• l’année dernière
Quatre Tour de France, deux Vuelta, un Giro... on mesure souvent l’importance d’un athlète à son palmarès, non ? Autant dire que celui de Christopher Froome (37 ans) n’a rien à envier à d’autres légendes du cyclisme. Coureur phare pendant pratiquement une décennie et reconnaissable à sa morphologie atypique ainsi qu’à son coup de pédale emblématique, le coureur d'Israël-Premier Tech a marqué son époque. Alors qu’il a récemment annoncé son intention de ne pas raccrocher en fin de saison, le "Kenyan blanc" - revient d’Afrique après avoir participé au Tour du Rwanda (19-26 février) et de retour en Europe. Non pour être au départ de Paris-Nice ce dimanche mais plutôt pour partir en stage de deux semaines en altitude. Avant de filer sur le Tour de Catalogne (20-26 mars). L’occasion parfaite pour Cyclism’Actu de faire un point complet avec "Froomey" dans un entretien préparé par toute la rédaction de Cyclism'Actu et réalisé mardi dernier à Paris, en marge de sa visite du QG de Withings, l'un de ses partenaires : "Qu'est-ce qu'on peut me souhaiter pour cette année et cette saison 2023 ? Juste être encore là, avec les meilleurs, ce serait déjà une grosse victoire" reconnait Chris Froome.

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Transcription
00:00 Mesdames et Messieurs, mettez vos mains ensemble pour Chris Croom !
00:05 Chris, bonjour, merci pour cette interview.
00:08 Tu rêves toujours d'une cinquième victoire ?
00:32 Je suis réalistique. Je sais que je ne peux pas dire ça maintenant, que j'allais le faire cette année.
00:43 Il y a d'autres points, d'autres objectifs avant de faire ça.
01:00 Comment ça va ?
01:02 Très bien. Je suis rentré de Rwanda dans les derniers jours. C'était une belle expérience d'être là.
01:10 Rwanda, c'est une course très dure.
01:13 Très très dure. On est presque tout le temps en altitude, à 2000 mètres au plus.
01:21 C'était une course très explosive, avec des coureurs qui ne sont pas très connus en Afrique.
01:31 Pas connus chez nous en Europe, mais ils sont très forts en Afrique.
01:40 C'était une très belle expérience de voir le cyclisme en Rwanda, tous les gens qui suivent le tour. C'était incroyable.
02:01 Quand on est né au Kenya, et qu'il y a une course en Rwanda, pas loin du Kenya, c'est quoi le sentiment ?
02:10 C'était vraiment le tour complet pour moi, pour avoir grandi au Kenya, pour avoir retourné en Afrique pour faire une course comme ça.
02:27 Ça donne beaucoup d'émotions, de sensations d'être là. La vie n'est pas très différente en Rwanda ou au Kenya.
02:42 J'ai été très content d'être là.
02:46 70 kilomètres tout seul sur une étape, devant ?
02:51 Malheureusement, j'ai eu une cravation après 80 kilomètres. Il faut changer de roue deux fois, parce que la première n'était pas bonne.
03:07 Les courses de temps en temps, elles sont comme ça. J'étais content d'être là, et d'essayer de gagner l'étape.
03:24 C'est quoi ton programme maintenant ? Paris-Nice ?
03:28 Je vais faire un stage en Espagne, au Sierra Nevada, pour deux semaines, après le tour de Catalogne.
03:38 On parle de 2023. C'est quoi tes objectifs ?
03:44 Être autour au 100%. C'est pour moi le plus gros objectif cette année, pour être plus compétitif autour de France.
03:58 Ça sera un rêve encore.
04:01 Tu rêves toujours d'une cinquième victoire ?
04:05 Je suis réalistique. Je sais que je ne peux pas dire ça maintenant, que j'allais le faire cette année.
04:16 Il y a d'autres points, d'autres objectifs avant de faire ça.
04:25 Comme faire le classement dans une course d'une semaine, peut-être.
04:34 Ou faire un tour comme Catalogne ou le Criterium Dauphiné. Mais toujours, c'est le rêve. D'être là encore, au niveau du meilleur, c'est toujours le rêve.
04:58 Au début de l'année, tu avais dit que 2023 ne serait pas ta dernière année. C'est toujours ça ton idée ?
05:08 J'ai un contrat pour encore trois ans. J'espère que ce n'est pas ma dernière année cette année.
05:18 On se connaît depuis longtemps, avec Jean-Louis, Nicolas Portale, etc. Si on t'avait dit, au début de ta carrière, quand on s'est connu à Monaco,
05:32 remporter quatre tours de France, deux tours d'Espagne, un Giro, si on t'avait dit que tu allais gagner tout ça, tu aurais eu quelle réaction ?
