• l’année dernière
La Première ministre Élisabeth Borne, aussi ancienne Ministre de la Transition écologique et solidaire de 2019 à 2020, est auditionnée à l'Assemblée nationale par la commission d'enquête LR chargée de faire la lumière sur « les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France. Elle détaille les priorités de la France et du gouvernement sur le mix énergétique et la relance du nucléaire en France. La commission a auditionné de nombreuses personnalités politiques, dont Ségolène Royal, Lionel Jospin ou encore Manuel Valls, anciens ministres du quinquennat de François Hollande, qui a décidé de fermer la centrale de Fessenheim. Retrouvez cette séance en intégralité sur LCP-Assemblée-nationale.

Les auditions de l'Assemblée nationale permettent notamment l'information et le contrôle de l'action du Gouvernement par les députés et elles peuvent aussi avoir pour objet de préparer un projet de loi.
Elles consistent à entendre une personne devant une commission afin d'avoir un éclairage, un point de vue sur un sujet précis. Ces personnes auditionnées peuvent être des membres du Gouvernement, des commissaires européens, des chercheurs, des représentants des milieux socioprofessionnels...

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Transcription
00:00:00 -Bien. Bonjour à toutes et à tous.
00:00:02 Mesdames et messieurs, chers collègues.
00:00:05 Nous reprenons aujourd'hui les travaux
00:00:07 de notre commission d'enquête visant à établir
00:00:09 les raisons de la perte de souveraineté
00:00:11 et d'indépendance énergistique de la France.
00:00:13 Et nous avons l'honneur d'accueillir
00:00:15 madame la Première ministre, Elisabeth Borne.
00:00:18 Madame la Première ministre, nous vous remercions d'abord
00:00:20 d'avoir accepté notre invitation dans un contexte
00:00:23 où l'énergie figure à votre agenda
00:00:25 en même temps que d'autres dossiers
00:00:27 particulièrement importants pour les ménages, les entreprises,
00:00:31 la nation.
00:00:33 Le 16 novembre dernier,
00:00:34 alors que notre commission d'enquête
00:00:36 commençait ses travaux,
00:00:38 vous avez renoué avec une tradition qui était tombée,
00:00:41 semble-t-il, en désuétude dans son format initial
00:00:44 depuis une quinzaine d'années,
00:00:46 celle des déclarations du gouvernement
00:00:48 dédiées aux questions énergétiques.
00:00:51 La situation s'y prêtait,
00:00:53 mais vous avez eu le mérite d'en informer le Parlement
00:00:55 et de défendre auprès des députés,
00:00:58 en votre qualité de chef du gouvernement,
00:01:00 la politique de l'exécutif.
00:01:03 Cette déclaration a permis d'ouvrir de nouvelles perspectives
00:01:06 telles qu'elles avaient été définies
00:01:07 par le président de la République à Belfort en février 2022
00:01:12 et sur lesquelles le Parlement aura prochainement
00:01:15 l'occasion de se prononcer.
00:01:18 Notre commission d'enquête a pour sa part
00:01:20 pour objet de dresser un constat
00:01:22 et de tenter d'expliquer les raisons de la situation
00:01:25 dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui.
00:01:27 Elle a ainsi procédé à diverses auditions visant à éclairer
00:01:31 sur les politiques énergétiques mises en oeuvre
00:01:33 depuis plusieurs années
00:01:35 et sur les conditions dans lesquelles
00:01:36 ces orientations ont été définies.
00:01:40 A ce titre, notre commission d'enquête a procédé
00:01:42 à l'audition d'anciens premiers ministres et ministres,
00:01:46 mais aussi de dirigeants ou responsables
00:01:48 qui se sont succédés à la tête d'entreprises,
00:01:50 d'organismes scientifiques ou d'administrations,
00:01:53 sans prétendre à mener des travaux totalement exhaustifs,
00:01:57 le champ d'investigation étant particulièrement large.
00:02:01 Il nous a paru utile de vous entendre,
00:02:03 madame la Première ministre,
00:02:05 en raison de différentes fonctions
00:02:08 qu'il vous est arrivé d'exercer,
00:02:11 celle de directrice de cabinet
00:02:13 d'une ministre de l'Ecologie en charge de l'énergie,
00:02:16 celle ensuite des fonctions ministérielles
00:02:18 que vous avez vous-même exercées
00:02:21 lors du quinquennat précédent
00:02:22 en qualité de ministre des Transports,
00:02:24 puis de ministre de la Transition écologique et solidaire.
00:02:28 Je me limiterai donc dans ce propos introductif
00:02:30 à relever quelques moments marquants
00:02:32 de cette dernière période,
00:02:34 la loi énergie-climat, la remise du rapport FOLS,
00:02:38 le projet Hercule de restructuration d'EDF,
00:02:41 la publication par RTE
00:02:43 du schéma décennal de développement du réseau,
00:02:46 le confinement lié à la crise sanitaire.
00:02:50 Je vais donc vous laisser la parole
00:02:52 pour un propos introductif,
00:02:55 mais avant cela, et en application de l'article 6
00:02:57 de l'ordonnance du 17 novembre 1958
00:03:00 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires,
00:03:03 il me revient de vous demander de bien vouloir prêter
00:03:05 serment de dire la vérité, toute la vérité,
00:03:08 et rien que la vérité,
00:03:10 en conséquence de quoi, madame la Première ministre,
00:03:12 je vous prie de bien vouloir lever la main droite
00:03:13 et dire "je le jure".
00:03:16 Merci beaucoup. Eh bien, je vous laisse la parole.
00:03:19 -Merci, M. le président, M. le rapporteur,
00:03:22 mesdames et messieurs les députés.
00:03:24 Avant de répondre à vos questions,
00:03:26 je souhaitais dire quelques mots sur les grands enjeux
00:03:28 de notre politique énergétique.
00:03:31 Vous le savez, le président de la République
00:03:34 l'a affirmé à plusieurs reprises
00:03:36 et notamment dans son discours de Belfort,
00:03:38 et comme vous l'avez rappelé,
00:03:40 j'ai eu l'occasion d'en débattre au Parlement,
00:03:42 l'objectif de notre majorité
00:03:44 est de conquérir notre souveraineté énergétique.
00:03:49 Et je dis bien "conquérir",
00:03:51 car comme vous l'ont dit tous les spécialistes de l'énergie
00:03:54 qui se sont exprimés devant vous,
00:03:56 la France contemporaine n'a jamais été souveraine
00:03:59 en matière énergétique.
00:04:01 Notre 1re dépendance et assurément la plus importante,
00:04:05 ce sont les énergies fossiles.
00:04:07 Depuis le choc pétrolier dans les années 70,
00:04:11 chaque crise des énergies fossiles
00:04:13 a eu de forts impacts économiques et sociaux
00:04:16 pour nos compatriotes,
00:04:18 qu'il s'agisse du chômage ou de l'inflation.
00:04:21 En outre, les énergies fossiles
00:04:23 sont particulièrement émettrices de gaz à effet de serre
00:04:27 et participent activement au dérèglement climatique.
00:04:31 Enfin, le président de la République
00:04:34 l'avait dit lors de son discours de Belfort,
00:04:37 avant même le début de la guerre en Ukraine,
00:04:39 et les conséquences de l'agression russe
00:04:41 nous l'ont montré une fois de plus,
00:04:44 les énergies fossiles nous rendent tributaires
00:04:47 des équilibres géopolitiques
00:04:49 et des décisions de certaines nations.
00:04:51 Elles sont le 1er frein à notre souveraineté.
00:04:55 Aussi, nous nous sommes fixés un objectif ambitieux,
00:04:59 d'être la 1re grande nation industrielle
00:05:01 à sortir des énergies fossiles.
00:05:04 Pour y parvenir, le président de la République
00:05:07 a fixé une feuille de route autour de 3 piliers,
00:05:10 la sobriété, le développement du nucléaire
00:05:13 et le développement des énergies renouvelables.
00:05:17 La sobriété, c'est le 1er axe majeur de notre action.
00:05:21 Et je veux le dire clairement, la sobriété,
00:05:23 ce n'est pas la décroissance
00:05:25 qui mettrait à mal notre modèle social.
00:05:27 C'est choisir de consommer moins,
00:05:30 non pas le temps d'un hiver, mais sur le long terme.
00:05:33 C'est allier des gestes du quotidien
00:05:35 et des actions beaucoup plus structurelles
00:05:37 pour faire baisser nos consommations.
00:05:39 Je pense notamment à la rénovation des bâtiments
00:05:42 ou aux mobilités décarbonées.
00:05:45 Nous avons présenté notre plan en la matière au mois d'octobre
00:05:47 pour réduire notre consommation énergétique de 10 % en 2 ans
00:05:51 grâce à la mobilisation de tous,
00:05:54 Etats, collectivités, entreprises et citoyens.
00:05:58 Et je note avec satisfaction
00:06:00 que nos 1ers efforts portent leurs fruits,
00:06:02 puisque la consommation de gaz a diminué de plus de 15 %
00:06:06 depuis le 1er août 2022 par rapport à l'année précédente.
00:06:10 C'est ce qui nous a permis de passer l'hiver sans problème,
00:06:14 mais c'est aussi ce qui nous a permis d'atteindre en 2022
00:06:18 notre objectif de baisse des émissions de gaz à effet de serre.
00:06:21 Ces efforts doivent durer
00:06:23 pour que l'on parvienne à baisser notre consommation énergétique
00:06:27 de 40 % d'ici 2050.
00:06:30 La sobriété, c'est la manière la plus sûre
00:06:33 de protéger notre planète, notre pays et nos concitoyens.
00:06:38 Le 2e pilier de notre action,
00:06:40 c'est le développement du nucléaire.
00:06:42 Alors, beaucoup de choses ont été dites,
00:06:44 écrites et répétées,
00:06:46 mais je sais que cette Commission cherche à établir des faits
00:06:50 et à proposer, et en aucun cas à alimenter des polémiques.
00:06:55 La stratégie nucléaire se pilote sur le long terme.
00:06:59 Elle dépend de choix réalisés décennie après décennie
00:07:03 par les responsables politiques
00:07:05 et les majorités qui se sont succédées.
00:07:08 Et je crois que nous pouvons être fiers collectivement
00:07:11 d'être le seul pays d'Europe à avoir tenu le cap du nucléaire.
00:07:15 Après Fukushima,
00:07:16 beaucoup de pays ont tourné le dos au nucléaire
00:07:19 avec des conséquences majeures
00:07:20 sur leur production et leur dépendance.
00:07:23 Quand l'Allemagne est passée de 33 réacteurs
00:07:26 à 3 réacteurs en état de fonctionnement
00:07:29 et bientôt plus aucun,
00:07:30 nous avons maintenu notre parc,
00:07:33 nous avons conservé une très forte puissance de production
00:07:36 avec 55 réacteurs
00:07:38 dans l'attente du démarrage de Flamanville.
00:07:41 La question qui se pose,
00:07:43 c'est celle de la disponibilité de notre parc,
00:07:46 qui reste aujourd'hui mauvaise
00:07:48 et qui nous prive d'une part de notre puissance de production.
00:07:53 Plusieurs raisons l'expliquent.
00:07:55 D'abord, les conséquences d'un sous-investissement
00:07:57 dans le nucléaire dans la décennie 2000-2010.
00:08:02 Ce sous-investissement a provoqué
00:08:04 un certain nombre de problèmes d'entretien sur nos réacteurs
00:08:07 qui ont contribué au vieillissement.
00:08:10 Ensuite, nous sommes confrontés
00:08:13 à un double retard sur les maintenances.
00:08:16 D'une part, les maintenances que nous réalisons
00:08:18 pour prolonger la durée de vie des réacteurs
00:08:20 au-delà de 40 ans initialement autorisées
00:08:24 et pour intégrer les mesures de renforcement
00:08:26 de sécurité post-Fukushima
00:08:28 sont plus longues qu'anticipées.
00:08:31 D'autre part, le calendrier des maintenances
00:08:34 a été fortement impacté par le Covid.
00:08:37 Enfin, le dernier facteur qui explique
00:08:39 la faible disponibilité de notre parc,
00:08:42 c'est un défaut systémique dit de corrosion sous contrainte
00:08:46 identifié début 2022,
00:08:48 que nous devions absolument corriger.
00:08:51 L'ensemble de ces facteurs a conduit
00:08:53 à une faible disponibilité de notre parc.
00:08:56 La forte mobilisation des équipes d'EDF
00:08:59 a permis de remonter la production
00:09:01 à 45 gigawatts au plus fort de l'hiver,
00:09:04 nous prémunissant ainsi
00:09:06 d'un risque de défaillance électrique.
00:09:09 Plus généralement, nous oeuvrons pour moderniser notre parc.
00:09:13 Le 1er défi concerne les réacteurs existants.
00:09:17 Nous avons engagé les études nécessaires
00:09:19 pour les prolonger au-delà de 50 ans.
00:09:22 Ensuite, nous avons engagé,
00:09:24 à la demande du président de la République,
00:09:26 un vaste programme de développement de nouveaux réacteurs,
00:09:30 la construction de 6 EPR, de 6 EPR2, est prévue,
00:09:35 dont le 1er sera mis en service à horizon 2035.
00:09:39 En parallèle, nous étudions la possibilité
00:09:41 de construire 8 réacteurs supplémentaires.
00:09:44 Le projet de loi sur le nucléaire, actuellement en discussion,
00:09:49 permettra de faciliter et d'aller plus rapidement
00:09:51 dans le développement de ces programmes.
00:09:54 Enfin, nous misons sur l'innovation.
00:09:57 Avec France 2030, nous avons ainsi investi...
00:09:59 Nous allons investir 1 milliard d'euros
00:10:01 pour le nucléaire du futur,
00:10:03 notamment les SMR, les petits réacteurs modulaires.
00:10:06 Nous souhaitons en disposer dans moins de 10 ans.
00:10:10 Le 3e pilier de notre action,
00:10:12 c'est le développement des énergies renouvelables.
00:10:15 La souveraineté énergétique,
00:10:17 c'est aussi ne pas dépendre d'une source unique d'énergie.
00:10:21 C'est pourquoi il serait trop risqué
00:10:23 de se reposer uniquement sur l'énergie nucléaire.
00:10:27 Je le dis d'autant plus que le nucléaire
00:10:30 ne peut répondre à lui seul,
00:10:32 à la hausse rapide de nos besoins en électricité
00:10:34 dans les prochaines années,
00:10:36 quand il faut au moins 15 ans pour mettre en service un réacteur.
00:10:40 A contrario, un mix 100% renouvelable
00:10:43 n'est pas envisageable,
00:10:44 car il serait particulièrement coûteux
00:10:46 et sa faisabilité technique n'est pas aujourd'hui avérée.
00:10:50 De notre côté, nous faisons le choix résolu du pragmatisme
00:10:55 et donc d'un mix énergétique équilibré.
00:10:59 Un mix diversifié, c'est un atout et une protection.
00:11:04 C'est pour cela que nous voulons avancer
00:11:05 sur 2 jambes, renouvelable et nucléaire.
00:11:09 Et cette stratégie implique de développer massivement
00:11:11 nos capacités de production d'énergie renouvelable.
00:11:15 C'est un choix écologique, car décarboné.
00:11:18 C'est un choix qui fait sens économiquement
00:11:21 au vu de la baisse des coûts des technologies renouvelables.
00:11:25 C'est aussi, et c'est l'objet de votre commission,
00:11:27 un choix de souveraineté.
00:11:29 Des filières renouvelables en France,
00:11:31 c'est autant d'énergie que nous n'importons pas.
00:11:33 C'est la construction et le développement
00:11:35 de filières industrielles qui créent des emplois qualifiés
00:11:39 et démontrent un réel savoir-faire.
00:11:41 Je pense par exemple au parc éolien Omer.
00:11:44 Notre objectif est d'en construire 50 d'ici 2050.
00:11:49 Je pense à l'hydroélectricité.
00:11:52 Nous voulons notamment trouver un nouveau cadre législatif
00:11:55 qui permettra de relancer rapidement
00:11:57 les investissements dans les barrages.
00:12:00 Je pense aussi au solaire.
00:12:02 Je souhaite que nous puissions réinvestir
00:12:04 pour installer en France et en Europe
00:12:06 la production et l'assemblage de panneaux
00:12:09 et développer une nouvelle génération de panneaux solaires.
00:12:12 Nous voulons multiplier par 10 la production d'énergie solaire
00:12:15 dans notre pays d'ici 2050.
00:12:18 Par ces mesures, nous voulons doubler nos capacités
00:12:21 de production d'électricité d'origine renouvelable d'ici 2030.
00:12:25 Des obstacles subsistaient
00:12:27 pour accélérer l'augmentation de nos capacités.
00:12:30 La loi sur l'accélération du développement
00:12:32 des énergies renouvelables que vous avez récemment adoptée
00:12:36 a permis d'enlever un certain nombre.
00:12:38 Enfin, assurer la souveraineté énergétique de la France
00:12:42 à long terme, c'est aussi se positionner
00:12:45 sur les vecteurs d'énergie d'avenir les plus prometteurs.
00:12:48 Pour faire de la France le leader de l'hydrogène décarboné,
00:12:52 nous investissons massivement, 9 milliards d'euros,
00:12:55 notamment grâce à France 2030.
00:12:57 Nous accompagnons également l'émergence
00:13:00 et la montée en puissance d'autres filières,
00:13:03 en particulier la géothermie, la biomasse,
00:13:06 les biocarburants et le biogaz.
00:13:08 Mesdames et messieurs les députés,
00:13:12 en particulier dans le domaine énergétique,
00:13:14 la souveraineté ne s'improvise pas.
00:13:17 Elle se gagne pas à pas.
00:13:19 C'est le sens de la politique de mon gouvernement
00:13:21 que je viens de vous exposer.
00:13:23 C'est aussi le sens de notre action au niveau européen,
00:13:26 car nous l'avons vu ces derniers mois,
00:13:28 nous sommes plus forts à cette échelle.
00:13:31 La solidarité européenne a joué pour permettre à chaque pays
00:13:34 de continuer à s'approvisionner dans les meilleures conditions
00:13:37 et pour peser face au marché.
00:13:40 L'action européenne, c'est la manière la plus sûre
00:13:43 et la plus efficace de sortir du gaz et du charbon,
00:13:47 de réduire notre empreinte carbone ensemble en européen.
00:13:51 Une stratégie nationale claire et une action européenne ambitieuse,
00:13:55 c'est la méthode de mon gouvernement
00:13:57 pour gagner enfin notre souveraineté énergétique.
00:14:00 Je vous remercie.
00:14:01 -Merci beaucoup, madame la Première ministre.
00:14:07 Vous l'avez dit, la politique énergétique
00:14:09 est une action du temps long.
00:14:11 Et vous me permettrez donc de commencer
00:14:13 par un certain nombre de questions
00:14:14 qui concernent peut-être vos fonctions passées
00:14:17 avant de venir au temps présent,
00:14:20 puisque c'est vrai que des travaux
00:14:22 de notre commission d'enquête cherchent aussi à contextualiser
00:14:25 la façon dont nous prenons et nous avons pris
00:14:28 par le passé les décisions énergétiques.
