comme quoi partout, les problèmes sont...
07:26 À la sécurité, partout, les problèmes sont les mêmes.
07:28 On ajoute une chose, la Tunisie,
07:30 dans une situation géographique particulière.
07:32 La géographie commande à peu près tout dans la vie.
07:35 Qu'est-ce qu'on voit?
07:36 C'est un lieu de passage pour ceux qui veulent rejoindre l'Europe,
07:39 ensuite...
07:40 Bon, pour les immigrants subsahariens
07:41 qui veulent rejoindre l'Europe, ensuite.
07:43 Donc, la Tunisie, disons, est une des premières impactées,
07:47 comme on dit en mauvais français,
07:48 par ces vagues d'immigration qui se poursuivent jusqu'en Europe,
07:51 mais qui, par ailleurs, la frappent et la déstabilisent aussi.
07:54 Depuis que ce discours a été prononcé il y a quelques semaines,
07:57 plusieurs considèrent, c'est documenté par ailleurs,
08:00 qu'il y a eu des exactions, des persécutions,
08:04 à tout le moins, des violences ou des discriminations
08:07 à l'endroit, justement, des migrants subsahariens
08:10 qui sont aujourd'hui en Tunisie.
08:12 - Il semblerait même au moins un mort.
08:14 - Oui, oui, voilà.
08:15 Et donc, là, la question est de savoir
08:17 qu'il y ait de telles exactions, il n'y a pas de doute.
08:19 Certains considèrent que c'était déjà le cas,
08:21 que la situation était déjà tendue.
08:23 D'autres disent, je reviendrai,
08:24 que l'explication de ces tensions, de ces violences,
08:27 c'est le discours du président, qui, pour cela, a dû recentrer.
08:30 Donc, est-ce que c'est la faute du président?
08:32 Est-ce que le président, commentant cela,
08:34 est à l'origine des tensions, des violences?
08:36 Ou est-ce que ces violences étaient déjà présentes?
08:38 Ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui, elles sont dénoncées.
08:40 Les autorités de l'État disent que ces violences sont inacceptables.
08:43 Il n'en demeure pas moins que le message, vous voyez,
08:45 c'est assez complexe.
08:46 Le message était envoyé, cela dit,
08:48 que l'immigration clandestine doit cesser.
08:50 Et l'État dit à la société, donc aux individus, aux entreprises,
08:54 si vous êtes désormais complice
08:56 de l'immigration clandestine illégale,
08:58 vous allez en payer le prix.
09:00 Donc, la société se mobilise aussi contre l'immigration illégale,
09:03 avec, comme je dis, la part de brutalité qu'il y a
09:05 lorsque ces choses sont faites sur le mode du décret.
09:07 À un point tel où les États subsahariens,
09:10 les pays, donc la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Mali, le Congo,
09:13 le Burkina Faso, aujourd'hui, décident de prendre
09:16 à leur propre charge le rapatriement des populations
09:20 de leurs pays qui sont aujourd'hui en Tunisie.
09:24 Donc, le rapatriement qui est pris à la charge des pays
09:27 qui avaient leur ressortissant en Tunisie.
09:29 Donc, il faut bien voir, parce que sinon, il y avait une taxe,
09:31 selon le séjour passé.
09:33 La Tunisie dit, on va faciliter votre départ, cela dit.
09:35 Et donc, les États disent, on va payer pour vous ramener chez nous.
09:38 Donc, vous voyez, on est dans une situation assez complexe.
09:41 Je ferai deux, trois commentaires à partir de là.
09:43 Le premier, c'est que tous ceux qui s'imaginent que la question
09:45 de l'immigration est un problème exclusivement européen,
09:48 qui s'expliquerait par la mauvaise foi et le manque d'ouverture
09:50 des Européens, qui serait congénitalement hostile
09:53 à la diversité, eh bien, on voit que c'est un peu plus complexe
09:56 quand des cultures très contrastées en viennent à se confronter,
09:59 à cohabiter lorsqu'elles ne l'ont pas nécessairement souhaité.
10:02 Les tensions sociales arrivent.
10:04 Je ne dis pas... Elles ne sont évidemment pas désirables,
10:06 elles ne sont pas souhaitables, mais la lucidité exige qu'on les reconnaisse.
10:09 Et je précise qu'en Tunisie, selon les chiffres disponibles,
10:12 ensuite, il y a toujours une part approximative,
10:14 paye 12 millions d'habitants, 21 000 ressortissants
10:17 de l'Afrique subsaharienne, en majeure partie en situation irrégulière.
10:21 Ce n'est pas des proportions européennes, si je peux me permettre,
10:23 et déjà, avec de telles proportions, il y a des tensions.
10:27 Mais là, on arrive au cœur du problème, ou à tout le moins
10:30 au cœur de la querelle.
10:32 Quel discours le président tunisien a-t-il utilisé
10:34 pour condamner l'immigration?
10:36 L'immigration illégale, mais aussi l'immigration sur une base culturelle.
10:40 On sait qu'il a utilisé une rhétorique un peu étrange,
10:42 il faut bien le dire, lorsqu'il parlait d'un complot,
10:45 quand même d'un complot pour changer la composition de la population,
10:48 une entreprise criminelle, un complot pour changer
10:50 la composition démographique de la Tunisie.
10:53 C'est une rhétorique conspirationniste qui vient faire dévier le débat.
10:57 Mais si on voit plus loin, si on laisse de côté
10:59 cette rhétorique conspirationniste, le cœur de l'argument est ailleurs.
11:03 L'argument n'est pas strictement sécuritaire,
11:06 il n'est pas strictement social, il est ouvertement identitaire.
11:10 Il dit « nous ne voulons pas voir la composition démographique de la Tunisie changer ».
11:15 Autrement dit, si le peuple qui habite ce pays n'est plus le même,
11:20 nous ne serons plus la Tunisie.
11:22 Sur une carte, ça sera marqué « Tunisie », mais on aura changé de peuple.
11:25 Et là, comment il présente ça?
11:27 « Nous sommes un peuple, dit-il, arabo-musulman,
11:30 et nous ne voulons pas devenir, dit-il, un peuple subsaharien ».
11:34 Alors si on regarde ça d'un point de vue,
11:37 avec les catégories qui dominent aujourd'hui dans l'espace en Europe occidentale,
11:41 on dit « mais c'est inacceptable, on ne peut pas penser des choses comme ça ».
11:44 Mais il faut voir que l'Europe occidentale est à peu près la seule aujourd'hui
11:48 à penser sur l'identité, sur le mode du vivre-ensemble.
11:51 Sur le mode du vivre-ensemble, sur le signe où la citoyenneté formelle
11:54 importe plus que la nationalité ou que l'identité.
11:58 Et qu'est-ce qu'on voit?
12:00 C'est que finalement, ce discours qui consiste à dire...
12:03 Je vous donne un exemple dans cette logique.
12:05 Le président tunisien dit « je ne suis pas raciste ».
12:08 C'est l'insiste pour dire « je n'ai rien de raciste ».
12:10 - Parce que c'est ce qu'il a dit après, hier.
12:12 - Mais là, il y a une chose, il dit « j'ai absolument rien contre les Africains ».
12:15 Là, si vous regardez une carte, vous dites « la Tunisie, c'est... »
12:18 - En Afrique. - C'est un peu en Afrique.
12:20 - C'est pour ça que ça pose beaucoup de questions.
12:22 - Alors là, on dit « mais qu'est-ce que ça veut dire? »
12:24 Pour reprendre les méthodes utilisées par Charlotte, qui sont très efficaces,
12:26 j'ai appelé beaucoup de gens aujourd'hui.
12:28 Et au-delà, il faut chercher à voir, parlons aux gens de la communauté tunisienne,
12:32 mais au-delà, quand on vous dit « vous êtes Tunisien, vous êtes Africain »,
12:35 non, non, non, l'Afrique, du point de vue de l'Afrique du Nord,
12:37 globalement, du Maghreb, on a une définition géographique de l'Afrique.
12:41 Mais ce n'est pas pensé comme une identité.
12:43 L'Afrique, c'est l'Afrique subsaharienne, globalement, c'est l'Afrique noire.
12:46 C'est comme ça.
12:47 Et le Maghreb ne se pense pas comme culturellement africain,
12:50 mais comme l'expression de la civilisation arabo-musulmane au nord de l'Afrique,
12:54 il ne se pense pas comme appartenant à la civilisation africaine.
12:57 Donc qu'est-ce que ça veut dire?
12:58 C'est-à-dire que la définition de l'identité n'est pas d'abord administrative,
13:01 elle n'est même pas d'abord territoriale,
13:03 elle est culturelle, peut-être ethnique, à tout le moins civilisationnelle.
13:07 Est-ce que c'est une originalité du président tunisien, Kaye Sayed,
13:12 est-ce que c'est seulement lui qui pense ainsi?
13:14 La réponse, c'est non.
13:16 Si on regarde, je vais vous donner quelques exemples qui virent sur les 30 dernières années,
13:20 qui montrent comment cette conception de l'identité est très présente au Maghreb.
13:25 Entretien 1993, assez connu, entre Anne Sinclair et Hassan II, le roi du Maroc.
13:30 Le roi du Maroc dit, à propos des Arabes et des Marocains plus particulièrement,
13:34 qui sont installés en France,
13:37 que les Arabes ne seront jamais intégrés.
13:41 Jamais intégrés.
13:43 Anne Sinclair, gardienne de la correction idéologique, dit,
13:46 parce que les Français ne le veulent pas.
13:48 Non, parce que ce n'est pas possible.
13:50 Parce que l'intégration, je le cite, c'est possible entre Européens.
13:53 La trame est la même.
13:55 Mais là, c'est un autre continent, et vous n'en avez que faire.