05:42 Non, je ne croyais pas. Quand j'ai commencé à Barlow World en 2008, j'ai eu le rêve de gagner une étape de tour à cette époque.
05:59 Donc si vous m'avez dit que je voulais gagner tout ça, je me suis dit que ce n'était pas possible.
06:08 Quel regard portes-tu sur tout ce que tu as fait ?
06:14 J'ai un sentiment de fierté. C'est un jeune qui est né en Afrique. De faire tout ça dans un monde européen,
06:38 dans un monde où le niveau est très haut, je dis que c'est impossible.
06:50 Je voudrais que ce soit un exemple pour les gens qui viennent d'un pays sans vélo, comme l'Europe. J'espère que ce sera un exemple pour eux.
07:09 Tu as fait toutes les courses, mais tu n'as fait qu'un Paris-Roubaix et jamais le Tour des Flandres. Pourquoi ?
07:19 Je ne suis pas un coureur classique. Je suis plus concentré sur les grosses étapes, spécialement le Tour de Giro et le Grand Tour de Vuelta.
07:37 Tu es un ancien du peloton. Tu as gagné ton premier Tour, tu avais 28 ans. Quand tu vois des coureurs comme Tadej Pogacar, Anko Evenepoel, qui ont gagné un Grand Tour avant 25 ans,
07:52 c'est quoi l'évolution du cyclisme aujourd'hui ? Benal aussi. Je pense que c'est grâce à la technologie qui existe maintenant,
08:05 et à la date qu'on n'avait pas avant. Quand j'ai passé au Pro, on n'avait pas les dates du vainqueur du Tour de France.
08:29 C'est facile à trouver sur Strava, sur les entraîneurs. Ils partagent cette information aux jeunes de 15 ans, 16 ans.
08:46 Je pense qu'ils ont déjà fait le même entraînement que nous, à 15, 16, 17 ans. Donc quand ils passent au Pro, à 20, 21 ans, ils sont prêts à gagner le Tour.
09:04 C'est très différent de mon époque, quand j'avais 24 ans. Je passe encore 4 ou 5 ans à faire des choses pas à 100% avant de gagner.
09:22 Ton coureur préféré ? Plutôt Pogacar, Wingegaard, Evenepoel, Bernal ?
09:30 Je n'ai pas un préféré, mais à mon avis, Wingegaard a un petit avantage sur les autres, avec l'équipe et sa physique.
09:46 À mon avis, spécialement pour le Tour, où il fait chaud, il a un avantage là-bas.
09:56 Tu parles bien français ?
09:59 Pas bien, mais un peu.
10:00 On a parlé des français. Si je te dis Thibaut Pinault, qu'est-ce qui te vient dans la tête ?
10:10 Un mec qui a son cœur exposé. Il fait vraiment… il court avec son cœur, à mon avis. Il est un champion.
10:34 C'est quelqu'un que vous ne pouvez jamais dire qu'il est là et qu'il peut gagner. S'il est 2 ou 3 minutes derrière, il peut toujours gagner.
10:46 Il a dit que c'était sa dernière année. Tu y crois ?
10:50 Oui, j'y crois. Mais ça serait très triste de voir qu'il n'est pas là encore, après cette année.
11:05 Quand est-ce qu'un français va gagner le Tour de France pour toi ?
11:09 Quoi ?
11:11 Quand est-ce qu'un français va gagner le Tour de France ?
11:15 Quand est-ce qu'un français va gagner le Tour de France ?
11:17 On attend de le voir. En ce moment, il y a plusieurs qui sont forts, mais on n'a pas encore un qui est au niveau de Vingegaard et Pogacar en ce moment.
11:42 Les deux sont vraiment à un autre niveau.
11:46 Chris, en France, on t'appelle le Kenyan blanc. Ça te dérange ?
11:54 Non, pas du tout. Je sais que je suis britannique. Ma famille est britannique. Je suis né et je suis grandi avec l'Afrique, avec le Kenya. C'est une grande partie de ma vie.
12:13 Ça reste toujours avec moi. Ça ne me dérange pas. C'est une partie de moi.
12:23 Tu es plus Kenyan ou britannique ?
12:26 Je suis britannique, c'est clair. Mais ça reste toujours une partie de moi.
12:36 Après cette chute du Dauphiné, tout le monde aurait arrêté. Pourquoi tu voulais revenir absolument ?