00:14:32 Nous avons, en ce sens, reçu hier Arnaud Montebourg,
00:14:36 ancien ministre du redressement productif,
00:14:38 et il y a quelques semaines, Ségolène Royal,
00:14:41 ancienne ministre de l'Ecologie chargée de l'énergie,
00:14:44 dont vous avez été la directrice de cabinet,
00:14:47 à une époque où l'introduction dans la loi
00:14:51 du plafonnement de la capacité de production nucléaire
00:14:55 a été actée,
00:14:57 et où la programmation pluriannuelle de l'énergie
00:15:01 a fixé pour la 1re fois à 50 % la part du nucléaire
00:15:04 dans le mix électrique français comme horizon à atteindre.
00:15:08 Vous aviez, à l'époque, en tant que directrice de cabinet,
00:15:14 produit une liste de 24 réacteurs à fermer
00:15:17 dans la décennie qui suivait cette prise de décision.
00:15:21 Est-ce que vous pouvez nous en détailler
00:15:23 les modalités d'élaboration
00:15:25 et les ambitions initiales de cette liste ?
00:15:29 -Je ne sais pas qui vous a dit que j'avais produit une liste
00:15:32 de 24 réacteurs à fermer.
00:15:36 Moi, je note que dans le programme,
00:15:39 dans l'accord entre le PS et les VER,
00:15:43 de 2012,
00:15:45 il y avait en effet une liste de 24 réacteurs à fermer.
00:15:49 C'est un accord politique
00:15:51 et qui n'a rien à voir avec mes fonctions
00:15:53 de directrice de cabinet.
00:15:55 Évidemment, à l'époque,
00:15:57 on était dans un cadre
00:16:01 qui était celui du mandat de François Hollande,
00:16:04 qui n'avait pas repris l'objectif de fermer 24 réacteurs
00:16:08 contenus dans l'accord VER-PS,
00:16:11 à l'époque avec Martine Aubry comme 1er secrétaire,
00:16:14 mais qui avait gardé un objectif de 50 % du nucléaire
00:16:18 dans la production d'électricité en 2025.
00:16:21 Donc, qu'il y ait eu des listes qui circulaient à l'époque
00:16:24 dans la suite de l'accord VER-PS de 2012,
00:16:27 c'est tout à fait possible.
00:16:30 Ce dont on a débattu
00:16:33 dans le cadre de la loi de transition énergétique,
00:16:37 c'était de la façon dont on pouvait,
00:16:41 on va dire juridiquement, y compris juridiquement,
00:16:44 prolonger les réacteurs au-delà de 40 ans.
00:16:47 Parce que je rappelle que,
00:16:48 quand ces réacteurs ont été conçus,
00:16:51 ils étaient imaginés sur une durée de vie de 40 ans,
00:16:55 avec y compris des débats juridiques
00:16:57 sur le fait que les enquêtes publiques
00:17:00 qui avaient été menées
00:17:01 au moment de la réalisation des centrales nucléaires
00:17:03 annonçaient une durée d'exploitation de 40 ans.
00:17:07 Et certains, notamment les écologistes
00:17:09 qui faisaient partie de l'accord de gouvernement
00:17:12 dans ce quinquennat-là,
00:17:15 prônaient un arrêt administratif des centrales nucléaires
00:17:20 au terme de ces 40 ans,
00:17:21 ce à quoi je me suis opposé et qui n'a pas été retenu.
00:17:25 Et par ailleurs, donc, du coup, se posaient les questions
00:17:28 de la façon de prolonger au-delà de 40 ans,
00:17:31 évidemment en termes de sûreté nucléaire.
00:17:34 Et donc, c'est toutes les études qui ont dû être menées
00:17:37 sur les conditions de prolongation
00:17:39 après la 4e visite des Sénales,
00:17:41 mais y compris aussi au plan juridique.
00:17:44 Et dans mon souvenir, je crois qu'on a retenu l'idée
00:17:47 d'avoir simplement un débat public ou une consultation publique
00:17:50 sur le principe de la prolongation
00:17:52 et non pas de redonner, d'exiger
00:17:55 une nouvelle autorisation administrative.
00:17:57 Et donc, à l'époque, étaient aussi en débat
00:18:01 les modalités du plafonnement du nucléaire,
00:18:04 puisque le président François Hollande avait retenu
00:18:07 cet objectif, je le disais, de 50 %,
00:18:10 mais n'avait pas ciblé Fessenheim.
00:18:12 Et donc, du coup, la question de quelle centrale
00:18:15 a été amenée à s'arrêter à quelle échéance
00:18:17 a été en débat à cette époque. Voilà.
00:18:20 -Fessenheim n'était pas ciblé.
00:18:26 Pour autant, vous aviez, au sein de vos équipes,
00:18:28 du coup, au ministère, un délégué interministériel
00:18:31 chargé de la fermeture de Fessenheim.
00:18:34 Comment, du coup, avez-vous construit au ministère,
00:18:38 à l'époque, je vous ramène en...
00:18:40 Je me permets de vous ramener en 2014-2015,
00:18:44 le choix de Fessenheim,
00:18:46 puisque c'est un choix politique et administratif,
00:18:49 avec la création d'un poste de délégué interministériel.
00:18:53 -Ce choix a été un choix politique, comme vous l'avez dit,
00:19:00 avec, dans mon souvenir,
00:19:02 une question qui avait été posée à EDF
00:19:05 de savoir s'il pouvait proposer...
00:19:10 Je rappelle que le sujet, c'était celui du plafonnement,
00:19:12 à une époque où on imaginait le démarrage de Flamanville
00:19:15 beaucoup plus tôt.
00:19:16 Et pendant longtemps, l'idée a été
00:19:19 que la puissance équivalente
00:19:24 devait être arrêtée au moment du démarrage de Flamanville.
00:19:29 Dans mon souvenir, EDF a été questionné
00:19:32 pour savoir s'il y avait un meilleur choix
00:19:34 que celui de Fessenheim,
00:19:36 et je pense qu'EDF n'a jamais voulu proposer d'autres choix
00:19:40 que celui de Fessenheim.
00:19:41 Fessenheim, je rappelle que c'était la 1re centrale
00:19:45 tête de série, si je peux dire,
00:19:47 la 1re à avoir été construite,
00:19:50 et avec des caractéristiques très particulières,
00:19:53 qui, du coup, y compris au moment
00:19:55 où on a été amené à arrêter réellement Fessenheim,
00:20:00 avait rendu le processus irréversible,
00:20:03 ne serait-ce que parce que le combustible
00:20:05 utilisé par Fessenheim était très particulier,
00:20:08 donc n'ayant pas été prévu,
00:20:10 il n'y avait pas de possibilité de prolonger Fessenheim.
00:20:13 Mais voilà, le choix politique de l'époque
00:20:17 était fondé sur des sujets
00:20:19 qui ne relevaient pas de ma fonction
00:20:20 de directrice de cabinet à l'époque,
00:20:24 sans doute en lien avec le fait
00:20:25 que c'était la 1re centrale nucléaire construite,
00:20:29 et des sujets sur des éventuels risques sismiques et autres.
00:20:33 -Merci beaucoup.
00:20:37 Alors, je reste encore dans cette période
00:20:39 pour une dernière question.
00:20:41 On a ces 10 dernières années, en France,
00:20:46 fermé 12 gigawatts de capacité
00:20:49 de production électrique pilotable.
00:20:54 Ce sont des choix qui se construisent
00:20:55 notamment sur la base de scénarios
00:20:58 de baisse de consommation électrique
00:21:00 alors produit par RTE.
00:21:03 Comment, au sein du ministère de l'Environnement,
00:21:05 chargé de l'énergie,
00:21:07 est-ce que vous recevez des scénarios de RTE
00:21:12 qui prévoient des baisses substantielles
00:21:16 de besoins électriques dans les années à venir en France ?
00:21:21 -Alors, je vous confirme qu'en 2014,
00:21:24 les informations qui étaient à ma disposition,
00:21:27 c'étaient donc les bilans prévisionnels de RTE
00:21:30 qui prévoyaient, enfin, qui indiquaient 2 choses.
00:21:35 A la fois le fait que la problématique de l'aplointe
00:21:38 était, vu de l'époque, résorbée
00:21:41 et que nous avions des marges,
00:21:43 et qui, par ailleurs, faisait le constat
00:21:45 que le solde exportateur de la France était important,
00:21:49 plus de 40 TWh.
00:21:51 Et par ailleurs,
00:21:53 dans les bilans prévisionnels d'RTE de l'époque,
00:21:57 en lien sans doute avec les hypothèses de réduction,
00:21:59 enfin, de maîtrise de l'énergie,
00:22:02 de réduction des consommations énergétiques,
00:22:05 les bilans prévisionnels prévoyaient une évolution
00:22:08 de la consommation d'électricité stable ou en baisse.
00:22:13 Et du coup, effectivement,
00:22:17 on voit bien qu'on a depuis complètement réévalué
00:22:19 ces scénarios, en lien notamment
00:22:21 avec l'électrification des usages,
00:22:23 mais à l'époque, il n'y avait aucune alerte
00:22:27 sur un quelconque risque
00:22:29 sur la sécurité d'approvisionnement.
00:22:32 -En fait, ce que je ne comprends pas bien...
00:22:35 En quelque sorte, je peux assez bien comprendre
00:22:37 la lecture que peut avoir RTE en 2014,
00:22:41 qui est alimentée par une situation économique,
00:22:44 notamment autour des années 2010, post-crise financière,
00:22:49 qui voit un certain nombre d'effets des politiques
00:22:52 en matière d'économie d'énergie se produire
00:22:54 sur l'effet de la consommation.
00:22:56 Donc je peux comprendre une analyse technique d'RTE
00:22:59 qui pourrait tendre à la baisse.
00:23:01 Ce que je comprends moins bien, c'est la façon
00:23:02 dont le ministère peut recevoir ces analyses techniques,
00:23:06 puisque le ministère devrait avoir une vision
00:23:08 peut-être plus macro sur les éventuels transferts d'usages,
00:23:11 sur les évolutions de société.
00:23:13 Aujourd'hui, la question du transfert d'usage
00:23:15 vers l'électricité est omniprésente
00:23:17 dans le débat public.
00:23:19 J'ai beaucoup de mal à imaginer qu'au niveau ministériel,
00:23:22 autour de 2015, on ne pense pas à ces transferts d'usages.
00:23:26 -Ecoutez, on peut regretter
00:23:30 le manque de capacité prospective des administrations.
00:23:36 Je pense qu'on était aussi
00:23:38 peu avant l'accord de Paris
00:23:42 et que sans doute, on ne se donnait pas les mêmes ambitions
00:23:45 de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.
00:23:47 Et du reste, dans la loi de transition énergétique,
00:23:50 il n'est pas du tout question de neutrabilité carbone.
00:23:54 On était à l'époque sur le facteur 4.
00:23:56 Donc je pense qu'on avait sans doute pas les mêmes objectifs
00:23:59 de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre,
00:24:01 du coup pas les mêmes ambitions d'électrification.
00:24:05 Et la DGEC, dont c'est la responsabilité,
00:24:09 n'a jamais contesté ou émis les moindres doutes
00:24:14 sur les scénarios de RTE.
00:24:16 Ca rend modeste sur les prévisions.
00:24:20 -Alors, en parlant de ça,
00:24:27 j'en viens, du coup, aux fonctions que vous avez exercées ensuite,
00:24:31 notamment en 2020.
00:24:33 Et si, en tant que directrice de cabinet de Ségolène-Royal,
00:24:38 vous avez lancé le processus de fermeture de Fessenheim,
00:24:41 vous en avez en quelque sorte assuré la boucle
00:24:44 en tant que ministre de l'Ecologie en février et en juin 2020,
00:24:49 et vous avez, à cette occasion, affirmé
00:24:52 qu'on pouvait se réjouir de l'arrêt de ces 2 réacteurs
00:24:57 et qu'il marquait ainsi le 1er pas vers l'objectif
00:25:01 à atteindre de réduction à 50 %
00:25:03 de la part du nucléaire dans le mix électrique.
00:25:07 Est-ce que vous considérez que cet objectif
00:25:09 doit aujourd'hui toujours encore être poursuivi ?
00:25:11 -Alors, comme vous l'avez noté,
00:25:14 on ne raisonne plus de la même façon,
00:25:17 puisqu'on a maintenant une vision beaucoup plus ambitieuse
00:25:21 sur la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre
00:25:25 et donc sur les besoins de production en électricité.
00:25:31 Et du coup, tout le sujet qui est devant nous,
00:25:35 c'est quel est le meilleur chemin
00:25:38 pour répondre à nos besoins d'approvisionnement
00:25:40 en électricité.
00:25:43 C'est ce qui a conduit le président de la République
00:25:45 à annoncer le lancement des 6 nouveaux EPR.
00:25:49 C'est ce qui nous conduit à, aujourd'hui,
00:25:53 demander l'étude, notamment à l'ASN,
00:25:58 sur les modalités de prolongation au-delà de 50 ans
00:26:01 de nos réacteurs nucléaires.
00:26:04 Et c'est ce qui nous conduit à proposer au Parlement
00:26:06 le projet de loi qui a été voté
00:26:08 sur l'accélération des énergies renouvelables
00:26:11 et le projet de loi qui est en cours de discussion
00:26:14 sur l'accélération du développement des projets
00:26:17 de nouveaux réacteurs nucléaires.
00:26:19 Donc, pour autant,
00:26:22 c'est l'objectif,
00:26:25 dans les différents scénarios qui sont étudiés par RTE,
00:26:29 vous aurez noté que même ceux
00:26:32 qui envisagent la plus forte part de nucléaire
00:26:36 ont un niveau qui est proche de 50 %,
00:26:40 notamment du fait de nos capacités
00:26:44 à mettre en service des réacteurs dans les prochaines années.
00:26:47 Je l'ai dit, quand on décide d'un réacteur nucléaire,
00:26:51 on peut espérer le mettre en service dans les 15 ans.
00:26:55 Il faudra évidemment tirer toutes les leçons
00:26:59 des retards pris sur Flamanville.
00:27:02 Et donc, du coup, entre-temps,
00:27:03 on a absolument besoin de développer
00:27:05 des énergies renouvelables.
00:27:07 Et quand je disais qu'on avance sur nos 2 jambes,
00:27:09 c'est en ce sens.
00:27:10 Donc, je pense que dans les prochaines années,
00:27:12 comme le montrent les scénarios de RTE,
00:27:16 il nous faut absolument accélérer,
00:27:19 sans attendre la mise en service des futurs réacteurs nucléaires,
00:27:22 nos capacités d'énergie renouvelable.
00:27:25 Et sans doute, sur la base des scénarios
00:27:29 qui ont été produits par RTE,
00:27:31 on sera autour d'une production
00:27:33 de 50% d'électricité d'origine renouvelable,
00:27:36 50% d'origine nucléaire.
00:27:38 -Merci beaucoup.
00:27:42 Du coup, j'essaie de recomprendre les propos
00:27:45 que vous avez tenus à l'occasion de votre discours
00:27:49 devant nos bancs en novembre dernier
00:27:53 sur la politique énergétique.
00:27:55 Discours à l'occasion duquel vous avez affirmé
00:27:58 de travailler à identifier avec EDF
00:28:00 et l'autorité de sûreté nucléaire
00:28:02 les réacteurs qui seront arrêtés à 50 ans.
00:28:07 Alors, le choix de la formulation de cette phrase
00:28:11 dans ce sens-là contraste un petit peu
00:28:14 avec ce que vous venez de dire sur votre travail
00:28:18 pour identifier la manière de leur faire passer les 50 ans.
00:28:22 Est-ce que depuis novembre,
00:28:24 la logique que vous portez a légèrement changé ?
00:28:28 -Ecoutez, je relirai ce que j'ai dit en novembre,
00:28:30 mais je pense que la logique que je porte n'a pas changé,
00:28:33 et elle est celle qui était aussi indiquée
00:28:36 par le président de la République dans son discours de Belfort,
00:28:39 c'est-à-dire que nous prolongeons autant que c'est possible
00:28:45 au regard des enjeux de sûreté nucléaire,
00:28:47 les réacteurs, d'abord au-delà de 40 ans
00:28:50 qui était leur durée initialement envisagée,
00:28:54 puis au-delà de 50 ans, sans doute,
00:28:57 et on a pu avoir des échanges récemment sur le sujet,
00:29:01 sans doute que cette marche à 50 ans
00:29:04 est moins transformante, on va dire,
00:29:07 dans les opérations de maintenance, qu'elle l'appellera,
00:29:13 que la marche à 40 ans.
00:29:15 Je pense que quand je mentionnais les retards
00:29:17 qu'on a pu prendre dans les opérations de maintenance
00:29:20 pour passer les 40 ans,
00:29:22 il faut avoir en tête que 40 ans,
00:29:24 c'était la durée de vie initialement envisagée
00:29:27 et que donc dans la conception des réacteurs,
00:29:30 personne ne s'était projeté au-delà de 40 ans.
00:29:32 Donc il y a un énorme travail qui a dû être fait
00:29:35 pour passer les 40 ans.
00:29:36 En plus, ça s'est percuté avec le relèvement
00:29:39 des exigences de sûreté post-Fukushima.
00:29:43 Donc on peut être confiant sur le fait que la démarche
00:29:45 pour passer les 50 ans ne sera pas de la même nature
00:29:49 que celle qui a été faite pour passer les 40 ans.
00:29:52 Et je pense avoir dit, en tout cas, c'était l'intention,
00:29:56 qu'on prolongera au-delà de 40 ans, au-delà de 50 ans,
00:30:00 et voir, on travaille sur une prolongation au-delà de 60 ans,
00:30:03 les réacteurs qui le peuvent en termes de sûreté.
00:30:07 -Merci beaucoup.
00:30:11 Du coup, je rebondis là-dessus pour vous interronger
00:30:14 un peu sur les logiques de financement.
00:30:17 On a vu l'annonce, suite au dernier Conseil de politique
00:30:21 nucléaire, du besoin de, bon an, mal an,
00:30:24 60 milliards d'euros pour financer le nouveau nucléaire,
00:30:28 50 milliards pour le grand carénage.
00:30:31 Le chiffre qu'on n'entend pas, c'est le besoin de financement
00:30:35 pour les énergies renouvelables dans les années qui viennent.
00:30:38 Est-ce que vous avez une idée du montant financier
00:30:42 qu'il nous faudra mobiliser pour construire
00:30:43 les capacités de production en énergie renouvelable ?
00:30:48 -Alors là, comme ça, je ne peux pas vous le donner.
00:30:50 Je pense que tout ça sera à regarder
00:30:52 dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l'énergie.