13:58 Ça fera de mauvais Français, ce seront de mauvais Français.
14:00 On n'est pas obligés d'être d'accord avec le roi du Maroc, évidemment.
14:03 Mais de son point de vue, il ajoutait que lorsqu'on cherchait à franciser,
14:07 à assimiler des Marocains, et plus largement des Arabes, en France,
14:10 c'était un détournement de nationalité.
14:13 Donc là, on voit que la conception de la nation,
14:15 et ça finit toujours par nous aider d'une manière ou de l'autre
14:17 à comprendre ce qui se passe,
14:19 la conception de la nation, du point de vue des leaders du Maghreb,
14:22 elle se définit davantage en termes ethno-culturels, religieux et civilisationnels
14:26 qu'en termes de valeurs universelles, citoyennes, civiques,
14:29 appelez ça comme vous le souhaitez.
14:31 Quand aujourd'hui, je poursuis mon exemple là-dessus,
14:33 et je termine rapidement sur ça,
14:35 quand aujourd'hui l'Algérie cherche à mobiliser la diaspora algérienne en France
14:39 en fonction de ses propres intérêts,
14:41 c'est qu'elle considère que les Algériens de France,
14:43 de son point de vue, je dis pas que c'est vrai,
14:45 mais de son point de vue, se définissent d'abord par leur origine
14:48 plutôt que leur citoyenneté,
14:50 donc dans un langage de l'identité plus que de la citoyenneté.
14:53 Quand la Chine, aujourd'hui, cherche à mobiliser au Canada, par exemple,
14:56 la diaspora chinoise, elle suppose que les Canadiens d'origine chinoise
14:59 sont chinois avant d'être canadiens,
15:01 de même pour la Turquie, en Allemagne.
15:03 Donc quand on voit tout cela, cette réflexion nous conduit
15:05 à la conception de l'identité qui n'est pas la même
15:08 au nord ou au sud de la Méditerranée.
15:10 - Il y a plein de questions, mais on n'a pas le temps, Mathieu.
15:13 Donc je ne sais pas quoi vous poser.
15:15 La Banque mondiale a réagi fermement à la situation en Tunisie.
15:17 De quelle manière exactement? Et ma deuxième question,
15:19 que retenir de cette situation du point de vue européen?
15:21 - De manière très brève sur la question de la Banque mondiale...
15:24 - C'est un gros sujet.
15:26 - Ah, c'est immense.
15:28 La Banque mondiale a annoncé la suspension de tous les nouveaux projets.
15:32 Ceux qui sont déjà en cours se poursuivent,
15:35 mais les nouveaux projets, non.
15:37 Et là, pour quelles raisons?
15:39 Parce que ce sont des questions qui ne sont pas les mêmes
15:41 lorsqu'on s'intéresse, lorsqu'on regarde le discours.
15:43 Est-ce que, raison 1, c'est seulement les propos du président
15:47 sur l'immigration clandestine seraient inacceptables?
15:51 Raison 2, ce sont les violences contre les populations subsahariennes.
15:55 Donc là, il faut savoir, s'il s'agit de dénoncer les violences
15:57 contre les populations subsahariennes, ça va de soi,
16:00 et c'est évidemment condamnable.
16:02 S'il s'agit de dénoncer la politique de lutte
16:04 contre l'immigration clandestine,
16:06 aussi brutalement exprimée soit-elle,
16:08 là, c'est pas la même chose.
16:10 C'est une intrusion dans la politique d'un État.
16:12 Je cite ici, soit dit en passant,
16:14 la Banque mondiale, son communiqué.
16:16 Elle s'inquiète de la sécurité et l'inclusion
16:18 des migrants et minorités, qui font partie donc
16:20 des valeurs centrales d'inclusion, de respect
16:22 et d'antiracisme de la Banque mondiale.
16:24 Donc, on doit comprendre, s'agit-il de condamner des exactions?
16:26 Si tel est le cas, je pense qu'il y a une forme
16:28 d'universelle condamnation.
16:30 Ou s'agit-il, de l'autre côté, de dire que l'État n'a pas le droit
16:33 de mener une politique de lutte contre l'immigration clandestine
16:36 et qu'il n'a pas le droit de se définir sur sa propre conception
16:38 de l'identité, entre guillemets,
16:40 comme quoi c'est une question fort complexe,
16:42 mais qui nous amène à réfléchir par effet de contraste
16:44 à la question de l'identité et de la sécurité
16:46 en Europe aussi.
16:48 - Beaucoup, beaucoup, beaucoup de questions.
16:50 Alors, je rappelle que quand même,
16:52 beaucoup de Tunisiens ne partagent pas l'avis du président.
16:54 - Bien sûr.
16:56 - Il faut quand même le rappeler.
16:58 Beaucoup de Tunisiens ont manifesté contre
17:00 les propos du président.
17:02 Et c'est intéressant, parce qu'en Tunisie,
17:04 c'est l'antargogue, c'est intéressant...
17:06 Alors, c'est toute autre chose, évidemment,
17:08 c'est le côté religieux, mais c'est intéressant
17:10 de voir ce mélange de la population à la fois noire,
17:12 à la fois arabe, à la fois musulmane.
17:14 - C'était vu comme un modèle de tolérance, en fait.
17:16 - Voilà, vous dites mieux qu'au moins les choses.
17:18 - C'est encore un modèle de tolérance en l'éthique de France.
17:20 - C'est la question, voilà.
17:22 Vous vouliez dire quelque chose ?
17:24 - Oui, au plan géographique...
17:26 - Ça sera un décompté de votre temps de parole.
17:28 - J'ai bien compris, j'ai bien compris, je le prends quand même.
17:30 Au plan géographique, quand on prend, par exemple,
17:32 on voit très bien que le nord de l'Afrique
17:34 est totalement détaché du reste de l'Afrique.
17:36 - Ils sont à côté de la Libye...
17:38 - Oui, parce qu'il y a au-dessus de la Méditerranée de l'eau,
17:40 et vous avez en dessous une mer de sable
17:42 qui sépare intégralement ces univers.
17:44 En fait, tout le nord de l'Afrique
17:46 est relié au monde de la Méditerranée.
17:48 Si vous voulez, Tunis est plus proche,
17:50 en réalité, du reste du monde méditerranéen
17:52 qu'il est de l'Afrique.
17:54 Le seul pays qui soit relié entre les deux,
17:56 c'est par le Nil, et c'est l'Égypte.
17:58 - C'est tout ?
18:00 - C'est tout.
18:02 - Bonne remarque.
18:04 Merci en tout cas.
18:06 C'est très intéressant.
18:08 On reviendra à l'occasion,
18:10 on va voir comment les choses évoluent.
18:12 Quand même, de voir des Noirs africains
18:14 qui partent par avion,
18:16 c'est quand même assez surprenant.
18:18 Guillaume Bigot, nous allons revenir
18:20 sur le bras d'honneur du ministre de la Justice.
18:22 Ce n'est pas un, mais trois bras d'honneur
18:24 qui ont été brandis au coeur de l'Assemblée nationale
18:26 au député Marleix, qui lui rappelait
18:28 qu'il avait rendu public aujourd'hui.
18:30 En quoi est-ce l'opprobre ?
18:32 C'est à la classe politique.
18:34 Qu'est-ce que cela dit de notre vie politique ?
18:36 - On pourrait dire que ça dit
18:38 que le poisson pourrit par la tête,
18:40 et pour reprendre un autre proverbe,
18:42 que le verre un peu anti-parlementaire,
18:44 anti-démocratique, est un peu
18:46 dans le fruit institutionnel,
18:48 parce qu'en fait, institutionnellement,
18:50 c'est quand même assez fort.
18:52 C'est un membre de l'exécutif,
18:54 dans l'hémicycle en plus,
18:56 et n'importe quel représentant du pouvoir exécutif,
18:58 c'est le garde des Sceaux, celui qui doit garder
19:00 l'honneur de la justice, finalement.
19:02 Et ce n'est pas à n'importe quel député
19:04 qu'il adresse ce geste très inconvenant.
19:06 Il adresse ce geste inconvenant au président
19:08 du groupe LR, dont par ailleurs son gouvernement,
19:10 dont il doit être solidaire, a besoin
19:12 pour faire passer cette réforme.
19:14 On dira, oui, mais ce n'est pas le premier doigt d'honneur
19:16 dans la vie politique française, etc.
19:18 On se souvient, évidemment, comme on ne peut l'oublier ici,
19:20 du doigt d'honneur
19:22 de notre ami Éric Zemmour,
19:24 qui, à la presse, avait dit, oui,
19:26 mais c'est la preuve de son indignité républicaine.
19:28 Voilà, il n'y a plus d'indignité républicaine
19:30 pour M. Dupond-Moretti.
19:32 La presse est vraiment extrêmement indulgente,
19:34 forcée de le constater.
19:36 Alors, ces gestes déplacés par les politiques,
19:38 que ce soit des doigts d'honneur ou des bras d'honneur,
19:40 en fait, soit les politiques assument à ces crânements,
19:42 c'est le cas par exemple de Balkany ou Noël ma mère,
19:44 où ils assument, il n'y a pas de problème,
19:46 et puis il y en a qui rasent des murs, qui nient même catégoriquement
19:48 contre l'évidence, contre les images, comme M. Emanuelli
19:50 ou M. Longuet. Alors, Eric Dupond-Moretti, lui, qu'est-ce qu'il a fait ?
19:54 Il a reconnu, c'est vrai, mais il n'a pas vraiment assumé.
19:58 Qu'est-ce qu'il a dit ? Il a dit "j'ai fait deux bras d'honneur",
20:00 en effet, il en a fait trois en plus, mais pas contre un député,
20:02 j'ai fait des bras d'honneur contre un principe,
20:04 j'ai fait des bras d'honneur contre la présomption d'innocence.