12:45 Pour moi, c'est plus pour la vie après le cyclisme. C'était facile de dire "bon, c'est fini, je ne fais pas encore les courses, j'arrête".
13:01 C'était la voie la plus facile à choisir. J'ai vraiment l'amour pour toute la façon du vélo. L'entraînement, le sacrifice, le sentiment de toujours m'améliorer.
13:23 Après la chute, je pense que pour la vie après le cyclisme, c'est super important de continuer à être compétitif.
13:32 Aussi, si je ne gagne pas encore, c'est important de continuer à être là pour chercher le meilleur possible. Et je suis en train de faire ça.
13:45 Ta famille t'a beaucoup aidé aussi ?
13:48 Énormément. Spécialement ma femme. C'était une période très difficile pour elle aussi. J'étais dans un fauteuil roulant pour plusieurs mois après la chute.
14:09 C'était très difficile. Elle me donne toujours la confiance et la motivation pour continuer.
14:20 Et maintenant, quand je n'arrive pas à gagner, c'est facile pour moi de dire "c'est trop difficile, je n'y arrive pas".
14:33 Mais elle a toujours le bon mot et le belief. Elle croit toujours en moi.
14:49 Comment on fait pour avoir une vie de coureur professionnel et une vie de mari, papa, de famille ?
14:59 Ce n'est pas facile. On est sur la route beaucoup de journées chaque année. Je pense que c'est presque 200 journées chaque an hors de maison.
15:18 Donc ce n'est pas facile l'équilibre entre les deux. Mais quand je suis chez moi, ça donne toujours plus de motivation. C'est le balance, l'équilibre.
15:43 Les valeurs que tu veux apporter dans le milieu du vélo ou dans la famille du sport, ça serait quoi ?
15:51 La valeur que vous prenez, ce que vous mettez dedans à la fin. C'est une grosse valeur que j'ai eue pendant ma carrière.
16:08 Si tu donnes petit, tu reçois petit. Si tu donnes 100%, tu reçois plus. C'est toujours quelque chose que je veux partager avec mes enfants.
16:23 C'est vous qui décidez votre trajet.
16:32 Qu'est-ce qui te manque dans le vélo ? Parce que de refaire du vélo après ta chute de finesse, c'est déjà une victoire.
16:40 Qu'est-ce qui te manquerait dans le vélo ?
16:44 A mon avis, maintenant je n'ai pas de douleur, je n'ai pas de mal. Il ne me manque que l'entraînement, le sacrifice, l'aspect du cyclisme que j'aime.
17:00 Ça ne me manque que ça pour arriver au niveau.
17:04 Ça fait combien de temps que tu n'as plus mal du tout ?
17:08 C'était l'année dernière, la première fois que je n'ai pas encore de douleur.
17:14 C'était presque trois ans où j'avais des petites choses qui me faisaient mal.
17:22 L'année dernière, c'était la première fois que je n'ai eu aucun problème.
17:28 J'étais très content d'être autour l'année dernière pour être troisième sur le tableau d'Abdouez.
17:37 Ce n'était pas une victoire, mais j'étais très content d'être dans la plus grande course du monde, dans la première partie de la course.
17:48 Chris Combe est réaliste, mais quel est le rêve aujourd'hui de Chris Combe ?
17:53 Le rêve est toujours d'être avec le meilleur autour de France.
18:00 C'est le vrai rêve, mais je suis réaliste et je sais qu'il y a d'autres choses à faire avant de réaliser ce rêve.
18:11 Si demain tu arrêtes ta carrière, quel est le souvenir, un souvenir que tu gardes de toute ta carrière ?
18:21 Un ou deux ou trois, mais pas cinq.
18:28 Un journée que je n'ai jamais oublié, c'est le Giro.
18:36 Le jour où j'ai gagné le Giro en Italie.
18:41 C'était comme le cyclisme des années 80-90, que l'on ne voit pas suivant en ce moment.
18:55 Mais le premier Tour de France que j'ai gagné en 2013, c'est à mon avis l'expérience la plus incroyable que je reste avec moi pour toute ma vie.
19:15 Qu'est-ce qu'on peut souhaiter pour cette saison à Chris Combe ?
19:21 Juste pour être là, avec le meilleur, ça sera déjà une grande victoire.
19:28 Merci Chris.
19:30 Merci, merci à toi.
19:31 Une chose que j'ai trouvée difficile, c'est de garder mon corps comme il l'était quand j'étais plus jeune.
19:40 Si tu te mets des objectifs, ton corps s'adaptera.
19:44 Tu peux avoir tes propres objectifs.
19:47 [Musique]

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