00:30:55 Vous savez qu'un des acquis de la loi de transition énergétique,
00:31:00 c'est de nous doter de 2 outils,
00:31:01 la programmation pluriannuelle de l'énergie
00:31:04 et la stratégie nationale bas carbone,
00:31:06 qui sont 2 outils qui ont maintenant fait leur preuve.
00:31:10 Donc on a lancé non seulement une consultation sur...
00:31:13 Une concertation, pardon, un débat public même.
00:31:17 Sur les nouveaux...
00:31:19 Enfin, la filière nucléaire,
00:31:21 mais aussi sur la programmation pluriannuelle de l'énergie.
00:31:25 Et c'est dans ce cadre-là qu'on aura à définir
00:31:28 la répartition des...
00:31:30 Enfin, notre mix énergétique,
00:31:32 et donc les moyens qui vont avec,
00:31:33 qui sont classiquement des moyens,
00:31:36 des soutiens, notamment dans le cadre d'appels d'offres.
00:31:38 Mais il y a aussi beaucoup,
00:31:39 compte tenu de la maturité des technologies,
00:31:42 de formes d'énergie renouvelable
00:31:46 qui, aujourd'hui, ne nécessitent plus de financement public.
00:31:49 -Merci beaucoup.
00:31:55 Alors j'en viens à la situation d'EDF.
00:31:59 Le bilan de l'année 2022 a été rendu.
00:32:04 Souhaitons qu'il soit exceptionnel
00:32:09 dans les années qui viennent
00:32:11 et qu'EDF puisse redresser la barre.
00:32:15 Un des éléments explicatifs semble être l'AREN1D.
00:32:19 Comment est-ce que vous envisagez l'évolution de cet outil ?
00:32:24 Nous avons, au cours de nos auditions,
00:32:28 entendu des voix nous indiquant
00:32:30 que, lors du vote de la loi NOM en 2010,
00:32:33 des mécanismes d'actualisation des tarifs de l'AREN
00:32:37 étaient prévus
00:32:38 et des mécanismes de sortie de l'AREN
00:32:40 en cas de situation anormale étaient également prévus.
00:32:44 Est-ce que vous avez pensé ou non à mobiliser ces outils
00:32:48 pour préserver EDF ?
00:32:51 -Alors je pense qu'il faut dire les choses clairement.
00:32:54 La situation financière d'EDF,
00:32:57 c'est d'abord le fait que, par le passé,
00:33:01 EDF produisait de l'ordre de 400 TWh
00:33:04 et que, compte tenu de l'indisponibilité de son parc,
00:33:07 il y a une chute drastique de sa production.
00:33:10 Donc ensuite, on peut imputer les difficultés financières
00:33:13 à un enjeu de tarif.
00:33:15 Il y a d'abord un enjeu de production.
00:33:18 Donc j'espère, comme vous, évidemment,
00:33:20 que la situation en termes de production
00:33:23 va se redresser et qu'elle sera meilleure
00:33:25 que ce qu'elle a pu être au cours de l'année 2022.
00:33:27 C'est important pour les finances d'EDF,
00:33:29 c'est important pour notre pays
00:33:30 et pour sa souveraineté énergétique.
00:33:33 Mais comme j'ai eu l'occasion de le dire,
00:33:35 je voudrais à nouveau saluer la mobilisation des équipes d'EDF
00:33:39 qui nous ont permis de remonter jusqu'à 45 GW
00:33:43 au plus fort de l'hiver,
00:33:45 et ça nous a évité d'avoir tous de grosses difficultés.
00:33:49 Ensuite, s'agissant de l'arène,
00:33:51 moi, j'entends toutes sortes de critiques sur l'arène.
00:33:55 Je voudrais que chacun ait en tête
00:33:57 que c'est l'enjeu
00:34:01 de la protection de nos concitoyens,
00:34:05 de nos collectivités, de nos entreprises.
00:34:09 Nous avons la chance en France
00:34:11 d'avoir une énergie décarbonée nucléaire
00:34:17 qui a un coût de revient relativement bas.
00:34:22 L'arène, c'est un des mécanismes
00:34:25 qui permet que les consommateurs français,
00:34:28 ménages, collectivités, entreprises
00:34:32 puissent bénéficier de ce coût de production bas.
00:34:35 Alors, on pourrait avoir un autre système
00:34:37 où EDF vendrait son électricité sur le marché,
00:34:42 les consommateurs paieraient beaucoup plus cher.
00:34:45 Ensuite, on peut mettre en place des mécanismes
00:34:48 comme ceux qu'on a mis sur d'autres producteurs d'énergie
00:34:52 pour capter la rente et tenter de le rendre aux consommateurs.
00:34:55 Mais vous voyez, je pense qu'il y a une forme de...
00:34:58 Enfin, voilà, c'est un mécanisme
00:35:01 qui s'assure finalement que le consommateur,
00:35:04 que ce soit les ménages ou les entreprises,
00:35:07 et quand on veut renforcer notre souveraineté industrielle,
00:35:11 je pense que c'est un enjeu majeur,
00:35:13 puissent bénéficier d'une électricité
00:35:19 à un coût de production le plus maîtrisé possible.
00:35:23 Moi, je suis assez surprise d'entendre parfois les mêmes
00:35:26 demander l'extension des tarifs réglementés de vente à tous
00:35:31 et la suppression de l'arène.
00:35:35 Donc on ne voit pas bien qui, entre les deux,
00:35:37 peut permettre aux consommateurs d'avoir des prix bas
00:35:41 et aux producteurs de vendre à des prix de marché élevés.
00:35:44 -Merci beaucoup. Je reformule peut-être la question.
00:35:53 Luc Rémond, à l'occasion de son audition cette semaine,
00:35:57 a affirmé qu'il fallait désormais envisager...
00:36:00 Je crois que ça a d'ailleurs été repris par la presse économique...
00:36:03 que les revenus du nucléaire permettent d'abord de financer
00:36:10 les enjeux et les défis auxquels le nucléaire aura à faire face.
00:36:14 Est-ce que c'est pas en sous-main
00:36:16 une critique, là aussi, de ce mécanisme ?
00:36:19 -Donc je rappelle que EDF est une entreprise
00:36:21 détenue à 100 % par la nation.
00:36:26 Et je pense que les stratégies d'EDF doivent être définies
00:36:31 par nous tous en tant qu'actionnaires d'EDF.
00:36:35 Le calcul de l'arène ou le calcul d'un autre mécanisme,
00:36:41 et évidemment, la question de ce nouveau mécanisme
00:36:45 va se poser, et elle renvoie plus généralement
00:36:49 à ce que nous appelons, je pense tous de nos voeux,
00:36:52 la réforme du marché européen de l'électricité,
00:36:56 précisément pour pouvoir mettre en place des mécanismes,
00:37:00 ce qu'on appelle des contrats pour différence, par exemple,
00:37:03 ou des contrats de long terme
00:37:05 pour permettre de rendre aux consommateurs...
00:37:09 Et je le redis, c'est un enjeu de pouvoir d'achat
00:37:11 pour tous les Français,
00:37:13 c'est un enjeu de compétitivité pour notre économie,
00:37:16 de pouvoir bénéficier des coûts de production maîtrisés.
00:37:21 Évidemment, il ne s'agit pas...
00:37:23 Enfin, quand on définit des prix,
00:37:27 une régulation des prix pour les producteurs d'électricité,
00:37:32 il faut bien évidemment couvrir les coûts de production,
00:37:34 les coûts de renouvellement,
00:37:36 enfin, les coûts de maintenance des outils de production.
00:37:40 Mais le modèle de financement du nouveau nucléaire,
00:37:44 si c'est ça que vous avez en tête,
00:37:45 je pense qu'il faut qu'on prenne le temps d'y réfléchir
00:37:48 et qu'on aura certainement l'occasion d'en redébattre,
00:37:51 mais ça peut être aussi un choix de le financer différemment.
00:37:54 En tout cas, je pense que ce qui est important
00:37:57 qu'on ait tous en tête,
00:37:58 c'est que peut-être qu'il n'y a pas
00:38:00 une convergence parfaite
00:38:04 entre EDF en tant qu'entreprise
00:38:09 qui pourrait vouloir maximiser
00:38:12 les prix de vente de son électricité
00:38:14 et l'intérêt du consommateur français.
00:38:17 Et ce qui préoccupera le gouvernement,
00:38:20 c'est l'intérêt du consommateur français
00:38:22 et la compétitivité de notre économie
00:38:25 et de nos industries.
00:38:27 -Merci beaucoup. M. le rapporteur.
00:38:31 -Merci, M. le président. Merci, Mme la Première ministre,
00:38:35 pour ces premières réponses.
00:38:36 Simplement, si vous me permettez,
00:38:38 une seule et une dernière question sur la période
00:38:40 où vous étiez directrice de cabinet
00:38:42 et de la ministre en charge de l'écologie,
00:38:44 puisque nous avons auditionné de très nombreuses personnes
00:38:47 qui nous ont parlé de cette période
00:38:49 et du processus décisionnel qui a mené à cette loi.
00:38:52 Simplement pour avoir votre éclairage
00:38:53 sur un certain nombre de points.
00:38:55 Le 1er, qui est celui avancé par Ségolène Royal,
00:38:58 selon lequel lorsqu'elle arrive aux responsabilités en 2014,
00:39:01 la décision globale, le cadrage global de la loi
00:39:04 est pris et arrêté.
00:39:06 L'idée des 50 %,
00:39:08 l'idée de la fermeture progressive des réacteurs
00:39:11 et du rééquilibrage du mix énergétique à court terme
00:39:14 à l'horizon 2025.
00:39:17 Ségolène Royal ayant expliqué
00:39:18 qu'elle aurait bataillé pour décaler cet objectif à 2030.
00:39:23 Le tout dans un contexte où les administrations
00:39:25 nous ont fait part des réserves...
00:39:27 Les personnes en charge dans les administrations à l'époque
00:39:29 nous ont fait part des réserves qu'elles avaient
00:39:30 sur la réalité technique, la faisabilité technique
00:39:35 de ce double objectif de 50 % et de 2025.
00:39:38 Et le tout aussi où hier, Arnaud Montebourg
00:39:39 nous a signifié avoir, entre 2012 et 2014,
00:39:42 donc juste avant, fait part,
00:39:46 via aussi les administrations de Bercy,
00:39:47 de ces inquiétudes et de ces alertes,
00:39:50 à la fois sur la compétitivité industrielle
00:39:51 du secteur énergétique et puis sur la faisabilité technique.
00:39:55 Est-ce que vous aussi, vous avez ce souvenir
00:39:57 d'une grande conflictualité interministérielle
00:39:59 sur l'objectif ?
00:40:00 Et est-ce que lorsque vous arrivez aux responsabilités
00:40:02 avec la ministre en charge de l'écologie,
00:40:04 l'essentiel de la décision est pris
00:40:06 ou entre 2014 et 2015,
00:40:09 de nouveaux arbitrages sont-ils rendus ?
00:40:12 -Alors, je rappelle que l'objectif
00:40:18 de réduction à 50 % de la part du nucléaire
00:40:21 à horizon 2025 était dans le programme
00:40:26 du président de la République de l'époque,
00:40:28 François Hollande.
00:40:29 Donc cette décision était un enjeu programmatique
00:40:34 du président de la République de l'époque.
00:40:37 Et ce qui a été inscrit dans la loi de transition énergétique,
00:40:40 c'est bien cet enjeu programmatique,
00:40:42 en renvoyant les modalités aux outils
00:40:45 également créés par la loi,
00:40:47 c'est-à-dire la programmation pluriannuelle de l'énergie,
00:40:49 notamment, et sa stratégie nationale bas carbone.
00:40:52 Mais donc c'est un enjeu d'un choix politique
00:40:55 qui a été fait, en effet,
00:40:57 dans la campagne de François Hollande en 2012.
00:41:00 Et en termes de...
00:41:04 Enfin, je le redis, sur les éventuels risques,
00:41:08 la question posée par M. le président Schellenberger
00:41:11 sur les éventuels risques liés à l'arrêt,
00:41:16 en particulier, puisque c'était le seul...
00:41:20 le seul objectif mordant, si je peux dire,
00:41:24 de la loi de transition énergétique.
00:41:25 Je rappelle, mais vous les connaissez...
00:41:29 Enfin, vous en avez également connaissance,
00:41:32 ce qu'étaient, à l'époque, les bilans prévisionnels de RTE,
00:41:35 qui étaient sur des bases totalement différentes
00:41:37 de celles sur lesquelles on raisonne aujourd'hui.
00:41:40 -Je vous remercie.
00:41:44 On est à la période 2019-2020.
00:41:46 Dans les précédentes auditions,
00:41:49 on a essayé de retracer le processus décisionnel
00:41:52 qui a conduit, finalement, de l'arrivée en 2017
00:41:56 au pouvoir d'un nouveau gouvernement,
00:41:57 d'un nouveau président,
00:41:58 sur la base d'une loi à 50 %,
00:42:00 avec la fermeture programmée de nombreux réacteurs à 2025,
00:42:03 au discours dit de Belfort en 2022,
00:42:05 avec une relance très forte d'un nouveau nucléaire.
00:42:08 Il y a un certain nombre de jalons
00:42:10 qui sont apparus au cours des auditions.
00:42:13 Vous succédez à deux ministres
00:42:15 qui étaient assez ouvertement pour la sortie du nucléaire
00:42:19 et avec des horizons de temps plus ou moins importants,
00:42:22 et qui avaient été récipiendaires,
00:42:25 sauf erreur, on n'a pas interrogé monsieur de Rugy,
00:42:26 mais qui avaient notamment été récipiendaires
00:42:29 d'un fameux rapport d'Esqueta-Colébion.
00:42:33 Ce qu'on essaye de comprendre,
00:42:34 c'est quel a été le processus entre 2017 et aujourd'hui,
00:42:38 et en particulier celui où vous étiez aux responsabilités,
00:42:41 qui a permis d'instruire la décision,
00:42:43 dans un contexte où, en octobre 2019,
00:42:46 Jean-Martin Vols vous remet un rapport
00:42:48 pour faire le bilan du chantier de l'EPR,
00:42:51 et donc j'imagine un certain nombre de questions
00:42:53 qui se posent sur la faisabilité de lancer un nouveau chantier
00:42:57 dans le contexte où l'EPR précédemment lancée
00:43:01 n'est pas encore entrée en fonction.
00:43:03 Donc quelles sont les informations,
00:43:04 les éléments à votre disposition
00:43:06 lorsque vous arrivez aux responsabilités sur ce sujet,
00:43:09 et quels sont les types d'éléments
00:43:12 que vous demandez à avoir de manière supplémentaire
00:43:14 pour pouvoir avancer dans cette prise de décision ?
00:43:17 -Alors, comme vous l'avez souligné,
00:43:20 on a, pendant plusieurs années,
00:43:26 souhaité avoir le retour d'expérience
00:43:30 et donc le démarrage de Flamanville
00:43:33 avant de prendre des décisions,
00:43:36 enfin des décisions de lancer des nouveaux réacteurs.
00:43:41 La décision qu'a annoncée le président de la République
00:43:47 à Belfort, ça revient finalement à dire
00:43:50 qu'on ne peut plus tarder
00:43:52 et que, sans attendre ce retour d'expérience
00:43:55 du démarrage de Flamanville,
00:43:56 il faut qu'on engage la réalisation
00:43:59 de six nouveaux réacteurs nucléaires.
00:44:02 Et par ailleurs, je pense que tous les rapports
00:44:05 dont on a pu disposer mettaient effectivement en lumière,
00:44:09 on va dire, une perte de compétence de la filière,
00:44:14 qui est...
00:44:17 Enfin, qui reste pour moi assez étonnante,
00:44:21 alors même que, si la décision de lancer des nouveaux réacteurs
00:44:27 a été annoncée par le président de la République à Belfort
00:44:30 en 2022,
00:44:32 la nécessité de mener tous les investissements
00:44:37 dits de grand carénage est connue depuis des années.
00:44:41 Donc il est manifeste depuis des années
00:44:44 qu'on est dans une filière
00:44:45 dans laquelle il va y avoir des besoins d'investissement
00:44:48 considérables et dans lesquels il est impératif
00:44:53 de former des compétences en termes d'ingénierie
00:44:57 et en termes de réalisation.
00:44:59 -Justement, à ce propos, lorsque vous...
00:45:02 Enfin, lorsque vous arrivez aux responsabilités,
00:45:04 j'imagine que vous l'avez eu par le passé,
00:45:07 vous avez de nombreux échanges avec EDF
00:45:09 et vous recevez aussi le rapport d'IFOLS,
00:45:11 qui, bien sûr, fait le bilan des années de chantier de l'EPR
00:45:15 et qui, en creux, dessine aussi
00:45:19 l'interne d'EDF et la capacité à mener des projets,
00:45:23 les responsables actuels et passifs,
00:45:25 et qui, en gros,
00:45:27 des projets, les responsables actuels et passifs d'EDF
00:45:30 nous en ont parlé,
00:45:32 la disponibilité de la main-d'oeuvre des effectifs,
00:45:34 la qualité des compétences.
00:45:36 Quelle est l'image que vous en avez lorsque vous arrivez
00:45:38 à ce moment-là aux responsabilités ?
00:45:39 Est-ce que c'est très préoccupant ?
00:45:41 Et quelles mesures ou quelles demandes formulez-vous
00:45:45 auprès d'EDF, notamment ?
00:45:47 -Alors, je pense que ça fait un certain temps, en effet,
00:45:51 qu'on a pu prendre...
00:45:53 faire le constat d'une perte de compétence dans la filière
00:45:58 et qu'EDF était sollicitée pour remonter en compétence,
00:46:05 y compris dans son organisation,
00:46:07 en termes de conduite générale de projet.
00:46:09 Et donc, je n'ai pas de doute qu'ils sont mobilisés
00:46:13 pour répondre à ces défis.
00:46:15 Pendant que j'ai été aux responsabilités,
00:46:17 la période a été un peu particulière,
00:46:20 puisque on a été impacté par le Covid.
00:46:25 Et pour moi, ça a été aussi éclairant de mesurer
00:46:30 que pendant cette période Covid,
00:46:33 les maintenances ont également été fortement perturbées
00:46:38 pour deux choses.
00:46:39 Le fait que quand on veut faire une opération importante
00:46:43 de maintenance dans une centrale nucléaire,
00:46:44 on voit bien qu'on concentre
00:46:46 un nombre de salariés très important.
00:46:49 Et au début du Covid,
00:46:51 les circonstances ne permettaient pas de réaliser des travaux
00:46:58 avec un grand nombre de salariés dans un espace confiné.
00:47:01 Notamment, il n'y avait pas de vaccins,
00:47:02 il n'y avait pas suffisamment de masques.
00:47:05 Et par ailleurs, un autre frein qui m'a interpellé,
00:47:10 c'est le fait que les équipes d'ingénierie nécessaires
00:47:15 pour mener ces opérations de maintenance
00:47:18 étaient pour une part apparemment non négligeables non françaises
00:47:25 et que les salariés qui réalisent ces opérations de maintenance
00:47:29 sont pour une part non négligeables non français.