20:06 J'ai essayé d'expliquer ça à ma fille,
20:08 elle n'a pas compris.
20:10 Non, mais ce n'est pas clair, en fait.
20:12 Ah oui, mais là, le macronisme en français,
20:14 il faut un décodeur aussi.
20:16 Une prison pour le macronisme.
20:18 Ça doit être interdit.
20:20 En fait, Eric Dupond-Moretti s'est un peu enfoncé,
20:22 parce que finalement, si on réfléchit,
20:24 c'est quand même plus grave de faire un bras d'honneur
20:26 à un principe aussi fondamental que la présomption d'innocence,
20:28 surtout quand on est gardé sauf,
20:30 que de faire un bras d'honneur à un député,
20:32 même si les deux ne sont pas bien.
20:34 Et en fait, je pense qu'il s'est un peu embrouillé,
20:36 il s'est mal exprimé. Il a bien compris
20:38 qu'il avait commis une faute politique,
20:40 et il a tenté un effet de manche.
20:42 N'oublions pas que c'est quand même un ancien ténor du barreau.
20:44 Alors, pourquoi il a eu cette défense aussi maladroite ?
20:46 Je pense que ça relève un peu de ce qu'on appelle le lapsus.
20:48 C'est-à-dire qu'on sait aussi, d'ailleurs,
20:50 c'est de notoriété publique, que les relations
20:52 entre la magistrature et le garde des Sceaux
20:54 sont vraiment exécrables.
20:56 Sa mise en examen, il pense, qu'on lui a rappelé,
20:58 il pense que c'est une sorte de complot
21:00 des juges contre lui. Et sans doute qu'inconsciemment,
21:02 il voulait, il rêvait dans son inconscient,
21:04 dans ses rêves, dans ses fantasmes,
21:06 de faire un bras d'honneur au magistrat.
21:08 En tout cas, ceux qui l'ont mis en examen.
21:10 Évidemment, il ne peut pas faire ça.
21:12 Donc, c'est sorti et c'est allé contre le député.
21:14 Mais c'était sans compter, sans l'inénarrable Olivier Véran,
21:18 qui est monté au créneau pour défendre Éric Dupond-Moretti.
21:21 Alors, il aurait mieux fait de s'abstenir,
21:23 parce que là, en dehors des bras d'honneur de Dupond-Moretti,
21:25 la défense de M. Dupond-Moretti par M. Véran,
21:29 ça c'est un bras d'honneur, à mon avis, à tout le pays.
21:31 Oui, alors juste, pourquoi vous dites ça ?
21:34 Je vais vous expliquer.
21:36 D'abord, il a commencé par dire
21:38 que c'était un homme d'honneur.
21:40 On comprend très bien.
21:42 En fait, c'est bien connu,
21:44 hommes d'honneur font des bras d'honneur.
21:46 Ça va ensemble, vous voyez ce que je veux dire.
21:48 De la même façon, c'est assez connu que les hommes d'honneur
21:50 volent au secours d'autres hommes d'honneur.
21:52 En fait, ce qu'on comprend avec le macronisme,
21:54 c'est que la meilleure défense, c'est l'attaque.
21:56 C'est-à-dire que Mme Le Pen, elle est trop molle sur l'immigration.
21:58 La réforme de retraite, c'est une réforme de gauche,
22:00 peut-être d'extrême gauche, on va bien le découvrir.
22:02 L'Europe abîme la souveraineté, mais ce n'est pas grave,
22:04 vive la souveraineté européenne.
22:06 En fait, le macronisme ne recule jamais devant l'outrance ou l'invraisemblance.
22:10 Ce sont pas du tout impressionnables ces gens.
22:12 En fait, même plus c'est gros, plus ça passe.
22:14 Traverse la rue, on aura un boulot.
22:16 Je suis ministre, mais je ne sais pas mettre un masque.
22:18 Le pass sanitaire, c'est du complotisme, etc.
22:20 Et en fait, je repère que la marque de fabrique de ce genre de politique,
22:24 c'est de jamais reconnaître ses torts.
22:27 C'est-à-dire, on a, non, non, non,
22:29 on n'a jamais voulu fermer aucune centrale nucléaire.
22:31 Si, si, si, tous les retraités vont bénéficier d'une augmentation.
22:35 Et là, c'est pareil.
22:36 M. Véran aurait très bien pu dire,
22:38 "Bon, écoutez, mon collègue, voilà, c'est trompé.
22:41 Il s'est un peu embrouillé dans sa défense."
22:44 Il aurait même pu dire carrément,
22:46 "Voilà, c'est, voilà, bien sûr qu'elle est visée."
22:48 Olivier Marlex, tout le monde le sait, tout le monde l'a vu, tout le monde l'a entendu.
22:51 Mais non, non, non, non, non, il va nier, mais jusqu'à la confusion mentale.
22:55 C'est-à-dire que le porte-parole du gouvernement va reprendre
22:57 la défense totalement absurde de son collègue Dupond-Moretti.
23:01 Il va dire, "Oui, oui, non, c'est bien un bras d'honneur contre un principe."
23:04 Et là, on découvre que le macronisme, c'est une quatrième dimension.
23:08 C'est-à-dire que c'est un univers dans lequel, à la sortie d'un stade,
23:11 on peut être sauvagement attaqué par un billet, par exemple, un faux billet.
23:14 On peut vous attaquer.
23:15 Et on comprend que, d'un seul coup, dans le macronisme,
23:17 il y a des ministres comme ça,
23:18 qui peuvent faire des bras d'honneur contre des principes.
23:20 Comme ça, juste comme ça.
23:22 Voilà, donc, je pense qu'on approche, en fait,
23:24 de la réalité de ce mode de gouvernement.
23:26 C'est-à-dire que, soit ces gens n'ont pas la lumière à tous les étages,
23:28 soit ils nous prennent vraiment pour des idiots.
23:30 En tout cas, il me semble clair qu'ils n'ont pas vraiment le sens de l'honneur.
23:34 Et le fait qu'ils se soient excusés ? Petite question subsidienne.
23:37 Oui.
23:38 Ça ne vous touche pas ?
23:40 Si. Ah ben, moi, je pense que c'est très bien de s'excuser.
23:43 C'était vraiment le minimum, minimorum.
23:45 Mais il faut parfois joindre le geste à la parole.
23:48 En tout cas, ce qui est sûr, c'est que...
23:51 Alors, ça peut vous paraître peut-être un peu violent
23:53 de dire qu'ils n'ont plus le sens de l'honneur.
23:54 Moi, ce n'est pas exactement ça. Ce n'est pas qu'ils manquent d'honneur.
23:57 Je pense même que, dans leur type de gouvernement,
24:00 de mode de gouvernement, cette idée d'honneur n'a plus de sens.
24:03 Oui, je vous en prie.
24:04 Non, non, non. Mais ce qui est intéressant, c'est pourquoi...
24:07 On est au-delà de l'honneur.
24:08 Voilà. Pourquoi vous dites qu'il n'y a plus de sens de l'honneur
24:12 au sein du gouvernement ?
24:15 Vous nous expliquez juste après la pause, si vous voulez bien.
24:17 Ça marche.
24:18 Parce que vous allez loin, quand même, dans ce que vous expliquez.
24:20 J'entends.
24:21 On marque une pause. À tout de suite.
24:23 [Musique]
24:27 Guillaume Bigot, je reviens sur ce que vous disiez
24:30 à propos du bras d'honneur de l'homme d'honneur
24:33 présenté par Olivier Véran, ou du déshonneur vu par vous.
24:36 Mais vous nous disiez que ceux qui nous gouvernent n'ont plus le sens,
24:39 aucun sens de l'honneur. Je trouve que c'est fort.
24:42 Pourquoi dites-vous ça et qu'est-ce que vous entendez par là, concrètement ?
24:46 Ecoutez, ce n'est pas un jugement moral.
24:47 Je pense que j'ai essayé de vous expliquer que, pour eux,
24:50 ils ne sont plus au stade de l'honneur.
24:53 Ils sont à un autre stade de l'histoire.
24:55 Revenons à ce qu'est la définition de l'honneur.
24:57 Honneur, c'est la même racine connettée.
25:00 Ça nous ramène au latin "honestum".
25:02 Honestum, ça renvoie à deux notions.
25:04 Soit la dignité morale, laver son honneur, par exemple,
25:07 soit le mérite social.
25:09 C'est-à-dire, on rend honneur à quelqu'un, on fait honneur à quelqu'un.
25:12 Dans les deux cas, l'honneur, en tout cas, se raccroche
25:15 ou se rattache à quelque chose qui englobe l'individu,
25:17 qui dépasse, qui dépasse l'individu et qui l'oblige.
25:20 Aujourd'hui, on parlerait de surmoi, par exemple.
25:22 Or, dans la politique post-moderne, à la mode Macron,
25:24 il n'y a pas que ça. Le trumpisme, c'est la même chose.
25:26 On ne croit plus que l'individu soit soumis à l'honneur.
25:29 Au contraire, nul ne peut contraindre l'individu,
25:32 nul ne doit juger l'individu.
25:34 Et le macronisme promet aux individus
25:36 qu'ils pourront se réaliser, qu'ils pourront aller au bout de leurs rêves,
25:40 de leurs désirs, de leurs envies.
25:42 C'est le règne du bon plaisir individuel.
25:44 Voilà la valeur suprême.
25:46 Dans l'univers, il ne peut pas y avoir de notion d'honneur.
25:48 La fonction, par exemple, une fonction gouvernementale,
25:51 n'oblige plus. Il n'y a plus de tenue,
25:53 il n'y a plus d'exemplarité.
25:55 Par exemple, une charge gouvernementale,
25:57 ce n'est pas quelque chose...
