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Michel Onfray, philosophe, est l'invité de Benjamin Duhamel dans "Le face à face" sur BFMTV, ce vendredi 3 mars.

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Transcription
00:00 Est-ce que ça vous choque ou est-ce que c'est normal que la littérature s'adapte à son temps ?
00:03 Mais c'est pas s'adapter à son temps.
00:04 C'est-à-dire qu'il s'appelle les droits d'auteur et à un moment donné,
00:06 quand vous écrivez quelque chose, personne n'a le droit de modifier votre texte en disant
00:10 "il a mis ce mot-là, j'en mets un autre".
00:11 Il y a un moment donné où il y a quelqu'un qui porte une perruque chez Roald Dahl
00:14 et on ajoute trois ou quatre lignes en disant...
00:16 Enfin c'est les ayants-droit en l'occurrence qui demandent.
00:17 Oui, les ayants-droit ils font ça. Pourquoi ?
00:20 Ils font ça parce que d'un seul coup...
00:21 Ils veulent continuer à se vendre.
00:49 Par exemple, dans les livres de Ian Fleeming, "Le père de James Bond",
00:51 on retire le mot "nègre".
00:53 Là, pour le coup, c'est assez logique. C'est un mot raciste.
00:55 On l'enlève, ça ne change pas fondamentalement le livre.
00:57 Ce n'est pas un mot raciste.
00:58 Pendant des années, on a parlé d'art nègre quand même.
01:01 Vous avez Svengor qui a parlé de la négritude.
01:04 Négritude.
01:05 Négritude.
01:06 Enfin quand même, il y a un moment donné.
01:07 Excusez-moi, ce n'est pas la même chose.
01:08 Non, mais ça procède de quoi ?
01:09 Césaire, "nègre", c'est un mot jugé raciste, attaché à l'histoire de l'esclavage.
01:14 C'est juste faux.
01:15 Donc on peut l'utiliser comme ça sans problème.
01:16 Mais quand on a parlé d'art nègre, si vous imaginez que Picasso, que Matisse et quelques autres étaient des racistes,
01:21 on rêve absolument.
01:23 Cette bataille sémantique est une bataille politique.
01:26 Moi, ça ne m'intéresse pas trop de savoir s'il faut dire "tête de nègre" par exemple,
01:29 ou je ne sais plus comment on appelle ce gâteau.
01:31 Mais je dis simplement ce que vous pensez vraiment que l'essentiel est là.
01:35 Je pense que le racisme, il existe.
01:36 Et que quand on braque la lumière sur ce genre de problème sémantique,
01:41 la réalité du racisme continue.
01:43 Et que c'est ça qu'on oublie.
01:44 C'est exactement la même chose avec...
01:46 Vous avez parlé de "grosse", je ne sais plus ce qu'on a mis en bon point à la place,
01:49 ou quelque chose comme ça.
01:50 Mais enfin, tout le monde aura compris que si on ne veut pas "grosse" parce qu'il y a "grossophobes"
01:53 et qu'on souffre d'en bon point, on dit très exactement la même chose.

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