00:47:32 Donc je pense que ça met un éclairage aussi important
00:47:36 sur la nécessité, quand on parle de souveraineté,
00:47:40 de s'assurer qu'on a l'ingénierie sur notre territoire
00:47:45 pour pouvoir mener ces opérations de maintenance.
00:47:47 Évidemment, également sur les opérations de construction
00:47:50 de nouveaux réacteurs et qu'on arrive à former,
00:47:53 et je peux vous assurer que ça fait partie
00:47:55 des priorités de mon gouvernement,
00:47:57 y compris les soudeurs, les chaudronniers, les électriciens
00:48:01 dont on a besoin pour mener à bien nos opérations de maintenance.
00:48:05 -Merci. 2 ou 3 dernières questions.
00:48:12 Pour ma part, une plus générale sur les questions
00:48:15 de stratégie énergétique à la fois à l'époque
00:48:18 et peut-être aussi en prospectif.
00:48:20 A l'époque, lorsque vous arrivez aux responsabilités,
00:48:23 sauf erreur, la programmation pluriannuelle de l'énergie
00:48:26 a déjà été présentée, enfin, le projet a été publié
00:48:29 en janvier 2019, avant son adoption,
00:48:33 et donc vous arrivez dans un moment
00:48:36 où les principaux objectifs, enfin, les principaux grands traits,
00:48:39 le report à 2035 de l'objectif de réduction de 50 %
00:48:43 de la part du nucléaire, la mise en arrêt
00:48:45 de 14 réacteurs nucléaires, dont les 2 de Fessenheim,
00:48:48 et d'autres objectifs sont mis en place.
00:48:51 Quel regard vous portez sur cette révision de la PPE
00:48:55 qui peut sembler, avec du recul, un pivot et à mi-chemin
00:49:00 entre les orientations de 2015 et celles qui sont celles
00:49:04 annoncées par votre gouvernement
00:49:06 et par le président de la République
00:49:08 pour la prochaine LPEC ?
00:49:10 -Je pense que cette PPE, dont je crois bien avoir signé le décret,
00:49:14 était la première qui était non pas fondée
00:49:17 sur un objectif programmatique,
00:49:21 notamment celui de la campagne de François Hollande,
00:49:23 mais sur un objectif, on va dire, documenté,
00:49:28 instruit, et notamment l'hypothèse
00:49:35 que 50 % des réacteurs
00:49:40 pouvaient passer la 5e visite décénale
00:49:44 et 50 % pourraient passer la visite suivante.
00:49:48 Donc contrairement à la 1re PPE qui a été faite,
00:49:53 on va dire, vraiment en traduction politique
00:49:56 d'un objectif programmatique,
00:49:58 cette nouvelle PPE, avec le calendrier effectivement recalé,
00:50:04 a été faite sur la base de ce qui pouvait paraître
00:50:07 des hypothèses statistiquement crédibles.
00:50:11 Quant à la capacité à franchir
00:50:14 les différentes visites décénales,
00:50:16 c'est évidemment des sujets qui méritent d'être instruits
00:50:19 en profondeur, puisque, je vous dis,
00:50:21 on est en train de faire le retour d'expérience
00:50:24 des 1res, 4e visites décénales sur les réacteurs,
00:50:30 et on a demandé d'instruire sans attendre
00:50:34 les conditions des 5e visites décénales,
00:50:37 mais forcément, dans les programmations pluriannuelles
00:50:41 de l'énergie, on est amené aujourd'hui à faire des hypothèses
00:50:45 sur le nombre de réacteurs en situation
00:50:47 de passer ces visites décénales.
00:50:50 Mais en tout cas, celle de 2019,
00:50:52 et la 1re, a résulté d'une démarche, on va dire,
00:50:57 plus rationnelle, programmatique...
00:51:03 Pardon, oui, élaborée à partir d'une construction rationnelle
00:51:09 d'une politique de l'énergie,
00:51:10 et non pas sur la base d'un objectif politique.
00:51:13 -En lien avec ce point-là, la question qu'on peut se poser,
00:51:22 après la remise d'un rapport et l'instruction qu'on prend
00:51:26 en interne de la possibilité de lancer le chantier
00:51:29 de nouveaux réacteurs,
00:51:30 la question qu'on peut se poser, c'est pourquoi dans cette PPE,
00:51:34 un objectif de construction de nouveaux réacteurs
00:51:37 n'était-il pas inscrit ?
00:51:39 Est-ce qu'il était trop tôt du point de vue technique,
00:51:41 du point de vue de l'instruction industrielle, technique,
00:51:43 pour pouvoir prendre une telle décision ?
00:51:46 Est-ce que c'est une décision qui a été réfléchie, examinée,
00:51:50 et qui a simplement été décalée ?
00:51:51 Ou est-ce qu'il y avait une...
00:51:53 Ou est-ce qu'au contraire, c'était une volonté politique
00:51:55 de ne pas annoncer, ou de ne pas...
00:51:57 À ce stade, il n'y avait pas de volonté politique
00:51:59 de construire de nouveaux réacteurs ?
00:52:01 -Non, comme je l'ai indiqué, je pense que...
00:52:04 Enfin, d'abord, à l'époque, dans une approche plus...
00:52:09 Je ne sais pas si on peut dire scientifique,
00:52:11 mais je pense oui quand même.
00:52:13 On a souhaité avoir une instruction
00:52:20 la plus précise possible
00:52:22 des différents choix de mix énergétique.
00:52:24 Peut-être de sortir précisément sur un sujet
00:52:28 aussi structurant que le mix énergétique
00:52:32 de positions un peu dogmatiques
00:52:36 pour rentrer dans des choix fondés sur des scénarios instruits.
00:52:41 Donc c'est le sens, par exemple,
00:52:43 de l'exercice qui a été demandé à RTE
00:52:45 d'instruire différents scénarios pour regarder,
00:52:49 d'un point de vue de souveraineté, d'un point de vue technologique,
00:52:53 d'un point de vue de coût de réalisation
00:52:57 et de compétitivité de prix de l'électricité,
00:53:01 quels étaient les choix devant nous.
00:53:02 Donc ces exercices-là étaient en cours.
00:53:05 Et par ailleurs,
00:53:07 étaient également en cours les retours d'expérience
00:53:13 sur les décalages en coûts et en calendrier
00:53:16 de l'EPR de Flamanville.
00:53:19 Et donc on souhaitait avoir ces retours d'expérience
00:53:22 avant de prendre une décision raisonnée,
00:53:25 fondée sur des faits de politique énergétique
00:53:30 sur les prochaines décennies.
00:53:32 -Je vous remercie.
00:53:36 Et peut-être simplement une dernière question
00:53:38 sous forme de droit de réponse, comme on le fait parfois.
00:53:41 Ségolène Royal,
00:53:43 lorsqu'elle est venue devant notre commission,
00:53:48 est arrivée avec une coupure de presse
00:53:50 signalant que vous aviez demandé à EDF
00:53:52 d'examiner un scénario 100% renouvelable,
00:53:55 dans le cadre d'ailleurs plus large de l'examen
00:53:58 de tous les scénarios possibles,
00:54:00 et notamment du scénario 100% renouvelable,
00:54:03 semblant dire par ici que vous auriez soutenu
00:54:07 un tel scénario 100% renouvelable.
00:54:09 Donc si vous le souhaitez ou pas,
00:54:11 simplement avoir votre réaction sur ce sujet.
00:54:13 -Je le redis, je pense que c'est très important.
00:54:17 Et en plus, on voit qu'on est dans des domaines
00:54:20 dans lesquels on peut aussi se tromper,
00:54:24 comme les prospectives de RTE,
00:54:30 ou en tout cas le bilan prévisionnel a pu se tromper.
00:54:33 Donc je pense qu'on est dans un domaine
00:54:35 dans lequel il est responsable
00:54:39 d'examiner tous les scénarios
00:54:41 pour permettre ensuite de faire les choix
00:54:44 en toute connaissance de cause.
00:54:46 Et...
00:54:49 Je pense que le fait que cette étude
00:54:51 ait pu être menée par RTE,
00:54:55 montrant que, d'un point de vue économique,
00:55:00 comme d'un point de vue de sécurité d'approvisionnement,
00:55:04 un scénario 100% renouvelable n'était pas soutenable,
00:55:10 je pense que ça apporte au débat public.
00:55:12 Et pour tous ceux qui pensent
00:55:15 que le débat doit se faire sur la base de faits,
00:55:18 c'est un élément important et utile.
00:55:20 -Merci bien.
00:55:23 Juste avant de passer la parole,
00:55:25 je me permets juste de vous demander
00:55:27 des chiffres que vous avez annoncés
00:55:28 sur la construction de la PPE de 2019.
00:55:33 Vous nous avez dit,
00:55:35 l'hypothèse rationnelle sur laquelle vous la basez,
00:55:38 c'est que la plupart des réacteurs passent les VD4
00:55:44 et 50% passent les VD5.
00:55:47 C'est ça que vous nous avez dit ?
00:55:49 -50% de fermeture à 50 ans
00:55:52 et 50% de fermeture à 60 ans.
00:55:54 -Donc ça veut dire 25% à plus de 60 ans.
00:55:58 Non, les 50 autres pourcents.
00:56:01 C'est juste pour bien comprendre.
00:56:03 -Enfin, ça ne revient pas à ça.
00:56:06 En fait, c'est parmi les réacteurs qui doivent passer les 50 ans,
00:56:12 50% arrivent, et c'est les anciens réacteurs
00:56:16 qui doivent passer les 60 ans.
00:56:18 Donc je ne pense pas qu'on puisse additionner
00:56:20 ou faire le ratio que vous faites.
00:56:22 Factuellement, mais on ne va pas faire la démonstration ici,
00:56:26 les hypothèses qui ont été retenues,
00:56:28 c'est que quand je dois passer la 5e visite décénale,
00:56:32 1 sur 2 est en situation de la passer,
00:56:34 et quand j'atteindrai la 6e visite décénale,
00:56:38 1 sur 2 la passera. Voilà.
00:56:40 -C'est-à-dire que 1 sur 4 du parc actuel passe les VD6.
00:56:44 -OK.
00:56:45 -Voilà. Jusque-là, j'ai réussi à faire des maths.
00:56:48 Bien...
00:56:50 C'est ça ?
00:56:53 Oui, bon.
00:56:56 Madame Givernais.
00:56:57 -Merci, monsieur le président, madame la Première ministre.
00:57:02 Vous avez évoqué en tout début dans votre propos
00:57:04 la politique énergétique du gouvernement
00:57:06 et avez cité les 3 piliers.
00:57:08 Et en 1er lieu, la sobriété.
00:57:11 Dans son audition, Nicolas Hulot, il y a quelques jours,
00:57:14 a également évoqué, lorsqu'il avait été en fonction
00:57:17 en tant que ministre de la Transition écologique et solidaire,
00:57:20 les objectifs de sobriété.
00:57:23 Est-ce que vous pourriez nous dérouler
00:57:25 au travers de toutes vos fonctions,
00:57:27 comment ces objectifs de sobriété ont été pris en compte
00:57:31 et mis en avant ou pas,
00:57:33 peut-être dans les années précédentes ?
00:57:36 Je vous remercie.
00:57:38 -Alors...
00:57:39 C'est un vaste sujet.
00:57:41 Les objectifs de sobriété en tant que ministre des Transports,
00:57:46 pour moi, ça a d'abord été de donner
00:57:50 à tous nos concitoyens la possibilité
00:57:54 d'avoir des alternatives
00:57:56 à l'usage individuel de la voiture thermique.
00:58:00 C'est sur cette base-là
00:58:02 que j'ai fait une loi d'orientation des mobilités,
00:58:05 dont le coeur est de proposer des alternatives
00:58:10 à l'usage individuel des véhicules thermiques.
00:58:13 Évidemment, la réforme de la SNCF,
00:58:18 les moyens supplémentaires qu'on a pu apporter
00:58:22 depuis le précédent quinquennat,
00:58:24 visent aussi à donner des alternatives
00:58:29 et donc à permettre à nos concitoyens
00:58:33 de se passer davantage
00:58:35 de l'usage individuel d'une voiture thermique,
00:58:38 tout comme tous les outils qu'on a pu développer
00:58:42 sur les réseaux de borne de recharge,
00:58:45 à la fois dans les logements et dans l'espace public,
00:58:50 visent aussi à permettre...
00:58:52 C'est moins un enjeu de sobriété qu'un enjeu de décarbonation,
00:58:55 mais en tout cas, de permettre de passer à...
00:59:00 Enfin, de réduire nos émissions de gaz à gaz,
00:59:03 de gaz à effet de serre.
00:59:04 Les enjeux de sobriété,
00:59:05 c'est aussi la création de MaPrimeRénov',
00:59:07 la refonte de toutes les aides à la rénovation énergétique.
00:59:12 Je ne vais pas vous dire qu'on est au bout du chemin.
00:59:14 Et moi, j'attends des ministres en charge
00:59:16 qu'on continue à améliorer les dispositifs
00:59:19 pour permettre d'accélérer
00:59:20 la rénovation énergétique des logements.
00:59:23 Je pense que c'est un enjeu majeur,
00:59:25 à la fois en termes d'émissions de gaz à effet de serre,
00:59:27 de réduction de nos consommations énergétiques
00:59:29 et de pouvoir d'achat pour les Français.
00:59:30 Donc c'est un des volets de ce que j'ai pu porter
00:59:33 en tant que ministre de la Transition écologique.
00:59:36 Ce qui me frappe, vous voyez,
00:59:37 c'est que sans doute le choc de la guerre en Ukraine
00:59:42 et les risques sur l'approvisionnement de notre pays
00:59:46 ont montré qu'au-delà de tous ces outils
00:59:50 qu'il faut évidemment continuer à développer,
00:59:52 on a tous une partie de la solution sur la sobriété.
00:59:58 Et je mentionnais les baisses de consommation de 15 % sur le gaz
01:00:04 et autour de 10 % sur l'électricité.
01:00:07 Ca montre à quel point il y a les politiques publiques,
01:00:11 il y a les soutiens à la rénovation,
01:00:13 il y a les primes à la conversion,
01:00:16 il y a les bonus pour l'achat de véhicules électriques,
01:00:19 il y a le développement de solutions alternatives
01:00:21 à l'usage de la voiture thermique,
01:00:25 et il y a ce que chacun d'entre nous
01:00:28 - Etats, collectivités, entreprises et citoyens -
01:00:32 peut faire aussi.
01:00:34 -Merci beaucoup, M. Tanguy.
01:00:38 -Merci, M. le Président.
01:00:43 Mme la Première ministre,
01:00:44 j'ai plusieurs questions suite à cette audition.
01:00:47 La première, vous avez choisi d'axer votre propos
01:00:49 uniquement sur vos responsabilités
01:00:52 dans la situation,
01:00:54 essentiellement, de la production d'électricité.
01:00:57 Vous n'avez pas fait mention de votre bilan
01:00:59 en tant que directrice de cabinet,
01:01:00 puis Premier ministre, sur la situation du pétrole et du gaz,
01:01:03 qui consistent des 2 domaines particulièrement importants
01:01:07 et édifiants sur le manque de souveraineté énergétique
01:01:10 de la France.
01:01:11 Qu'est-ce que vous avez comme commentaire à faire
01:01:12 sur les stratégies que vous avez conseillées
01:01:14 depuis au moins 8 ans ?
01:01:18 Mme Royal a notamment mis en place une taxation
01:01:21 sur le diesel, le carburant, les énergies carbone, le fuel,
01:01:25 le gaz, depuis maintenant 8 ans.
01:01:29 Quel bilan tirez-vous de cette politique
01:01:31 sur la réduction de la consommation
01:01:33 des énergies fossiles en France,
01:01:35 en particulier pour les ménages modestes et moyens ?
01:01:37 Est-ce que vous estimez que ça a limité notre exposition
01:01:40 à la dépendance envers ces énergies fossiles,
01:01:42 compte tenu du déficit commercial énergétique record
01:01:45 que nous enregistrons aujourd'hui
01:01:46 avec des prix du prix du baril de pétrole
01:01:49 qui ne sont pas, eux, records par rapport à d'autres années
01:01:52 que nous avons connues par le passé,
01:01:54 mais qui sont à un niveau élevé ?
01:01:56 Sur le gaz, je n'en ai pas retrouvé,
01:01:57 mais c'est une question ouverte de position de votre part
01:02:00 sur l'exposition du continent européen
01:02:03 et donc indirectement de la France à la Russie,
01:02:07 notamment des positions de votre part,
01:02:08 ou de Mme Royal,
01:02:10 sur la mise en place de Nord Stream 1 et 2.
01:02:13 Est-ce que vous avez,
01:02:14 quand vous étiez notamment directrice de cabinet...
01:02:16 Mais c'est une question ouverte.
01:02:17 Je ne sais plus ne pas...
01:02:19 Il y a peut-être des déclarations ou des conseils.
01:02:21 Est-ce que, aux responsabilités,
01:02:22 vous avez manifesté et conseillé des politiques
01:02:25 pour limiter cette exposition de nos alliés allemands
01:02:29 et d'une manière générale de l'Europe à la Russie ?
01:02:33 2e catégorie de questions,
01:02:35 sur la production d'électricité.
01:02:38 Vous avez énormément mentionné le rôle de RTE
01:02:42 et de ses prévisions dans les choix politiques
01:02:46 qu'a fait la France,
01:02:47 des choix que vous avez soit conseillés,
01:02:50 soit, si j'ai bien compris,
01:02:52 soit mis en place,
01:02:53 tout en disant, je cite,
01:02:55 parce que j'ai noté précisément,
01:02:56 "regretter le manque de capacité prospective
01:03:00 "de nos administrations,
01:03:01 "puis, une 1re fois, sous notre forme,
01:03:04 "cela rend modeste sur les prévisions."
01:03:06 Or, vous avez continué, ensuite,
01:03:09 dans la politique que vous avez exposée,
01:03:12 celle que vous avez menée depuis ses 1res ministres,
01:03:13 celle que vous comptez mener dans les années à venir,
01:03:16 vous continuez à faire reposer votre politique
01:03:19 uniquement ou essentiellement sur les prévisions de RTE.
01:03:24 Et consister, généralement,
01:03:26 vous l'opposez généralement au Parlement,
01:03:28 comme une référence incontestable,
01:03:33 qui se suffit à elle-même comme un argument d'autorité.
01:03:35 Or, vous venez de dire, sous serment,
01:03:37 que ce n'est pas un argument d'autorité.
01:03:39 Donc, comment vous pouvez continuer
01:03:40 à non pas respecter les scénarios de RTE
01:03:42 pour ce qu'ils sont,
01:03:43 je ne conteste pas qu'ils existent
01:03:45 et qu'ils soient basés sur des experts et des gens
01:03:47 qui méritent le respect,
01:03:48 mais ce n'est, donc, si je comprends bien,
01:03:50 pas une référence incontestable.