25:59 On dit que la charge pèse, elle oblige,
26:01 et notamment à l'exemplarité.
26:03 Là, finalement, la charge gouvernementale,
26:05 c'est presque un trophée qu'on exhibe
26:07 et auquel on va avoir déjà beaucoup de mal à renoncer
26:09 en démissionnant, par exemple, à un soi-disant sens de l'honneur
26:12 qui n'existe plus vraiment.
26:13 D'ailleurs, Mediapart nous a appris
26:15 que le garde des Sceaux avait déjà refusé de s'excuser.
26:18 Pourquoi ? Parce qu'il est dans cette idéologie.
26:20 Pour lui, il n'y a rien au-dessus du bon plaisir individuel.
26:22 Il y a les lois éventuellement qui l'obligent, mais c'est tout.
26:24 Il était prêt à démissionner.
26:25 Et il avait menacé de démissionner.
26:27 Et en fait, ça confirme qu'il n'y a rien au-dessus de lui.
26:29 Et n'importe quel gouvernement, je veux dire un peu censé,
26:31 mais qui aurait trouvé honorable,
26:33 aurait trouvé, je pense, honorable de laisser partir
26:35 un garde des Sceaux qui était déjà assez encombrant
26:38 avant son bras d'honneur,
26:40 parce qu'il achetait des voitures de luxe,
26:43 avec du liquide, parce qu'il était mis en examen, etc.
26:45 Mais dans cette démocratie post-moderne dans laquelle on est,
26:48 on peut dire une chose et on peut faire le contraire.
26:51 Alors, on va dire que c'est banal en politique
26:53 de dire une chose et de faire le contraire.
26:54 Oui, mais ce qui est assez original,
26:55 c'est qu'on n'a même plus besoin de se justifier.
26:57 Et d'ailleurs, il y a quelques années,
26:59 Eric Dupond-Moretti lui-même s'était engagé,
27:01 il avait juré, je ne serai pas ministre jamais,
27:03 je serai garde des Sceaux.
27:04 Ah bon ? Mais lui, ça ne lui dérange pas du tout
27:05 d'être garde des Sceaux aujourd'hui.
27:06 Apparemment, il veut être bien garde des Sceaux.
27:09 Les ministres mis en examen, souvenez-vous,
27:11 ils devaient tous démissionner.
27:12 Ah ben non, pas tous finalement, pas tous, vous voyez.
27:14 On y revient, on ne va pas tous.
27:15 Dans cet univers du bon plaisir Uber à l'aise,
27:18 du bon plaisir au-dessus de tout,
27:20 on a, les puissants éprouvent un sentiment d'impunité.
27:23 Alors, tant qu'on n'est pas obligé,
27:24 tant qu'on respecte les lois, on ne rende compte à personne.
27:27 C'est je fais ce que je veux, c'est moi le chef,
27:29 je les emmerde, je suis, d'ailleurs,
27:32 soyez fiers des amateurs, on les aura, etc.
27:34 En fait, on assume d'abîmer la parole publique
27:37 puisqu'on n'éprouve plus le besoin, pardon,
27:40 de se justifier déjà vis-à-vis de sa propre conscience
27:42 et encore moins vis-à-vis du peuple.
27:44 Donc, il y a un sens de l'honneur assez particulier
27:46 qui est de dire, ben nous, on a dépassé l'honneur.
27:48 L'honneur, c'est un peu pour les beaufs,
27:50 c'est un peu pour les riens.
27:52 Nous, on est au-dessus de tout ça.
27:53 C'est une espèce de Nietzschéisme sur Instagram.
27:55 Donc, en fait, cette classe dirigeante,
27:57 elle repose entièrement sur ce qu'elle croit être sa supériorité.
28:00 Elle s'auto-justifie, pensant être débarrassée
28:03 de ses vieilleries comme l'honneur, le bien commun, le peuple, etc.
28:06 Elle ne repose plus sur aucun fondement.
28:09 Et à mon avis, et c'est ma conclusion,
28:11 je pense qu'il faut leur rappeler ce que disait Michel de Montaigne.
28:13 Pourtant, si haut que l'on soit placé,
28:15 on n'est jamais assis que sur son cul.
28:18 C'est Montaigne, c'est pas moi.
28:21 Voilà qui me rassure.
28:23 Me voici rassurée.
28:25 Vous êtes en pleine forme ce soir.
28:27 Merci beaucoup.
28:29 Merci beaucoup pour votre regard.
28:31 La classe politique interroge.
28:33 On a commencé lundi avec Louis Boyard.
28:35 On en avait parlé, effectivement,
28:37 avec son challenge dans l'illégalité.
28:39 On va plonger dans les salles de cinéma
28:41 avec Charlotte Dorn.
28:43 Hélas, le film "Cri de Troie" est déprogrammé
28:45 dans plusieurs salles en France
28:47 en cause des bagarres quasi systématiques
28:49 en pleine salle de projection.
28:51 Que se passe-t-il concrètement ?
28:53 Comment peut-on expliquer cette banalisation de la violence ?
28:55 Quelles sont les causes ?
28:57 Alors là, on a un film, en effet,
28:59 qui est projeté, d'abord,
29:01 qui est un succès complètement dingue,
29:03 dont les cinémas, par ailleurs, avaient besoin.
29:05 Et il se trouve que dans beaucoup de cinémas,
29:07 ça se passe bien.
29:09 Mais il y a plusieurs salles dans lesquelles
29:11 ça s'est mal passé.
29:13 On a des villes, on a Thionville, Charleville-Mézières,
29:15 Saint-Étienne, Sargomine, Ville-Neuve-Lagarène.
29:17 Vous avez plusieurs types, on va dire,
29:19 de villes, et qui ont poussé
29:21 à l'évacuation de tous les téléspectateurs
29:23 parce que des jeunes venaient
29:25 voir le film et se battaient.
29:27 Alors, ce qu'on apprend,
29:29 non seulement il y a plusieurs cinémas
29:31 qui ont reçu complètement le film parce qu'ils étaient
29:33 complètement débordés par les débordements eux-mêmes,
29:35 et il y a le maire de Cogolin,
29:37 M. Lansade, qui a carrément interdit
29:39 la diffusion du film après
29:41 qu'une séance s'est particulièrement
29:43 mal passée.
29:45 Alors, ce qui s'est passé, c'est qu'on a
29:47 un genre de...
29:49 d'accumulation, on va dire,
29:51 entre probablement une éducation un peu défaillante
29:53 sur la manière de se tenir
29:55 dans un cinéma, une bêtise
29:57 très adolescente qui n'a trouvé aucune limite
29:59 et qui se déploie
30:01 par des défis lancés sur
30:03 des réseaux sociaux. Vous vous souvenez, on avait parlé de TikTok,
30:05 on avait parlé de notre ami Louis Boyard
30:07 qui lançait des défis, et bien c'est une mode
30:09 de lancer des défis, et voilà que c'est devenu
30:11 un défi. Donc, ça n'est pas tellement
30:13 la bagarre dans la salle de cinéma qui intéresse,
30:15 c'est la vidéo de la bagarre, le nombre
30:17 de likes et l'existence virtuelle
30:19 de sa petite personne en train
30:21 de se bagarrer dans le cinéma.
30:23 Donc ça, d'abord, c'est...
30:25 une conséquence très directe de ce qu'on
30:27 explique souvent sur les réseaux sociaux. Vous savez, parfois,
30:29 on a une intuition, d'abord,
30:31 une réflexion, et
30:33 parfois on voit des conséquences
30:35 très directes de ce dont on est en train
30:37 de parler quand on parle de réseaux sociaux. C'est pas juste
30:39 dans nos têtes de vieux schnop,
30:41 c'est pour le dire comme ça.
30:43 Alors, évidemment,
30:45 là, la police intervient, parce qu'elle est appelée
30:47 dans les cinémas qui sont dépassés,
30:49 mais sauf qu'il y a, évidemment,
30:51 assez peu de poursuites, parce que d'abord,
30:53 la police, elle intervient, elle fait toujours très attention
30:55 à la manière d'intervenir, surtout quand ce sont
30:57 de jeunes gens, et ensuite, évidemment, la justice,
30:59 vous voyez l'état du pays,
31:01 une bagarre dans une salle de cinéma,
31:03 vous êtes à peu près sûr que ça va pas
31:05 aller très loin. Alors, j'ai pris un exemple,
31:07 celui de Dreux, où ça s'est très mal passé.
31:09 Donc là, carrément, le directeur du cinéma
31:11 a dit "j'avais jamais vu ça de ma vie".
31:13 Le personnel a été complètement
31:15 traumatisé par la bagarre qui s'est poursuivie
31:17 à l'extérieur de la salle de cinéma.
31:19 Ils ont été obligés d'appeler la police,
31:21 qui a, en effet, dispersé
31:23 les belligérants, sans faire
31:25 aucune interpellation, parce qu'ils ont
31:27 d'abord pas eu l'ordre de faire des interpellations,
31:29 et parce que tout le monde savait, évidemment,
31:31 que ces interpellations ne mèneraient à rien.
31:33 Alors, ce qui m'a intéressée, c'est d'abord
31:35 la question du réseau social, ensuite, on sent
31:37 l'impuissance, c'est-à-dire,
31:39 qui doit mettre la limite à ce moment-là, en fait ?
31:41 Les policiers les font sortir d'accord.
31:43 Si la justice ne peut pas intervenir, qu'on ne peut rien demander
31:45 aux parents, parce qu'en l'occurrence, ils ne sont pas
31:47 mis dedans, que le personnel de la salle de cinéma,
31:49 bon, il fait ce qu'il peut, mais ce n'est pas son métier,
31:51 non plus, de faire ça.