01:03:53 Par ailleurs, ce n'est pas non plus,
01:03:54 madame la Première ministre, excusez-moi,
01:03:55 une référence incontestée.
01:03:57 Il est faux de dire que face aux prévisions de RTE,
01:04:01 il n'y a pas d'autres experts,
01:04:03 y compris au sein des administrations,
01:04:05 y compris au sein d'EDF,
01:04:07 y compris au sein d'experts,
01:04:08 y compris au sein des oppositions politiques, madame Borne,
01:04:11 qui ont toujours contesté les prévisions de RTE.
01:04:14 Toujours. Et pour une raison simple,
01:04:16 quand vous établissez le rôle du traité de Paris
01:04:19 dans un changement de politique économique,
01:04:21 de politique climatique et environnementale,
01:04:23 vous dites vous-même, nous sommes passés du facteur 4
01:04:25 à l'objectif zéro carbone, certes,
01:04:27 mais il n'y a pas besoin de faire polytechnique
01:04:29 pour savoir que même avec un facteur 4,
01:04:32 cela enclenche des changements de mode de chauffage,
01:04:34 des changements de mode de production industrielle,
01:04:37 des changements de mobilité qui impliquent,
01:04:39 sauf si vous avez une autre solution à l'époque que j'ignore,
01:04:41 une électrification massive,
01:04:44 certes, d'un ordre moindre que le zéro carbone,
01:04:48 mais pas négligeable et surtout pas quand vous voulez diviser
01:04:51 par un facteur 4 vos émissions de gaz à effet de serre,
01:04:54 vous avez forcément, sauf s'il y a une solution
01:04:56 que j'ignore aujourd'hui et à l'époque,
01:04:58 un transfert massif vers des besoins d'électrification.
01:05:02 Donc je ne comprends pas,
01:05:03 vous qui parlez de manque de capacité prospective,
01:05:05 comment, en tant que conseillère plus décideuse,
01:05:08 vous ne pouvez pas savoir ou avoir à connaître
01:05:11 que cela nécessite plus de production d'électricité bas carbone.
01:05:15 Par ailleurs, je n'ai pas compris
01:05:17 comment vous pouvez éviter l'effet Falaise dès les années 2010
01:05:21 sans lancer de manière plus rapide des programmes nucléaires,
01:05:23 y compris puisque vous indiquez
01:05:25 non seulement un délai minimal de 15 ans,
01:05:28 mais les experts disent tous que ce délai
01:05:31 peut malheureusement être plus long.
01:05:33 Donc est-il de bonne politique de ne pas avoir lancé
01:05:37 plutôt un programme pour renouveler tout ou partie
01:05:41 du parc nucléaire ?
01:05:44 Ce sera mes questions pour le moment.
01:05:46 Je vous remercie.
01:05:48 -Je vous remercie.
01:05:50 S'agissant de la politique de l'Allemagne,
01:05:53 ça m'étonne venant de votre part,
01:05:54 parce que, vous voyez, je pense qu'on est tous
01:05:55 dans des Etats souverains.
01:05:57 Donc je vais me garder de donner des leçons à l'Allemagne.
01:06:00 Et ce n'est pas moi qui ai défini sa politique énergétique.
01:06:02 Et la France n'est pas partie sur le gazoduc Nord Stream,
01:06:06 entre la Russie et l'Allemagne.
01:06:09 Donc je pense que c'est bien de respecter la souveraineté
01:06:11 de chacun des Etats membres de l'Union européenne,
01:06:13 et c'est ce que je vais faire.
01:06:16 Quand vous me demandez quelle est notre politique
01:06:18 pour les énergies fossiles,
01:06:19 je pense qu'avec une certaine constance,
01:06:21 ça fait des années qu'on a un objectif,
01:06:23 sortir des énergies fossiles.
01:06:25 On l'a peut-être renforcée,
01:06:29 ou vu notamment des conséquences
01:06:33 encore très fortes pour notre pays
01:06:36 et nos concitoyens de la guerre en Ukraine,
01:06:38 mais je pense que ça fait plusieurs années
01:06:40 que dans mon parcours, avec constance,
01:06:42 je poursuis un objectif de réduire notre dépendance
01:06:45 aux énergies fossiles.
01:06:46 Et je pense qu'aujourd'hui,
01:06:48 compte tenu des évolutions technologiques,
01:06:50 non seulement il faut garder cet objectif
01:06:52 de réduire notre dépendance aux énergies fossiles,
01:06:55 mais qu'on peut se donner l'objectif
01:06:57 de sortir des énergies fossiles.
01:07:00 Alors je n'ai pas très bien compris vos questions
01:07:02 s'agissant de la TICPE.
01:07:05 Ce que je peux vous dire, c'est que dans la loi
01:07:06 de transition énergétique, on a pu revoir
01:07:09 les modalités de la fiscalité sur les carburants.
01:07:12 On a aussi mis en place le chèque énergie,
01:07:15 qui est une grande innovation.
01:07:16 Et quand vous me parlez de la situation
01:07:17 de nos concitoyens les plus modestes,
01:07:19 je pense que le chèque énergie
01:07:21 est une avancée très importante
01:07:24 dont ils peuvent bénéficier,
01:07:25 qui donne lieu par ailleurs
01:07:26 à des chèques énergie exceptionnels
01:07:28 quand on est dans des périodes
01:07:29 comme on a connu ces derniers mois
01:07:31 avec une hausse exceptionnelle des prix de l'énergie.
01:07:33 Donc je pense que c'est un outil qui fait la démonstration
01:07:36 de sa flexibilité, de son efficacité.
01:07:38 Donc ça me paraît une bonne invention.
01:07:41 Quand vous me dites, vous auriez pu savoir
01:07:43 qu'en divisant par 4 nos émissions de gaz à effet de serre,
01:07:46 on allait forcément avoir une augmentation
01:07:49 telle que désormais prévue par RTE
01:07:51 de notre consommation électrique,
01:07:53 entre les deux, monsieur le député,
01:07:54 il y a quelque chose qui s'appelle la sobriété
01:07:56 dont on vient de parler.
01:07:57 Donc en effet, il peut y avoir à la fois
01:08:00 des réductions globales de notre consommation énergétique
01:08:03 qu'on continue à garder comme objectif,
01:08:06 et en même temps, un déplacement
01:08:11 entre des énergies fossiles et des énergies décarbonées.
01:08:14 Et c'est l'évolution des perspectives
01:08:16 sur ces différents volets qui explique sans doute...
01:08:19 Mais moi, je ne suis pas l'expert d'RTE.
01:08:21 Je pense que vous avez sans doute eu l'occasion
01:08:22 de les questionner,
01:08:23 qui pourront vous répondre mieux que moi
01:08:25 pourquoi les scénarios prévisionnels de RTE
01:08:29 ont évolué dans les proportions que j'ai mentionnées.
01:08:32 Je crois qu'on ne s'est pas cantonné à questionner RTE.
01:08:36 On a notamment eu l'occasion aussi
01:08:38 d'interroger l'Agence internationale de l'énergie,
01:08:41 qui est une structure qui fait référence dans le monde
01:08:43 en matière d'énergie.
01:08:44 Donc on essaye en effet d'éclairer les décisions,
01:08:46 et je pense que ça me paraît effectivement de bonne démarche.
01:08:49 Parfois, il se passe des choses imprévues,
01:08:51 une guerre en Ukraine qui n'était pas prévue,
01:08:53 une crise Covid qui n'était pas prévue,
01:08:55 mais je pense que la meilleure chose à faire,
01:08:56 c'est de questionner tous les experts,
01:08:58 les meilleurs experts, en France, et notamment RTE,
01:09:00 évidemment, à la DGEC,
01:09:02 l'Agence internationale de l'énergie,
01:09:04 et de balayer les différentes hypothèses,
01:09:07 et ce que je me suis efforcé de faire
01:09:08 dans mes différentes fonctions.
01:09:10 -Merci. M. Decker.
01:09:15 -Oui, merci, M. le président.
01:09:16 Mme la Première ministre, je souhaiterais vous poser
01:09:18 une question relative à la demande insistante
01:09:21 et récurrente de l'Union européenne
01:09:23 d'ouvrir à la concurrence nos concessions hydroélectriques,
01:09:27 une perspective qui ne manque pas de susciter
01:09:29 les mois des élus de ces territoires,
01:09:32 que la perspective de démantèlement
01:09:34 de ces chaînes hydroélectriques inquiète,
01:09:36 je pense à la vallée du Lot ou à la Dordogne.
01:09:38 Vous avez indiqué dans votre propos introductif
01:09:41 vouloir vous doter d'un nouveau cadre
01:09:44 pour relancer les investissements dans les barrages.
01:09:47 Doit-on comprendre qu'on pourrait nourrir l'espoir
01:09:49 d'un abandon définitif de ce projet d'ouverture à la concurrence
01:09:54 qui est en partie responsable du gel de ces investissements ?
01:09:58 -Alors, je pense que Mme la députée Battistel
01:10:01 pourrait aussi soulever ce type de questions.
01:10:06 J'ai eu l'occasion de le mentionner.
01:10:08 Un des sujets
01:10:12 auxquels la loi de transition énergétique a voulu répondre,
01:10:16 c'est précisément, effectivement, ce cadre
01:10:18 qui n'est pas très courant en Europe,
01:10:22 c'est le cadre de concessions hydroélectriques.
01:10:26 Dans d'autres pays,
01:10:28 les producteurs d'électricité
01:10:31 sont propriétaires de leurs ouvrages
01:10:35 et du coup, ça permet d'éviter
01:10:40 cette question de l'échéance de la concession.
01:10:44 Dans le cadre de la loi de transition énergétique,
01:10:46 notamment avec des regroupements par vallée,
01:10:48 avec différentes techniques,
01:10:50 on a réussi à prolonger
01:10:54 un certain nombre de ces concessions hydroélectriques.
01:10:57 On a par ailleurs pu mettre les bases
01:11:00 pour assurer la prolongation aussi de la concession de la CNR.
01:11:04 Et le travail se continue avec, effectivement, l'objectif
01:11:07 de ne pas être le seul pénalisé par un modèle
01:11:10 auquel on est attaché et qui permet par ailleurs
01:11:13 d'avoir une gestion globale de la ressource en eau
01:11:19 et de pouvoir maximiser l'intérêt
01:11:22 pour les territoires, les habitants
01:11:25 de ces ouvrages hydroélectriques.
01:11:28 Donc c'est toujours dans ce sens qu'on continue à travailler.
01:11:31 Je ne vais pas vous dire aujourd'hui quelle est la réponse,
01:11:33 mais je peux vous assurer que ça reste l'objectif
01:11:35 de mon gouvernement.
01:11:37 -Merci, monsieur Milien.
01:11:40 -Oui, merci, monsieur le président.
01:11:44 Madame la Première ministre, je voudrais poser une question
01:11:46 sur le sujet de la question de la souveraineté,
01:11:49 en plus de géopolitique, et de souveraineté
01:11:52 au-delà de la souveraineté nationale
01:11:54 et de souveraineté européenne de l'énergie.
01:11:57 Parce que j'ai...
01:11:59 Alors peut-être que j'ai eu de mauvaises informations,
01:12:01 mais si je vois bien comment vous engagez la France
01:12:03 vers la souveraineté énergétique,
01:12:05 et c'est quelque chose qu'on soutient bien évidemment,
01:12:08 j'ai des constatements sur les autres pays européens,
01:12:11 et notamment l'Allemagne, dont on dit que pour pouvoir
01:12:13 produire de l'hydrogène vert, elle va passer des contrats
01:12:15 de faible dépendance vis-à-vis de puissances étrangères,
01:12:19 alors qu'elle sort elle-même d'une dépendance très forte
01:12:22 au gaz russe, et c'est une question d'inquiétude.
01:12:26 Alors j'ai deux questions à cet égard.
01:12:28 Est-ce qu'on va arriver à avoir une définition commune
01:12:31 de l'hydrogène vert ou de l'hydrogène bas carbone,
01:12:35 sachant que nous, très certainement,
01:12:37 avec l'utilisation des SMR, des petits réacteurs,
01:12:41 ça va nous permettre effectivement de produire
01:12:44 de l'hydrogène bas carbone décarboné,
01:12:47 finalement sur notre territoire,
01:12:49 et vu les besoins d'électricité qu'on va avoir,
01:12:52 ça va nous permettre effectivement de compenser
01:12:54 les manques éventuels et les importations
01:12:56 qu'on devrait faire d'hydrogène vert,
01:12:59 comment, au niveau de la France, on peut agir
01:13:01 au niveau des 27 pays européens pour essayer
01:13:03 d'avoir un schéma commun qui nous évite justement
01:13:05 d'aller chercher de l'hydrogène "vert",
01:13:07 puisque vu tous les transports qu'il va falloir faire,
01:13:10 et toute la technologie qu'il va falloir embarquer
01:13:12 pour transporter cet hydrogène vert
01:13:14 depuis le Qatar et le Maroc vers l'Europe,
01:13:16 finalement, il n'aura de vert que le nom.
01:13:18 -Peut-être... Je pense que nous, nous défendons,
01:13:26 et je pense qu'on est en train d'avancer,
01:13:29 y compris récemment, et moi, j'avais eu l'occasion
01:13:32 de l'évoquer avec la présidente de la Commission,
01:13:34 qu'il n'y ait pas une discrimination défavorable
01:13:38 à l'hydrogène produite à partir d'énergie nucléaire.
01:13:43 On peut dire, on peut accepter, peut-être,
01:13:46 que la terminologie ne soit pas la même,
01:13:48 mais en tout cas, les bénéfices doivent être
01:13:50 exactement les mêmes pour nous,
01:13:52 entre l'hydrogène produite à partir d'énergie renouvelable
01:13:56 et l'hydrogène produite à partir d'énergie nucléaire.
01:13:59 Je pense qu'on est en train de trouver le chemin
01:14:01 au niveau européen, et on le fait notamment
01:14:05 en rassemblant autour de nous les pays
01:14:10 qui continuent à croire à l'énergie nucléaire.
01:14:14 J'ai eu l'occasion de le dire au départ,
01:14:16 post-Fukushima, il y a un certain nombre d'Etats en Europe,
01:14:19 l'Allemagne, l'Autriche,
01:14:21 qui ont tourné le dos au nucléaire,
01:14:24 le Luxembourg, ça fait un certain temps déjà,
01:14:28 et on a pu regrouper la ministre de la Transition énergétique,
01:14:32 qui était dans un Conseil européen en début de semaine,
01:14:36 11 Etats, je crois, qui croient au nucléaire
01:14:39 et qui sont déterminés à défendre toute la place
01:14:42 de cette énergie dans le mix énergétique européen.
01:14:47 Ensuite, sur le choix que fait l'Allemagne,
01:14:50 je ne vais pas forcément commenter les choix qui sont faits,
01:14:53 je partage des interrogations.
01:14:55 Je partage des interrogations que j'avais eues l'occasion,
01:14:58 quand j'étais ministre en charge de l'énergie,
01:15:01 que j'ai pu partager avec mon homologue
01:15:03 et que j'ai eu l'occasion de partager récemment avec le chancelier.
01:15:07 Je pense que ces enjeux de souveraineté sont cruciaux.
01:15:11 Et post-crise Covid,
01:15:14 post-guerre conséquence de l'invasion de l'Ukraine par la Russie,
01:15:21 se donner pour objectif de ne pas dépendre de l'énergie
01:15:27 venant d'une partie du monde qui, par ailleurs,
01:15:31 peut être soumise à des soubresauts géopolitiques,
01:15:34 ça me semble un enjeu majeur.
01:15:35 En tout cas, c'est au coeur de notre stratégie.
01:15:38 -Merci beaucoup. Madame Baptiste L.
01:15:44 -Merci, monsieur le président. Madame la Première ministre,
01:15:48 si je m'accorde sur la période de votre prise de fonction
01:15:52 au cabinet de Ségolène Royal, à la fois sur la ligne politique
01:15:56 qui était déjà définie et sur la préparation
01:15:58 de la loi de transition et le vote de la loi de transition,
01:16:02 je crois bien placée pour savoir et confirmer cela.
01:16:07 J'aurai 2 blocs de questions.
01:16:09 Alors, monsieur le président, si vous en êtes d'accord,
01:16:11 je le fais peut-être en 2 fois,
01:16:12 parce que ça risque d'être un petit peu...
01:16:15 Alors le 1er sur l'arène, évidemment,
01:16:17 puisque ça occupe beaucoup de nos travaux.
01:16:21 Est-ce que vous pouvez me confirmer
01:16:22 que la question du relèvement du prix
01:16:25 ne se posait pas à cette époque-là ?
01:16:28 Sûrement, au regard de la situation du prix sur les marchés,
01:16:31 je parle de la période où vous étiez au cabinet
01:16:33 de Ségolène Royal pour cette 1re partie.
01:16:37 La 2e partie, toujours sur l'arène,
01:16:39 est-ce que vous ne pensez pas que la situation plus récente,
01:16:42 c'est-à-dire des dernières années,
01:16:43 qui a été liée à la corrosion sous contrainte,
01:16:46 qui a entamé une des réductions importantes
01:16:48 de la production de nucléaire,
01:16:52 qui est passée de 400 TWh à 300,
01:16:55 où on avait un plafond de l'arène à 100 TWh,
01:16:58 ce qui représentait, sur les 400,
01:17:00 25 % d'arène sur la production nucléaire.
01:17:04 Et lorsqu'on s'est retrouvé avec les 300 TWh,
01:17:08 lorsqu'on prélevait 100 et potentiellement 120 et plus
01:17:12 avec le relèvement du plafond,
01:17:13 on est arrivé à 35 % de la production.
01:17:17 Est-ce que vous avez eu, à ce moment-là,
01:17:19 cette réflexion sur la proportionnalité
01:17:22 de la ponction de l'arène sur la production du nucléaire,
01:17:26 qui pouvait, à cette époque-là, peut-être être révisée
01:17:28 au regard de la diminution de la production ?
01:17:32 Ce qui m'interroge, d'ailleurs, sur la discussion
01:17:38 que nous avons eue à ce moment-là,
01:17:39 puisqu'on était dans cette situation
01:17:41 et qu'on a eu une discussion sur le relèvement du plafond,
01:17:44 ce qui a gravé encore la ponction sur cela.
01:17:51 Je pense... Non, j'ai encore une question sur l'arène.
01:17:54 La dernière question,
01:17:55 et ça a été évoqué par plusieurs de nos intervenants,
01:17:59 c'est ce que vous avez pensé également,
01:18:01 à suspendre l'arène à un moment défini
01:18:05 au regard de la situation,
01:18:07 ce qui est d'ailleurs, beaucoup nous l'ont confirmé,
01:18:09 prévu par la loi lorsqu'il y a une situation particulière
01:18:13 où on peut suspendre et revenir ensuite sur le dispositif,
01:18:18 ce qui permettrait d'alléger la charge peut-être sur EDF.
01:18:23 Et la dernière question concernant l'arène,
01:18:26 c'est est-ce que vous avez connaissance d'une veille
01:18:28 sur le développement des moyens de production
01:18:31 qui s'exerce dans le ministère ou à la DGEC
01:18:36 sur les moyens de production développés
01:18:39 par les fournisseurs alternatifs ?
01:18:45 En fait, il y a deux façons de regarder l'arène.
01:18:48 Il y a la façon,
01:18:51 vue d'EDF,
01:18:53 de considérer que c'est une contrainte
01:18:55 et que ça empêche de maximiser le chiffre d'affaires et les revenus.
01:18:59 C'est une façon de regarder l'arène.
01:19:01 Il y a une autre façon de regarder l'arène,
01:19:05 qui est que c'est une très...
01:19:07 C'est une très puissante protection
01:19:11 des consommateurs français
01:19:14 face a fortiori
01:19:17 à des fluctuations du prix de l'électricité
01:19:19 qui ont été très importantes ces derniers mois.
01:19:23 Et moi, je nous invite vraiment
01:19:27 à regarder ces deux volets de l'arène.
01:19:30 Un certain nombre de nos voisins
01:19:34 considèrent que c'est une forme de soutien...
01:19:39 Comment dire ?
01:19:41 Auquel ils souhaiteraient pouvoir accéder pour leur industrie.
01:19:45 C'est un outil majeur de soutien
01:19:47 à la compétitivité de nos industries.
01:19:51 C'est un outil majeur
01:19:53 pour éviter d'exposer les consommateurs français
01:19:57 à des fluctuations du prix de l'électricité.
01:20:00 Une fois qu'on a dit ça,
01:20:03 il y a clairement des choses qui ne...
01:20:06 qui ne sont pas satisfaisantes dans le mécanisme actuel.
01:20:09 Par exemple, quand j'étais ministre de l'énergie,
01:20:13 à un moment donné, les prix de marché étaient passés
01:20:15 sous les prix de l'arène pendant le Covid.
01:20:18 Et on a vu les consommateurs,
01:20:23 enfin, oui, les clients,
01:20:26 rentrer de l'arène à EDF,
01:20:29 qui, du coup, n'avait pas anticipé
01:20:32 la vente de ces volumes d'électricité
01:20:36 et a été pris de court.
01:20:37 Et ça a été certainement préjudicien pour EDF.
01:20:39 Donc je ne suis pas en train de dire
01:20:41 que c'est un mécanisme parfait.
01:20:43 Il y a certainement des enjeux de symétrie dans le mécanisme.
01:20:46 Mais franchement,
01:20:50 on a montré, le gouvernement a montré,
01:20:53 les gouvernements successifs ont montré
01:20:55 qu'on était aux côtés d'EDF
01:20:57 quand ils ont pu avoir des difficultés financières.
01:21:00 Donc je pense qu'il faut qu'on ait, d'une part, en tête
01:21:02 la situation financière d'EDF,
01:21:05 l'importance de cette entreprise,
01:21:07 l'importance cruciale de cette entreprise
01:21:09 pour notre pays,
01:21:10 la nécessité de s'assurer que EDF
01:21:13 a bien tous les moyens de son développement,
01:21:17 et c'est ce qu'on a montré au cours des dernières années,
01:21:20 et en même temps que ça ne nous conduise pas
01:21:23 à renoncer à ce qu'est un outil,
01:21:28 sans doute, à améliorer, à réformer,
01:21:31 à adapter, un outil majeur
01:21:35 sur la compétitivité de notre économie
01:21:37 et de nos industries et de protection
01:21:39 des ménages français.
01:21:41 -Merci, madame la Première ministre,
01:21:47 même si vous n'avez pas totalement répondu à mes questions.
01:21:51 Est-ce que, avant de poser la dernière,
01:21:53 et je le fais rapidement,
01:21:55 est-ce que vous trouvez inopportun
01:21:58 de caler le montant du plafond de la Rennes
01:22:01 à la production effective à un moment donné ?
01:22:07 Et puis, simplement, si je comprends votre raisonnement
01:22:11 sur la question de la protection des consommateurs,
01:22:15 il me semble qu'avant le dispositif de la Rennes,
01:22:18 les Français ont toujours été protégés
01:22:20 par les tarifs réglementés de vente,
01:22:22 à la fois sur les consommateurs particuliers,
01:22:24 les entreprises, les collectivités,
01:22:26 qu'il y avait d'autres dispositifs qui étaient possibles,
01:22:30 même si les fluctuations étaient...
01:22:32 Et surtout sur les moyens de production
01:22:36 qu'ont pu développer les fournisseurs alternatifs,
01:22:38 parce que c'était bien dans l'esprit de la loi
01:22:42 que de leur permettre,
01:22:44 en leur permettant d'avoir des tarifs préférentiels,
01:22:49 à la fois de faire bénéficier leurs clients,
01:22:52 mais en même temps de développer les outils de production,
01:22:57 ce qui a été moyennement fait.
01:22:59 Il y a quelques années, j'aurais dit absolument pas fait,
01:23:04 mais certains se sont développés.
01:23:07 J'en viens à ma 2e question, qui est beaucoup plus rapide.
01:23:11 Est-ce que vous pensez que la crise énergétique
01:23:13 dans laquelle nous sommes, la crise liée à l'Ukraine,
01:23:16 la crise après Covid,
01:23:18 est-ce que vous pensez qu'avec ce contexte un peu particulier,
01:23:21 la Commission européenne peut être plus à l'écoute
01:23:26 et moins arc-boutée sur son dogme de la concurrence ?
01:23:31 Et est-ce que ce n'est pas cette occasion de profiter
01:23:35 pour régler à la fois la question de la construction du prix
01:23:38 sur le marché de l'électricité ?
01:23:40 Je crois que maintenant, c'est assez unanime
01:23:44 que de travailler à cela.
01:23:45 Et du coup, aussi du renouvellement
01:23:47 des concessions hydroélectriques,
01:23:49 qui contribuent aussi à assurer
01:23:52 la souveraineté énergétique de notre pays.
01:23:55 Et on l'a vu dans les moments un peu difficiles,
01:23:57 le soutien hydro a été aussi important.
01:24:01 Alors est-ce que vous sentez que la Commission
01:24:03 peut être plus à l'écoute, plus ouverte à nos propositions ?
01:24:07 -Peut-être, en effet, par répondu à votre question
01:24:12 sur le prix de l'arène,
01:24:14 le sujet du prix de l'arène n'en était pas un en 2015.
01:24:20 Evidemment, plus le temps passe,
01:24:22 et avec un prix de l'arène qui n'a pas été ajusté,
01:24:25 plus ça en devient un.
01:24:26 Ça en devient un, pardon.
01:24:28 Donc voilà, effectivement,
01:24:30 s'agissant du volume, vous voyez, là encore,
01:24:32 je pense que...
01:24:34 Je sais pas s'il faut tirer des généralités
01:24:37 d'une situation dont je pense qu'on espère tous
01:24:40 qu'elle est totalement atypique.
01:24:42 L'hypothèse dans laquelle on se retrouve
01:24:46 avec une aussi faible disponibilité
01:24:48 de notre parc nucléaire
01:24:50 que ce qu'on a connu l'an dernier,
01:24:54 avec non seulement les maintenances
01:24:58 dont les durées se sont allongées
01:25:00 pour les raisons que j'ai évoquées,
01:25:02 mais en plus, une douzaine de réacteurs
01:25:07 arrêtés suite à ce défaut de corrosion sous contrainte,
01:25:12 je pense qu'on espère tous que ça ne se reproduira pas
01:25:16 et que, du coup, on ne se retrouvera pas
01:25:19 à avoir un aussi faible volume de productibles
01:25:24 chez EDF.
01:25:26 Et du coup, voilà, ne construisons pas forcément l'avenir
01:25:30 sur une situation complètement atypique.
01:25:35 Sur ce que vous évoquez sur les fournisseurs
01:25:39 et la nécessité qu'ils développent
01:25:41 leurs propres capacités de production,
01:25:43 comme vous l'avez dit, certains le font,
01:25:46 dans le cadre de la réflexion
01:25:47 sur le marché européen d'électricité,
01:25:50 on souhaite aussi,
01:25:53 on porte en tout cas le fait d'avoir
01:25:54 des exigences prudentielles plus fortes
01:25:57 sur les fournisseurs d'électricité
01:26:01 pour qu'ils soient moins exposés
01:26:03 et que, du coup, ils exposent moins leurs clients
01:26:07 au prix spot ou au prix des marchés à terme
01:26:13 à quelques mois,
01:26:14 mais qu'ils aient une partie
01:26:16 de leur approvisionnement de long terme,
01:26:19 ce qui rejoint un autre dispositif
01:26:22 que je pense que vous connaissez bien, madame la députée,
01:26:24 les marchés de capacité.
01:26:26 En tout cas, je pense qu'on a tous intérêt
01:26:28 à ce qu'il y ait peu d'opérateurs,
01:26:31 voire pas d'opérateurs, qui sont des simples,
01:26:33 qui sont en train de faire du trading,
01:26:35 et qu'on ait plus de fournisseurs
01:26:39 avec des capacités d'approvisionnement
01:26:43 sur des marchés de long terme
01:26:45 qui peuvent, par ailleurs, sécuriser
01:26:48 le développement de capacités de production.
01:26:51 Et dans les réflexions qu'on peut avoir
01:26:53 sur la réforme du marché européen de l'électricité,
01:26:58 il y a vraiment redonner toute leur place
01:27:00 aux contrats de long terme,
01:27:03 parce qu'à la fois, ça sécurise, par exemple,
01:27:06 les industriels qui en bénéficient,
01:27:08 et ça sécurise les producteurs
01:27:11 qui signent ce type de contrat,
01:27:14 et, par ailleurs, pouvoir aussi avoir
01:27:18 des mécanismes de régulation
01:27:20 plus perfectionnés que la reine,
01:27:22 mais en tout cas, sécuriser des capacités de production
01:27:26 et éviter d'exposer les consommateurs
01:27:28 à des fluctuations de prix de marché,
01:27:30 c'est effectivement une préoccupation que l'on porte.
01:27:33 Est-ce que la Commission est plus ouverte
01:27:38 suite aux turbulences de ces derniers mois
01:27:41 sur les marchés de l'énergie européen ?
01:27:44 Très clairement, la présidente de la Commission
01:27:47 est plus ouverte.
01:27:49 Ensuite, au fur et à mesure,
01:27:52 on retrouve sans doute l'administration
01:27:55 telle qu'en elle-même,
01:27:56 mais je pense qu'il y a une volonté partagée
01:27:58 avec la présidente de la Commission de bouger les choses.
01:28:02 Madame la Première ministre, juste avant de laisser
01:28:05 circuler la parole à Niveau,
01:28:08 pour bien comprendre ce dont on parle pour 2022.
01:28:12 Le bilan 2022 de RTE, bilan électrique,
01:28:17 nous rappelle qu'on a consommé en France
01:28:20 460 TWh d'électricité,
01:28:23 que nous avons produit 445,
01:28:26 et que donc, tout ça, mis bout à bout,
01:28:29 nous en avons importé 16,5, grosso modo.
01:28:34 Nous avons donc importé 4% de notre consommation.
01:28:38 EDF vend 120 TWh de son électricité en arène
01:28:45 à des foudronnisseurs alternatifs.
01:28:49 Fournit à peu près autant sur du tarif réglementé.
01:28:54 C'est donc EDF qui, essentiellement,
01:28:58 achète de l'électricité à l'import au prix spot,
01:29:03 donc x10 par rapport aux tarifs habituels.
01:29:07 Et pourtant, ce sont les fournisseurs alternatifs
01:29:12 qui augmentent leurs tarifs,
01:29:15 notamment sur les TPE, PME,
01:29:18 alors qu'ils bénéficient de l'accès à l'arène.
01:29:22 C'est comme ça que je le comprends.
01:29:24 -EDF a en effet été amené à importer de l'électricité,
01:29:35 parce que quand on ne produit pas ce qu'on devait produire,
01:29:40 à un moment donné, on est dans une forme de défaut, vous voyez.
01:29:43 Et donc, du coup, je le redis,
01:29:45 on souhaite tous que ça ne se reproduise pas,
01:29:47 et je nous invite tous à ne pas construire notre vision
01:29:51 des règles du marché de l'électricité
01:29:54 sur la base de ce que j'espère être une année exceptionnelle
01:29:59 par la faible disponibilité circonstancielle
01:30:05 de notre parc nucléaire.
01:30:07 Alors en effet, EDF s'est certainement retrouvé
01:30:13 à devoir acheter l'électricité sur laquelle il comptait,
01:30:17 mais il n'a pas produit.
01:30:19 EDF, comme...
01:30:21 Enfin, je pense qu'on a tous rencontré des TPE, des PME
01:30:24 qui avaient une augmentation de leur facture d'électricité,
01:30:27 alors même que leur fournisseur était EDF.
01:30:29 Donc je pense que personne...
01:30:31 Il n'y a pas d'un côté des fournisseurs alternatifs
01:30:36 qui auraient augmenté leur prix,
01:30:40 et EDF qui n'aurait pas augmenté ses prix.
01:30:43 Et à la fin, dans le prix de référence
01:30:47 qui a été donné par la Creux à partir du début de l'automne,
01:30:52 la part d'AREN est bien prise en compte.
01:30:55 Et quand on a demandé, y compris à l'ensemble des fournisseurs,
01:31:01 de revenir à 280 euros du mégawatt-heure,
01:31:04 on tient compte du fait qu'ils disposent tous
01:31:07 d'une certaine part d'AREN.
01:31:09 Donc voilà, je ne partage pas la vision
01:31:11 que tous les fournisseurs gagneraient beaucoup d'argent
01:31:14 pendant que EDF en perdrait.
01:31:17 Je crois que c'est plus complexe.
01:31:20 -Bien. M. Rodoelle.
01:31:24 -Merci, M. le Président, et merci, Mme la Première ministre.
01:31:28 Vous avez parlé tout à l'heure de la politique du gouvernement
01:31:32 et de notre majorité en matière énergétique,
01:31:34 à savoir conquérir notre souveraineté
01:31:36 et notre indépendance.
01:31:38 Ma question porte en la matière sur les compétences.
01:31:41 Vous le savez mieux que personne,
01:31:43 il n'y a pas d'indépendance en compétences en la matière.
01:31:46 Et justement, vous avez été également ministre du Travail.
01:31:50 Vous avez obtenu un certain nombre de succès en la matière,
01:31:52 je pense notamment au déploiement de l'apprentissage.
01:31:56 En la matière, donc, quelles sont les orientations
01:31:58 que vous et votre gouvernement peuvent donner
01:32:01 ou donnent aux compétences dans la filière nucléaire
01:32:04 que vous avez évoquées tout à l'heure
01:32:07 pour que la France forme suffisamment de techniciens
01:32:11 d'ingénieurs, on parle souvent des soudeurs,
01:32:13 des chaudronniers et bien d'autres,
01:32:16 qui seraient disponibles pour la filière nucléaire
01:32:18 dans les années à venir ? Merci.
01:32:21 -Alors, on a un enjeu général de former plus d'ingénieurs.
01:32:26 Et ça, je peux vous assurer
01:32:28 que la ministre de l'Enseignement supérieur
01:32:31 s'emploie à accroître nos capacités de formation
01:32:35 et à mobiliser aussi tous nos établissements
01:32:38 d'enseignement supérieur pour former plus d'ingénieurs.
01:32:41 Ca suppose aussi...
01:32:43 Pardon, et on a besoin de former plus de techniciens
01:32:46 et on a besoin de former plus de jeunes
01:32:48 au métier de l'industrie.
01:32:50 Je pense que la réforme de l'apprentissage
01:32:53 qui a été portée dans le précédent quinquennat
01:32:56 permet précisément de donner de l'agilité
01:33:01 aux centres de formation des apprentis
01:33:03 pour développer des formations
01:33:05 qui répondent aux besoins de l'économie
01:33:07 et notamment les besoins importants dans le domaine de l'énergie
01:33:11 et spécifiquement de l'énergie nucléaire.
01:33:14 Comme vous le savez, on réfléchit aussi
01:33:17 à une réforme du lycée professionnel
01:33:19 pour qu'on puisse adapter beaucoup mieux
01:33:22 nos cartes de formation en tenant compte des besoins
01:33:26 de notre tissu économique et spécifiquement industriel.
01:33:30 On a un autre enjeu qui est ensuite
01:33:34 que les jeunes s'orientent vers ces filières.
01:33:39 Alors que les jeunes, et notamment les jeunes femmes,
01:33:42 moi, j'ai eu l'occasion de le dire,
01:33:44 on a prévu d'orienter,
01:33:47 de mettre en place 10 000 parcours d'accompagnement
01:33:50 pour des jeunes filles
01:33:51 pour essayer de leur donner toutes les chances
01:33:57 pour avoir demain des jeunes femmes
01:34:01 dans les métiers scientifiques et techniques
01:34:03 et notamment pour répondre aux énormes besoins de compétences
01:34:07 qu'on va avoir dans notre filière nucléaire.
01:34:10 Et on aura l'occasion d'en parler avec les ministres demain
01:34:15 puisque je réunis un CNR jeunesse aussi
01:34:18 pour parler des sujets d'orientation.
01:34:20 Je pense qu'on continue dans notre pays
01:34:23 à très mal connaître ces métiers,
01:34:26 à très mal connaître les possibilités de rémunération
01:34:31 quand on est soudeur, chaudronnier,
01:34:33 à très mal connaître ensuite
01:34:35 les perspectives d'évolution professionnelle.
01:34:37 Et on a un énorme défi,
01:34:39 non seulement de mettre en place les formations
01:34:42 dont on a besoin,
01:34:44 mais ensuite de convaincre, enfin de remplir, si je peux dire,
01:34:47 et un certain nombre de centres de formation d'apprentis
01:34:51 ou de lycées professionnels nous le disent,
01:34:55 les jeunes ne vont pas encore spontanément vers ces filières.
01:34:59 Donc on a un très gros défi de faire connaître ces métiers,
01:35:01 d'en faire la promotion
01:35:03 pour que les jeunes aillent effectivement dans ces métiers.
01:35:07 -Merci, monsieur Loubet.
01:35:10 -Merci, monsieur le président.
01:35:13 Madame la Première ministre,
01:35:15 5 sujets sur lesquels je souhaite vous interroger.
01:35:19 Le tout 1er sujet, dans cette commission d'enquête,
01:35:22 donc, nous cherchons à identifier les raisons
01:35:25 de la perte d'indépendance et de souveraineté énergétique
01:35:29 de notre pays.
01:35:30 Est-ce que vous pouvez nous expliquer
01:35:33 en quoi l'appartenance de la France
01:35:36 au marché européen de l'énergie
01:35:38 renforce l'indépendance
01:35:41 et la souveraineté énergétique de notre pays ?
01:35:43 A partir du moment où nous ne sommes plus souverains
01:35:46 pour déterminer les prix de l'énergie,
01:35:48 bien évidemment, à partir du coût de production en France.