31:53 Donc, se pose la question de la limite imposée
31:55 à des adolescents. Les adolescents, ils sont quasiment dans leur rôle,
31:57 si je puis dire,
31:59 simplement. Normalement, il y a quelqu'un pour les arrêter
32:01 quand ils font n'importe quoi.
32:03 Ça n'est pas nécessairement le cas.
32:05 Et il y a une deuxième chose qui m'a intéressée, c'est que
32:07 les autorités du cinéma
32:09 disent "oui, d'accord, mais c'est
32:11 un film qui marche très bien, ça se passe très bien,
32:13 la plupart du temps, ça se passe très bien,
32:15 et tout ça, c'est très extrapolé
32:17 par les médias qui décident d'en parler,
32:19 et donc, bientôt, à mon avis,
32:21 parler de ça, ce sera d'extrême droite.
32:23 C'est d'ici quelques jours.
32:25 D'ici quelques jours.
32:27 Donc, en effet, et j'ai commencé par là, ça se passe
32:29 bien dans la plupart des cinémas. Par ailleurs, le film
32:31 fonctionne très bien, et tant mieux pour les salles de cinéma
32:33 qui en ont vraiment besoin.
32:35 Il n'empêche que ce phénomène
32:37 existe, en effet, et le problème, c'est
32:39 que cette démission systématique, ce relativisme
32:41 et cette manière de dire "oui, d'accord, mais
32:43 on n'a qu'à pas en parler", ça ne nous aide pas à régler
32:45 le problème qui se multiplie, et c'est des phénomènes
32:47 qu'on voit de plus en plus et qui ne risquent
32:49 pas de s'arrêter, puisque plus ils fonctionnent
32:51 sur les réseaux sociaux, plus ils donnent envie,
32:53 évidemment, de le faire. Et par ailleurs, ce qui existe
32:55 là, aujourd'hui, dans les cinémas, on l'avait
32:57 déjà vu, on en avait déjà parlé, c'est exactement le phénomène
32:59 des rixes, et là, vous avez des gamins de 14 ans
33:01 qui, non seulement se blessent, mais parfois
33:03 se tuent. Donc, c'est quand même des
33:05 défis, on va dire, qui vont très
33:07 loin, surtout quand ils sont
33:09 lancés à des jeunes qui, précisément,
33:11 sont absolument incapables de savoir
33:13 où se trouve une quelconque limite dans leur manière
33:15 de se comporter. - Juste avant d'aller plus loin
33:17 pour bien comprendre, si j'ai bien
33:19 compris, donc, il se donne un défi
33:21 sur les réseaux sociaux
33:23 d'aller dans une
33:25 salle de projection et de se bagarrer
33:27 sans raison ? - Oui, c'est ça,
33:29 en clair, le défi, c'est, genre, cette semaine,
33:31 cette semaine, vous allez faire un défi, alors, ça
33:33 peut être danser devant votre porte
33:35 d'entrée, ça peut être, j'en sais rien,
33:37 ça peut être énormément de choses, je dis ça parce que TikTok,
33:39 à la base, je crois que c'était des histoires de danse,
33:41 essentiellement. - Mais se bagarrer,
33:43 sans raison ? - Ah, mais il n'y a absolument aucune raison.
33:45 - Sinon, pour avoir des vues. - C'est ça,
33:47 exactement, qui est le principe, un peu,
33:49 de beaucoup de jeunes qui arrivent sur les réseaux
33:51 sociaux, c'est exister à travers le nombre de likes.
33:53 Vous avez des témoignages complètement dingues,
33:55 de gamins qui se retrouvent chez des psys
33:57 et les psys expliquant
33:59 que le gamin a été
34:01 sauvé par une nouvelle
34:03 fonctionnalité sur les réseaux sociaux qui permet de
34:05 cacher le nombre de likes au reste de
34:07 vos amis sur les réseaux sociaux,
34:09 parce qu'ils ne vivaient plus,
34:11 ils essayaient de trouver un moyen de supprimer
34:13 un poste qui n'avait pas assez de likes, parce que c'était la honte
34:15 le lendemain au collège. Je veux dire, ça prend
34:17 des proportions, nous, on n'a pas grandi dans ce
34:19 monde-là, donc on essaye de le comprendre et de le
34:21 rattraper, mais on n'imagine pas les conséquences
34:23 que ça peut avoir. - Alors,
34:25 vous avez l'air de dire, Charlotte, que
34:27 c'est une manière de réagir qui est
34:29 récurrente, mais c'est la première
34:31 fois que l'on voit ça dans des salles de
34:33 cinéma, pourtant. - C'est vrai que ça arrive rarement,
34:35 les directeurs
34:37 interviewés disent parfois
34:39 qu'il y a des gens qui s'énervent, on lui a demandé
34:41 de changer de place, bon, le lot commun,
34:43 ça arrive, mais de cette manière-là,
34:45 en effet, c'est extrêmement rare. Alors, il y a
34:47 en effet cette question des réseaux sociaux, et moi, ce qui
34:49 m'a marquée, c'est qu'à chaque fois, il y a quand même
34:51 des personnes qui réfléchissent sur
34:53 des sujets et qui anticipent les conséquences de
34:55 certains sujets. En général, ces personnes, on les trouve
34:57 soit super ringardes, super
34:59 réacs, moralisatrices,
35:01 vous,
35:03 voyez tout en noir, oiseau de mauvaise augure,
35:05 etc. Or, il se trouve que
35:07 précisément sur les réseaux sociaux, il y a
35:09 beaucoup de gens, beaucoup de gens qui connaissent parfaitement
35:11 le fonctionnement du cerveau, notamment des enfants
35:13 et des adolescents, qui mettent en garde depuis
35:15 des années, sur les réseaux sociaux,
35:17 sur l'utilisation des écrans,
35:19 par exemple. Et
35:21 on ne prend pas la chose au sérieux,
35:23 on la prend trop tard, et résultat, on a
35:25 voté la semaine dernière, et on en a parlé,
35:27 une loi pour interdire l'accès aux réseaux
35:29 sociaux aux enfants de moins de 15 ans,
35:31 ce qui est bien en soi,
35:33 l'intention est bonne, mais c'est trop tard.
35:35 C'est inadapté,
35:37 on va dire, à la réalité
35:39 de ce que sont aujourd'hui les réseaux sociaux
35:41 dans la vie de ces jeunes-là. Donc d'abord, il y a cette question,
35:43 on le voit. Ensuite, il y a la question
35:45 du relativisme, en effet, à chaque
35:47 fois qu'il se passe quelque chose.
35:49 Que les choses soient claires, ça n'est pas un drame.
35:51 Mais en soi, individuellement,
35:53 tout ça, ça n'est jamais un drame.
35:55 C'est la répétition qui vous change une société
35:57 à force. La répétition de ces actes
35:59 tous les jours, évidemment qu'il y a des choses infiniment
36:01 plus graves que ces bagarres dans les cinémas
36:03 qui, pour l'instant, Dieu merci, n'ont fait
36:05 ni blessés graves, ni morts.
36:07 On est d'accord. Simplement, la répétition,
36:09 ça vous change complètement. Si quand même
36:11 vous allez au cinéma en emmenant
36:13 votre fils ou votre fille et que vous risquez
36:15 de vous retrouver dans une bagarre générale
36:17 et sorti du cinéma par la police,
36:19 c'est invivable,
36:21 en fait, comme pays. Ça devient invivable.
36:23 Donc c'est cette répétition qui pose une question.
36:25 Or, là, on a
36:27 aussi des policiers, et je pense que ça
36:29 rejoint, on a eu ces derniers temps, plusieurs médias
36:31 qui ont fait parler des policiers,
36:33 vous savez, qui s'inquiètent parce qu'il y a une loi
36:35 concernant leur métier qui va arriver.
36:37 Et beaucoup de policiers
36:39 disent que le véritable problème,
36:41 c'est qu'on ne peut plus faire correctement
36:43 notre métier. Je vous ai pris une citation qui
36:45 résumait toutes les autres que j'ai lues dans la journée.
36:47 Aujourd'hui, on ne peut plus faire notre métier.
36:49 On hésite même à faire une interpellation
36:51 car derrière, les conséquences peuvent être lourdes.
36:53 Quand on voit des collègues écopés
36:55 de peine de prison avec sursis
36:57 ou mis au banc d'un service, si
36:59 on prend une intervention, par exemple, on sort
37:01 notre matraque. On ne sait plus quoi faire
37:03 alors qu'on veut juste faire rappeler la loi.
37:05 Pourquoi je dis que ça résume ? Parce que vous
37:07 pouvez croiser tous les policiers que vous voulez,
37:09 ils vous disent "mais on n'a même plus la foi de faire notre métier
37:11 parce qu'on risque plus que les gens qu'on a en face
37:13 de nous". Et en général, quand ils interviennent,
37:15 c'est que quelqu'un contrevient en effet à la loi.
37:17 Donc, le pendant,
37:19 on va dire, de l'absence d'autorité envers
37:21 des jeunes qui en ont besoin, d'abord
37:23 pour la société, mais pour eux-mêmes,
37:25 parce que la répression fait partie de l'éducation,
37:27 il faut le rappeler tout le temps, mais ça fait évidemment
37:29 partie de l'éducation. Le pendant
37:31 de ça, c'est que les gens censés faire
37:33 respecter cette autorité, sont
37:35 eux-mêmes sous la coupe, alors là, d'une autorité
37:37 extrêmement rigoureuse. Donc là,
37:39 vous avez un problème, évidemment, et donc ce sont des
37:41 témoignages de policiers qui disent "on arrive
37:43 et ces mêmes jeunes finissent par nous cracher dessus
37:45 et nous insulter parce qu'ils savent
37:47 qu'il ne leur arrivera rien". Donc c'est la deuxième
37:49 chose, c'est cette question du rapport à l'autorité
37:51 de cette jeunesse-là. Et la troisième
37:53 chose, c'est évidemment ce fameux
37:55 pas de vague qu'on retrouve inlassablement.
37:57 Je vous assure, quand j'ai lu ça et que j'ai vu la réaction
37:59 de "oui d'accord, mais bon, la plupart du
38:01 temps, ça se passe bien", je me suis dit "mais on apprendra
38:03 jamais, en fait". On apprendra jamais
38:05 que se pencher sur un problème qui arrive,
38:07 ça ne veut pas dire que tout le monde est horrible,
38:09 ça ne veut pas dire que ça se passe mal partout, ça veut dire
38:11 qu'il y a un problème qui existe et que le meilleur moyen de le régler,
38:13 c'est d'abord de reconnaître qu'il existe.
38:15 Et c'est inlassablement, on a des gens qui nous disent
38:17 "oui, mais bon, finalement, le message est
38:19 beaucoup moins important que de suspecter
38:21 une intention mauvaise chez le messager,
38:23 c'est celui qui explique que ça se passe mal".
38:25 Et on retrouve ça, là encore une fois, dans cette histoire.
38:27 - Alors, rapidement à ce propos,
38:29 le Syndicat national des personnels
38:31 de direction de l'éducation nationale a fait
38:33 une enquête indépendante selon
38:35 laquelle 42% des chefs
38:37 d'établissement font état de
38:39 l'existence d'élèves venus en classe
38:41 avec des vêtements culturels
38:43 pouvant être utilisés dans le
38:45 cadre d'une pratique religieuse.
38:47 C'est nettement plus que ce qu'affirme
38:49 le ministère de l'Éducation. Est-ce qu'on
38:51 cherche là aussi à minimiser ?
38:53 - On cherche à minimiser
38:55 et on subit aussi les conséquences
38:57 de ce qu'on n'a pas voulu anticiper.
38:59 Pire, on subit les conséquences
39:01 de ce que certains avaient anticipé mais qu'on a
39:03 préféré pointer, eux, du doigt plutôt que les problèmes
39:05 qui risquaient de nous arriver. Si on isole
39:07 les lycées dans cette étude, c'est 72%
39:09 des proviseurs qui vous disent
39:11 en effet qu'il y a eu des problèmes avec les fameuses
39:13 tenues que, soit disant,
39:15 le ministre suit
39:17 de très près. Et nous dit
39:19 le document.
39:21 Ces constats se font majoritairement
39:23 dans des établissements situés dans les grandes métropoles
39:25 ou leurs banlieues et plus souvent en
39:27 REP, donc dans les zones dites sensibles.
39:29 Mais vous voyez là, même le choix
39:31 du vocabulaire est révélateur.
39:33 Dans votre phrase, vous avez utilisé le vocabulaire
39:35 entre guillemets de ce sondage
39:37 et on nous parle de vêtements culturels
39:39 pouvant être utilisés dans le cadre d'une pratique
39:41 religieuse. Alors vous rentrez dans le détail,
39:43 en fait, ce sont des abayas et des
39:45 camis. Soyons clairs, je veux dire, des
39:47 vêtements culturels pouvant être...
39:49 Donc déjà, on est incapable de le faire.
39:51 Et qu'est-ce qu'on retrouve ? Le même phénomène.
39:53 Des vidéos sur les réseaux sociaux,
39:55 des vidéos qui finissent par devenir des défis
39:57 puisque ça devient un défi de se dire
39:59 "Est-ce que je vais réussir à tromper mon proviseur en mettant mon
40:01 abaya comme ci et comme ça ?" Vous vous souvenez,
40:03 ils expliquaient "si vous mettez une ceinture, il ne pourra rien vous dire",
40:05 etc. Un relativisme des
40:07 autorités, une extension du phénomène
40:09 par la force des choses, des accusations
40:11 contre ceux qui alertent,
40:13 un personnel livré à lui-même qui finit par avoir
40:15 peur de rapporter les chiffres
40:17 à sa hiérarchie, d'une part parce
40:19 qu'il y a un risque d'accusation
40:21 quand vous rapportez ces faits-là,
40:23 et d'autre part parce qu'il y a un problème
40:25 de réaction à chaque fois.
40:27 En réalité, nous sommes incapables, dans toutes
40:29 ces situations, d'avoir
40:31 une loi simple que nous sommes capables de faire
40:33 respecter, de se donner les moyens de faire respecter
40:35 simplement
40:37 une loi. Et on
40:39 constate jour après jour, avec n'importe
40:41 quel exemple, qu'une absence d'autorité,
40:43 ça entraîne une délinquance juvénile
40:45 omniprésente dans la société, dans le cinéma
40:47 et ailleurs. L'impuissance
40:49 entre la police et la justice entraîne
40:51 une montée en puissance de ces phénomènes,
40:53 et l'absence de volonté d'assimilation,
40:55 parce que c'était ça, évidemment, qu'il
40:57 fallait prévoir, de populations
40:59 entières, entraîne un multiculturalisme
41:01 de fait. Parce que dans les mœurs,
41:03 le fait de s'habiller, ça relève des mœurs.
41:05 Et les mœurs y sont imposées par le plus grand nombre.
41:07 Donc en effet, dans les REP, il ne faut pas s'étonner.
41:09 Quand vous faites venir des gens parmi vous
41:11 et que vous leur dites "surtout restez comme vous êtes",
41:13 on va faire un échange culturel, ça va être
41:15 un enrichissement, 40 ans plus tard, il ne faut pas
41:17 pleurer parce que les gens s'habillent
41:19 comme ils sont, en ayant l'impression
41:21 d'enrichir la culture du pays d'accueil.
41:23 C'était évidemment prévisible,
41:25 et d'ailleurs, beaucoup l'avaient prévu.
41:27 - Merci beaucoup pour ce regard.
41:29 Et c'est vrai que moralité,
41:31 puisque les bagarres n'ont rien
41:33 à voir avec le film lui-même,
41:35 ces bagarres peuvent se multiplier, peuvent se trouver
41:37 n'importe où, pour n'importe quel film, etc.
41:39 - Oui, bien sûr.
41:41 - Comme vous l'avez bien expliqué. Merci beaucoup.
41:43 Dans un instant, on parlera de la fraude sociale
41:45 à deux visages, le record, on fera un petit point
41:47 dans un instant.
41:49 Marc, maintenant, la création d'une Légion étrangère,
41:51 c'est l'anniversaire aujourd'hui, créée en 1831
41:53 par Louis-Philippe.
41:55 Comment ne pas évoquer cet anniversaire
41:57 de cette troupe d'élite, capable de tous les exploits
41:59 dans l'honneur
42:01 et la dignité,
42:03 alors que partout se multiplient
42:05 les troupes privées,
42:07 comme la Mélisse Wagner,
42:09 dont on parle assez régulièrement.
42:11 - L'honneur, code d'honneur.
42:13 Et oui, pour eux, c'est fondamental.
42:15 Il n'existe pas
42:17 sans cet honneur,
42:19 cette fidélité,
42:21 cette fraternité.
42:23 Chaque légionnaire
42:25 sera ton frère.
42:27 Jusqu'au bout,
42:29 tu veilleras à ce que jamais
42:31 il y ait un de tes morts,
42:33 un de tes blessés,
42:35 une de tes armes
42:37 qui soit oubliée.
42:39 C'est-à-dire, c'est l'engagement total.
42:41 On est dans l'abandon de soi
42:43 pour servir une cause suprême.
42:45 Je détonne un peu,
42:47 je n'ai pas l'impression d'être du même monde que vous.
42:49 Et ces gens-là,
42:51 pour la plupart, sont des étrangers
42:53 puisque seulement 10 à 13 %
42:55 des effectifs
42:57 sont des Français.
42:59 Et on entre dans la Légion
43:01 en n'ayant aucune obligation
43:03 de déclarer sa véritable identité.
43:05 C'est-à-dire que pour certains,
43:07 c'est la possibilité
43:09 de s'offrir enfin un avenir
43:11 et une dignité
43:13 et à tout jamais rester fidèle
43:15 à sa parole
43:17 et d'être un élément prosélite
43:19 de l'honneur.
43:21 Pourquoi ça naît en 1831 ?
43:23 - En 1831.
43:25 - En 1831, pardon.
43:27 J'étais déjà en train d'évoquer dans ma tête le reste.
43:29 Eh bien, tout simplement
43:31 parce que Louis-Philippe
43:33 vient d'hériter du pouvoir.
43:35 Il y a eu les Trois Glorieuses
43:37 et l'effondrement de Charles X.
43:39 Charles X qui avait décrété
43:41 la guerre en Algérie. Et on manque d'effectifs.
43:43 Alors il nous faut quoi ?
43:45 Il nous faut des gaillards capables
43:47 d'aller dans des conditions extrêmement pénibles,
43:49 faire en sorte
43:51 que ce qui est l'amorce
43:53 d'une conquête puisse
43:55 se solidifier.
43:57 Et on fait appel
43:59 à une sorte de tradition
44:01 qui nous vient très très très loin.
44:03 C'est-à-dire que longtemps,
44:05 c'était des mercenaires qui étaient engagés
44:07 ici ou là. Il faut attendre Charles VII
44:09 pour avoir une armée en tant que telle.
44:11 Sinon, ce sont les volontaires,
44:13 les Polacks, les Autrichiens,
44:15 les Prussiens, les Suisses,
44:17 les uns et les autres. Ils vont,
44:19 viennent et se vendent
44:21 à coup de guerre, si je puis dire.