01:35:53 On peut pas déterminer des prix comme ça.
01:35:54 Mais à partir du moment où on est plus souverains
01:35:56 pour déterminer des prix de l'énergie
01:35:58 et que l'on est dépendant d'autres énergies
01:36:00 venant d'autres pays,
01:36:02 en quoi est-ce que cela participe
01:36:04 du renforcement de notre indépendance
01:36:06 et de notre souveraineté énergétique ?
01:36:09 D'autant plus que cette décision,
01:36:11 vous la faites payer aux ménages
01:36:14 et à l'ensemble des TPE-PME
01:36:15 qui, aujourd'hui, paient des factures énergétiques ahurissantes.
01:36:19 Le 2e sujet sur lequel je souhaite vous interroger,
01:36:22 c'est un sujet sur lequel j'ai interrogé
01:36:25 Arnaud Montebourg hier,
01:36:27 dans le cadre de nos auditions.
01:36:28 Effectivement, l'avenir d'EDF est bien évidemment indissociable
01:36:32 de l'indépendance énergétique du pays.
01:36:35 Début juillet 2022,
01:36:37 vous avez annoncé la nationalisation intégrale
01:36:40 du groupe EDF,
01:36:41 et c'est une bonne nouvelle,
01:36:43 mais la question que l'on peut se poser,
01:36:44 c'est pour quoi faire ?
01:36:47 Heureusement, vous avez a priori abandonné le projet Hercules
01:36:51 de restructuration qui visait, entre autres,
01:36:53 à démanteler, en tout cas à disperser,
01:36:56 si vous préférez ce terme, les activités du groupe EDF.
01:36:59 Vous avez, suite à l'arrivée du nouveau PDG d'EDF,
01:37:04 Luc Rémond, écrit...
01:37:06 Vous lui avez écrit un courrier, adressé une feuille de route
01:37:10 pour lui demander, d'ici l'été 2023,
01:37:15 quelle est sa vision de la réorganisation,
01:37:17 voire restructuration du groupe EDF.
01:37:20 Donc ma question est la suivante.
01:37:21 Est-ce que, sans avoir, je suppose, encore
01:37:24 les conclusions de Luc Rémond,
01:37:26 est-ce qu'aujourd'hui, devant la représentation nationale,
01:37:29 vous pouvez nous assurer que votre gouvernement
01:37:32 exclura toute proposition de restructuration
01:37:35 qui vise à une cession des activités du groupe EDF,
01:37:39 je pense notamment entre les activités de nucléaire
01:37:42 et d'énergie renouvelable ?
01:37:45 3e sujet.
01:37:47 Vous avez cité, au tout début de votre audition,
01:37:51 les 3 piliers qui forment donc votre politique énergétique.
01:37:55 Et notamment, vous avez cité le 1er d'entre eux,
01:37:58 qui est la stratégie que vous avez adoptée de sobriété.
01:38:03 Aujourd'hui, vous vous êtes auditionné sous serment,
01:38:05 madame la Première ministre.
01:38:07 Dites sincèrement à la représentation nationale,
01:38:10 est-ce que cette stratégie de sobriété,
01:38:12 c'est une véritable volonté de votre part
01:38:14 de réduire les consommations ?
01:38:15 Et auquel cas, je vous le dis,
01:38:18 cela m'inquiéterait beaucoup pour un gouvernement
01:38:21 qui se dit pro-business,
01:38:23 avec une volonté de développer la croissance,
01:38:25 l'innovation et le développement de notre économie.
01:38:27 Je suis élu d'une circonscription
01:38:29 qui est particulièrement industrielle.
01:38:31 Et je peux vous assurer que bon nombre de PME,
01:38:34 bon nombre d'ETI, beaucoup d'entreprises,
01:38:37 et notamment des verreries et tant d'autres secteurs d'industrie
01:38:41 paniquent totalement quant à la possibilité
01:38:44 qu'il y ait pu avoir des délestages cet hiver
01:38:47 et qu'il puisse y en avoir dans les prochaines années.
01:38:52 Donc cette stratégie de sobriété ne vise-t-elle pas finalement
01:38:55 à dissimuler tout simplement une pénurie d'électricité,
01:38:59 une incapacité du pays,
01:39:01 à cause de l'abandon de la filière nucléaire,
01:39:03 et bien de répondre aux besoins,
01:39:06 des besoins dignes d'une puissance mondiale.
01:39:10 4e sujet sur lequel je souhaite vous interroger.
01:39:14 Suite aux pénuries d'électricité
01:39:16 que nous avons traversées, que nous traversons,
01:39:20 nous sommes actuellement à l'Assemblée nationale
01:39:22 en train d'examiner un projet de loi
01:39:24 qui vise donc à accélérer l'installation
01:39:27 de nouveaux réacteurs nucléaires.
01:39:29 Et c'est un projet de loi, bien évidemment,
01:39:31 dans l'idée en tout cas, qui va dans le bon sens.
01:39:34 Sauf que malgré votre volonté,
01:39:38 la volonté de votre gouvernement de construire
01:39:39 6 nouveaux réacteurs dans les prochaines années,
01:39:43 vous avez annoncé tout à l'heure, vous avez confirmé
01:39:46 ce qu'a pu annoncer Mme Pannier-Runacher
01:39:48 ces derniers jours.
01:39:50 A priori, votre gouvernement ne sait toujours pas
01:39:52 comment il va financer ces 50 milliards d'euros, au moins,
01:39:58 qui sont nécessaires donc à la construction
01:40:00 de 6 réacteurs nucléaires.
01:40:02 Donc ma question est la suivante.
01:40:04 Quelles sont les pistes que vous envisagez,
01:40:06 même si elles ne sont toujours pas arrêtées,
01:40:08 pour financer ces plus de 50 milliards d'euros
01:40:11 qui permettront la construction des nouveaux réacteurs nucléaires ?
01:40:14 Et je m'inquiète ensuite des répercussions économiques
01:40:18 de ces 50 milliards d'euros.
01:40:19 Quelles sont les garanties que vous apporterez
01:40:22 pour que cet argent, qui sera, je suppose,
01:40:25 essentiellement issu de la poche du contribuable,
01:40:30 bénéficie en priorité aux emplois et aux entreprises françaises
01:40:35 et n'aille pas subventionner des groupes étrangers,
01:40:39 ce qui nous empêcherait, bien évidemment,
01:40:40 de relocaliser certaines activités
01:40:42 que nous avons pu perdre ?
01:40:44 Et encore une fois, j'ai l'exemple dans ma circonscription
01:40:47 de plusieurs entreprises qui souhaiteraient participer,
01:40:50 effectivement, de ce nouveau programme de nouveaux nucléaires,
01:40:53 mais qui, malheureusement, du fait de l'abandon,
01:40:56 de l'arrêt programmé de la filière nucléaire
01:40:58 ces dernières années, eh bien, se sont retrouvées
01:41:02 à réduire leurs capacités, réduire leurs ressources humaines.
01:41:04 Evidemment, elles ne seront pas compétitives
01:41:06 face aux entreprises étrangères.
01:41:08 Elles ont besoin de temps pour se développer.
01:41:10 -M. Loupet. -Dernier sujet.
01:41:11 On s'était mis d'accord sur la sobriété
01:41:13 de la formulation des questions.
01:41:15 -Eh bien, je serai très sobre pour la dernière.
01:41:18 Le 5e sujet sur lequel je souhaite vous interroger,
01:41:21 madame la Première ministre.
01:41:23 Pour assurer la sécurité de l'approvisionnement électrique
01:41:26 du pays, votre gouvernement a annoncé en juin dernier,
01:41:31 une semaine après les élections législatives,
01:41:33 la réouverture de la centrale à charbon de Saint-Avold.
01:41:37 Cette centrale à charbon a été fermée le 31 mars 2022
01:41:41 et soit un mois avant l'élection présidentielle.
01:41:43 Dans l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle,
01:41:46 le candidat que vous avez soutenu, Emmanuel Macron,
01:41:48 a affirmé que cette élection était un référendum
01:41:51 pour ou contre l'écologie.
01:41:53 Et vous aviez affirmé que Marine Le Pen
01:41:57 voulait rouvrir des centrales à charbon, ce qui était faux.
01:41:59 Or, une semaine après les élections législatives,
01:42:02 vous annoncez la réouverture d'une centrale à charbon.
01:42:05 Les salariés avaient entendu parler de cette réouverture
01:42:08 pendant l'élection présidentielle
01:42:10 et avant même la fermeture de mars 2022.
01:42:12 Ma question est donc la suivante.
01:42:14 Lors de la fermeture de la centrale à charbon en mars 2022,
01:42:17 pouvez-vous m'assurer que le gouvernement
01:42:19 dont vous faisiez partie n'envisageait pas
01:42:21 de rouvrir la centrale à charbon dans les mois qui suivraient ?
01:42:24 Le cas échéant, pouvez-vous m'indiquer
01:42:26 quand vous avez pris votre gouvernement,
01:42:28 dont vous étiez Premier ministre,
01:42:30 la décision de redémarrer cette centrale à charbon de Saint-Avold ?
01:42:34 Et enfin, question que se posent tous les élus,
01:42:36 salariés et l'industriel,
01:42:38 avez-vous de la visibilité sur le nombre de saisons
01:42:41 et d'années d'exploitation de cette centrale à charbon ?
01:42:43 Je remercie M. le président
01:42:45 de m'avoir laissé le temps de cette question.
01:42:47 -Merci.
01:42:51 Je pense qu'on se convaincra pas mutuellement
01:42:54 sur notre vision du marché européen.
01:42:56 Moi, je note simplement que ces derniers mois,
01:43:00 enfin, que souvent, la plupart du temps,
01:43:04 on est content qu'EDF puisse vendre son électricité
01:43:08 sur les marchés européens et à des prix significatifs,
01:43:12 ce qui permet de renforcer notre opérateur national.
01:43:17 Et cette année, on a été content qu'EDF
01:43:20 et que la France puissent acheter de l'électricité
01:43:22 sur les marchés européens,
01:43:24 ce qui a évité de mettre nos concitoyens
01:43:27 et nos entreprises en difficulté.
01:43:29 Donc ma conviction, qui n'est pas la vôtre,
01:43:31 c'est que nous avons besoin d'un marché européen
01:43:34 de l'électricité.
01:43:36 Ensuite, une fois qu'on a posé ce point,
01:43:40 il faut bien évidemment en définir des règles,
01:43:43 et c'est toute l'ambition que l'on porte
01:43:45 dans la réforme du marché européen d'électricité
01:43:48 qui protège nos consommateurs,
01:43:50 notamment en leur permettant de bénéficier
01:43:53 des coûts contenus de l'électricité nucléaire.
01:43:59 Est-ce que ça renforce notre souveraineté ?
01:44:01 Oui, je pense que ça nous renforce, effectivement,
01:44:04 de pouvoir vendre de l'électricité
01:44:08 la plupart du temps à nos voisins
01:44:09 et bénéficier de leur solidarité quand on en a besoin.
01:44:13 Et ça peut aussi nous renforcer
01:44:17 d'avoir, par le passé,
01:44:19 importé du gaz de l'est de l'Europe
01:44:22 et d'avoir servi de point d'entrée
01:44:24 pour pouvoir en exporter
01:44:26 dans les périodes qu'on a connues ces derniers mois.
01:44:29 Et je pense que, par ailleurs, face aux crises mondiales,
01:44:31 mais là aussi, je pense qu'on ne partage pas ce point
01:44:33 et on ne va pas se convaincre ce soir,
01:44:35 je pense que l'Europe est plus forte
01:44:37 dans un monde en pleine turbulence,
01:44:39 y compris pour défendre les valeurs
01:44:42 auxquelles nous sommes attachés
01:44:44 face à l'agression russe en Ukraine.
01:44:47 Je peux vous dire, redire ce que mes ministres,
01:44:53 ce que les précédents gouvernements
01:44:56 dans le précédent quinquennat
01:44:58 ont eu l'occasion de dire sur EDF.
01:45:03 Nous voulons impérativement
01:45:06 conserver l'intégrité du groupe EDF.
01:45:10 Voilà. Et c'est le projet
01:45:13 clairement de mon gouvernement, et c'est dans ce cadre-là
01:45:17 que le président d'EDF est amené à réfléchir
01:45:20 à la meilleure organisation de son groupe.
01:45:24 Alors vous me dites, est-ce que la sobriété,
01:45:26 ça n'est qu'un habillage
01:45:28 pour masquer la pénurie d'électricité ?
01:45:32 Et est-ce que les industriels ont des raisons de s'inquiéter ?
01:45:34 Vous savez, moi, les industriels,
01:45:36 je pense qu'ils sont contents qu'on les accompagne
01:45:40 pour baisser leur facture énergétique.
01:45:43 Et je peux vous assurer que les 50 sites,
01:45:46 les plus émetteurs qu'on va accompagner
01:45:49 avec 4 milliards d'euros d'investissement
01:45:51 pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre,
01:45:54 le président de la République a même évoqué la possibilité
01:45:57 de mettre 4 millions d'euros de plus
01:46:00 si ils pouvaient rehausser leurs ambitions
01:46:02 dans la baisse des émissions de gaz à effet de serre.
01:46:05 Ils sont contents. Et je pense que, de façon générale,
01:46:07 les entreprises sont contentes qu'on les accompagne
01:46:10 sur la sobriété énergétique,
01:46:12 parce que quand on baisse ses consommations,
01:46:14 on fait des économies et on est plus rentables
01:46:17 quand on est une entreprise.
01:46:18 Donc on ne doit pas croiser les mêmes entreprises.
01:46:21 Sur le financement du nouveau nucléaire,
01:46:23 non, je ne vais pas vous exposer aujourd'hui
01:46:25 les modèles de financement du nouveau nucléaire,
01:46:27 mais largement, c'est...
01:46:30 Heureusement, la production d'électricité
01:46:33 est une activité économique
01:46:35 qui a vocation à se financer par la vente de l'électricité.
01:46:39 Ensuite, je l'ai dit, à la fois pour les consommateurs
01:46:43 comme pour les producteurs, c'est important d'avoir des outils
01:46:46 tels que les marchés de long terme
01:46:48 ou des contrats, ce qu'on appelle les contrats pour différence,
01:46:52 qui permettent d'éviter des fluctuations trop importantes,
01:46:55 de sécuriser le producteur et de sécuriser le consommateur.
01:47:00 Donc c'est autour de ces sujets que l'on réfléchit,
01:47:02 mais on aura l'occasion d'en reparler plus longuement,
01:47:05 j'imagine, quand on aura approfondi cette réflexion.
01:47:09 Vous me demandez à quel moment ou quelle décision a été prise
01:47:14 au début du printemps '22.
01:47:16 Moi, j'étais ministre du Travail,
01:47:17 donc je ne suis pas en situation de vous répondre.
01:47:19 Sur Saint-Avold.
01:47:23 -Madame la ministre, je me permettrai une question
01:47:26 sur la question du cycle de combustible.
01:47:30 Lorsque vous arrivez au ministère de l'Ecologie en 2019,
01:47:36 c'est à peu près de façon contemporaine
01:47:38 à la décision d'abandon du programme Astrid,
01:47:42 François-Jacques nous a expliqué
01:47:45 que la vision, à ce moment-là,
01:47:47 du potentiel de disponibilité d'uranium
01:47:52 est telle qu'il n'y a pas urgence à mobiliser la ressource
01:47:56 que constitue l'uranium appauvri
01:47:58 et donc à mettre en oeuvre
01:48:01 de façon trop précipitée le projet Astrid.
01:48:05 Vous avez, dans vos propos, plusieurs fois fait appel
01:48:08 à l'humilité qui doit être celle des décideurs publics
01:48:10 face à des circonstances qui, parfois, changent.
01:48:13 Est-ce que vous avez le sentiment qu'entre 2019 et aujourd'hui,
01:48:15 2022, l'environnement mondial du besoin prévisionnel
01:48:20 en matière d'uranium a changé ou pas ?
01:48:24 Et est-ce que vous considérez que, peut-être qu'avec le renouveau
01:48:26 du nucléaire qui se joue aujourd'hui,
01:48:29 nous pourrions avoir plus qu'en 2019
01:48:33 besoin d'accélérer la mobilisation de l'uranium appauvri
01:48:38 comme ressource de production d'électricité ?
01:48:41 -Alors, Astrid, c'était un prototype de réacteur à neutrons rapide.
01:48:50 Et le projet a eu des dérapages considérables de ses coûts
01:48:57 sans qu'on ait de garantie
01:48:59 que les dérapages annoncés étaient des derniers.
01:49:02 Donc, étant entendu qu'aujourd'hui,
01:49:06 la technologie sur la base de laquelle
01:49:09 nous allons fonder notre nouveau nucléaire,
01:49:13 c'est l'EPR et pas des réacteurs à neutrons rapides,
01:49:17 on s'est dit que la priorité n'était pas
01:49:19 de poursuivre le développement de ce prototype
01:49:22 de réacteur à neutrons rapides,
01:49:24 mais de poursuivre, évidemment, la recherche
01:49:27 pour, dans une future génération,
01:49:29 après les EPR2 que nous lançons,
01:49:32 être mieux armés dans le développement
01:49:35 d'un réacteur à neutrons rapides.
01:49:37 Ensuite, sur l'uranium de retraitement,
01:49:40 c'est sans doute de ça que vous parlez.
01:49:42 -Non, je suis vraiment sur Astrid,
01:49:46 enfin, réacteur à neutrons rapides.
01:49:48 On devient technicien après 150 heures d'audition,
01:49:51 madame la Première ministre.
01:49:52 L'intérêt... Enfin, j'ai bien compris,
01:49:56 mais encore une fois, moi, je ne suis pas technicien
01:49:58 de formation.
01:50:00 L'intérêt du réacteur à neutrons rapides,
01:50:02 c'est bien de mobiliser l'uranium appauvri,
01:50:06 largement disponible en France.
01:50:09 Le point de vue que nous a expliqué François-Jacques,
01:50:11 qui a justifié l'abandon d'Astrid, c'est de dire
01:50:14 nous n'aurons pas besoin de mobiliser ce stock
01:50:17 d'uranium appauvri aussi vite qu'on a pu l'imaginer
01:50:21 dans les années 90 ou 2000,
01:50:23 du fait du ralentissement mondial
01:50:25 de la demande prévisionnelle d'uranium,
01:50:28 suite notamment à Fukushima.
01:50:31 Est-ce que vous imaginez qu'aujourd'hui,
01:50:34 nous aurons besoin plus rapidement que pensé en 2019
01:50:37 de mobiliser des stocks d'uranium appauvri ?
01:50:40 -Alors, je pense pas qu'on puisse dire
01:50:43 qu'Astrid, c'est la façon la plus directe
01:50:47 de mobiliser les stocks d'uranium appauvri.
01:50:50 Astrid, c'est un prototype d'un réacteur à neutrons rapides.
01:50:54 En retombée, ça peut permettre de mobiliser de l'uranium appauvri.
01:50:58 À supposer qu'on se mette à généraliser
01:51:01 des réacteurs à neutrons rapides,
01:51:02 ce qui n'a jamais été un projet existant.
01:51:04 Donc c'est une technologie sur laquelle
01:51:08 on a sans doute voulu aller trop vite
01:51:10 en voulant passer au stade du prototype,
01:51:12 sur lequel il faut continuer la recherche et développement.
01:51:15 Après, tout ce qui peut être de la réutilisation,
01:51:20 la capacité à mobiliser de l'uranium de retraitement,
01:51:24 de l'uranium appauvri,
01:51:27 nous devons réfléchir à la façon de mieux assurer
01:51:31 notre souveraineté sur toutes les technologies de traitement,
01:51:34 sur toutes les filières industrielles.
01:51:37 Et nous devons poursuivre la réflexion
01:51:41 pour renforcer notre souveraineté dans ce domaine.
01:51:43 -M. Tanguy ?
01:51:49 Ah, pardon, M. le rapporteur.
01:51:51 M. Tanguy, puis...
01:51:54 Allez-y, M. Tanguy.
01:51:56 -Merci, M. le Président. Je suis désolé,
01:51:59 dans la 1re minute, je n'ai eu pas ou peu de réponses
01:52:02 à mes 1res questions.
01:52:03 Donc visiblement, elles étaient mal formulées.
01:52:05 Donc je vais en reformuler une partie.
01:52:08 Sur le pétrole, je vous ai indiqué
01:52:09 que la seule politique que j'avais perçue
01:52:12 quand vous étiez directeur de cabinet,
01:52:15 ministre, puis Premier ministre aujourd'hui,
01:52:17 pour baisser notre dépendance
01:52:19 aux importations de pétrole et de gaz,
01:52:21 c'était la politique fiscale.
01:52:23 Je ne sais pas pourquoi on parle du chèque carburant,
01:52:26 compagnie et tout.
01:52:27 Est-ce que vous estimez, comme politique publique,
01:52:31 à l'épreuve des faits,
01:52:33 est-ce que la politique fiscale,
01:52:34 qui consiste à pénaliser de manière semblable
01:52:39 les ménages sur l'utilisation d'énergie fossile,
01:52:44 constitue un bon moyen de baisser, oui ou non,
01:52:47 au bout de 30 ans de cette politique,
01:52:50 avec une amplification depuis 8 ans,
01:52:51 est-ce que c'est une bonne politique ou une mauvaise politique ?
01:52:54 Je ne vois pas en quoi les éléments que vous m'avez apportés
01:52:57 répondaient à cette question.
01:52:58 Sur le rôle du gaz avec nos partenaires européens,
01:53:02 vous avez fait une pirouette souverainiste, soit.
01:53:06 Il se trouve que Engie est exposé à 1 milliard d'euros
01:53:11 dans le capital de Nord Stream 2.
01:53:14 Il a fait cette opération alors que l'Etat était actionnaire
01:53:19 entre, selon les années 20 et 30 % de mémoire, d'Engie.
01:53:24 Donc oui, responsabilité,
01:53:28 l'Etat français s'est prononcé sur la viabilité,
01:53:32 ou en tout cas a laissé une entreprise
01:53:34 dont elle était largement actionnaire
01:53:36 avoir un intérêt sur Nord Stream 2.
01:53:38 Est-ce que oui ou non, ça a été porté à votre connaissance ?
01:53:40 Est-ce que oui ou non, vous l'avez porté
01:53:42 à la connaissance des personnes opérantes ?
01:53:43 Et oui ou non, est-ce qu'à l'époque,
01:53:44 ça vous a semblé un problème ?
01:53:48 Troisième, je n'ai pas compris votre réponse au président
01:53:51 sur Astrid.
01:53:52 Le principe d'un prototype,
01:53:54 c'est pas de faire une exposition dans un showroom,
01:53:57 c'est que si ce prototype fonctionne,
01:53:59 c'est de le généraliser.
01:54:01 Donc si ce prototype fonctionne, c'était quand même le but,
01:54:04 je pense. Est-ce que oui ou non,
01:54:06 la question que vous a posée le président est utile.
01:54:09 Est-ce que oui ou non, cela permet, ce serait utile
01:54:11 pour utiliser notre stock d'uranium appauvri
01:54:13 et cesser notre dépendance
01:54:15 aux importations d'uranium étrangères ?
01:54:18 Je n'ai pas eu de réponse sur le rapport RTE.
01:54:20 Je vous ai indiqué, vous avez à plusieurs reprises,
01:54:23 sauf erreur, indiqué que c'était la source essentielle
01:54:26 de vos décisions et que ça restait la source essentielle
01:54:28 de vos décisions. Vous avez parlé de l'Agence
01:54:29 internationale de l'énergie.
01:54:30 Sauf erreur de ma part, cette agence ne s'occupe pas
01:54:34 de la production d'électricité en France,
01:54:36 des prévisions d'électricité nécessaires en France.
01:54:37 Elle donne des recommandations générales sur le mix,
01:54:39 sur ce qui est possible de faire,
01:54:41 mais ce n'est pas elle qui pilote ce genre d'outils.
01:54:44 D'ailleurs, vous n'en avez jamais parlé avant.
01:54:47 Et une fois plus, dans vos prévisions aujourd'hui,
01:54:49 c'est votre outil principal.
01:54:51 Vous dites qu'il est défaillant.
01:54:52 Par exemple, un exemple parmi d'autres,
01:54:54 encore un exemple récent,
01:54:56 vous avez encore dit aujourd'hui que le fait qu'RTE
01:54:59 n'ait pas étudié un rapport où le poids du nucléaire
01:55:03 est plus important est lié aux limites affirmées,
01:55:06 sans preuve, dans ce rapport, de la filière nucléaire.
01:55:09 Votre ministre en charge, Mme Pannier-Runacher,
01:55:12 hier, dans "Les Echos", a indiqué qu'en fait,
01:55:14 elle allait poser à la filière la question de savoir,
01:55:16 c'est le titre de l'interview,
01:55:19 si la filière était capable de faire plus.
01:55:21 Donc oui ou non, soit Mme Pannier-Runacher se trompe,
01:55:24 c'est-à-dire que la question a été posée
01:55:26 et il lui a été répondu que la filière pouvait pas faire plus,
01:55:28 soit la question n'a pas été posée
01:55:30 et Mme Pannier-Runacher va lui répondre.
01:55:31 Donc est-ce que oui ou non, aujourd'hui,
01:55:33 le fait qu'RTE n'ait pas fait de scénario,
01:55:34 il y a une réalité de la filière
01:55:36 ou est-ce qu'elle est liée à une posture politique ?
01:55:39 -Je pense que vous n'étiez pas là au début, M. le député,
01:55:47 mais j'ai essayé d'exposer ma vision de la politique
01:55:51 en matière d'énergie.
01:55:52 Du reste, je l'avais fait lors d'un débat 50-1
01:55:55 et je pense avoir expliqué comment on...
01:56:00 traduisait en actes notre ambition de sortir des énergies fossiles.
01:56:05 Alors je peux recommencer l'exposer,
01:56:07 vous expliquer comment, en tant que ministre des Transports,
01:56:11 je me suis efforcé de proposer des alternatives
01:56:14 à l'usage individuel de la voiture thermique,
01:56:18 comment, en tant que ministre de l'Ecologie,
01:56:20 je me suis efforcé de proposer des dispositifs plus efficaces
01:56:24 pour réduire les consommations des bâtiments,
01:56:26 comment, aujourd'hui, nous sommes en train de travailler
01:56:29 dans le cadre de la planification écologique,
01:56:31 là aussi, pour réduire nos consommations.
01:56:34 Je comprends pas votre question.
01:56:35 -Est-ce que vous estimez la politique fiscale ?
01:56:38 -Non, c'est pas ce que vous m'avez posé comme question.
01:56:41 Vous me posez comme question de savoir si la politique fiscale
01:56:44 est le seul instrument pour baisser
01:56:46 notre dépendance aux énergies fossiles.
01:56:48 Donc je vous renvoie au début de mon intervention
01:56:50 et à mon intervention dans le cadre du débat 50-1
01:56:53 sur la façon dont je conçois la politique énergétique
01:56:57 de mon pays.
01:56:59 -Vous avez jamais posé cette question ?
01:57:01 -Alors, je suis à votre écoute, si vous voulez reformuler.
01:57:04 -Est-ce que vous estimez que la politique fiscale...
01:57:06 -M. Tanguy, le micro.
01:57:09 -Madame la Première ministre, la question que je vous ai posée
01:57:11 n'est pas est-ce que la politique fiscale
01:57:13 sur les énergies carbone est la seule politique possible.
01:57:16 Je vous ai demandé si, à la lumière de l'expérience
01:57:19 de plusieurs années, vous estimez que cette politique fiscale
01:57:22 sur les ménages fonctionne.
01:57:27 -Enfin, je...
01:57:29 Si votre question est de savoir si le seul instrument,
01:57:34 c'est la politique fiscale, clairement non.
01:57:37 Je pense que c'était strictement votre question,
01:57:40 donc la réponse est non.
01:57:42 Est-ce qu'aujourd'hui, il serait pertinent
01:57:44 d'augmenter la fiscalité sur les énergies fossiles
01:57:48 avec le niveau de prix de ces énergies ?
01:57:51 Je ne pense pas. Je ne pense pas.
01:57:53 Vous voyez, aujourd'hui, quand nos concitoyens
01:57:56 sont en train de payer le litre d'essence ou de diesel
01:58:00 à près de 2 euros,
01:58:01 le gouvernement n'envisage pas
01:58:04 d'augmenter la fiscalité sur les énergies fossiles.
01:58:07 Le gouvernement essaie de répondre
01:58:10 aux difficultés de nos concitoyens,
01:58:13 par exemple en accélérant sur les alternatives
01:58:16 avec un grand plan de 100 milliards d'ici 2040
01:58:19 sur le ferroviaire, en soutenant nos concitoyens,
01:58:23 en leur proposant des véhicules électriques
01:58:25 grâce à un leasing à moins de 100 euros par mois.
01:58:28 Et donc, c'est tous les outils sur lesquels on est en train de travailler
01:58:31 pour baisser notre dépendance aux énergies fossiles.
01:58:35 -Bien. M. le rapporteur.
01:58:38 -Sur les autres questions, je n'étais pas en responsabilité
01:58:42 au moment où Engie a pu s'impliquer dans Nord Stream.
01:58:47 Sur Astrid, vous pouvez dire
01:58:50 qu'il n'y a qu'à généraliser le prototype,
01:58:52 et quand les coûts du prototype sont en train de déraper,
01:58:55 notre responsabilité, en tant aussi que responsable
01:58:59 des finances publiques de notre pays,
01:59:01 ça n'est pas de se dire, ça dérape, donc on accélère.
01:59:04 -Bien. M. le rapporteur.
01:59:09 -Merci, M. le président.
01:59:10 Et pour faire le lien avec les propos de M. Tanguy,
01:59:13 si l'amendement qui a été adopté, que j'ai porté,
01:59:16 qui a été adopté tout à l'heure en commission des affaires économiques
01:59:18 sur la possibilité de construire davantage
01:59:20 que 14 réacteurs à l'horizon 2050 est adopté en séance,
01:59:23 nous aurons le loisir d'avoir des réponses de la filière
01:59:27 de manière encore plus importante.
01:59:30 Simplement un point, on ne peut pas évidemment tout traiter,
01:59:32 on a peu parlé d'énergie renouvelable,
01:59:35 simplement avoir à la fois votre ressentiment
01:59:39 et les mesures que vous avez prises
01:59:40 ou que vous comptez prendre aujourd'hui en prospectif
01:59:42 sur les énergies renouvelables hors électricité,
01:59:46 puisqu'on parle souvent peu d'énergie renouvelable,
01:59:48 on parle encore moins des énergies renouvelables
01:59:51 dites thermiques, notamment.
01:59:52 Je sais qu'un certain nombre de propositions
01:59:55 sont encore dans le débat public sur la géothermie,
01:59:57 sur le gaz renouvelable.
02:00:01 On comprend que c'est aussi une manière,
02:00:02 sans pouvoir transférer tous les usages vers l'électricité,
02:00:05 de sortir de notre dépendance aux énergies fossiles.
02:00:08 Est-ce que vous avez le sentiment notamment que nos filières,
02:00:10 que le pays a des filières industrielles
02:00:12 suffisamment robustes en la matière ?
02:00:15 Et si ce n'est pas le cas, qu'il faut les renforcer
02:00:17 pour avoir à la fois cette sortie des énergies fossiles
02:00:21 et en plus d'avoir les filières françaises
02:00:22 qui permettent d'y parvenir ?
02:00:24 -Sur les énergies renouvelables, vous savez, je pense que...
02:00:30 Notre pays et les échanges que j'avais
02:00:32 avec la présidente de la commission récemment le montrent.
02:00:36 Je pense qu'on a tous été choqués de voir
02:00:38 comment à un moment, on a loupé la marche du photovoltaïque.
02:00:45 Et ensuite, on a pu voir qu'on avait loupé la marche
02:00:49 de l'éolien terrestre.
02:00:51 Donc je peux vous assurer de la détermination
02:00:54 de mon gouvernement à être bien présent
02:00:57 sur les technologies d'avenir.
02:00:59 J'ai mentionné l'hydrogène.
02:01:00 Je pense que c'est crucial, les 9 milliards d'euros
02:01:03 qu'on va mobiliser pour soutenir une filière complète
02:01:07 dans le domaine de l'hydrogène.
02:01:09 L'éolien marin, c'est crucial d'être présent sur cette filière.
02:01:14 Et sur la géothermie, là aussi, c'est une forme d'énergie
02:01:19 qu'on a sans doute insuffisamment mobilisée par le passé.
02:01:23 Il y avait eu quelques expériences,
02:01:24 quelques mauvaises expériences,
02:01:26 il y a très longtemps, avec le BRGM,
02:01:28 qui nous ont peut-être détournés de l'intérêt de la géothermie.
02:01:33 Donc on est vraiment, alors,
02:01:36 décidé à mobiliser ces sources d'énergie.
02:01:39 Vous parlez aussi des biogaz.
02:01:43 C'est une source d'énergie importante
02:01:45 parce qu'on aura besoin de gaz,
02:01:47 et donc c'est important de pouvoir produire du biogaz.
02:01:50 C'est important d'avoir des filières françaises pour le faire.
02:01:53 Et c'est aussi important en création de richesses
02:01:57 dans les territoires,
02:01:59 en complément de revenus aussi dans les territoires ruraux.
02:02:02 Donc sur tous ces champs, on souhaite avancer.
02:02:05 Et évidemment, on aura une très forte vigilance
02:02:11 à développer simultanément ces nouvelles énergies
02:02:15 et en même temps les filières industrielles qui vont avec.
02:02:18 Je l'ai évoqué aussi
02:02:19 sur les futures générations de panneaux photovoltaïques
02:02:22 et notre volonté de reprendre,
02:02:25 de retrouver notre souveraineté
02:02:28 sur ces filières pour l'avenir.
02:02:31 -Justement là-dessus, et pour moi, c'est la dernière question.
02:02:35 Est-ce qu'en prenant la décision de sortir du moteur thermique,
02:02:41 on n'est pas en train de s'empêcher
02:02:44 justement une marche technologique ?
02:02:47 Alors qu'on se comprenne bien,
02:02:49 pour moi, le sujet n'est pas de dire
02:02:50 qu'il faut conserver des hydrocarbures fossiles
02:02:55 dans nos moteurs thermiques.
02:02:57 Je viens de dire peut-être qu'on a des moyens
02:03:00 de décarboner le moteur thermique
02:03:02 par des carburants
02:03:04 qui, eux, répondent de cycles carbone neutres.
02:03:09 Et est-ce que, finalement, en interdisant le moteur thermique,
02:03:12 on ne serait pas en train d'organiser
02:03:14 le ratage de cette marche-là ?
02:03:16 -En fait, quand on discute avec nos industriels de l'automobile,
02:03:23 ils alertent aussi sur la soutenabilité pour eux
02:03:31 de poursuivre toutes les hypothèses technologiques.
02:03:36 Vous voyez, on pourrait se dire,
02:03:39 "Continuons à réfléchir sur l'amélioration
02:03:41 "des rendements des moteurs thermiques
02:03:43 "dans la perspective d'avoir demain des carburants de synthèse."
02:03:47 Quand on a les débats au niveau européen
02:03:51 sur les futures normes Euro 7,
02:03:54 nos industriels nous disent aussi,
02:03:55 "Attendez, nous avons le défi des véhicules batterie,
02:03:58 "nous avons le défi des véhicules hydrogène,
02:04:01 "nous avons encore à gérer les technologies hybrides.
02:04:04 "Ne nous demandez pas, dans le même temps,
02:04:06 "de continuer à investir pour optimiser le moteur thermique."
02:04:09 Je pense qu'à un moment donné,
02:04:11 la décision que prend la Commission européenne aussi de dire,
02:04:14 "On se recentre sur les technologies autres que thermiques",
02:04:21 c'est aussi un appel de nos industriels de dire,
02:04:24 "On ne peut pas mobiliser des financements en termes de R&D
02:04:29 "en courant tous les lièvres à la fois."
02:04:32 Ca ne veut pas dire qu'on n'a pas aussi à réfléchir,
02:04:36 le cas échéant, à des carburants de synthèse,
02:04:38 notamment si on développe toutes les technologies
02:04:40 de capture de carbone,
02:04:42 parce que je pense que ce sera,
02:04:44 si on peut avancer sur ces technologies,
02:04:47 bienvenu pour participer à la réduction
02:04:51 des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports,
02:04:54 parallèlement au développement d'alternatives
02:04:56 à la voiture individuelle et à l'électrification du parc.
02:04:59 Vous voyez, je pense qu'il y a aussi une question
02:05:02 de soutenabilité dans la palette des technologies
02:05:05 que des industriels peuvent arriver à continuer à développer.
02:05:10 -Merci bien. Ecoutez, madame la Première ministre,
02:05:17 je vous remercie pour... Ah !
02:05:20 M. Ronal. Bon.
02:05:22 Bien, je vous remercie pour la disponibilité
02:05:25 qui a été la vôtre devant notre...
02:05:28 Non, je crois qu'on a fait le tour, là.
02:05:32 La disponibilité qui a été la vôtre
02:05:34 devant notre commission d'enquête parlementaire.
02:05:37 Je crois que les réponses que vous nous avez apportées
02:05:40 seront utiles à nos travaux.
02:05:43 Il s'agissait de la dernière audition, on va dire,
02:05:47 de notre commission d'enquête dans son format habituel.
02:05:51 Nous entendrons également
02:05:53 les 2 anciens présidents de la République dans 2 semaines,
02:05:58 mais sous un autre format,
02:06:00 eu égard aux règles habituelles de séparation des pouvoirs.
02:06:04 Merci beaucoup, madame la Première ministre,
02:06:06 pour votre disponibilité et vos réponses.

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