44:23 Napoléon,
44:25 quand il a
44:27 envahi l'Europe
44:29 à chaque conquête, forcément vous avez
44:31 face à vous des combattants qui sont
44:33 encore valides. Et là, on leur donne
44:35 le choix. Ou vous êtes prisonnier,
44:37 ou vous nous ralliez. Et de nombreux
44:39 garçons
44:41 acceptent de passer au service
44:43 de l'Empereur. Et n'oubliez pas qu'à la fin,
44:45 il y a près de 40%
44:47 de l'effectif qui est étranger,
44:49 plus les Marie-Louise.
44:51 Et c'est ce qui conduira peut-être
44:53 à la fragilité de ces forces
44:55 de l'Empire. Mais l'honneur,
44:57 cette
44:59 capacité
45:01 dans la transcendance de faire
45:03 toujours attention à soi,
45:05 c'est parfaitement
45:07 illustré par ce qui reste
45:09 l'exploit
45:11 de l'errorisme
45:13 patriotique avec
45:15 Cameroun. On est en
45:17 1863.
45:19 Tout à l'heure, mon dérapage venait de là,
45:21 je pensais déjà. C'est fascinant
45:23 ce qui se passe. Ils ne sont
45:25 que 65.
45:27 Ils ont été mandatés pour
45:29 accompagner un trésor de guerre
45:31 qui doit profiter à l'Empereur
45:33 Maximilien, qui est soutenu
45:35 par la France et
45:37 Napoléon III. Ils sont là
45:39 dans des conditions extrêmement pénibles
45:41 avec leur mule, le cheval et le
45:43 capitaine d'Anjou.
45:45 Ah, le capitaine d'Anjou, l'un des plus brillants
45:47 à Saint-Cyr. D'Anjou,
45:49 dès les premières missions
45:51 qui lui ont été confiées il y a quelques
45:53 années, blessé.
45:55 Il a dit "je n'arrêterai jamais".
45:57 Il a un bras, un avant-bras
45:59 en bois, une main en bois,
46:01 dont il se sert avec une dextérité,
46:03 comme si c'était un véritable membre.
46:05 Et cet homme-là, rien ne l'arrête. Et derrière
46:07 lui, on se sent
46:09 plus fort que le destin.
46:11 Et soudain,
46:13 alors qu'on est épuisé, qu'on a besoin
46:15 d'un instant de repos,
46:17 on dit "il y a un petit ruisseau là-bas, allez,
46:19 il y a quelques gars qui vont aller chercher de l'eau
46:21 pendant ce temps-là, on fait un feu
46:23 et on se prend un petit café".
46:25 Dans la poussière
46:27 qui monte,
46:29 le capitaine d'Anjou
46:31 lève la norniette
46:33 et il aperçoit quoi ?
46:35 Des silhouettes, ce sont les Mexicains,
46:37 ils sont plus de 2000.
46:39 Et là, on forme un carré
46:41 et on laisse passer
46:43 ceux qui vous attaquent. Et on est
46:45 tellement fort dans les détonations que les autres
46:47 paniquent, ils se refluent. Et la lutte
46:49 va s'entamer dans la
46:51 sienda où on se réfugie et ça
46:53 durera de 9h du matin
46:55 jusqu'à 17h le soir. Ils sont
46:57 65, le capitaine d'Anjou,
46:59 il tombe à midi.
47:01 Ensuite, c'est le sous-lieutenant
47:03 vilain qui prend la place. "Les gars, on y va,
47:05 on compte les balles, on a soif,
47:07 on boit son urine, on est là,
47:09 il faut tenir, tenir".
47:11 Et les hantes qui vous encerclent et jamais,
47:13 jamais les copains qui tombent,
47:15 on n'abandonne pas
47:17 un légionnaire, on le met de côté.
47:19 Et à 17h30,
47:21 ils ne sont plus que 5
47:23 et il y a le caporal Berg
47:25 qui dit "Les gars, il nous
47:27 reste 5 balles, on les
47:29 arme et après, on charge
47:31 à la baïonnette".
47:33 Et les voilà qui tirent les 5
47:35 coups, 5 silhouettes
47:37 s'effondrent face à eux et hop,
47:39 ils chargent à la baïonnette.
47:41 Et miraculeusement, les tirs
47:43 s'arrêtent car les Mexicains leur
47:45 rendent hommage. On ne tire pas sur
47:47 ces hommes-là, ces hommes
47:49 qui sont des démons.
47:51 "Rendez-vous à une seule condition",
47:53 je l'ai dit dans le
47:55 code d'honneur, "On ne rend pas son arme,
47:57 on ne rendra pas nos armes",
47:59 dit le caporal
48:01 Berg. À des hommes comme vous,
48:03 on accorde tout
48:05 et on récupérera
48:07 la main du capitaine d'Anjou
48:09 qui aujourd'hui trône là-bas
48:11 dans le paradis de la Légion
48:13 et tous les hommes en lui remarquent.
48:15 - Merci. - L'honneur !
48:17 - L'anniversaire de la Légion étrangère
48:19 marquement dimanche
48:21 11h, les Grands Destins, Jeanne d'Arc.
48:23 - Jeanne d'Arc ! L'honneur !
48:25 - Le lien est vite fait.
48:27 - Avec vous.
48:29 - Dimanche 11h sur CNews.
48:31 Le Grand Destin de Jeanne d'Arc.
48:33 Alors on va faire un tour de table maintenant
48:35 sur la fraude sociale aux deux
48:37 visages parce qu'à la fois, on a
48:39 deux informations aujourd'hui et vous allez me dire un peu ce que ça vous évoque.
48:41 Une information sur l'assurance maladie
48:43 avec la fraude à l'assurance maladie,
48:45 un record de 315...
48:47 Alors c'est pas la bonne DNS, c'est pas grave.
48:49 Je prends la DNS qui est affichée.
48:51 Voilà, la fraude à l'assurance maladie.
48:53 315 millions d'euros en 2022
48:55 alertent son directeur général
48:57 et c'est un record.
48:59 Ça, c'est déjà
49:01 un premier visage
49:03 de la fraude à l'assurance maladie.
49:05 L'autre visage de la fraude sociale,
49:07 c'est la fraude aux allocations.
49:09 L'État, on en avait parlé
49:11 avec Gabriel Attal notamment,
49:13 l'État veut utiliser les compagnies aériennes
49:15 pour utiliser les tricheurs
49:17 des allocations qui vivent
49:19 à l'étranger.
49:21 J'ai envie d'avoir votre regard sur ces deux informations
49:23 puisque dès qu'on parle de fraude sociale,
49:25 ça peut choquer certains
49:27 et d'autres aiment bien
49:29 taire ce genre d'informations.
49:31 Guillaume Bigot.
49:33 Non, ça ne me choque pas. Je pense qu'il ne faut pas
49:35 abuser des aides sociales
49:37 et que tous les fraudeurs, riches ou pauvres,
49:39 la loi est la même pour tous, il n'y a aucun problème.
49:41 Simplement, quand on voit ces montants,
49:43 on est quand même frappé par une volonté
49:45 de faire diversion. L'évasion fiscale
49:47 est évaluée à 80 milliards par an.
49:49 Voilà, l'aide médicale...
49:51 Vous permettez, je vous arrête tout de suite.
49:53 Désir, désir.
49:55 Pourquoi systématiquement,
49:57 au lieu d'analyser la fraude sociale,
49:59 vous répondez par la fraude fiscale ?
50:01 C'est une question.
50:03 Alors, ma réponse, c'est que...
50:05 Parce que la réponse, elle est simple.
50:07 Il ne faut laisser passer aucune fraude.
50:09 Ce n'est pas la question.
50:11 Mais c'est ma réponse.
50:13 La question ce soir, ce n'est pas sur la fraude fiscale.
50:15 Mais il y a quelque chose qui me frappe, c'est la disproportion.
50:17 Vous êtes en train de dire qu'il ne faut pas s'adraquer
50:19 à la fraude sociale ?
50:21 Non, il faut surtout, à mon avis, quand on gouverne,
50:23 il faut servir à l'intérêt général.
50:25 Et l'intérêt général, c'est d'abord de remplir
50:27 les caisses de l'État, c'est vraiment de refaire le budget.
50:29 Donc quand vous avez une montagne, un Himalaya...
50:31 Il faut faire plus sur la fraude fiscale.
50:33 Dans l'intérêt des finances de l'État,
50:35 ce n'est pas là où il y a du gras à faire.
50:37 Ce n'est pas là où il y a de l'argent à rentrer dans le budget.
50:39 Enfin, il y a une exemplarité. On était dans l'honneur.
50:41 C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
50:43 on a cette fraude, on ne va pas défendre
50:45 les salopards qui sont...
50:47 Mais là, et alors, quand on détaille l'information,
50:51 il y a les petits filous qui traficotent
50:53 à leur petit niveau,
50:55 il y a ceux aussi, et c'est plus grave,
50:57 qui sont des professionnels.
50:59 On a multiplié ces dernières années
51:01 des centres de dentistes,
51:03 des centres d'ophtalmologie,
51:05 et on s'aperçoit que le pauvre Kidam...
51:07 - On en a parlé.
51:09 - Oui, c'est Dimitri qui avait fait...
51:11 Et les pauvres Kidam ne savent même pas
51:13 que lorsqu'on leur fait un dette à retrage,
51:15 en réalité, on déclare qu'on leur a mis une couronne.
51:19 Et les sommes flambent. C'est inadmissible.
51:23 - Mais surtout, avoir un État
51:25 qui distribue autant de prestations sociales,
51:27 il est normal qu'il y ait une autorité
51:29 pour les contrôler.
51:31 Je ne vois même pas où est le problème.
51:33 - Chaque fois qu'il y a une réforme,
51:35 comme celle des retraites,
51:37 le commun est mortel, il dit "d'accord,
51:39 on est prêts à faire quelque chose,
51:41 mais lutter contre la fraude,
51:43 et votre réforme sera plus légitime".
51:45 - En tout cas, beaucoup à dire sur ce sujet.
51:47 Je ne sais pas si elle est revenue à Guillaume Bigot.
51:49 (rires)
51:51 On aurait pu en parler plus longtemps.
51:53 - Vous allez finir par être suspectée, Christine.
51:55 - C'est vrai ? Je vous aime bien.
51:57 (rires)
51:59 - Dernier sujet, la librairie.
52:01 Les deux cités, Mathieu Bocoté à Nancy,
52:03 qui se présentent comme librairie enracinée,
52:05 a été attaquée ces derniers jours,
52:07 et même toute l'année dernière,
52:09 par des antifas dans l'indifférence générale.
52:11 Hier, avant-hier, dans la manifestation
52:13 contre la réforme des retraites pour célébrer...
52:15 Non, hier, pour la journée du 8 mars, pardon.
52:17 Un journaliste de Boulevard Voltaire
52:19 voyait, quant à lui, son micro brisé.
52:21 Et encore une fois, dans une indifférence
52:23 qu'il est difficile de ne pas trouver suspecte.
52:25 Violence, silence, indifférence.
52:27 - Ah, mais absolument, il faut le nommer.
52:29 Et pourquoi on parle de ça ?
52:31 Parce que personne d'autre n'en parle.
52:33 On parle d'une librairie à Nancy,
52:35 les deux cités,
52:37 librairie conservatrice pour l'essentiel,
52:39 donc, du point de vue de ses adversaires,
52:41 une librairie fasciste d'extrême droite,
52:43 comme d'habitude, en toutes circonstances.
52:45 Fondée en 2020, en octobre 2020.
52:47 Avant même d'être fondée, il y a des protestations
52:49 dans les journaux et les manifestations
52:51 qui ont empêché cette librairie de naître.
52:53 Donc, on ne tolère pas.
52:55 Et là, je précise que pendant les mois
52:57 qui vont suivre son ouverture,
52:59 il va y avoir des manifestations, des attaques,
53:01 une volonté de la neutraliser, de la condamner
53:03 à la ruine économique, avec des antifas
53:05 qui vont faire des tags et tout ça.
53:07 Et tout... Bon, à partir de, je précise,
53:09 jusqu'en juin...
53:11 Depuis juin 2022, c'était plutôt tranquille.
53:13 Il y avait un peu repris de l'oxygène.
53:15 Et là, depuis quelques jours,
53:17 c'est le retour des persécutions
53:19 par les antifas qui organisent
53:21 des manifestations, je le redis,
53:23 contre une librairie.
53:25 Une manifestation contre une librairie.
53:27 Je précise qu'à Paris, ça existe aussi
53:29 devant une librairie qui s'appelle
53:31 la Nouvelle Librairie, où quand on regarde
53:33 les vitrines, elles sont brisées.
53:35 Elles sont brisées parce que les antifas
53:37 ont attaqué. Librairie marquée à droite,
53:39 encore une fois. Mais qu'on m'explique.
53:41 Est-ce qu'il est légitime d'attaquer
53:43 les librairies dites marquées à droite
53:45 parce qu'apparemment, elles sortiraient
53:47 de leur site, parce qu'il y a aussi des espèces
53:49 de petites persécutions silencieuses avec ça,
53:51 leur site Internet, le fournisseur décide
53:53 apparemment de ne plus le soutenir.
53:55 Ils ne peuvent plus présenter un présentoir
53:57 devant la librairie. Apparemment, c'est un problème.
53:59 Mais tous les autres commerces le peuvent.
54:01 Quoi qu'il en soit, des antifas s'empruntent
54:03 une librairie à Nancy, dans l'indifférence
54:05 généralisée. Où sont les pouvoirs
54:07 publics? Où sont les autres
54:09 libraires? Où sont tous ceux qui auraient
54:11 d'une manière ou de l'autre une solidarité naturelle
54:13 envers une librairie, quelle que soit
54:15 l'orientation idéologique, si orientation
54:17 idéologique qu'il y a, on a donc cette idée
54:19 qu'il est légitime aujourd'hui de chercher
54:21 à faire taire une librairie qui soit, d'un passant,
54:23 a de tels soucis économiques à cause de tout cela
54:25 qu'elle est obligée de lancer un appel aux dons
54:27 pour se maintenir. Une attaque
54:29 contre une librairie en France, pays de la littérature
54:31 et de la culture, et là, le grand milieu culturel
54:33 ne se manifeste pas et les pouvoirs publics
54:35 sont discrets. Il y a de quoi être étonné.
54:37 - La ministre de la Culture a réagi?
54:39 - Pas pour l'instant. Je crois qu'elle veut
54:41 fermer les chaînes télé.
54:43 - Il y a de quoi être fasciné,
54:45 Mathieu Boqueté, par ce silence,
54:47 en effet, et vous vouliez aussi
54:49 parler de Boulevard Voltaire.
54:51 - Alors, Boulevard Voltaire,
54:53 Jordan Florentin, il s'appelle,
54:55 c'est le journaliste de Boulevard Voltaire,
54:57 qui se présente à la manifestation du 8 mars
54:59 et avec la question, parce qu'on en parlait hier,
55:01 d'ailleurs, on ne sait plus ce que c'est une femme exactement.
55:03 Donc, il demande aux féministes qui sont présentes,
55:05 on est aux féministes, en fait, qu'est-ce qu'une femme?
55:07 Là, les réponses sont assez drôles, sont contrastées.
55:09 Une dit, non, je ne parle pas des femmes comme sexe,
55:11 sexe, sexe social. L'autre dit, je ne sais pas ce que je suis,
55:13 mais bon, qu'importe. C'est plutôt drôle.
55:15 Et là, à un moment donné, quelqu'un arrive,
55:17 une militante d'extrême-gauche, manifestement,
55:19 et dit non, non, non, Boulevard Voltaire,
55:21 on ne parle pas à ça, on ne parle pas à ces gens-là,
55:23 c'est l'extrême-droite. Et qu'est-ce qu'elle fait?
55:25 Elle brise le micro. Elle brise le micro.
55:27 Et par ailleurs, le sac du journaliste
55:29 Jordan Florentin est fouillé.
55:31 Et là, donc là, je précise, un micro est brisé.
55:33 On empêche le journaliste de la liberté.
55:35 Alors, on nous dira que Boulevard Voltaire,
55:37 c'est un peu méchant, ils sont à l'extérieur du périmètre
55:39 de la pensée légitime. Moi, j'ai à ce que j'en cisse,
55:41 ce sont des journalistes. On peut aimer ou non l'orientation
55:43 de ce site, mais on s'en contrefiche qu'on aime ou non
55:45 l'orientation de ce site, c'est la liberté de presse
55:47 qui est en jeu. Or, qu'est-ce qu'on voit ici?
55:49 On casse le micro. Alors moi, j'attends
55:51 les manifestations de l'I.B.,
55:53 du Monde, de politistes,
55:55 de tous ces gens qui expliquent sans cesse que le fascisme
55:57 est à nos portes. Briser
55:59 le micro d'un journaliste, l'empêcher
56:01 de faire son travail sur le terrain,
56:03 l'empêcher de se présenter aux gens, fouiller son sac,
56:05 autrement dit, l'intimider
56:07 et le persécuter sur le monde militant.
56:09 Est-ce que c'est légitime, ça?
56:11 Nos amis, les défenseurs de la liberté. Donc, j'attends,
56:13 j'attends le communiqué de l'I.B., du Monde
56:15 et d'autres chaînes, pourquoi pas,
56:17 qui pourraient se porter à la défense de ce journaliste
56:19 de Boulevard Voltaire, qu'on veut
56:21 empêcher de faire son travail. Eh bien non.
56:23 La librairie, on peut la persécuter. Le journaliste,
56:25 on peut le faire taire et briser son micro. Parce qu'il
56:27 pense mal, on peut donc les faire taire.
56:29 - Bon, on va profiter pour souhaiter
56:31 un bon anniversaire à Gabriel
56:33 Cluzel, qui travaille à
56:35 Boulevard Voltaire. Merci à tous.
56:37 Merci à vous aussi.
56:39 Tout de suite, Mathieu
56:41 Devez, La Minute Info. Merci à tous.
56:43 (musique)
56:45 - Voici les images
56:47 des bras d'honneur d'Eric Dupond-Morici
56:49 à l'Assemblée Nationale. La vidéo montre
56:51 le ministre de la Justice répéter son geste
56:53 à trois reprises dans l'hémicycle
56:55 ce mardi. Des bras d'honneur en direction
56:57 d'Olivier Marlex, le président du groupe
56:59 Les Républicains avait évoqué la mise en examen
57:01 du ministre de la Justice pour prise
57:03 illégale d'intérêt.
57:05 Le Sénat a voté aujourd'hui une pension de retraite
57:07 améliorée pour certaines mères de famille.
57:09 Une surcote allant jusqu'à 5%
57:11 est prévue pour celles qui atteindront les
57:13 43 annuités avant l'âge légal de départ.
57:15 La raison, les trimestres
57:17 octroyés au titre de leur maternité
57:19 et de l'éducation des enfants.
57:21 Enfin, si vous prenez le métro demain à Paris,
57:23 vous devriez rencontrer moins de difficultés
57:25 que les jours précédents. La RATP
57:27 prévoit une nette amélioration du trafic
57:29 au quatrième jour d'une grève
57:31 reconductible contre la réforme des retraites.
57:33 Dans le détail, seule la ligne 13
57:35 connaîtra une exploitation limitée avec une
57:37 fermeture à 20 heures. Il n'y aura en revanche
57:39 qu'un train sur deux sur le RER B
57:41 aux heures de pointe et deux sur trois aux heures creuses.
57:43 de la Ville de Corcruz.
57:45 ...

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